RAPPORT SUR LA CONVERGENCE ANARCHISTE AUTOCHTONE QUI A EU LIEU A BIG MOUNTAIN-FLAGSTAFF 14-18 AOÛT 2019

Publié sur le site Taala Hooghan
Et Indigenous Action Media
Le 6 septembre 2019
Traduction Christine Prat

“Pour ce que ça vaut, nous aurons établi une façon de vivre à la fois Autochtone, c’est-à-dire du territoire où nous nous trouvons réellement, et Anarchiste, c’est-à-dire sans contrainte autoritaire.” – Aragorn!

“Mes ancêtres voulaient l’autonomie, et c’est ce que je veux aussi.” – Jaydene, The Tower

“Nous vivons ici depuis bien avant le gouvernement des Etats-Unis, et nous continuerons à vivre ici longtemps après qu’il ait cessé d’exister” – résistant Diné au déplacement [de population].

Voir aussi l’interview d’Andrew Pedro, Akimel O’odham, avec vidéo sous-titrée en français et texte intégral de l’interview, également en français, sur le même sujet.

Kinłani/Flagstaff, Arizona – Plus de 120 participants et plus de 30 groupes et organisations ont convergé à l’Infoshop Táala Hooghan pour discuter, débattre et échanger leurs perspectives sur l’Anarchisme Autochtone.

L’appel initial à la convergence déclarait “… nous appelons tous ceux qui cherchent une vie épanouissante, libre de la domination, de la coercition et de l’exploitation, à se rassembler autour de ce feu. Pour ceux que répugnent les fascinations pour des pensées d’hommes Blancs morts (et leurs académies et leurs lois), et les “activismes décolonisateurs” réformistes et réactionnaires,” et les politiques dépourvues d’imagination du cirque gauchiste dans son ensemble. Pour toutes ces forces ingouvernables de la Nature…”

Bien que des réactions gauchistes soient souvent reproduites et que beaucoup de temps ait été passé en des présentations longuement répétées à l’avance, les buts initiaux de se rassembler et d’interroger les propositions de l’Anarchisme Autochtone ont été atteints. Nous avons pu aussi coordonner ce rassemblement avec un budget de moins de 800 dollars (merci à tous ceux qui ont donné en ligne !) en nous appuyant sur l’aide de beaucoup de nos parents à Kinłani, qui ont fait la cuisine, donné de la nourriture, ouvert leurs maisons et se sont proposés comme bénévoles. En cela, la convergence pourrait être comptée comme un succès, mais ce que nous déclarons dans ce rapport ne doit pas être considéré comme une célébration. Ça ne représente absolument pas tout ce dont il a été discuté, mis au défi, débattu ou exprimé. Peut-être que cette proposition incomplète écrite de mémoire, d’après des enregistrements limités et des notes éparses, doit plutôt être vue comme des fragments de pierres sur lesquels nous pouvons nous aiguiser.

Lorsque nous avons publié l’invitation à cette Convergence Anarchiste Autochtone (IAC), nous pensions à un dialogue régional dont la forme viendrait principalement de ceux qui sont déjà familiers des idées sur lesquelles nous avons travaillé, nous n’avions pas prévu l’extraordinaire réaction de gens venus de tous les soi-disant Etats-Unis. Nous avions aussi invité plus particulièrement ces quelques voix que nous avions lues ou avec lesquelles nous avions beaucoup parlé de l’Anarchisme Autochtone (certains n’ont pas pu venir), et en cela, nous savions que nous invitions des gens controversés et qu’il y avait une sérieuse possibilité de réticences. L’agenda a été planifié d’un bloc et bourré de discussions et d’ateliers. Bien qu’un temps considérable ait été prévu pour chaque session (plus de deux heures pour certaines), nous en avons dévié, avons attendu et avons dépassé les temps comme c’est inévitable pour ce genre de choses.

Un rassemblement préliminaire a eu lieu à Big Mountain à l’invitation de Louise Benally et de sa famille, qui résistent au déplacement forcé en restant sur leurs terres ancestrales. Cette région a été déclarée Nation Diné Souveraine par les résidents qui affirment leur autonomie, hors du contrôle des gouvernements US et Tribal. Bien que seulement quelques participants de la convergence aient été présents, les contacts et les discussions (essentiellement en Diné bizaad), ont abordé les luttes territoriales, le changement climatique, l’extraction de charbon, la médecine traditionnelle et l’autonomie.

Le rassemblement a aussi été une célébration de la fermeture de la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], une centrale au charbon de la région, qui avait rempli son dernier train de charbon la veille. Les matriarches Diné Rena Babbit Lane et Ruth Baikedy nous ont rejoint le jour suivant, lorsque John Benally a montré aux gens comment chercher les herbes utiles, puis a parlé de la géopolitique du soi-disant conflit territorial Navajo-Hopi. Globalement, le rassemblement préliminaire, tenu près d’un hogan traditionnel sans eau ni électricité, a démontré la force et la détermination des modes de vie traditionnels qui sont l’ossature de la résistance autonome à Big Mountain.

Le vendredi soir, à l’Infoshop Táala Hooghan, la convergence a débuté par une prière, par l’homme-médecine traditionnel Jones Benally, ce qui a connecté le rassemblement aux montagnes sacrées au milieu desquelles nous accueillions tout le monde.

Une déclaration a été faite, prévenant que “ce rassemblement allait être brouillon, que des erreurs seraient commises, et que pourtant nous étions enthousiastes à l’idée des possibilités qui pourraient en sortir. Bien que cette convergence soit prématurée et que nous n’avions pas toute la capacité requise pour l’accueillir, nous ne voulions pas attendre pour le faire, nous voulions pousser les conversations en avant, afin de pouvoir intervenir de façons plus directes et plus efficaces dans les présentes réalités politiques de merde que nous devons affronter. Nous ne voulons pas non plus que vous participiez en vous attendant à ce que cette convergence devienne annuelle, ce qui présenterait le danger que l’Anarchisme Autochtone soit défini par notre contexte et par nos termes, et nous savons que ce rassemblement serait très différent s’il devait avoir lieu dans vos territoires, et que vous feriez certaines choses très différemment de nous. Nous voudrions proposer que la prochaine conférence ait lieu ailleurs, alors pensez-y pendant que vous êtes ici.” Il a aussi été déclaré que l’Infoshop ne pouvait pas garantir être un lieu sûr, mais devait être vue comme un espace menaçant pour toutes formes de comportements oppressifs, et que des agresseurs connus, en particulier les auteurs de violences sexuelles ou fondées sur le genre, seraient expulsés du rassemblement.

Sur le Front Autochtone, il a été question de plusieurs causes de tensions.

Des discussions sur “le bon et le mauvais traditionalisme”, entre autres le défi de “ne pas romantiser l’utopie d’avant le contact”, particulièrement en ce qui concerne les problèmes de genre, ont dominé tout le weekend.

Membre du panel “Localiser un Anarchisme Autochtone”, Chris Finley dit “je veux être certain que les Autochtones queer, les gens qui ont deux esprits, sont des gens sacrés. Être queer n’est pas un résultat de la colonisation, c’est une idée de con. Je veux être sûr que nous sommes des membres sacrés de notre communauté. Une des choses que nous pouvons faire, pendant que les colons se débrouillent avec leur merde, c’est de travailler sur l’homophobie dans nos communautés, parce que c’est un aspect extrêmement important de comment l’Etat colonial maintient son pouvoir, et ce sont des choses sur lesquelles nous pouvons agir maintenant.”

Brandon Benallie, de l’Infoshop Ké’, dit “le Traditionalisme n’est pas la même chose que nos modes de vie. Le Traditionalisme est comme une pièce de musée posée sur une étagère et qui vieillit, alors que nos modes de vie accumulent les connaissances et grandissent indéfiniment, ce sont les gens qui vieillissent qui ne veulent pas grandir.”

Une autre question débattue était “comment faisons-nous avec les Anciens ou réagissons-nous vis-à-vis des Anciens qui nous disent de rentrer au campement ?” Cela s’adressait essentiellement aux expériences de Standing Rock, où des Anciens ont retenu des gens à distance des lignes de front. Des anecdotes ont été racontées, qui ne nous fournissaient pas de tactique claire, à part reconnaître qu’il y a “des Anciens qui vieillissent”, et que c’est un défi pour nous de comprendre comment réagir à cette dynamique fondée sur les situations dans nos communautés. Julie Richards, aka MAMA Julz, une protectrice de l’eau de Mothers Against Meth Alliance, dit : “Je veux faire partie de ces Anciens qui s’enchaînent encore sur les lignes de front pour sauver nos territoires et les générations futures.”

Les politiques concernant l’identité ont aussi dominé, entre autres la mention d’un manque d’attention aux problèmes des transsexuels et des Afro-Autochtones. Les questions sur la politique d’identité ont porté spécialement sur les Autochtones supposés ‘passer pour Blanc’ [pour cause de métissage de leurs ancêtres – NdT]. Cela a provoqué des questions sur les tentatives coloniales de “génocide de papiers.” Une personne Afro-Autochtone transsexuelle a dit que leur lutte les mène à “être haïs par la société et les gens pour qui ils se battent.” Il y eut de nombreux appels pour que les espaces d’organisations se concentrent sur les voix de transsexuels et d’Afro-Autochtones. Il y eut aussi des appels à combattre l’hostilité à ce qui est Noir dans l’organisation des Autochtones (comme la cooptation de Black Lives Matter par Native Lives Matter) et à inclure plus largement dans le mouvement Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées [Missing and Murdered Indigenous Women – #mmiw] les transsexuels et les parents avec deux esprits, confrontés à la violence hétéro-patriarcale, en ajoutant #mmiwgts.

Les territoires et les lieux étaient au centre de toutes les conversations, bien qu’il fût fait remarquer que “si Autochtone veut dire appartenant à la terre, qui n’est pas anarchiste Autochtone ?” et que le terme “Île de la Tortue” était trop limité et trop exclusif. Ces tensions ont conduit certains participants Diné et d’autres Autochtones à clarifier la notion que leur anarchisme est une tendance spécifique à cause de leurs différents contextes culturels.

Le terme “décolonisation” parut avoir plus de poids au cours de ces discussions, vu qu’il était utilisé avec parcimonie. Cela bien qu’en un sens, la dynamique de “décolonisation” ait joué autant que dans d’autres cercles. Le terme “décolonisation” est utilisé aussi bien dans des contextes radicaux que libéraux, comme terme rhétorique vide, et on le trouve souvent dans des expressions de “reconnaissances de territoire”, alors qu’il devrait être utilisé de manière significative avec et concernant les territoires de Peuples Autochtones sur lesquels on se trouve. Cette dynamique est particulièrement claire de la part de ceux qui sont venus à la convergence de grandes villes. Par certains aspects, leurs contextes semblaient distants et aliénants, une dynamique par laquelle nous nous arc-boutons quand nous sommes confrontés à des universitaires, donc s’était préoccupant bien que pas surprenant, en ce qui concerne le lieu et les façons dont nos protocoles culturels furent ignorés et, en quelque sorte, traités sans respect.

Jaydene, de l’Infoshop anarchiste “The Tower”, au soi-disant Canada, a parlé des efforts “de réconciliation” fait par l’Etat pour aborder le génocide des Peuples Autochtones, “… le colonialisme des colons n’existe pas au passé. Sa violence est omniprésente et constante, en ce moment même, ce soir, où que nous tournions notre regard. La réconciliation c’est l’effacement de cette violence coloniale. La réconciliation – en tant que terme – c’est la résolution d’un conflit, le retour à des relations amicales… La décolonisation – par contre – concerne l’abrogation de l’autorité de l’état colonial et la redistribution des terres et des ressources. Ça implique aussi d’adopter et de légitimer les visions du monde Autochtones précédemment réprimées. Décolonisation n’est pas un mot à prendre à la légère. Nous devons réfléchir à ce qu’est la colonisation pour le comprendre : la domination administrative et économique totale sur un peuple et un territoire. Décolonisation ne signifie pas seulement anticapitaliste, ça signifie anti-état. Je suis intimement persuadé qu’il ne peut pas y avoir de réconciliation qui reconnaisse l’autodétermination des peuples Autochtones tant que l’état du Canada existe.”

Sur le front anarchiste il y semblait y avoir étonnamment moins de désaccord. L’emphase a porté sur un anarchisme Autochtone comme unique tendance radicale anticoloniale s’opposant au biais européen du terme. Des observations ont été échangées sur la manière dont les concepts d’aide mutuelle, de relations sociales non-hiérarchiques, et d’action directe étaient déjà contenus dans beaucoup, mais pas tous, nos différents systèmes de connaissance Autochtones, et sur comment les stratégies révolutionnaires à base étatique, comme le socialisme et le communisme, étaient intrinsèquement anti-Autochtone. Bien qu’il n’y ait pas eu d’accord complet, une tendance exprimée était que l’anarchisme est un outil ou une position que nous pouvons utiliser pour nous distinguer des politiques coloniales gauchistes et libérales (principalement les réformismes et le Marxisme et ses “satellites”). Nous avons perdu peu de temps à parler de l’identité anarchiste Blanche, ce qui est peut-être la principale raison pour laquelle les positions de Anarchist People of Color (APOC – Anarchistes de Couleur), d’accueillir les Autochtones, les Noirs et les Basanés a été invoquée.

Chris Finley a parlé de leur histoire, d’être venus à l’anarchisme par le milieu punk-rock et d’être arrivés à un anarchisme Autochtone féministe, “…je suis revenu à l’anarchie parce que je ne voulais pas seulement savoir contre quoi je suis, je savais bien que c’était de la merde, mais savoir ce pour quoi je voulais être et avec qui je voulais être pour cela. C’est une question difficile, je suis colonisé, c’est très dur pour nous de penser à quelque chose à part cela, donc nous avons besoin d’autres gens pour nous aider à en sortir et imaginer ces questions ensemble.”

Jaydene dit : “L’Anarchisme est une philosophie politique – certains diraient que c’est une belle idée – qui croient en des sociétés qui s’auto gouvernent, sur la base d’une association volontaire les uns avec les autres. Elle défend l’idée de prise de décision non-hiérarchique, la participation directe dans les décisions par les communautés touchées, et l’autonomie pour tous ceux qui vivent. De plus, elle accorde de la place à la valeur d’entités non-humaines par-delà leur valeur monétaire ou leur utilité aux humains. Les enseignements Autochtones que j’ai reçus m’ont communiqué l’idée que nos communautés sont importantes, mais que nous le sommes aussi en tant qu’individus. Les traditions considéraient la prise de décision comme un processus participatif, fondé sur le consensus, dans lequel les communautés choisissaient ensemble. Les enseignements que j’ai reçus me disent que la terre peut nous offrir ce dont nous avons besoin, mais de ne jamais prendre plus que cela. Je trouve ces idées fondamentalement compatibles. J’aimerais voir une anarchie de mon peuple et une anarchie des colons (qui sont aussi mon peuple) mises en pratique ici, ensemble, côte à côte. Avec une distribution égalitaire du pouvoir, chacun entretenant des relations saines, agissant selon leurs propres idées et leur propre histoire. Exactement ce qu’imaginait le [Wampun] à Deux Rangs. J’aimerais que l’état centralisé du Canada soit démantelé. J’aimerais que les communautés prennent la responsabilité de s’organiser en l’absence de ladite autorité centrale. Mes ancêtres voulaient l’autonomie, et je la veux aussi.”

Louise Benally parla de son expérience de la résistance à la déportation forcée à Big Mountain et appela à continuer d’agir pour renverser tous ces systèmes qui détruisent Notre Mère la Terre. Louise déclara que l’anarchisme “veut dire action, que vous croyez en vous-même, que vous croyez en ce de quoi vous allez parler, que vous croyez en ce que vous faites, que vous n’êtes pas lié par un groupe ou une entité gouvernementale, que vous faites ce que vous devez faire. Je crois en la terre et aux esprits qui travaillent à l’intérieur de la terre, c’est ce vers quoi je vais en premier. Travailler avec et par la nature, c’est la seule chose en laquelle je crois, je ne fais confiance à aucun système parce qu’aucun n’a jamais fait quoique ce soit pour moi. Je ne pratique pas le Christianisme, ce n’est pas quelque chose que je comprends, je ne fonde pas ma manière d’agir dessus, je ne crois pas au gouvernement des Etats-Unis, parce qu’il n’apporte que la destruction d’une culture et la consommation de la culture.”

Le panel sur “Localiser un Anarchisme Autochtone” a pris ce nom d’une brochure appelée Aragorn!’s zine, publiée en 2005, dont nous avons lu un passage et fourni une définition de l’anarchisme Autochtone : “Pour ce que ça vaut, nous avons établi un mode de vie qui est à la fois autochtone, c’est-à-dire issu du territoire sur lequel nous sommes, et anarchiste, c’est-à-dire sans contrainte autoritaire.” Aragorn! déclarait : “D’abord, j’ai un gros problème avec l’anarchisme parcellaire, quand les gens se définissent comme anarchistes Blancs, en fait ils veulent dire d’abord Blanc et l’anarchisme est une préoccupation secondaire. J’ai toujours vu l’anarchisme et le fait d’être Autochtone comme des synonymes. Pour moi, l’idée d’un anarchisme qui serait situé ici exactement n’a jamais eu de sens. L’idée d’anarchisme comme une série de valeurs des Lumières occidentales que nous avons plus ou moins apprises à l’école, n’a jamais eu de sens pour moi. Une des choses qui me préoccupent, à propos de ce weekend, c’est que parfois notre enthousiasme est surtout notre problème et la façon dont nous communiquons ce que nous sommes et nos idées d’autre chose, et au cas où quelque chose est aussi important que cette idée, cette idée d’une politique fondée sur le territoire est énorme, et je ne veux pas que ça tourne à la politique habituelle. Je dis cela en sachant que ce sera un défi dès qu’on en arrivera aux détails.”

Après avoir lu l’extrait de “Localiser un Anarchisme Autochtone”, Aragorn! souligna : “Pour moi se sont les seuls termes qui comptent, ‘contrainte autoritaire’ et ‘lieu’.”

Le panel Contre la Politique Coloniale des Colons, le dimanche, confirma que “l’anarchisme est en fait quelque chose que nous pouvons définir nous-mêmes.” Le panel se référa aussi à la déclaration de Russell Means “Pour que l’Amérique Vive, l’Europe Doit Mourir”, en tant que réaction éloquente des Autochtones à l’autoritarisme Marxiste. Une brochure intitulée “Le Marxisme et ses satellites… pour les anarchistes,” a été distribuée, dans laquelle on peut lire “… parce que quelquefois, les gens ne font pas vraiment partie de notre équipe.”

Certaines questions et réponses ont suscité de l’opposition à propos de “la nécessité d’unité de gauche” et de ne pas “perpétuer les disputes gauchistes venues d’Europe”. Il a été répondu que nous “devrions être honnêtes à propos de la politique de gauche, et que les conclusions du communisme et du socialisme sont anti-Autochtones.” Un membre du panel demanda : “Sommes-nous en train de critiquer l’autoritarisme ou les dogmes européens ?” Un tract intitulé “les Drapeaux Rouges des Fascistes Rouges”, donnant la liste des principaux groupes gauchistes fut distribué par quelqu’un qui était à La Conxa, au soi-disant Los Angeles, quand elle a été attaquée par un groupe Maoïste.

Sur le front de l’organisation, de l’activisme et de la lutte, il y a eu de nombreux ateliers sur les luttes à la frontière, qui furent le principal objectif de l’action contre les attaques subies par les territoires et les Peuples Autochtones, pour la convergence. Le Collectif O’odham Anti-Frontière a parlé de leurs stratégies pour maintenir leurs modes de vie malgré l’occupation perpétuelle, les frontières et les barrières édifiées sur leurs territoires traditionnels. Au cours du panel sur l’Organisation Autonome Contre les Frontières, un organisateur de soi-disant El Paso, a parlé de la manière dont leur communauté réagissait aux attaques du suprématisme Blanc, et du fait qu’ils devaient faire face à une répression extrême de la part de l’Etat. Ils ont aussi raconté comment un centre communautaire radical était sapé par “des formes subtiles de suprématie Blanche qui envahit et coopte nos espaces.” Ils se sont insurgés contre “les mécanismes forgeant le pouvoir libéral non-lucratif “, et ont affirmé que “nous ne sommes pas là pour demander des réformes. La loi tue notre peuple.”

Un autre organisateur des territoires Tongva occupés, le soi-disant Los Angeles, a parlé de leur travail consistant à soutenir directement les migrants détenus dans des camps de concentration. L’organisateur a reçu un appel d’une personne transsexuelle détenue dans un des camps et l’a fait entendre au micro. La conversation a été émotionnelle et dure, la tension de leur lutte a rempli la salle jusque dans ses moindres recoins.

Lors du panel “La Solidarité Signifie l’Action, la Lutte Anticoloniale Signifie l’Attaque !”, MAMA Julz dit que “la prière et l’action vont la main dans la main, j’ai toujours insisté là-dessus. Si nous restons à prier et qu’il n’y a personne dehors, rien ne sera fait. Nos ancêtres veulent nous rencontrer à mi-chemin. Peut importe à quel point ça peut être effrayant, souvenez-vous que tant que nous combattons pour les gens et Notre Mère la Terre de la manière qu’il faut, nous serons toujours protégés. Si vous croyez que vous pouvez abattre cette merde, abattez cette merde, mais priez d’abord.”

Leona Morgan, de Diné No Nukes et de Haul No! a parlé de la lutte contre le colonialisme nucléaire qui a laissé des milliers de mines d’uranium abandonnées et répandu le cancer dans les Territoires Autochtones. Elle dit que “70% de l’uranium vient de terres Autochtones” et que les projets actuels d’amener tous les déchets nucléaires des Etats-Unis au Nouveau-Mexique créaient une “zone de sacrifice national”. “Ici, ils disent que l’énergie nucléaire est une solution ‘propre’ au réchauffement climatique, alors que nous sommes ceux qui développent des cancers, nous sommes ceux dont l’eau, les plantes et la nourriture sont contaminés.” Elle se tourna vers les mouvements anti-nucléaires d’action directe qui bloquent les transports d’uranium et appellent à l’aide, et dit “nous avons peut-être besoin de faire ça ici.”

Klee Benally, de Protect the Peaks et un des organisateurs de la convergence, donna un aperçu de la lutte et des échecs des tentatives de bloquer la profanation des San Francisco Peaks sacrés, situés juste à côté de Kinłani/Flagstaff. Une station de ski a été autorisée par le Service des Forêts à faire de la neige artificielle à partir de millions de litres d’eaux usées recyclées, sur la montagne. Klee dit que “les lois coloniales des colons n’ont jamais été faites pour profiter aux modes de vie Autochtones, mais ont été fabriquées pour les détruire. Pour être plus efficaces, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes, et comprendre que Standing Rock a été un échec stratégique qui n’a pas empêché la construction d’un oléoduc, mais bien sûr une réussite sociale et culturelle. Mais nous devons être critiques en temps réel sur ces luttes, afin d’être plus efficaces. Si nous ne parlons pas de nos échecs, comment pouvons-nous apprendre ?”

Le dimanche soir, avant que les gens commencent à échanger leurs adresses, avant le diner et après une conférence, nous nous sommes arrêtés et avons décidé de ne pas terminer selon notre protocole traditionnel.

Un des organisateurs de la convergence avait écrit dans un autre rapport, “à un moment du rassemblement, je m’attendais à être en présence de l’anarchisme autochtone. Je ne savais pas si l’anarchisme autochtone était le feu autour duquel nous allions nous rassembler, si c’était des individus qui convergeaient, ou si c’était un espace vide où des individus allaient allumer le feu. Il est prudent de dire que ce à quoi je m’attendais s’est produit. J’ai été témoin d’un anarchisme autochtone, mais ce n’était pas familier pour moi, un Diné anarchiste… Le potentiel que j’ai découvert lors de la convergence, c’est les particularités de l’anarchie Diné. Des feux faits de cristal et des feux faits de turquoise. Des feux assez intenses pour trouver la lumière d’autres anarchistes Diné dans le monde de ténèbres où je me trouve. Un monde malade de l’industrialisation d’humains civilisés dont la culture de contrôle et de destruction force tout ce qui vit à l’adopter, s’y adapter ou mourir. Je suggère que l’anarchie Diné offre un choix supplémentaire d’attaquer. Un assaut contre notre ennemi qui affaiblit leur emprise, non seulement sur notre monde scintillant, mais sur les mondes des autres. Une occasion pour l’anarchie de Ndee, les O’odham, d’exiger la vengeance sur leurs colonisateurs. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus, aux anarchistes Diné, qu’à dissuader les approbations de la prochaine idole qui requerra notre obédience.”

Pour le moment, nous voyons l’Anarchisme Autochtone comme un point de référence, mais ce terme est si large que tout ce qu’il peut inclure, il peut aussi l’étouffer. Nous n’avons rien à faire d’une restructuration de l’organisation sociale, nous cherchons des formations, des mouvements d’agitation, des interventions inspirés, et des actes menant à la libération totale. De notre perspective, aux pieds de Dooko’oosłííd, nous trouvons plus d’utilité dans la construction contextuelle d’accords profondément enracinés dans nos terres sacrées et nos enseignements. Ceci nous place, dans une certaine mesure, dans une position quelque peu contradictoire avec le nivellement qu’impliquerait un élargissement de la force émergente de l’Anarchisme Autochtone. Comme disait Aragorn!, “l’anarchisme Autochtone est une politique qui doit encore être écrite, et c’est peut-être une bonne chose.”

Pour le moment, nous continuerons à faire de l’agitation, organiser, écrire, discuter, et provoquer l’émergence de tendances autonomes/anti-autoritaires Autochtones vers une libération totale.

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‘BIG MOUNTAIN: LA TERRE, LA RESISTANCE ET LA HAINE DES AUTOCHTONES QUI SE DECHAINE’

Par ©NaBahe Katenay Keediniihii
Publié avec permission sur Censored News
Le 5 septembre 2019
Traduction Christine Prat
(Sur l’histoire de Big Mountain voir aussi article de 2015, sur ce site)

L’histoire des Amérindiens a été réécrite au profit du patriotisme requis par l’agression capitaliste. L’Amérique Autochtone d’avant, possédait déjà la vie intellectuelle, l’éducation et l’autogouvernement. L’égalitarisme était, avec la spiritualité, la valeur suprême. Ce blog espère présenter des idées et une discussion fondées sur la conscience de cela. – Sheep Dog Nation Rocks

Les terres étaient plus sauvages que jamais avant l’invasion européenne. Cependant, les effets graves ou mineurs des sécheresses périodiques au cours des 25 dernières années est évident. Beaucoup de sources naturelles ont disparu. Certaines broussailles et herbes autochtones sont maintenant peu abondantes et disséminées, comme la Rose des falaises qui se maintient à peine en vie. La forêt de genévriers et les prairies ont des couleurs gris sombre ou orange, parce que les prairies de sauge ont cessé d’exister, tout comme les pins donnant des pignons sont en train de s’éteindre. Les loups, les élans, les chevreuils, les lynx et les renards sont plus nombreux. Les plantes envahissantes comme le brome faux-seigle, le chardon russe, les bourgeons de tamaris, absorbent le peu d’humidité qu’il y a dans le sol. Les animaux envahissants, le bétail, ou le bœuf comme ressource, continuent d’avoir tous les droits légaux d’exister. Les herbages sont abondants après un hiver pluvieux, mais ceux qui y broutaient avant, les troupeaux de moutons et de chèvres d’une culture pastorale d’autrefois, ont pratiquement disparu.
Les humains qui y vivaient avant, les Diné (Les Gens) sont peu nombreux, résidant illégalement ou strictement légalement, sont éparpillés sur des kilomètres de vide, laissé par d’anciens voisins qui ont été déplacés de force. Ce traumatisme humain actuel n’implique pas une population de millions de gens ou vivant sous les bombes, mais ça cause tout de même d’horribles souffrances, au moyen d’une agression psychologique subtile et bien pensée. Les enfants des Anciens traditionnels qui ont autrefois développé une résistance culturelle fondée sur la terre, contre la politique fédérale, sont maintenant des gens très âgés à leur tour. Comme la végétation ou les sources naturelles qui meurent autour d’eux, ils s’accrochent à un style de vie qui est en train de se réduire à un souvenir et un rêve. Ils ne peuvent s’occuper de leurs troupeaux de moutons et de chèvres qu’au jour le jour, mois après mois, malgré tous leurs problèmes de santé. Les pratiques de guérison anciennes, fragmentées pendant le choc de la politique de déportation, et les soins médicaux modernes, sont à des heures, par les pistes pour véhicules tout-terrain, qui mènent à ces résistants Diné.

Le combat Diné, qui défie depuis 42 ans la dure loi de l’apartheid, n’est pas terminé. Les résistants et leurs familles étendues réclament toujours du soutien. Ceux qui peuvent paraître n’être qu’une poignée des collectifs de l’extérieur, un mélange de Blancs et non-Blancs, continuent à consacrer leurs congés pour venir soutenir les résistants. C’est une résistance qui a été représentée de diverses manières, de “cœur du mouvement autochtone souverain” à un “génocide politisé, au nom de l’extractivisme de carburants fossiles.” Beaucoup de ceux qui sont sur place et ceux qui les soutiennent relient ce qui se passe pour les Diné à Big Mountain aux luttes universelles, culturelles et sociales, pour la libération et la protection des environnements naturels. C’est toujours une résistance et un combat incessants, pour lesquels les Diné sont aidés par des bénévoles, des gens qui viennent chez eux pour garder les moutons, ou fournir une thérapie mentale en ce lieu oublié, vide et lointain. Des caravanes de soutien sont organisées pour amener des équipes saisonnières pour ramasser du bois de chauffage, réparer les abris et les routes, et livrer de la nourriture et des ustensiles. Ce n’est en aucun cas une forme de protestation organisant des blocages sur des propriétés d’une ville ou d’une entreprise. C’est une véritable solidarité de travail productif et de résultats, entièrement conduite par des Autochtones, des Diné, de ces terres ancestrales particulières.

Les reportages de l’époque, sur les origines de la loi sur la déportation et le partage du territoire reviennent souvent comme gros titres des grands médias, “Le Conflit Territorial Diné-Hopi.” Il faut savoir que, selon les sources historiques, il n’y a jamais eu d’invasion Diné de Black Mesa, qui aurait pillé les Hopis. C’est la résurgence de l’histoire d’une prétendue dispute intertribale qui fait que les Services Policiers Hopi, modernisés et restructurés, subdivision des Services Hopi des Ressources, s’imposent sur les terres ou les pâturages des résistants Diné.
Bien sûr, toutes ces terres de Big Mountain et Black Mesa étaient la copropriété des ancêtres des Diné et des Hopis, et c’était une coexistence Autochtone des villages et des sociétés spécifiques de la région. La politique américaine et la loi tribale imposée par le gouvernement fédéral sont identiques. D’où leur soudaine introduction de cette mentalité raciste et de la “haine” envers les résistants Diné. En générale, les explications ne vont pas plus loin, parce que selon la loi des Etats-Unis, ces gens traditionnels et leurs familles étendues enfreignent un vieil ordre d’expulsion. On dit aux résistants: arrêtez immédiatement de réparer, débarrassez-vous du bois neuf ou des matériaux pour la toiture, le troupeau est hors des limites, vous devez avoir un permis en règle pour couper et transporter du bois de chauffage, toute nouvelle structure pour tirer de l’eau ou récolter doit être démantelée.
Aujourd’hui, cette politique antihumaine et anti-nature des Etats-Unis dans cette région du pays Indien, va bien au-delà des violations des droits humains habituelles. Peut-être est-ce une injonction de suivre la norme du monde où les gens naturellement simples sont déplacés, leur population réduite et torturée jusqu’à l’extinction.
Les Anciens, résistants de Big Mountain, pour la plupart encore traditionnels, avec une connaissance limitée de l’anglais, ne peuvent pas aller à leur rendez-vous chez le médecin ou obtenir les médicaments sur ordonnance, parce que leur Transport Médical Non-Urgent (NEMT) est menacé par les patrouilles de police Hopis. Des membres du personnel des transports agréés et autorisés par le Service de Santé Navajo, ont été menacés par les services Hopi de saisie de leur véhicule. Quelque soient les moyens juridiques ou les réglementations du gouvernement tribal employés, les Anciens dans les territoires soumis à l’apartheid ont de graves problèmes médicaux. Certains pourraient mettre leur vie en danger ou poser des problèmes de santé plus graves encore. Cela se produit au moment où j’écris. Une dame âgée qui a besoin d’un checkup régulier et d’un examen des yeux, ne sait pas si le chauffeur du NEMT arrivera jusque chez elle. Le NEMT et les Infirmières de Terrain prennent déjà beaucoup de risques en prenant les longues pistes pour véhicules tout-terrain, plus deux heures sur les routes goudronnées, et deux allers-retours par jour.
Une Ancienne dit “si les Hopis veulent imposer leur autorité partout, même dans la Nation Navajo, ils doivent commencer par permettre à leur centre médical tribal de se charger des visites d’infirmières et du transport. Mon frère et moi sommes malades à tour de rôle et avons besoin d’aide médicale. C’est déjà assez dur pour les chauffeurs du NEMT et les Infirmières de Terrain, vu que nous vivons dans une zone isolée, loin de l’hôpital.”
Et il y a cette impuissance, à laquelle on ne peut rien faire pour rendre la police responsable. Le pire est que ça se passe dans une région isolée du pays Indien, où il n’y a personne pour faire des rapports sur le nombre de résistants Diné auxquels on refuse une visite au médecin.
De plus, ce problème de résistance à la loi de déportation n’a jamais été vu comme “un Conflit Territorial Navajo-Hopi” par les Anciens de Big Mountain, mais plutôt comme une question de profit pour les grandes entreprises d’extraction des ressources. Ce que les nouveaux Hopis font, c’est de semer la haine et la terreur. Partout dans le monde, les gens voient les Hopis comme un peuple à la culture pittoresque avec des spectacles de danses uniques, et savent que leur nom signifie ‘Gens de la Paix’. Ce que font ces nouveaux Hopis n’a rien à voir avec la paix.

Le charbon de Black Mesa
Oui, si nous l’appelons Notre Mère la Terre, nous sommes à son image. Le mouvement de résistance des Anciens de Big Mountain a ramené beaucoup d’anciens enseignements pour l’humanité, et l’un d’entre eux était “Le Charbon est le foie de la Montagne Féminine. Et si l’extraction du carburant fossile continue, la Montagne Féminine sera vidée de tous Ses fluides, les eaux, le pétrole et son sang.”
Il y a une sorte de soulagement étrange et malsain, suite à la fermeture de la mine de charbon de Peabody. La centrale au charbon qui brûlait le charbon de Black Mesa fermera bientôt aussi. Tout cela est mauvais, parce que personne ne parle de la loi de déportation de 1974 [PL 93-531], qui a pour but de dépeupler Big Mountain pour industrialiser d’autres gisements de charbon. Mauvais et étrange, parce que les lois d’apartheid resteront, mais pour quelle sorte d’extraction de carburant fossile?
A propos de ces fermetures, des Anciens de Big Mountain disent:
“Maintenant, il n’y a plus réception pour les téléphones portables, ou ça revient seulement brièvement. La compagnie Peabody Coal dit que toutes les tours de réception pour téléphones lui appartenant sont en train d’être démantelées.” [Le téléphone portable est le seul moyen de communication avec le monde extérieur – NdT].
“Les résidents Diné – Navajo – aux abords des mines ont eu la priorité pour emporter les déchets de métaux et d’acier. On leur a proposé un prix très bas et beaucoup de gens des environs ont transporté des tonnes d’acier.”
Je me demande:
“Que vont faire les gens avec des tonnes de métal et d’acier? Forger des barbecues, des clôtures pour le bétail, et des poêles à bois pour les vendre? Pourquoi les gens ne sont-ils plus capables de penser?! Où est passée la conscience?! Nos Réserves ont besoin de petits ponts au-dessus des lits de rivières dangereux!”
Les mineurs, les travailleurs des mines, et les employés des centrales électriques sont apparemment bornés. La dernière chose que les patrons de leur entreprise feront, c’est d’accuser Wall Street. Il vaut mieux dénoncer les soi-disant “amoureux de la terre et les écologistes”, ceux qui ont causé la perte de leurs emplois. Plus de haine, comme s’il n’y en avait pas assez.

NaBahe SheepDog Keediniihii

Pas un Indien typique. Ai grandi sur les terres sauvages de Big Mountain, élevé par des parents intelligents et aimants, qui ne parlaient pas anglais, mais qui suivaient encore les traditions anciennes d’un mode de vie naturel et durable. Aujourd’hui, je n’ai pas tellement peur d’être un Solitaire, mais je suis très fier et honoré de transmettre les sagesses enseignées par ma Maman et mon Papa, et tous les sages du pays de Big Mountain. Yea’go’h, Ni’zhoni !

Michelle Cook, Diné

Nous vous invitons à consulter régulièrement notre page internet et notre page facebook pour suivre l’évolution du programme.

En région parisienne, actions de solidarité, rassemblements, conférences, concerts, projections vont se succéder du 10 au 17 octobre, en présence de nos invitées autochtones. Nous pouvons déjà vous dévoiler le nom de certaines d’entre-elles :

– Daiara Tukano (Tukano du Brésil)
– Vanessa Joseph (Kali’na de Guyane “française”)
– Clarisse Taulewali Da Silva (Kali’na de Guyane “française”)
– Michelle Cook (Diné/Navajo des États-Unis)
– Casey Camp-Horinek (Ponca des États-Unis)
– Osprey Orielle Lake (co-fondatrice de Women’s Earth and Climate Action Network – États-Unis)
– Kim O’bomsawin (Abénaquise du Canada)

Christine Prat   Français
Also on Censored News
September 2, 2019

According to the site of the USDA, the Tonto National Forest is preparing an Environmental Impact Statement (EIS) for two actions relating to Resolution Copper mining project and a “land exchange” for the land that would be seized from Oak Flat. The actions are indicated on the site of the USDA:

Resolution Copper Project and Land Exchange Environmental Impact Statement

  • “Approving a general plan of operations submitted by Resolution Copper Mining, LLC, which would govern surface disturbance on National Forest System (NFS) lands from mining operations that are reasonably incident to extraction, transportation, and processing of copper and molybdenum.
    • The mine proposal would create one of the largest copper mines in the United States, with an estimated surface disturbance of 6,951 acres (approximately 11 square miles).
    • It also would be one of the deepest mines in the United States, with mine workings extending 7,000 feet beneath the surface.
  • Facilitating a land exchange of the Oak Flat Federal Parcel (2,422 acres of NFS land) for eight parcels located throughout Arizona (5,376 acres of private land currently owned by Resolution Copper) as directed by Section 3003 of the National Defense Authorization Act (NDAA) for fiscal year 2015.”

The Draft Environmental Impact Statement (DEIS) was released on August 9, 2019. The journalist Elizabeth Whitman wrote an article published in the Phoenix New Times on August 14, 2019, under the title:

“NEW REPORT PROVIDES TERRIFYING DETAIL OF MINING DESTRUCTION COMING FOR OAK FLAT”.

Although the USDA claims on its site that the release of “the DEIS initiates a 90-day public comment period – from August 10 through November 7, 2019”, it has been said recently that the Forest Service was pushing to change the law to the effect that public comment won’t be necessary anymore. It would make the Forest Service the sole authority deciding to allow companies to destroy any land they want to plunder. In present circumstances, the Forest Service still has to produce the EIS and issue a draft Record of Decision (ROD), and they project for this to happen in summer 2020. The final ROD is supposed to be issued in winter 2020/2021. According to the USDA site, “The Land Exchange will be fully executed no later than 60 days after the release of the Final EIS”.

THE APACHE STRONGHOLD HAVE PUT AN EMERGENCY CALL ON THEIR SITE: (on the day the DEIS was published)

Human Rights, Religious Rights have been Violated

The greatest sin of the World has been enacted by Arizona Senator McCain, Senator Flake, and Representatives Kirkpatrick and Gosar of Arizona by including the Southeast Arizona Land Exchange in the National Defense Authorization Act (2015). We are calling on all religious faiths, & military veterans, for this country was founded on freedom of speech, religion and worship, which has been given away to a foreign mining company.

They declared war on our religion, we must stand in unity and fight to the very end, for this is a holy war.”

Wendsler Nosie Sr., longtime opponent of Southeast Arizona Land Exchange and former Chairman and Councilman of the San Carlos Apache Tribe.

We remember those who sacrificed and defended our people. We recognize our great leaders and their respect for those who know freedom. We must guide our people to, once again, hold our destiny in our own hands. I challenge each of us to overcome the oppression and begin the process of believing in ourselves.”

This must be the first step… Usen, we ask for your blessing to guide our current and future leadership so that our children and the unborn will inherit our Apache Way of Life.” – Wendsler Nosie Sr.

For the Apache from the San Carlos Reservation, Oak Flat [Chi’Ch’il Bildagoteel] is sacred. It includes the cliff called ‘Apache Leap’, from which about 70 Apaches are said to have jumped to their death rather that surrender to the Cavalry, some 100 years ago. Oak Flat is also a place for ceremonies, specially for young women’s coming-of-age ceremony. “This is the place where our religion originated,” said Naelyn Pike, an activist in Apache Stronghold and Wendsler Nosie Sr.’s grand-daughter, quoted by the site of ‘Sacred Land Film Project‘, “Who are we without these sacred places?”

Oak Flat is also a place where people come to observe rare species of birds, that exist nowhere else. It is also the main training place for alpinists from the whole United States, and generally used as a recreational area.

A decree of President Eisenhower of 1955 closed Oak Flat for mining and designated the surrounding area as public land… under the mandate of the U.S. Forest Service. The decree was reaffirmed in 1971.

In 2014, the Senator and ex-President candidate John McCain managed to slip an article about Oak Flat “land exchange” into a military spending bill that had to pass at any cost. McCain had promised the land to Rio Tinto, one of the main contributors to McCain’s campaign. Rio Tinto, founded in Canada in 1873, is now, after multiple mergers, a British Company. Under the name Resolution Copper, it is supposed to develop the project together (for 45%) with the Australian Company BHP.

Since then, resistance never ceased. The Apache were joined by environmentalist organizations and residents of the area.

The release of the DEIS made the fears more urgent. In her article published on August 14, 2019 in the Phoenix New Times, Elizabeth Whitman writes: “[The crater] would be relatively small at first, and then it would expand. By Year 41, the crater would grow to about 1.8 miles wide, and it would collapse to depths of 800 to 1,115 feet, taking Oak Flat […] with it.” She adds “Meanwhile, the toxic, ugly tailings left from extracting 40 billion pounds of copper from 1.4 billion tons of ore would be dumped and supposedly contained — somehow, somewhere — in the vicinity of Superior, about an hour east of Phoenix. Gradually, contaminated water would leak into the surrounding environment.” Moreover, she wrote ” the operations could consume more than two Apache Lakes‘ worth of water transported from the Colorado River and pulled from precious groundwater supplies, changing the flow of surrounding rivers and springs.” Of course, the habitats of endangered species would be disturbed, maybe destroyed.

Resistance will increase. Critics say that they will need more time to study all the details of the report. Roger Featherstone, director of the Arizona Mining Reform Coalition, added, according to Elizabeth Whitman’s article “We’ll tear that document apart and prepare our own detailed comments. We’ll be active in all the public meetings; we’ll have our own meetings. So, there will be a lot of activity over the next few months,”

Read more in Elizabeth Whitman’s article in the Phoenix New Times.

The Apache from San Carlos need your support. People who care for environment need your support. Go to the Apache Stronghold site!

Sources:

Elizabeth Whitman, Phoenix New Times, August 14, 2019
Apache Stronghold http://apache-stronghold.com/
Sacred Land Film Project https://sacredland.org/oak-flat-united-states/
USDA site Resolution Copper Project and Land Exchange Environmental Impact Statement
Wendsler Nosie Sr.’s speech in Paris, March 2019
My interview with Wendsler Nosie Sr. in Oak Flat, september 2015

Christine Prat, CSIA-nitassinan
In English on Censored News
2 septembre 2019

D’après le site de l’USDA (Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis, dont dépend le Service des Forêts), la Forêt Nationale de Tonto prépare une Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) pour deux actions liées au projet de mine de cuivre de Resolution Copper, dont l’une est un “échange de terres” pour le territoire pris à Oak Flat. Les “actions” sont indiquées sur le site de l’USDA :

Déclaration d’Impact Environnemental pour Le Projet de Resolution Copper et l’Echange de Terre

  • “Approbation d’un plan général d’opérations soumis par la Société Minière Resolution Copper, LLC, qui entrainerait un chamboulement de la surface de terres du Système des Forêts Nationales, suite aux opérations d’extraction, lequel est une conséquence raisonnable de l’extraction, du transport et du traitement du cuivre et du molybdène.
    • Le projet de la mine créerait l’une des plus grandes mines de cuivre de Etats-Unis, avec une surface de chamboulement d’environs 28,5 km².
    • Ce serait aussi l’une des mines les plus profondes des Etats-Unis, avec des travaux d’extraction allant jusqu’à plus de 2000 mètres sous terre.
  • “Mise en place d’un échange de terres de la Parcelle Fédérale d’Oak Flat (plus de 10 km² de terre du Service des Forêts) contre huit parcelles disséminées dans tout l’Arizona (25 km² de terres privées appartenant actuellement à Resolution Copper), ainsi que préconisé par la Section 3003 de la Loi d’Autorisation de la Défense Nationale (NDAA) pour l’année fiscale de 2015.”

Le Projet de Déclaration d’Impact Environnemental (DEIS) a été rendu public le 9 août 2019. La journaliste Elizabeth Whitman à écrit un article publié dans le Phoenix New Times le 14 août 2019, sous le titre :

“UN NOUVEAU RAPPORT FOURNIT DES DETAILS TERRIFIANTS SUR LES DESTRUCTIONS MINIERES PREVUES POUR OAK FLAT”

Bien que l’USDA (Ministère de l’Agriculture) affirme sur son site que la publication du “DEIS initie une période de 90 jours – du 10 août au 7 novembre 2019 – pour les commentaires du public, il a été dit récemment que le Service des Forêts exerçait des pressions pour changer la loi, afin de supprimer l’obligation de commentaires du public et de Déclaration d’Impact. Ça ferait du Service des Forêts la seule autorité apte à décider d’autoriser les compagnies minières à détruire les terres qu’elles convoitent. Pour le moment, le Service des Forêts doit encore établir une Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) définitive et publier un projet de Rapport de Décision (ROD), et ils comptent le faire au cours de l’été 2020. Le Rapport de Décision final devrait être publié au cours de l’hiver 2020/2021. D’après le site de l’USDA (Ministère de l’Agriculture), “L’Echange de Terres sera entièrement réalisé au plus tard dans les 60 jours suivant la publication de la Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) définitive”.

LE BASTION APACHE A PUBLIE UN APPEL URGENT SUR SON SITE le jour où le DEIS a été publié :

Les Droits Humains, les Droits Religieux ont été Violés

Le plus grand péché jamais commis dans le monde a été réalisé par les Sénateurs d’Arizona McCain et Flake, et les Représentants Kirkpatrick et Gosar, d’Arizona, en faisant passer l’Echange de Terres du Sud-est de l’Arizona dans la Loi d’Autorisation de la Défense Nationale (en 2015). Nous appelons les représentants de toutes les fois religieuses, et les vétérans de l’armée [là, je traduis, mais je décline toute responsabilité – NdT], parce que ce pays a été fondé sur la liberté d’expression, de religion, de culte, qui ont été bradées à une compagnie étrangère.
“Ils ont déclaré la guerre à notre religion, nous devons résister dans l’unité et combattre jusqu’à la dernière extrémité, parce qu’il s’agit d’une guerre sacrée.”
Wendsler Nosie Sr., opposant de toujours à l’Echange de Terres du Sud-est de l’Arizona et ex-Président et membre du Conseil de la Tribu Apache de San Carlos.

“Nous nous souvenons de ceux qui se sont sacrifiés et ont défendu notre peuple. Nous évoquons nos grands dirigeants et leur respect pour ceux qui connaissent la liberté. Nous devons guider notre peuple pour, une fois de plus, tenir notre destin dans nos mains. Je défie chacun d’entre nous de surmonter l’oppression et d’entamer le processus pour croire en nous-mêmes.”
“Ce doit être le premier pas… Usen [le Créateur], nous demandons ta bénédiction pour guider notre direction présente et à venir afin que nos enfants et ceux encore à naître héritent notre Mode de Vie Apache.” – Wendsler Nosie Sr.

Pour les Apaches de la Réserve de San Carlos, Oak Flat [Chi’Ch’il Bildagoteel] est sacré. Ça inclut une falaise appelée ‘Apache Leap’, d’où environs 70 Apaches sont supposés avoir sauté et s’être tués plutôt que de se livrer à la Cavalerie, il y a environs 100 ans. Oak Flat est aussi un lieu de cérémonies, en particulier la cérémonie ‘de passage à l’âge adulte’ des jeunes filles. “C’est l’endroit où notre religion est née” dit Naelyn Pike, activiste du Bastion Apache et petite-fille de Wendsler Nosie Sr., citée sur le site ‘Sacred Land Film Project‘, “Qui sommes-nous, sans ces lieux sacrés ?”

Oak Flat est aussi un lieu où des gens viennent observer des espèces d’oiseaux rares, dont certaines n’existent nulle part ailleurs. C’est aussi le principal centre d’entrainement des alpinistes de tous les Etats-Unis, et généralement connu comme lieu de loisirs. Un décret du Président Eisenhower de 1955 a fermé Oak Flat à l’industrie minière et désigné la région environnante comme territoire publique… sous l’autorité du Service des Forêts des Etats-Unis. Le décret a été reconduit en 1971.

En 2014, feu le Sénateur et ex-candidat aux présidentielles John McCain a réussi à glisser un article sur “l’échange de terres” d’Oak Flat, dans un projet de loi de finances militaires qui devait passer à tout prix. McCain avait promis le site à Rio Tinto, l’un des principaux contributeurs à sa campagne. Rio Tinto a été fondée au Canada en 1873, et après de nombreuses reprises et fusions, est actuellement britannique. Sous le nom de Resolution Copper, elle est supposée développer le projet avec – pour 45% – la compagnie australienne BHP.

Depuis, la résistance n’a jamais cessé. Les Apaches ont été rejoints et soutenus par des organisations écologistes et des résidents de la région. (Sans compter les soutiens étrangers comme le CSIA-nitassinan).

La publication du Projet de Déclaration (DEIS) a rendu les angoisses plus urgentes. Dans son article publié le 14 août 2019 dans le Phoenix New Times, Elizabeth Whitman écrit: “[Le cratère] serait d’abord relativement petit, puis s’étendrait. A la 41ème année, le cratère devrait atteindre près de 3 km de large, et s’enfoncerait jusqu’à des profondeurs allant de 244 m à 340 m, entrainant Oak Flat dans son effondrement.” Elle ajoute “entretemps, les abominables déchets toxiques laissés par l’extraction de 18 millions de tonnes de cuivre d’un milliard de tonnes de minerai, seraient jetés et peut-être conservés – on ne sait comment, on ne sait où – dans les environs de Superior, une petite ville à une heure de route de Phoenix. Petit à petit, l’eau polluée fuirait dans l’environnement.” Elle ajoute “les opérations d’extraction pourraient consommer l’équivalent de deux fois Apache Lake d’eau, transportée du Fleuve Colorado [qui n’est déjà plus un fleuve, tant d’eau a été pompée qu’il n’atteint plus l’océan – NdT] et soustraite aux précieuses réserves d’eau souterraines, ce qui pourrait changer le cours des fleuves et des sources.” Bien entendu, les habitats des espèces menacées seraient chamboulés, peut-être détruits.

La résistance va s’intensifier. Les critiques disent qu’il faudra beaucoup plus de temps pour étudier tous les détails du rapport. Roger Featherstone, directeur de l’ Arizona Mining Reform Coalition, ajouta, selon l’article d’Elizabeth Whitman, “Nous déchirerons ce document et préparerons nos commentaires détaillés. Nous serons actifs dans toutes les réunions publiques ; nous aurons nos propres réunions. Donc, il y aura beaucoup d’activité dans les mois à venir”.

Lire (en anglais) l’article d’Elizabeth Whitman dans le Phoenix New Times.

Les Apaches de San Carlos ont besoin de votre soutien. Les gens qui se préoccupent de l’environnement ont besoin de votre soutien. Allez sur le site du Bastion Apache !

Sources (en anglais) :

Elizabeth Whitman, Phoenix New Times, August 14, 2019
Apache Stronghold http://apache-stronghold.com/
Sacred Land Film Project https://sacredland.org/oak-flat-united-states/
USDA site  Resolution Copper Project and Land Exchange Environmental Impact Statement

Et bien sûr, en français, tous les articles sur Oak Flat traduits sur ce site et mon interview de Wendsler Nosie Sr. et de Naelyn Pike à Oak Flat, en septembre 2015.

 

LE MUR DE TRUMP A LA FRONTIERE US/MEXIQUE SIGNIFIE LA MORT DES ESPECES MENACEES ET DES SITES SACRES

Photos ©Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Article de Brenda Norrell
©Censored News
31 août 2019
Traduction Christine Prat

AJO, Arizona – Tandis que les bulldozers de Trump détruisent le Désert encore vierge du Sonora, à proximité du site classé du Cactus “Tuyau d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument], les Tohono O’odham et des habitants d’Arizona manifestent contre ces destructions inhumaines.

Ofelia Rivas, Tohono O’odham qui vit à la frontière, a déclaré à Censored News “C’est un beau jour dans le pays O’odham, un groupe de gens unis est venu pour être le porte-parole des terres et de la nature contre la politique génocidaire d’un système de gouvernement inhumain, qui attaque toute forme de vie.”

“La Société de ces terres volées devrait condamner en justice les crimes inhumains de cet infâme individu.”

“Le groupe continuera à être une voix pour l’honneur des abeilles, des animaux sacrés menacés, des plantes, et de tout le territoire et des gens qui l’habitent” dit Ofelia Rivas.

Toutes les lois sur les espèces menacées et toutes les lois qui protègent les sites sacrés des Autochtones ont été pulvérisées. La construction du mur de frontière utilise déjà une quantité énorme d’eau du désert pour faire du béton.

Ces défenseurs du territoire protestent aussi contre les tours d’espionnage Israéliennes qui visent maintenant la Nation Tohono O’odham. L’entreprise Israélienne Elbit Systems projette de construire d’autres tours d’espionnage et de détruire des sites funéraires sacrés et des lieux de cérémonie de la Nation Tohono O’odham. Le gouvernement tribal a approuvé ces tours en mars dernier, mais le District de Gu-Vo continue de s’opposer à ce qui constitue une oppression et des destructions. Elbit se charge déjà de la sécurité de l’Apartheid en Palestine.

Ofelia Rivas est la fondatrice de “Voix O’odham contre le Mur” [O’odham Voice Against the Wall], et a passé sa vie à combattre les méfaits de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis. Ofelia vit à la frontière, dans la Nation Tohono O’odham et est porte-parole des droits humains.

Vous pouvez faire des dons à Ofelia sur son site, pour payer l’essence nécessaire à son action, sur:

http://tiamatpublications.com/

Les photos ©Ofelia Rivas, Tohono O’odham,
pour Censored News,
ne peuvent être utilisées sans autorisation.

 

 

Le gouvernement Trump vient d’envoyer des bulldozers à la frontière pour faire un coup d’éclat avant les prochaines élections. Ils ont déjà commencé à détruire des espèces rares. En fait, il ne s’agit pas de construire un mur, mais de le rehausser, d’ajouter des barbelés, etc. On l’appelle en France le “Mur de Trump” parce qu’avant que Trump arrive au pouvoir, les médias n’en parlaient pas. Cependant, la construction a commencé bien avant, et n’a certainement pas été ralentie sous les gouvernements Obama.

En 1846, les Etats-Unis ont attaqué le Mexique et conquis beaucoup de territoire. La frontière actuelle a été dessinée à la plume et à la règle sur une carte d’état-major lors de la signature du traité de Guadalupe-Hidalgo. Bien entendu, elle traverse des communautés Autochtones et des villages. Pendant longtemps, les habitants des communautés coupées par la frontière pouvaient passer facilement d’un côté à l’autre. Dans les années 1990, la propagande anti-immigration s’est intensifiée, et des mesures ont été concoctées pour que les réfugiés ne puissent plus passer, ce qui a créé des problèmes pour les habitants de la région. Cependant, une habitante de la frontière dit que la situation s’est soudain aggravée au lendemain du 11 septembre 2001. Trump ne fait que surenchérir, comme tous les politiciens de droite quand ceux “de gauche” ont fait une politique peu différente de la leur.

Les humains sont menacés, des espèces rares d’animaux et de plantes aussi.

Christine Prat

LES SOURCES DE QUITOBAQUITO : LA CONSTRUCTION DU MUR A LA FRONTIERE DETRUIT DES SITES SACRES ET LE FRAGILE ECOSYSTÈME DU DESERT DE SONORA

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 27 août 2019
Photos ©photographe résident
Pour plus de photos, voir Censored News
Traduction Christine Prat

Quitobaquito est une rare oasis dans le désert, qui fournit de l’eau vitale à de nombreuses espèces animales. La tortue Sonoyta n’existe nulle part ailleurs dans le monde. A proximité, la construction du Mur frontière a déjà commencé, près de Lukeville, en Arizona.

Trump utilise des fonds militaires détournés pour construire le monstre qu’est ce mur frontière, et a ignoré toutes les lois qui protègent les lieux et espèces sacrés ou menacés. Dans le désert de Sonora, particulièrement fragile, c’est un crime contre la nature, un crime contre toutes les formes de vie.

Ces portions du mur qui coûtent si cher – entre l’est du Texas et la côte de Californie – menacent les régions les plus fragiles, et serviront seulement à repousser les migrants vers des zones mortelles. Au lieu de mettre un terme à l’immigration, ces portions du mur ne seront qu’un symbole du nationalisme Blanc et de la destruction.

Ofelia Rivas, une Tohono O’odham qui vit à la frontière qui coupe la Nation Tohono O’odham, a demandé “Où sont les Protecteurs de l’Eau ?”

“Les sources d’information disent que chaque 30 cm de mur exigera 1530 litres de béton. 30 cm de béton signifie 177 litres d’eau. Ce qui signifie que chaque mile – 1,6 km – de mur coûte environs 1,9 millions de litres d’eau” dit Ofelia Rivas à Censored News.

Alors que la construction se poursuit à proximité, le photographe, un résident, expliqua que la barrière anti-véhicules est déjà en place et que l’énorme mur n’est pas nécessaire dans cette région fragile.

“La barrière anti-véhicules permet à la vie sauvage de se déplacer librement à travers la frontière, dans le Monument National des Cactées “tuyaux d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument]. Ça empêche les véhicules de franchir la frontière, ce qui serait très dommageable pour l’environnement particulièrement fragile.”

SAUVER LA TORTUE SONOYTA

Le Centre pour la Diversité Biologique dit que “la tortue Sonoyta a évolué d’une espèce aquatique dans une des zones les plus sèches du Désert de Sonora. Avec des pattes palmées et le don inné de nager, cette tortue dépend totalement du peu d’eau qui reste dans le Sud-ouest des Etats-Unis. On peut identifier une tortue Sonoyta d’après l’endroit où elle se trouve, étant donné que c’est la seule tortue dans cette zone très limitée. L’espèce aux Etats-Unis a été réduite à une seule réserve, dans le Monument National des Cactées “tuyaux d’Orgue” [Organ Pipe Cactus National Monument], une zone appelée Quitobaquito Springs. Au Mexique, ces tortues habitent quelques petites sections du Rio Sonoyta.”

Parmi les créatures menacées de Quitobaquito Springs, il y a aussi le “pupfish” [si rare qu’il n’y a pas de nom en français, seulement le terme latin Cyprinodontidae, donc de la famille des cyprins comme les poissons rouges, mais beaucoup plus rare]. “La plus grande quantité d’eau du Monument National des Cactées se trouve dans les sources et la mare de Quitobaquito, habitat du “pupfish” écrit le site Wild Sonora.

“L’importance culturelle de la zone de Quitobaquito remonte approximativement à 11 000 ans avant le temps présent, c’est-à-dire 1950. “La mare habite l’escargot de Quitobaquito, la tortue Sonoyta, et le câprier du désert. C’est le seul endroit aux Etats-Unis où ces espèces peuvent être trouvées à l’état naturel” selon le Service des Parcs Nationaux [National Park Service].

“les câpres du désert font vivre le papillon des câpres (ascia Howarthi) qui existe qu’avec la plante. Les escargots de Quitobaquito sont si petits qu’ils sont durs à trouver.”

“On peut parfois voir l’escargot, à peu près de la taille d’un grain de poivre, dans les petits cours d’eau alimentés par les sources, qui se jettent dans la mare. Quitobaquito est aussi le seul endroit des Etats-Unis où on trouve la tortue Sonoyta qui est candidate pour être protégée par la Loi sur les Espèces Menacées.”

La Section 102 d’une loi de 2005 permet de passer outre à 28 lois sur l’environnement et autres (voir ci-dessous) en cas d’urgence nationale ou de menace terroriste. Le #45 ayant déclaré qu’il y avait un état d’urgence à la frontière afin de pouvoir financer le mur, les constructeurs n’ont pas à se conformer aux lois qui s’appliquent à tous les autres types de construction.

Les lois délibérément ignorées :

1) Loi sur la Politique Nationale Environnementale

2) Loi sur les Espèces Menacées

3) Loi sur la qualité de l’Eau

4) Loi sur la Préservation Historique Nationale

5) Loi sur le Traité sur les Oiseaux Migrateurs

6) Loi sur la Protection des Oiseaux Migrateurs

7) Loi sur la qualité de l’Air

8) Loi sur la Protection des Ressources Archéologiques

9) Loi sur la Préservation des Ressources Paléontologiques

10) Loi sur les Ressources des Grottes Fédérales

11) Loi sur la Salubrité de l’Eau Potable

12) Loi sur le Contrôle du Bruit

13) Loi sur les Déchets Solides

14) Loi Générale sur l’Action, Compensation et Responsabilité Environnementales

15) Loi sur la Préservation Archéologique et Historique

16) Loi sur les Antiquités

17) Loi sur les Sites Historiques, les Bâtiments et les Antiquités

18) Loi sur la Politique de Protection des Terres Cultivées

19) Loi sur la Gestion des Zones Côtières

20) Loi sur la Politique et la Gestion des Terres Fédérales

21) Loi sur le Système d’Administration des Refuges Nationaux pour la Vie Sauvage

22) Loi Nationale sur la Pêche et la Vie Sauvage

23) Loi de Coordination de la Pêche et de la Vie Sauvage

24) Loi sur la Procédure Administrative

25) Loi sur les Fleuves et les Ports

26) Loi sur la Protection des Aigles

27) Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones

28) Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens

Le 28 août, Democracy NOW! titrait (publié sur Censored News):

Parmi d’autres informations sur l’immigration, le Washington Post écrit que le Président Trump a ordonné à son équipe d’accélérer la construction de son mur de frontière, même si ça implique d’enfreindre des lois. Trump aurait dit à ses collaborateurs qu’il les gracierait s’ils devaient être confrontés à des répercussions légales suite à cette demande, qui pourrait impliquer la confiscation de terres privées, la signature immédiate de contrats de construction pour des milliards de dollars et la négation de règlements sur l’environnement. Trump aurait balayé les inquiétudes concernant les implications qu’il y aurait à contourner les procédures appropriées, entre autres en utilisant l’expropriation, disant à ses collaborateurs de simplement “prendre les terres”.

Voir l’article de Democracy NOW! (en anglais)

MINNESOTA : NON AUX OLEODUCS 2 ET 3 D’ENBRIDGE, QUI DEVRAIENT TRANSPORTER LES TRES POLLUANTS SABLES BITUMINEUX D’ALBERTA

DES CENTAINES DE SOURCES ET LE RIZ SAUVAGE MENACÉS

19 août 2019
Contact : ginew@protonmail.com
ayse@ran.org
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat

BEMIDJI, Minnesota – Tôt ce matin, 6 protecteurs de l’eau se sont enchaînés au portail d’un siège important d’Enbridge, à Bemidji, dans le Minnesota, pour protester contre les projets d’oléoducs 2 et 3. En s’enchaînant par le cou, ils ont couru des risques pour protéger des centaines de sources à travers lesquelles Enbridge projette d’envoyer 1 million de barils de sables bitumineux d’Alberta (Canada) jusqu’au bord du Lac Supérieur.

Enbridge a réagit en fermant son bureau pour la journée.

La saison du riz sauvage approche, et les Anishinaabe iront en canots récolter la nourriture sacrée qui est au cœur de leur culture. Enbridge a l’intention d’envoyer ses sables bitumineux à travers des dizaines de cours d’eau dans lesquels le riz sauvage pousse, ce qui causerait des dommages irrémédiables pour sa pousse et sa survie.

La Ligne 3 est un projet d’infrastructure partant des sables bitumineux d’Alberta, qui serait parallèle au Keystone XL de TransCanada et aux oléoducs ‘TransMontagne’ de Kinder Morgan. Les sables bitumineux sont le carburant fossile le plus sale du monde. Il y a quelques semaines, un conseil de régulateurs de l’environnement Canadien, a recommandé la Teck Frontier Mine, une extension de la zone d’extraction de sables bitumineux deux fois aussi grande que Vancouver.

“En tant que personne en bonne santé et douée de volonté, c’est mon devoir de soutenir les Anishinaabe, qui mettent leurs vies en jeu tous les jours, pour nous tous, pour toute notre eau” dit Kieran Cuddy, enchaîné au portail principal du bureau d’Enbridge.

Sur les sables bitumineux d’Alberta, voir un communiqué de presse de janvier 2013, publié par le Chef Allan Adams.

Petuuche Gilbert and Kurumi Sugita

PETUUCHE GILBERT, ACOMA, TALKS IN FRANCE ABOUT NUCLEAR ISSUES IN NEW MEXICO

FROM THE SOUTH WEST TO FUKUSHIMA – VIA FRANCE – PEOPLE STRUGGLE AGAINST NUKES

Photo published on July 8th 2019

On July 10th, 2019, Petuuche Gilbert, Acoma, anti-nuclear activist, was invited, during his annual visit to Europe, to a gathering organized by Kurumi Sugita, from Japan, and her husband Jon Gomon, from Michigan. It took place in Isère, southeast of France, where they now live.

Kurumi Sugita is a socio-anthropologist, retired researcher from the French CNRS (National Center for Scientific Research). She has been doing research about the Fukushima victims. She has created the blog and Association “Nos Voisins Lointains 3.11” [Our Far Neighbors] in 2013, with the goal of developing relationships between French and Japanese populations, both threatened by all invading nuclear presence.

Petuuche Gilbert was accompanied by Hervé Courtois, anti-nuclear activist, who has lived in Japan and whose French/Japanese daughter lives in Iwaki, in Fukushima county, about 30 miles from the Fukushima Daiichi power plant. He is a member of the C.A.N., Coalition Against Nukes, and a blogger on Nuclear News and Fukushima 3.11 Watchdogs. In recent years, he traveled several times in the southwest of the U.S. During his last trip, he met Petuuche Gilbert, Leona Morgan and other anti-nuclear Indigenous Activists, at the International Uranium Film Festival in Window Rock, Navajo Nation, Arizona. He did the oral translation of Petuuche’s presentation during the gathering, attended mainly by anti-nuclear activists and people directly threatened by power plants or abandoned uranium mines.

Christine Prat

Isère, France, July 10th, 2019
Article from transcription of Petuuche Gilbert’s presentation
Recording, transcription and photos by Christine Prat
En Français
Most places named in the article are shown on the maps below.
Also published on Censored News

New Mexico is particularly impacted by the nuclear industry. As Petuuche reminded the audience, “the first atomic bomb was made and tested in New Mexico”. It was the ‘Trinity’ bomb, developed by scientists in Los Alamos, and tested in central New Mexico, on the Trinity site, on July 16th, 1945, only a few weeks before bombs were dropped on Hiroshima and Nagasaki. Media still claim that the ‘Trinity Site’ is in the desert of New Mexico, in an unpopulated area, however, it is not so far from the Mescalero Apache Reservation. Everywhere in the world, Indigenous Peoples are the most affected.

Uranium

Petuuche began with stating “In New Mexico too, they have the uranium to make the bombs. So, that uranium affected my people, and the land, water and air where we live. This place, Grants Mining District, is where they had the mines and mills for uranium. So, today, I want to talk about uranium, which is the first part of the nuclear fuel chain. And I want to say how it affects the Indigenous Peoples, where I live in the United States.”

“This whole area is the western United States. So, in the western United States, they say there are almost 15,000 abandoned uranium mines. The word ‘abandoned’ uranium mines is when the mining company has left and no one knows who mined.” Companies often change names and nationality, so that it is very difficult to prosecute them or get compensation from them.

Petuuche went on “They want to start new uranium mining, like in the Grand Canyon, near my home, they want to start new uranium mines. In the United States, there is only one uranium mill, where they make the yellow cake, only one in Utah.” “Next to the uranium mines, in the past, you had five uranium mills to process the uranium ore, to make yellow cake. In the past, when the uranium was mined out of the ground, they had to have mills.” To a question from the audience asking where uranium came from now, Petuuche answered that it was mainly from Canada and Australia. Mr. Courtois added that the territory of the Dene People in Saskatchewan is very contaminated.

Petuuche Gilbert started thus with the question “What is uranium?” He went on saying ” It’s an ore that is in the ground. It’s natural, it’s there, it’s in the land, it’s underneath the land. And has always been there for thousands of years, it’s just part of the geology of the land. Some of the Indigenous Peoples, the Navajos and Indigenous Peoples in Canada have names for that uranium. For the Navajos it is łeetso, ‘yellow dirt’.” (Mr. Courtois added that the Dene in Canada call it ‘black stone’, meaning poison).

Then he explained that once uranium is mined, the rocks have to be crushed in a mill to make so-called yellow cake. “Uranium, when it is disturbed, it gets mobilized and spreads all over. It gets in the air, we breathe it, it gets in the water, it goes into the ground. Of course, we drink the water, plants also drink the water that is contaminated by radiations.”

Petuuche explained how uranium gets into your body. “Either on skin, hair, or eating or drinking it.

The workers who worked in the uranium mill to crush the ore, their clothes got that uranium dust. And they took it home, which affected their wives and their children, and, of course, their homes. Also, the uranium ore produces radon gas.” Radon is a gas produced in uranium mines, as soon as the uranium is disturbed and in contact with air. Radon gas has a very short existence, less than 3 days, after which it changes into very small particles, called ‘radon daughters’, thin enough to penetrate the lungs and other organs to the very bottom. “So, that uranium waste, after the uranium is turned into yellow cake, then uranium 235-238, then it goes into the waste piles. Uranium affects your health. The radiations affect your health. And they say that when you get uranium in your body, it can be many years before you get sick from different types of cancers. Or even, when that uranium is left on the ground, or when they get the atomic bombs tested, 50 years later it still affects the environment and the people. So, today, they are doing studies on women and children and babies, and they are showing that there is uranium in their blood and in their urine. And then, the uranium causes all kinds of diseases.” “The people who lived close to the central area, the people themselves, said what they had been sick from: lung and bone cancers, leukemia, kidney diseases, heart diseases, high blood pressure, diabetes, autoimmune disorders; both from the uranium and the chemicals used to make the yellow cake. So, many of the people, their lungs get affected, or their thyroid gets affected, every part of the body, the kidneys, the stomach… from what they are breathing.”

“Some of these mills were 100 meters away from houses. The people that lived in the villages around the mill, they produced a map that showed that the people in that area died from some type of cancer.”

“Today, they are trying to use another method of taking uranium from the ground, by drilling pipes into the ground and sipping up the ore. But when they do that, it contaminates the water under the ground.”

“The other thing about uranium is that it coexists with coal, coal and uranium go together. So, when coal is burnt in power plants, it emits radioactive materials. They also say, when they do fracking for coal, oil and gas, that it also disturbs the uranium and brings it out of the ground.” “One thing about fracking is the waste water, when the water and uranium come out of the ground, they spread it on the ground to hold down the dust. So, the roads can become radioactive.” “Where the uranium goes, is on the land or even in what you drink, just everywhere. Especially when uranium exists and it rains, the water goes down, then it goes into the surface, the animals drink it, the plants too. Then, of course, it contaminates the ground water”.

Then Petuuche showed on a map the Grants Uranium District, where he lives [see map below]. “And these are other mines. The Navajo Nation has about 1000 abandoned uranium mines.”

“The United States, when it was making its atomic bombs, collected the uranium from Navajo land. Today, they are still trying to clean those up.” Petuuche Gilbert took part in demonstrations of a group called ‘Clean Up the Mines’.

“Our neighbors, Laguna Pueblo, our sister tribe, at one time had the world’s largest open pit uranium mine. The company like to say that they reclaimed it. But it still contaminates the ground, the soil, the air, the water. During the uranium mining time, from the 1950’s to the 1990’s, in this area here, the small town of Grants called itself the uranium capital of the world.”

Then, he showed on a map the lava mountains, made of basalt, in the Grants District. “The sacred mountain of my people is right here, it’s a national forest and it is called Mount Taylor. My people, Acoma, live right here.” (see maps below).

Contamination until today

“The uranium contamination affects the villages and communities.” “The houses and the mines are just very close. So, the uranium mines and mills, when they were operated, contaminated the people and their homes.” “Then, of course, the people used the water from under the ground, the water is contaminated from radiation.” For instance, in the region of Cameron, in the Navajo Nation, people had no other water than that of contaminated wells. Even after they had been told about it, they could not live without water, specially in a desert area. Until very recently, the contaminated areas were not marked, and children played in the uranium waste. “And even after decades of normal uranium mining, the radioactivity still affects the people. The United States government, and the state of New Mexico, have not done any serious health studies. So, today, there are no good scientific studies to show how and why people are dying from some kinds of cancers.” In 2015, it was found that the level of radioactivity in the drink water of an Indigenous community in Sanders, Arizona, was much higher than allowed. People had to collect money to buy bottled water. It took time to explain where the radioactivity came from, ultimately, the only possible explanation was that the radioactivity came from the old mill in Churchrock, where a tailings pond broke in 1979.

The Churchrock disaster of 1979

On July 16th, 1979, the tailings pond of a uranium mill in Churchrock, New Mexico, broke. It was an earthen pond, closed by a clay dam. There were cracks in the dam, both Federal Government and the company knew about it, but did nothing. On July 16th, it suddenly broke, causing the greatest uranium disaster in the history of the United States. The contaminated water spilled into an arroyo and then into the Puerco River, a river which is most of the time dry, but can flow after heavy rains, which is what happened in 1979, contaminated water flowing as far as 100 miles into Arizona. In 2015, there had obviously been heavy rains again, as there was still some water in the river in September, and the sand in the river clearly showed traces of flowing waters.

The Churchrock disaster took place in the same year as the Three-Miles-Island accident, but although it was much worse, media hardly said anything about it.

Every July 13th, Indigenous Peoples commemorate the disaster. This year, Leona Morgan asked supporting organizations – including the CSIA – to write a declaration of solidarity.

New uranium mines projects

Today, companies are starting new projects for uranium mining in the area. “That’s what we are fighting.” “Because you have no health studies to show that uranium mining and milling is bad for the health and the environment, some people are saying it’s o.k. to do new uranium mining, because people want money and jobs.”

“This [Strathmore] is one of the companies that want to do new uranium mines: it’s called Roca Honda. So, for about ten years, they have been doing a study, a governmental study, to claim this new uranium mine. At one time, Sumitomo of Japan owned about 40% of this mine of Roca Honda. And when we went to Japan, we told them we oppose them to own the mine. And, finally, the Japanese sold their interests. But the United States government, which owns the land where Roca Honda is going to be built, got the U.S. Forest Service say they are going to permit the mine. But there are two other mines that also want to do uranium mining in the same area. And the only reason they are not mining today is because the price of uranium is too low. For my tribe, this is on our land and the mine is going to be right there, on Forest Service land. And it is on the west side of our Sacred Mountain, Mount Taylor.” “This mountain is not only sacred to our tribe, it’s sacred to the Navajo, the Zuni, Laguna and the other 19 tribes of New Mexico. That’s why the tribes call it a Traditional Cultural Property, TCP.” [the status of Traditional Cultural Property is recognized in American law]. “It doesn’t stop mining, but it makes you have a seat at the table to talk. All these lands around are Indigenous lands. That mountain, Mount Taylor, produces water. And it comes from springs. This is the only water that flows every day, every year. And it is very small. It’s a sacred water. So, today, we are still fighting to protect this little water that we have.”

“Or, for example, they want to mine at Grand Canyon.” It directly concerns the Havasupai, who live at the bottom of the Grand Canyon and get their water from the springs running into it, and consider Red Butte – just next to the mine – as their sacred mountain. But the Hopi and other tribes also feel concerned about this sacred area. “They have many friends from all over the United States who are protecting the Grand Canyon and say ‘No uranium mining’. President Obama stopped uranium mining at Grand Canyon, but President Donald Trump opened it back.

Today, we are fighting in New Mexico, they want to store the spent fuel from the nuclear power plants in New Mexico and Texas. The t-shirt I am wearing, it’s this company, Holtec International. They are working with a Canadian company. They are in New Jersey, and they buy up nuclear power plants for the nuclear waste. That’s why they were looking at Yucca Mountain, but the state of Nevada doesn’t want it. So, they are still searching for a place, and they say they want a temporary storage place, temporary for hundred, hundred fifty years. So, one of the places is in New Mexico.”

“The United States have 97 power plants. They want to find a place in New Mexico and Texas for nuclear waste and they want to transport it by railroads. So, in New Mexico, the big cities are opposing it, and many of the communities say ‘not through our town’.”

Protests and actions

“Sometimes we have protests, to protect the mountain and to protect the water.” Petuuche showed a slide of runners, explaining that it was a protest run. “People from the Hopi, the Navajo, the other Pueblos join us. Some White people too. We have many allies and supporters that help us, they join us at protests.”

They have also turned to the United Nations. Petuuche explained “My NGO is called Indigenous World Association. We made three presentations to the United Nations. Every year I come to the United Nations. One was the International Covenant on Civil and Political Rights. The next one was the Committee on the Elimination of Racial Discrimination, and the other one was the Universal Political Right, on the fact that Mount Taylor is a sacred mountain and should not be desecrated by uranium mining, in the United States, to respect the rights, but still, the United States doesn’t listen.”

“Activists were against what New Mexico does on nuclear weapons. In New Mexico, there are two national laboratories that research nuclear weapons. And that’s what we are also opposing, using uranium to make nuclear bombs. Even in New Mexico, in Carlsbad, polluted for 50 years, they all agree with that waste deposit site. The governor of New Mexico said no. But it’s the United States government that is fighting the states, fighting the activists, fighting many people. But they used to like the word ‘consent’. New Mexico do not consent, but the government and Holtec are pushing. The Congress of the United States has a bill and 340 Representatives voted to move the nuclear waste to New Mexico and Yucca Mountain. The Senate still needs to vote. So, there is a lot of opposition to it.”

” The Congress of the United States has a bill and 340 Representatives voted to move the nuclear waste to New Mexico and Yucca Mountain. The Senate still needs to vote. So, there is a lot of opposition to it.”

There was also a protest on July 16th, commemorating the first atomic bomb test, ‘Trinity’, in New Mexico.

Petuuche also took part in the protest tour of ‘Clean Up the Mines’.

Conclusion

Petuuche explained why, in his opinion, the United States and their President wanted to resume uranium mining. Today, uranium mining is postponed because the uranium price is much too low for companies to make profits. Still, the United States Government and the President push for resuming uranium mining. President Trump “says we got too much uranium from other countries, we should get it from our own lands. So, he is trying to say uranium ore is a national security risk.” Petuuche explained “The uranium companies that want to do uranium mining are really pressuring the Federal Government, President Trump, to mine uranium. So, the President was declaring that it was a national security risk, in order to mine uranium, to create jobs, and money.” About the companies, he said “They think that uranium power plants need to have the uranium for their fuel. So that, they think, if the United States get more uranium from the United States, that will bring the price of uranium up.”

However, “It’s very expensive to maintain nuclear power plants, even more expensive to build. Only two more nuclear power plants are under construction, in the last 30 years. There have been more power plants, from solar, wind, geothermal, but for President Trump, because he wants to make mining for coal companies, even coal is still good. But electricity generating stations say no, it’s still too expensive and it pollutes the air.”

“I think everybody needs to be educated on the nuclear fuel chain. From the uranium to its use for nuclear plants and nuclear waste, and also nuclear weapons.”

Then Petuuche showed a slide, saying “This one just tells that all people are all indigenous citizens of Earth, all of you, all of us, we have to protect our land, our water, our air and each other. That’s why we do this work to protest nuclear energy. It’s just too dangerous for all land, for all people and for all wild life.”

(click on maps to see larger format)

Petuuche Gilbert et Kurumi Sugita

PETUUCHE GILBERT, ACOMA, PARLE DES PROBLEMES NUCLEAIRES AU NOUVEAU-MEXIQUE LORS DE SON PASSAGE EN FRANCE

DE L’OUEST DES ETATS-UNIS A FUKUSHIMA, DES GENS LUTTENT CONTRE LE NUCLÉAIRE

Le 10 juillet 2019, Petuuche Gilbert, Acoma, activiste anti-nucléaire, a été invité, à l’occasion de sa visite annuelle en Europe, à participer à une réunion organisée par Kurumi Sugita, d’origine Japonaise, et son mari Jon Gomon, du Michigan. La réunion a eu lieu chez eux, en Isère, où ils vivent maintenant.
Kurumi Sugita est socio-anthropologue et chercheur retraitée du CNRS. Elle a fait de la recherche sur les victimes de Fukushima. Elle a créé le blog et l’Association “Nos Voisins Lointains 3.11” en 2013, dans le but de développer les relations entre les populations Françaises et Japonaises, menacées par l’omniprésence du nucléaire.
Petuuche Gilbert était accompagné par Hervé Courtois, également activiste anti-nucléaire, qui a vécu au Japon et dont la fille Franco-Japonaise vit à Iwaki, dans le district de Fukushima, à environs 50 km de la centrale Daiichi de Fukushima. Il est membre de la C.A.N. (Coalition Against Nukes), et blogger sur Nuclear News et Fukushima 3.11 Watchdogs. Au cours des dernières années, il s’est rendu plusieurs fois dans le sud-ouest des Etats-Unis. Lors de son dernier voyage, il a rencontré Petuuche Gilbert et Leona Morgan, au cours du Festival International de Films sur l’Uranium, qui, l’en passé, a eu lieu à Window Rock, capitale de la Nation Navajo, en Arizona. Il a assuré la traduction simultanée de la présentation de Petuuche Gilbert, lors de la réunion du 10 juillet.
Je suis moi-même allée à de nombreuses reprises dans le sud-ouest des Etats-Unis. En 2017, j’ai effectué un long périple passant par les principaux sites concernés par le nucléaire. J’étais accompagnée par Ian Zabarte, Shoshone, dans le Nevada ; Klee Benally, Navajo, dans le nord de l’Arizona et le sud de l’Utah ; et par Petuuche Gilbert, Acoma, et Leona Morgan, Navajo, au Nouveau-Mexique. La plupart des photos ont été prises au cours de ce voyage.
L’assistance était composée d’activistes anti-nucléaire et de gens directement menacés par une centrale nucléaire ou une mine d’uranium abandonnée.

Christine Prat

 

Miribel-les-Echelles, Isère, 10 juillet 2019
Article basé sur la transcription de la présentation de Petuuche Gilbert
Enregistrement, transcription, traduction et photos Christine Prat
La plupart des lieux cités figurent sur les cartes au bas de l’article, cliquer pour voir les cartes en plus grand.

In English on Censored News

Voir aussi l’article de François VALLET, également présent à la réunion avec Petuuche.

Le Nouveau-Mexique est particulièrement touché par l’industrie nucléaire. Comme Petuuche l’a rappelé “la première bombe atomique a été fabriquée et testée au Nouveau-Mexique”. C’était la bombe ‘Trinity’, développée par des scientifiques à Los Alamos, et testée au centre du Nouveau-Mexique, sur le site de tir de White Sands. Ce premier test a eu lieu le 16 juillet 1945, seulement quelques semaines avant que des bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Les médias continuent de prétendre que ce site se trouve dans le désert du Nouveau-Mexique, dans une région dépeuplée, mais en réalité ce n’est pas loin de la Réserve Apache Mescalero. Depuis, les sites nucléaires se sont multipliés au Nouveau-Mexique : armes, laboratoires, et maintenant sites d’enfouissement. Partout dans le monde, les territoires Autochtones sont les plus touchés. Il ne faut cependant pas oublier que la France, comme le Japon, vit sous la menace permanente de centrales nucléaires, et d’armes dont on peut difficilement connaître exactement le nombre et l’emplacement.

L’uranium

Petuuche a commencé son intervention en disant “Au Nouveau-Mexique aussi, il y a de l’uranium pour faire des bombes. L’uranium a nui à mon peuple, à leur terre, l’eau et l’air, là où nous vivons. Cette région, le District Minier de Grants, c’est là où il y avait des mines d’uranium et des usines de traitement. Donc, je vais parler de l’uranium, qui est le premier stade de la chaîne du carburant nucléaire. Et je veux dire à quel point ça touche les Autochtones, là où je vis, aux Etats-Unis.”

“Cette région, c’est l’Ouest des Etats-Unis.” C’est ce que les films d’Hollywood appellent le ‘far-west’. “Dans l’ouest des Etats-Unis, il est dit qu’il y a près de 15 000 mines d’uranium abandonnées. Le terme mines ‘abandonnées’ signifie que la compagnie minière s’est retirée et que personne ne sait qui a ouvert les mines.” Les compagnies changent souvent de nom et de nationalité, ce qui rend toute poursuite ou demande d’indemnités extrêmement difficiles.

Petuuche ajouta “Ils veulent reprendre l’extraction d’uranium, par exemple dans le Grand Canyon. Et pas loin de chez moi, ils veulent rouvrir des mines d’uranium. Aux Etats-Unis, il n’y a plus qu’une usine de traitement, où ils produisent le ‘yellow cake’, elle se trouve dans l’Utah.” “Autrefois, près des mines d’uranium, il y avait cinq usines de traitement, pour le minerai d’uranium, pour faire le ‘yellow cake’. A l’époque, quand on extrayait l’uranium, il fallait qu’il y ait des usines de traitement.” A une question du public demandant d’où vient l’uranium maintenant, Petuuche répondit que ça venait principalement du Canada et d’Australie. Le traducteur, Hervé Courtois, ajouta que le territoire des Déné, au Saskatchewan, était totalement contaminé.

Donc, Petuuche Gilbert commença par la question “Qu’est-ce que l’uranium ?” Il expliqua “C’est un minerai qui se trouve dans le sol. C’est naturel, c’est là, c’est dans le sous-sol. Ça a toujours été là, depuis des milliers d’années, ça fait partie de la géologie du sol. Certains Autochtones, comme les Navajos et des Autochtones du Canada ont des noms pour l’uranium. Pour les Navajos, c’est łeetso, ‘saleté jaune’.” Hervé Courtois ajouta que les Déné du Canada l’appellent ‘pierre noire’, ce qui signifie ‘poison’.

Puis il expliqua qu’une fois que l’uranium a été extrait, les roches devaient être broyées dans une usine de traitement, pour fabriquer le ‘yellow cake’. “L’uranium, lorsqu’il est dérangé, est instable et se répand partout. Ça envahit l’air, que nous respirons, l’eau et le sol. Evidemment, nous buvons l’eau, les plantes aussi, alors qu’elle est devenue radioactive.”

Petuuche expliqua comment l’uranium s’introduisait dans l’organisme. “Que ce soit par la peau, les cheveux, ou en buvant. Les ouvriers qui travaillaient dans les usines de traitement pour broyer le minerai, avaient de la poussière d’uranium dans leurs vêtements.” A l’époque, les ouvriers Autochtones, principalement Navajos, n’avaient aucune protection, ni masque ni combinaison. “Ils ramenaient leurs vêtements chez eux, ça contaminait leurs femmes et leurs enfants, et, bien sûr, leur maison.” “En plus, le minerai d’uranium produit du gaz radon.” Le radon est un gaz produit dans les mines d’uranium, dès que l’uranium est remué et entre en contact avec l’air. Le radon a une existence très courte, moins de 3 jours, après quoi il se change en infimes particules, appelées ‘les filles du radon’, qui sont assez fines pour pénétrer les poumons et d’autres organes très profondément. “Ensuite, après que l’uranium ait été transformé en ‘yellow cake’, les déchets se retrouvent entassés à proximité. L’uranium nuit à la santé, les radiations nuisent à la santé. Et il est dit que quand l’uranium s’introduit dans l’organisme, ça peut prendre beaucoup d’années avant que des maladies, comme différentes sortes de cancer, ne se déclarent. Et si l’uranium est laissé sur le sol, ou après des tests de bombes atomiques, ça continue d’affecter l’environnement et les gens 50 ans après. Actuellement, ils font des tests sur des femmes et des bébés, qui montrent qu’il y a de l’uranium dans leur sang et leur urine. L’uranium cause toutes sortes de maladies.” “Les gens qui vivent à proximité des zones, les gens eux-mêmes, ont dit de quoi ils souffraient : de cancers des poumons et des os, de leucémie, de maladies des reins, de maladies cardiaques, de tension trop haute, de diabète, de maladies auto-immunes ; conséquences de l’uranium et des produits chimiques utilisés pour séparer l’uranium de la roche. Beaucoup de gens ont eu des problèmes pulmonaires, ou de thyroïde, de reins, d’estomac, etc. à cause de ce qu’ils respiraient.”

“Certaines de ces usines étaient à 100 m des maisons. Les gens qui vivaient dans les villages autour de l’usine ont eux-mêmes établi une carte qui montrait combien de gens de la région étaient morts de cancers.”

“Maintenant, ils essaient un autre procédé pour extraire l’uranium, ils enfoncent des tuyaux dans le sol et pompent le minerai. Mais ça contamine l’eau souterraine.”

“Un autre problème posé par l’uranium, est qu’il coexiste avec le charbon. Donc, quand le charbon est brûlé dans les centrales électriques, ça émet des matériaux radioactifs. On dit aussi, que quand on utilise la fracturation hydraulique pour obtenir du charbon, du pétrole ou du gaz, ça remue aussi l’uranium du sous-sol et le fait remonter à la surface.” En plus, ils utilisent de l’uranium ‘appauvri’ pour fracturer… “Le problème avec la fracturation, est l’eau usée, l’eau contenant de l’uranium, qu’ils arrosent sur le sol pour maintenir la poussière. Les routes peuvent devenir radioactives.” “L’uranium va sur le sol et même dans ce que vous buvez, partout. Particulièrement quand il pleut, l’eau se répand, les animaux la boivent, les plantes aussi. Et, bien sûr, ça contamine l’eau souterraine”.

Puis, Petuuche montra sur une carte le District de l’Uranium de Grants, où il vit. Il ajouta “Et voilà d’autres mines. La Nation Navajo a environ 1000 mines abandonnées.” “Quand les Etats-Unis fabriquaient des bombes atomiques, ils extrayaient l’uranium du territoire Navajo. Aujourd’hui, les Navajos essaient toujours de les décontaminer.” Petuuche Gilbert a participé à des manifestations organisées par un groupe appelé ‘Clean Up the Mines’, ‘Nettoyer les Mines’.

“Nos voisins, les Laguna, notre tribu sœur, a eu la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde. La compagnie aime à prétendre qu’elle a été décontaminée. Mais ça continue à irradier le sol, l’air et l’eau. A la grande époque de l’extraction d’uranium, des années 1950 aux années 1990, dans notre région, la petite ville de Grants se définissait elle-même comme capitale mondiale de l’uranium.”

Puis, Petuuche montra sur une carte les montagnes de lave, de basalte, dans le District de Grants. “La Montagne Sacrée de mon peuple est ici, dans une forêt nationale, ça s’appelle le Mont Taylor.” En Acoma, ça s’appelle Kaweshti, dans la langue des Navajos, pour qui c’est aussi une montagne sacrée, ça s’appelle Tsoodził. “Mon peuple, les Acoma, vivent ici.” [Voir cartes].

La radioactivité est toujours là

“La radioactivité émise par l’uranium continue de toucher les villages et les communautés.” “Les maisons sont très proches des mines. Quand les mines et les usines étaient en activités, elles ont irradié les gens et leurs maisons.” “Et les gens utilisaient l’eau souterraine, qui était irradiée.” Par exemple, dans la région de Cameron, dans la Nation Navajo, les gens n’avaient pas d’autre eau que celle des puits irradiés. Même après qu’ils s’en soient aperçus, ils ne pouvaient pas vivre sans eau, dans un climat désertique. Il y a quelques années encore, les endroits radioactifs n’étaient pas indiqués, et des enfants jouaient dans des déchets d’uranium. Petuuche ajoute “Même après des décennies d’extraction d’uranium, la radioactivité nuit toujours aux gens. Le gouvernement des Etats-Unis et l’état du Nouveau-Mexique n’ont jamais fait d’études sérieuses sur la santé des gens touchés. Alors, aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’études scientifiques fiables qui montrent comment et pourquoi les gens meurent de cancers.”

En 2015, un taux de radioactivité anormal a été mesuré dans l’eau ‘potable’ d’une communauté Autochtone à Sanders, en Arizona. Les gens devaient collecter de l’argent pour acheter de l’eau en bouteille. Les recherches menées pour comprendre d’où venait la radioactivité ont abouti à la conclusion qu’elle devait venir de la très vieille usine de Churchrock, où un bassin de rétention de déchets s’était rompu en 1979 !

La catastrophe de Churchrock de 1979

Le 16 juillet 1979, le bassin de rétention des déchets de l’usine de Churchrock, au Nouveau-Mexique, s’est rompu. C’était un bassin en terre, fermé par une digue en argile [comme à Malvési]. Il y avait des fissures dans le barrage, l’Etat fédéral et la compagnie le savaient, mais n’ont rien fait. Le 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu, causant la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. L’eau radioactive s’est répandue dans un arroyo qui se déversait dans le Rio Puerco, une rivière généralement à sec, mais peut se remplier s’il y a des pluies abondantes, ce qui s’est produit en 1979. L’eau radioactive a coulé jusqu’à 160 km en Arizona. En juillet 2015, il y avait de toute évidence eu des pluies abondantes aussi, il restait encore de l’eau et des traces de courant abondant à Sanders, en septembre 2015.

La catastrophe de Churchrock a eu lieu la même année que l’accident de Three-Miles-Island, mais bien que ça ait été plus grave, les médias n’en ont pratiquement pas parlé.

Chaque 13 juillet, les Autochtones commémorent la catastrophe. Cette année, Leona Morgan a demandé aux associations européennes – entre autres au CSIA – d’envoyer des déclarations de solidarité.

Nouveaux projets de mines d’uranium

Actuellement, des compagnies minières présentent de nouveaux projets d’extraction d’uranium dans la région. “C’est ce contre quoi nous nous battons” dit Petuuche. “Etant donné qu’il n’y a pas d’études sanitaires montrant que l’extraction et le traitement d’uranium nuisent à la santé et à l’environnement, certains trouvent très bien de rouvrir des mines d’uranium, parce que les gens veulent de l’argent et du travail.”

“Cette compagnie [Strathmore] est l’une de celles qui veulent exploiter de nouvelles mines d’uranium : le projet s’appelle Roca Honda. Ainsi, depuis dix ans, ils ont mené une étude, gouvernementale, pour s’approprier cette nouvelle mine. A l’époque, la firme Sumitomo, du Japon, possédait environs 40% de la mine Roca Honda. Puis nous sommes allés au Japon, et nous leur avons dit que nous nous opposions à ce qu’ils soient propriétaires de cette mine. Finalement, Les Japonais ont vendu leurs intérêts. Mais le gouvernement des Etats-Unis, qui est propriétaire du terrain où la mine Roca Honda sera construite, ont réussi à faire dire au Service des Forêts des Etats-Unis, qu’il allait accorder un permis pour la mine. Mais il y a encore deux autres mines d’uranium qu’ils veulent exploiter, dans le même secteur. Et la seule raison pour laquelle ils n’extraient pas d’uranium aujourd’hui, c’est que le cours de l’uranium est trop bas. Pour ma tribu, c’est sur notre territoire et la mine sera là, sur la portion gérée par le Service des Forêts. C’est sur le flanc ouest de notre Montagne Sacrée, le Mont Taylor.” “Cette montagne n’est pas seulement sacrée pour notre tribu, elle l’est aussi pour les Navajos, les Zuni, les Laguna et les 19 autres tribus du Nouveau-Mexique. C’est pourquoi les tribus l’appellent une Propriété Culturelle Traditionnelle, TCP.” [Ce statut est reconnu par la loi Américaine]. “Ça n’empêche pas l’extraction minière, mais ça nous donne un siège à la table de négociations. Toutes les terres autour, sont des territoires Autochtones. Cette montagne, le Mont Taylor, produit de l’eau, qui vient de ses sources, [qui coulent dans le Rio San Jose]. C’est la seule eau qui coule chaque jour de chaque année. Et c’est une toute petite rivière. C’est de l’eau sacrée. Alors nous continuons de nous battre pour protéger ce peu d’eau que nous avons”.

“Un autre exemple est la mine qu’ils veulent exploiter près du Grand Canyon.” Ça concerne directement les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon et vivent de l’eau des sources qui s’y jettent. Et pour eux, Red Butte – juste à côté de la mine – est leur Montagne Sacrée. Mais les Hopi et d’autres tribus se sentent aussi concernés par cette région. Petuuche dit “Ils ont beaucoup d’amis dans tout les Etats-Unis, qui protègent le Grand Canyon et disent ‘Non aux mines d’uranium’. Le Président Obama avait gelé l’extraction d’uranium dans la région du Grand Canyon, mais le Président Donald Trump l’a à nouveau autorisée.”

“Aujourd’hui, nous nous battons au Nouveau-Mexique, où ils veulent entreposer les déchets des centrales nucléaires au Nouveau-Mexique et au Texas. Le nom sur le t-shirt que je porte, est celui de la compagnie, Holtec International. Ils travaillent avec une compagnie Canadienne. Ils sont du New-Jersey, et ils achètent des centrales pour récupérer les déchets. C’est pourquoi ils se sont intéressés à Yucca Mountain, mais l’état du Nevada n’en veut pas. Alors, ils cherchent toujours un endroit, et disent qu’ils veulent un site de stockage temporaire, temporaire pour 10 ou 150 ans ! L’un de ces sites est au Nouveau-Mexique.”

“Il y a 97 centrales nucléaires aux Etats-Unis. Ils veulent trouver un site pour entreposer les déchets, au Nouveau-Mexique et au Texas, et ils veulent les transporter par rail. Au Nouveau-Mexique, les grandes villes s’y opposent, et beaucoup de communautés disent ‘pas par notre ville’.”

Protestations et actions

“Quelques fois, nous protestons, pour protéger la montagne et l’eau.” Petuuche montra une photo de coureurs et expliqua qu’il s’agissait d’une course de protestation. Il ajouta “Des gens de chez les Hopi, les Navajos, les autres Pueblos nous rejoignent. Et aussi quelques Blancs. Nous avons beaucoup d’alliés et de soutiens, qui nous aident et se joignent à nos manifestations.”

Ils se sont aussi tournés vers les Nations Unies. Petuuche expliqua “Mon ONG s’appelle Association Autochtone Mondiale. Nous avons fait trois présentations aux Nations Unies – je viens chaque année aux Nations Unies – l’une à l’occasion du Pacte International Relatif aux Droits Civiques et Politiques. La suivante était pour le Comité sur l’Elimination de la Discrimination Raciale, et la troisième, pour le Droit Politique Universel, sur ce que le Mont Taylor est une Montagne Sacrée qui ne devrait pas être profanée par l’extraction d’uranium, afin de respecter les droits des Autochtones. Cependant les Etats-Unis n’écoutent pas.”

“Des activistes étaient contre le fait que le Nouveau-Mexique participe à l’élaboration d’armes nucléaires. Au Nouveau-Mexique, il y a deux laboratoires nationaux qui font de la recherche sur les armes nucléaires. Et c’est une chose à laquelle nous nous opposons aussi, l’utilisation d’uranium pour faire des bombes atomiques. Même au Nouveau-Mexique, à Carlsbad, ville polluée depuis 50 ans, ils sont tous d’accord avec le site d’enfouissement. La gouverneure du Nouveau-Mexique a dit non. Mais c’est le gouvernement des Etats-Unis qui combat les états, les activistes et bien d’autres gens. Ils utilisent le terme ‘consentement’. Le Nouveau-Mexique ne consent pas, mais le gouvernement fédéral et Holtec font pression. Le Congrès des Etats-Unis a passé une loi, et 340 Représentants ont voté en faveur du transport des déchets nucléaires au Nouveau-Mexique et à Yucca Mountain. Le Sénat doit encore voter. Il y a une forte opposition à cette loi.”

Il y a eu une manifestation le 16 juillet, pour commémorer le tout premier test atomique de ‘Trinity’, au Nouveau-Mexique.

Petuuche a également participé à la tournée de protestation de ‘Clean Up the Mines’ [Nettoyez les Mines] avec, entre autres, Leona Morgan (Diné), Klee Benally (Diné), Ian Zabarte (Shoshone) et Sarah Fields (militante anti-nucléaire).

Conclusion

Petuuche a expliqué pourquoi, selon lui, les Etats-Unis et leur Président veulent reprendre l’extraction d’uranium. Aujourd’hui, l’extraction d’uranium est reportée parce que le cours de l’uranium est bien trop bas pour que les compagnies fassent des bénéfices. Cependant, le Gouvernement et le Président font pression pour reprendre l’extraction. Le Président Trump “dit que nous utilisons beaucoup trop d’uranium venant d’autres pays, que nous devrions le prendre dans nos propres terres. Il s’efforce de dire que le minerai d’uranium est un risque pour la sécurité nationale.” Petuuche expliqua “les compagnies prêtes à exploiter l’uranium subissent aussi des pressions de la part du Gouvernement Fédéral et du Président Trump pour le faire. Le Président a déclaré que c’était un risque pour la sécurité nationale, afin d’extraire de l’uranium, de créer des emplois et de l’argent.” A propos des compagnies, Petuuche dit “Ils pensent que les centrales nucléaires ont besoin d’uranium. Ainsi, ils croient que si les Etats-Unis obtiennent plus d’uranium local, ça fera monter les prix.” Cependant, “ça coûte très cher d’entretenir des centrales nucléaires, et encore plus d’en construire. Il n’y a eu que deux centrales en construction au cours des 30 dernières années. Il y a plus d’énergie solaire, d’éoliennes, de centrales géothermiques, mais Trump veut aider les compagnies charbonnières, alors pour lui, même le charbon est bon. Mais les centrales électriques disent non, parce que c’est trop cher et que ça pollue l’air.”

Petuuche dit “Je pense que tout le monde doit être instruit sur ce qu’est la chaîne nucléaire, de l’uranium aux centrales et aux déchets, et aux armes nucléaires.”

Puis il montra une diapositive d’un slogan, en expliquant “Tous les gens sont des Autochtones de la Terre, vous tous, nous tous, nous devons protéger notre sol, notre eau, notre air, et nous protéger les uns les autres. C’est pourquoi nous faisons ce travail contre l’énergie nucléaire. C’est trop dangereux pour la terre, pour tous les humains et pour toute la vie sauvage.”

Cartes (La première carte donne la localisation des cartes détaillées. Si elles ne sont pas lisibles, cliquer pour les voir en plus grand formats)