Il y a quelques semaines, une caravane de migrants du Honduras était attendue à la frontière Etats-Unis/Mexique. A cette occasion, Michelle Cook avait interviewé Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui habite près de la frontière. Depuis, on a appris que ces immigrants et d’autres étaient arrivés à la frontière de la Californie. Brenda Norrell s’y est rendue et a écrit l’article ci-dessous.

 

A LA FRONTIERE, LES ETATS-UNIS ONT OUBLIE LEUR NOM
Article et photos Brenda Norrell
Censored News
3 mai 2018
Traduction Christine Prat

 

Frontière de SAN YSIDRO, Californie – C’est calme et tranquille à la frontière, aujourd’hui. Tous les gangsters sont à Washington. C’est généralement calme, à la frontière – sauf quand des agents de la Patrouille des Frontières U.S. harcèlent, frappent et tuent des gens de couleur.

Si les agents de la Patrouille des Frontières pouvaient trouver une raison de frapper ou d’abattre quelqu’un aujourd’hui, ils le feraient.

Sur le sentier pour piétons qui mène au Mexique, des femmes avec des litres de laits et des provisions dans leur caddy rentrent chez elles. Des jeunes mangent de la pizza et achètent des téléphones portables.

Il n’y a pas de hordes de migrants se ruant sur la frontière, comme le Président Trump voudrait le faire croire aux gens, en attisant la haine et la violence raciales aux Etats-Unis.

Au bout de la ligne de trolleybus de San Diego, ici à la frontière, il n’y a pas de banderoles “Nous haïssons Trump”, pas d’affiches rappelant à tous que “la Première Dame, Melania Trump, est une immigrée.”

Peut-être que personne ne pourrait accueillir des réfugiés mieux que la Première Dame Melania Trump, qui est elle-même immigrée.

Dans ce calme, le sentier vers le Mexique est très fréquenté, et il semble qu’il y ait plus de gens voulant entrer au Mexique qu’aux Etats-Unis, aujourd’hui.

Mais à seulement quelques dizaines de mètres, de l’autre côté de la frontière, à Tijuana, au Mexique, la caravane de migrants qui cherchent désespérément la sécurité, est arrivée à la frontière.

Il fait froid et il pleut aujourd’hui. Ils n’ont ni nourriture ni abri.

Beaucoup d’entre eux ont marché sur de longues distances, certains ont traversé plusieurs pays, certains avec des bébés dans les bras, pour fuir la violence au Honduras et d’autres pays d’Amérique Centrale, certains pour fuir la violence domestique, d’autres pour fuir le terrorisme.

Ceux qui vivent le long de la frontière, aujourd’hui avec leurs provisions, montrent toute la difficulté de la vie réelle qui attend les migrants qui attendent d’obtenir l’asile aux Etats-Unis.

Ceux qui sont venus du sud et passé leur vie ici aux Etats-Unis sont las. Leurs dos sont courbés par une vie passée à nettoyer des parquets, récolter des légumes, réparer des toits et soulever des charges que personne d’autre ne veut soulever.

Un autre terrorisme attend beaucoup de ceux qui viennent aux Etats-Unis maintenant, à la recherche d’une vie meilleure – l’emprisonnement dans des prisons privées, qui font cela pour l’argent, et qui sont remplies d’immigrants.

Le seul drame visible aujourd’hui, c’est l’océan. Il est agité, frappe de ses vagues qui s’écrasent sur la côte. Peut-être que l’océan sait, se souvient des principes des anciens – d’accueillir les âmes épuisées, d’héberger les désespérés, de nourrir les affamés, d’abriter ceux qui ont tout perdu, et de donner la sécurité aux femmes, qui donnent la vie, et aux petits. L’eau a sa mémoire.

 

Copyright Brenda Norrell, Censored News

 

Photo copyright Jeff Hendricks

 

REMERCIEMENTS A CEUX QUI ONT AIDE ‘O’ODHAM VOICE AGAINST THE WALL’ A FOURNIR DE LA NOURRITURE A LA FRONTIERE

 

Photos et article par Ofelia Rivas
O’odham VOICE Against the Wall
Sur Censored News
Samedi 21 avril 2018
Traduction Christine Prat

 

Les O’odham au sud de la frontière internationale US/Mexique, sont gravement touchés par les restrictions récentes à la Porte San Miguel, un passage traditionnel O’odham.

Des membres des communautés Kom Wahia, Wo’osan et Kuwit Wahia ont besoin d’aide immédiatement.

O’odham VOICE Against the Wall a immédiatement lancé un appel à l’aide pour acheter de la nourriture et la porter aux familles. Merci aux lecteurs grâce auxquels 200 dollars ont été collectés. La nourriture a été livrée le 19 avril 2018.

Cette aide devra continuer jusqu’à ce qu’une solution durable soit trouvée. Ces trois communautés n’ont pas l’électricité, deux d’entre elles ont des puits et de l’eau potable, l’autre n’a pas de puits et doit transporter l’eau. Le camion qui transportait l’eau est tombé en panne récemment. Les communautés ont besoin d’huile pour lampe, de kérosène et de propane. Elles ont également besoin de savon, de papier toilette et d’autres produits d’hygiène, ainsi que d’allumettes et de piles.

O’odham VOICE against the WALL

http://tiamatpublications.com/

 

 

Article et photos © Ofelia Rivas, sauf indication contraire. Ne peuvent être reproduits sans autorisation

 

Nogales, à gauche les Etats-Unis, à droite le Mexique. Photo © Christine Prat

 

 

Le 4 avril 2018, des réfugiés du Honduras étaient signalés au Mexique, se dirigeant vers le Nord. Trump a déclaré vouloir leur envoyer la Garde Nationale. La vidéo ci-dessous est une réaction à cette annonce. Ofelia Rivas, une Tohono O’odham qui vit près de la frontière, et dont la famille est divisée depuis que le passage est quasiment impossible, rappelle qu’il s’agit du territoire O’odham, que c’est à eux de décider de qui peut y venir, et que la tradition des O’odham est d’accueillir les réfugiés. La vidéo a été tournée par Michelle Cook, Diné [Navajo].

 

 

OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ‘BIENVENUE A LA CARAVANE DE MIGRANTS DU HONDURAS’

Article de Brenda Norrell
Censored News
Traduction Christine Prat

Pays O’odham – Ofelia Rivas, O’odham, et Michelle Cook, Diné, se sont exprimées en direct du Pays O’odham. Ofelia réagissait à l’annonce de Trump, qui disait vouloir envoyer l’armée à la frontière. Elle a aussi répondu aux fausses accusations de Trump, sur la caravane de migrants venus du Honduras, alors arrivés au Mexique et voyageant vers le nord.

Ofelia a souhaité la bienvenue à ces réfugiés, qui luttaient pour survivre, en territoire O’odham.

“Cette militarisation n’est pas notre façon de vivre dans notre pays.”
“Nous connaissons les conditions qui règnent là d’où ils viennent.”
“Accueillez-les, c’est la façon de faire O’odham.”

Michelle a demandé à Ofelia de parler des tours de surveillance qui maintenant visent sa communauté, dans la Nation Tohono O’odham. Les tours de surveillance, des tours permanentes, sont en projet pour le district où vit Ofelia. La firme de défense d’Israël, pays d’Apartheid, Elbit Systems, a signé un contrat avec la Sécurité Intérieure des Etats-Unis pour construire ces tours d’espionnage dans la Nation Tohono O’odham.

Ofelia parle de la barrière empêchant les véhicules de passer la frontière, qui rend très difficile pour les familles de traverser et de célébrer des cérémonies. Maintenant, les O’odham doivent avoir des papiers d’identité dans leur propre pays.

Les agents de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis visent la tête des O’odham avec leurs fusils, exigeant des papiers, quand les gens ne comprennent pas l’anglais.

Ofelia raconte que, récemment, un agent de la Patrouille des frontières s’est garé sur la route, de façon à bloquer l’entrée de sa maison. Il a sorti son arme et l’a menacée quand elle lui a demandé de partir.

Ofelia décrit les tours, et les ondes magnétiques, qui affecteront tout ce qui vit à la frontière, entre autres les abeilles et autres insectes qui amènent le pollen.

“Nous serons toujours là” dit-elle, “et nous avons une voix.”

Ofelia dit que les O’odham traditionnels peuvent recevoir des gens en terre O’odham, sans que la politique s’en mêle.

Michelle demanda à Ofelia de parler du Mur de frontière que Trump dit vouloir construire. Ofelia dit que les O’odham continueront de s’opposer à ces menaces, qui n’amèneraient que la dévastation.

Elle dit que, quand ils ont creusé la terre pour y mettre les pieux métalliques pour la barrière contre les véhicules, elle entendait crier la nuit. “Le son était comme si Notre Mère la Terre pleurait.”

Elle dit que c’était effrayant pour les gens de réagir, à cause du Gouvernement Tribal, de la police tribale et de la Patrouille des Frontières.

Michelle dit que l’intervention militaire, quand elle était à Standing Rock, était très choquante, mais qu’ici, à la frontière, la militarisation était en cours depuis de nombreuses années.

Michelle parla de Jose Matus, un guide de cérémonies Yaqui, qui est passé dans le Monde des Esprits récemment. Jose avait passé sa vie à aller en voiture chez les Pueblos Yaqui du Sonora, à six heures de route de Tucson, pour ramener les Danseurs Yaqui traditionnels, pour conduire leurs cérémonies.

“Ce sont des cérémonies anciennes,” dit Michelle. “Avec cette escalade de la militarisation, ils ne peuvent plus pratiquer leurs cérémonies.”

Ofelia dit que les Autochtones n’ont pas “eu de siège à la table” [de négociations sur leur sort].

La Patrouille des Frontière a jeté des femmes enceintes hors de leurs véhicules et braqué des armes sur des personnes âgées et les a forcées à se mettre à genoux, ce qui est inhumain.

Ofelia dit aux gens de prendre contact avec leurs dirigeants élus et de parler de ces violations.

Les Etats-Unis ont décrété que les tours de surveillance n’auraient “pas d’impact significatif” sur les O’odham et leur terre. Ofelia a demandé aux gens de signer la pétition pour empêcher l’installation de ces tours.

Michelle dit que les migrants du Honduras venant vers le nord ne devraient pas être maltraités, parce que ce sont des gens qui souffrent. “Il faut qu’ils sachent qu’il y a ici des gens qui les aiment et se soucient d’eux.”

“Les femmes et les enfants ne devraient pas être mis en danger.” Michelle dit qu’ils essayaient de trouver de la sécurité et ne devraient pas se faire entendre dire que Trump envoie la Garde Nationale à la frontière.

“Ces gens viennent de très loin,” dit Ofelia, “accueillez-les.”

Ofelia a demandé aux gens d’accueillir ces migrants avec de l’eau, de la nourriture, des vêtements et des chaussures. “Accueillez-les. C’est la façon de faire O’odham.”

 

Ofelia Rivas, O’odham, s’adressa à la caravane de migrants du Honduras: “C’est le territoire O’odham. Nous ne reconnaissons pas de gouvernement étranger. Je leur souhaite la bienvenue.” (Ofelia réagissait aux bizarres accusations de Trump, sur la caravane de migrants, essentiellement des femmes et des enfants, venant vers le nord d’Amérique Centrale, pour échapper à la violence et à la faim.)

Le Site du Projet de Solidarité d’Ofelia Rivas:
http://www.solidarity-project.org/
Contacter Ofelia:
4oodhamrights@gmail.com

 

Voir d’autres articles en français sur la Frontière

 

RAPPORT SUR LE RASSEMBLEMENT ANTICOLONIAL, ANTIFASCISTE POUR LA DEFENSE DE LA COMMUNAUTE, A KINŁANI (FLAGSTAFF, ARIZONA)

 

Indigenous Action Media
D’abord publié par Taala Hooghan
13 avril 2018
Traduction Christine Prat

 

Kinłani/Flagstaff, Arizona – Un rassemblement anticolonial, antifasciste de plus de 60 participants, a été tenu à la Táala Hooghan Infoshop du 6 au 8 avril 2018. Ça a été un weekend fort, pour plusieurs raisons, mais principalement parce qu’il a été organisé explicitement d’un point de vue anticolonial, pas pour prendre une pose antifa. Les Autochtones n’ont pas été seulement “reconnus” ni évoqués symboliquement, nous étions les initiateurs et les organisateurs. Le lieu a été ouvert par des protocoles culturels sans qu’il y ait besoin d’explication. A l’ouverture, un bénévole de l’Infoshop a déclaré: “La manifestation est à beaucoup d’égards une extension du travail culturel et politique qui n’a jamais cessé ici depuis plus de 10 ans. Ce n’est pas un espace sûr, nous ne pouvons pas prétendre que c’est exempt des systèmes d’oppression qui existent hors de ces murs, mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que c’est un lieu menaçant pour ces actions et ces conduites.”

Le programme du rassemblement n’était pas écrasant ni bourré de trop d’ateliers se faisant concurrence, il suivait seulement deux pistes qui représentaient le travail et les intérêts de l’équipe qui organisait. Nous n’allons pas entrer dans les détails, mais nous souhaitons partager ce bref rapport.

La discussion d’ouverture, “Intersections & Tensions Anticoloniales et Antifascistes”, a été présenté à un cercle, avec un panel informel. La discussion était modérée par, et ouverte au groupe. Une partie de la discussion portait sur la liquidation des relations avec des ‘alliés’ (présentée par le principal auteur de ‘Pas d’Alliés, Des Complices‘) et des poses anticoloniales. La discussion a surtout tourné autour de la lutte anticoloniale, vu que, bien que des invitations aient été envoyées, des groupes antifascistes de la région ne sont pas venus.

Une déclaration (émanant de www.rageandresist.org ) qui représentait l’esprit de la discussion, a été lue: “Nous reconnaissons les limites de l’antifascisme en territoire volé. Nous avons connu la main de fer de l’état, en ‘Arizona’, bien avant que Trump ne soit élu. Nous avons résisté aux innombrables attaques contre les migrants (dont beaucoup sont nos parents Autochtones) par les mécanismes d’état, beaucoup des administrations mises en place pour bloquer ou tuer des migrants, sont aussi là pour imposer la loi coloniale sur les territoires Autochtones non-cédés. Des patrouilles du MCSO [Bureau du Sheriff de Maricopa] d’Arpaio visant les Yaqui à Guadalupe, de la violence policière contre les Peuples Autochtones dans tout l’état, de la déportation forcée de plus de 20 000 Diné de Black Mesa, de la répression contre les Peuples Autochtones défendant des sites sacrés comme les San Francisco Peaks, des points de contrôle de la Patrouille des Frontières sur les routes de la Nation Tohono O’odham, à la barrière physique qui divise les Peuples Autochtones séparés par la frontière coloniale entre les Etats-Unis et le Mexique. La résistance autochtone à ces entreprises dure depuis longtemps, alors que les complices sont encore nouveaux dans le combat. Nous avons organisé des projets de solidarité pour nous opposer au réseau de contrôle colonial, parce que nous avons compris que l’antifascisme qui n’est pas fondé sur l’anticolonialisme, est certain de reproduire les structures de la violence du colonialisme de peuplement, qui existe depuis plus de 500 ans sur ce continent, et depuis plus de 200 ans, dans la démocratie représentative des ‘Etats-Unis.'”

L’un des orateurs dit “Prenez des risques. Si cette discussion et ce rassemblement ne vous mettent pas mal à l’aise à un moment ou un autre, c’est que nous avons commis une erreur.”

Sakej Ward a ouvert des perspectives précieuses au cours de l’atelier sur la “Doctrine Révolutionnaire Autochtone”. Il a analysé une sélection de stratégies révolutionnaires historiques et expliqué pourquoi une stratégie distincte est nécessaire dans le contexte de nation Autochtone. Le discours de Sakej a aussi exploré “l’environnement apocalyptique incessant dans l’après-effondrement Autochtone” et dénoncé la pacification par des ONG et organisations à but non lucratif des luttes Autochtones.

Parmi les autres ateliers, il y avait: Antifascisme et Culture de la Sécurité 101, Fascisme et Antifascisme en France, Défense Armée, Liquider le Poison de la Fasculinité dans les Mouvements et Espaces Radicaux, et des ateliers d’autodéfense.

L’atelier sur le Poison de la ‘Fasculinité’ a eu lieu dans un espace fermé, réservé aux fxmmes, et aux genx transgenres et lesbiennes (pas d’hommes hétéro). L’atelier a montré en détail les différentes manières par lesquelles des espaces voués à des mouvements militants radicaux pouvaient personnifier une hyper masculinité qui réduit au silence, aliène et fait du tort aux fxmmes, aux femmes [en français dans le texte] et autres genres non-mâles. L’atelier était modéré comme un cercle de discussion et les participantes ont partagé et appris des expériences des unes des autres. Après ce cercle de discussion, il y a eu un atelier d’autodéfense spécial pour les fxmmes, femmes, et hommes non-hétéro.

La soirée s’est terminée par un autre panel informel sur le “Soutien de la Communauté Contre la Police.” Deux membres de la communauté Autochtone sans abri ont rejoint Louise Benally, de Big Mountain – où la résistance à la déportation forcée existe depuis plus de 40 ans – et les organisateurs antifascistes, dans une discussion sur les méthodologies alternatives et une justice transformatrice et restauratrice.

Le samedi soir, un poste de police a été amélioré avec de la peinture rouge et le message “Fuck the Police.” D’autres endroits ont aussi été redécorés, mais celui-là a attiré l’attention de nombreux flics [‘pigs’ en anglais] et d’un hélicoptère. Bien qu’ils ne soient pas associés à l’action, deux camarades ont été pris par les flics [pigs] et retenus pour la nuit. Le soutien aux prisonniers a été rapidement activé et après que les accusations (deux pour chacun, de délit criminel de graffitis) et la caution aient été déterminées, une partie de l’équipe du rassemblement s’est réunie devant la prison. Envoyez s.v.p. des emails à taalahooghan@protonmail.com pour savoir comment aider ceux qui risquent de multiples chefs d’accusation.

La matinée a commencé par un atelier sur l’âgisme pour les jeunes, et sur les façons dont les jeunes pouvaient se défendre, et s’est terminée par une discussion sur la construction d’un Mouvement Antifasciste Régional.

“Nous ne choisissons pas d’êtres activistes” dit l’un des coordinateurs du rassemblement, “nous sommes nés dans cette lutte et la vivons tous les jours.”

 

 

 

Taala Hooghan Infoshop, Flagstaff Arizona. “De Kinlani (Flagstaff en Diné) à la ZAD”

 

Des Palestiniens expriment leur soutien à la ZAD

 

Cet article a d’abord été écrit en anglais, pour remercier les camarades étrangers qui ont tout de suite manifesté leur solidarité. Il a été publié sur Censored News.

 

POURQUOI LES AUTORITES FRANÇAISES NE POUVAIENT QU’ATTAQUER LA ZAD

Par Christine Prat
In English on Censored News
11 avril 2018
Voir aussi l’article du CSIA-nitassinan

Lundi 9 avril, la Gendarmerie Nationale, munie de blindés, a violemment attaqué la ZAD – Zone A Défendre – à Notre-Dame-des-Landes. Depuis les années soixante, les autorités envisageaient de détruire ce coin de campagne pour y faire construire un aéroport international. La première manifestation contre le projet a eu lieu en 1967. De nombreuses autres ont suivi jusqu’à maintenant.

En janvier de cette année, le gouvernement a décidé d’abandonner le projet d’aéroport. Mais il a prévenu que les gens qui occupaient ‘illégalement’ la ZAD devraient l’avoir quittée au 31 mars.

Lundi 9 avril, les autorités ont donc lancé une attaque extrêmement violente pour déloger des gens qui, d’après eux, n’étaient que des militants radicaux cherchant seulement l’affrontement avec les forces de l’ordre. Ils ont aussi clamé qu’ils avaient invité les gens de la ZAD à présenter des projets agricoles, mais que les squatters ‘radicalisés’ n’avaient présenté aucun projet.

La vérité est que les autorités offraient aux gens la possibilité de présenter des projets agricoles INDIVIDUELS – qu’ils étaient même prêts à appeler ‘alternatifs’ pour peu que les gens cultivent quelques légumes bio ou placent deux panneaux solaires. Il s’agissait donc de créer des propriétés PRIVEES. Les gens qui viennent d’être brutalement attaqués essayaient depuis des années de développer un mode de vie alternatif, hors de la société capitaliste, et de produire pour être auto-suffisants, pas pour faire du commerce. C’était donc une expérience “révolutionnaire”, inacceptable pour la société capitaliste.

Ce monde dominé par le capitalisme ne reconnaît que deux sortes de propriété: la propriété privée et la propriété d’Etat (toujours privatisable), et n’a jamais reconnu la propriété collective ou d’usage communautaire. (Evidemment, cela s’appliquait aussi à la soi-disant propriété collective des pays soi-disant communistes, il s’agissait en fait de propriété d’Etat, où les gens qui y travaillaient n’étaient que de simples travailleurs tout comme ceux qui travaillent pour des entreprises privées capitalistes).

Par conséquent, il n’était pas question de présenter des projets collectifs, qui auraient été systématiquement rejetés.

Des camarades étrangers ont immédiatement manifesté leur solidarité. Il n’est pas surprenant que les premiers à le faire aient été des Indiens d’Amérique et des Palestiniens. Beaucoup de leurs territoires ont été volés par les colonialistes sous prétexte que ce n’étaient pas des propriétés privées, donc à personne, donc à l’Etat, qui pouvait le vendre à des colons ou à des entreprises privées. Et ça continue encore aujourd’hui.

Le gouvernement Macrump, qui promeut le capitalisme délirant, n’aurait en aucun cas accepté autre chose que des propriétés privées ou privatisables.

 

 

DES SDF AUTOCHTONES SE RASSEMBLENT A FLAGSTAFF POUR PROTESTER CONTRE LE RACISME ET LE PROFILAGE RACIAL

Par Indigenous Action Media
24 mars 2018
Traduction Christine Prat

 

Des membres de la communauté Autochtone sans abris, ont organisé un rassemblement le 24 mars 2018, pour mettre fin au racisme et au profilage racial à Kinłani, également connue sous le nom de “Flagstaff”. Ils ont raconté leurs expériences et leurs appels à l’action.

Shane R. fit remarquer: “Avant 1492, nous n’étions jamais SDF, nous avions toujours un endroit où loger.”

En 2006, la Coalition Nationale pour les Sans-abris a nommé la ville de Flagstaff 10ème ville la plus malveillante des Etats-Unis pour sa politique visant les SDF et la population sans-abri.

D’après les rapports annuels des Services de Police de Flagstaff, la ville fait arrêter en moyenne plus de 3000 Autochtones chaque année, alors que seulement 7000 Autochtones se disent domiciliés à Flagstaff.

Nos parents sans abri ont appelé à:

. Supprimer immédiatement l’ordonnance anti-camping
. Supprimer le programme “ROPE”, programme destiné aux “récidivistes”
. Introduction d’une Loi sur les Droits des SDF
. Création sur des bases Culturelles d’un centre d’abri et de réhabilitation soutenu par la Nation Navajo et autres Nations Autochtones.

Ils ont aussi annoncé qu’ils allaient porter sur eux des caméras, afin d’enregistrer le harcèlement et les violences de la police.

Vous pouvez les soutenir en allant sur ce site: www.taalahooghan.org/support-unsheltered-relatives/

 

Etant donné qu’il n’est plus possible de télécharger une vidéo de YouTube sans payer, je n’ai pas pu mettre de sous-titres. vous trouverez une traduction sommaire de ce qui est dit dans la vidéo ci-dessous

 

– Intervenante: Est-ce que la police est supposée nous protéger? Ou est-ce qu’elle le fait?
Du terrorisme, oui, c’est exactement ce qu’elle fait!

(0mn 12s) Textes:

– Les Autochtones sans abri ont organisé un rassemblement contre le racisme et le profilage racial
– La Coalition Nationale pour les SDF a nommé Flagstaff la 10ème ville la plus “malveillante”, en 2006
– Le Service de Police de Flagstaff arrête en moyenne plus de 3000 Autochtones chaque année (Rapports Annuels du Service de Police de Flagstaff 2009-2015)
– Cependant, seulement 7000 Autochtones se disent chez eux à Flagstaff
– Sans abri ou non, un Autochtone sur deux vivant à Flagstaff (quelque soit son âge) est menacé d’arrestation.

Interventions:

Premier intervenant: Avant 1492, nous n’étions jamais SDF. Nous avions toujours un endroit où loger. Ce pays était notre pays. [0mn 49s – Panneaux: Nous ne sommes pas sans domicile, la Terre est notre domicile – Je n’ai pas de domicile mais j’ai une voix – Partout où je pose la tête, c’est mon domicile] Ici, c’est notre pays. Nous ne sommes pas traités correctement. La police est là, regardez là-bas, et là-bas, ils sont dans la foule, ils sont partout, et je sais qu’ils regardent. Mais nous les surveillons aussi, et avons aussi des enregistrements vidéo d’eux. Aucun moyen ne nous empêchera de mener ce combat. Vous feriez mieux de vous en souvenir: nous nous battrons pour nos droits. Qui va remédier à ce qui va mal dans cette communauté? Pas eux! Tout ce qu’ils feront c’est de nous poursuivre, nous attaquer, nous mettre en prison. C’est la seule chose qu’ils font. C’est à quoi ils sont bons. Nous allons nous battre pour nos droits.

Deuxième intervenante (2mn 17s): J’ai été harcelée, j’ai été profilée pour ma “race”… Oui, j’ai fait des choses pour lesquelles j’ai dû rendre des comptes, j’ai été en prison pour ça. Et je m’excuse de l’avoir fait. Mais trop c’est trop. J’ai décidé que je ne voulais plus parler à ces flics. Je ne veux plus leur donner de raison de m’embarquer. Alors, j’ai décidé d’être sobre et de mener une vie différente. [Panneau: Diné Pride, le génocide est toujours vivant]. Et qu’est qui arrive? Je suis toujours profilée, je suis toujours harcelée. Qu’est-ce que je ne fais pas bien, qu’ils veulent me faire faire? Parce que j’en ai assez! C’est notre pays, ici. Pourquoi ne pouvons-nous pas circuler sur Notre Mère la Terre? Et vivre en paix. Si nous faisons quelque chose de mal, guidez-nous, protégez-nous, rendez-nous service! … Vous savez, ma sœur a été assassinée ici… je suis très émue aujourd’hui… Elle était aussi une parente sans abri, elle l’avait choisi. Je suis locataire, maintenant, et j’ai un toit, elle allait et venait, et je comprenais pourquoi, et j’avais à l’accepter comme elle était, et comment elle voulait vivre. Et tout ce que j’avais en moi, c’était ce petit espoir, pour elle, d’avoir ce que j’avais eu moi-même, pour l’aider à atteindre ce que j’ai aujourd’hui.

Troisième intervenante (4mn 13s): Aujourd’hui, nous sommes tous ensemble, unis, et, vous savez, vous n’êtes pas ceux qui nous éjecterons de notre pays. Bienvenue les gars, il y a fort longtemps, qu’est-ce que vous nous avez donné? De l’alcool! Ça s’appelle un génocide… Je veux que vous restiez là où vous êtes, et y réfléchissiez. Si vous êtes agent de police, ici aujourd’hui, ce n’est pas le moment de nous arrêter. C’est ce que je ressens. Je vais vous dire, qu’est-ce que vous faites ici, en réalité? Etes-vous vraiment là pour protéger les gens?

Quatrième intervenant (4mn 53s): Ce qu’ils m’ont fait, ils m’ont cassé des côtes et la colonne vertébrale, c’est ce que je subis, en ce moment, et je me trouve ici, avec beaucoup de gens autour.

Cinquième intervenante (5mn 24s): [panneaux: cessez la violence policière, cessez le profilage racial, à droite: dormir n’est pas un crime]. Depuis ma naissance, je subis la discrimination. A l’école, ne pas parler ma langue… toute ma vie. Mais ici, aujourd’hui, je me sens forte, pas seulement pour ma propre “race”, nous sommes tous Autochtones ici. Mon problème ici, c’est qu’on m’a refusé l’entrée du centre d’hébergement, une nuit, et il neigeait, il faisait froid, on m’a refusé l’entrée du centre d’hébergement. Mon amie et moi, nous sommes écroulées au bord de la route. Et, je remercie Dieu qu’un passant ait entendu mes cris de mourante demandant de l’aide. J’ai été emmenée à l’hôpital et arrêtée après avoir été ramenée à une température normale, pour être “combattive”. Mes bras étaient enflés, mes genoux étaient enflés, je les avais éraflés en grimpant hors du fossé plein de neige où nous étions…

Sixième intervenante (6mn 38s): Je veux juste être ici pour être solidaire de tous mes parents sans abri, pas seulement à Flagstaff mais partout sur la planète. Et je préfère dire “sans abri” que “sans domicile”, parce que pour nous, Autochtones, c’est notre domicile, vous devez toujours avoir un domicile dans ce pays. Nous devons voir la vraie réalité de ce que fait la police. Le système colonial a été chasseur d’esclaves, et ils n’ont jamais vraiment arrêté cette activité, leur travail est de protéger tous les acquis du capitalisme contre les intérêts de tous les humains. Ce que nous devons faire est de tous nous unir, toutes les ‘races’ tous les sexes, nous devons renverser ce système, pour que nous ayons le vrai pouvoir, pour que nous ayons la vraie autorité, pour pouvoir prendre soin de nos peuples, comme nous savons le faire, avec des logements gratuits, l’enseignement gratuit, un service de santé, de la nourriture. Ce ne sont pas des privilèges… Il faut que nous prenions soin de nos peuples. Chaque fois que je vois mes sœurs, mes frères, dans la rue, je vous demande: invitez-les chez vous aujourd’hui, donnez-leur une couverture, donnez-leur un lieu sûr pour dormir, donnez-leur le droit à un hébergement. Nous sommes tous ici, et nous avons ce pouvoir de vraiment changer des choses. Nous devons nous défendre, nous devons combattre.

 

Texte:

Nos parents sans abri demandent:

– Retrait immédiat de l’ordonnance anti-camping à Flagstaff
– Fin du programme “ROPE” contre les récidivistes
– Adoption d’une loi sur les Droits des SDF
– Un centre d’hébergement et de rééducation sur une base culturelle, soutenu par la Nation Navajo et d’autres Nations Autochtones
– Ils ont également annoncé qu’ils allaient porter sur eux des petites caméras pour montrer les actes de harcèlement et de violence de la police.

 


Gabrielle Gelderman @GabbyGelderman
“Nous sommes en train d’occuper le siège de #KinderMorgan à #yyc afin de transmettre un message:
“Il n’y a PAS de consentement totalement informé pour ce #pipeline, les Nations et les Communautés de Colombie Britannique combattant pour #ArrêterKM ont parlé. Nous voulons être sûrs que KM les entend.”
Vendredi 23 mars 2018
Publié sur Censored News

 

CANADA: LUTTE CONTRE LE PROJET D’OLÉODUC DE KINDER MORGAN “TRANS MOUNTAIN”

La firme américaine Kinder Morgan projette de construire une extension d’un oléoduc devant transporter du pétrole des sables bitumineux d’Alberta jusqu’en Colombie Britannique, où il devrait rejoindre des oléoducs déjà existants et très controversés. Le gouvernement Canadien a approuvé le projet en novembre 2016. L’oléoduc devrait faire 1147 km de long sur environs 150 m de large. Dans un article non daté, le “Wilderness Committee” a écrit: “Kinder Morgan veut construire un nouvel oléoduc et accroître la capacité jusqu’à 890 000 barils par jour – ce qui signifie que plus de 400 transports géants de sables bitumineux passeraient par notre débouché.”

Dès le 17 mars, les Protecteurs de la Côte ont publié un article sur Censored News (voir plus bas).

La Tribu Secwepemc serait la plus touchée, mais aussi la ville de Burnaby, particulièrement hostile à ce genre de projet, vu qu’elle a déjà subi la fuite d’une cuve de stockage de Kinder Morgan en 2007. Il faut savoir que le pétrole de sables bitumineux – tout comme le pétrole de gaz de schistes – est beaucoup plus sale que le pétrole ordinaire. Lors de fuites, on s’est aperçu que les détergents utilisés contre les marées noires n’avaient aucun effet. Ce pétrole est si visqueux qu’il faut y adjoindre des substances chimiques et le maintenir à une température élevée pour qu’il puisse couler dans les oléoducs. On sait depuis longtemps que des oléoducs sans fuites n’existent pas, et les opposants ont souvent rappelé que la question n’était pas de savoir SI ils allaient fuir, mais QUAND. D’après un article publié le 21 janvier 2018 sur CTV News Canada, le Maire de Burnaby, Derek Corrigan, a déclaré que “vu les dégâts et les perturbations – à perpétuité – que ça causerait à la ville et à l’environnement de la métropole de Vancouver, à l’économie et aux quartiers, la Ville de Burnaby est déterminée à assurer que ce trajet ne soit jamais approuvé.” Mais le gouvernement canadien a approuvé.

Un article non daté, publié sur le site “Le Conseil des Canadiens, Agir pour la justice sociale”, rappelle: “Les Peuples Autochtones du Canada bénéficient de la reconnaissance constitutionnelle et de la protection de leurs droits. Le gouvernement canadien a adopté officiellement la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, qui implique le droit de dire ‘non’.”

“En plus des défis légaux, plus de 150 Premières Nations et Chefs Tribaux ont signé le Traité d’Alliance contre l’expansion des sables bitumineux, qui inclut l’opposition au projet de Kinder Morgan. L’Union des Chefs Indiens de Colombie Britannique est radicalement opposée au projet.”

Les opposants sont malheureusement et comme il fallait s’y attendre, fortement réprimés. D’après un article publié le 25 mars sur Telesur en anglais, “plus de 150 manifestants, parmi eux deux politiciens, ont été arrêtés par les autorités canadiennes au cours de la semaine passée, pour leur participation à des manifestations contre l’extension de l’oléoduc canadien de sables bitumineux, à 7,5 milliards de dollars US, selon les médias locaux du samedi 24 mars.” L’article de Telesur indique aussi “des arrestations d’activistes Autochtones, de législateurs et d’étudiants”. “Les manifestants ont participé à près de 50 actions dans toute l’Amérique du Nord, des gens ayant manifesté aussi dans la capitale du Canada.” Justin Trudeau, qui a approuvé le projet d’expansion en 2016, dit “Depuis son lancement, le Système d’Oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan a transporté du pétrole sur 1150 km, de l’Alberta à la côte de Colombie Britannique. Le projet d’expansion approuvé en 2016 triplerait le volume de produits du pétrole transportés.”

Malheureusement, d’après un article de CBC Canada publié le 25 mars, le 23 mars dernier, la Cour d’Appel Fédérale a rejeté la tentative du gouvernement de Colombie Britannique de s’opposer à la décision de l’Office National de l’Energie qui autorise Kinder Morgan à contourner les lois locales pendant la construction de l’oléoduc qui triplerait la quantité de brut allant d’Alberta jusqu’au port de Burnaby, en Colombie Britannique.” “La Cour a également condamné la Colombie Britannique à payer les frais.”

D’après un article du 24 mars, également publié par CBC Canada, “des dizaines de jeunes Autochtones et autres manifestants se sont rassemblés au Terminal de Kinder Morgan à Burnaby pendant le weekend, pour la plus récente d’une série d’actions contre l’extension de l’oléoduc Trans Mountain.”

“La porte-parole de Protect the Inlet, Virginia Cleaveland, dit que 58 manifestants avaient été arrêtés samedi, en début de soirée, ce qui porte le nombre de personnes arrêtées dans la semaine à 173.”

Le 26 mars, d’après un article du Vancouver Sun, “les officiels de la Ville de Burnaby intensifieront leur bataille légale contre l’expansion du Projet Trans Mountain en allant jusqu’à la Cour Suprême du Canada, ont-ils annoncé mardi.”

Vendredi, la Cour d’Appel Fédérale avait rejeté le pourvoi du gouvernement de Colombie Britannique, et condamné la Colombie Britannique à payer les frais de justice.

La Première Ministre d’Alberta, Rachel Notley, avait qualifié la décision de vendredi de “victoire pour l’oléoduc, et une victoire de plus pour tous les habitants d’Alberta et les Canadiens.” (Vancouver Sun, 26 mars 2018). Comme quoi quand on est…

L’expansion de l’oléoduc implique aussi un accroissement de l’extraction de sables bitumineux, alors que la région d’Alberta où ils sont extraits, est déjà totalement détruite. Il y aurait un projet d’extraction encore bien plus vaste et bien plus destructif envisagé et présenté aux autorités.

Christine Prat

 

 

DES DIZAINES D’AUTOCHTONES ET AUTRES HABITANTS DE BURNABY ONT BLOQUE L’ENTREE DE KINDER MORGAN

Par les Protecteurs de la Côte
Publié par Censored News
Le 17 mars 2018
Traduction Christine Prat

 

Des dizaines d’Autochtones, de membres de la communauté, des familles et des enseignants en retraite ont bloqué l’entrée principale de Kinder Morgan sur le Mont Burnaby.

Les membres de la communauté de Salish Coast Oceann Hyland et Will George ont conduit une cérémonie pour les protecteurs et les ont escortés jusqu’aux portes de Kinder Morgan.

“Nous avons atteint un point critique de la lutte contre Kinder Morgan et leur projet destructeur d’extension d’un oléoduc”, dit Will George, de la Nation Tsleil Waututh. “Il faut maintenant mener une action audacieuse – c’est le moment de choisir de résister avec les Nations Autochtones dans le combat pour un climat sain et de l’eau propre, ou de regarder Kinder Morgan continuer à faire ses affaires habituelles et détruire toute chance d’avoir une planète sûre et vivable.”

“La viabilité du projet d’extension de l’oléoduc de Kinder Morgan n’est pas négociable – c’est irréconciliable avec une planète sûre et vivable, tout comme avec les promesses de réconciliation avec les Peuples et les modes de vies Autochtones,” dit Clayton Thomas-Muller, membre du Traité 6 de la Nation Cree Mathias Colomb. “Nous demandons aux gens de nous rejoindre pour dire à Justin Trudeau et Rachel Notley [Première Ministre d’Alberta] que nos communautés et nos alliés ne vont pas se coucher devant la cupidité des grandes entreprises, et que nous sommes prêts à résister pour l’eau, le sol, et la planète – même si eux ne le sont pas.”

Jeanette Paisley, 76 ans, de Langley, professeur en retraite de l’école Montessori, dit “j’ai quelque appréhension à la perspective d’être arrêtée. J’ai été une citoyenne respectueuse de la loi toute ma vie. J’ai rarement eu une amende pour excès de vitesse, mais je suis atterrée par Kinder Morgan et très déçue par Trudeau. J’ai décidé qu’il était temps de faire quelque chose. J’ai signé des pétitions toute ma vie, mais quand j’ai appris ceci, j’ai décidé qu’il était temps de me réveiller et de faire quelque chose.”

Un habitant de la Colombie Britannique sur dix, et un opposant au nouvel oléoduc de Kinder Morgan en Colombie Britannique sur quatre, disent être prêts à s’engager dans la désobéissance civile pacifique pour résister à l’oléoduc. Suite à la marche et au rassemblement de 10 000 personnes contre Kinder Morgan le samedi passé [10 mars], des manifestations courageuses de résistance des résidents de Colombie Britannique sont attendues dans la semaine à venir.

 

 

DES VANDALS DETRUISENT DES CROIX ET DES PLUMES D’AIGLE SUR LE SITE D’OAK FLAT

 

Par Wendsler Nosie
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat

 

 

 

Le 17 mars 2018, un représentant du Bastion Apache est arrivé à Oak Flat, en Arizona, et a trouvé quatre croix d’un lieu sacré Apache détruites intentionnellement. Deux des croix avaient disparu, arrachées du sol, et deux autres croix étaient toujours debout, mais détruites, apparemment à la hache. Des traces de larges pneus étaient visibles dans la terre autour et à travers le lieu de prières. Des plumes d’aigle cérémonielles trainaient sur le sol.

Le Bastion Apache exige une réaction immédiate du Service des Forêts et des officiels des forces de l’ordre, et demande aux dirigeants locaux de condamner ce crime de haine, pour aider à s’assurer que ça ne se reproduira plus. Les forces de l’ordre ont été appelées à enquêter sur l’acte et à poursuivre les responsables, vu qu’il peut s’agir d’un crime dirigé contre les Apaches et leurs pratiques spirituelles.

Le 8 février 2014, des centaines de personnes se sont rassemblées à Oak Flat, pour une réunion protestant contre un projet de mine de cuivre qui détruirait la zone, située à une heure de route à l’est de Phoenix. Chi’Ch’il Biłdagoteel, également connu sous le nom d’Oak Flat, est un site sacré pour les Apaches depuis des temps immémoriaux. Le projet de mine de cuivre est une attaque directe contre les pratiques spirituelles des Apaches. Lors d’une réunion en 2014, un groupe s’est formé sous le nom de Bastion Apache [Apache Stronghold]. Ils ont passé plus d’un an en prières de résistance et ont tenu leurs cérémonies habituelles sur le site, au cours des quatre années passées. Le centre de ces cérémonies est le sol sacré où quatre croix ornées de plumes d’aigle avaient été plantées, site utilisé comme lieu de prière.

“Ce site est comme une église. Si cette attaque avait été menée contre une église, elle serait considérée comme un crime” dit Wendsler Nosie, un dirigeant du Bastion Apache. “Beaucoup de gens sont venus ici pour guérir de maladies, et pour leurs proches, demandant des bénédictions. Pendant toute l’année, c’est un site où les familles se réunissent et enseignent à leurs enfants ce qu’est le territoire. Il y a des lois fédérales supposées protéger un lieu comme celui-ci. Nous n’avons jamais vu une telle violence contre nous, ici. Il faut que des comptes soient rendus pour ce crime.”

Selon la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens, le gouvernement fédéral des Etats-Unis est tenu de protéger le droit des Amérindiens à la liberté religieuse, “y compris, mais non limité à, l’accès aux sites, l’utilisation et la possession d’objets sacrés, et la liberté d’exercer le culte par des rites cérémoniels et traditionnels.” Les quatre croix et les plumes d’aigle profanées relèvent de cette Loi et sont sous la juridiction du Service des Forêts des Etats-Unis. Oak Flat est actuellement classé comme faisant partie de la Forêt Nationale de Tonto.

A propos d’Oak Flat:

Oak Flat se trouve à environs une heure de route à l’est de Phoenix, et c’est un site sacré pour les Apaches sous le nom de Chi’Ch’il Bildagoteel. C’est aussi l’habitat d’un écosystème désertique varié. Oak Flat est actuellement un territoire fédéral, classé comme faisant partie de la Forêt Nationale de Tonto. En décembre 2014, les sénateurs d’Arizona McCain et Flake ont fait passer une clause d’échange de terrains dans la Loi d’Autorisation pour la Défense Nationale. La clause sur l’échange de terrains attribue Oak Flat à une compagnie minière multinationale pour y construire l’une des plus grandes mines de cuivre du monde. La mine devrait détruire de façon permanente Oak Flat et les paysages désertiques aux alentours. Les activistes Apaches et anti-mine ont combattu le projet avec succès pendant près de dix ans, jusqu’à ce que cet accord de “derrière les rideaux” soit conclu au Congrès. Actuellement, le Service des Forêts entreprend d’établir une Déclaration d’Impact Environnemental, une estimation exigée par la loi, qui doit être prête avant que l’échange de terrains soit finalisé.

(Voir aussi interview de 2015)

 


Orlando Begay et Lyla June Johnston, des Navajos qui se sont rendus en Palestine

 

LES MASSACRES ET LES DEPORTATIONS DE PALESTINIENS PAR ISRAEL REPETENT LE GENOCIDE DES AMERINDIENS AUX ETATS-UNIS

 

Par Lyla June Johnston, Diné
Envoyé de Palestine
Publié sur Censored News
12 mars 2018
Traduction Christine Prat

 

Lyla devant une maison détruite par Israël. Elle a décrit le but poursuivi par les Israéliens, de “territoire maximum” et “population minimum” de Palestiniens, qui sont chassés de force, frappés et souvent hospitalisés pendant qu’Israël détruit des maisons Palestiniennes et forcent les habitants à aller dans des camps de réfugiés.

Voir vidéo sur Facebook

 

“Une ville palestinienne étranglée par la construction du mur de l’apartheid. Plus de 2500 personnes ont été forcées de déménager dans des camps des réfugiés/de concentration. A cause de la construction du mur, des enfants doivent se lever à 4h du matin pour aller à l’école en contournant le mur. Si quelqu’un est victime d’un infarctus, ça prend plus d’une heure pour aller à l’hôpital. Ils ont été isolés hors de l’existence et maintenant il reste une énorme ville-fantôme dans la Palestine ancestrale.” Lyla June Johnston

 

Les fenêtres d’une école de filles Palestinienne, brisées par des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes par l’armée Israéliennne

“C’est en face de la rue des implantations Juives, où les gens ne paient pas d’impôts et ont en plus des subventions pour vivre ici. Ici, à Shu’fat, les gens paient des impôts, et des ressources minières sont exploitées. Il n’y a pas de services publiques, et donc il n’y a pas moyen de se débarrasser des ordures qui s’accumulent le long des rues ou sont brûlées.” Lyla June Johnston

 

“Aujourd’hui, je visite l’ancienne ville de Lifta. Elle a été dépeuplée en 1947 par des milices Sionistes. Et par là, je veux dire que les gens ont été chassés de force. A cette époque, 120 hommes, femmes et enfants ont été massacrés. Toute la zone a des restes qui montrent les soins apportés par la population Autochtone: des amandiers, des figuiers, de la verdure partout, une source sacrée. Nous allons maintenant au camp de réfugiés, à 20 minutes, où les personnes déplacées vivent encore maintenant. Ça vous est familier? Ça l’est sans aucun doute pour les Amérindiens… Il est temps pour nous, en tant qu’Américains, de faire entendre nos voix et de faire pression sur le gouvernement Américain pour qu’il cesse d’imposer son véto aux Nations Unies. Le pouvoir de véto utilisé par les Etats-Unis empêche la loi internationale et les traités de protéger les Palestiniens.

Peu importe ce quelle est votre religion ou ce que disent vos textes sacrés, moi-même et beaucoup de Juifs progressistes comprennent que rien ne justifie de tuer les autres ou de se conduire en dominateur ou de déplacer violemment une personne qui a vécu là il y a des centaines – si ce n’est des milliers – d’années.” A Lifta, Jérusalem, Israël, Lyla June Johnston

 

“Chaque fois que vous voyez ces cactus, vous savez que ça a été un village Palestinien ‘dépeuplé’. Bien que ce ne soit pas une espèce autochtone en Palestine, ils étaient une des plantes favorites des communautés Palestiniennes, étant donné qu’ils avaient de nombreuses applications. Donc, le cactus est devenu un symbol de #AlNakba,la Nakba, “La Catastrophe”, de 1947, quand les milices Sionistes ont chassé 700 000 Palestiniens par la force, en massacrant des centaines en route. Une deuxième déportation a eu lieu en 1967 pendant la Guerre des Six Jours, et ils ont été forcé de tout abandonner une fois de plus.

Aujourd’hui, c’est la routine que des gens soient emprisonnés ou tués, et chacun de leurs mouvements est contrôlé et surveillé par des caméras, et par des points de contrôle cachés le plus possible de la communauté Israélienne juste à côté. Les grand-mères ont vu trois générations d’enfants déchirés par la guerre et se demandent quand ça finira. La réponse à cette question appartient à chacun d’entre nous.” Lyla June Johnston #BoycottSanctionDivest

 

“Imaginez que chaque fois que vous voulez simplement rentrer du travail, vous deviez passer par un point de contrôle plein de gardes armés qui vous harceler ou pas. C’est ce que subissent les Palestiniens. Que diriez-vous si dès l’âge de 18 ans vous étiez obligés de rejoindre l’Armée Israélienne et contrôler des gens que vous ne connaissez même pas et qui veulent juste rentrer chez eux le soir? C’est ce que subissent les jeunes Juifs Israéliens. Dans un contexte d’oppression, personne ne gagne et tous sont tenus dans les liens de la contrevérité.” Lyla June Johnston

 

©Photos et ©article: copyright Lyla June Johston
Ne peuvent être utilisés sans permission

 

 

 

UTES DE UTE MOUNTAIN: COMBAT CONTRE L’USINE DE TRAITEMENT D’URANIUM WHITE MESA

Par Christine Prat
In English on Censored News
Photo noir et blanc Theo Koppen
Autres photos Christine Prat

Depuis des années, la communauté Ute de la Réserve de Ute Mountain se bat contre une usine de traitement d’uranium située à proximité, l’usine White Mesa, actuellement propriété d’Energy Fuels, près de la commune (non-Autochtone) de Blanding, dans le sud de l’Utah.

L’usine a été construite en 1979-1980. Elle était supposée traiter l’uranium de la région, qui, d’après le site d’Energy Fuels, (en anglais) “est au centre des mines et dépôts d’uranium les plus riches des Etats-Unis…” Cependant, d’après le site du Grand Canyon Trust, “L’usine, construite en 1979 pour traiter le minerai d’uranium du Plateau du Colorado, fait beaucoup d’affaires en important des déchets radioactifs appelés ‘approvisionnement alternatif’, depuis 1987. Tandis qu’Energy Fuels récupère et vend de l’uranium et du vanadium extraits des déchets, leur principale source de revenus vient des frais comptés pour l’entreposage de matériaux toxiques dans les puits de stockage des déchets de l’usine…”

Le 16 septembre 2017, j’ai rencontré et interviewé Yolanda Badback, Ute de Ute Mountain, au cours d’une conférence organisée par Uplift, une initiative de la Jeunesse du Plateau du Colorado, soutenue par le Grand Canyon Trust. Vous pouvez voir la vidéo de l’interview ci-dessous.

Ce que Yolanda a dit n’est malheureusement pas dépassé, étant donné que la licence de l’usine a été renouvelée par le Service de la Qualité de l’Environnement de l’Utah – DEQ-Utah – le 16 février 2018. On peut voir (en anglais) un PDF de la lettre du DEQ à Energy Fuels, sur le site du DEQ-Utah. Le 27 février 2018, Reuters a publié un article (en anglais) sous le titre “Energy Fuels obtient l’approbation pour étendre les mines d’uranium et de vanadium en Utah”. L’article mentionne d’autres sites que White Mesa, donc d’autres gens subiront les effets de l’uranium.

 

 

Le 9 octobre 2017, le Grand Canyon Trust a également publié un article déprimant (en anglais), écrit par un avocat de l’organisation, Aaron Paul, qui dit avoir dû reprendre courage pendant plusieurs jours avant de l’écrire: l’article annonce que le Grand Canyon Trust a perdu son procès contre Energy Fuels, après trois ans et demi de combat juridique. En 2012, Energy Fuels a racheté l’usine à Denison Mines, et ses porte-parole ont immédiatement annoncé que des puits de déchets émettaient plus de radon que ce que la loi autorise. Alors, les gens et les organisations, entre autres le Grand Canyon Trust, ont pensé qu’Energy Fuels allait nettoyer. Mais non. Ils avaient probablement fait l’annonce uniquement pour pouvoir dire que c’était Denison Mines qui était responsable. Ne voyant rien venir, le Grand Canyon Trust a poursuivi Energy Fuels en justice. En septembre dernier, le Grand Canyon Trust a perdu.

Les Ute de Ute Mountain soutiennent et sont soutenus par le mouvement Haul No! (Non au transport), un mouvement qui s’oppose au transport d’uranium de la mine toujours controversée et officiellement pas encore en activité, appelée Canyon Mine, qui se trouve dans le Parc National du Grand Canyon, et au pied de Red Butte, montagne sacrée pour les Havasupai. Cette mine menace également les sources d’eau qui se jettent dans le Grand Canyon et constituent le principal approvisionnement en eau des Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon. (Le 10 mars, le Guardian a publié un article – en anglais – disant que la Cour Suprême allait approuver l’annulation du moratoire sur les nouvelles mines d’uranium près du Grand Canyon, prononcé par Obama en 2012 – le Colorado fournit de l’eau à 30 millions de gens). Le transport de Canyon Mine à l’usine White Mesa devant traverser la Réserve Navajo, le mouvement Haul No! a été fondé par des Navajos. Cependant, les Ute de Ute Mountain y participent, vu qu’ils ne veulent plus d’uranium à l’usine.

Malheureusement, les habitants – non-Autochtones – de Blanding soutiennent l’usine, car elle fournit DES EMPLOIS! (C’est comme ça aussi à Bure, et, Petuuche Gilbert, militant anti-nucléaire Acoma, m’a dit aussi que beaucoup de gens soutenaient les mines d’uranium dans sa région, sous prétexte d’emplois…) Comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo, Yolanda a été agressée à deux reprises dans l’unique épicerie de Blanding, à cause de son opposition à l’usine…