Dernière partie de la conférence donnée par Wendsler Nosie Sr. à Paris, le 23 mars 2019. Voir également les 1ère et 2ème partie. Tout le monde, chez les Autochtones et d’autres, n’est pas d’accord avec sa vision de la manière de mener le combat. Cependant, la situation est particulièrement difficile pour les Apaches. Comme il le rappelle, 90% des Apaches ont été exterminés. Les survivants ont été disséminés dans de nombreuses petites réserves, éloignées les unes des autres. A San Carlos, qui fut d’abord un camp de prisonniers avant de devenir une réserve, 15 branches différentes d’Apaches se sont retrouvés ensemble. Selon sa propre voie – spirituelle – M. Nosie combat pour les droits, pour le respect, et, par-dessus tout, pour Notre Mère la Terre.
Christine Prat
Discours de Wendsler Nosie Sr.
Transcription et traduction Christine Prat English
“Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est toujours la même chose depuis le début, lorsqu’ils sont arrivés dans notre pays. Je veux dire par là que, quand les premiers sont venus, c’était pour les ressources naturelles, qu’ils voulaient ramener en Europe. Jusqu’à ce que ceux qui étaient là se rendent compte qu’ils pouvaient les garder pour eux-mêmes. Beaucoup de tribus de l’est des Etats-Unis ont été exterminées ou chassées, forcées d’aller vers l’ouest. C’est une histoire très triste, parce que ces tribus avaient essayé de respecter les traités signés avec les pays coloniaux d’alors. C’est comme quand vous regardez une étendue d’eau calme, ça ne bouge pas. Et vous jetez un petit caillou. Ça forme un premier cercle, puis ça s’étend. De plus en plus de cercles se forment. Et là, je dis que le premier cercle a menti aux autres, ils se déplaçaient, ils arrivaient. C’est pourquoi je veux dire ce qui m’a été dit : ‘N’aie pas de haine’, parce qu’il y a une tromperie. Même les gens qui sont venus d’Europe comme 2e, 3e, 4e, 5e générations, on leur avait menti. En tant qu’Autochtones, nous devons apprendre cela nous-mêmes.
“Mais certains n’approuvent pas cette voie, ils veulent être durs, violents, retords. Mais je leur dis ‘Nous devons être plus intelligents’. Parce que la stratégie Américaine était bonne pour les premiers Américains. 90% de nos peuples ont été éliminés. Alors, il n’est plus possible de se rebeller. Ce qui veut dire qu’il faut être plus intelligents.
“Et maintenant, on en vient aux dirigeants. Les Anciens disaient que ça devait être spirituel. Parce qu’ils sont de votre famille aussi. Le Créateur nous a tous créés. Il n’y a qu’un Dieu. Et nous sommes tous ses enfants. Alors, c’est la voie que je suis. Et c’est ce que je devais enseigner à mon peuple. Alors, vous imaginez, aller l’enseigner à toutes les tribus d’Amérique ! Ce qui m’inquiétait, c’était comment ils le ressentiraient. Mais ce qui réchauffait mon cœur, c’était qu’ils cherchent tous la même route.
“Je suis vraiment heureux qu’en Amérique, ce soit devenu un combat pour l’eau. A Standing Rock, ils l’ont mise en avant pour tous les Américains, l’importance de l’eau. Les enfants parlent – et maintenant on voit beaucoup d’Amérindiens, d’Américains Blancs, d’Africains-Américains, de Mexicains Américains – beaucoup de jeunes gens qui résistent ensemble. Je suis très fier des jeunes. Ils assument plus de responsabilité en posant des questions. Parce que ça nous ramène à nous autres. Ainsi, je dis aux gens ‘soyez honnêtes, dites la vérité’. Alors, je dis à l’Amérique, quand on parle de ce qui est le mal, les fantômes – nous sommes supposés dire ‘fantôme’ et ‘c’est le mal’ – on nous convainc, quand on le regarde, d’en avoir peur. Mais tout change, tout se modifie. Et il faut regarder très profondément pour découvrir ce qu’est vraiment le mal. Les gens que j’ai rencontrés dans le pays, aux Etats-Unis et ailleurs – je ne suis pas allé en Inde, mais j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens de là-bas, d’Afrique, d’Amérique du Sud, de Jakarta, en Indonésie – ils cherchent tous aussi, ils essaient de comprendre.
“Je dis à l’Amérique, mon pays natal, là d’où je viens, nous sommes nouveaux et nous sommes anciens. Quelqu’un de mon peuple, est mort comme prisonnier de guerre en 1927. Pas la Première ni la Deuxième Guerre Mondiale, il était en prison depuis les années 1890, le temps de la Guerre Américaine. Là d’où je suis, nous n’avons pas eu la parole avant les années 1980. C’est pourquoi je dis ‘nous sommes nouveaux et anciens’, je veux dire par là que nous sommes nouveaux pour ce que l’Amérique a amené dans l’Ouest, mais nous sommes anciens dans les voies anciennes. Alors, je dis au peuple d’Amérique – et je le dis honnêtement du fond du cœur – ‘Je ne vous hais pas, mais ce que vous avez fait est d’avoir apporté le mal le plus ancien à l’Amérique du Nord’.
Alors, nos jeunes répètent partout ‘résistez, résistez !’ ou ‘décolonisez ! Il faut décoloniser’, mais je leur dis ‘Ce n’est pas nous, c’est VOUS les Blancs, VOUS qui devez décoloniser’. Parce que, si on regarde l’histoire, où l’esclavage a-t-il commencé ? D’où viennent des mots comme ‘païen’ ? Ça a commencé ici, et je ne veux offenser personne, mais ça a commencé avec les rois, le premier type de gouvernement.
Ce que je dis, c’est que quand ils sont venus en Amérique, dès le début, ce n’était pas pour rendre l’Amérique meilleure, c’était pour prendre ce qu’ils pouvaient à l’Amérique et le rapporter aux pays colonisateurs d’Europe. Parce que, si l’Amérique était vraiment où vous vous sentez chez vous, pourquoi, à Oak Flat, vous continuez à donner des ressources à l’Europe ? Si ce lieu était vraiment chez vous, vous prendriez soin de ce que vous avez.
“Je vais terminer avec ce que ma mère m’a dit, la toute première fois où je suis venu en Europe, il y a 22 ans. Ma mère s’est assise et dit : ‘Souviens-toi, si l’avion ne fonctionne pas, ils sont venus en bateaux, et tu peux toujours prendre un bateau pour rentrer’. Elle était très sérieuse. Je croyais qu’elle plaisantait, mais elle voulait me dire : ‘Mon fils, tu retournes chez les gens les plus anciens, là d’où venaient ces gens qui sont venus en Amérique. Alors tu pourras probablement parler à leurs familles, s’il te plaît dis à leurs de dire à leurs familles ici de bien se tenir.’
“Merci.”
RESOLUTION COPPER, LE PROJET
Apache Leap. Le site de Resolution Copper est juste au-dessus, pas visible du bas.
Apache Leap, avec le site de Resolution Copper et dans le coin en haut à droite, l’endroit où sera creusé le cratère
Les deux sites appartenant à Resolution Copper. Les autres photos ont été prises de la petite route qui contourne la montagne.
Voir aussi la vidéo de Resolution Copper sur l’avenir du projet.
NON ! PAS DE DECHETS RADIOACTIFS ! LE TEXAS ET LE NOUVEAU-MEXIQUE NE SONT PAS DES TERRAINS VAGUES !
Par Ian Zabarte, Shoshone de l’Ouest
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
9 juin 2019
Le projet de transporter les déchets des réacteurs nucléaires de tout le pays dans la région du Texas / Nouveau-Mexique, devrait être arrêté immédiatement, vu les risques de contamination radioactive résultant de fuites, d’accidents ou d’attaques terroristes. Notre santé, notre sol et nos nappes phréatiques seraient menacés si des déchets contenant du plutonium et de l’uranium étaient transportés, à raison de 10 000 transports pendant 20 ans. Une personne se trouvant à proximité des déchets mourrait en une semaine.
Déverser des déchets radioactifs sur une population majoritairement hispanique, avec peu de ressources pour se défendre, serait une injustice écologique extrême. Les habitants de l’ouest du Texas et du Nouveau-Mexique ne bénéficient pas de l’électricité produite par les réacteurs nucléaires d’autres états, et ne méritent pas d’en être envahis.
Les Spécialistes du Contrôle des Déchets (WCS) ont déjà demandé une licence à la Commission de Régulation Nucléaire pour entreposer des déchets hautement radioactifs pendant 40 ans dans leur site à la frontière du Texas et du Nouveau-Mexique. [Voir carte ci-dessous]
Le gouvernement fédéral sait que personne ne veut de déchets radioactifs, et il a donc cherché des communautés “volontaires” pour les accepter.
Avec cette idée derrière la tête, le Ministère de l’Energie des Etats-Unis a tenu huit réunions “basées sur le consentement” en divers endroits du pays, mais ne sont pas venus au Texas ni au Nouveau-Mexique, des états considérés comme le degré zéro pour les déchets radioactifs. Ils ont fait croire aux autres communautés que le Texas et le Nouveau-Mexique acceptaient les déchets radioactifs, se fondant sur un vote des Commissaires du Comté d’Andrews, au Texas. La vérité est que beaucoup de gens du Comté d’Andres sont opposés au projet, mais ils n’ont jamais eu l’occasion de voter. Il faudrait qu’ils puissent le faire.
Il n’y a pas besoin de consolider les déchets radioactifs pour les entreposer. Ils peuvent rester où ils sont, ou près de l’endroit où ils sont produits. La Commission de Régulation Nucléaire avait dit auparavant que l’option la moins risquée était de garder les déchets où ils sont.
Audience sur l’Energie et le Commerce des déchets nucléaire, 13 juin 2019 : NWPA 2019, HR2699 [proposition de loi de la Chambre des Représentants], priorité des Déchets HR2995 [idem], Loi sur l’Entreposage du Fuel Nucléaire HR3136 [ibidem].
Photo de la présentation de Leona Morgan, activiste anti-nucléaire, Diné du Nouveau-Mexique
ARRÊTEZ LE GÉNOCIDE CULTUREL !
Publié par Protect The Peaks
Le 8 juin 2019
Egalement publié sur
Censored News
Traduction Christine Prat
FLAGSTAFF, Arizona – La station de ski controversée Arizona Snowbowl projette de reprendre ses attaques contre les Peuples Autochtones et l’environnement, sous forme d’un “Plan Général d’Aménagement” qui menace les Pics Sacrés San Francisco d’une nouvelle expansion et d’une nouvelle profanation.
Des représentants de Snowbowl ont tenu des réunions secrètes avec des politiciens de la région pour s’assurer d’un soutien politique pour leur projet, mais cependant n’ont rencontré aucun représentant des Nations Autochtones. Bien que les détails du projet n’aient pas encore été publiés, Snowbowl a révélé songer à de nouveaux équipements, de nouveaux remonte-pentes, 5 nouvelles pistes, du ski de nuit, et de la tuyauterie.
Les propositions de Snowbowl, qui constitueraient une profanation à longueur d’année, incluent “une piste de luge sur rail, une piste de luge d’été, un circuit de tyrolienne, du VTT, l’extension du golf circulaire, un mur d’escalade, et des concerts en plein air.”
Snowbowl a déclaré avoir l’intention de soumettre les projets d’expansion au Service des Forêts des Etats-Unis pendant l’été 2019. Cela entraînerait une procédure selon la Loi sur la Politique Environnementale Nationale (NEPA) et exigerait une forme quelconque de participation et de commentaires du public, ce qui, selon Snowbowl, devrait se faire dès l’automne 2019. “La réalisation des projets proposés devrait commencer au plus tôt en 2021.”
Dans un document intitulé “Arizona Snowbowl Livre sa Vision pour le Prochain Chapitre,” le propriétaire du domaine skiable James Coleman, de Mountain Capital Partners, déclare “Nous sommes guidés par notre mission ‘le Ski d’abord’.”
Les Pics San Francisco sont situés dans le Nord de l’Arizona et gérés par le Service de la Forêt Nationale de Coconino, en tant que terres publiques.
Les Pics sont considérés comme sacrés depuis des temps immémoriaux par les Diné (Navajo), les Hopi, les Zuni, les Tewa, les Hualapai, les Havasupai, les Apaches Yavapai, les Yavapai-Prescott, les Apaches Tonto, les Apaches de White Mountain, les Apaches de San Carlos, les Paiutes du Sud San Juan, les Apaches Mohave de Fort McDowell, et les Acoma.
Depuis des décennies, des Nations Autochtones et des groupes de défense de l’environnement ont entamé de nombreuses poursuites en justice pour mettre un terme à l’expansion de la zone de ski. Ces affaires ont constitué des précédents légaux pour la liberté religieuse des Autochtones et les sites sacrés.
Après que ces affaires en justice aient échoué et que de nombreuses actions directes aient été organisées, Snowbowl a abattu des arbres pour faire de nouvelles pistes, construire de nouveaux remonte-pentes, et est devenue la première station de ski au monde à faire de la neige artificielle avec 100% d’eaux usées recyclées. Snowbowl est actuellement autorisée par le Service des Forêts des Etats-Unis, à utiliser 800 millions de litres d’eau d’égout par saison. Bien que des groupes de défense de l’environnement aient prévenu que les eaux usées recyclées contenaient des produits pharmaceutiques, des hormones, et des gènes favorisant la résistance des bactéries, la ville de Flagstaff maintient son contrat de vente d’eaux usées à la station de ski.
“Snowbowl, le Service des Forêts et la ville de Flagstaff font des profits en tuant les cultures Autochtones,” dit Klee Benally, un bénévole de Protect The Peaks. “Nous devons bloquer l’attaque par Snowbowl de notre survie culturelle et de nouvelles destructions écologiques. La Loi sur la Politique Environnementale Nationale et les tribunaux nous ont déjà trahis, nous ne devons pas trahir nos ancêtres ni les générations à venir.”
#stopsnowbowl #protectthepeaks #defendthesacred
AGISSEZ :
Prenez contact avec la Superviseuse de la Forêt du Comté de Coconino, Laura Jo West et exigez la révocation du Permis d’Utilisation Spéciale de Snowbowl, et que ses services empêchent toute nouvelle profanation des Pics Sacrés San Francisco.
Email : ljwest@fs.fed.us
Adresse : 1824 S. Thompson St., Flagstaff AZ 86001
Tél. : (+1 928) 527-3600
Heures d’ouverture : 8h à 16h, du lundi au vendredi (sauf jours fériés)
Prenez contact avec le Conseil Municipal de la ville de Flagstaff et demandez leur “rompre immédiatement leur contrat avec Snowbowl.”
Email : council@flagstaffaz.gov
Tél. : (+1 928) 213-2015
Partagez et rejoignez-nous sur www.protectthepeaks.org et www.facebook.com/ProtectThePeaks
Michelle Cook, photo Brenda Norrell
CRIMINALISATION DES PEUPLES AUTOCHTONES, LES COMPAGNIES PETROLIERES INVENTENT DE NOUVELLES LOIS CONTRE “L’INCITATION A L’EMEUTE” APRES STANDING ROCK, MICHELLE COOK, DINÉ [NAVAJO] TEMOIGNE DEVANT LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME EN JAMAIQUE
Témoignage de Michelle Cook, Diné
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
21 mai 2019
Traduction Christine Prat
KINGSTON, Jamaïque – Les Etats-Unis ont entrepris de criminaliser les Peuples Autochtones à Standing Rock, et continuent d’abroger des droits humains par une nouvelle législation, inventée par les compagnies pétrolières, dit Michelle Cook, Diné, à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, en Jamaïque.
Les Etats-Unis vous diront que leur Etat protège les Peuples Autochtones et soutiennent la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones des Nations Unis, dit-elle. “Ils vous parleront d’une politique de consultation, en accord avec les droits de l’homme.” “Ce qu’ils ne vous diront pas, c’est que ces droits sont abrogés, anéantis et détournés pour les profits privés de compagnies pétrolières comme ETP (Energy Transfer Partners) et TransCanada.”
“Je suis ici pour exprimer le point de vue Indien sur ce que nous avons appris pendant et après les évènements de Standing Rock contre l’oléoduc Dakota Access.”
“Dans le cas du Dakota Access, pendant sept mois, de septembre 2016 à février 2017, au moins 76 services de maintien de l’ordre et 35 services fédéraux et firmes de sécurité privées, embauchés par la compagnie pétrolière, ont été présents à un moment ou un autre.”
“Au cours des sept mois, des procureurs agressifs ont condamné 841 protecteurs de l’eau qui usaient pacifiquement de leur Droit constitutionnel d’Assemblée.” Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés ont été détenus dans des conditions inacceptables et maltraités. Ils ont été fouillés et déshabillés sans raison et enfermés pendant des heures dans des conditions humiliantes, dit Michelle à la Commission.
Les autorités locales ont agressivement poursuivi 841 protecteurs de l’eau, en dépit du manque de raisons valables et de ce qu’il n’y ait pas de preuve dans la grande majorité des cas. “Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau a entamé une poursuite collective [‘class action’] pour les blessures infligées le 20 novembre.”
Maintenant, suite à Standing Rock, dit Michelle, “les intérêts du pétrole et du gaz poussent à criminaliser les protestations contre leurs projets de carburants fossiles, en inventant des lois visant explicitement à protéger leurs infrastructures les plus sensibles contre le sabotage.” Actuellement, 95 lois anti-protestations sont proposées dans 35 états, y compris le Dakota du Nord. 14 d’entre elles sont passées, 24 sont encore en suspens, et 55 ont expiré ou ont été repoussées. Il y en a actuellement 28 en attente dans la législation d’états. Au Texas, la Proposition 3557 ferait de certaines formes de protestations un crime de second degré, équivalent à un meurtre de second degré. Dans le Dakota du Sud, la loi sur l’incitation à l’émeute a créé un fonds spécial pour poursuivre des groupes qui ne se trouvent pas dans l’état, en réaction directe à Standing Rock.
“Nous encourageons la Commission à examiner ces lois et à suivre les recommandations du Rapporteur Spécial.”
Michelle a témoigné avec Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui témoignait sur la militarisation de la frontière; Casey Camp Horinek, membre du Conseil Tribal Ponca, sur les arrestations abusives à Standing Rock; et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné, Michael Little Feather Giron, Chumash.
Michelle Cook est une avocate Diné [Navajo], et l’organisatrice de la délégation de femmes à la Commission en Jamaïque.
Elle est fondatrice de Désinvestir, Investir, Protéger. Michelle est membre de la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo et co-fondatrice du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock. En tant que diplômée du Programme Fulbright [un programme d’échanges universitaires], elle a vécu en Nouvelle-Zélande et étudié la culture Maori. Elle est allée en Iran au cours d’un échange culturel et était présente à la Conférence sur la Terre Mère à Cochabamba, en Bolivie, en 2010. Elle poursuit actuellement des études pour obtenir un diplôme supérieur, dans le cadre du Programme de Droit et Politique des Peuples Autochtones à l’Université de Tucson, Arizona.
©Brenda Norrell
Ofelia Rivas en Jamaïque, photo Brenda Norrell
LA SECURITE INTERIEURE U.S. MALTRAITE LES TOHONO O’ODHAM DANS LEUR PROPRE TERRITOIRE. TEMOIGNAGE D’OFELIA RIVAS EN JAMAIQUE.
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
19 mai 2019
Traduction Christine Prat
KINGSTON, Jamaïque – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, a dit dans son témoignage que les gens de son peuple étaient maltraités par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis, et que son territoire était militarisé, tout comme c’est le cas à Standing Rock.
S’adressant à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, Ofelia parla de 500 ans de politiques génocidaires qui aboutissent aujourd’hui à ce que son peuple soit constamment attaqué par les Etats-Unis. “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham” dit Ofelia.
A la suite de son témoignage, lorsqu’elle est retournée chez elle, elle a été retardée pendant deux jours, subissant des fouilles répétées, les autorités des Etats-Unis ayant mis le statut ‘SSSS’ sur ses cartes d’embarquement, de Miami à l’Arizona.
Elle commença son témoignage en Jamaïque en saluant le Peuple Arawak, ancêtres des Autochtones de l’île. Ofelia dit qu’elle parlait en tant que descendante et témoin direct de plus de 500 ans d’atroces politiques de génocide contre les Peuples Autochtones, de la part des gouvernements des Etats-Unis.
Le Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848, et l’Acquisition Gadsden en 1953, ont divisé son territoire d’origine entre deux pays, les Etats-Unis et le Mexique, ont déplacé des O’odham et les ont exilés, dit-elle dans son témoignage. “Aujourd’hui, aux Etats-Unis, nous existons sur un dixième de nos territoires d’origine.”
Ofelia dit comment les territoires O’odham au Mexique avaient été perdus. “Nos terres ont été volées et vendues par le gouvernement de l’état, et reprises par les cartels de la drogue” dit-elle dans son témoignage.
Dans la Nation Tohono O’odham [la Réserve dirigée par le Conseil Tribal, dans le sud de l’Arizona – NdT], l’impact le plus récent a été la militarisation de nos territoires, après le 11 septembre [2001]. “Des lois racistes et inhumaines, comme le Patriot Act, et les lois sur l’immigration” ont conduit à des maltraitances constantes des Tohono O’odham. “Maintenant, des gens sont attaqués avec des chiens.” “Leurs domiciles sont envahis et ils sont détenus dans leur propre maison, avec leurs enfants.” “Les gens sont attaqués par des militaires armés, forcés de quitter la route, et détenus sans raison.” “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham.”
Ofelia dit avoir été témoin de comment des Anciens O’odham, de plus de 80 ans, avaient été mis à genoux près de la route, les bras en l’air, parce qu’ils n’avaient pas compris les exigences de prouver leur citoyenneté. “Ils parlent leur propre langue et ne comprennent pas les ordres de parler Anglais ou Espagnol” dit-elle dans son témoignage.
Elle dit que l’intention des Etats-Unis était d’éradiquer les gens dits ‘inférieurs’ par sa politique génocidaire. Ofelia dit aussi que l’intention des Etats-Unis était d’appliquer leur politique de ‘destiné manifeste’, comme le monde entier avait pu le voir lors de l’attaque des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock.
“Je prie pour que tous les animaux, les plantes, les êtres vivants soient reconnus et protégés” dit-elle pour conclure.
Ofelia a témoigné de la criminalisation des Peuples Autochtones avec Michelle Cook, avocate et organisatrice Diné, Casey Camp, membre du Conseil Tribal Ponca, et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné Michael Little Feather Giron.
La délégation de femmes Autochtones a témoigné le 9 mai, à Kingston, à l’Université des Indes Occidentales.
La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a entendu des témoignages de l’ensemble des Amériques.
©Brenda Norrell
LEONA MORGAN, DINÉ, ACTIVISTE ANTI-NUCLEAIRE, SERA A LA SALLE DES FÊTES DE BETANCOURT-LA-FERREE LE 24 MAI 2019
Nucléarisation d’un territoire et peuples autochtones
Conférence de Leona Morgan à la salle des fêtes de Bettancourt-la-ferrée : vendredi 24 mai 2019, de 20h à 22h30
Avec le CSIA-Nitassinan, CEDRA, Meuse Nature Environnement et le Réseau Sortir Du Nucléaire
Leona Morgan est une organisatrice communautaire autochtone et une activiste en lutte depuis 2007 contre le colonialisme nucléaire dans le sud-ouest des États-Unis. Ses principaux objectifs sont d’empêcher l’ouverture de nouvelles mines d’uranium et de nouvelles décharges nucléaires, ainsi que de lutter contre le transport de matériaux radioactifs.
Leona Morgan a co-fondé et travaille avec Diné No Nukes (http://www.dinenonukes.org), Radiation Monitoring Project (www.radmonitoring.org) et Nuclear Issues Study Group (www.fb.com/NuclearIssuesStudyGroup). Elle collabore également avec des groupes et activistes anti-extractivistes et anti-nucléaires à l’international en organisant des rassemblements dans le but de faire face au cycle complet de l’énergie nucléaire.
Leona est Diné de la nation Navajo, elle vit à Albuquerque au Nouveau-Mexique.
À l’occasion d’une tournée en Europe qui la mènera jusqu’au forum social antinucléaire à Madrid, Leona sera de passage en Meuse et en Haute-Marne, où elle donnera notamment une conférence à Bettancourt-la-ferrée, où elle abordera les sujets de la nucléarisation du Nouveau-Mexique, de la résistance à cette nucléarisation, de la problématique des peuples autochtones face au nucléaire, de la journée d’action du 16 juillet et des outils de mesure des risques radioactifs.
Pour en savoir plus sur Leona, cliquer ici (article de 2017, d’après une interview réalisée à Albuquerque, en septembre 2017) Christine Prat
LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME ENTEND DES TEMOIGNAGES SUR LES PRISONNIERS POLITIQUES DE NO DAPL, ET UNE DECLARATION DE RED FAWN
“LA SEULE ARME A FEU DANS LE CAMP AVAIT ETE APPORTEE PAR HEATH HARMON, INDICATEUR DU FBI” – RED FAWN
Témoignage de Leoyla Cowboy, Diné
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News 15 mai 2019
Traduction Christine Prat
KINGSTON, Jamaïque – En hommage aux prisonniers politiques qui avaient résisté pour protéger l’eau, au cours du mouvement contre le Dakota Access Pipeline à Standing Rock, Leoyla Cowboy, Diné, a récité leurs noms, au cours d’une audience de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, en Jamaïque. “Je suis ici pour servir de voix aux prisonniers politiques de No DAPL, parce qu’ils sont emprisonnés et que je les considère tous comme membres de ma famille” dit Leoyla à la Commission.
En évoquant les noms de Red Fawn Fallis, Michael Little Feather Giron, Michael Rattler Markus, Dion Ortiz et James Angry Bird White, Leoyla souligna qu’ils risquaient des condamnations fédérales très lourdes, pour avoir protégé l’eau en 2016 et 2017.
“Je suis fière d’être l’épouse du prisonnier politique Little Feather Giron” dit Leoyla à propos de son mari, qui est Chumash.
Leoyla expliqua que ces cinq Protecteurs de l’Eau n’avaient pas eu d’autre choix que d’accepter un accord, après que leurs droits aient été niés par des tribunaux fédéraux.
Leoyla dit à la Commission que ces Protecteurs de l’Eau c’étaient vu dénier des droits fondamentaux et que le jury était influencé par la propagande en faveur des compagnies pétrolières dans le Dakota du Nord.
A cause de cette injustice, Red Fawn risquait la perpétuité et les hommes chacun 15 ans, dit Leoyla.
En conséquence, ces Protecteurs de l’Eau ont été emprisonnés loin de leurs familles.
Leoyla lut une déclaration de Red Fawn, qui risquait la perpétuité si elle avait été condamnée à la suite d’un procès. Red Fawn écrit qu’elle avait été arrêtée trois fois, à Standing Rock. Après avoir décrit les actions pacifiques des Protecteurs de l’Eau, et des arrestations en masse, Red Fawn parla de sa mère. Elle dit qu’elle était à Standing Rock pour rendre hommage à la mémoire et au travail de sa mère, Troy Lynn Star Yellowood, qui est passée dans le Monde Spirituel. Au camp d’Oceti Sakowin, à Standing Rock, Red Fawn dit avoir trouvé une place où elle se sentait chez elle. Red Fawn dit qu’elle travaillait avec des personnes âgées et des jeunes, au camp d’Oceti Sakowin, et y avait été formée comme aide-soignante. Elle dit avoir été arrêtée trois fois. En août 2016, elle ne faisait qu’exercer son droit à la liberté de parole contre le Dakota Access Pipeline, lorsqu’elle a été arrêtée. La seconde fois, elle attachait des liens de prière à une clôture. Puis, en octobre, dit Red Fawn “j’ai été attaquée par derrière et arrêtée brutalement, sans raison plausible, et accusée d’avoir une arme à feu.” Red Fawn raconte comment le FBI avait placé un indicateur dans le camp et les conséquences que ça a eu. “La seule arme à feu qui était entrée dans le camp avait été apportée par Heath Harmon, un indicateur du FBI.” “Il a entamé une relation malhonnête avec moi.” Red Fawn conclut “Nous comprenons notre relation réciproque avec l’eau et toute la vie qui en dépend.” “L’eau c’est la Vie.”
Au cours des témoignages sur la criminalisation des Peuples Autochtones par le gouvernement des Etats-Unis, le témoignage de Leoyla a rejoint ceux des Protectrices de l’Eau Casey Camp Horinek, Ponca, et de Michelle Cook, Diné. Ofelia Rivas, Tohono O’odham, a témoigné de la criminalisation des O’odham par les Etats-Unis dans son propre territoire.
©Brenda Norrell, Censored News
VICTIME DE VIOLENCES A STANDING ROCK, EMPOISONNEE PAR LES INDUSTRIES MINIERES, CASEY CAMP, PONCA, TEMOIGNE EN JAMAIQUE
“Ils nous ont attachés. Ils nous ont jetés au
sol et nous ont embarqué dans des bus jusqu’à la cave de la Prison du Comté de Morton, puis nous ont enfermés dans des chenils, après avoir tatoué des numéros sur nos bras, comme pour les Juifs conduits aux chambres à gaz.”
Casey Camp, Ponca
Censored News
15 mai 2019
Traduction Christine Prat
KINGSTON, Jamaïque – Casey Camp Horinek, membre du Conseil Tribal Ponca, a parlé de la fracturation hydraulique génocidaire et de l’industrie du pétrole et du gaz qui empoisonne son peuple, le sol, l’air et l’eau.
A la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, Casey a aussi raconté comment elle-même et d’autres Protecteurs de l’Eau avaient subi des violences à Standing Rock.
Casey parla aussi de son grand-père, qui avait marché tout au long de la Piste des Larmes. A huit ans, il avait fait plus de 1000 km à pied. Un des membres de son peuple sur trois mourut durant cette marche.
Le territoire Ponca avait été volé par le gouvernement fédéral, selon le Traité de 1868. Le peuple de Casey, les Ponca, était de la région du fleuve Missouri et a été déporté de force en Oklahoma.
“Nous vivons maintenant dans une zone entièrement affectée par les industries minières” dit-elle des terres Ponca en Oklahoma.
Casey, membre élue du Conseil Ponca, est Gardienne du Tambour Héréditaire de la Société des Femmes.
Dans ses salutations, Casey remercia les Arawak, ancêtres de Jamaïcains.
Parlant des conséquences de la fracturation, Casey dit qu’il y avait eu 10 000 tremblements de terre, en Oklahoma, au cours des cinq dernières années, des tremblements de terre causés par l’homme, à cause des industries minières. L’une d’elle est la Raffinerie Phillips 66. L’eau a été empoisonnée.
“Tous les êtres à quatre pattes, à nageoires ou ailés, et tous ceux qui vivent sous terre, ont été touchés. On ne peut pas cultiver de produits bio dans un rayon de plus de 12 km.”
“Chaque famille a des membres souffrant de cancers et de déficiences immunitaires. Beaucoup d’enfants ne vivent pas jusqu’à la naissance.”
“Transformer en marchandises tout ce qui est sacré est un crime”, dit-elle à la Commission.
La Nation Ponca a établi un statut des Droits de la Nature, ce qui permettra de traiter les affaires devant les tribunaux. “Nous convoquerons des gens devant le Tribunal Ponca.”
Lorsqu’elle entendit parler de Standing Rock, elle y alla pour prier. Elle voulait protéger l’eau du fleuve Missouri et les tombes de ses ancêtres en aval.
Elle est aussi allée à Standing Rock pour rencontrer des responsables de la préservation historique.
Le 27 octobre 2016, des Protecteurs de l’Eau protégeaient le Camp du Traité. “Standing Rock, c’était nos alliés.”
L’oléoduc, Dakota Access Pipeline, n’avait pas été autorisé à passer par une région “Blanche” au nord de Standing Rock.
Casey raconta comment les Protecteurs de l’Eau de Standing Rock avaient subi des violences.
“Il y avait des hélicoptères, des avions, des drones, des gens armés, des canons assourdissants, des grenades à percussion, de gaz poivré, et des centaines d’agents en tenue d’émeutes qui se ruaient sur nous et commencèrent à nous brutaliser.”
“Ils nous ont frappés au sol, alors que nous étions en train de prier, par centaines de femmes, d’hommes et d’enfants sans armes.”
“Ils nous ont attachés. Ils nous ont jetés au sol et traînés dans des bus jusqu’à la cave de la Prison du Comté de Morton et enfermés dans des chenils après avoir inscrit des numéros sur nos bras, comme pour les Juifs emmenés dans les chambres à gaz.”
“Ils nous ont gardés dans des chenils, à même le sol en béton.”
“C’était mon numéro. Le numéro 138,” dit-elle en montrant le numéro sur son bras.
En tout, 142 personnes ont été arrêtées ce jour-là.