1. Ton évaluation du mouvement Occupy était très enthousiaste. Quelle est ta vision actuelle? Que reste-t-il du mouvement?

Il ne reste pas grand-chose du mouvement en tant que tel: presque tous les campements ont été détruits en novembre et décembre 2011 et il n’y en a eu quasiment aucun nouveau créé depuis. En revanche, le mouvement n’a en aucune façon été “battu”. À quelques exceptions près, toutes les personnes arrêtées ont été relâchées et entièrement disculpées. L’élimination des campements a seulement eu pour effet de forcer les participants a trouver d’autres terrains de lutte, plus variés. Un nombre incalculable de gens dans tout le pays continuent à se rencontrer régulièrement, à développer des réseaux et à mener toutes sortes d’actions: piquets devant les banques, troubles de réunions de conseils d’administrations d’entreprises, blocages des expulsions de logements, protestations contre les mesures environnementales (Monsanto, Pipeline de sables bitumineux, fracassement de roches pour l’extraction du gaz de schiste, etc.), outre des actions de types plus spécifiquement axées sur l’occupation de lieux comme les tentatives de s’emparer et de rouvrir des écoles et des bibliothèques fermées et abandonnées, ou les tentatives d’occuper des logements vides pour les SDF répondant au slogan “Des maisons, pas de prisons”. L’une de ces actions les plus intéressantes et les mieux organisées a été “Occupons la ferme”, qui s’est déroulée un kilomètre de chez moi en avril dernier. Des activistes écologistes se sont emparé d’un grand terrain urbain vide et l’ont transformé en jardin communautaire, en y faisant plus de dix mille semis en quelques jours. Les occupants jardiniers ont été chassés au bout de trois semaines, mais l’agitation continue et a débouché sur une victoire temporaire contre un projet de développement commercial.

Le mouvement Occupy avait déjà comme but implicite de “récupérer les terrains communaux”: en occupant les places publiques ou les parcs sur ce thème, étant donné que malgré les chicaneries sur les questions de permis, il était évident que ces espaces appartenaient au public et sont, ou étaient à l’origine, prévus pour un usage public. Mais ces actions plus récentes ont le mérite de s’attaquer au fétiche de la propriété privée d’une manière plus directe. Ce fétiche a toujours été extrêmement puissant aux États-Unis et la réaction de la police à sa transgression a toujours été immédiate et brutale. J’espère donc que ce type d’action finira par affaiblir ce fétiche, comme cela s’est produit au moment du mouvement pour les Droits civiques. Dans les années 1950 et 60, quand les Noirs ont commencé des sit-in dans des restaurants, on entendait souvent cet argument: “Ce restaurant appartient à son propriétaire, il a le droit d’en faire ce qu’il veut, y compris de décider qui il veut servir.” Mais comme de plus en plus de gens continuaient à occuper et à accepter calmement de se faire arrêter, le grand public a peu à peu été amené à réfléchir à l’idée qu’il existe un “droit supérieur” au droit de propriété: que d’autres droits doivent aussi être respectés, tel que le droit d’être traité équitablement en tant qu’être humain. Je crois que cela pourrait finir par se produire lors des invasions de divers types de propriétés, les gens se rendant compte de l’absurdité de millions de bâtiments vides alors que des millions de personnes sont sans logement. Même actuellement, beaucoup de gens sont favorables à l’idée de défendre une famille contre les expulsions, malgré le fait que, officiellement, une banque soit propriétaire du bien, car ils sont de plus en plus conscients de ce que les banques ont agi illégalement. L’idée de rouvrir des écoles abandonnées, etc. est encore plus exemplaire en ce qu’elle évoque la notion d’une société fondée sur la coopération et la générosité et non sur la quantité d’argent qu’on peut tirer de quelque chose.

[…]

Lire la suite: http://www.bopsecrets.org/French/occupy-looking-back.htm

 

Ci-dessous un article de Brenda Norrell sur la visite de Dalit Baum, militante Israélienne qui prône des sanctions économiques contre les entreprises impliquées dans l’occupation. Il se trouve que certaines sont également impliquées dans la construction du Mur à la frontière entre les USA et le Mexique.
Les Etats-Unis construisent un Mur sur la frontière avec le Mexique, officiellement pour empêcher l’immigration illégale. Ce mur traverse les territoires de populations autochtones, tout comme le mur en Palestine. Trente villages ont été évacués pour le construire. Les villageois sont séparés de leurs terres et de leurs familles tout comme en Palestine. Ceux qui se retrouvent du côté mexicain doivent obtenir un visa – qui coûte 100 dollars, somme prohibitive pour des indigènes mexicains – pour aller voir leur famille de l’autre côté du mur.
SURTOUT: la firme israélienne Elbit Systems – sous-contractée par Boeing – participe à la construction du mur et fournit les tours de surveillance, comme elle le fait pour le mur en Palestine, la firme G4S – aussi présente en Palestine – s’occupe des bus et du transport des immigrants refoulés, dans des conditions inacceptables, et VEOLIA a un contrat avec les autorités de la région de Tucson.
Il faut savoir que la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est parfaitement arbitraire, ne tient aucun compte des populations autochtones et traverse des villages et des familles, tout comme le mur Israélien. De plus, les états frontaliers – Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Texas – ont été mexicains pendant près de trois siècles et conquis militairement par les Etats-Unis en 1846. La grande majorité de la population est restée mexicaine (indiens, métis, latinos) jusqu’à un passé récent. Depuis le début des années 1950, des anglophones du nord-ouest des Etats-Unis y déménagent en masse à cause du climat. Ils se comportent en colonisateurs. Il y a beaucoup de racisme et de discrimination. L’an dernier, les autorités de Tucson ont interdit dans l’enseignement les études “ethniques” – sous couvert de lutte contre le ‘communautarisme’ – et ont interdit de nombreux livres, des saisies ont eu lieu dans les classes, au milieu d’étudiants fortement traumatisés. (Parmi les auteurs dont les livres ont été interdits et saisis: Isabel Allende – dont les livres sont vendus dans le monde entier – et Buffy Sainte-Marie – connue comme star des Etats-Unis, mais Indienne).
Evidemment, j’ai quelques réserves quant à l’affirmation de Dalit Baum selon laquelle les entreprises concernées seraient de ‘bonnes entreprises’ contre lesquelles il n’y aurait rien à dire si elles se retiraient de ces projets qui violent les lois internationales de manière aussi flagrante.

 

FRONTIERES SOUS OCCUPATION : EN PALESTINE ET EN TERRITOIRE TOHONO O’ODHAM, LES MILITANTS DES DROITS DE L’HOMME PEUVENT AMENER LE CHANGEMENT

« La Nation Tohono O’odham est actuellement occupée par une armée étrangère appelée Patrouille des Frontières des Etats-Unis » Mike Wilson, Tohono O’odham

 

Par Brenda Norrell
Copyright Censored News
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Traduction Christine Prat

 

Vendredi 16 novembre 2012

TUCSON, Arizona – Une Israélienne s’exprimant en faveur des droits des Palestiniens a rendu visite à la zone frontière sur le territoire Tohono O’odham et à partagé ses vues sur les similarités entre la façon dont Israël traite la Palestine et celle dont les colonisateurs US traitent les Indiens d’Amérique.

Le Docteur Dalit Baum, Israélienne et militante pour la Palestine sur le plan économique, s’est adressée à des étudiants de l’Université d’Arizona et à des militants actifs dans les communautés locale vendredi, au cours d’une discussion sur l’activisme économique comme outil de changement.

« C’est horrifiant de voir toujours la même vague de violence monter, descendre puis revenir » dit elle.

Mme Baum s’est exprimée le même jour où des manifestants étaient descendus dans les rues de Tucson pour exiger la fin de la violence mortelle d’Israël et des bombardements de Gaza, qui se sont poursuivis toute la journée et dans la nuit.
Mme Baum a dit que la principale raison de protester contre les tueries était de mettre les gens en contact et de leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls. C’est une façon de traduire le chagrin et la frustration en action et de renouveler l’espoir.
Dalit Baum s’est rendue en territoire Tohono O’odham et sur la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique avec le militant des droits de l’homme Tohono O’odham Mike Wilson, qui place des réservoirs d’eau dans la région frontalière pour les immigrants illégaux, comme aide humanitaire.
A propos de l’histoire des Indiens d’Amérique sur ce continent, D. Baum dit « Je réfléchissais aux similarités et aux différences entre ce qui s’est passé ici et ce qui s’est passé en Palestine ».
Alors que les Autochtones aux Etats-Unis ont été la cible de nettoyage ethnique et de génocide depuis des siècles, ce qui se passe en Israël et en Palestine est de l’histoire relativement récente qui a connu une escalade dans les dix dernières années.
Malheureusement, la manière dont les Indiens d’Amérique ont été traités a servi d’excuse à Israël en ce qui concerne l’occupation, l’apartheid et le nettoyage ethnique.
D. Baum dit que beaucoup d’Israéliens disent que les Etats-Unis ont fait la même chose à leurs Peuples Autochtones et que par conséquent Israël devrait avoir les mêmes droits.
Elle dit aussi que l’histoire coloniale européenne avait résulté dans un sentiment de culpabilité, à cause de l’histoire des Juifs et de l’histoire du Sionisme.
Actuellement, Israël contrôle la totalité d’Israël et de la Palestine et contrôle la Palestine de différentes manières. Par exemple, ce contrôle se traduit par de la violence à Gaza. En Cisjordanie, il y a la confiscation du territoire et des ressources et les violations de la loi internationale.
L’histoire de l’Occupation de la Palestine est relativement récente, comparée à l’histoire des Autochtones d’Amérique, dit-elle.
Aujourd’hui, nous vivons dans une ère de guerre au terrorisme, ce qui est un moteur de croissance économique. Cela produit une incitation économique pour la fourniture de produits tels que les tours d’espionnage et le Mur de frontière ici, en Arizona, sur le territoire Tohono O’odham.
Suite à l’occupation et au nettoyage ethnique, la dispersion des Palestiniens dans le monde signifie aussi une dissipation de la culture Palestinienne.
D. Baum dit qu’il s’agit d’une situation d’apartheid. Les Israéliens contrôlent la région, alors que les Palestiniens n’ont pas de droits sur la terre et la citoyenneté. Même pour ceux qui peuvent voter, l’Autorité Palestinienne ne contrôle qu’une toute petite partie de la Palestine.
Pendant ce temps, l’armée Israélienne fait des raids et peut arrêter n’importe qui.
La situation en Palestine correspond à l’apartheid selon la définition des Nations Unies.
En 1948 il y a eu un nettoyage ethnique et la majorité des Palestiniens ont été déplacés et forcés de vivre dans des camps de réfugiés. A l’époque, 95% des terres étaient leur propriété, maintenant ils ne sont plus propriétaires de leurs propres terres.
Le territoire d’Israël et de la Palestine est très petit comparé aux Etats-Unis et leur économie est de taille modeste. Israël dépend des Etats-Unis.
« Vous avez toujours un sentiment de claustrophobie » dit-elle.
En Europe, Israël est vu comme un poste avancé de l’occident. Israël dépend psychologiquement et économiquement de l’occident.
D. Baum a souligné que le sentiment d’impunité existant actuellement en Israël et l’attitude des gens de simplement se maintenir dans la situation présente, est la plus grande menace à toute possibilité de changement.
« L’action est le meilleur moyen de réagir au chagrin et à la colère ».

 

La solidarité à la base : pour en finir avec l’occupation, et pour le retour des réfugiés

Un mouvement de la base pour la solidarité dans l’action signifie que les gens disent ce qu’ils feront quand ils seront rentrés chez eux. « Nous voulons savoir ce que nous pouvons faire ».
La solidarité à la base est un appel aux gens de conscience. Cela implique des boycotts, des sanctions et un retrait économique, comme par exemple un désinvestissement des fonds de pension.
Le mouvement de base appelle à la fin de l’occupation, à l’application du droit au retour des réfugiés et à l’égalité totale des Palestiniens, y compris ceux qui vivent en Israël.
Le mouvement de base n’a pas de ligne politique, il est fondé sur la loi internationale et les droits de l’homme.
« C’est une chose sur laquelle tout le monde peut être d’accord » dit D. Baum.
Jusqu’à maintenant 170 organisations ont signé l’accord.
Pendant la discussion sur les appels aux boycotts, il a été souligné qu’on ne pouvait pas boycotter les individus. Mais les institutions et les compagnies complaisantes peuvent être boycottées.
A une question sur le boycott d’une troupe de danse Israélienne, il a été répondu qu’elle avait été boycottée parce qu’elle était payée par le Ministère Israélien des Affaires Etrangères pour blanchir l’occupation. La troupe de danse servait d’ambassadeurs culturels d’Israël. Quant une troupe de danse participe à ce genre d’échange, elle devient un bras de l’état pour normaliser l’occupation. Approuver ou promouvoir une telle activité culturelle est de la complicité.
D. Baum a précisé que les militants des droits de l’homme ne boycottaient pas tous les projets artistiques subventionnés par Israël. « Çà arrive seulement quand la subvention implique des obligations ».
Les représentations [boycottées] peuvent aussi servir à informer les gens en dehors du spectacle de la troupe de danse.

Un exemple d’action présenté à l’université est de demander à se désengager de certaines compagnies.
Il y a actuellement un boycott de la firme Veolia, qui privatise les transports en commun dans le monde entier et s’occupe de la décharge de déchets. En Palestine, Veolia amène des déchets et les déverse sur des terres Palestiniennes, ce qui constitue une violation de la loi internationale. Cela se produit à un endroit où un nettoyage ethnique a eu lieu.
Veolia gère aussi des bus soumis à la ségrégation.
Ici, à Tucson, Veolia a un contrat avec la compagnie de transports publiques, Sun Tran.
Parlant des actions contre Veolia, D. Baum dit « C’est le pouvoir de ce mouvement. C’est vraiment mondial ». Du fait de la décharge de déchets en Palestine et de ses bus soumis à la ségrégation, Veolia a perdu des contrats au Royaume-Uni et en Europe en 2006.

 

Boston, Chicago et le Comté de Sonoma en Californie ont pris la tête du boycott

Aujourd’hui aux Etats-Unis, trois régions ont pris la tête du boycott des compagnies qui violent les droits de l’homme, Boston, Chicago et le Comté de Sonoma en Californie l’ont fait en soutien aux Palestiniens.
Dans le Comté de Sonoma, Californie, la Commission des Droits de l’Homme a d’abord déclaré qu’elle ne pouvait rien faire, n’ayant aucun pouvoir en Palestine. Cependant, trois heures plus tard, suite aux objections et interventions de membres de la base, elle a changé ses conclusions.
Les résidents du Comté de Sonoma ont souligné que les bus de Veolia soumis à la ségrégation en Palestine constituaient une violation des droits de l’homme. Un homme a dit qu’il vivait dans le Comté de Sonoma, mais que sa famille vivait en Palestine et que lorsqu’il était là-bas, il avait vu des Palestiniens forcés de descendre du bus ségrégationniste.
Alors les gens du Comté de Sonoma ont dit « il y a un vrai problème et nous sommes complices ».

 

Au sud de l’Arizona, il y a Veolia, G4S, Elbit et Caterpillar

Vu que Veolia fait des affaires ici, à Tucson, des suggestions ont été faites sur ce qui pourrait être fait. D. Baum a remarqué que « les bus sont en endroit magnifique pour des actions ».
Avec les bus, on peut penser à du théâtre de rue, des parodies de bus ségrégationnistes et à informer les passagers.
Mike Wilson, Tohono O’odham, a souligné que la compagnie G4S a un énorme contrat avec la Sécurité Intérieure à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, pour le transport d’immigrants détenus.
Wilson a déclaré que la Sécurité Intérieure avait créé une occupation du territoire Tohono O’odham. « La Nation Tohono O’odham est actuellement occupée par une armée étrangère appelée Patrouille des Frontières des Etats-Unis ».
Wilson dit que la Patrouille des Frontières US a un pouvoir dominant sur la Nation Tohono O’odham et le Service de Police Tohono O’odham.
Wilson est directeur de la politique du Réseau d’Action à la Frontière. Depuis des années, Wilson met des réservoirs et des cruches d’eau dans la région frontalière [le désert de Sonora] pour les immigrants, en dépit des objections du gouvernement Tohono O’odham. C’est dans cette région du Désert de Sonora que de nombreux immigrants meurent chaque année de chaleur et de déshydratation.
Lors de sa visite à la frontière, en territoire O’odham, D. Baum a remarqué le matériel Caterpillar (Caterpillar a été la cible de protestations depuis que Rachel Corrie a été renversée et tuée par un bulldozer Caterpillar en Palestine).
Des militants de Tucson ont souligné que les bus de G4S, un moment appelés Wackenhut, infligent des traitements inhumains aux immigrants expulsés, les forçant à attendre au soleil ou dans des bus surchauffés pendant des heures. Beaucoup sont déjà déshydratés et agonisants quand ils sont conduits aux bus à la frontière.
Une autre compagnie employée pour travailler à la frontière Etats-Unis/Mexique est la compagnie d’armements Israélienne Elbit Systems, qui fournit aussi des systèmes de sécurité pour le Mur en Palestine. Elbit a un contrat de sous-traitance avec Boeing pour la construction du Mur à la frontière US/Mexique et pour des tours de surveillance.

D. Baum a dit à propos des compagnies qui violent les droits des Palestiniens « Nous demandons à ces compagnies d’arrêter, parce que nous pensons que çà en fera de meilleures compagnies ».
Pendant la discussion, il a été souligné que les individus n’étaient pas visés par le boycott, ni les compagnies dont l’implication est terminée, car ce ne serait pas une incitation au changement.
« Nous avons affaire à la politique des entreprises, et nous essayons de l’améliorer » dit D. Baum.
Elle a aussi rappelé que Polaroid avait été la première entreprise à se retirer de l’Afrique du Sud de l’Apartheid et que le mouvement avait été conduit par des employés de l’entreprise.
« Ce n’est pas contre l’entreprise, c’est pour elle ».
D. Baum a aussi suggéré des campagnes ludiques et créatives pour soutenir les droits de l’homme en Palestine, comme peindre les bulldozers en rose.

 

Le Docteur Dalit Baum est co-fondatrice de Who Profits from the Occupation et militante et chercheur de la Coalition of Women for Peace en Israël. Dans les cinq dernières années, Who Profits est devenue une source vitale pour des dizaines de campagnes à travers le monde, leur  fournissant des informations sur la complicité des entreprises dans l’occupation de la Palestine.
Dalit est une universitaire féministe qui enseigne dans les universités en Israël sur le militarisme et l’économie mondiale d’un point de vue féministe. Militante féministe/pro-homosexuels, elle a été active dans divers groupes du mouvement anti-occupation, entre autres Black Laundry [Laver plus Noir], Boycott de l’Intérieur, Zochrot, Anarchistes Contre le Mur et Femmes en Noir.
Cette année elle travaille de San Francisco avec le Programme d’Echanges Mondiaux Economic Activism for Palestine qui soutient corporate accountability campaigns [campagnes de responsabilisation des enterprises] aux Etats-Unis.

Chihuahua News

LA COMMISSION DES DROITS DE L’HOMME DE L’ORGANISATION DES ETATS AMERICAINS EXIGE LA PROTECTION DES ACTIVISTES

Par Frontera NorteSur : on-line, U.S.-Mexico border news (nouvelles de la frontière Etats-Unis-Mexique en ligne)
Center for Latin American and Border Studies, Las Cruces, New Mexico
Publié par Censored News
See article in English

Traduction Christine Prat

12 novembre 2012

La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a demandé au gouvernement Mexicain de protéger sept activistes ruraux Chihuahua qui sont à la pointe des mouvements contre la surexploitation de l’eau et l’activité minière. La demande a été effectuée dans l’intérêt des dirigeants d’El Barzon, une organisation de petits agriculteurs fondée dans les années 1990, et à la suite du meurtre du militant d’El Barzon Ismael Solorio Urrutia et de sa femme Manuela Martha Solis Contreras, dans la campagne Chihuahua, le 22 octobre dernier.

Un dirigeant d’El Barzon dans la région centre-nord du Chihuahua, Solorio, a été agressé physiquement avec son fils le 13 octobre dernier par des hommes apparemment liés à la branche mexicaine de la compagnie Canadienne MAG Silver Corporation, qui exploite une mine controversée sur un terrain appartenant au Benito Juarez Ejido dans la municipalité de Buenaventura.

Peu après l’agression de Solorio et de son fils, des dirigeants d’El Barzon ont rencontré le Secrétaire du Gouvernement de Chihuahua Raymondo Romero et demandé d’entreprendre une action pour mettre un terme à la violence et aux menaces contre les membres de leur organisation.

Seulement quelques jours plus tard cependant, Solorio et sa femme ont été retrouvés tués par balles dans un pick-up alors qu’ils se rendaient de leur domicile à un rendez-vous médical dans la capitale de l’état, Chihuahua City. Dénonçant les meurtres comme « crime d’état », des dirigeants d’El Barzon furieux ont exposé les corps de Solorio et de son épouse dans l’immeuble de l’état avant d’enterrer le couple au cours d’une cérémonie à laquelle des centaines de personnes ont participé.

Le gouverneur du Chihuahua Cesar Duarte du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) était parmi les endeuillés. Rejetant l’accusation selon laquelle le gouvernement était responsable de la mort de Solorio et Solis, Duarte a déclaré que Solorio était un de ses amis et un collaborateur pour les questions d’intérêts mutuels concernant les communautés rurales. Le dirigeant politique du Chihuahua a des racines professionnelles de longue date dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage de son état.

Les militants indiquent deux mobiles possibles pour les meurtres, qui se sont produits au milieu d’une convergence explosive de corruption, crime organisé et implication de multinationales dans le contentieux sur les questions d’eau et de ressources naturelles du Chihuahua, un état où la sécheresse et le changement climatique frappent simultanément les terres.

Le premier conflit oppose El Barzon à quelques agriculteurs Mennonites et Mestizo accusés de pomper illégalement de l’eau souterraine et de construire des barrières dans le bassin du Rio Carmen, dans cet état frappé par la sécheresse. La semaine dernière, la Commission Nationale de l’Eau et le Secrétariat au Développement Rural du Chihuahua ont envoyé des équipes dans la région pour commencer à démanteler des structures illégales.

Un deuxième conflit et indice pour les meurtres est précisément lié à la controverse sur la mine de MAG Silver, dans la mesure où un groupe de membres de l’ejido soutiennent le projet alors que beaucoup d’autres s’y opposent pour des raisons écologiques. Des groupements ruraux et syndicaux affiliés au PRI ont aussi soutenu activement la mine.

La région où Solorio et Solis ont été assassinés est aussi un corridor notoire pour le trafic de drogue, les stupéfiants étant transportés des montagnes vers les villes du Mexique et des Etats-Unis. Un article récent de l’hebdomadaire Proceso décrivait la région comme un « itinéraire de villes fantômes réduites au silence, une zone d’où on part à cause de la peur. »

Jusqu’à maintenant, personne n’a été arrêté pour les meurtres de Solorio et Solis. Les assassinats ont entraîné la formation d’une commission sénatoriale multipartis pour enquêter sur les activités minières dans le Chihuahua ainsi que l’envoi d’une lettre de sénateurs à l’Ambassade du Canada, selon le Sénateur du Chihuahua Javier Coral, du Parti d’Action Nationale.

« Nous avons la preuve que la compagnie MAG Silver a acquis illégalement des droits de 40 membres de l’ejido » dit le Sénateur Coral à propos des inquiétudes communiquées au gouvernement Canadien.

A la veille du Jour des Morts, le meurtre des Solorio a déclanché une manifestation à Mexico, devant l’Ambassade du Canada, où un autel a été élevé à la mémoire du couple assassiné.

Au cours du rassemblement organisé par El Barzon et des associations rurales et environnementales alliées, les manifestants ont demandé que les compagnies minières Canadiennes quittent le Mexique. Au Canada, entretemps, les meurtres du Chihuahua ont suscité des articles dans la presse et des expressions de solidarité de la part d’organisations des droits de l’homme et écologistes.

Vendredi 9 novembre El Barzon a rencontré le Gouverneur du Chihuahua Duarte dans la capitale de l’état pour discuter de la demande de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme d’organiser une protection active. Duarte a paraît-il promis de « prendre en considération la recommandation » de la Commission des Droits de l’Homme des Etats Américains et de fournir une protection aux militants et à leurs familles. Le Procureur de l’Etat de Chihuahua Carlos Manuel Salas a fait un commentaire similaire.

Ismael Solorio et Manuela Solis sont les dernières victimes en date d’une liste toujours plus longue de militants assassinés depuis 2008, l’année où la violence liée au crime organisé s’est intensifiée à Ciudad Juarez et dans l’état de Chihuahua.

Parmi les victimes précédentes, ont peut citer la militante de Juarez Valley Josefina Reyes Salazar et des membres de sa famille ; Geminis Ochoa, leader des vendeurs de rue de Ciudad Juarez ; Armando Villareal, dirigeant de l’organisation National Agrodynamic dans le nord-ouest du Chihuahua ; Ernesto Rabano, avocat d’une communauté autochtone Raramuri plongée dans une bataille pour la propriété d’une terre ; Le militant anti-kidnapping Mormon Benjamin LeBaron et son beau-frère Luis Widmar ; la poétesse et féministe de Ciudad Juarez Susana Chavez ; et Marisela Escobedo, tuée par balles en face du bureau du Gouverneur Duarte il y a près de deux ans alors qu’elle protestait contre le meurtre de sa fille et la libération du suspect numéro un.

Dans un contexte d’extrême violence des activistes comme Luz Castro, avocat du Centre des Droits Humains des Femmes de Chihuahua City, ont reçu des menaces, tandis que d’autres, comme Cipriana Jurado organisatrice écologiste et des mouvements de femmes, la militante contre le « femmicide » (meurtres en série de femmes à Ciudad Juarez) Marisela Ortiz et les membres survivants des familles Reyes Salazar et Escobedo, ont fui aux Etats-Unis et dans d’autres régions du Mexique pour leur sécurité personnelle.

 

Frontera NorteSur

Frontera NorteSur: on-line, U.S.-Mexico border news
Center for Latin American and Border Studies
New Mexico State University
Las Cruces, New Mexico

Voir aussi, si vous lisez les langues étrangères :

Additional sources: La Jornada, November 1 and 10, 2012. Articles by Matilde Perez, M.Breach and F. Camacho. El Diario de Juarez, October 23, 2012; November 10 and 11, 2012. Articles by Antonio Rebolledo, Reforma and editorial staff. Proceso/Apro, October 22 and October 31, 2012; November 3, 2012. Articles by Marcela Turati and editorial staff. Norte, October 23 and 26, 2012. Articles by Ricardo Espinoza and Don Mirione.

 

Arizona Snowbowl a commencé à profaner les Pics sacrés San Francisco avec de la neige faite d’eau d’égouts, et des régions encore intactes sont visées et détruites à travers tous les territoires Indiens

Par Brenda Norrell
Censored News
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Traduction Christine Prat

14 novembre 2012

La station de ski Arizona Snowbowl a commencé à profaner le site sacré des San Francisco Peaks avec de la neige faite d’eau d’égouts mardi 13 novembre, malgré les protestations et les affaires en justice. Les Pics San Francisco sont sacrés pour 13 Nations Autochtones de la région et les hommes médecine y conduisent des cérémonies de guérison et y cueillent des plantes médicinales.

Un appel à un boycott international de la station Arizona Snowbowl et des commerces de Flagstaff est lancé, vu qu’ils ont poussé à transformer les Pics sacrés en terrain de jeu pour des imbéciles. Au lieu de préserver les cultures des Autochtones, qui sont mises en scène et exploitées dans toute la ville de Flagstaff, la municipalité a poussé à la profanation et aux profits financiers de l’homme d’affaires de Scottsdale propriétaire de la station.

Les médias aussi ont joué un rôle dans la profanation, entre autres l’Arizona Daily Sun, qui a toujours refusé de relater selon l’éthique les nombreuses protestations et les actions en justice contre l’utilisation d’eau d’égouts pour le projet de neige artificielle. Une bonne part de forêt ancienne a également été détruite pour faire passer la tuyauterie.

Christina Sekayumptewa, une Hopi de Hotevilla dit : « Un jour très proche toutes les kachinas vont venir les fouetter pour toutes ces violations contre la nature. »

Pendant ce temps, mercredi matin à Nacogdoches, Texas, TransCanada a rasé au bulldozer une ferme produisant des biocarburants renouvelables. TransCanada réquisitionne le terrain pour l’oléoduc devant transporter les très polluants sables bitumineux. C’est le même oléoduc qu’Obama est venu promouvoir à Cushing, Oklahoma, en mars dernier. TransCanada terrorise les propriétaires de fermes pauvres et âgés dans le nord-ouest du Texas en ce moment. L’exploitation des sables bitumineux a déjà détruit le territoire des Cree en Alberta, Canada.

Dans le territoire Navajo, les Diné continuent à mourir des radiations des mines d’uranium exploitées pendant la Guerre Froide, tandis que des pressions sont exercées pour en ouvrir des nouvelles. Dans l’ouest du territoire Navajo, beaucoup de Navajos n’ont ni eau courante ni électricité. C’est cette même région qui est visée par le ministre de l’Intérieur Ken Salazar, dans le cadre d’un complot avec le Sénateur Jon Kyl pour faire passer par le Congrès paralysé par la cohabitation une loi dépossédant les Navajos de leurs droits sur l’eau.

Le complot a été rendu publique par la fuite d’un email. Les Navajos ont déjà dit « Non ! » à ce plan de vol des eaux du Petit Colorado. L’Arizona a désespérément besoin d’eau pour maintenir des styles de vie qui gaspillent abondamment l’eau dans le désert, et pour fournir de l’eau à la très polluante centrale au charbon « Navajo Generating Station » qui fournit de l’électricité au sud-ouest. C’est une des centrales les plus polluantes des Etats-Unis, gérée par le Projet Salt River.

Dans le Dakota du Nord les forages de pétrole et de gaz ont dévasté les territoires des Mandan, Hidatsa et Arikara. Les Lakotas combattent l’exploitation d’uranium sur leurs territoires, et un gazoduc devant transporter du gaz naturel liquéfié menace la région encore vierge de la rivière Columbia, à la frontière entre l’Oregon et l’état de Washington.

Dans tous ces cas, les médias sont responsables de ne pas informer sur les faits conformément à leur devoir selon l’éthique. Les médias sont eux aussi devenus un terrain de jeu pour des imbéciles.

 

 

 

Par Don Yellowman, Président de Forgotten People (Gens Oubliés)
Publié par Censored News
13 novembre 2012
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Traduction Christine Prat

Yah ah teh à tous :
Mon nom est Don Yellowman, Président de Forgotten People (Gens Oubliés), je suis Diné (Navajo), avec des Droits Inaliénables à l’Air Pur, l’Eau Pure et celui de vivre et prospérer sur nos Terres Maternelles.

Je suis là aujourd’hui pour partager avec vous la Résolution de Forgotten People sur le problème de la contamination par l’uranium de Diné Be Keh Yah (le pays des Navajos).

Je suis ici devant vous, au pied de Window Rock (un rocher percé d’un trou, dans la capitale de la réserve navajo qui porte son nom), qui symbolise notre force unifiée en tant que Diné. Je crois que nous sommes des Gens Sacrés chargés par notre Créateur d’être les Gardiens de nos territoires et de protéger notre mode de vie traditionnel.

Nous faisons face à de nombreux problèmes sur le territoire de la Nation Navajo, les gens se battent pour leurs droits à l’eau et contre les intérêts des non-Navajo sur nos ressources naturelles et nos sites sacrés.

Notre Nation Navajo soutient la production d’énergie sale qui pollue notre air, notre eau et nos terres ; et ironiquement, nous qui vivons à l’ouest de la Nation Navajo nous sommes vu refuser l’accès à l’électricité et à l’eau potable à cause de ces intérêts et politiques extérieurs (comme le ‘Gel de Bennett’ et la liste est longue) qui font obstacle à notre droit de prospérer.

Aujourd’hui, beaucoup de nos dirigeants élus sont ouverts à l’exploitation d’uranium sur le territoire de la Nation Navajo et on dit qu’ils la soutiennent.

A nos dirigeants : Ne plaçons pas le profit au dessus des gens, ni ne soyons aveuglés par l’ignorance et la cupidité ; n’oublions pas que le plus grave accident nucléaire aux Etats-Unis s’est produit sur le territoire de la Nation Navajo, lorsqu’un barrage retenant des déchets radioactifs s’est rompu, les laissant se déverser dans le Rio Puerco.

L’Histoire est condamnée à se répéter si elle est ignorée, cela s’est produit le 16 juillet 1979, à 5 heures du matin, sur le territoire Navajo, moins de 12 heures après que le Président Carter ait avancé des projets d’utiliser plus d’énergie nucléaire et de carburants fossiles. Ce matin-là plus de 1100 tonnes de déchets d’uranium se sont engouffrées à travers un barrage de boue près de Church Rock, Nouveau Mexique. Avec les déchets, près de 400 millions de litres d’eau radioactive ont traversé le barrage avant que la brèche ne soit réparée.

Pratiquement pas un mot de ce désastre n’est parvenu aux médias nationaux, et même aujourd’hui, peu de Navajos et d’Américains ont entendu parlé de cette effroyable catastrophe.

J’ai l’honneur, en tant que Président de Forgotten People, de présenter leur Résolution appelant la Nation Navajo et le Gouvernement des Etats-Unis à financer l’Assainissement de la Contamination à l’Uranium ; à respecter l’esprit du Moratoire sur l’Exploitation de Mines d’Uranium ; et à soutenir l’installation d’un Système de Surveillance des Radiations sur le territoire de la Nation Navajo.

Forgotten People appelle les Gouvernements de la Nation Navajo et des Etats-Unis à assurer que notre peuple, comme tous les peuples, a un droit inaliénable à de l’air pur, de l’eau pure et à la préservation de leurs terres sacrées.

Au cours des soixante-dix dernières années, même avant la catastrophe nucléaire de 1979 sur nos terres, en fait depuis les premiers jours où des membres de notre communauté ont commencé à travailler dans les mines d’uranium pour fabriquer les armes atomiques utilisées pour mettre un terme à la Seconde Guerre Mondiale, les gens de la Nation Navajo ont été induits en erreur, trompés et ignorés par le Gouvernement quant aux dangers auxquels ils avaient été exposés et les dégâts à venir pour nos enfants, pour l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les terres que nous avons travaillées et chéries depuis de nombreuses générations.

Près de 30000 d’entre nous ont déposé des requêtes auprès du Gouvernement des Etats-Unis, conformément à la loi, pour demander des indemnités et des soins pour leurs cancers et leur souffrance, pour la souffrance de nos enfants et de ceux qui ne sont pas nés à cause du vent, de l’eau et des terres empoisonnés.

Bien que l’exploitation minière ait cessé, les déchets radioactifs toxiques des mines ont été emportés par le vent et sont tombés là où il les a portés. Ces lieus incluent nos maisons, nos cours d’eau, notre nappe aquifère, nos poumons et les corps de nos enfants. Les produits toxiques resteront potentiellement mortels pour les 4,5 milliards d’années à venir et le fléau continuera jusqu’à ce nous, en tant que peuple, nous engagions à y mettre un terme.

Ce fléau nucléaire sur notre Nation est le Chernobyl Américain et ne sera ni ignoré ni marginalisé. Pour le Peuple Navajo, le combat contre le fléau n’est pas une question idéologique, c’est une question de vie ou de mort et c’est un combat que nous ne perdrons pas.

Une fois encore, nos terres sont à vendre pour du pétrole et du gaz de schistes. D’énormes richesses pour les non-autochtones, que des investisseurs avides et des grandes compagnies ne manqueront pas d’exploiter. Dans ce processus, encore une fois, nos Terres Maternelles qui entretiennent la Vie sont asservies.

Le gaz Radon, mortellement radioactif, sera émis, comme il l’était par les mines d’uranium dans les décennies passées. Notre eau sera de nouveau menacée, alors que nous devons encore nettoyer la pollution de l’exploitation précédente.

Cette fois-ci, la menace viendra des traceurs radioactifs utilisés dans la fracturation hydraulique afin que les investisseurs puissent prévoir où l’huile et le gaz de schistes couleront lorsqu’ils injecteront sous haute pression des fluides toxiques sous nos terres sacrées.

Si nous n’agissons pas maintenant, avant que des accords soient signés derrière des portes closes, au cours de discussions d’où les gens de la base sont exclus, un nouveau fléau semant la mort et la souffrance nous sera infligé, tout comme il y a 70 ans, quand le gouvernement ne pensait pas que nous avions le droit de savoir.

Nous, de Forgotten People (Nous, les Gens Oubliés) aujourd’hui et pour toujours, demandons la fin des souffrances inutiles de notre peuple. Les tromperies de nos gouvernements ne peuvent être admises plus longtemps. Nous souffrons en conséquence des politiques et des pratiques commerciales approuvées et agréées par les officiels élus de la Nation Navajo, de l’état d’Arizona et du Gouvernement Fédéral.

Nous appelons les Elus de la Nation Navajo et des Etats-Unis à mettre un terme à toutes les pratiques politiques et commerciales qui nous affectent sans avoir d’abord consulté les gens selon une procédure universelle et transparente.

Aujourd’hui « Forgotten People » a signifié officiellement à nos gouvernements que les gens savent qu’il y a une meilleure solution et sont déterminés à ce que les Diné construisent un futur viable qui apporte la justice sociale, économique et environnementale.

Les Diné ont des droits inaliénables selon les Traités, les Droits de l’Homme, les Droits Civiques et les Droits des Peuples Autochtones, non seulement d’exister mais de vivre dans la prospérité.

Il peut y avoir la Prospérité. Il peut y avoir des lendemains meilleurs pour tous. Mais ces jours ne viendront pas si nous répétons les erreurs d’hier et si nous laissons l’exploitation de nos territoires reprendre sans avoir d’abord nettoyé l’air, l’eau et les Terres Maternelles pollués.

En tant que nation et en tant que monde, nous savons qu’il est possible et nécessaire de nous protéger des vents radioactifs. Nous avons le droit d’être informés et conscients des vents empoisonnés qui peuvent nous entourer.

Les Gouvernements de la Nation Navajo et des Etats-Unis peuvent et doivent installer un réseau Populaire de Détection de la Radioactivité, similaire à celui que les gens ont demandé au Japon il y a tout juste un an suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Trente jours plus tard il a été répondu à leurs demandes. Ils n’ont pas eu besoin d’attendre soixante-dix ans pour obtenir les informations pouvant sauver la vie. Nous le peuple Navajo, aujourd’hui et dans l’esprit de nos anciens et pour les générations futures qui dépendent de ceux qui vivent aujourd’hui, nous n’attendrons pas un moment de plus.

Les Navajos ne sont pas étrangers au combat. Nos gens ont une longue et glorieuse tradition de service en Première Ligne dans les forces armées des Etats-Unis et nos codeurs (Code Talkers) sont responsables du résultat de la Deuxième Guerre Mondiale. N’oublions pas non plus que nos mineurs ont aidé à construire l’arsenal nucléaire qui a protégé l’Amérique d’attaques pendant la Guerre Froide.

Nous devons nous mobiliser devant ces défis comme des guerriers pour la bataille. Si nécessaire, nous irons à Washington, DC, montés sur nos chevaux. Il est impératif pour notre survie que nous le peuple Diné soyons à nouveau maîtres de notre destiné et imposions nos droits pour décider de la destinée de nos enfants.

Il doit y avoir un Système Populaire de Détection de la Radioactivité sur le territoire de la Nation Navajo et nous n’attendrons pas qu’il soit installé. Nous avons déjà commencé à collecter des fonds pour commencer nous-mêmes.

TOUTES les victimes de la contamination à l’uranium doivent avoir droit à une indemnisation selon la Loi sur l’Exposition au Rayonnement et l’Indemnisation de 1990 et ses amendements.

Le programme d’assainissement de l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis doit continuer jusqu’à ce que le travail soit entièrement accompli, et non pas à la date d’expiration.

Le moratoire sur l’ouverture de nouvelles mines doit être maintenu jusqu’à ce que l’assainissement soit entièrement accompli.

Le Peuple doit obtenir le pouvoir d’instaurer des règles et des standards pour toute nouvelle mine sur nos terres.

Qu’il soit établi qu’en tant que peuple Diné, il nous a été accordé, non par le gouvernement mais par notre Créateur, des droits inaliénables à l’air pur, l’eau pure et la préservation des Terres Sacrées.

Que tous ceux qui cherchent à obtenir notre consentement pour avoir accès à ces précieuses ressources et à notre Mère, viennent d’abord nous trouver, nous les Diné, afin que nous puissions demander la bénédiction du Peuple.

Pour terminer, je voudrais dédier cette action à Florabell Paddock , décédée récemment. Au cours de sa vie elle a souffert, puis s’est éteinte en conséquence directe de la contamination par l’uranium près de sa maison à Black Falls.

 

Ake he,

Don Yellowman, Président de « Forgotten People »

 

DES NAVAJOS DISENT QUE LA PRETENTION HOPI A DES DROITS ANTERIEURS SUR L’EAU REPOSE SUR L’INCAPACITÉ DES AVOCATS NON-INDIENS DE LA NATION NAVAJO A PROTEGER CES DROITS

Par
Diné Hada’ Isidi’
Diné Water Rights Committee
Ed Becenti, Liaison

Sur Censored News  See original article in English
Traduction Christine Prat

2 novembre 2012

En ce qui concerne les eaux de surface de la branche principale de la rivière Petit Colorado, voici ce qui se passe réellement, à propos de la prétention Hopi à des droits antérieurs qu’ils qualifient « d’immémoriaux », soit des droits remontant au début des temps.

La plaisanterie vient de nous, et nos ennemis ne sont pas les Hopi mais nos propres avocats. Les Hopi n’ont rien réclamé du cours principal du Petit Colorado que nos avocats auraient réclamé pour nous. Les Navajo, selon nos juristes, n’ont pas de « droits antérieurs » menacés sur le cours principal du Petit Colorado. Dans le projet de loi sénatoriale S.2109, le Sénateur d’Arizona Jon Kyl et nos propres juristes ont bradé tous les droits antérieurs des Navajo sur les eaux de surface du cours principal du Petit Colorado. Il ne reste même pas une tasse des eaux de surface que nous possédions effectivement si le texte de la loi S.2109 reste inchangé. Nos avocats (et la commission des droits sur l’eau et son administration) ont abandonné ces droits antérieurs aux non-Indiens en amont et en aval sur la rivière Petit Colorado. Ces droits des non-Indiens en amont et en aval sont des droits que nos juristes et Kyl ont particulièrement bien protégé dans le projet de loi S.2109. Ainsi, en ce qui concerne les eaux de surface du cours principal du Petit Colorado, ce sont ces droits des non-Indiens que les Hopi ont voulu s’approprier. Ils souhaiteraient aussi avoir l’eau des principaux cours temporaires et les eaux souterraines que nous partageons. Par conséquent, les avocats de la Nation Navajo passent beaucoup de temps et dépensent des milliers de dollars pour NE PAS protéger nos droits sur les eaux de surface de la branche principal du Petit Colorado. Les juristes ont déjà bradé nos droits sur les eaux de surface dans le texte du projet de loi S.2109, et ils le referont si nous ne les empêchons pas. Ainsi, nos avocats contestent les droits antérieurs réclamés par les Hopi, non pas pour les Navajo mais pour les non-Indiens, ceux pour qui nos juristes et Kyl ont déjà bradé nos droits antérieurs. (la question des eaux souterraines est une question plus compliquée).

D’après le site web du Service des Ressources en Eau d’Arizona (ADWR), le Petit Colorado déverse chaque année environs 10 millions de litres d’eau dans le Colorado, eau qui est utilisée en aval, sans nous être payée, en Arizona, au Nevada et en Californie.

L’ironie est que nous payons pour protéger des Hopi les droits des non-Indiens sur les eaux de surface, vu que nos juristes ont déjà fourgué nos droits sur le cours principal aux non-Indiens. Pouvons-nous récupérer nos droits ? OUI. Il nous suffit de nous débarrasser de nos avocats et d’en prendre d’autres, plus loyaux et qui ne travaillent pas pour Jon Kyl ou son successeur et qui feront reconnaître nos droits. (…) Nous avons payé ces gens des millions de dollars pour minimiser nos droits et les liquider. (…)

Tout ceci fait que nous, les Navajo, nous sentons comme ces Indiens qui ont accepté pour 26 dollars de perles en échange de l’Ile de Manhattan. Est-ce que nous et nos dirigeants sommes toujours aussi stupides ? Nous savons que (…) ceux qui soutiennent nos avocats ennemis semblent l’être. Nous sommes persuadés que nos dirigeants peuvent voir la vérité s’ils le veulent, car elle nous saute à la figure.

Diné Hada’ Isidi’
Diné Water Rights Committee
Ed Becenti, Liaison

 

 

LE MINISTRE DE L’INTERIEUR US ORGANISE UNE RENCONTRE AVEC DES OFFICIELS NAVAJO POUR TENTER DE REFORMULER L’ACCORD SUR LES EAUX DU LITTLE COLORADO AFIN DE LE FAIRE PASSER EN DOUCE PAR LE CONGRES DE ‘COHABITATION’

Par Brenda Norrell
Copyright Censored News   See original article in English

Traduction Christine Prat

Mardi 16 octobre 2012

Le ministre de l’Intérieur Ken Salazar veut faire passer en force l’Accord sur les Droits sur l’Eau du Little Colorado des Navajo et Hopi, déjà rejeté par les Navajo, en profitant du Congrès de ‘cohabitation’, d’après une fuite communiquée à Censored News.

Le mémorandum du Bureau de Washington de la Nation Navajo indique qu’il y aura une réunion le 14 novembre à Washington entre Salazar et des officiels Navajo et Hopi pour discuter de l’accord sur les droits sur l’eau, et sur la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], l’une des centrales au charbon les plus polluantes des Etats-Unis que les politiciens Navajo et Américains veulent maintenir en activité.

De nombreuses Nations Autochtones d’Arizona ont déjà accepté des « accords sur les droits sur l’eau », que les opposants qualifient de vol de l’eau des Indiens au profit des Etats-Unis grâce à des avocats d’affaires non-Indiens. Ceux qui s’opposent à l’accord sur les eaux du Little Colorado disent qu’il exige que la Nation Navajo renonce à de précieux droits sur l’eau, conformément à la Doctrine Winter et que les futures générations de Navajo en souffriront.

Le plan prévoit que Salazar rencontre des officiels Navajo et Hopi, puis persuade le Sénateur d’Arizona Jon Kyl de modifier le projet de loi qui a déjà été rejeté et de le faire passer en force par le Congrès de ‘cohabitation’ qui suivra les élections.

 

Le document du Bureau Navajo de Washington indique : « Le ministre pense que si les Tribus peuvent arriver à une solution commune sur les parties de l’accord qui ont suscité le plus d’objections, il peut convaincre le Sénateur Kyl d’apporter des modifications au dit accord. Si l’accord peut être modifié, il peut y avoir une opportunité de le faire passer par le Congrès de ‘Cohabitation’ après les élections de novembre ».

Le document du Bureau Navajo de Washington est adressé au Président Navajo Ben Shelly et au Président du Conseil Navajo Johnny Naize.

Dans le style de négociations brutal et le chantage politique typiques des Etats-Unis, Salazar dit dans sa lettre au président du Conseil Navajo qu’ils parleront aussi du logement dans la région soumise au  ‘gel de Bennett’, où les Navajo vivent dans des conditions lamentables.

Une des principales raisons pour lesquelles les Etats-Unis veulent les eaux du Little Colorado, est de maintenir en activité la Centrale Navajo [Navajo Generating Station], une source majeure de réchauffement climatique. La centrale au charbon, située sur le territoire de la réserve Navajo près de Page, Arizona, a été construite en trompant les Navajo. Un avocat de la compagnie charbonnière Peabody Coal a orchestré un soi-disant conflit territorial entre les Navajo et les Hopi afin de déporter plus de 14000 Navajos de Black Mesa, afin que Peabody puisse mettre la main sur le charbon qui s’y trouvait.

Aujourd’hui, le charbon extrait de Black Mesa par Peabody alimente la Centrale Navajo [Navajo Generating Station] qui fournit de l’électricité aux villes du sud-ouest, alors que beaucoup de Navajo vivent sans électricité. L’extraction de charbon vide les nappes aquifères du territoire Navajo, alors que beaucoup d’habitants de Black Mesa n’ont pas l’eau courante.

 

Voir articles précédents sur le sujet

 

Par Brenda Norrell
Censored News See original article in English

Traduction Christine Prat

Lundi 29 octobre 2012

HERMOSILLO, Mexique – Les Peuples Autochtones de l’état de Sonora, Mexique, ont soutenu les Guarijio qui s’opposent à la construction du barrage Los Pilares qui pourrait conduire à la perte de leur territoire et à leur déplacement forcé. Au cours de la Deuxième Réunion des Guides Spirituels, les dirigeants Autochtones se sont aussi unis pour soutenir les Yaqui qui luttent contre le vol de l’eau de leur rivière, le Rio Yaqui.

Les Autochtones du Sonora se sont aussi unis contre le trafic de drogue qui affecte Los Pimas dans le sud du Sonora et l’exploitation de mines d’or et le méga projet agricole qui menacent la communauté cérémonielle O’odham de Quitovac au nord de l’état de Sonora, près de la frontière avec l’Arizona.

Le combat pour protéger l’eau et le territoire de l’exploitation minière, et les dégâts dus au développement et au tourisme sur les territoires Autochtones étaient au centre des discussions lors de la réunion des 26 et 27 octobre. Les Peuples Autochtones se sont aussi consultés sur les manières de préserver leur langue et leur culture.

Dans l’état de Sonora, des forêts anciennes sont détruites et les travailleurs exploités pour des bas salaires, pour la production de charbon de bois qui continue sans être réglementée. Les rivières sont empoisonnées par les grandes compagnies.

Pendant ce temps, lors d’une autre action dans l’état de Sonora dimanche, des Comca’ac (Seri) ont réoccupé leurs terres ancestrales près de Kino Bay. Affirmant leurs droits sur le sol, les Seri se sont réunis pour une cérémonie par laquelle ils récupéraient leur territoire.

Sur le combat des Guarijio contre le barrage Los Pilares, voir la vidéo de l’interview de Censored News : http://bsnorrell.blogspot.com/2012/10/video-interview-guarijios-battle-dam.html

En soutien aux Guarijio luttant contre le barrage, les Chefs Traditionnels O’odham ont déclaré « Les Guarijio n’ont pas été informés ni consultés convenablement sur la base d’informations transparentes en ce qui concerne les plans détaillés du projet de barrage Los Pilares/Bicentenario sur le cours supérieur de la Rivière Mayo dans le sud-est de l’état de Sonora et les Guarijio n’ont pas été informés ni consultés convenablement sur les études montrant les effets négatifs qui couperont leurs moyens de subsistance »… [Voir traduction française de leur Déclaration]

Déclaration des Chefs Traditionnels des Communautés O’odham du Sonora, Mexique, en Soutien aux Guarijio contre l’inondation de terres traditionnelles par le projet de barrage Los Pilares/Bicentenario sur la Rivière Mayo, dans le sud-est de l’état de Sonora

 

Publié par Censored News le 26 octobre 2012
See http://www.bsnorrell.blogspot.mx/2012/10/traditional-oodham-leaders-support.html and
http://chiltepines.wordpress.com/2012/10/26/declaracion-de-los-lideres-tradicionales-oodham-en-apoyo-al-pueblo-guarijio/

Traduction Christine Prat

 

Cu.Wi I-Gersk, Sonora, Mexique – Les Chefs Traditionnels O’odham de l’état de Sonora, Mexique, sont à nouveau abasourdis de constater que le Gouvernement Mexicain, en ces temps d’avancées technologiques, n’a pas encore acquis les principes de base d’honnêteté et de décence dans la manière d’exister avec le monde naturel. Comme cela se produit à répétition dans notre région, le développement est autorisé sans aucun respect ni consultation de la population locale. Le développement se poursuit sans adéquation claire avec les règles culturelles, environnementales et biologiques instaurées par le Gouvernement du Mexique.

Les Chefs Traditionnels O’odham du Sonora, Mexique, représentent les communautés O’odham du nord du Sonora, Mexique, et sont reconnus comme représentants officiels agréés par les membres de la communauté O’odham, et reconnus par l’Etat et le Gouvernement Fédéral du Mexique.

Après avoir discuté des effets du projet de barrage LOS PILARES/BICENTENARIO sur le cours supérieur de la Rivière Mayo, dans le sud-est de l’état de Sonora, au nord-ouest du Mexique, les Chefs Traditionnels O’odham soutiennent les objections des Guarijio :

1. Les Guarijio n’ont pas été informés ni consultés convenablement sur la base d’informations transparentes en ce qui concerne les plans détaillés du projet de barrage Los Pilares/Bicentenario sur le cours supérieur de la Rivière Mayo dans le sud-est de l’état de Sonora et les Guarijio n’ont pas été informés ni consultés convenablement sur les études montrant les effets négatifs qui couperont leurs moyens de subsistance.

2. Les Guarijio ont souffert d’avoir été visés par des médias locaux et régionaux malhonnêtes (presse et télévision) affirmant qu’ils étaient « opposés au développement » et aux avantages affirmés du projet. Les Guarijio sont jugés publiquement sans avoir bénéficié d’informations adéquates ou avoir été consultés sur la base d’informations claires sur les détails du projet de barrage Los Pilares/Bicentenario sur le cours supérieur de la Rivière Mayo dans le sud-est de l’état de Sonora.

3. L’Analyse d’Impact Environnemental (EIA) n’inclut pas tous les impacts sociaux et environnementaux importants. Les Guarijio n’ont pas été convenablement informés ni consultés sur la base d’informations claires sur les plans détaillés du projet de barrage Los Pilares/Bicentenario [qui auraient été nécessaires] pour qu’ils participent et contribuent à l’Analyse d’Impact Environnemental et aident à identifier les conséquences culturelles, sociales, biologiques et environnementales importantes que le projet de barrage Los Pilares/Bicentenario aura sur l’existence de la population de la région.

Pareillement aux O’odham, les Guarijio, tout comme les peuples Pima et Mayo, ont peuplé cette région depuis des temps anciens. La culture, les traditions et la vie indigènes dépendent des ressources de la région comme l’eau et les écosystèmes qui y sont associés et qui sont essentiels à leur survie.

Les conséquences du projet de barrage incluent le déplacement physique de maisons et de communautés, touchant gravement leur héritage culturel et historique. Le projet de barrage détruira les ressources naturelles qui fournissent la nourriture et les plantes médicinales, ainsi que les matériaux de construction traditionnels dont dispose actuellement la communauté.

Les Chefs O’odham Traditionnels du Sonora, Mexique, soutiennent totalement les Guarijio et encouragent la solidarité de tous ceux qui nous sont apparentés dans la région pour travailler dans l’unité à la protection de nos droits en tant que peuple autochtone et assumer nos responsabilités vis-à-vis du territoire et de l’univers.