Discussions du 10 juillet 2019 avec Petuuche Gilbert
Mines d’uranium abandonnées, projets de nouvelle mine et de stockages de déchets nucléaires au Nouveau-Mexique
Par François Vallet
Présent le 10 juillet
à la réunion avec Petuuche Gilbert
Le 3 juin 2019, à l’initiative de Daniel, les Amis de la Terre en Savoie organisaient au cinéma Victoria à Aix les Bains une projection du film « Le couvercle du soleil ». Daniel avait invité Sonia et Kurumi, représentantes de l’association « Nos voisins lointains 3.11 », à animer un débat après la projection du film. C’est à cette occasion que Kurumi nous informa de la visite en France de Petuuche Gilbert, militant opposé aux mines d’uranium et à l’enfouissement des déchets nucléaires au Nouveau Mexique.
Le 10 juillet, nous avons été invités par Kurumi à Miribel les Echelles, au pied du massif de la Chartreuse, pour une discussion avec Petuuche. En voici un résumé.
Petuuche fait partie du peuple Acoma Pueblo du Nouveau Mexique et vit à Sky City à proximité du Mont Taylor qui est « la montagne sacrée » de plusieurs peuples autochtones du district de Grants.
C’est dans cette région du Nouveau-Mexique qu’a été fabriquée et testée la première bombe atomique (Trinity) le 16 juillet 1945 à Alamogordo. L’uranium nécessaire à sa fabrication venait alors du Canada et plus précisément du Saskatchewan (les Etats-Unis ont réalisé plus de 200 « essais » atmosphériques de bombes atomiques entre 1945 et 1962 et plus de 1 000 essais au total dont deux en souterrain au Nouveau-Mexique et dans le Colorado).
C’est aussi dans le sud-ouest des Etats-Unis, et dans une quinzaine d’états dont ceux dits « des 4 coins » (Nouveau-Mexique, Utah, Colorado, Arizona), qu’ont été exploitées près de 15 000 mines d’uranium entre 1940 et la fin des années 1990. Ces mines et les usines de traitement de minerai d’uranium servaient alors l’industrie des armes atomiques et du nucléaire « civil ». Les compagnies minières employaient principalement des autochtones, pas ou mal protégés, exposés aux émanations de radon et qui ramenaient avec leurs vêtements des particules radioactives dans leurs habitations. Les mines sont désormais fermées et ont été abandonnées par les compagnies minières qui, pour la plupart, ont disparu. Les peuples indiens Pueblos, Navajo, Apaches, habitent dans les zones où la concentration de mines abandonnées est la plus forte.
A côté des mines et des usines de traitement de minerai ont été stockés des déchets radioactifs, solides et liquides. Le 16 juillet 1979, à Church Rock au Nouveau Mexique, la digue du bassin de décantation de l’usine de traitement de minerai céda et contamina une rivière et la nappe phréatique.
Cet accident est considéré comme ayant entraîné le plus fort relâchement de radioactivité dans l’environnement aux Etats-Unis (en tous cas plus que l’accident de Three Mile Island survenu quelques mois auparavant). Chaque année le 16 juillet est organisée une commémoration de cet accident.
En France un incident similaire s’est produit sur l’ancien site minier des « Bois Noirs » à Saint Priest La Prugne (département de La Loire) avec pollution de la rivière La Besbre. https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/loire/ancienne-mine-uranium-loire-eaux-contaminees-s-ecoulent-vallee-besbre-1458739.html
L’explosion atomique de 1945 à Alamogordo, l’extraction de l’uranium, le traitement du minerai, les transports de minerai concentré (yellow cake), les stockages de déchets miniers et des usines de traitement du minerai, ont disséminé dans l’air et dans l’eau des produits chimiquement toxiques et radiotoxiques. Les sols, les plantes et les aquifères sont contaminés. La santé des habitants, principalement des peuples indigènes, est durablement affectée. Les femmes, les enfants et les bébés sont plus particulièrement touchés. Les principales maladies sont des maladies du sang, des maladies cardiovasculaires, des maladies génétiques et des cancers. Mais l’Etat du Nouveau-Mexique n’a diligenté aucune étude scientifique et épidémiologique sur les conséquences de l’exploitation des mines et usines de traitement du minerai d’uranium. Certains pensent qu’il n’y a pas de problème et qu’il est donc possible d’ouvrir de nouvelles mines. Pourtant il y a de nombreux témoignages de victimes de l’uranium et notamment à l’occasion du festival international du film sur l’uranium organisé depuis 2011 dans différentes villes du monde.
Actuellement il n’y a plus de mine, ni d’usine de traitement de minerai d’uranium en activité au Nouveau Mexique. Mais il y a un projet de nouvelle mine, « Roca Honda », à proximité du Mont Taylor (montagne sacrée pour les indiens). Ce projet était mené à l’origine par un groupement de deux entreprises, une canadienne et l’autre japonaise. L’entreprise japonaise Sumitomo a abandonné le projet suite à la visite au Japon d’une délégation d’habitants du Nouveau-Mexique opposés au projet.
Celui-ci est assez avancé, l’étude d’impact a été réalisée en 2011-2012 et le dossier soumis aux autorités fédérales (voir le site internet de la compagnie actuellement à la tête du projet : http://www.energyfuels.com/project/roca-honda/).
Deux autres compagnies ont des projets de mine dans la même région, notamment près du Grand Canyon en Arizona, mais le prix de l’uranium est trop bas actuellement pour les réaliser.
La communauté indigène (19 peuples concernés) est mobilisée pour préserver le site du Mont Taylor qui est considéré comme propriété culturelle traditionnelle (TCP). Le Rio San José est aussi considéré comme « rivière sacrée ». Le Mont Taylor produit de l’eau potable depuis une seule source qui coule toute l’année. Il y a des manifestations de la communauté indigène contre le projet de mine et pour protéger le Mont Taylor et le Rio San José. La gouverneure actuelle du Nouveau-Mexique est opposée au projet mais le gouvernement fédéral est pour. Trump veut relancer l’exploitation de mines d’uranium aux Etats-Unis et interdire l’importation. En 2009 l’uranium utilisé aux Etats-Unis venait, par ordre d’importance, d’Australie, du Canada, de Russie, des Etats-Unis, de Namibie, du Kazakstan, du Niger, d’Ouzbekistan. Mais comme les cours actuels sont très bas produire aux Etats-Unis coûtera plus cher et le nucléaire sera encore moins compétitif par rapport aux autres énergies, renouvelables et gaz de schiste. La motivation de Trump semble être essentiellement nationaliste et militaire.
A l’autre bout de la chaîne, deux centres de stockages de déchets à très haute activité (combustibles usés) sont prévus au Texas et au Nouveau-Mexique. En effet, après l’échec de Yucca Moutain à côté de Las Vegas, le gouvernement cherche un site pour stocker définitivement ces déchets et en attendant un site d’entreposage pour 100 ans.
Les combustibles usés, après refroidissement en piscines, sont actuellement stockés à sec à proximité des centrales dans des enveloppes métalliques enrobées de béton.
Cela conduit à des conflits entre les antinucléaires, ceux de Californie par exemple ne veulent pas conserver les combustibles usés à proximité des centrales et ceux du Nouveau-Mexique ne veulent pas de l’enfouissement.
Le projet au Texas près de la ville d’Eunice est développé par la compagnie WCS (Waste Controls Specialists). Le projet au Nouveau-Mexique, entre les villes de Carlsbad et Hobs, est développé par la compagnie HOLTEC International, spécialisée dans la « décontamination » après arrêt définitif des réacteurs et dans le démantèlement : https://holtecinternational.com/
Cette compagnie achète actuellement des centrales nucléaires en fonctionnement ou définitivement arrêtées (il y a 99 réacteurs nucléaires en fonctionnement aux Etats-Unis). C’est également cette compagnie qui développe le concept de « Small Modular Reactor ».
Une association mondiale des peuples indigènes est intervenue à trois reprises auprès de l’ONU pour s’opposer à ces projets sous l’angle :
- des droits civiques et politiques,
- des discriminations raciales,
- des droits politiques universels.
Dans les 3 cas l’assemblée de l’ONU a demandé au gouvernement américain de respecter ces droits (mais que respecte le gouvernement américain?).
Il serait sans doute possible de saisir également l’UNESCO sous l’angle de la préservation du patrimoine culturel mondial.
Petuuche nous indique qu’avec l’extraction du charbon de l’uranium est aussi ramené à la surface et les mineurs exposés à la radioactivité. Par ailleurs les nouvelles techniques de fracturation pour l’extraction de pétroles et gaz de schiste utilisent des charges explosives à l’uranium appauvri. L’eau utilisée pour réaliser les forages puis remontée à la surface est contaminée.
Conclusion de Petuuche :
Du fait de notre relation sacrée à la Terre Mère, quand la santé de la terre est respectée la vie de tous les peuples l’est également. Nous sommes tous des peuples indigènes.
Echanges d’informations sur la situation en France et dans le monde
Philippe nous fait part de la situation à Bure, de l’historique et de l’actualité de l’opposition au projet d’enfouissement de déchets nucléaires de haute activité (Cigéo).
Elisabeth G. indique que le slogan des opposants au projet Cigéo est « Ni ici, ni ailleurs, autrement ».
L’ancien directeur de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), équivalent de l’ASN aux Etats-Unis, vient de publier un livre : « Confessions of a Rogue Nuclear Regulator » par Gregory Jaczko, Simon & Schuster, 2019, 208 p., 19,80 €.
https://www.alternatives-economiques.fr/etats-unis-lex-gendarme-nucleaire-passe-a-table/00089674
La NRC vient d’annoncer, un an après l’avoir découvert, que les containers de combustibles usés entreposés sur le site de la centrale nucléaire de San Onofré (arrêtée depuis 2012) étaient endommagés. La cause en serait un tremblement de terre.
Une réunion d’antinucléaires est prévue en novembre à Albuquerque (Nouveau-Mexique) sur le décomissionnement.
Un festival international du film sur l’uranium est organisé annuellement depuis 2011 dans différentes villes du monde : https://uraniumfilmfestival.org/fr/a-propos
En France il y a eu plus de 200 mines d’uranium avec des usines de traitement de minerai à proximité. Actuellement il n’y a plus de mine en exploitation et tout l’uranium utilisé par l’industrie nucléaire française est importé (du Kasakstan, du Canada, du Niger, d’Australie). Il existe un « Collectif Mines d’uranium » constitué de différentes associations qui se préoccupent de la situation autour des anciennes mines et usines de traitement d’uranium. Le Collectif des Bois Noir et la CRIIRAD en font partie : https://www.criirad.org/collectif-mines/sommaire.html
Une liste des associations membres est accessible sur le site de la CRIIRAD : https://www.criirad.org/collectif-mines/Y2_Liste_des_associations_CMU.pdf
La porte d’entrée de l’uranium en France est le site de Malvési dans l’Aude, près de Narbonne, sur lequel sont effectués des traitements chimiques du minerai concentré (yellow cake) avant l’étape suivante d’enrichissement qui est réalisée sur le site du Tricastin à cheval sur les départements du Vaucluse, de la Drôme et du Gard. Un collectif de plusieurs associations est mobilisé pour dénoncer les méfaits de l’industrie atomique sur ce site…et ailleurs : http://www.arretdunucleaire34.org/La-porte-d-entree-du-nucleaire
Sites et pages facebook pour en savoir plus :
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?tag=petuuche-gilbert
https://www.facebook.com/NuclearIssuesStudyGroup/
Kurumi et son mari Jon Gomon tiennent un blog en anglais et en japonais pour diffuser des informations sur les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima : https://fukushima311voices.com/
Hervé a été l’interprète des échanges avec Petuuche. Il tient un blog en anglais sur la situation au Japon après Fukushima : https://dunrenard.wordpress.com/
François a rédigé le résumé des échanges et indiqué quelques liens utiles pour rechercher des informations complémentaires.
This is the last part of Wendsler Nosie Sr.’s speech in Paris, on March 23, 2019. Please also see Part One and Part Two. Not everybody will agree with his views about the way to struggle. However, we can understand that the situation is particularly difficult for Apaches. As he says below, 90% of the Apaches have been exterminated. The survivors have been split into many small reservations. His reservation, San Carlos, has first been a prisoner’s camp, and when it became a reservation, 15 different branches of Apaches were just put together. In his – spiritual – way, Mr. Nosie is struggling for rights, for respect and, most of all, for Mother Earth.
Christine Prat
“WHEN THEY FIRST CAME TO AMERICA, IT WAS NOT TO BETTER AMERICA, IT WAS TO TAKE FROM AMERICA TO BRING BACK TO THE COLONIZERS’ COUNTRIES OF EUROPE”
Speech by Wendsler Nosie Sr.
Transcribed by Christine Prat Français
“What we see today, is still the same as in the very beginning, when they came to our country. Which means that, when the first people came, they came for the resources, to bring back to Europe. Until those who were there realized that they could keep it for themselves. Many of the tribes in the eastern part of the United States were either exterminated or removed, forced to go west. That’s a very sad history, because those tribes tried to keep the treaties with the original countries. So, if you look at a pond of water, it is still, it is not moving. You drop a little pebble. It creates a first ring and then it starts moving out. Then, more rings are formed, they move out. So, what we are saying is that the first ring lied to the rest, they were moving out, they were coming. So, this is the part where I say about what was told to me: ‘Don’t hate’, because there was a deception. Even the people who came from Europe, 2nd, 3rd, 4th, 5th generations, were lied to. So, as Native People, we have to educate ourselves about that.
“But some don’t like that road, they want to be tough, rude, mean. But I tell them ‘We have to be smarter’. Because the strategy of America was a good strategy for the first Americans. So, 90% of our peoples were wiped out. So, there is no way we will ever rebel. That means we have to get smarter.
“But now it comes down to leaders. Leaders can teach you different ways. But the old ones said it must be spiritual. Because they are your family too. So, the Creator has created all of us. There is only one God. And we are all his children. So, that’s the road that I walk on. And that’s the teaching I had to go with before my people. You can imagine, going before all the tribes of America! What I was worried about, was how would they feel. But what was really good to my heart, was that they are looking for the same road.
“I am really happy about, that in America, it has become a fight about water. Standing Rock – you may have heard of Standing Rock – really pushed it out for all Americans, about the importance of water. The children are speaking – and now you see many Native Americans, White Americans, African Americans, Mexican Americans – young people standing together now. So, I am really proud of the young people. They are taking more responsibilities in asking questions. Because it comes back to the rest of us. Like, I tell people ‘Be honest, tell the truth’. So, for me, I tell America, the way we talk about what’s evil, ghosts, evil – we are portrayed as saying this as ‘ghost’, and ‘this is the evil’ – we are talked to look at it like this and be afraid of it. But everything changes, everything modifies. But we really have to look deep to find out what really evil is. So, with the people I met in the country, in the United States and elsewhere – I didn’t go to India but I had a chance to meet people from India, from Africa, from South America, from Jakarta, Indonesia – they are all looking too, trying to understand.
“So, I tell America, in my homeland, where I am from, we are new and we are old. A person from my people, in 1927, died as a prisoner of war. Not these World War I or World War II, he was in prison since the 1890’s, from the American War. So, where I am from, we did not start getting our voice until the 1980’s. That’s why I say ‘we are new and old’, meaning that we are new to what America has brought to the West, but then, we are old in the old ways. So, I tell the people of America – that I can honestly say from my heart – ‘I don’t hate you, but the thing you did was that you brought the oldest evil to North America’. So, I say that our young people go around saying ‘Resist, resist!’ or ‘Decolonize! We need to decolonize’, and I say to them ‘It’s not us, it’s YOU guys, YOU guys need to decolonize’. Because, if you look at history, where did slavery start? Where did words like ‘pagan’ come from? It started here, and I don’t mean to offend anybody, but it started with the kings, the first type of government.
That’s why I say, when they first came to America, it was not to better America, it was to take from America to bring back to the colonizers’ countries of Europe. Because, if America is really home to you, why at Oak Flat are you still giving things to Europe? If this place is really home, you take care of what you have.
“I just want to end with what my mother told me, the very first time I came here to Europe, 22 years ago. My mother sits me down and says ‘Remember, if the plane doesn’t work, they came on boats, you can always get on a boat and come home’. She was very serious. I thought she was joking, but what she told me was ‘Son, you’re going back to the oldest people, where these people that came here in America came from. So, you’re probably going to talk to their family, please tell them to tell their families over here to behave.’
“Thank you.”
RESOLUTION COPPER, THE PROJECT
Apache Leap. The Resolution Copper site is just above, not visible from the road
Apache Leap, Resolution Copper East site and right above, the place where the crater should come
Both sites owned by Resolution Copper. The other photos have been taken from the road that goes around the mountain.
See also animation by Resolution Copper on their future plans.
Dernière partie de la conférence donnée par Wendsler Nosie Sr. à Paris, le 23 mars 2019. Voir également les 1ère et 2ème partie. Tout le monde, chez les Autochtones et d’autres, n’est pas d’accord avec sa vision de la manière de mener le combat. Cependant, la situation est particulièrement difficile pour les Apaches. Comme il le rappelle, 90% des Apaches ont été exterminés. Les survivants ont été disséminés dans de nombreuses petites réserves, éloignées les unes des autres. A San Carlos, qui fut d’abord un camp de prisonniers avant de devenir une réserve, 15 branches différentes d’Apaches se sont retrouvés ensemble. Selon sa propre voie – spirituelle – M. Nosie combat pour les droits, pour le respect, et, par-dessus tout, pour Notre Mère la Terre.
Christine Prat
Discours de Wendsler Nosie Sr.
Transcription et traduction Christine Prat English
“Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est toujours la même chose depuis le début, lorsqu’ils sont arrivés dans notre pays. Je veux dire par là que, quand les premiers sont venus, c’était pour les ressources naturelles, qu’ils voulaient ramener en Europe. Jusqu’à ce que ceux qui étaient là se rendent compte qu’ils pouvaient les garder pour eux-mêmes. Beaucoup de tribus de l’est des Etats-Unis ont été exterminées ou chassées, forcées d’aller vers l’ouest. C’est une histoire très triste, parce que ces tribus avaient essayé de respecter les traités signés avec les pays coloniaux d’alors. C’est comme quand vous regardez une étendue d’eau calme, ça ne bouge pas. Et vous jetez un petit caillou. Ça forme un premier cercle, puis ça s’étend. De plus en plus de cercles se forment. Et là, je dis que le premier cercle a menti aux autres, ils se déplaçaient, ils arrivaient. C’est pourquoi je veux dire ce qui m’a été dit : ‘N’aie pas de haine’, parce qu’il y a une tromperie. Même les gens qui sont venus d’Europe comme 2e, 3e, 4e, 5e générations, on leur avait menti. En tant qu’Autochtones, nous devons apprendre cela nous-mêmes.
“Mais certains n’approuvent pas cette voie, ils veulent être durs, violents, retords. Mais je leur dis ‘Nous devons être plus intelligents’. Parce que la stratégie Américaine était bonne pour les premiers Américains. 90% de nos peuples ont été éliminés. Alors, il n’est plus possible de se rebeller. Ce qui veut dire qu’il faut être plus intelligents.
“Et maintenant, on en vient aux dirigeants. Les Anciens disaient que ça devait être spirituel. Parce qu’ils sont de votre famille aussi. Le Créateur nous a tous créés. Il n’y a qu’un Dieu. Et nous sommes tous ses enfants. Alors, c’est la voie que je suis. Et c’est ce que je devais enseigner à mon peuple. Alors, vous imaginez, aller l’enseigner à toutes les tribus d’Amérique ! Ce qui m’inquiétait, c’était comment ils le ressentiraient. Mais ce qui réchauffait mon cœur, c’était qu’ils cherchent tous la même route.
“Je suis vraiment heureux qu’en Amérique, ce soit devenu un combat pour l’eau. A Standing Rock, ils l’ont mise en avant pour tous les Américains, l’importance de l’eau. Les enfants parlent – et maintenant on voit beaucoup d’Amérindiens, d’Américains Blancs, d’Africains-Américains, de Mexicains Américains – beaucoup de jeunes gens qui résistent ensemble. Je suis très fier des jeunes. Ils assument plus de responsabilité en posant des questions. Parce que ça nous ramène à nous autres. Ainsi, je dis aux gens ‘soyez honnêtes, dites la vérité’. Alors, je dis à l’Amérique, quand on parle de ce qui est le mal, les fantômes – nous sommes supposés dire ‘fantôme’ et ‘c’est le mal’ – on nous convainc, quand on le regarde, d’en avoir peur. Mais tout change, tout se modifie. Et il faut regarder très profondément pour découvrir ce qu’est vraiment le mal. Les gens que j’ai rencontrés dans le pays, aux Etats-Unis et ailleurs – je ne suis pas allé en Inde, mais j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens de là-bas, d’Afrique, d’Amérique du Sud, de Jakarta, en Indonésie – ils cherchent tous aussi, ils essaient de comprendre.
“Je dis à l’Amérique, mon pays natal, là d’où je viens, nous sommes nouveaux et nous sommes anciens. Quelqu’un de mon peuple, est mort comme prisonnier de guerre en 1927. Pas la Première ni la Deuxième Guerre Mondiale, il était en prison depuis les années 1890, le temps de la Guerre Américaine. Là d’où je suis, nous n’avons pas eu la parole avant les années 1980. C’est pourquoi je dis ‘nous sommes nouveaux et anciens’, je veux dire par là que nous sommes nouveaux pour ce que l’Amérique a amené dans l’Ouest, mais nous sommes anciens dans les voies anciennes. Alors, je dis au peuple d’Amérique – et je le dis honnêtement du fond du cœur – ‘Je ne vous hais pas, mais ce que vous avez fait est d’avoir apporté le mal le plus ancien à l’Amérique du Nord’.
Alors, nos jeunes répètent partout ‘résistez, résistez !’ ou ‘décolonisez ! Il faut décoloniser’, mais je leur dis ‘Ce n’est pas nous, c’est VOUS les Blancs, VOUS qui devez décoloniser’. Parce que, si on regarde l’histoire, où l’esclavage a-t-il commencé ? D’où viennent des mots comme ‘païen’ ? Ça a commencé ici, et je ne veux offenser personne, mais ça a commencé avec les rois, le premier type de gouvernement.
Ce que je dis, c’est que quand ils sont venus en Amérique, dès le début, ce n’était pas pour rendre l’Amérique meilleure, c’était pour prendre ce qu’ils pouvaient à l’Amérique et le rapporter aux pays colonisateurs d’Europe. Parce que, si l’Amérique était vraiment où vous vous sentez chez vous, pourquoi, à Oak Flat, vous continuez à donner des ressources à l’Europe ? Si ce lieu était vraiment chez vous, vous prendriez soin de ce que vous avez.
“Je vais terminer avec ce que ma mère m’a dit, la toute première fois où je suis venu en Europe, il y a 22 ans. Ma mère s’est assise et dit : ‘Souviens-toi, si l’avion ne fonctionne pas, ils sont venus en bateaux, et tu peux toujours prendre un bateau pour rentrer’. Elle était très sérieuse. Je croyais qu’elle plaisantait, mais elle voulait me dire : ‘Mon fils, tu retournes chez les gens les plus anciens, là d’où venaient ces gens qui sont venus en Amérique. Alors tu pourras probablement parler à leurs familles, s’il te plaît dis à leurs de dire à leurs familles ici de bien se tenir.’
“Merci.”
RESOLUTION COPPER, LE PROJET
Apache Leap. Le site de Resolution Copper est juste au-dessus, pas visible du bas.
Apache Leap, avec le site de Resolution Copper et dans le coin en haut à droite, l’endroit où sera creusé le cratère
Les deux sites appartenant à Resolution Copper. Les autres photos ont été prises de la petite route qui contourne la montagne.
Voir aussi la vidéo de Resolution Copper sur l’avenir du projet.
NON ! PAS DE DECHETS RADIOACTIFS ! LE TEXAS ET LE NOUVEAU-MEXIQUE NE SONT PAS DES TERRAINS VAGUES !
Par Ian Zabarte, Shoshone de l’Ouest
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
9 juin 2019
Le projet de transporter les déchets des réacteurs nucléaires de tout le pays dans la région du Texas / Nouveau-Mexique, devrait être arrêté immédiatement, vu les risques de contamination radioactive résultant de fuites, d’accidents ou d’attaques terroristes. Notre santé, notre sol et nos nappes phréatiques seraient menacés si des déchets contenant du plutonium et de l’uranium étaient transportés, à raison de 10 000 transports pendant 20 ans. Une personne se trouvant à proximité des déchets mourrait en une semaine.
Déverser des déchets radioactifs sur une population majoritairement hispanique, avec peu de ressources pour se défendre, serait une injustice écologique extrême. Les habitants de l’ouest du Texas et du Nouveau-Mexique ne bénéficient pas de l’électricité produite par les réacteurs nucléaires d’autres états, et ne méritent pas d’en être envahis.
Les Spécialistes du Contrôle des Déchets (WCS) ont déjà demandé une licence à la Commission de Régulation Nucléaire pour entreposer des déchets hautement radioactifs pendant 40 ans dans leur site à la frontière du Texas et du Nouveau-Mexique. [Voir carte ci-dessous]
Le gouvernement fédéral sait que personne ne veut de déchets radioactifs, et il a donc cherché des communautés “volontaires” pour les accepter.
Avec cette idée derrière la tête, le Ministère de l’Energie des Etats-Unis a tenu huit réunions “basées sur le consentement” en divers endroits du pays, mais ne sont pas venus au Texas ni au Nouveau-Mexique, des états considérés comme le degré zéro pour les déchets radioactifs. Ils ont fait croire aux autres communautés que le Texas et le Nouveau-Mexique acceptaient les déchets radioactifs, se fondant sur un vote des Commissaires du Comté d’Andrews, au Texas. La vérité est que beaucoup de gens du Comté d’Andres sont opposés au projet, mais ils n’ont jamais eu l’occasion de voter. Il faudrait qu’ils puissent le faire.
Il n’y a pas besoin de consolider les déchets radioactifs pour les entreposer. Ils peuvent rester où ils sont, ou près de l’endroit où ils sont produits. La Commission de Régulation Nucléaire avait dit auparavant que l’option la moins risquée était de garder les déchets où ils sont.
Audience sur l’Energie et le Commerce des déchets nucléaire, 13 juin 2019 : NWPA 2019, HR2699 [proposition de loi de la Chambre des Représentants], priorité des Déchets HR2995 [idem], Loi sur l’Entreposage du Fuel Nucléaire HR3136 [ibidem].
Photo de la présentation de Leona Morgan, activiste anti-nucléaire, Diné du Nouveau-Mexique
ARRÊTEZ LE GÉNOCIDE CULTUREL !
Publié par Protect The Peaks
Le 8 juin 2019
Egalement publié sur
Censored News
Traduction Christine Prat
FLAGSTAFF, Arizona – La station de ski controversée Arizona Snowbowl projette de reprendre ses attaques contre les Peuples Autochtones et l’environnement, sous forme d’un “Plan Général d’Aménagement” qui menace les Pics Sacrés San Francisco d’une nouvelle expansion et d’une nouvelle profanation.
Des représentants de Snowbowl ont tenu des réunions secrètes avec des politiciens de la région pour s’assurer d’un soutien politique pour leur projet, mais cependant n’ont rencontré aucun représentant des Nations Autochtones. Bien que les détails du projet n’aient pas encore été publiés, Snowbowl a révélé songer à de nouveaux équipements, de nouveaux remonte-pentes, 5 nouvelles pistes, du ski de nuit, et de la tuyauterie.
Les propositions de Snowbowl, qui constitueraient une profanation à longueur d’année, incluent “une piste de luge sur rail, une piste de luge d’été, un circuit de tyrolienne, du VTT, l’extension du golf circulaire, un mur d’escalade, et des concerts en plein air.”
Snowbowl a déclaré avoir l’intention de soumettre les projets d’expansion au Service des Forêts des Etats-Unis pendant l’été 2019. Cela entraînerait une procédure selon la Loi sur la Politique Environnementale Nationale (NEPA) et exigerait une forme quelconque de participation et de commentaires du public, ce qui, selon Snowbowl, devrait se faire dès l’automne 2019. “La réalisation des projets proposés devrait commencer au plus tôt en 2021.”
Dans un document intitulé “Arizona Snowbowl Livre sa Vision pour le Prochain Chapitre,” le propriétaire du domaine skiable James Coleman, de Mountain Capital Partners, déclare “Nous sommes guidés par notre mission ‘le Ski d’abord’.”
Les Pics San Francisco sont situés dans le Nord de l’Arizona et gérés par le Service de la Forêt Nationale de Coconino, en tant que terres publiques.
Les Pics sont considérés comme sacrés depuis des temps immémoriaux par les Diné (Navajo), les Hopi, les Zuni, les Tewa, les Hualapai, les Havasupai, les Apaches Yavapai, les Yavapai-Prescott, les Apaches Tonto, les Apaches de White Mountain, les Apaches de San Carlos, les Paiutes du Sud San Juan, les Apaches Mohave de Fort McDowell, et les Acoma.
Depuis des décennies, des Nations Autochtones et des groupes de défense de l’environnement ont entamé de nombreuses poursuites en justice pour mettre un terme à l’expansion de la zone de ski. Ces affaires ont constitué des précédents légaux pour la liberté religieuse des Autochtones et les sites sacrés.
Après que ces affaires en justice aient échoué et que de nombreuses actions directes aient été organisées, Snowbowl a abattu des arbres pour faire de nouvelles pistes, construire de nouveaux remonte-pentes, et est devenue la première station de ski au monde à faire de la neige artificielle avec 100% d’eaux usées recyclées. Snowbowl est actuellement autorisée par le Service des Forêts des Etats-Unis, à utiliser 800 millions de litres d’eau d’égout par saison. Bien que des groupes de défense de l’environnement aient prévenu que les eaux usées recyclées contenaient des produits pharmaceutiques, des hormones, et des gènes favorisant la résistance des bactéries, la ville de Flagstaff maintient son contrat de vente d’eaux usées à la station de ski.
“Snowbowl, le Service des Forêts et la ville de Flagstaff font des profits en tuant les cultures Autochtones,” dit Klee Benally, un bénévole de Protect The Peaks. “Nous devons bloquer l’attaque par Snowbowl de notre survie culturelle et de nouvelles destructions écologiques. La Loi sur la Politique Environnementale Nationale et les tribunaux nous ont déjà trahis, nous ne devons pas trahir nos ancêtres ni les générations à venir.”
#stopsnowbowl #protectthepeaks #defendthesacred
AGISSEZ :
Prenez contact avec la Superviseuse de la Forêt du Comté de Coconino, Laura Jo West et exigez la révocation du Permis d’Utilisation Spéciale de Snowbowl, et que ses services empêchent toute nouvelle profanation des Pics Sacrés San Francisco.
Email : ljwest@fs.fed.us
Adresse : 1824 S. Thompson St., Flagstaff AZ 86001
Tél. : (+1 928) 527-3600
Heures d’ouverture : 8h à 16h, du lundi au vendredi (sauf jours fériés)
Prenez contact avec le Conseil Municipal de la ville de Flagstaff et demandez leur “rompre immédiatement leur contrat avec Snowbowl.”
Email : council@flagstaffaz.gov
Tél. : (+1 928) 213-2015
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Michelle Cook, photo Brenda Norrell
CRIMINALISATION DES PEUPLES AUTOCHTONES, LES COMPAGNIES PETROLIERES INVENTENT DE NOUVELLES LOIS CONTRE “L’INCITATION A L’EMEUTE” APRES STANDING ROCK, MICHELLE COOK, DINÉ [NAVAJO] TEMOIGNE DEVANT LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME EN JAMAIQUE
Témoignage de Michelle Cook, Diné
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
21 mai 2019
Traduction Christine Prat
KINGSTON, Jamaïque – Les Etats-Unis ont entrepris de criminaliser les Peuples Autochtones à Standing Rock, et continuent d’abroger des droits humains par une nouvelle législation, inventée par les compagnies pétrolières, dit Michelle Cook, Diné, à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, en Jamaïque.
Les Etats-Unis vous diront que leur Etat protège les Peuples Autochtones et soutiennent la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones des Nations Unis, dit-elle. “Ils vous parleront d’une politique de consultation, en accord avec les droits de l’homme.” “Ce qu’ils ne vous diront pas, c’est que ces droits sont abrogés, anéantis et détournés pour les profits privés de compagnies pétrolières comme ETP (Energy Transfer Partners) et TransCanada.”
“Je suis ici pour exprimer le point de vue Indien sur ce que nous avons appris pendant et après les évènements de Standing Rock contre l’oléoduc Dakota Access.”
“Dans le cas du Dakota Access, pendant sept mois, de septembre 2016 à février 2017, au moins 76 services de maintien de l’ordre et 35 services fédéraux et firmes de sécurité privées, embauchés par la compagnie pétrolière, ont été présents à un moment ou un autre.”
“Au cours des sept mois, des procureurs agressifs ont condamné 841 protecteurs de l’eau qui usaient pacifiquement de leur Droit constitutionnel d’Assemblée.” Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés ont été détenus dans des conditions inacceptables et maltraités. Ils ont été fouillés et déshabillés sans raison et enfermés pendant des heures dans des conditions humiliantes, dit Michelle à la Commission.
Les autorités locales ont agressivement poursuivi 841 protecteurs de l’eau, en dépit du manque de raisons valables et de ce qu’il n’y ait pas de preuve dans la grande majorité des cas. “Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau a entamé une poursuite collective [‘class action’] pour les blessures infligées le 20 novembre.”
Maintenant, suite à Standing Rock, dit Michelle, “les intérêts du pétrole et du gaz poussent à criminaliser les protestations contre leurs projets de carburants fossiles, en inventant des lois visant explicitement à protéger leurs infrastructures les plus sensibles contre le sabotage.” Actuellement, 95 lois anti-protestations sont proposées dans 35 états, y compris le Dakota du Nord. 14 d’entre elles sont passées, 24 sont encore en suspens, et 55 ont expiré ou ont été repoussées. Il y en a actuellement 28 en attente dans la législation d’états. Au Texas, la Proposition 3557 ferait de certaines formes de protestations un crime de second degré, équivalent à un meurtre de second degré. Dans le Dakota du Sud, la loi sur l’incitation à l’émeute a créé un fonds spécial pour poursuivre des groupes qui ne se trouvent pas dans l’état, en réaction directe à Standing Rock.
“Nous encourageons la Commission à examiner ces lois et à suivre les recommandations du Rapporteur Spécial.”
Michelle a témoigné avec Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui témoignait sur la militarisation de la frontière; Casey Camp Horinek, membre du Conseil Tribal Ponca, sur les arrestations abusives à Standing Rock; et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné, Michael Little Feather Giron, Chumash.
Michelle Cook est une avocate Diné [Navajo], et l’organisatrice de la délégation de femmes à la Commission en Jamaïque.
Elle est fondatrice de Désinvestir, Investir, Protéger. Michelle est membre de la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo et co-fondatrice du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock. En tant que diplômée du Programme Fulbright [un programme d’échanges universitaires], elle a vécu en Nouvelle-Zélande et étudié la culture Maori. Elle est allée en Iran au cours d’un échange culturel et était présente à la Conférence sur la Terre Mère à Cochabamba, en Bolivie, en 2010. Elle poursuit actuellement des études pour obtenir un diplôme supérieur, dans le cadre du Programme de Droit et Politique des Peuples Autochtones à l’Université de Tucson, Arizona.
©Brenda Norrell
Ofelia Rivas en Jamaïque, photo Brenda Norrell
LA SECURITE INTERIEURE U.S. MALTRAITE LES TOHONO O’ODHAM DANS LEUR PROPRE TERRITOIRE. TEMOIGNAGE D’OFELIA RIVAS EN JAMAIQUE.
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
19 mai 2019
Traduction Christine Prat
KINGSTON, Jamaïque – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, a dit dans son témoignage que les gens de son peuple étaient maltraités par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis, et que son territoire était militarisé, tout comme c’est le cas à Standing Rock.
S’adressant à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, Ofelia parla de 500 ans de politiques génocidaires qui aboutissent aujourd’hui à ce que son peuple soit constamment attaqué par les Etats-Unis. “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham” dit Ofelia.
A la suite de son témoignage, lorsqu’elle est retournée chez elle, elle a été retardée pendant deux jours, subissant des fouilles répétées, les autorités des Etats-Unis ayant mis le statut ‘SSSS’ sur ses cartes d’embarquement, de Miami à l’Arizona.
Elle commença son témoignage en Jamaïque en saluant le Peuple Arawak, ancêtres des Autochtones de l’île. Ofelia dit qu’elle parlait en tant que descendante et témoin direct de plus de 500 ans d’atroces politiques de génocide contre les Peuples Autochtones, de la part des gouvernements des Etats-Unis.
Le Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848, et l’Acquisition Gadsden en 1953, ont divisé son territoire d’origine entre deux pays, les Etats-Unis et le Mexique, ont déplacé des O’odham et les ont exilés, dit-elle dans son témoignage. “Aujourd’hui, aux Etats-Unis, nous existons sur un dixième de nos territoires d’origine.”
Ofelia dit comment les territoires O’odham au Mexique avaient été perdus. “Nos terres ont été volées et vendues par le gouvernement de l’état, et reprises par les cartels de la drogue” dit-elle dans son témoignage.
Dans la Nation Tohono O’odham [la Réserve dirigée par le Conseil Tribal, dans le sud de l’Arizona – NdT], l’impact le plus récent a été la militarisation de nos territoires, après le 11 septembre [2001]. “Des lois racistes et inhumaines, comme le Patriot Act, et les lois sur l’immigration” ont conduit à des maltraitances constantes des Tohono O’odham. “Maintenant, des gens sont attaqués avec des chiens.” “Leurs domiciles sont envahis et ils sont détenus dans leur propre maison, avec leurs enfants.” “Les gens sont attaqués par des militaires armés, forcés de quitter la route, et détenus sans raison.” “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham.”
Ofelia dit avoir été témoin de comment des Anciens O’odham, de plus de 80 ans, avaient été mis à genoux près de la route, les bras en l’air, parce qu’ils n’avaient pas compris les exigences de prouver leur citoyenneté. “Ils parlent leur propre langue et ne comprennent pas les ordres de parler Anglais ou Espagnol” dit-elle dans son témoignage.
Elle dit que l’intention des Etats-Unis était d’éradiquer les gens dits ‘inférieurs’ par sa politique génocidaire. Ofelia dit aussi que l’intention des Etats-Unis était d’appliquer leur politique de ‘destiné manifeste’, comme le monde entier avait pu le voir lors de l’attaque des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock.
“Je prie pour que tous les animaux, les plantes, les êtres vivants soient reconnus et protégés” dit-elle pour conclure.
Ofelia a témoigné de la criminalisation des Peuples Autochtones avec Michelle Cook, avocate et organisatrice Diné, Casey Camp, membre du Conseil Tribal Ponca, et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné Michael Little Feather Giron.
La délégation de femmes Autochtones a témoigné le 9 mai, à Kingston, à l’Université des Indes Occidentales.
La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a entendu des témoignages de l’ensemble des Amériques.
©Brenda Norrell
LEONA MORGAN, DINÉ, ACTIVISTE ANTI-NUCLEAIRE, SERA A LA SALLE DES FÊTES DE BETANCOURT-LA-FERREE LE 24 MAI 2019
Nucléarisation d’un territoire et peuples autochtones
Conférence de Leona Morgan à la salle des fêtes de Bettancourt-la-ferrée : vendredi 24 mai 2019, de 20h à 22h30
Avec le CSIA-Nitassinan, CEDRA, Meuse Nature Environnement et le Réseau Sortir Du Nucléaire
Leona Morgan est une organisatrice communautaire autochtone et une activiste en lutte depuis 2007 contre le colonialisme nucléaire dans le sud-ouest des États-Unis. Ses principaux objectifs sont d’empêcher l’ouverture de nouvelles mines d’uranium et de nouvelles décharges nucléaires, ainsi que de lutter contre le transport de matériaux radioactifs.
Leona Morgan a co-fondé et travaille avec Diné No Nukes (http://www.dinenonukes.org), Radiation Monitoring Project (www.radmonitoring.org) et Nuclear Issues Study Group (www.fb.com/NuclearIssuesStudyGroup). Elle collabore également avec des groupes et activistes anti-extractivistes et anti-nucléaires à l’international en organisant des rassemblements dans le but de faire face au cycle complet de l’énergie nucléaire.
Leona est Diné de la nation Navajo, elle vit à Albuquerque au Nouveau-Mexique.
À l’occasion d’une tournée en Europe qui la mènera jusqu’au forum social antinucléaire à Madrid, Leona sera de passage en Meuse et en Haute-Marne, où elle donnera notamment une conférence à Bettancourt-la-ferrée, où elle abordera les sujets de la nucléarisation du Nouveau-Mexique, de la résistance à cette nucléarisation, de la problématique des peuples autochtones face au nucléaire, de la journée d’action du 16 juillet et des outils de mesure des risques radioactifs.
Pour en savoir plus sur Leona, cliquer ici (article de 2017, d’après une interview réalisée à Albuquerque, en septembre 2017) Christine Prat