LEONA MORGAN, DINÉ, UNE VIE CONTRE LE NUCLÉAIRE
D’après une interview de Leona Morgan
Albuquerque, Nouveau-Mexique
21 septembre 2017
Par Christine Prat
Traduction Christine Prat
Les Territoires Autochtones du sud-ouest des “Etats-Unis” ont été, et sont encore, dévastés par l’extraction d’uranium et les usines de traitement depuis les années 1940, et surtout durant les années 1950 et 1960, pendant la Guerre Froide. Aucune mesure de sécurité n’avait été prise par les compagnies privées, qui ne cherchaient que le profit. De nombreux mineurs, pour la plupart Navajos, et des membres de leurs familles sont morts de cancers et autres maladies. Dans les années 1980, le prix de l’uranium s’est effondré, la plupart des mines ont été abandonnées – mais pas décontaminées. En 2006, le prix de l’uranium a de nouveau explosé. Les compagnies minières ont cherché à rouvrir les mines. Leona Morgan, une jeune Diné [Navajo], dont la famille a été directement touchée, consacre sa vie à organiser les gens contre l’uranium et le nucléaire depuis des années. Actuellement, elle travaille aussi avec des organisations internationales. En novembre 2017, elle est venue à Paris pour des réunions, puis elle s’est rendue à Bonn, pour la COP23, afin d’attirer l’attention sur la question nucléaire, laissée de côté par les participants officiels des COP de ces dernières années, qui veulent limiter la portée de ces évènements à la lutte contre le CO², afin de promouvoir l’énergie nucléaire, en tant que soi-disant ‘énergie propre’. J’ai rencontré Leona en septembre 2017, elle m’a fourni beaucoup d’informations sur son travail (bénévole) et les problèmes d’uranium et de nucléaire au Nouveau-Mexique, où elle vit. En ce moment – printemps 2018 – elle-même et d’autres personnes et groupes anti-nucléaire luttent principalement contre un projet d’enfouissement de déchets extrêmement radioactifs, dans le sud-est du Nouveau-Mexique.
ALBUQUERQUE, Nouveau-Mexique, 21 septembre 2017 – Une jeune Diné parle de sa vie et de son travail contre le nucléaire et les mines d’uranium.
“Je m’appelle Leona Morgan. Je travaille sur les problèmes d’uranium depuis environs dix ans, et j’ai commencé à travailler sur les problèmes nucléaires depuis à peu près cinq ans. Dans l’état du Nouveau-Mexique, nous avons plusieurs sites nucléaires. Mon travail se concentre sur les communautés Autochtones. J’ai commencé à organiser les gens à l’université, il y a peut-être 15 ans.”
A l’époque, elle s’est impliquée, comme étudiante, dans une organisation appelée le Conseil SAGE, qui défendait un site sacré, le Monument National des Pétroglyphes, à l’ouest d’Albuquerque. La ville voulait s’étendre, mais elle est limitée à l’est par la montagne, au sud par la Nation Pueblo d’Isleta, et au nord par les Pueblos Sandia. Donc, les autorités voulaient l’étendre vers l’ouest, aux dépens du Monument National des Pétroglyphes. “Pete Domenici (Républicain), un de nos représentants au Congrès, a sacrifié une partie du Parc National, il l’a soustraite au contrôle fédéral pour l’attribuer à la ville. Ils ont fait passer la décision comme amendement d’un projet de loi du Congrès, qui a été adopté pour aider la Bosnie-Herzégovine.” Leona ajouta “C’est comme cela que j’ai appris comment s’organiser, par la protection des pétroglyphes. Ainsi, j’ai entendu parler des Sites Sacrés, j’ai entendu parler de la construction des mouvements Autochtones, et puis, aussi, j’ai appris la différence entre l’organisation et le militantisme. Puis, j’ai rencontré énormément de gens, à Albuquerque et dans l’état. Ils m’ont mis sur la voie, pour avoir des relations avec des organisateurs, des Peuples Autochtones, et c’est comme cela que j’ai commencé, à Albuquerque.”
Puis, en 2007, Leona entendit parler de l’extraction d’uranium, et assista à des réunions sur la question.
“… au début des années 2000, ma grand-mère est morte d’un cancer du poumon. Nous étions très surpris, nous nous demandions comment elle pouvait avoir un cancer du poumon, elle ne fumait pas. Et ce n’était pas quelque chose de courant, donc elle est morte, sans savoir pourquoi elle avait un cancer. Ça s’est passé ici, à Albuquerque, à l’Hôpital Universitaire du Nouveau-Mexique, quand j’étais étudiante. J’habitais à la résidence universitaire, donc je rendais visite à ma grand-mère. Quand elle est morte, nous ne savions pas quelle était la cause.
Environs six ans plus tard, j’ai entendu parler de l’extraction d’uranium, après avoir terminé mes études. Ils ne nous apprennent pas l’histoire de l’extraction, ils ne nous apprennent pas rien sur les problèmes nucléaires du Nouveau-Mexique, au lycée ou à l’université.”
“Alors, après avoir terminé mes études universitaires, j’ai entendu parler des mines d’uranium, et j’ai été absolument convaincue que c’était ce qui avait tué ma grand-mère. A la même époque, une de mes tantes a eu un cancer des seins, ils lui ont enlevé les deux, et j’ai pensé que ce devait être à cause des mines d’uranium. Une autre tante – mon oncle, son mari, avait été mineur dans une mine d’uranium – a eu une maladie des reins. C’est aussi quelque chose qui peut être causé par l’extraction d’uranium. Ils attribuaient la maladie au fait que les femmes lavaient les vêtements contaminés de leurs maris, alors elle a dû ingérer de l’uranium comme cela. Et elle est morte, je suis convaincue que c’était aussi à cause de l’uranium…”
D’autres membres de la famille sont morts de cancers, mais vu la période de latence, c’est difficile de prouver que c’était à cause de l’uranium. Les compagnies essaient toujours de nier leur responsabilité dans les maladies qui touchent les régions minières. De plus, les compagnies fusionnent, sont vendues, achetées, changent de noms et même de nationalité, et peuvent rejeter la responsabilité sur leurs prédécesseurs pour ce qui est arrivé dans le passé.
La famille de Leona est de la région de Crownpoint, à l’est de la Réserve Navajo, au Nouveau-Mexique. C’est dans cette région que les compagnies minières voulaient à nouveau extraire de l’uranium en 2006. Il y a eu un projet de mine d’uranium à Crownpoint.
Leona est allée à sa première réunion sur l’uranium en 2007. Cette réunion portait sur l’extraction d’uranium sur le Mont Taylor, près de Grants, au Nouveau-Mexique. Le Mont Taylor est une des quatre Montagnes Sacrées pour les Diné, une des limites du Territoire Diné, Dinetah. Il est également sacré pour d’autres Nations Autochtones de la région, qui veulent toutes protéger le Mont Taylor. Actuellement, le territoire de la Nation Navajo se trouve en grande partie au nord de l’Arizona, débordant un peu dans le sud de l’Utah et le nord-ouest du Nouveau-Mexique. Au Nouveau-Mexique, il y a aussi 19 Nations Pueblo, principalement le long du Rio Grande. Les Pueblos ont unifié leur gouvernement, leurs dirigeants se rencontrent une fois par mois. En 2007, à la réunion à laquelle Leona a assisté pour la première fois, ils ont adopté une résolution contre l’extraction au Mont Taylor. Leona se souvient: “Je ne savais pas ce qu’était l’uranium, je n’en connaissais pas l’histoire, mais j’ai appris plus tard qu’il y avait eu beaucoup d’extraction d’uranium au Mont Taylor dans le passé, surtout pour la Guerre Froide, principalement pour les armes. Donc, il y avait beaucoup d’uranium ici. La raison pour laquelle nous avons demandé plus de protection était l’énorme boum du prix de l’uranium en 2006. Donc, les compagnies voulaient recommencer à en extraire. C’est ainsi que j’ai commencé à y travailler.” Mais surtout, Leona s’inquiétait pour la petite ville de Crownpoint, où vit sa famille. “Cette communauté est très petite, mais il y a un hôpital, des facultés, des écoles, des bureaux et des logements, et l’usine de traitement d’uranium était prévue exactement ici:
L’entreprise a commencé par projeter d’extraire de l’uranium à Church Rock, dans les années 1980, et de le transporter sur plus de 72 km à l’usine prévue à Crownpoint. Church Rock, près de Gallup, au Nouveau-Mexique, est le lieu de la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, qui s’est produite en 1979: une digue contenant un bassin de déchets nucléaires s’est rompue et les déchets se sont déversés dans la rivière Puerco. Lorsqu’ils ont décidé de reprendre l’extraction, ils ont prétendu qu’ils allaient utiliser une technique totalement différente, qui n’impliquait ni tas de déchets, ni bassins, ni digues: la lixiviation in-situ [en anglais, “leaching” signifie “infiltration”, mais les exploitants de mines d’uranium francophones préfèrent utiliser un mot que personne ne comprend – NdT]. Ça consiste à extraire l’uranium de la nappe aquifère. A l’état naturel, l’uranium colle aux roches et les eaux souterraines ne le dissolvent pas. La “lixiviation” in-situ se fait en injectant des produits chimiques dans la nappe aquifère afin de détacher l’uranium, puis en pompant l’eau et en filtrant l’uranium. Leona remarque: “Nous, nous ne sommes pas idiots, nous savions que si l’eau profonde est irradiée, ils la pompent, mais dès qu’ils font ça, ça se déplace, et notre eau souterraine est contaminée. Donc, nous nous sommes battus contre.”
En 2005, la Nation Navajo a adopté une loi interdisant l’extraction d’uranium. Cependant, Church Rock et Crownpoint se trouvent juste en dehors des limites de la Réserve Navajo, dans une région appelée ‘l’échiquier’. Leona dit “C’est d’où mes parents sont originaires, ils sont de cette région. C’est un chaos. Il y a beaucoup de pression dans cette région pour la fracturation hydraulique, il y a toutes sortes de minéraux, il y a de l’uranium, du pétrole, du gaz et du charbon.” Donc, la région appelée ‘l’échiquier’ a été divisée en petits lots, qui sont soi des propriétés privées, soi des terres d’Etat. Les Amérindiens considèrent que les terres – qui appartiennent à La Terre – ne peuvent pas être des propriétés, mais seulement utilisées en commun par les créatures qui y vivent. Cependant, les pays capitalistes ne reconnaissent pas les terres ‘d’usage commun’, mais seulement la propriété privée ou d’Etat. De plus, les gouvernements Américains croyaient qu’en faisant des Autochtones des propriétaires, ils pourraient les pousser à adopter le Mode de Vie Occidental. Ainsi, en 1887, les Etats-Unis ont adopté le ‘General Allotment Act’ [Loi d’Attribution Générale de Lots]. Cette loi divisait le Territoire Indien en petits lots, dont certains étaient attribués à des chefs de famille Autochtones (masculins), alors que d’autres devenaient terres d’Etat. Les lots attribués à des Autochtones et les lots d’Etat pouvaient être vendus à des propriétaires privés Blancs. En tant que propriétés privées, les petits lots passaient aux héritiers quand le propriétaire initial décédait, et pouvaient ainsi être divisés entre de nombreuses personnes, qui ne pouvaient pas en vivre. Certains Navajos ont soutenu le projet minier parce qu’ils voulaient de l’argent. Leona dit “Il n’y a pas beaucoup d’emplois, pas beaucoup d’écoles, pas beaucoup d’endroits pour faire les courses, les gens ne cultivent plus leur nourriture eux-mêmes, et vont au magasin pour l’acheter. Parfois, les gens n’ont pas beaucoup d’eau, et ils doivent aller quelque part pour acheter de l’eau. Souvent, les gens déménagent, quittent leur terre, et si une compagnie minière leur dit ‘nous voulons extraire de l’uranium de votre terre, et nous vous donnerons tant d’argent’, c’est facile pour les gens d’accepter. S’ils ne vivent pas sur leur terre, ça leur importe peu. Il n’y a pas beaucoup d’emplois, donc c’est de l’argent facile.” Dès que les compagnies ont acheté un terrain, elles peuvent obtenir une ‘exemption aquifère’ sous leur terrain, ce qui signifie que l’eau sous leur terrain privé est exemptée de la Loi sur la Sécurité de l’Eau. Alors que les permis (de polluer) sont normalement attribués pour un temps limité, ceux-ci sont éternels, vu que, comme dit l’Agence pour la Protection de l’Environnement, “une fois que vous avez exempté une nappe aquifère de la loi, vous ne pouvez plus la nettoyer”.
Leona se souvient d’avoir entendu ses parents parler du boom de l’uranium dans les années 1950. C’était la Guerre Froide, l’Etat avait besoin d’uranium pour les armes. “Mes parents disaient que des gens devenaient riches du jour au lendemain. Alors, les gens qui possédaient un terrain, ceux qui avaient reçu des lots, en bénéficiaient immédiatement, dès qu’ils avaient signé un contrat. Mais personne n’imaginait les impacts et les effets négatifs qui allaient durer toujours, la radioactivité, les cancers. Le cancer n’arrive pas comme ça: la période de latence est d’environs 20 ans. Alors, ils avaient empoché un gros chèque, mais 20 ans plus tard, ils avaient le cancer. Beaucoup de gens en sont morts.”
Dans les années 1980, le prix de l’uranium a baissé et la plupart des mines ont cessé d’être exploitées. Mais en 2006, le prix a recommencé à monter et les compagnies ont voulu rouvrir les sites dont elles étaient propriétaires. Depuis, les prix ont monté et descendu, mais la menace de réouverture des mines ou de l’ouverture de nouvelles, existe toujours. Leona a commencé à travailler contre les mines en 2007, à cause de la menace sur la région de Crownpoint.
En février 2014, elle a commencé à travailler avec Diné No Nukes, une organisation qu’elle a co-fondée et qui a pour but de créer “une Nation Navajo Délivrée de la Contamination Radioactive” – , et, en septembre 2014, pour le Projet de Contrôle des Radiations [Radiation Monitoring Project , qui a été fondé par Diné No Nukes avec deux autres organisations –, en décembre 2016 avec Haul No! et en juillet 2016 avec le Groupe d’Etude du Problème Nucléaire [ Nuclear Issue Study Group]. “Notre équipe consiste en trois personnes: David Kraft, Nuclear Energy Information Service; Leona Morgan, Diné No Nukes; Yuko Tonoshira, Sloths Against Nuclear States. Le groupe de David – NEIS – est de Chicago, Diné No Nukes est d’ici, quant à SANS, Yuko Tonoshira, qui fait la plupart de nos graphiques et dessins, s’y est impliquée après Fukushima. David a travaillé sur les problèmes d’énergie nucléaire dans l’Illinois, l’Illinois ayant le plus grand nombre de réacteurs nucléaires des Etats-Unis, 14 réacteurs. Et nous faisons appel à des instructeurs, à l’expertise de nos amis. L’une est Cindy Folkers, l’autre Lucas Hixon. Notre travail porte essentiellement sur l’éducation: Instructions sur les principes de base de la radioactivité et des radiations. Matériel pédagogique approprié. Instruments pour mesurer et informer sur les radiations. Traduire le jargon compliqué et scientifique de l’industrie en langage ordinaire et compréhensible.”
“Ainsi, nous, le Groupe d’Etude du Problème Nucléaire, nous formons une équipe ici, nous ne voulons pas que notre état devienne une ‘zone de sacrifice’, nous pensons que le Nouveau-Mexique ne devrait pas devenir la poubelle des déchets nucléaires de la nation.” Ce groupe diffère des autres organisations anti-nucléaires du Nouveau-Mexique par sa façon de travailler, la composition de ses membres, et les communautés qu’il essaie de toucher. “Il y a de très nombreuses organisations anti-nucléaires au Nouveau-Mexique, la plupart de leurs membres sont âgés, et beaucoup sont des hommes blancs âgés. Trop souvent, ces gens deviennent experts et travaillent beaucoup, mais ils ne partagent pas leurs connaissances de manière accessible, avec les jeunes. Ils voudraient peut-être impliquer des gens plus jeunes, mais ils ne sont pas organisateurs. Nous sommes organisateurs, nous sommes des artistes, des gens de la communauté.” Leona ajoute “Nous incorporons toutes nos cultures différentes, la plupart des dirigeants du groupe sont des femmes. Nous sommes aussi sensibles aux problèmes de la communauté LGBT, pas seulement à ceux des gens de couleur”. Le groupe est nouveau, “…nous sommes encore préoccupés par la façon dont nous allons travailler. Mais, parce que nous sommes nouveaux, nous avons beaucoup de flexibilité, et nous avons beaucoup d’occasions de faire de ce groupe ce que nous voulons qu’il soit. Parce qu’à l’heure actuelle, beaucoup de groupes ne savent pas comment se parler, ne s’aiment pas, tandis que nous, nous voulons travailler avec tout le monde.”
Actuellement, juin 2018, le groupe s’occupe essentiellement de la lutte contre un projet d’enfouissement de déchets nucléaires extrêmement radioactifs, dans le sud-est du Nouveau-Mexique. Officiellement, il s’agit d’un site ‘temporaire’, mais les opposants craignent qu’il ne soit permanent (voir article précédent).
Leona Morgan, Diné, photo Censored News
Par Ramona Blaber, du Sierra Club
Publié sur Censored News
17 mai 2018
Traduction Christine Prat
Des réunions publiques supplémentaires sont prévues, à cause de l’inquiétude croissante due au projet de site de déchets nucléaires hautement radioactifs
Contacts:
Karen Hadden, SEED Coalition
Rose Gardner, Alliance for Environmental Strategies
Leona Morgan, Nuclear Issues Study Group
Pat Cardona, Sierra Club Rio Grande Chapter
Angel Amaya, Press Officer, Public Citizen’s Texas Office
L’inquiétude croissante dans tout l’état, à propos des risques posés par un site de déchets hautement radioactifs et l’opposition du public à l’installation projetée dans le sud-est du Nouveau Mexique, ont conduit à ajouter deux réunions publiques de la Commission de Régulation du Nucléaire [NRC – Nuclear Regulatory Commission] et à l’extension du délai pour les commentaires publics du 29 mai au 30 juillet.
Les réunions sont prévues à Gallup et Albuquerque. De plus, le Comité Intérimaire pour les Matériaux Dangereux et Radioactifs du Nouveau Mexique devait se réunir le 18 mai pour examiner les impacts du projet dans l’état. Ce dangereux projet de déchets radioactifs est aussi devenu une question importante dans la campagne électorale pour le poste de gouverneur.
La firme Holtec International veut ouvrir un entrepôt de déchets supposé “temporaire”, pour les déchets hautement radioactifs mortels de la nation, sur un site situé entre Hobbs et Carlsbad, au Nouveau Mexique. Mais il y a fort peu de chances que les déchets soient à nouveau déplacés, vu qu’il n’y a plus de volonté politique de créer un site permanent ni de fonds pour le faire. La compagnie a l’intention de transporter 10 000 silos de barres combustibles de réacteurs irradiées de tout le pays et de les entreposer juste sous la surface du sol et en partie au-dessus. Ça représente plus de déchets que tous les réacteurs nucléaires des Etats-Unis ont produit jusqu’à maintenant.
“Nous ne voulons pas être le dépotoir nucléaire de la nation. L’opposition s’accroît dans tout l’état. A une réunion récente de la NRC, les opposants au projet étaient beaucoup plus nombreux que ceux qui étaient pour: 133 contre 49” dit Rose Gardner de Eunice, membre fondatrice de l’Alliance pour les Stratégies Environnementales. Mme Gardner a assisté à toutes les réunions récentes de la NRC à propos du projet de Holtec, la première par téléphone, les trois autres au Nouveau Mexique.
- Le 25 avril, la NRC s’est réunie à son siège, dans le Maryland et a rassemblé des commentaires publics par webinar et call-in. Les 23 personnes qui se sont exprimées étaient toutes opposées à la demande de Holtec.
- Le 30 avril, la NRC a tenu une réunion à Roswell. Plus de 95 personnes ont y ont assisté, la salle était pleine et les portes ont dû être fermées, ce qui a empêché plus de gens d’y assister. Parmi ceux qui se sont exprimés, 45 étaient opposés au projet, 7 étaient pour, et un était neutre.
- Le 1er mai, à la réunion de la NRC à Hobbs, 33 personnes ont exprimé leur opposition au projet de Holtec. Seulement 14 personnes étaient pour, parmi elles des porte-parole de Holtec et de leur partenaire, Eddy-Lea Energy Alliance LLC.
- A la dernière réunion, le 3 mai à Carlsbad, 32 résidents ont exprimé leur opposition et 28 ont dit être en faveur du projet. Parmi les partisans du projet, il y avait des employés de la compagnie et d’autres personnes qui devraient en profiter économiquement.
Dans une déclaration du 7 mai, dans “Holtec Highlights”, la compagnie n’a pas mentionné le fait que les partisans du projet étaient en minorité dans les quatre réunions publiques de la NRC.
“Ceux qui conspirent pour construire cet entrepôt de déchets ont travaillé derrière des portes verrouillées depuis des années” dit Leona Morgan co-fondatrice du Groupe d’Etude des Questions Nucléaires [Nuclear Issues Study Group]. “Notre organisation travaille pour informer le public, par des présentations, en utilisant les médias sociaux et en parlant à chacun personnellement lors d’évènements dans les communautés. Une immense majorité de gens ne savent rien de ce projet ni du transport possible à travers leurs communautés. Maintenir les gens dans le noir est la seule façon de faire avancer le projet. Dès que les gens en entendent parler, non seulement ils sont choqués, mais ils veulent en savoir plus. Beaucoup veulent s’engager pour aider à l’empêcher.” A la réunion de la NRC à Carlsbad, Leona Morgan a apporté plus de 1300 lettres d’opposition au projet, signées par des résidents d’un peu partout dans l’état.
“Ce dépôt de déchets nucléaires hautement radioactifs peut signifier la fin de l’eau potable, la terre et les récoltes, la vie sauvage, qui fournissent la nourriture des habitants du Nouveau Mexique” dit Patricia Cardona du Sierra Club du secteur de Rio Grande. “Les déchets peuvent causer des cancers, des malformations congénitales et des décès. Le Sierra Club du secteur de Rio Grande ne soutient pas le projet à cause de ses effets sur la population et du fait qu’il est malencontreusement situé près des “karst”, c’est-à-dire des cavernes, des lacs sans fond, et des puits salins, dont il a déjà été prouvé qu’il était problématique d’y entreposer des déchets dangereux et de créer les conditions d’un effondrement possible.”
En 2016, le Ministère de l’Energie a tenu huit réunions dans tout le pays, pour chercher à obtenir du consentement pour l’entreposage de ces déchets. Il n’y a pas eu de réunions au Nouveau Mexique ni au Texas. Les opposants au projet de Holtec ont dû voyager pour aller à la réunion la plus proche, à Phoenix, pour dire au Ministère de l’Energie que les résidents du Nouveau Mexique et du Texas ne consentaient pas à ce qu’on amène les déchets de réacteurs nucléaires de tout le pays dans leurs communautés, en dépit des affirmations contraires de l’administration. Les données récentes sur les nombres d’opposants et de partisans dénoncent les affirmations de l’industrie selon lesquelles les habitants du Nouveau Mexique soutiennent la proposition d’avoir chez eux un site d’entreposage “temporaire”.
Ce problème a commencé à créer des divisions en vue de la prochaine campagne électorale pour le poste de gouverneur du Nouveau Mexique. Le 10 mai, la Chambre des Représentants a voté pour la proposition de loi H.R.3053, un changement dans la politique actuelle concernant les déchets nucléaires, qui rendrait le projet de dépôt de déchets de Holtec autorisable par la loi. Les Représentants du Nouveau Mexique Ben R. Luján et Michelle Lujan Grisham ont voté contre le projet de loi, qui lèverait les obstacles pour les dépôts de déchets nucléaires temporaires, tandis que le Représentant Steve Pearce a voté pour les autoriser.
“Les réunions de Gallup et d’Albuquerque sont de grandes occasions pour ceux mis en danger par le transport de ces déchets d’élever la voix et de dire ‘Non!’ C’est important que les gens assistent aux réunions de la NRC et envoient leurs commentaires, particulièrement ceux des zones rurales le long des rails de chemin de fer” dit Petuuche Gilbert du Pueblo d’Acoma.
Sept accidents de chemin de fer graves se sont produits au Nouveau Mexique au cours des trois dernières années. D’après un rapport du Ministère de l’Energie, l’échappement d’une petite quantité de radioactivité pourrait contaminer plus de 100 km² et le nettoyage de chaque portion de 2,6 km² d’une zone urbaine pourrait coûter jusqu’à 9,5 milliards de dollars.
“Des incendies récents près des sites de déchets radioactifs existants d’Urenco et de WCS montrent à quel point ce genre de déchets est soumis au risque de catastrophes naturelles imprévisibles et de plus en plus graves au fur et à mesure que le climat change” dit Mme Gardner.
“Nous avons tout à perdre, avec ce projet d’amener les déchets les plus radioactifs de la nation au Nouveau Mexique. Les risques pour la santé, la sécurité, et le bien-être financier sont immenses, et les gens doivent agir maintenant pour bloquer cette erreur colossale qui met en danger les gens du Nouveau Mexique et ceux qui se trouvent le long de trajets de transport dans tout le pays” dit Karen Hadden, directrice de la Coalition pour une Energie et un Développement Economique Durables (SEED). La Coalition SEED travaille avec des partenaires locaux pour s’opposer à ce projet et à un autre similaire, juste de l’autre côté de la limite de l’état, dans le Comté d’Andrews, au Texas.
Les principales raisons de s’opposer au site de déchets de Holtec
- L’exposition aux radiations peut causer des cancers, des problèmes génétiques, des malformations congénitales et des décès. Une partie des déchets qui pourraient être importés resteront dangereux pour des millions d’années.
- C’est un train attendant de dérailler. Plus de 10 000 wagons trop lourds transporteraient des barres de combustible nucléaire irradiées jusqu’au site, ce qui prendrait au moins 20 ans. On peut prévoir qu’au moins un accident se produira. Les déchets seraient transportés sur des rails très proches du gouffre de Carlsbad.
- Un seul wagon transporterait autant de plutonium que la bombe de Nagasaki.
- Si le projet obtenait une licence, le Nouveau Mexique hebergerait vraisemblablement un site de déchets de facto permanent, pour les déchets radioactifs les plus dangereux, un site prévu pour un entreposage seulement temporaire. Dans des silos vieillissants, il est peu probable que les déchets soient déménagés un jour. Les caissons, les silos et le site lui-même ne sont pas conçus pour un entreposage à long terme. Des fuites, des lézardes pourraient se produire.
- Quand les silos commenceront à se détériorer ou s’ils fuient, ils devront être reconditionnés. Actuellement, il n’y a pas de cellule chaude ni d’unités de reconditionnement pour les silos détériorés dans le projet déposé par Holtec.
- La plupart des sites de dépôt de déchets à basse émission ont fui et les coûts de réhabilitation se sont élevés à plus d’un milliard de dollars.
- Le Congrès n’accordera pas les fonds adéquats s’il y a des fuites ou des accidents. Le coût du nettoyage d’une pollution radioactive pourrait être un désastre financier pour les gens du Nouveau Mexique.
- Les gens qui vivent près de réacteurs nucléaires existants connaissent les risques et ne veulent pas que les déchets restent près de chez eux.
- Pourquoi le Nouveau Mexique ou le Texas devraient-ils les prendre? Le Nouveau Mexique n’a reçu aucun profit des réacteurs nucléaires qui les ont produits. Larguer les déchets au Nouveau Mexique serait une injustice environnementale de la pire espèce.
- Ces déchets mortels pourraient avoir un impact économique extrêmement négatif sur les industries du pétrole et du gaz, des produits laitiers, des noix de pécan et du tourisme, qui emploient plus de 20 000 personnes dans la région. Le projet de Holtec ne promet que 55 emplois. [NdT: je traduis, mais je n’approuve pas forcément ce dernier point…]
Ramona Blaber
Coordinatrice des communications du Secteur de Rio Grande du Sierra Club, 505 660-5405
Ofelia Rivas photo copyright Jason Jaacks
HARMONIE ET SURVIE: OFELIA RIVAS, O’ODHAM, INTERVIEWEE PAR TIOKASIN DE LA RADIO FIRST VOICES
Les missionnaires chrétiens les ont réduits en esclavage et torturés. Le gouvernement des Etats-Unis leur a imposé un gouvernement tribal du Bureau des Affaires Indiennes, complice de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis. Cependant, les O’odham traditionnels survivent avec leurs chants et leurs cérémonies, dans leur pays.
Article de Brenda Norrell
Censored News
D’après une émission de Tiokasin Ghosthorse, Lakota de Cheyenne River, pour la Radio First Voices
10 mai 2018
Traduction Christine Prat
L’émission est à réécouter sur le site de First Voices Indigenous Radio, WBAI
https://firstvoicesindigenousradio.org/program/20180510
ou sur WPKN
http://archives.wpkn.org/bookmarks/listen/223033/first-voices-radio
L’animateur de First Voices, Tiokasin Ghosthorse, a parlé avec Ofelia Rivas, O’odham, de la vie des O’odham, actuellement, à la frontière.
Ofelia a décrit la façon de vivre en harmonie avec toute vie: “Nous connaissons les noms de tous les animaux et de toutes les plantes.”
Ofelia a décrit le quatrième niveau de la vie O’odham aujourd’hui. “Cette frontière n’a pas de place dans notre mode de vie O’odham.”
Dans leur territoire traditionnel, les O’odham sont forcés d’avoir toujours des papiers d’identité sur eux.
Quand la barrière pour bloquer les véhicules a été construite à travers son village, les anciens vivaient encore. Ofelia se souvient d’un ancien O’odham disant: “Quand le vent souffle, ces gens l’arrêteront-ils pour lui demander ses papiers?”
Cette remarque rappelle le pouvoir de la connexion au monde naturel. Ofelia rappelle la force de ces gens, qui vient de ce qu’ils savent qui ils sont.
Ofelia dit que les migrations ont toujours existé depuis la nuit des temps. Elle parle des voyages pour le commerce du sel. “Cette frontière n’est pas un de nos concepts.” Et “imposer ces lois à notre peuple cause beaucoup de dégâts.”
Elle dit que les immigrants viennent dans ce pays parce qu’ils cherchent un endroit sûr.
Puis, Ofelia décrivit comment la question de papiers avait causé des problèmes aux gens. Maintenant, la Patrouille des Frontières U.S. restreint le transport de nourriture vers la partie sud du territoire O’odham. Les O’odham du côté sud de la frontière souffrent de l’insuffisance de nourriture.
Du côté de la frontière situé en Arizona, certains membres de la tribu vivent dans le confort et sont réticents à l’idée de perdre leur dépendance de l’argent du gouvernement fédéral.
Ofelia dit que sa famille, son peuple, ne reconnaissent pas le gouvernement tribal Tohono O’odham mandaté par les Etats-Unis. Le gouvernement tribal Tohono O’odham a travaillé avec le Bureau des Affaires Indiennes et la Patrouille des frontières pour faire les fondations pour les tours de contrôle, les tours fixes, en approuvant des routes, des détournements de cours d’eau et des relevés archéologiques.
Pour la construction de ces tours d’espionnage, des sépultures O’odham devaient être forées. Les restes humains avaient déjà été dérangés et réenterrés pendant la construction de la barrière contre les véhicules.
Ofelia dit qu’elle souhaitait la bienvenue à des migrants du Honduras fuyant la violence. Récemment, elle avait souhaité la bienvenue aux migrants de la caravane venant d’Amérique Centrale.
Elle dit que le gouvernement tribal Tohono O’odham n’approuvait pas qu’elle accueille ces réfugiés, mais c’est la véritable façon de faire des O’odham.
Elle dit qu’au Chiapas elle avait vu les terres des gens accaparées par des firmes privées, et dans d’autres pays, des guerres qui avaient résulté dans la saisie des terres et le déplacement des Autochtones.
“J’ai fait passer un message aux gens, pour dire que le peuple Autochtone du pays les accueillait avec joie.”
Elle dit que son peuple avait toujours accueilli les autres, avec de la nourriture et de l’eau. Dans sa région, les migrants devaient avoir beaucoup de mal à trouver de l’eau dans ces montagnes désertiques. “C’est un mode de vie très simple” dit-elle.
En avril dernier, Ofelia a récolté des fonds pour les O’odham de la frontière, qui sont coupés de leur source d’alimentation par la Patrouille des Frontières. Elle dit que son frère avait aidé à livrer de la nourriture. Ils ont crevé un pneu et cassé une traverse de son camion quand ils ont fait la première livraison d’urgence au sud de la frontière, en avril. “Je ne fais qu’essayer de faire le mieux que je peux pour aider” dit-elle.
Tiokasin fit remarquer que le gouvernement tribal mandaté par les Etats-Unis n’était pas le gouvernement traditionnel. Ils n’entretiennent pas et ne protègent pas notre mode de vie, dit Ofelia.
Tiokasin rappela les mots de John Trudell: “Il y a une façon de vivre avec la Terre, et une façon de ne pas vivre avec la Terre.”
Ofelia dit qu’avec les années, les conditions étaient toujours les mêmes. Mais les O’odham survivent. “Nous sommes le peuple de la Terre.” “Je récolte toujours des aliments sauvages” dit-elle, ajoutant qu’elle plante toujours des graines traditionnelles et célèbre toujours les cérémonies.
Quand des missionnaires chrétiens sont arrivés dans leurs territoires, les O’odham ont été réduits en esclavage et forcés de devenir chrétiens, dit-elle. “Si vous ne faisiez pas le signe de croix correctement, vous perdiez un membre.”
Les O’odham se sont révoltés contre cette blessure physique et spirituelle que constituait la conversion.
“Toutes ces choses que les gens ont subies – et ils survivent toujours.”
Elle dit que c’est un testament montrant combien les O’odham sont forts, ils pouvaient faire le signe de croix pour survivre, puis continuer à célébrer leurs cérémonies.
Maintenant, les chants O’odham transmettent la connaissance.
O’odham Solidarity Project accepte les dons pour fournir d’urgence de la nourriture aux O’odham au sud de la frontière. Faire les dons par PayPal sur le site d’Ofelia, pour la nourriture et l’essence pour la livrer.
http://www.solidarity-project.org/
Il y a quelques semaines, une caravane de migrants du Honduras était attendue à la frontière Etats-Unis/Mexique. A cette occasion, Michelle Cook avait interviewé Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui habite près de la frontière. Depuis, on a appris que ces immigrants et d’autres étaient arrivés à la frontière de la Californie. Brenda Norrell s’y est rendue et a écrit l’article ci-dessous.
A LA FRONTIERE, LES ETATS-UNIS ONT OUBLIE LEUR NOM
Article et photos Brenda Norrell
Censored News
3 mai 2018
Traduction Christine Prat
Frontière de SAN YSIDRO, Californie – C’est calme et tranquille à la frontière, aujourd’hui. Tous les gangsters sont à Washington. C’est généralement calme, à la frontière – sauf quand des agents de la Patrouille des Frontières U.S. harcèlent, frappent et tuent des gens de couleur.
Si les agents de la Patrouille des Frontières pouvaient trouver une raison de frapper ou d’abattre quelqu’un aujourd’hui, ils le feraient.
Sur le sentier pour piétons qui mène au Mexique, des femmes avec des litres de laits et des provisions dans leur caddy rentrent chez elles. Des jeunes mangent de la pizza et achètent des téléphones portables.
Il n’y a pas de hordes de migrants se ruant sur la frontière, comme le Président Trump voudrait le faire croire aux gens, en attisant la haine et la violence raciales aux Etats-Unis.
Au bout de la ligne de trolleybus de San Diego, ici à la frontière, il n’y a pas de banderoles “Nous haïssons Trump”, pas d’affiches rappelant à tous que “la Première Dame, Melania Trump, est une immigrée.”
Peut-être que personne ne pourrait accueillir des réfugiés mieux que la Première Dame Melania Trump, qui est elle-même immigrée.
Dans ce calme, le sentier vers le Mexique est très fréquenté, et il semble qu’il y ait plus de gens voulant entrer au Mexique qu’aux Etats-Unis, aujourd’hui.
Mais à seulement quelques dizaines de mètres, de l’autre côté de la frontière, à Tijuana, au Mexique, la caravane de migrants qui cherchent désespérément la sécurité, est arrivée à la frontière.
Il fait froid et il pleut aujourd’hui. Ils n’ont ni nourriture ni abri.
Beaucoup d’entre eux ont marché sur de longues distances, certains ont traversé plusieurs pays, certains avec des bébés dans les bras, pour fuir la violence au Honduras et d’autres pays d’Amérique Centrale, certains pour fuir la violence domestique, d’autres pour fuir le terrorisme.
Ceux qui vivent le long de la frontière, aujourd’hui avec leurs provisions, montrent toute la difficulté de la vie réelle qui attend les migrants qui attendent d’obtenir l’asile aux Etats-Unis.
Ceux qui sont venus du sud et passé leur vie ici aux Etats-Unis sont las. Leurs dos sont courbés par une vie passée à nettoyer des parquets, récolter des légumes, réparer des toits et soulever des charges que personne d’autre ne veut soulever.
Un autre terrorisme attend beaucoup de ceux qui viennent aux Etats-Unis maintenant, à la recherche d’une vie meilleure – l’emprisonnement dans des prisons privées, qui font cela pour l’argent, et qui sont remplies d’immigrants.
Le seul drame visible aujourd’hui, c’est l’océan. Il est agité, frappe de ses vagues qui s’écrasent sur la côte. Peut-être que l’océan sait, se souvient des principes des anciens – d’accueillir les âmes épuisées, d’héberger les désespérés, de nourrir les affamés, d’abriter ceux qui ont tout perdu, et de donner la sécurité aux femmes, qui donnent la vie, et aux petits. L’eau a sa mémoire.
Copyright Brenda Norrell, Censored News
Photo copyright Jeff Hendricks
REMERCIEMENTS A CEUX QUI ONT AIDE ‘O’ODHAM VOICE AGAINST THE WALL’ A FOURNIR DE LA NOURRITURE A LA FRONTIERE
Photos et article par Ofelia Rivas
O’odham VOICE Against the Wall
Sur Censored News
Samedi 21 avril 2018
Traduction Christine Prat
Les O’odham au sud de la frontière internationale US/Mexique, sont gravement touchés par les restrictions récentes à la Porte San Miguel, un passage traditionnel O’odham.
Des membres des communautés Kom Wahia, Wo’osan et Kuwit Wahia ont besoin d’aide immédiatement.
O’odham VOICE Against the Wall a immédiatement lancé un appel à l’aide pour acheter de la nourriture et la porter aux familles. Merci aux lecteurs grâce auxquels 200 dollars ont été collectés. La nourriture a été livrée le 19 avril 2018.
Cette aide devra continuer jusqu’à ce qu’une solution durable soit trouvée. Ces trois communautés n’ont pas l’électricité, deux d’entre elles ont des puits et de l’eau potable, l’autre n’a pas de puits et doit transporter l’eau. Le camion qui transportait l’eau est tombé en panne récemment. Les communautés ont besoin d’huile pour lampe, de kérosène et de propane. Elles ont également besoin de savon, de papier toilette et d’autres produits d’hygiène, ainsi que d’allumettes et de piles.
O’odham VOICE against the WALL
http://tiamatpublications.com/
Article et photos © Ofelia Rivas, sauf indication contraire. Ne peuvent être reproduits sans autorisation
Nogales, à gauche les Etats-Unis, à droite le Mexique. Photo © Christine Prat
Le 4 avril 2018, des réfugiés du Honduras étaient signalés au Mexique, se dirigeant vers le Nord. Trump a déclaré vouloir leur envoyer la Garde Nationale. La vidéo ci-dessous est une réaction à cette annonce. Ofelia Rivas, une Tohono O’odham qui vit près de la frontière, et dont la famille est divisée depuis que le passage est quasiment impossible, rappelle qu’il s’agit du territoire O’odham, que c’est à eux de décider de qui peut y venir, et que la tradition des O’odham est d’accueillir les réfugiés. La vidéo a été tournée par Michelle Cook, Diné [Navajo].
OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ‘BIENVENUE A LA CARAVANE DE MIGRANTS DU HONDURAS’
Article de Brenda Norrell
Censored News
Traduction Christine Prat
Pays O’odham – Ofelia Rivas, O’odham, et Michelle Cook, Diné, se sont exprimées en direct du Pays O’odham. Ofelia réagissait à l’annonce de Trump, qui disait vouloir envoyer l’armée à la frontière. Elle a aussi répondu aux fausses accusations de Trump, sur la caravane de migrants venus du Honduras, alors arrivés au Mexique et voyageant vers le nord.
Ofelia a souhaité la bienvenue à ces réfugiés, qui luttaient pour survivre, en territoire O’odham.
“Cette militarisation n’est pas notre façon de vivre dans notre pays.”
“Nous connaissons les conditions qui règnent là d’où ils viennent.”
“Accueillez-les, c’est la façon de faire O’odham.”
Michelle a demandé à Ofelia de parler des tours de surveillance qui maintenant visent sa communauté, dans la Nation Tohono O’odham. Les tours de surveillance, des tours permanentes, sont en projet pour le district où vit Ofelia. La firme de défense d’Israël, pays d’Apartheid, Elbit Systems, a signé un contrat avec la Sécurité Intérieure des Etats-Unis pour construire ces tours d’espionnage dans la Nation Tohono O’odham.
Ofelia parle de la barrière empêchant les véhicules de passer la frontière, qui rend très difficile pour les familles de traverser et de célébrer des cérémonies. Maintenant, les O’odham doivent avoir des papiers d’identité dans leur propre pays.
Les agents de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis visent la tête des O’odham avec leurs fusils, exigeant des papiers, quand les gens ne comprennent pas l’anglais.
Ofelia raconte que, récemment, un agent de la Patrouille des frontières s’est garé sur la route, de façon à bloquer l’entrée de sa maison. Il a sorti son arme et l’a menacée quand elle lui a demandé de partir.
Ofelia décrit les tours, et les ondes magnétiques, qui affecteront tout ce qui vit à la frontière, entre autres les abeilles et autres insectes qui amènent le pollen.
“Nous serons toujours là” dit-elle, “et nous avons une voix.”
Ofelia dit que les O’odham traditionnels peuvent recevoir des gens en terre O’odham, sans que la politique s’en mêle.
Michelle demanda à Ofelia de parler du Mur de frontière que Trump dit vouloir construire. Ofelia dit que les O’odham continueront de s’opposer à ces menaces, qui n’amèneraient que la dévastation.
Elle dit que, quand ils ont creusé la terre pour y mettre les pieux métalliques pour la barrière contre les véhicules, elle entendait crier la nuit. “Le son était comme si Notre Mère la Terre pleurait.”
Elle dit que c’était effrayant pour les gens de réagir, à cause du Gouvernement Tribal, de la police tribale et de la Patrouille des Frontières.
Michelle dit que l’intervention militaire, quand elle était à Standing Rock, était très choquante, mais qu’ici, à la frontière, la militarisation était en cours depuis de nombreuses années.
Michelle parla de Jose Matus, un guide de cérémonies Yaqui, qui est passé dans le Monde des Esprits récemment. Jose avait passé sa vie à aller en voiture chez les Pueblos Yaqui du Sonora, à six heures de route de Tucson, pour ramener les Danseurs Yaqui traditionnels, pour conduire leurs cérémonies.
“Ce sont des cérémonies anciennes,” dit Michelle. “Avec cette escalade de la militarisation, ils ne peuvent plus pratiquer leurs cérémonies.”
Ofelia dit que les Autochtones n’ont pas “eu de siège à la table” [de négociations sur leur sort].
La Patrouille des Frontière a jeté des femmes enceintes hors de leurs véhicules et braqué des armes sur des personnes âgées et les a forcées à se mettre à genoux, ce qui est inhumain.
Ofelia dit aux gens de prendre contact avec leurs dirigeants élus et de parler de ces violations.
Les Etats-Unis ont décrété que les tours de surveillance n’auraient “pas d’impact significatif” sur les O’odham et leur terre. Ofelia a demandé aux gens de signer la pétition pour empêcher l’installation de ces tours.
Michelle dit que les migrants du Honduras venant vers le nord ne devraient pas être maltraités, parce que ce sont des gens qui souffrent. “Il faut qu’ils sachent qu’il y a ici des gens qui les aiment et se soucient d’eux.”
“Les femmes et les enfants ne devraient pas être mis en danger.” Michelle dit qu’ils essayaient de trouver de la sécurité et ne devraient pas se faire entendre dire que Trump envoie la Garde Nationale à la frontière.
“Ces gens viennent de très loin,” dit Ofelia, “accueillez-les.”
Ofelia a demandé aux gens d’accueillir ces migrants avec de l’eau, de la nourriture, des vêtements et des chaussures. “Accueillez-les. C’est la façon de faire O’odham.”
Ofelia Rivas, O’odham, s’adressa à la caravane de migrants du Honduras: “C’est le territoire O’odham. Nous ne reconnaissons pas de gouvernement étranger. Je leur souhaite la bienvenue.” (Ofelia réagissait aux bizarres accusations de Trump, sur la caravane de migrants, essentiellement des femmes et des enfants, venant vers le nord d’Amérique Centrale, pour échapper à la violence et à la faim.)
Le Site du Projet de Solidarité d’Ofelia Rivas:
http://www.solidarity-project.org/
Contacter Ofelia:
4oodhamrights@gmail.com
Voir d’autres articles en français sur la Frontière
RAPPORT SUR LE RASSEMBLEMENT ANTICOLONIAL, ANTIFASCISTE POUR LA DEFENSE DE LA COMMUNAUTE, A KINŁANI (FLAGSTAFF, ARIZONA)
Indigenous Action Media
D’abord publié par Taala Hooghan
13 avril 2018
Traduction Christine Prat
Kinłani/Flagstaff, Arizona – Un rassemblement anticolonial, antifasciste de plus de 60 participants, a été tenu à la Táala Hooghan Infoshop du 6 au 8 avril 2018. Ça a été un weekend fort, pour plusieurs raisons, mais principalement parce qu’il a été organisé explicitement d’un point de vue anticolonial, pas pour prendre une pose antifa. Les Autochtones n’ont pas été seulement “reconnus” ni évoqués symboliquement, nous étions les initiateurs et les organisateurs. Le lieu a été ouvert par des protocoles culturels sans qu’il y ait besoin d’explication. A l’ouverture, un bénévole de l’Infoshop a déclaré: “La manifestation est à beaucoup d’égards une extension du travail culturel et politique qui n’a jamais cessé ici depuis plus de 10 ans. Ce n’est pas un espace sûr, nous ne pouvons pas prétendre que c’est exempt des systèmes d’oppression qui existent hors de ces murs, mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que c’est un lieu menaçant pour ces actions et ces conduites.”
Le programme du rassemblement n’était pas écrasant ni bourré de trop d’ateliers se faisant concurrence, il suivait seulement deux pistes qui représentaient le travail et les intérêts de l’équipe qui organisait. Nous n’allons pas entrer dans les détails, mais nous souhaitons partager ce bref rapport.
La discussion d’ouverture, “Intersections & Tensions Anticoloniales et Antifascistes”, a été présenté à un cercle, avec un panel informel. La discussion était modérée par, et ouverte au groupe. Une partie de la discussion portait sur la liquidation des relations avec des ‘alliés’ (présentée par le principal auteur de ‘Pas d’Alliés, Des Complices‘) et des poses anticoloniales. La discussion a surtout tourné autour de la lutte anticoloniale, vu que, bien que des invitations aient été envoyées, des groupes antifascistes de la région ne sont pas venus.
Une déclaration (émanant de www.rageandresist.org ) qui représentait l’esprit de la discussion, a été lue: “Nous reconnaissons les limites de l’antifascisme en territoire volé. Nous avons connu la main de fer de l’état, en ‘Arizona’, bien avant que Trump ne soit élu. Nous avons résisté aux innombrables attaques contre les migrants (dont beaucoup sont nos parents Autochtones) par les mécanismes d’état, beaucoup des administrations mises en place pour bloquer ou tuer des migrants, sont aussi là pour imposer la loi coloniale sur les territoires Autochtones non-cédés. Des patrouilles du MCSO [Bureau du Sheriff de Maricopa] d’Arpaio visant les Yaqui à Guadalupe, de la violence policière contre les Peuples Autochtones dans tout l’état, de la déportation forcée de plus de 20 000 Diné de Black Mesa, de la répression contre les Peuples Autochtones défendant des sites sacrés comme les San Francisco Peaks, des points de contrôle de la Patrouille des Frontières sur les routes de la Nation Tohono O’odham, à la barrière physique qui divise les Peuples Autochtones séparés par la frontière coloniale entre les Etats-Unis et le Mexique. La résistance autochtone à ces entreprises dure depuis longtemps, alors que les complices sont encore nouveaux dans le combat. Nous avons organisé des projets de solidarité pour nous opposer au réseau de contrôle colonial, parce que nous avons compris que l’antifascisme qui n’est pas fondé sur l’anticolonialisme, est certain de reproduire les structures de la violence du colonialisme de peuplement, qui existe depuis plus de 500 ans sur ce continent, et depuis plus de 200 ans, dans la démocratie représentative des ‘Etats-Unis.'”
L’un des orateurs dit “Prenez des risques. Si cette discussion et ce rassemblement ne vous mettent pas mal à l’aise à un moment ou un autre, c’est que nous avons commis une erreur.”
Sakej Ward a ouvert des perspectives précieuses au cours de l’atelier sur la “Doctrine Révolutionnaire Autochtone”. Il a analysé une sélection de stratégies révolutionnaires historiques et expliqué pourquoi une stratégie distincte est nécessaire dans le contexte de nation Autochtone. Le discours de Sakej a aussi exploré “l’environnement apocalyptique incessant dans l’après-effondrement Autochtone” et dénoncé la pacification par des ONG et organisations à but non lucratif des luttes Autochtones.
Parmi les autres ateliers, il y avait: Antifascisme et Culture de la Sécurité 101, Fascisme et Antifascisme en France, Défense Armée, Liquider le Poison de la Fasculinité dans les Mouvements et Espaces Radicaux, et des ateliers d’autodéfense.
L’atelier sur le Poison de la ‘Fasculinité’ a eu lieu dans un espace fermé, réservé aux fxmmes, et aux genx transgenres et lesbiennes (pas d’hommes hétéro). L’atelier a montré en détail les différentes manières par lesquelles des espaces voués à des mouvements militants radicaux pouvaient personnifier une hyper masculinité qui réduit au silence, aliène et fait du tort aux fxmmes, aux femmes [en français dans le texte] et autres genres non-mâles. L’atelier était modéré comme un cercle de discussion et les participantes ont partagé et appris des expériences des unes des autres. Après ce cercle de discussion, il y a eu un atelier d’autodéfense spécial pour les fxmmes, femmes, et hommes non-hétéro.
La soirée s’est terminée par un autre panel informel sur le “Soutien de la Communauté Contre la Police.” Deux membres de la communauté Autochtone sans abri ont rejoint Louise Benally, de Big Mountain – où la résistance à la déportation forcée existe depuis plus de 40 ans – et les organisateurs antifascistes, dans une discussion sur les méthodologies alternatives et une justice transformatrice et restauratrice.
Le samedi soir, un poste de police a été amélioré avec de la peinture rouge et le message “Fuck the Police.” D’autres endroits ont aussi été redécorés, mais celui-là a attiré l’attention de nombreux flics [‘pigs’ en anglais] et d’un hélicoptère. Bien qu’ils ne soient pas associés à l’action, deux camarades ont été pris par les flics [pigs] et retenus pour la nuit. Le soutien aux prisonniers a été rapidement activé et après que les accusations (deux pour chacun, de délit criminel de graffitis) et la caution aient été déterminées, une partie de l’équipe du rassemblement s’est réunie devant la prison. Envoyez s.v.p. des emails à taalahooghan@protonmail.com pour savoir comment aider ceux qui risquent de multiples chefs d’accusation.
La matinée a commencé par un atelier sur l’âgisme pour les jeunes, et sur les façons dont les jeunes pouvaient se défendre, et s’est terminée par une discussion sur la construction d’un Mouvement Antifasciste Régional.
“Nous ne choisissons pas d’êtres activistes” dit l’un des coordinateurs du rassemblement, “nous sommes nés dans cette lutte et la vivons tous les jours.”
Taala Hooghan Infoshop, Flagstaff Arizona. “De Kinlani (Flagstaff en Diné) à la ZAD”
Des Palestiniens expriment leur soutien à la ZAD
Cet article a d’abord été écrit en anglais, pour remercier les camarades étrangers qui ont tout de suite manifesté leur solidarité. Il a été publié sur Censored News.
POURQUOI LES AUTORITES FRANÇAISES NE POUVAIENT QU’ATTAQUER LA ZAD
Par Christine Prat
In English on Censored News
11 avril 2018
Voir aussi l’article du CSIA-nitassinan
Lundi 9 avril, la Gendarmerie Nationale, munie de blindés, a violemment attaqué la ZAD – Zone A Défendre – à Notre-Dame-des-Landes. Depuis les années soixante, les autorités envisageaient de détruire ce coin de campagne pour y faire construire un aéroport international. La première manifestation contre le projet a eu lieu en 1967. De nombreuses autres ont suivi jusqu’à maintenant.
En janvier de cette année, le gouvernement a décidé d’abandonner le projet d’aéroport. Mais il a prévenu que les gens qui occupaient ‘illégalement’ la ZAD devraient l’avoir quittée au 31 mars.
Lundi 9 avril, les autorités ont donc lancé une attaque extrêmement violente pour déloger des gens qui, d’après eux, n’étaient que des militants radicaux cherchant seulement l’affrontement avec les forces de l’ordre. Ils ont aussi clamé qu’ils avaient invité les gens de la ZAD à présenter des projets agricoles, mais que les squatters ‘radicalisés’ n’avaient présenté aucun projet.
La vérité est que les autorités offraient aux gens la possibilité de présenter des projets agricoles INDIVIDUELS – qu’ils étaient même prêts à appeler ‘alternatifs’ pour peu que les gens cultivent quelques légumes bio ou placent deux panneaux solaires. Il s’agissait donc de créer des propriétés PRIVEES. Les gens qui viennent d’être brutalement attaqués essayaient depuis des années de développer un mode de vie alternatif, hors de la société capitaliste, et de produire pour être auto-suffisants, pas pour faire du commerce. C’était donc une expérience “révolutionnaire”, inacceptable pour la société capitaliste.
Ce monde dominé par le capitalisme ne reconnaît que deux sortes de propriété: la propriété privée et la propriété d’Etat (toujours privatisable), et n’a jamais reconnu la propriété collective ou d’usage communautaire. (Evidemment, cela s’appliquait aussi à la soi-disant propriété collective des pays soi-disant communistes, il s’agissait en fait de propriété d’Etat, où les gens qui y travaillaient n’étaient que de simples travailleurs tout comme ceux qui travaillent pour des entreprises privées capitalistes).
Par conséquent, il n’était pas question de présenter des projets collectifs, qui auraient été systématiquement rejetés.
Des camarades étrangers ont immédiatement manifesté leur solidarité. Il n’est pas surprenant que les premiers à le faire aient été des Indiens d’Amérique et des Palestiniens. Beaucoup de leurs territoires ont été volés par les colonialistes sous prétexte que ce n’étaient pas des propriétés privées, donc à personne, donc à l’Etat, qui pouvait le vendre à des colons ou à des entreprises privées. Et ça continue encore aujourd’hui.
Le gouvernement Macrump, qui promeut le capitalisme délirant, n’aurait en aucun cas accepté autre chose que des propriétés privées ou privatisables.
DES SDF AUTOCHTONES SE RASSEMBLENT A FLAGSTAFF POUR PROTESTER CONTRE LE RACISME ET LE PROFILAGE RACIAL
Par Indigenous Action Media
24 mars 2018
Traduction Christine Prat
Des membres de la communauté Autochtone sans abris, ont organisé un rassemblement le 24 mars 2018, pour mettre fin au racisme et au profilage racial à Kinłani, également connue sous le nom de “Flagstaff”. Ils ont raconté leurs expériences et leurs appels à l’action.
Shane R. fit remarquer: “Avant 1492, nous n’étions jamais SDF, nous avions toujours un endroit où loger.”
En 2006, la Coalition Nationale pour les Sans-abris a nommé la ville de Flagstaff 10ème ville la plus malveillante des Etats-Unis pour sa politique visant les SDF et la population sans-abri.
D’après les rapports annuels des Services de Police de Flagstaff, la ville fait arrêter en moyenne plus de 3000 Autochtones chaque année, alors que seulement 7000 Autochtones se disent domiciliés à Flagstaff.
Nos parents sans abri ont appelé à:
. Supprimer immédiatement l’ordonnance anti-camping
. Supprimer le programme “ROPE”, programme destiné aux “récidivistes”
. Introduction d’une Loi sur les Droits des SDF
. Création sur des bases Culturelles d’un centre d’abri et de réhabilitation soutenu par la Nation Navajo et autres Nations Autochtones.
Ils ont aussi annoncé qu’ils allaient porter sur eux des caméras, afin d’enregistrer le harcèlement et les violences de la police.
Vous pouvez les soutenir en allant sur ce site: www.taalahooghan.org/support-unsheltered-relatives/
Etant donné qu’il n’est plus possible de télécharger une vidéo de YouTube sans payer, je n’ai pas pu mettre de sous-titres. vous trouverez une traduction sommaire de ce qui est dit dans la vidéo ci-dessous
– Intervenante: Est-ce que la police est supposée nous protéger? Ou est-ce qu’elle le fait?
Du terrorisme, oui, c’est exactement ce qu’elle fait!
(0mn 12s) Textes:
– Les Autochtones sans abri ont organisé un rassemblement contre le racisme et le profilage racial
– La Coalition Nationale pour les SDF a nommé Flagstaff la 10ème ville la plus “malveillante”, en 2006
– Le Service de Police de Flagstaff arrête en moyenne plus de 3000 Autochtones chaque année (Rapports Annuels du Service de Police de Flagstaff 2009-2015)
– Cependant, seulement 7000 Autochtones se disent chez eux à Flagstaff
– Sans abri ou non, un Autochtone sur deux vivant à Flagstaff (quelque soit son âge) est menacé d’arrestation.
Interventions:
Premier intervenant: Avant 1492, nous n’étions jamais SDF. Nous avions toujours un endroit où loger. Ce pays était notre pays. [0mn 49s – Panneaux: Nous ne sommes pas sans domicile, la Terre est notre domicile – Je n’ai pas de domicile mais j’ai une voix – Partout où je pose la tête, c’est mon domicile] Ici, c’est notre pays. Nous ne sommes pas traités correctement. La police est là, regardez là-bas, et là-bas, ils sont dans la foule, ils sont partout, et je sais qu’ils regardent. Mais nous les surveillons aussi, et avons aussi des enregistrements vidéo d’eux. Aucun moyen ne nous empêchera de mener ce combat. Vous feriez mieux de vous en souvenir: nous nous battrons pour nos droits. Qui va remédier à ce qui va mal dans cette communauté? Pas eux! Tout ce qu’ils feront c’est de nous poursuivre, nous attaquer, nous mettre en prison. C’est la seule chose qu’ils font. C’est à quoi ils sont bons. Nous allons nous battre pour nos droits.
Deuxième intervenante (2mn 17s): J’ai été harcelée, j’ai été profilée pour ma “race”… Oui, j’ai fait des choses pour lesquelles j’ai dû rendre des comptes, j’ai été en prison pour ça. Et je m’excuse de l’avoir fait. Mais trop c’est trop. J’ai décidé que je ne voulais plus parler à ces flics. Je ne veux plus leur donner de raison de m’embarquer. Alors, j’ai décidé d’être sobre et de mener une vie différente. [Panneau: Diné Pride, le génocide est toujours vivant]. Et qu’est qui arrive? Je suis toujours profilée, je suis toujours harcelée. Qu’est-ce que je ne fais pas bien, qu’ils veulent me faire faire? Parce que j’en ai assez! C’est notre pays, ici. Pourquoi ne pouvons-nous pas circuler sur Notre Mère la Terre? Et vivre en paix. Si nous faisons quelque chose de mal, guidez-nous, protégez-nous, rendez-nous service! … Vous savez, ma sœur a été assassinée ici… je suis très émue aujourd’hui… Elle était aussi une parente sans abri, elle l’avait choisi. Je suis locataire, maintenant, et j’ai un toit, elle allait et venait, et je comprenais pourquoi, et j’avais à l’accepter comme elle était, et comment elle voulait vivre. Et tout ce que j’avais en moi, c’était ce petit espoir, pour elle, d’avoir ce que j’avais eu moi-même, pour l’aider à atteindre ce que j’ai aujourd’hui.
Troisième intervenante (4mn 13s): Aujourd’hui, nous sommes tous ensemble, unis, et, vous savez, vous n’êtes pas ceux qui nous éjecterons de notre pays. Bienvenue les gars, il y a fort longtemps, qu’est-ce que vous nous avez donné? De l’alcool! Ça s’appelle un génocide… Je veux que vous restiez là où vous êtes, et y réfléchissiez. Si vous êtes agent de police, ici aujourd’hui, ce n’est pas le moment de nous arrêter. C’est ce que je ressens. Je vais vous dire, qu’est-ce que vous faites ici, en réalité? Etes-vous vraiment là pour protéger les gens?
Quatrième intervenant (4mn 53s): Ce qu’ils m’ont fait, ils m’ont cassé des côtes et la colonne vertébrale, c’est ce que je subis, en ce moment, et je me trouve ici, avec beaucoup de gens autour.
Cinquième intervenante (5mn 24s): [panneaux: cessez la violence policière, cessez le profilage racial, à droite: dormir n’est pas un crime]. Depuis ma naissance, je subis la discrimination. A l’école, ne pas parler ma langue… toute ma vie. Mais ici, aujourd’hui, je me sens forte, pas seulement pour ma propre “race”, nous sommes tous Autochtones ici. Mon problème ici, c’est qu’on m’a refusé l’entrée du centre d’hébergement, une nuit, et il neigeait, il faisait froid, on m’a refusé l’entrée du centre d’hébergement. Mon amie et moi, nous sommes écroulées au bord de la route. Et, je remercie Dieu qu’un passant ait entendu mes cris de mourante demandant de l’aide. J’ai été emmenée à l’hôpital et arrêtée après avoir été ramenée à une température normale, pour être “combattive”. Mes bras étaient enflés, mes genoux étaient enflés, je les avais éraflés en grimpant hors du fossé plein de neige où nous étions…
Sixième intervenante (6mn 38s): Je veux juste être ici pour être solidaire de tous mes parents sans abri, pas seulement à Flagstaff mais partout sur la planète. Et je préfère dire “sans abri” que “sans domicile”, parce que pour nous, Autochtones, c’est notre domicile, vous devez toujours avoir un domicile dans ce pays. Nous devons voir la vraie réalité de ce que fait la police. Le système colonial a été chasseur d’esclaves, et ils n’ont jamais vraiment arrêté cette activité, leur travail est de protéger tous les acquis du capitalisme contre les intérêts de tous les humains. Ce que nous devons faire est de tous nous unir, toutes les ‘races’ tous les sexes, nous devons renverser ce système, pour que nous ayons le vrai pouvoir, pour que nous ayons la vraie autorité, pour pouvoir prendre soin de nos peuples, comme nous savons le faire, avec des logements gratuits, l’enseignement gratuit, un service de santé, de la nourriture. Ce ne sont pas des privilèges… Il faut que nous prenions soin de nos peuples. Chaque fois que je vois mes sœurs, mes frères, dans la rue, je vous demande: invitez-les chez vous aujourd’hui, donnez-leur une couverture, donnez-leur un lieu sûr pour dormir, donnez-leur le droit à un hébergement. Nous sommes tous ici, et nous avons ce pouvoir de vraiment changer des choses. Nous devons nous défendre, nous devons combattre.
Texte:
Nos parents sans abri demandent:
– Retrait immédiat de l’ordonnance anti-camping à Flagstaff
– Fin du programme “ROPE” contre les récidivistes
– Adoption d’une loi sur les Droits des SDF
– Un centre d’hébergement et de rééducation sur une base culturelle, soutenu par la Nation Navajo et d’autres Nations Autochtones
– Ils ont également annoncé qu’ils allaient porter sur eux des petites caméras pour montrer les actes de harcèlement et de violence de la police.
Gabrielle Gelderman @GabbyGelderman
“Nous sommes en train d’occuper le siège de #KinderMorgan à #yyc afin de transmettre un message:
“Il n’y a PAS de consentement totalement informé pour ce #pipeline, les Nations et les Communautés de Colombie Britannique combattant pour #ArrêterKM ont parlé. Nous voulons être sûrs que KM les entend.”
Vendredi 23 mars 2018
Publié sur Censored News
CANADA: LUTTE CONTRE LE PROJET D’OLÉODUC DE KINDER MORGAN “TRANS MOUNTAIN”
La firme américaine Kinder Morgan projette de construire une extension d’un oléoduc devant transporter du pétrole des sables bitumineux d’Alberta jusqu’en Colombie Britannique, où il devrait rejoindre des oléoducs déjà existants et très controversés. Le gouvernement Canadien a approuvé le projet en novembre 2016. L’oléoduc devrait faire 1147 km de long sur environs 150 m de large. Dans un article non daté, le “Wilderness Committee” a écrit: “Kinder Morgan veut construire un nouvel oléoduc et accroître la capacité jusqu’à 890 000 barils par jour – ce qui signifie que plus de 400 transports géants de sables bitumineux passeraient par notre débouché.”
Dès le 17 mars, les Protecteurs de la Côte ont publié un article sur Censored News (voir plus bas).
La Tribu Secwepemc serait la plus touchée, mais aussi la ville de Burnaby, particulièrement hostile à ce genre de projet, vu qu’elle a déjà subi la fuite d’une cuve de stockage de Kinder Morgan en 2007. Il faut savoir que le pétrole de sables bitumineux – tout comme le pétrole de gaz de schistes – est beaucoup plus sale que le pétrole ordinaire. Lors de fuites, on s’est aperçu que les détergents utilisés contre les marées noires n’avaient aucun effet. Ce pétrole est si visqueux qu’il faut y adjoindre des substances chimiques et le maintenir à une température élevée pour qu’il puisse couler dans les oléoducs. On sait depuis longtemps que des oléoducs sans fuites n’existent pas, et les opposants ont souvent rappelé que la question n’était pas de savoir SI ils allaient fuir, mais QUAND. D’après un article publié le 21 janvier 2018 sur CTV News Canada, le Maire de Burnaby, Derek Corrigan, a déclaré que “vu les dégâts et les perturbations – à perpétuité – que ça causerait à la ville et à l’environnement de la métropole de Vancouver, à l’économie et aux quartiers, la Ville de Burnaby est déterminée à assurer que ce trajet ne soit jamais approuvé.” Mais le gouvernement canadien a approuvé.
Un article non daté, publié sur le site “Le Conseil des Canadiens, Agir pour la justice sociale”, rappelle: “Les Peuples Autochtones du Canada bénéficient de la reconnaissance constitutionnelle et de la protection de leurs droits. Le gouvernement canadien a adopté officiellement la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, qui implique le droit de dire ‘non’.”
“En plus des défis légaux, plus de 150 Premières Nations et Chefs Tribaux ont signé le Traité d’Alliance contre l’expansion des sables bitumineux, qui inclut l’opposition au projet de Kinder Morgan. L’Union des Chefs Indiens de Colombie Britannique est radicalement opposée au projet.”
Les opposants sont malheureusement et comme il fallait s’y attendre, fortement réprimés. D’après un article publié le 25 mars sur Telesur en anglais, “plus de 150 manifestants, parmi eux deux politiciens, ont été arrêtés par les autorités canadiennes au cours de la semaine passée, pour leur participation à des manifestations contre l’extension de l’oléoduc canadien de sables bitumineux, à 7,5 milliards de dollars US, selon les médias locaux du samedi 24 mars.” L’article de Telesur indique aussi “des arrestations d’activistes Autochtones, de législateurs et d’étudiants”. “Les manifestants ont participé à près de 50 actions dans toute l’Amérique du Nord, des gens ayant manifesté aussi dans la capitale du Canada.” Justin Trudeau, qui a approuvé le projet d’expansion en 2016, dit “Depuis son lancement, le Système d’Oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan a transporté du pétrole sur 1150 km, de l’Alberta à la côte de Colombie Britannique. Le projet d’expansion approuvé en 2016 triplerait le volume de produits du pétrole transportés.”
Malheureusement, d’après un article de CBC Canada publié le 25 mars, le 23 mars dernier, la Cour d’Appel Fédérale a rejeté la tentative du gouvernement de Colombie Britannique de s’opposer à la décision de l’Office National de l’Energie qui autorise Kinder Morgan à contourner les lois locales pendant la construction de l’oléoduc qui triplerait la quantité de brut allant d’Alberta jusqu’au port de Burnaby, en Colombie Britannique.” “La Cour a également condamné la Colombie Britannique à payer les frais.”
D’après un article du 24 mars, également publié par CBC Canada, “des dizaines de jeunes Autochtones et autres manifestants se sont rassemblés au Terminal de Kinder Morgan à Burnaby pendant le weekend, pour la plus récente d’une série d’actions contre l’extension de l’oléoduc Trans Mountain.”
“La porte-parole de Protect the Inlet, Virginia Cleaveland, dit que 58 manifestants avaient été arrêtés samedi, en début de soirée, ce qui porte le nombre de personnes arrêtées dans la semaine à 173.”
Le 26 mars, d’après un article du Vancouver Sun, “les officiels de la Ville de Burnaby intensifieront leur bataille légale contre l’expansion du Projet Trans Mountain en allant jusqu’à la Cour Suprême du Canada, ont-ils annoncé mardi.”
Vendredi, la Cour d’Appel Fédérale avait rejeté le pourvoi du gouvernement de Colombie Britannique, et condamné la Colombie Britannique à payer les frais de justice.
La Première Ministre d’Alberta, Rachel Notley, avait qualifié la décision de vendredi de “victoire pour l’oléoduc, et une victoire de plus pour tous les habitants d’Alberta et les Canadiens.” (Vancouver Sun, 26 mars 2018). Comme quoi quand on est…
L’expansion de l’oléoduc implique aussi un accroissement de l’extraction de sables bitumineux, alors que la région d’Alberta où ils sont extraits, est déjà totalement détruite. Il y aurait un projet d’extraction encore bien plus vaste et bien plus destructif envisagé et présenté aux autorités.
Christine Prat
DES DIZAINES D’AUTOCHTONES ET AUTRES HABITANTS DE BURNABY ONT BLOQUE L’ENTREE DE KINDER MORGAN
Par les Protecteurs de la Côte
Publié par Censored News
Le 17 mars 2018
Traduction Christine Prat
Des dizaines d’Autochtones, de membres de la communauté, des familles et des enseignants en retraite ont bloqué l’entrée principale de Kinder Morgan sur le Mont Burnaby.
Les membres de la communauté de Salish Coast Oceann Hyland et Will George ont conduit une cérémonie pour les protecteurs et les ont escortés jusqu’aux portes de Kinder Morgan.
“Nous avons atteint un point critique de la lutte contre Kinder Morgan et leur projet destructeur d’extension d’un oléoduc”, dit Will George, de la Nation Tsleil Waututh. “Il faut maintenant mener une action audacieuse – c’est le moment de choisir de résister avec les Nations Autochtones dans le combat pour un climat sain et de l’eau propre, ou de regarder Kinder Morgan continuer à faire ses affaires habituelles et détruire toute chance d’avoir une planète sûre et vivable.”
“La viabilité du projet d’extension de l’oléoduc de Kinder Morgan n’est pas négociable – c’est irréconciliable avec une planète sûre et vivable, tout comme avec les promesses de réconciliation avec les Peuples et les modes de vies Autochtones,” dit Clayton Thomas-Muller, membre du Traité 6 de la Nation Cree Mathias Colomb. “Nous demandons aux gens de nous rejoindre pour dire à Justin Trudeau et Rachel Notley [Première Ministre d’Alberta] que nos communautés et nos alliés ne vont pas se coucher devant la cupidité des grandes entreprises, et que nous sommes prêts à résister pour l’eau, le sol, et la planète – même si eux ne le sont pas.”
Jeanette Paisley, 76 ans, de Langley, professeur en retraite de l’école Montessori, dit “j’ai quelque appréhension à la perspective d’être arrêtée. J’ai été une citoyenne respectueuse de la loi toute ma vie. J’ai rarement eu une amende pour excès de vitesse, mais je suis atterrée par Kinder Morgan et très déçue par Trudeau. J’ai décidé qu’il était temps de faire quelque chose. J’ai signé des pétitions toute ma vie, mais quand j’ai appris ceci, j’ai décidé qu’il était temps de me réveiller et de faire quelque chose.”
Un habitant de la Colombie Britannique sur dix, et un opposant au nouvel oléoduc de Kinder Morgan en Colombie Britannique sur quatre, disent être prêts à s’engager dans la désobéissance civile pacifique pour résister à l’oléoduc. Suite à la marche et au rassemblement de 10 000 personnes contre Kinder Morgan le samedi passé [10 mars], des manifestations courageuses de résistance des résidents de Colombie Britannique sont attendues dans la semaine à venir.