Christine Prat, CSIA-nitassinan
In English on Censored News
2 septembre 2019
D’après le site de l’USDA (Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis, dont dépend le Service des Forêts), la Forêt Nationale de Tonto prépare une Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) pour deux actions liées au projet de mine de cuivre de Resolution Copper, dont l’une est un “échange de terres” pour le territoire pris à Oak Flat. Les “actions” sont indiquées sur le site de l’USDA :
“Déclaration d’Impact Environnemental pour Le Projet de Resolution Copper et l’Echange de Terre “
- “Approbation d’un plan général d’opérations soumis par la Société Minière Resolution Copper, LLC, qui entrainerait un chamboulement de la surface de terres du Système des Forêts Nationales, suite aux opérations d’extraction, lequel est une conséquence raisonnable de l’extraction, du transport et du traitement du cuivre et du molybdène.
- Le projet de la mine créerait l’une des plus grandes mines de cuivre de Etats-Unis, avec une surface de chamboulement d’environs 28,5 km².
- Ce serait aussi l’une des mines les plus profondes des Etats-Unis, avec des travaux d’extraction allant jusqu’à plus de 2000 mètres sous terre.
- “Mise en place d’un échange de terres de la Parcelle Fédérale d’Oak Flat (plus de 10 km² de terre du Service des Forêts) contre huit parcelles disséminées dans tout l’Arizona (25 km² de terres privées appartenant actuellement à Resolution Copper), ainsi que préconisé par la Section 3003 de la Loi d’Autorisation de la Défense Nationale (NDAA) pour l’année fiscale de 2015.”
Le Projet de Déclaration d’Impact Environnemental (DEIS) a été rendu public le 9 août 2019. La journaliste Elizabeth Whitman à écrit un article publié dans le Phoenix New Times le 14 août 2019, sous le titre :
“UN NOUVEAU RAPPORT FOURNIT DES DETAILS TERRIFIANTS SUR LES DESTRUCTIONS MINIERES PREVUES POUR OAK FLAT”
Bien que l’USDA (Ministère de l’Agriculture) affirme sur son site que la publication du “DEIS initie une période de 90 jours – du 10 août au 7 novembre 2019 – pour les commentaires du public, il a été dit récemment que le Service des Forêts exerçait des pressions pour changer la loi, afin de supprimer l’obligation de commentaires du public et de Déclaration d’Impact. Ça ferait du Service des Forêts la seule autorité apte à décider d’autoriser les compagnies minières à détruire les terres qu’elles convoitent. Pour le moment, le Service des Forêts doit encore établir une Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) définitive et publier un projet de Rapport de Décision (ROD), et ils comptent le faire au cours de l’été 2020. Le Rapport de Décision final devrait être publié au cours de l’hiver 2020/2021. D’après le site de l’USDA (Ministère de l’Agriculture), “L’Echange de Terres sera entièrement réalisé au plus tard dans les 60 jours suivant la publication de la Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) définitive”.
LE BASTION APACHE A PUBLIE UN APPEL URGENT SUR SON SITE le jour où le DEIS a été publié :
Les Droits Humains, les Droits Religieux ont été Violés
Le plus grand péché jamais commis dans le monde a été réalisé par les Sénateurs d’Arizona McCain et Flake, et les Représentants Kirkpatrick et Gosar, d’Arizona, en faisant passer l’Echange de Terres du Sud-est de l’Arizona dans la Loi d’Autorisation de la Défense Nationale (en 2015). Nous appelons les représentants de toutes les fois religieuses, et les vétérans de l’armée [là, je traduis, mais je décline toute responsabilité – NdT], parce que ce pays a été fondé sur la liberté d’expression, de religion, de culte, qui ont été bradées à une compagnie étrangère.
“Ils ont déclaré la guerre à notre religion, nous devons résister dans l’unité et combattre jusqu’à la dernière extrémité, parce qu’il s’agit d’une guerre sacrée.”
Wendsler Nosie Sr., opposant de toujours à l’Echange de Terres du Sud-est de l’Arizona et ex-Président et membre du Conseil de la Tribu Apache de San Carlos.
“Nous nous souvenons de ceux qui se sont sacrifiés et ont défendu notre peuple. Nous évoquons nos grands dirigeants et leur respect pour ceux qui connaissent la liberté. Nous devons guider notre peuple pour, une fois de plus, tenir notre destin dans nos mains. Je défie chacun d’entre nous de surmonter l’oppression et d’entamer le processus pour croire en nous-mêmes.”
“Ce doit être le premier pas… Usen [le Créateur], nous demandons ta bénédiction pour guider notre direction présente et à venir afin que nos enfants et ceux encore à naître héritent notre Mode de Vie Apache.” – Wendsler Nosie Sr.
Pour les Apaches de la Réserve de San Carlos, Oak Flat [Chi’Ch’il Bildagoteel] est sacré. Ça inclut une falaise appelée ‘Apache Leap’, d’où environs 70 Apaches sont supposés avoir sauté et s’être tués plutôt que de se livrer à la Cavalerie, il y a environs 100 ans. Oak Flat est aussi un lieu de cérémonies, en particulier la cérémonie ‘de passage à l’âge adulte’ des jeunes filles. “C’est l’endroit où notre religion est née” dit Naelyn Pike, activiste du Bastion Apache et petite-fille de Wendsler Nosie Sr., citée sur le site ‘Sacred Land Film Project‘, “Qui sommes-nous, sans ces lieux sacrés ?”
Oak Flat est aussi un lieu où des gens viennent observer des espèces d’oiseaux rares, dont certaines n’existent nulle part ailleurs. C’est aussi le principal centre d’entrainement des alpinistes de tous les Etats-Unis, et généralement connu comme lieu de loisirs. Un décret du Président Eisenhower de 1955 a fermé Oak Flat à l’industrie minière et désigné la région environnante comme territoire publique… sous l’autorité du Service des Forêts des Etats-Unis. Le décret a été reconduit en 1971.
En 2014, feu le Sénateur et ex-candidat aux présidentielles John McCain a réussi à glisser un article sur “l’échange de terres” d’Oak Flat, dans un projet de loi de finances militaires qui devait passer à tout prix. McCain avait promis le site à Rio Tinto, l’un des principaux contributeurs à sa campagne. Rio Tinto a été fondée au Canada en 1873, et après de nombreuses reprises et fusions, est actuellement britannique. Sous le nom de Resolution Copper, elle est supposée développer le projet avec – pour 45% – la compagnie australienne BHP.
Depuis, la résistance n’a jamais cessé. Les Apaches ont été rejoints et soutenus par des organisations écologistes et des résidents de la région. (Sans compter les soutiens étrangers comme le CSIA-nitassinan).
La publication du Projet de Déclaration (DEIS) a rendu les angoisses plus urgentes. Dans son article publié le 14 août 2019 dans le Phoenix New Times, Elizabeth Whitman écrit: “[Le cratère] serait d’abord relativement petit, puis s’étendrait. A la 41ème année, le cratère devrait atteindre près de 3 km de large, et s’enfoncerait jusqu’à des profondeurs allant de 244 m à 340 m, entrainant Oak Flat dans son effondrement.” Elle ajoute “entretemps, les abominables déchets toxiques laissés par l’extraction de 18 millions de tonnes de cuivre d’un milliard de tonnes de minerai, seraient jetés et peut-être conservés – on ne sait comment, on ne sait où – dans les environs de Superior, une petite ville à une heure de route de Phoenix. Petit à petit, l’eau polluée fuirait dans l’environnement.” Elle ajoute “les opérations d’extraction pourraient consommer l’équivalent de deux fois Apache Lake d’eau, transportée du Fleuve Colorado [qui n’est déjà plus un fleuve, tant d’eau a été pompée qu’il n’atteint plus l’océan – NdT] et soustraite aux précieuses réserves d’eau souterraines, ce qui pourrait changer le cours des fleuves et des sources.” Bien entendu, les habitats des espèces menacées seraient chamboulés, peut-être détruits.
La résistance va s’intensifier. Les critiques disent qu’il faudra beaucoup plus de temps pour étudier tous les détails du rapport. Roger Featherstone, directeur de l’ Arizona Mining Reform Coalition, ajouta, selon l’article d’Elizabeth Whitman, “Nous déchirerons ce document et préparerons nos commentaires détaillés. Nous serons actifs dans toutes les réunions publiques ; nous aurons nos propres réunions. Donc, il y aura beaucoup d’activité dans les mois à venir”.
Lire (en anglais) l’article d’Elizabeth Whitman dans le Phoenix New Times.
Les Apaches de San Carlos ont besoin de votre soutien. Les gens qui se préoccupent de l’environnement ont besoin de votre soutien. Allez sur le site du Bastion Apache !
Sources (en anglais) :
Elizabeth Whitman, Phoenix New Times, August 14, 2019
Apache Stronghold http://apache-stronghold.com/
Sacred Land Film Project https://sacredland.org/oak-flat-united-states/
USDA site Resolution Copper Project and Land Exchange Environmental Impact Statement
Et bien sûr, en français, tous les articles sur Oak Flat traduits sur ce site et mon interview de Wendsler Nosie Sr. et de Naelyn Pike à Oak Flat, en septembre 2015.
LE MUR DE TRUMP A LA FRONTIERE US/MEXIQUE SIGNIFIE LA MORT DES ESPECES MENACEES ET DES SITES SACRES
Photos ©Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Article de Brenda Norrell
©Censored News
31 août 2019
Traduction Christine Prat
AJO, Arizona – Tandis que les bulldozers de Trump détruisent le Désert encore vierge du Sonora, à proximité du site classé du Cactus “Tuyau d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument], les Tohono O’odham et des habitants d’Arizona manifestent contre ces destructions inhumaines.
Ofelia Rivas, Tohono O’odham qui vit à la frontière, a déclaré à Censored News “C’est un beau jour dans le pays O’odham, un groupe de gens unis est venu pour être le porte-parole des terres et de la nature contre la politique génocidaire d’un système de gouvernement inhumain, qui attaque toute forme de vie.”
“La Société de ces terres volées devrait condamner en justice les crimes inhumains de cet infâme individu.”
“Le groupe continuera à être une voix pour l’honneur des abeilles, des animaux sacrés menacés, des plantes, et de tout le territoire et des gens qui l’habitent” dit Ofelia Rivas.
Toutes les lois sur les espèces menacées et toutes les lois qui protègent les sites sacrés des Autochtones ont été pulvérisées. La construction du mur de frontière utilise déjà une quantité énorme d’eau du désert pour faire du béton.
Ces défenseurs du territoire protestent aussi contre les tours d’espionnage Israéliennes qui visent maintenant la Nation Tohono O’odham. L’entreprise Israélienne Elbit Systems projette de construire d’autres tours d’espionnage et de détruire des sites funéraires sacrés et des lieux de cérémonie de la Nation Tohono O’odham. Le gouvernement tribal a approuvé ces tours en mars dernier, mais le District de Gu-Vo continue de s’opposer à ce qui constitue une oppression et des destructions. Elbit se charge déjà de la sécurité de l’Apartheid en Palestine.
Ofelia Rivas est la fondatrice de “Voix O’odham contre le Mur” [O’odham Voice Against the Wall], et a passé sa vie à combattre les méfaits de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis. Ofelia vit à la frontière, dans la Nation Tohono O’odham et est porte-parole des droits humains.
Vous pouvez faire des dons à Ofelia sur son site, pour payer l’essence nécessaire à son action, sur:
http://tiamatpublications.com/
Les photos ©Ofelia Rivas, Tohono O’odham,
pour Censored News,
ne peuvent être utilisées sans autorisation.
Le gouvernement Trump vient d’envoyer des bulldozers à la frontière pour faire un coup d’éclat avant les prochaines élections. Ils ont déjà commencé à détruire des espèces rares. En fait, il ne s’agit pas de construire un mur, mais de le rehausser, d’ajouter des barbelés, etc. On l’appelle en France le “Mur de Trump” parce qu’avant que Trump arrive au pouvoir, les médias n’en parlaient pas. Cependant, la construction a commencé bien avant, et n’a certainement pas été ralentie sous les gouvernements Obama.
En 1846, les Etats-Unis ont attaqué le Mexique et conquis beaucoup de territoire. La frontière actuelle a été dessinée à la plume et à la règle sur une carte d’état-major lors de la signature du traité de Guadalupe-Hidalgo. Bien entendu, elle traverse des communautés Autochtones et des villages. Pendant longtemps, les habitants des communautés coupées par la frontière pouvaient passer facilement d’un côté à l’autre. Dans les années 1990, la propagande anti-immigration s’est intensifiée, et des mesures ont été concoctées pour que les réfugiés ne puissent plus passer, ce qui a créé des problèmes pour les habitants de la région. Cependant, une habitante de la frontière dit que la situation s’est soudain aggravée au lendemain du 11 septembre 2001. Trump ne fait que surenchérir, comme tous les politiciens de droite quand ceux “de gauche” ont fait une politique peu différente de la leur.
Les humains sont menacés, des espèces rares d’animaux et de plantes aussi.
Christine Prat
LES SOURCES DE QUITOBAQUITO : LA CONSTRUCTION DU MUR A LA FRONTIERE DETRUIT DES SITES SACRES ET LE FRAGILE ECOSYSTÈME DU DESERT DE SONORA
Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 27 août 2019
Photos ©photographe résident
Pour plus de photos, voir Censored News
Traduction Christine Prat
Quitobaquito est une rare oasis dans le désert, qui fournit de l’eau vitale à de nombreuses espèces animales. La tortue Sonoyta n’existe nulle part ailleurs dans le monde. A proximité, la construction du Mur frontière a déjà commencé, près de Lukeville, en Arizona.
Trump utilise des fonds militaires détournés pour construire le monstre qu’est ce mur frontière, et a ignoré toutes les lois qui protègent les lieux et espèces sacrés ou menacés. Dans le désert de Sonora, particulièrement fragile, c’est un crime contre la nature, un crime contre toutes les formes de vie.
Ces portions du mur qui coûtent si cher – entre l’est du Texas et la côte de Californie – menacent les régions les plus fragiles, et serviront seulement à repousser les migrants vers des zones mortelles. Au lieu de mettre un terme à l’immigration, ces portions du mur ne seront qu’un symbole du nationalisme Blanc et de la destruction.
Ofelia Rivas, une Tohono O’odham qui vit à la frontière qui coupe la Nation Tohono O’odham, a demandé “Où sont les Protecteurs de l’Eau ?”
“Les sources d’information disent que chaque 30 cm de mur exigera 1530 litres de béton. 30 cm de béton signifie 177 litres d’eau. Ce qui signifie que chaque mile – 1,6 km – de mur coûte environs 1,9 millions de litres d’eau” dit Ofelia Rivas à Censored News.
Alors que la construction se poursuit à proximité, le photographe, un résident, expliqua que la barrière anti-véhicules est déjà en place et que l’énorme mur n’est pas nécessaire dans cette région fragile.
“La barrière anti-véhicules permet à la vie sauvage de se déplacer librement à travers la frontière, dans le Monument National des Cactées “tuyaux d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument]. Ça empêche les véhicules de franchir la frontière, ce qui serait très dommageable pour l’environnement particulièrement fragile.”
SAUVER LA TORTUE SONOYTA
Le Centre pour la Diversité Biologique dit que “la tortue Sonoyta a évolué d’une espèce aquatique dans une des zones les plus sèches du Désert de Sonora. Avec des pattes palmées et le don inné de nager, cette tortue dépend totalement du peu d’eau qui reste dans le Sud-ouest des Etats-Unis. On peut identifier une tortue Sonoyta d’après l’endroit où elle se trouve, étant donné que c’est la seule tortue dans cette zone très limitée. L’espèce aux Etats-Unis a été réduite à une seule réserve, dans le Monument National des Cactées “tuyaux d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument], une zone appelée Quitobaquito Springs. Au Mexique, ces tortues habitent quelques petites sections du Rio Sonoyta.”
Parmi les créatures menacées de Quitobaquito Springs, il y a aussi le “pupfish” [si rare qu’il n’y a pas de nom en français, seulement le terme latin Cyprinodontidae, donc de la famille des cyprins comme les poissons rouges, mais beaucoup plus rare]. “La plus grande quantité d’eau du Monument National des Cactées se trouve dans les sources et la mare de Quitobaquito, habitat du “pupfish” écrit le site Wild Sonora.
“L’importance culturelle de la zone de Quitobaquito remonte approximativement à 11 000 ans avant le temps présent, c’est-à-dire 1950. “La mare habite l’escargot de Quitobaquito, la tortue Sonoyta, et le câprier du désert. C’est le seul endroit aux Etats-Unis où ces espèces peuvent être trouvées à l’état naturel” selon le Service des Parcs Nationaux [National Park Service].
“les câpres du désert font vivre le papillon des câpres (ascia Howarthi) qui existe qu’avec la plante. Les escargots de Quitobaquito sont si petits qu’ils sont durs à trouver.”
“On peut parfois voir l’escargot, à peu près de la taille d’un grain de poivre, dans les petits cours d’eau alimentés par les sources, qui se jettent dans la mare. Quitobaquito est aussi le seul endroit des Etats-Unis où on trouve la tortue Sonoyta qui est candidate pour être protégée par la Loi sur les Espèces Menacées.”
La Section 102 d’une loi de 2005 permet de passer outre à 28 lois sur l’environnement et autres (voir ci-dessous) en cas d’urgence nationale ou de menace terroriste. Le #45 ayant déclaré qu’il y avait un état d’urgence à la frontière afin de pouvoir financer le mur, les constructeurs n’ont pas à se conformer aux lois qui s’appliquent à tous les autres types de construction.
Les lois délibérément ignorées :
1) Loi sur la Politique Nationale Environnementale
2) Loi sur les Espèces Menacées
3) Loi sur la qualité de l’Eau
4) Loi sur la Préservation Historique Nationale
5) Loi sur le Traité sur les Oiseaux Migrateurs
6) Loi sur la Protection des Oiseaux Migrateurs
7) Loi sur la qualité de l’Air
8) Loi sur la Protection des Ressources Archéologiques
9) Loi sur la Préservation des Ressources Paléontologiques
10) Loi sur les Ressources des Grottes Fédérales
11) Loi sur la Salubrité de l’Eau Potable
12) Loi sur le Contrôle du Bruit
13) Loi sur les Déchets Solides
14) Loi Générale sur l’Action, Compensation et Responsabilité Environnementales
15) Loi sur la Préservation Archéologique et Historique
16) Loi sur les Antiquités
17) Loi sur les Sites Historiques, les Bâtiments et les Antiquités
18) Loi sur la Politique de Protection des Terres Cultivées
19) Loi sur la Gestion des Zones Côtières
20) Loi sur la Politique et la Gestion des Terres Fédérales
21) Loi sur le Système d’Administration des Refuges Nationaux pour la Vie Sauvage
22) Loi Nationale sur la Pêche et la Vie Sauvage
23) Loi de Coordination de la Pêche et de la Vie Sauvage
24) Loi sur la Procédure Administrative
25) Loi sur les Fleuves et les Ports
26) Loi sur la Protection des Aigles
27) Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones
28) Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens
Le 28 août, Democracy NOW! titrait (publié sur Censored News):
Parmi d’autres informations sur l’immigration, le Washington Post écrit que le Président Trump a ordonné à son équipe d’accélérer la construction de son mur de frontière, même si ça implique d’enfreindre des lois. Trump aurait dit à ses collaborateurs qu’il les gracierait s’ils devaient être confrontés à des répercussions légales suite à cette demande, qui pourrait impliquer la confiscation de terres privées, la signature immédiate de contrats de construction pour des milliards de dollars et la négation de règlements sur l’environnement. Trump aurait balayé les inquiétudes concernant les implications qu’il y aurait à contourner les procédures appropriées, entre autres en utilisant l’expropriation, disant à ses collaborateurs de simplement “prendre les terres”.
Voir l’article de Democracy NOW! (en anglais)
MINNESOTA : NON AUX OLEODUCS 2 ET 3 D’ENBRIDGE, QUI DEVRAIENT TRANSPORTER LES TRES POLLUANTS SABLES BITUMINEUX D’ALBERTA
DES CENTAINES DE SOURCES ET LE RIZ SAUVAGE MENACÉS
19 août 2019
Contact : ginew@protonmail.com
ayse@ran.org
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat
BEMIDJI, Minnesota – Tôt ce matin, 6 protecteurs de l’eau se sont enchaînés au portail d’un siège important d’Enbridge, à Bemidji, dans le Minnesota, pour protester contre les projets d’oléoducs 2 et 3. En s’enchaînant par le cou, ils ont couru des risques pour protéger des centaines de sources à travers lesquelles Enbridge projette d’envoyer 1 million de barils de sables bitumineux d’Alberta (Canada) jusqu’au bord du Lac Supérieur.
Enbridge a réagit en fermant son bureau pour la journée.
La saison du riz sauvage approche, et les Anishinaabe iront en canots récolter la nourriture sacrée qui est au cœur de leur culture. Enbridge a l’intention d’envoyer ses sables bitumineux à travers des dizaines de cours d’eau dans lesquels le riz sauvage pousse, ce qui causerait des dommages irrémédiables pour sa pousse et sa survie.
La Ligne 3 est un projet d’infrastructure partant des sables bitumineux d’Alberta, qui serait parallèle au Keystone XL de TransCanada et aux oléoducs ‘TransMontagne’ de Kinder Morgan. Les sables bitumineux sont le carburant fossile le plus sale du monde. Il y a quelques semaines, un conseil de régulateurs de l’environnement Canadien, a recommandé la Teck Frontier Mine, une extension de la zone d’extraction de sables bitumineux deux fois aussi grande que Vancouver.
“En tant que personne en bonne santé et douée de volonté, c’est mon devoir de soutenir les Anishinaabe, qui mettent leurs vies en jeu tous les jours, pour nous tous, pour toute notre eau” dit Kieran Cuddy, enchaîné au portail principal du bureau d’Enbridge.
Sur les sables bitumineux d’Alberta, voir un communiqué de presse de janvier 2013, publié par le Chef Allan Adams.
Petuuche Gilbert and Kurumi Sugita
PETUUCHE GILBERT, ACOMA, TALKS IN FRANCE ABOUT NUCLEAR ISSUES IN NEW MEXICO
FROM THE SOUTH WEST TO FUKUSHIMA – VIA FRANCE – PEOPLE STRUGGLE AGAINST NUKES
Photo published on July 8th 2019
On July 10th, 2019, Petuuche Gilbert, Acoma, anti-nuclear activist, was invited, during his annual visit to Europe, to a gathering organized by Kurumi Sugita, from Japan, and her husband Jon Gomon, from Michigan. It took place in Isère, southeast of France, where they now live.
Kurumi Sugita is a socio-anthropologist, retired researcher from the French CNRS (National Center for Scientific Research). She has been doing research about the Fukushima victims. She has created the blog and Association “Nos Voisins Lointains 3.11” [Our Far Neighbors] in 2013, with the goal of developing relationships between French and Japanese populations, both threatened by all invading nuclear presence.
Petuuche Gilbert was accompanied by Hervé Courtois, anti-nuclear activist, who has lived in Japan and whose French/Japanese daughter lives in Iwaki, in Fukushima county, about 30 miles from the Fukushima Daiichi power plant. He is a member of the C.A.N., Coalition Against Nukes, and a blogger on Nuclear News and Fukushima 3.11 Watchdogs. In recent years, he traveled several times in the southwest of the U.S. During his last trip, he met Petuuche Gilbert, Leona Morgan and other anti-nuclear Indigenous Activists, at the International Uranium Film Festival in Window Rock, Navajo Nation, Arizona. He did the oral translation of Petuuche’s presentation during the gathering, attended mainly by anti-nuclear activists and people directly threatened by power plants or abandoned uranium mines.
Christine Prat
Isère, France, July 10th, 2019
Article from transcription of Petuuche Gilbert’s presentation
Recording, transcription and photos by Christine Prat
En Français
Most places named in the article are shown on the maps below.
Also published on Censored News
New Mexico is particularly impacted by the nuclear industry. As Petuuche reminded the audience, “the first atomic bomb was made and tested in New Mexico”. It was the ‘Trinity’ bomb, developed by scientists in Los Alamos, and tested in central New Mexico, on the Trinity site, on July 16th, 1945, only a few weeks before bombs were dropped on Hiroshima and Nagasaki. Media still claim that the ‘Trinity Site’ is in the desert of New Mexico, in an unpopulated area, however, it is not so far from the Mescalero Apache Reservation. Everywhere in the world, Indigenous Peoples are the most affected.
Uranium
Petuuche began with stating “In New Mexico too, they have the uranium to make the bombs. So, that uranium affected my people, and the land, water and air where we live. This place, Grants Mining District, is where they had the mines and mills for uranium. So, today, I want to talk about uranium, which is the first part of the nuclear fuel chain. And I want to say how it affects the Indigenous Peoples, where I live in the United States.”
“This whole area is the western United States. So, in the western United States, they say there are almost 15,000 abandoned uranium mines. The word ‘abandoned’ uranium mines is when the mining company has left and no one knows who mined.” Companies often change names and nationality, so that it is very difficult to prosecute them or get compensation from them.
Petuuche went on “They want to start new uranium mining, like in the Grand Canyon, near my home, they want to start new uranium mines. In the United States, there is only one uranium mill, where they make the yellow cake, only one in Utah.” “Next to the uranium mines, in the past, you had five uranium mills to process the uranium ore, to make yellow cake. In the past, when the uranium was mined out of the ground, they had to have mills.” To a question from the audience asking where uranium came from now, Petuuche answered that it was mainly from Canada and Australia. Mr. Courtois added that the territory of the Dene People in Saskatchewan is very contaminated.
Petuuche Gilbert started thus with the question “What is uranium?” He went on saying ” It’s an ore that is in the ground. It’s natural, it’s there, it’s in the land, it’s underneath the land. And has always been there for thousands of years, it’s just part of the geology of the land. Some of the Indigenous Peoples, the Navajos and Indigenous Peoples in Canada have names for that uranium. For the Navajos it is łeetso, ‘yellow dirt’.” (Mr. Courtois added that the Dene in Canada call it ‘black stone’, meaning poison).
Then he explained that once uranium is mined, the rocks have to be crushed in a mill to make so-called yellow cake. “Uranium, when it is disturbed, it gets mobilized and spreads all over. It gets in the air, we breathe it, it gets in the water, it goes into the ground. Of course, we drink the water, plants also drink the water that is contaminated by radiations.”
Petuuche explained how uranium gets into your body. “Either on skin, hair, or eating or drinking it.
The workers who worked in the uranium mill to crush the ore, their clothes got that uranium dust. And they took it home, which affected their wives and their children, and, of course, their homes. Also, the uranium ore produces radon gas.” Radon is a gas produced in uranium mines, as soon as the uranium is disturbed and in contact with air. Radon gas has a very short existence, less than 3 days, after which it changes into very small particles, called ‘radon daughters’, thin enough to penetrate the lungs and other organs to the very bottom. “So, that uranium waste, after the uranium is turned into yellow cake, then uranium 235-238, then it goes into the waste piles. Uranium affects your health. The radiations affect your health. And they say that when you get uranium in your body, it can be many years before you get sick from different types of cancers. Or even, when that uranium is left on the ground, or when they get the atomic bombs tested, 50 years later it still affects the environment and the people. So, today, they are doing studies on women and children and babies, and they are showing that there is uranium in their blood and in their urine. And then, the uranium causes all kinds of diseases.” “The people who lived close to the central area, the people themselves, said what they had been sick from: lung and bone cancers, leukemia, kidney diseases, heart diseases, high blood pressure, diabetes, autoimmune disorders; both from the uranium and the chemicals used to make the yellow cake. So, many of the people, their lungs get affected, or their thyroid gets affected, every part of the body, the kidneys, the stomach… from what they are breathing.”
“Some of these mills were 100 meters away from houses. The people that lived in the villages around the mill, they produced a map that showed that the people in that area died from some type of cancer.”
“Today, they are trying to use another method of taking uranium from the ground, by drilling pipes into the ground and sipping up the ore. But when they do that, it contaminates the water under the ground.”
“The other thing about uranium is that it coexists with coal, coal and uranium go together. So, when coal is burnt in power plants, it emits radioactive materials. They also say, when they do fracking for coal, oil and gas, that it also disturbs the uranium and brings it out of the ground.” “One thing about fracking is the waste water, when the water and uranium come out of the ground, they spread it on the ground to hold down the dust. So, the roads can become radioactive.” “Where the uranium goes, is on the land or even in what you drink, just everywhere. Especially when uranium exists and it rains, the water goes down, then it goes into the surface, the animals drink it, the plants too. Then, of course, it contaminates the ground water”.
Then Petuuche showed on a map the Grants Uranium District, where he lives [see map below]. “And these are other mines. The Navajo Nation has about 1000 abandoned uranium mines.”
“The United States, when it was making its atomic bombs, collected the uranium from Navajo land. Today, they are still trying to clean those up.” Petuuche Gilbert took part in demonstrations of a group called ‘Clean Up the Mines’.
“Our neighbors, Laguna Pueblo, our sister tribe, at one time had the world’s largest open pit uranium mine. The company like to say that they reclaimed it. But it still contaminates the ground, the soil, the air, the water. During the uranium mining time, from the 1950’s to the 1990’s, in this area here, the small town of Grants called itself the uranium capital of the world.”
Then, he showed on a map the lava mountains, made of basalt, in the Grants District. “The sacred mountain of my people is right here, it’s a national forest and it is called Mount Taylor. My people, Acoma, live right here.” (see maps below).
Contamination until today
“The uranium contamination affects the villages and communities.” “The houses and the mines are just very close. So, the uranium mines and mills, when they were operated, contaminated the people and their homes.” “Then, of course, the people used the water from under the ground, the water is contaminated from radiation.” For instance, in the region of Cameron, in the Navajo Nation, people had no other water than that of contaminated wells. Even after they had been told about it, they could not live without water, specially in a desert area. Until very recently, the contaminated areas were not marked, and children played in the uranium waste. “And even after decades of normal uranium mining, the radioactivity still affects the people. The United States government, and the state of New Mexico, have not done any serious health studies. So, today, there are no good scientific studies to show how and why people are dying from some kinds of cancers.” In 2015, it was found that the level of radioactivity in the drink water of an Indigenous community in Sanders, Arizona, was much higher than allowed. People had to collect money to buy bottled water. It took time to explain where the radioactivity came from, ultimately, the only possible explanation was that the radioactivity came from the old mill in Churchrock, where a tailings pond broke in 1979.
The Churchrock disaster of 1979
On July 16th, 1979, the tailings pond of a uranium mill in Churchrock, New Mexico, broke. It was an earthen pond, closed by a clay dam. There were cracks in the dam, both Federal Government and the company knew about it, but did nothing. On July 16th, it suddenly broke, causing the greatest uranium disaster in the history of the United States. The contaminated water spilled into an arroyo and then into the Puerco River, a river which is most of the time dry, but can flow after heavy rains, which is what happened in 1979, contaminated water flowing as far as 100 miles into Arizona. In 2015, there had obviously been heavy rains again, as there was still some water in the river in September, and the sand in the river clearly showed traces of flowing waters.
The Churchrock disaster took place in the same year as the Three-Miles-Island accident, but although it was much worse, media hardly said anything about it.
Every July 13th, Indigenous Peoples commemorate the disaster. This year, Leona Morgan asked supporting organizations – including the CSIA – to write a declaration of solidarity.
New uranium mines projects
Today, companies are starting new projects for uranium mining in the area. “That’s what we are fighting.” “Because you have no health studies to show that uranium mining and milling is bad for the health and the environment, some people are saying it’s o.k. to do new uranium mining, because people want money and jobs.”
“This [Strathmore] is one of the companies that want to do new uranium mines: it’s called Roca Honda. So, for about ten years, they have been doing a study, a governmental study, to claim this new uranium mine. At one time, Sumitomo of Japan owned about 40% of this mine of Roca Honda. And when we went to Japan, we told them we oppose them to own the mine. And, finally, the Japanese sold their interests. But the United States government, which owns the land where Roca Honda is going to be built, got the U.S. Forest Service say they are going to permit the mine. But there are two other mines that also want to do uranium mining in the same area. And the only reason they are not mining today is because the price of uranium is too low. For my tribe, this is on our land and the mine is going to be right there, on Forest Service land. And it is on the west side of our Sacred Mountain, Mount Taylor.” “This mountain is not only sacred to our tribe, it’s sacred to the Navajo, the Zuni, Laguna and the other 19 tribes of New Mexico. That’s why the tribes call it a Traditional Cultural Property, TCP.” [the status of Traditional Cultural Property is recognized in American law]. “It doesn’t stop mining, but it makes you have a seat at the table to talk. All these lands around are Indigenous lands. That mountain, Mount Taylor, produces water. And it comes from springs. This is the only water that flows every day, every year. And it is very small. It’s a sacred water. So, today, we are still fighting to protect this little water that we have.”
“Or, for example, they want to mine at Grand Canyon.” It directly concerns the Havasupai, who live at the bottom of the Grand Canyon and get their water from the springs running into it, and consider Red Butte – just next to the mine – as their sacred mountain. But the Hopi and other tribes also feel concerned about this sacred area. “They have many friends from all over the United States who are protecting the Grand Canyon and say ‘No uranium mining’. President Obama stopped uranium mining at Grand Canyon, but President Donald Trump opened it back.
Today, we are fighting in New Mexico, they want to store the spent fuel from the nuclear power plants in New Mexico and Texas. The t-shirt I am wearing, it’s this company, Holtec International. They are working with a Canadian company. They are in New Jersey, and they buy up nuclear power plants for the nuclear waste. That’s why they were looking at Yucca Mountain, but the state of Nevada doesn’t want it. So, they are still searching for a place, and they say they want a temporary storage place, temporary for hundred, hundred fifty years. So, one of the places is in New Mexico.”
“The United States have 97 power plants. They want to find a place in New Mexico and Texas for nuclear waste and they want to transport it by railroads. So, in New Mexico, the big cities are opposing it, and many of the communities say ‘not through our town’.”
Protests and actions
“Sometimes we have protests, to protect the mountain and to protect the water.” Petuuche showed a slide of runners, explaining that it was a protest run. “People from the Hopi, the Navajo, the other Pueblos join us. Some White people too. We have many allies and supporters that help us, they join us at protests.”
They have also turned to the United Nations. Petuuche explained “My NGO is called Indigenous World Association. We made three presentations to the United Nations. Every year I come to the United Nations. One was the International Covenant on Civil and Political Rights. The next one was the Committee on the Elimination of Racial Discrimination, and the other one was the Universal Political Right, on the fact that Mount Taylor is a sacred mountain and should not be desecrated by uranium mining, in the United States, to respect the rights, but still, the United States doesn’t listen.”
“Activists were against what New Mexico does on nuclear weapons. In New Mexico, there are two national laboratories that research nuclear weapons. And that’s what we are also opposing, using uranium to make nuclear bombs. Even in New Mexico, in Carlsbad, polluted for 50 years, they all agree with that waste deposit site. The governor of New Mexico said no. But it’s the United States government that is fighting the states, fighting the activists, fighting many people. But they used to like the word ‘consent’. New Mexico do not consent, but the government and Holtec are pushing. The Congress of the United States has a bill and 340 Representatives voted to move the nuclear waste to New Mexico and Yucca Mountain. The Senate still needs to vote. So, there is a lot of opposition to it.”
” The Congress of the United States has a bill and 340 Representatives voted to move the nuclear waste to New Mexico and Yucca Mountain. The Senate still needs to vote. So, there is a lot of opposition to it.”
There was also a protest on July 16th, commemorating the first atomic bomb test, ‘Trinity’, in New Mexico.
Petuuche also took part in the protest tour of ‘Clean Up the Mines’.
Conclusion
Petuuche explained why, in his opinion, the United States and their President wanted to resume uranium mining. Today, uranium mining is postponed because the uranium price is much too low for companies to make profits. Still, the United States Government and the President push for resuming uranium mining. President Trump “says we got too much uranium from other countries, we should get it from our own lands. So, he is trying to say uranium ore is a national security risk.” Petuuche explained “The uranium companies that want to do uranium mining are really pressuring the Federal Government, President Trump, to mine uranium. So, the President was declaring that it was a national security risk, in order to mine uranium, to create jobs, and money.” About the companies, he said “They think that uranium power plants need to have the uranium for their fuel. So that, they think, if the United States get more uranium from the United States, that will bring the price of uranium up.”
However, “It’s very expensive to maintain nuclear power plants, even more expensive to build. Only two more nuclear power plants are under construction, in the last 30 years. There have been more power plants, from solar, wind, geothermal, but for President Trump, because he wants to make mining for coal companies, even coal is still good. But electricity generating stations say no, it’s still too expensive and it pollutes the air.”
“I think everybody needs to be educated on the nuclear fuel chain. From the uranium to its use for nuclear plants and nuclear waste, and also nuclear weapons.”
Then Petuuche showed a slide, saying “This one just tells that all people are all indigenous citizens of Earth, all of you, all of us, we have to protect our land, our water, our air and each other. That’s why we do this work to protest nuclear energy. It’s just too dangerous for all land, for all people and for all wild life.”
(click on maps to see larger format)
Petuuche Gilbert et Kurumi Sugita
PETUUCHE GILBERT, ACOMA, PARLE DES PROBLEMES NUCLEAIRES AU NOUVEAU-MEXIQUE LORS DE SON PASSAGE EN FRANCE
DE L’OUEST DES ETATS-UNIS A FUKUSHIMA, DES GENS LUTTENT CONTRE LE NUCLÉAIRE
Le 10 juillet 2019, Petuuche Gilbert, Acoma, activiste anti-nucléaire, a été invité, à l’occasion de sa visite annuelle en Europe, à participer à une réunion organisée par Kurumi Sugita, d’origine Japonaise, et son mari Jon Gomon, du Michigan. La réunion a eu lieu chez eux, en Isère, où ils vivent maintenant.
Kurumi Sugita est socio-anthropologue et chercheur retraitée du CNRS. Elle a fait de la recherche sur les victimes de Fukushima. Elle a créé le blog et l’Association “Nos Voisins Lointains 3.11” en 2013, dans le but de développer les relations entre les populations Françaises et Japonaises, menacées par l’omniprésence du nucléaire.
Petuuche Gilbert était accompagné par Hervé Courtois, également activiste anti-nucléaire, qui a vécu au Japon et dont la fille Franco-Japonaise vit à Iwaki, dans le district de Fukushima, à environs 50 km de la centrale Daiichi de Fukushima. Il est membre de la C.A.N. (Coalition Against Nukes), et blogger sur Nuclear News et Fukushima 3.11 Watchdogs. Au cours des dernières années, il s’est rendu plusieurs fois dans le sud-ouest des Etats-Unis. Lors de son dernier voyage, il a rencontré Petuuche Gilbert et Leona Morgan, au cours du Festival International de Films sur l’Uranium, qui, l’en passé, a eu lieu à Window Rock, capitale de la Nation Navajo, en Arizona. Il a assuré la traduction simultanée de la présentation de Petuuche Gilbert, lors de la réunion du 10 juillet.
Je suis moi-même allée à de nombreuses reprises dans le sud-ouest des Etats-Unis. En 2017, j’ai effectué un long périple passant par les principaux sites concernés par le nucléaire. J’étais accompagnée par Ian Zabarte, Shoshone, dans le Nevada ; Klee Benally, Navajo, dans le nord de l’Arizona et le sud de l’Utah ; et par Petuuche Gilbert, Acoma, et Leona Morgan, Navajo, au Nouveau-Mexique. La plupart des photos ont été prises au cours de ce voyage.
L’assistance était composée d’activistes anti-nucléaire et de gens directement menacés par une centrale nucléaire ou une mine d’uranium abandonnée.
Christine Prat
Miribel-les-Echelles, Isère, 10 juillet 2019
Article basé sur la transcription de la présentation de Petuuche Gilbert
Enregistrement, transcription, traduction et photos Christine Prat
La plupart des lieux cités figurent sur les cartes au bas de l’article, cliquer pour voir les cartes en plus grand.
Voir aussi l’article de François VALLET, également présent à la réunion avec Petuuche.
Le Nouveau-Mexique est particulièrement touché par l’industrie nucléaire. Comme Petuuche l’a rappelé “la première bombe atomique a été fabriquée et testée au Nouveau-Mexique”. C’était la bombe ‘Trinity’, développée par des scientifiques à Los Alamos, et testée au centre du Nouveau-Mexique, sur le site de tir de White Sands. Ce premier test a eu lieu le 16 juillet 1945, seulement quelques semaines avant que des bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Les médias continuent de prétendre que ce site se trouve dans le désert du Nouveau-Mexique, dans une région dépeuplée, mais en réalité ce n’est pas loin de la Réserve Apache Mescalero. Depuis, les sites nucléaires se sont multipliés au Nouveau-Mexique : armes, laboratoires, et maintenant sites d’enfouissement. Partout dans le monde, les territoires Autochtones sont les plus touchés. Il ne faut cependant pas oublier que la France, comme le Japon, vit sous la menace permanente de centrales nucléaires, et d’armes dont on peut difficilement connaître exactement le nombre et l’emplacement.
L’uranium
Petuuche a commencé son intervention en disant “Au Nouveau-Mexique aussi, il y a de l’uranium pour faire des bombes. L’uranium a nui à mon peuple, à leur terre, l’eau et l’air, là où nous vivons. Cette région, le District Minier de Grants, c’est là où il y avait des mines d’uranium et des usines de traitement. Donc, je vais parler de l’uranium, qui est le premier stade de la chaîne du carburant nucléaire. Et je veux dire à quel point ça touche les Autochtones, là où je vis, aux Etats-Unis.”
“Cette région, c’est l’Ouest des Etats-Unis.” C’est ce que les films d’Hollywood appellent le ‘far-west’. “Dans l’ouest des Etats-Unis, il est dit qu’il y a près de 15 000 mines d’uranium abandonnées. Le terme mines ‘abandonnées’ signifie que la compagnie minière s’est retirée et que personne ne sait qui a ouvert les mines.” Les compagnies changent souvent de nom et de nationalité, ce qui rend toute poursuite ou demande d’indemnités extrêmement difficiles.
Petuuche ajouta “Ils veulent reprendre l’extraction d’uranium, par exemple dans le Grand Canyon. Et pas loin de chez moi, ils veulent rouvrir des mines d’uranium. Aux Etats-Unis, il n’y a plus qu’une usine de traitement, où ils produisent le ‘yellow cake’, elle se trouve dans l’Utah.” “Autrefois, près des mines d’uranium, il y avait cinq usines de traitement, pour le minerai d’uranium, pour faire le ‘yellow cake’. A l’époque, quand on extrayait l’uranium, il fallait qu’il y ait des usines de traitement.” A une question du public demandant d’où vient l’uranium maintenant, Petuuche répondit que ça venait principalement du Canada et d’Australie. Le traducteur, Hervé Courtois, ajouta que le territoire des Déné, au Saskatchewan, était totalement contaminé.
Donc, Petuuche Gilbert commença par la question “Qu’est-ce que l’uranium ?” Il expliqua “C’est un minerai qui se trouve dans le sol. C’est naturel, c’est là, c’est dans le sous-sol. Ça a toujours été là, depuis des milliers d’années, ça fait partie de la géologie du sol. Certains Autochtones, comme les Navajos et des Autochtones du Canada ont des noms pour l’uranium. Pour les Navajos, c’est łeetso, ‘saleté jaune’.” Hervé Courtois ajouta que les Déné du Canada l’appellent ‘pierre noire’, ce qui signifie ‘poison’.
Puis il expliqua qu’une fois que l’uranium a été extrait, les roches devaient être broyées dans une usine de traitement, pour fabriquer le ‘yellow cake’. “L’uranium, lorsqu’il est dérangé, est instable et se répand partout. Ça envahit l’air, que nous respirons, l’eau et le sol. Evidemment, nous buvons l’eau, les plantes aussi, alors qu’elle est devenue radioactive.”
Petuuche expliqua comment l’uranium s’introduisait dans l’organisme. “Que ce soit par la peau, les cheveux, ou en buvant. Les ouvriers qui travaillaient dans les usines de traitement pour broyer le minerai, avaient de la poussière d’uranium dans leurs vêtements.” A l’époque, les ouvriers Autochtones, principalement Navajos, n’avaient aucune protection, ni masque ni combinaison. “Ils ramenaient leurs vêtements chez eux, ça contaminait leurs femmes et leurs enfants, et, bien sûr, leur maison.” “En plus, le minerai d’uranium produit du gaz radon.” Le radon est un gaz produit dans les mines d’uranium, dès que l’uranium est remué et entre en contact avec l’air. Le radon a une existence très courte, moins de 3 jours, après quoi il se change en infimes particules, appelées ‘les filles du radon’, qui sont assez fines pour pénétrer les poumons et d’autres organes très profondément. “Ensuite, après que l’uranium ait été transformé en ‘yellow cake’, les déchets se retrouvent entassés à proximité. L’uranium nuit à la santé, les radiations nuisent à la santé. Et il est dit que quand l’uranium s’introduit dans l’organisme, ça peut prendre beaucoup d’années avant que des maladies, comme différentes sortes de cancer, ne se déclarent. Et si l’uranium est laissé sur le sol, ou après des tests de bombes atomiques, ça continue d’affecter l’environnement et les gens 50 ans après. Actuellement, ils font des tests sur des femmes et des bébés, qui montrent qu’il y a de l’uranium dans leur sang et leur urine. L’uranium cause toutes sortes de maladies.” “Les gens qui vivent à proximité des zones, les gens eux-mêmes, ont dit de quoi ils souffraient : de cancers des poumons et des os, de leucémie, de maladies des reins, de maladies cardiaques, de tension trop haute, de diabète, de maladies auto-immunes ; conséquences de l’uranium et des produits chimiques utilisés pour séparer l’uranium de la roche. Beaucoup de gens ont eu des problèmes pulmonaires, ou de thyroïde, de reins, d’estomac, etc. à cause de ce qu’ils respiraient.”
“Certaines de ces usines étaient à 100 m des maisons. Les gens qui vivaient dans les villages autour de l’usine ont eux-mêmes établi une carte qui montrait combien de gens de la région étaient morts de cancers.”
“Maintenant, ils essaient un autre procédé pour extraire l’uranium, ils enfoncent des tuyaux dans le sol et pompent le minerai. Mais ça contamine l’eau souterraine.”
“Un autre problème posé par l’uranium, est qu’il coexiste avec le charbon. Donc, quand le charbon est brûlé dans les centrales électriques, ça émet des matériaux radioactifs. On dit aussi, que quand on utilise la fracturation hydraulique pour obtenir du charbon, du pétrole ou du gaz, ça remue aussi l’uranium du sous-sol et le fait remonter à la surface.” En plus, ils utilisent de l’uranium ‘appauvri’ pour fracturer… “Le problème avec la fracturation, est l’eau usée, l’eau contenant de l’uranium, qu’ils arrosent sur le sol pour maintenir la poussière. Les routes peuvent devenir radioactives.” “L’uranium va sur le sol et même dans ce que vous buvez, partout. Particulièrement quand il pleut, l’eau se répand, les animaux la boivent, les plantes aussi. Et, bien sûr, ça contamine l’eau souterraine”.
Puis, Petuuche montra sur une carte le District de l’Uranium de Grants, où il vit. Il ajouta “Et voilà d’autres mines. La Nation Navajo a environ 1000 mines abandonnées.” “Quand les Etats-Unis fabriquaient des bombes atomiques, ils extrayaient l’uranium du territoire Navajo. Aujourd’hui, les Navajos essaient toujours de les décontaminer.” Petuuche Gilbert a participé à des manifestations organisées par un groupe appelé ‘Clean Up the Mines’, ‘Nettoyer les Mines’.
“Nos voisins, les Laguna, notre tribu sœur, a eu la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde. La compagnie aime à prétendre qu’elle a été décontaminée. Mais ça continue à irradier le sol, l’air et l’eau. A la grande époque de l’extraction d’uranium, des années 1950 aux années 1990, dans notre région, la petite ville de Grants se définissait elle-même comme capitale mondiale de l’uranium.”
Puis, Petuuche montra sur une carte les montagnes de lave, de basalte, dans le District de Grants. “La Montagne Sacrée de mon peuple est ici, dans une forêt nationale, ça s’appelle le Mont Taylor.” En Acoma, ça s’appelle Kaweshti, dans la langue des Navajos, pour qui c’est aussi une montagne sacrée, ça s’appelle Tsoodził. “Mon peuple, les Acoma, vivent ici.” [Voir cartes].
La radioactivité est toujours là
“La radioactivité émise par l’uranium continue de toucher les villages et les communautés.” “Les maisons sont très proches des mines. Quand les mines et les usines étaient en activités, elles ont irradié les gens et leurs maisons.” “Et les gens utilisaient l’eau souterraine, qui était irradiée.” Par exemple, dans la région de Cameron, dans la Nation Navajo, les gens n’avaient pas d’autre eau que celle des puits irradiés. Même après qu’ils s’en soient aperçus, ils ne pouvaient pas vivre sans eau, dans un climat désertique. Il y a quelques années encore, les endroits radioactifs n’étaient pas indiqués, et des enfants jouaient dans des déchets d’uranium. Petuuche ajoute “Même après des décennies d’extraction d’uranium, la radioactivité nuit toujours aux gens. Le gouvernement des Etats-Unis et l’état du Nouveau-Mexique n’ont jamais fait d’études sérieuses sur la santé des gens touchés. Alors, aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’études scientifiques fiables qui montrent comment et pourquoi les gens meurent de cancers.”
En 2015, un taux de radioactivité anormal a été mesuré dans l’eau ‘potable’ d’une communauté Autochtone à Sanders, en Arizona. Les gens devaient collecter de l’argent pour acheter de l’eau en bouteille. Les recherches menées pour comprendre d’où venait la radioactivité ont abouti à la conclusion qu’elle devait venir de la très vieille usine de Churchrock, où un bassin de rétention de déchets s’était rompu en 1979 !
La catastrophe de Churchrock de 1979
Le 16 juillet 1979, le bassin de rétention des déchets de l’usine de Churchrock, au Nouveau-Mexique, s’est rompu. C’était un bassin en terre, fermé par une digue en argile [comme à Malvési]. Il y avait des fissures dans le barrage, l’Etat fédéral et la compagnie le savaient, mais n’ont rien fait. Le 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu, causant la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. L’eau radioactive s’est répandue dans un arroyo qui se déversait dans le Rio Puerco, une rivière généralement à sec, mais peut se remplier s’il y a des pluies abondantes, ce qui s’est produit en 1979. L’eau radioactive a coulé jusqu’à 160 km en Arizona. En juillet 2015, il y avait de toute évidence eu des pluies abondantes aussi, il restait encore de l’eau et des traces de courant abondant à Sanders, en septembre 2015.
La catastrophe de Churchrock a eu lieu la même année que l’accident de Three-Miles-Island, mais bien que ça ait été plus grave, les médias n’en ont pratiquement pas parlé.
Chaque 13 juillet, les Autochtones commémorent la catastrophe. Cette année, Leona Morgan a demandé aux associations européennes – entre autres au CSIA – d’envoyer des déclarations de solidarité.
Nouveaux projets de mines d’uranium
Actuellement, des compagnies minières présentent de nouveaux projets d’extraction d’uranium dans la région. “C’est ce contre quoi nous nous battons” dit Petuuche. “Etant donné qu’il n’y a pas d’études sanitaires montrant que l’extraction et le traitement d’uranium nuisent à la santé et à l’environnement, certains trouvent très bien de rouvrir des mines d’uranium, parce que les gens veulent de l’argent et du travail.”
“Cette compagnie [Strathmore] est l’une de celles qui veulent exploiter de nouvelles mines d’uranium : le projet s’appelle Roca Honda. Ainsi, depuis dix ans, ils ont mené une étude, gouvernementale, pour s’approprier cette nouvelle mine. A l’époque, la firme Sumitomo, du Japon, possédait environs 40% de la mine Roca Honda. Puis nous sommes allés au Japon, et nous leur avons dit que nous nous opposions à ce qu’ils soient propriétaires de cette mine. Finalement, Les Japonais ont vendu leurs intérêts. Mais le gouvernement des Etats-Unis, qui est propriétaire du terrain où la mine Roca Honda sera construite, ont réussi à faire dire au Service des Forêts des Etats-Unis, qu’il allait accorder un permis pour la mine. Mais il y a encore deux autres mines d’uranium qu’ils veulent exploiter, dans le même secteur. Et la seule raison pour laquelle ils n’extraient pas d’uranium aujourd’hui, c’est que le cours de l’uranium est trop bas. Pour ma tribu, c’est sur notre territoire et la mine sera là, sur la portion gérée par le Service des Forêts. C’est sur le flanc ouest de notre Montagne Sacrée, le Mont Taylor.” “Cette montagne n’est pas seulement sacrée pour notre tribu, elle l’est aussi pour les Navajos, les Zuni, les Laguna et les 19 autres tribus du Nouveau-Mexique. C’est pourquoi les tribus l’appellent une Propriété Culturelle Traditionnelle, TCP.” [Ce statut est reconnu par la loi Américaine]. “Ça n’empêche pas l’extraction minière, mais ça nous donne un siège à la table de négociations. Toutes les terres autour, sont des territoires Autochtones. Cette montagne, le Mont Taylor, produit de l’eau, qui vient de ses sources, [qui coulent dans le Rio San Jose]. C’est la seule eau qui coule chaque jour de chaque année. Et c’est une toute petite rivière. C’est de l’eau sacrée. Alors nous continuons de nous battre pour protéger ce peu d’eau que nous avons”.
“Un autre exemple est la mine qu’ils veulent exploiter près du Grand Canyon.” Ça concerne directement les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon et vivent de l’eau des sources qui s’y jettent. Et pour eux, Red Butte – juste à côté de la mine – est leur Montagne Sacrée. Mais les Hopi et d’autres tribus se sentent aussi concernés par cette région. Petuuche dit “Ils ont beaucoup d’amis dans tout les Etats-Unis, qui protègent le Grand Canyon et disent ‘Non aux mines d’uranium’. Le Président Obama avait gelé l’extraction d’uranium dans la région du Grand Canyon, mais le Président Donald Trump l’a à nouveau autorisée.”
“Aujourd’hui, nous nous battons au Nouveau-Mexique, où ils veulent entreposer les déchets des centrales nucléaires au Nouveau-Mexique et au Texas. Le nom sur le t-shirt que je porte, est celui de la compagnie, Holtec International. Ils travaillent avec une compagnie Canadienne. Ils sont du New-Jersey, et ils achètent des centrales pour récupérer les déchets. C’est pourquoi ils se sont intéressés à Yucca Mountain, mais l’état du Nevada n’en veut pas. Alors, ils cherchent toujours un endroit, et disent qu’ils veulent un site de stockage temporaire, temporaire pour 10 ou 150 ans ! L’un de ces sites est au Nouveau-Mexique.”
“Il y a 97 centrales nucléaires aux Etats-Unis. Ils veulent trouver un site pour entreposer les déchets, au Nouveau-Mexique et au Texas, et ils veulent les transporter par rail. Au Nouveau-Mexique, les grandes villes s’y opposent, et beaucoup de communautés disent ‘pas par notre ville’.”
Protestations et actions
“Quelques fois, nous protestons, pour protéger la montagne et l’eau.” Petuuche montra une photo de coureurs et expliqua qu’il s’agissait d’une course de protestation. Il ajouta “Des gens de chez les Hopi, les Navajos, les autres Pueblos nous rejoignent. Et aussi quelques Blancs. Nous avons beaucoup d’alliés et de soutiens, qui nous aident et se joignent à nos manifestations.”
Ils se sont aussi tournés vers les Nations Unies. Petuuche expliqua “Mon ONG s’appelle Association Autochtone Mondiale. Nous avons fait trois présentations aux Nations Unies – je viens chaque année aux Nations Unies – l’une à l’occasion du Pacte International Relatif aux Droits Civiques et Politiques. La suivante était pour le Comité sur l’Elimination de la Discrimination Raciale, et la troisième, pour le Droit Politique Universel, sur ce que le Mont Taylor est une Montagne Sacrée qui ne devrait pas être profanée par l’extraction d’uranium, afin de respecter les droits des Autochtones. Cependant les Etats-Unis n’écoutent pas.”
“Des activistes étaient contre le fait que le Nouveau-Mexique participe à l’élaboration d’armes nucléaires. Au Nouveau-Mexique, il y a deux laboratoires nationaux qui font de la recherche sur les armes nucléaires. Et c’est une chose à laquelle nous nous opposons aussi, l’utilisation d’uranium pour faire des bombes atomiques. Même au Nouveau-Mexique, à Carlsbad, ville polluée depuis 50 ans, ils sont tous d’accord avec le site d’enfouissement. La gouverneure du Nouveau-Mexique a dit non. Mais c’est le gouvernement des Etats-Unis qui combat les états, les activistes et bien d’autres gens. Ils utilisent le terme ‘consentement’. Le Nouveau-Mexique ne consent pas, mais le gouvernement fédéral et Holtec font pression. Le Congrès des Etats-Unis a passé une loi, et 340 Représentants ont voté en faveur du transport des déchets nucléaires au Nouveau-Mexique et à Yucca Mountain. Le Sénat doit encore voter. Il y a une forte opposition à cette loi.”
Il y a eu une manifestation le 16 juillet, pour commémorer le tout premier test atomique de ‘Trinity’, au Nouveau-Mexique.
Petuuche a également participé à la tournée de protestation de ‘Clean Up the Mines’ [Nettoyez les Mines] avec, entre autres, Leona Morgan (Diné), Klee Benally (Diné), Ian Zabarte (Shoshone) et Sarah Fields (militante anti-nucléaire).
Conclusion
Petuuche a expliqué pourquoi, selon lui, les Etats-Unis et leur Président veulent reprendre l’extraction d’uranium. Aujourd’hui, l’extraction d’uranium est reportée parce que le cours de l’uranium est bien trop bas pour que les compagnies fassent des bénéfices. Cependant, le Gouvernement et le Président font pression pour reprendre l’extraction. Le Président Trump “dit que nous utilisons beaucoup trop d’uranium venant d’autres pays, que nous devrions le prendre dans nos propres terres. Il s’efforce de dire que le minerai d’uranium est un risque pour la sécurité nationale.” Petuuche expliqua “les compagnies prêtes à exploiter l’uranium subissent aussi des pressions de la part du Gouvernement Fédéral et du Président Trump pour le faire. Le Président a déclaré que c’était un risque pour la sécurité nationale, afin d’extraire de l’uranium, de créer des emplois et de l’argent.” A propos des compagnies, Petuuche dit “Ils pensent que les centrales nucléaires ont besoin d’uranium. Ainsi, ils croient que si les Etats-Unis obtiennent plus d’uranium local, ça fera monter les prix.” Cependant, “ça coûte très cher d’entretenir des centrales nucléaires, et encore plus d’en construire. Il n’y a eu que deux centrales en construction au cours des 30 dernières années. Il y a plus d’énergie solaire, d’éoliennes, de centrales géothermiques, mais Trump veut aider les compagnies charbonnières, alors pour lui, même le charbon est bon. Mais les centrales électriques disent non, parce que c’est trop cher et que ça pollue l’air.”
Petuuche dit “Je pense que tout le monde doit être instruit sur ce qu’est la chaîne nucléaire, de l’uranium aux centrales et aux déchets, et aux armes nucléaires.”
Puis il montra une diapositive d’un slogan, en expliquant “Tous les gens sont des Autochtones de la Terre, vous tous, nous tous, nous devons protéger notre sol, notre eau, notre air, et nous protéger les uns les autres. C’est pourquoi nous faisons ce travail contre l’énergie nucléaire. C’est trop dangereux pour la terre, pour tous les humains et pour toute la vie sauvage.”
Cartes (La première carte donne la localisation des cartes détaillées. Si elles ne sont pas lisibles, cliquer pour les voir en plus grand formats)
Discussions du 10 juillet 2019 avec Petuuche Gilbert
Mines d’uranium abandonnées, projets de nouvelle mine et de stockages de déchets nucléaires au Nouveau-Mexique
Par François Vallet
Présent le 10 juillet
à la réunion avec Petuuche Gilbert
Le 3 juin 2019, à l’initiative de Daniel, les Amis de la Terre en Savoie organisaient au cinéma Victoria à Aix les Bains une projection du film « Le couvercle du soleil ». Daniel avait invité Sonia et Kurumi, représentantes de l’association « Nos voisins lointains 3.11 », à animer un débat après la projection du film. C’est à cette occasion que Kurumi nous informa de la visite en France de Petuuche Gilbert, militant opposé aux mines d’uranium et à l’enfouissement des déchets nucléaires au Nouveau Mexique.
Le 10 juillet, nous avons été invités par Kurumi à Miribel les Echelles, au pied du massif de la Chartreuse, pour une discussion avec Petuuche. En voici un résumé.
Petuuche fait partie du peuple Acoma Pueblo du Nouveau Mexique et vit à Sky City à proximité du Mont Taylor qui est « la montagne sacrée » de plusieurs peuples autochtones du district de Grants.
C’est dans cette région du Nouveau-Mexique qu’a été fabriquée et testée la première bombe atomique (Trinity) le 16 juillet 1945 à Alamogordo. L’uranium nécessaire à sa fabrication venait alors du Canada et plus précisément du Saskatchewan (les Etats-Unis ont réalisé plus de 200 « essais » atmosphériques de bombes atomiques entre 1945 et 1962 et plus de 1 000 essais au total dont deux en souterrain au Nouveau-Mexique et dans le Colorado).
C’est aussi dans le sud-ouest des Etats-Unis, et dans une quinzaine d’états dont ceux dits « des 4 coins » (Nouveau-Mexique, Utah, Colorado, Arizona), qu’ont été exploitées près de 15 000 mines d’uranium entre 1940 et la fin des années 1990. Ces mines et les usines de traitement de minerai d’uranium servaient alors l’industrie des armes atomiques et du nucléaire « civil ». Les compagnies minières employaient principalement des autochtones, pas ou mal protégés, exposés aux émanations de radon et qui ramenaient avec leurs vêtements des particules radioactives dans leurs habitations. Les mines sont désormais fermées et ont été abandonnées par les compagnies minières qui, pour la plupart, ont disparu. Les peuples indiens Pueblos, Navajo, Apaches, habitent dans les zones où la concentration de mines abandonnées est la plus forte.
A côté des mines et des usines de traitement de minerai ont été stockés des déchets radioactifs, solides et liquides. Le 16 juillet 1979, à Church Rock au Nouveau Mexique, la digue du bassin de décantation de l’usine de traitement de minerai céda et contamina une rivière et la nappe phréatique.
Cet accident est considéré comme ayant entraîné le plus fort relâchement de radioactivité dans l’environnement aux Etats-Unis (en tous cas plus que l’accident de Three Mile Island survenu quelques mois auparavant). Chaque année le 16 juillet est organisée une commémoration de cet accident.
En France un incident similaire s’est produit sur l’ancien site minier des « Bois Noirs » à Saint Priest La Prugne (département de La Loire) avec pollution de la rivière La Besbre. https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/loire/ancienne-mine-uranium-loire-eaux-contaminees-s-ecoulent-vallee-besbre-1458739.html
L’explosion atomique de 1945 à Alamogordo, l’extraction de l’uranium, le traitement du minerai, les transports de minerai concentré (yellow cake), les stockages de déchets miniers et des usines de traitement du minerai, ont disséminé dans l’air et dans l’eau des produits chimiquement toxiques et radiotoxiques. Les sols, les plantes et les aquifères sont contaminés. La santé des habitants, principalement des peuples indigènes, est durablement affectée. Les femmes, les enfants et les bébés sont plus particulièrement touchés. Les principales maladies sont des maladies du sang, des maladies cardiovasculaires, des maladies génétiques et des cancers. Mais l’Etat du Nouveau-Mexique n’a diligenté aucune étude scientifique et épidémiologique sur les conséquences de l’exploitation des mines et usines de traitement du minerai d’uranium. Certains pensent qu’il n’y a pas de problème et qu’il est donc possible d’ouvrir de nouvelles mines. Pourtant il y a de nombreux témoignages de victimes de l’uranium et notamment à l’occasion du festival international du film sur l’uranium organisé depuis 2011 dans différentes villes du monde.
Actuellement il n’y a plus de mine, ni d’usine de traitement de minerai d’uranium en activité au Nouveau Mexique. Mais il y a un projet de nouvelle mine, « Roca Honda », à proximité du Mont Taylor (montagne sacrée pour les indiens). Ce projet était mené à l’origine par un groupement de deux entreprises, une canadienne et l’autre japonaise. L’entreprise japonaise Sumitomo a abandonné le projet suite à la visite au Japon d’une délégation d’habitants du Nouveau-Mexique opposés au projet.
Celui-ci est assez avancé, l’étude d’impact a été réalisée en 2011-2012 et le dossier soumis aux autorités fédérales (voir le site internet de la compagnie actuellement à la tête du projet : http://www.energyfuels.com/project/roca-honda/).
Deux autres compagnies ont des projets de mine dans la même région, notamment près du Grand Canyon en Arizona, mais le prix de l’uranium est trop bas actuellement pour les réaliser.
La communauté indigène (19 peuples concernés) est mobilisée pour préserver le site du Mont Taylor qui est considéré comme propriété culturelle traditionnelle (TCP). Le Rio San José est aussi considéré comme « rivière sacrée ». Le Mont Taylor produit de l’eau potable depuis une seule source qui coule toute l’année. Il y a des manifestations de la communauté indigène contre le projet de mine et pour protéger le Mont Taylor et le Rio San José. La gouverneure actuelle du Nouveau-Mexique est opposée au projet mais le gouvernement fédéral est pour. Trump veut relancer l’exploitation de mines d’uranium aux Etats-Unis et interdire l’importation. En 2009 l’uranium utilisé aux Etats-Unis venait, par ordre d’importance, d’Australie, du Canada, de Russie, des Etats-Unis, de Namibie, du Kazakstan, du Niger, d’Ouzbekistan. Mais comme les cours actuels sont très bas produire aux Etats-Unis coûtera plus cher et le nucléaire sera encore moins compétitif par rapport aux autres énergies, renouvelables et gaz de schiste. La motivation de Trump semble être essentiellement nationaliste et militaire.
A l’autre bout de la chaîne, deux centres de stockages de déchets à très haute activité (combustibles usés) sont prévus au Texas et au Nouveau-Mexique. En effet, après l’échec de Yucca Moutain à côté de Las Vegas, le gouvernement cherche un site pour stocker définitivement ces déchets et en attendant un site d’entreposage pour 100 ans.
Les combustibles usés, après refroidissement en piscines, sont actuellement stockés à sec à proximité des centrales dans des enveloppes métalliques enrobées de béton.
Cela conduit à des conflits entre les antinucléaires, ceux de Californie par exemple ne veulent pas conserver les combustibles usés à proximité des centrales et ceux du Nouveau-Mexique ne veulent pas de l’enfouissement.
Le projet au Texas près de la ville d’Eunice est développé par la compagnie WCS (Waste Controls Specialists). Le projet au Nouveau-Mexique, entre les villes de Carlsbad et Hobs, est développé par la compagnie HOLTEC International, spécialisée dans la « décontamination » après arrêt définitif des réacteurs et dans le démantèlement : https://holtecinternational.com/
Cette compagnie achète actuellement des centrales nucléaires en fonctionnement ou définitivement arrêtées (il y a 99 réacteurs nucléaires en fonctionnement aux Etats-Unis). C’est également cette compagnie qui développe le concept de « Small Modular Reactor ».
Une association mondiale des peuples indigènes est intervenue à trois reprises auprès de l’ONU pour s’opposer à ces projets sous l’angle :
- des droits civiques et politiques,
- des discriminations raciales,
- des droits politiques universels.
Dans les 3 cas l’assemblée de l’ONU a demandé au gouvernement américain de respecter ces droits (mais que respecte le gouvernement américain?).
Il serait sans doute possible de saisir également l’UNESCO sous l’angle de la préservation du patrimoine culturel mondial.
Petuuche nous indique qu’avec l’extraction du charbon de l’uranium est aussi ramené à la surface et les mineurs exposés à la radioactivité. Par ailleurs les nouvelles techniques de fracturation pour l’extraction de pétroles et gaz de schiste utilisent des charges explosives à l’uranium appauvri. L’eau utilisée pour réaliser les forages puis remontée à la surface est contaminée.
Conclusion de Petuuche :
Du fait de notre relation sacrée à la Terre Mère, quand la santé de la terre est respectée la vie de tous les peuples l’est également. Nous sommes tous des peuples indigènes.
Echanges d’informations sur la situation en France et dans le monde
Philippe nous fait part de la situation à Bure, de l’historique et de l’actualité de l’opposition au projet d’enfouissement de déchets nucléaires de haute activité (Cigéo).
Elisabeth G. indique que le slogan des opposants au projet Cigéo est « Ni ici, ni ailleurs, autrement ».
L’ancien directeur de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), équivalent de l’ASN aux Etats-Unis, vient de publier un livre : « Confessions of a Rogue Nuclear Regulator » par Gregory Jaczko, Simon & Schuster, 2019, 208 p., 19,80 €.
https://www.alternatives-economiques.fr/etats-unis-lex-gendarme-nucleaire-passe-a-table/00089674
La NRC vient d’annoncer, un an après l’avoir découvert, que les containers de combustibles usés entreposés sur le site de la centrale nucléaire de San Onofré (arrêtée depuis 2012) étaient endommagés. La cause en serait un tremblement de terre.
Une réunion d’antinucléaires est prévue en novembre à Albuquerque (Nouveau-Mexique) sur le décomissionnement.
Un festival international du film sur l’uranium est organisé annuellement depuis 2011 dans différentes villes du monde : https://uraniumfilmfestival.org/fr/a-propos
En France il y a eu plus de 200 mines d’uranium avec des usines de traitement de minerai à proximité. Actuellement il n’y a plus de mine en exploitation et tout l’uranium utilisé par l’industrie nucléaire française est importé (du Kasakstan, du Canada, du Niger, d’Australie). Il existe un « Collectif Mines d’uranium » constitué de différentes associations qui se préoccupent de la situation autour des anciennes mines et usines de traitement d’uranium. Le Collectif des Bois Noir et la CRIIRAD en font partie : https://www.criirad.org/collectif-mines/sommaire.html
Une liste des associations membres est accessible sur le site de la CRIIRAD : https://www.criirad.org/collectif-mines/Y2_Liste_des_associations_CMU.pdf
La porte d’entrée de l’uranium en France est le site de Malvési dans l’Aude, près de Narbonne, sur lequel sont effectués des traitements chimiques du minerai concentré (yellow cake) avant l’étape suivante d’enrichissement qui est réalisée sur le site du Tricastin à cheval sur les départements du Vaucluse, de la Drôme et du Gard. Un collectif de plusieurs associations est mobilisé pour dénoncer les méfaits de l’industrie atomique sur ce site…et ailleurs : http://www.arretdunucleaire34.org/La-porte-d-entree-du-nucleaire
Sites et pages facebook pour en savoir plus :
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?tag=petuuche-gilbert
https://www.facebook.com/NuclearIssuesStudyGroup/
Kurumi et son mari Jon Gomon tiennent un blog en anglais et en japonais pour diffuser des informations sur les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima : https://fukushima311voices.com/
Hervé a été l’interprète des échanges avec Petuuche. Il tient un blog en anglais sur la situation au Japon après Fukushima : https://dunrenard.wordpress.com/
François a rédigé le résumé des échanges et indiqué quelques liens utiles pour rechercher des informations complémentaires.
This is the last part of Wendsler Nosie Sr.’s speech in Paris, on March 23, 2019. Please also see Part One and Part Two. Not everybody will agree with his views about the way to struggle. However, we can understand that the situation is particularly difficult for Apaches. As he says below, 90% of the Apaches have been exterminated. The survivors have been split into many small reservations. His reservation, San Carlos, has first been a prisoner’s camp, and when it became a reservation, 15 different branches of Apaches were just put together. In his – spiritual – way, Mr. Nosie is struggling for rights, for respect and, most of all, for Mother Earth.
Christine Prat
“WHEN THEY FIRST CAME TO AMERICA, IT WAS NOT TO BETTER AMERICA, IT WAS TO TAKE FROM AMERICA TO BRING BACK TO THE COLONIZERS’ COUNTRIES OF EUROPE”
Speech by Wendsler Nosie Sr.
Transcribed by Christine Prat Français
“What we see today, is still the same as in the very beginning, when they came to our country. Which means that, when the first people came, they came for the resources, to bring back to Europe. Until those who were there realized that they could keep it for themselves. Many of the tribes in the eastern part of the United States were either exterminated or removed, forced to go west. That’s a very sad history, because those tribes tried to keep the treaties with the original countries. So, if you look at a pond of water, it is still, it is not moving. You drop a little pebble. It creates a first ring and then it starts moving out. Then, more rings are formed, they move out. So, what we are saying is that the first ring lied to the rest, they were moving out, they were coming. So, this is the part where I say about what was told to me: ‘Don’t hate’, because there was a deception. Even the people who came from Europe, 2nd, 3rd, 4th, 5th generations, were lied to. So, as Native People, we have to educate ourselves about that.
“But some don’t like that road, they want to be tough, rude, mean. But I tell them ‘We have to be smarter’. Because the strategy of America was a good strategy for the first Americans. So, 90% of our peoples were wiped out. So, there is no way we will ever rebel. That means we have to get smarter.
“But now it comes down to leaders. Leaders can teach you different ways. But the old ones said it must be spiritual. Because they are your family too. So, the Creator has created all of us. There is only one God. And we are all his children. So, that’s the road that I walk on. And that’s the teaching I had to go with before my people. You can imagine, going before all the tribes of America! What I was worried about, was how would they feel. But what was really good to my heart, was that they are looking for the same road.
“I am really happy about, that in America, it has become a fight about water. Standing Rock – you may have heard of Standing Rock – really pushed it out for all Americans, about the importance of water. The children are speaking – and now you see many Native Americans, White Americans, African Americans, Mexican Americans – young people standing together now. So, I am really proud of the young people. They are taking more responsibilities in asking questions. Because it comes back to the rest of us. Like, I tell people ‘Be honest, tell the truth’. So, for me, I tell America, the way we talk about what’s evil, ghosts, evil – we are portrayed as saying this as ‘ghost’, and ‘this is the evil’ – we are talked to look at it like this and be afraid of it. But everything changes, everything modifies. But we really have to look deep to find out what really evil is. So, with the people I met in the country, in the United States and elsewhere – I didn’t go to India but I had a chance to meet people from India, from Africa, from South America, from Jakarta, Indonesia – they are all looking too, trying to understand.
“So, I tell America, in my homeland, where I am from, we are new and we are old. A person from my people, in 1927, died as a prisoner of war. Not these World War I or World War II, he was in prison since the 1890’s, from the American War. So, where I am from, we did not start getting our voice until the 1980’s. That’s why I say ‘we are new and old’, meaning that we are new to what America has brought to the West, but then, we are old in the old ways. So, I tell the people of America – that I can honestly say from my heart – ‘I don’t hate you, but the thing you did was that you brought the oldest evil to North America’. So, I say that our young people go around saying ‘Resist, resist!’ or ‘Decolonize! We need to decolonize’, and I say to them ‘It’s not us, it’s YOU guys, YOU guys need to decolonize’. Because, if you look at history, where did slavery start? Where did words like ‘pagan’ come from? It started here, and I don’t mean to offend anybody, but it started with the kings, the first type of government. That’s why I say, when they first came to America, it was not to better America, it was to take from America to bring back to the colonizers’ countries of Europe. Because, if America is really home to you, why at Oak Flat are you still giving things to Europe? If this place is really home, you take care of what you have.
“I just want to end with what my mother told me, the very first time I came here to Europe, 22 years ago. My mother sits me down and says ‘Remember, if the plane doesn’t work, they came on boats, you can always get on a boat and come home’. She was very serious. I thought she was joking, but what she told me was ‘Son, you’re going back to the oldest people, where these people that came here in America came from. So, you’re probably going to talk to their family, please tell them to tell their families over here to behave.’
“Thank you.”
RESOLUTION COPPER, THE PROJECT
Apache Leap. The Resolution Copper site is just above, not visible from the road
Apache Leap, Resolution Copper East site and right above, the place where the crater should come
Both sites owned by Resolution Copper. The other photos have been taken from the road that goes around the mountain.
See also animation by Resolution Copper on their future plans.
Dernière partie de la conférence donnée par Wendsler Nosie Sr. à Paris, le 23 mars 2019. Voir également les 1ère et 2ème partie. Tout le monde, chez les Autochtones et d’autres, n’est pas d’accord avec sa vision de la manière de mener le combat. Cependant, la situation est particulièrement difficile pour les Apaches. Comme il le rappelle, 90% des Apaches ont été exterminés. Les survivants ont été disséminés dans de nombreuses petites réserves, éloignées les unes des autres. A San Carlos, qui fut d’abord un camp de prisonniers avant de devenir une réserve, 15 branches différentes d’Apaches se sont retrouvés ensemble. Selon sa propre voie – spirituelle – M. Nosie combat pour les droits, pour le respect, et, par-dessus tout, pour Notre Mère la Terre.
Christine Prat
Discours de Wendsler Nosie Sr.
Transcription et traduction Christine Prat English
“Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est toujours la même chose depuis le début, lorsqu’ils sont arrivés dans notre pays. Je veux dire par là que, quand les premiers sont venus, c’était pour les ressources naturelles, qu’ils voulaient ramener en Europe. Jusqu’à ce que ceux qui étaient là se rendent compte qu’ils pouvaient les garder pour eux-mêmes. Beaucoup de tribus de l’est des Etats-Unis ont été exterminées ou chassées, forcées d’aller vers l’ouest. C’est une histoire très triste, parce que ces tribus avaient essayé de respecter les traités signés avec les pays coloniaux d’alors. C’est comme quand vous regardez une étendue d’eau calme, ça ne bouge pas. Et vous jetez un petit caillou. Ça forme un premier cercle, puis ça s’étend. De plus en plus de cercles se forment. Et là, je dis que le premier cercle a menti aux autres, ils se déplaçaient, ils arrivaient. C’est pourquoi je veux dire ce qui m’a été dit : ‘N’aie pas de haine’, parce qu’il y a une tromperie. Même les gens qui sont venus d’Europe comme 2e, 3e, 4e, 5e générations, on leur avait menti. En tant qu’Autochtones, nous devons apprendre cela nous-mêmes.
“Mais certains n’approuvent pas cette voie, ils veulent être durs, violents, retords. Mais je leur dis ‘Nous devons être plus intelligents’. Parce que la stratégie Américaine était bonne pour les premiers Américains. 90% de nos peuples ont été éliminés. Alors, il n’est plus possible de se rebeller. Ce qui veut dire qu’il faut être plus intelligents.
“Et maintenant, on en vient aux dirigeants. Les Anciens disaient que ça devait être spirituel. Parce qu’ils sont de votre famille aussi. Le Créateur nous a tous créés. Il n’y a qu’un Dieu. Et nous sommes tous ses enfants. Alors, c’est la voie que je suis. Et c’est ce que je devais enseigner à mon peuple. Alors, vous imaginez, aller l’enseigner à toutes les tribus d’Amérique ! Ce qui m’inquiétait, c’était comment ils le ressentiraient. Mais ce qui réchauffait mon cœur, c’était qu’ils cherchent tous la même route.
“Je suis vraiment heureux qu’en Amérique, ce soit devenu un combat pour l’eau. A Standing Rock, ils l’ont mise en avant pour tous les Américains, l’importance de l’eau. Les enfants parlent – et maintenant on voit beaucoup d’Amérindiens, d’Américains Blancs, d’Africains-Américains, de Mexicains Américains – beaucoup de jeunes gens qui résistent ensemble. Je suis très fier des jeunes. Ils assument plus de responsabilité en posant des questions. Parce que ça nous ramène à nous autres. Ainsi, je dis aux gens ‘soyez honnêtes, dites la vérité’. Alors, je dis à l’Amérique, quand on parle de ce qui est le mal, les fantômes – nous sommes supposés dire ‘fantôme’ et ‘c’est le mal’ – on nous convainc, quand on le regarde, d’en avoir peur. Mais tout change, tout se modifie. Et il faut regarder très profondément pour découvrir ce qu’est vraiment le mal. Les gens que j’ai rencontrés dans le pays, aux Etats-Unis et ailleurs – je ne suis pas allé en Inde, mais j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens de là-bas, d’Afrique, d’Amérique du Sud, de Jakarta, en Indonésie – ils cherchent tous aussi, ils essaient de comprendre.
“Je dis à l’Amérique, mon pays natal, là d’où je viens, nous sommes nouveaux et nous sommes anciens. Quelqu’un de mon peuple, est mort comme prisonnier de guerre en 1927. Pas la Première ni la Deuxième Guerre Mondiale, il était en prison depuis les années 1890, le temps de la Guerre Américaine. Là d’où je suis, nous n’avons pas eu la parole avant les années 1980. C’est pourquoi je dis ‘nous sommes nouveaux et anciens’, je veux dire par là que nous sommes nouveaux pour ce que l’Amérique a amené dans l’Ouest, mais nous sommes anciens dans les voies anciennes. Alors, je dis au peuple d’Amérique – et je le dis honnêtement du fond du cœur – ‘Je ne vous hais pas, mais ce que vous avez fait est d’avoir apporté le mal le plus ancien à l’Amérique du Nord’.
Alors, nos jeunes répètent partout ‘résistez, résistez !’ ou ‘décolonisez ! Il faut décoloniser’, mais je leur dis ‘Ce n’est pas nous, c’est VOUS les Blancs, VOUS qui devez décoloniser’. Parce que, si on regarde l’histoire, où l’esclavage a-t-il commencé ? D’où viennent des mots comme ‘païen’ ? Ça a commencé ici, et je ne veux offenser personne, mais ça a commencé avec les rois, le premier type de gouvernement.
Ce que je dis, c’est que quand ils sont venus en Amérique, dès le début, ce n’était pas pour rendre l’Amérique meilleure, c’était pour prendre ce qu’ils pouvaient à l’Amérique et le rapporter aux pays colonisateurs d’Europe. Parce que, si l’Amérique était vraiment où vous vous sentez chez vous, pourquoi, à Oak Flat, vous continuez à donner des ressources à l’Europe ? Si ce lieu était vraiment chez vous, vous prendriez soin de ce que vous avez.
“Je vais terminer avec ce que ma mère m’a dit, la toute première fois où je suis venu en Europe, il y a 22 ans. Ma mère s’est assise et dit : ‘Souviens-toi, si l’avion ne fonctionne pas, ils sont venus en bateaux, et tu peux toujours prendre un bateau pour rentrer’. Elle était très sérieuse. Je croyais qu’elle plaisantait, mais elle voulait me dire : ‘Mon fils, tu retournes chez les gens les plus anciens, là d’où venaient ces gens qui sont venus en Amérique. Alors tu pourras probablement parler à leurs familles, s’il te plaît dis à leurs de dire à leurs familles ici de bien se tenir.’
“Merci.”
RESOLUTION COPPER, LE PROJET
Apache Leap. Le site de Resolution Copper est juste au-dessus, pas visible du bas.
Apache Leap, avec le site de Resolution Copper et dans le coin en haut à droite, l’endroit où sera creusé le cratère
Les deux sites appartenant à Resolution Copper. Les autres photos ont été prises de la petite route qui contourne la montagne.
Voir aussi la vidéo de Resolution Copper sur l’avenir du projet.