Il y a quelques semaines, une caravane de migrants du Honduras était attendue à la frontière Etats-Unis/Mexique. A cette occasion, Michelle Cook avait interviewé Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui habite près de la frontière. Depuis, on a appris que ces immigrants et d’autres étaient arrivés à la frontière de la Californie. Brenda Norrell s’y est rendue et a écrit l’article ci-dessous.
A LA FRONTIERE, LES ETATS-UNIS ONT OUBLIE LEUR NOM
Article et photos Brenda Norrell
Censored News
3 mai 2018
Traduction Christine Prat
Frontière de SAN YSIDRO, Californie – C’est calme et tranquille à la frontière, aujourd’hui. Tous les gangsters sont à Washington. C’est généralement calme, à la frontière – sauf quand des agents de la Patrouille des Frontières U.S. harcèlent, frappent et tuent des gens de couleur.
Si les agents de la Patrouille des Frontières pouvaient trouver une raison de frapper ou d’abattre quelqu’un aujourd’hui, ils le feraient.
Sur le sentier pour piétons qui mène au Mexique, des femmes avec des litres de laits et des provisions dans leur caddy rentrent chez elles. Des jeunes mangent de la pizza et achètent des téléphones portables.
Il n’y a pas de hordes de migrants se ruant sur la frontière, comme le Président Trump voudrait le faire croire aux gens, en attisant la haine et la violence raciales aux Etats-Unis.
Au bout de la ligne de trolleybus de San Diego, ici à la frontière, il n’y a pas de banderoles “Nous haïssons Trump”, pas d’affiches rappelant à tous que “la Première Dame, Melania Trump, est une immigrée.”
Peut-être que personne ne pourrait accueillir des réfugiés mieux que la Première Dame Melania Trump, qui est elle-même immigrée.
Dans ce calme, le sentier vers le Mexique est très fréquenté, et il semble qu’il y ait plus de gens voulant entrer au Mexique qu’aux Etats-Unis, aujourd’hui.
Mais à seulement quelques dizaines de mètres, de l’autre côté de la frontière, à Tijuana, au Mexique, la caravane de migrants qui cherchent désespérément la sécurité, est arrivée à la frontière.
Il fait froid et il pleut aujourd’hui. Ils n’ont ni nourriture ni abri.
Beaucoup d’entre eux ont marché sur de longues distances, certains ont traversé plusieurs pays, certains avec des bébés dans les bras, pour fuir la violence au Honduras et d’autres pays d’Amérique Centrale, certains pour fuir la violence domestique, d’autres pour fuir le terrorisme.
Ceux qui vivent le long de la frontière, aujourd’hui avec leurs provisions, montrent toute la difficulté de la vie réelle qui attend les migrants qui attendent d’obtenir l’asile aux Etats-Unis.
Ceux qui sont venus du sud et passé leur vie ici aux Etats-Unis sont las. Leurs dos sont courbés par une vie passée à nettoyer des parquets, récolter des légumes, réparer des toits et soulever des charges que personne d’autre ne veut soulever.
Un autre terrorisme attend beaucoup de ceux qui viennent aux Etats-Unis maintenant, à la recherche d’une vie meilleure – l’emprisonnement dans des prisons privées, qui font cela pour l’argent, et qui sont remplies d’immigrants.
Le seul drame visible aujourd’hui, c’est l’océan. Il est agité, frappe de ses vagues qui s’écrasent sur la côte. Peut-être que l’océan sait, se souvient des principes des anciens – d’accueillir les âmes épuisées, d’héberger les désespérés, de nourrir les affamés, d’abriter ceux qui ont tout perdu, et de donner la sécurité aux femmes, qui donnent la vie, et aux petits. L’eau a sa mémoire.
Copyright Brenda Norrell, Censored News