UNE POURSUITE EN JUSTICE CONTRE L’APPROBATION FEDERALE DE CONTINUER A POLLUER LA REGION DE FOUR CORNERS POUR DES DECENNIES
Par Shiloh Hernandez, Centre Légal pour l’Environnement de l’Ouest
Colleen Cooley, Diné C.A.R.E.
Mike Eisenfeld, Alliance Citoyenne de San Juan
Rachel Conn, Amigos Bravos
Taylor McKinnon, Centre pour la Diversité Biologique
Nellis Kennedy-Howard, Sierra Club
21 décembre 2015
Publié sur Censored News le 22 décembre
Traduction Christine Prat
PHOENIX, Arizona – Après des années de refus de la part des services du gouvernement américain de se préoccuper des dégâts causés par le charbon de la Centrale de Four Corners et de la ‘Mine Navajo’, des Diné (Navajo), et des groupes de préservation de l’environnement régionaux et nationaux viennent de s’allier pour entreprendre une action en justice, afin d’obtenir réparation pour les effets sur les communautés, le climat et les espèces menacées.
Aujourd’hui, les associations ont déposé une notification d’intention de poursuivre l’Office des Mines de Surface, le Service des Poissons et de la Vie Sauvage des Etats-Unis et d’autres administrations fédérales pour avoir approuvé la continuation de la Centrale de Four Corners et le Projet Energétique de la Mine Navajo en juillet. L’approbation prolonge l’existence d’une centrale et d’une mine existant depuis 52 ans – et qui sont parmi les plus notoires pour la pollution au charbon du pays – jusqu’en 2041, malgré les effets toxiques du charbon sur les communautés, le bassin hydrologique de la rivière San Juan, ses écosystèmes et ses espèces menacées.
« Alors que le reste du monde effectue la transition vers des formes d’énergie alternatives, la Centrale de Four Corners continue à bruler du charbon et continuera encore dans les 25 années à venir » dit Colleen Cooley, de Citoyens Diné Contre la Ruine de Notre Environnement. « Prolonger l’emploi du charbon condamne notre santé et l’eau, l’air et la terre autour de nous, et en plus, l’avenir économique de notre communauté, en nous empêchant d’investir et de faire la transition vers l’énergie propre. Même le précédent propriétaire de la Mine Navajo, BHP Billiton, s’est retiré de nombreux contrats de charbon sur toute la planète, parce que le charbon n’est plus économiquement faisable. »
La communauté et les associations de préservation ont dénoncé les déficiences béantes dans le rapport gouvernemental sur les effets de la Centrale de Four Corners et la Mine Navajo, entre autres l’analyse inadéquate des alternatives d’énergie propre au prolongement de l’utilisation du charbon, la prise en compte insuffisante de la pollution au carbone, les problèmes de santé publique, les menaces pour les espèces en danger, la contamination de l’eau par les cendres de charbon, et les impacts sur la culture Navajo.
« On peut supposer que le gouvernement américain connaît l’importance de la transition vers une économie d’énergie propre aujourd’hui, c’est donc un véritable affront envers les résidents de la région de Four Corners que les fédéraux ne fournissent même pas une évaluation honnête de la pollution, ou des alternatives solaires et éoliennes pour la Centrale de Four Corners et la Mine Navajo » dit Mike Eisenfeld, de l’Alliance Citoyenne de San Juan. « Nous tous, dans le sud-ouest, méritons au moins une analyse honnête par des experts. »
La notification d’aujourd’hui relève des violations de la Loi sur les Espèces Protégées et sera suivie dans 60 jours par des plaintes supplémentaires se référant à la Loi sur la Politique Nationale d’Environnement, concernant les effets sur le climat, les gens et les communautés locales.
« Le mercure est la principale cause de la dégradation de la qualité de l’eau dans les lacs et les réservoirs du Nouveau-Mexique » dit Rachel Conn, directrice exécutive par intérim d’Amigos Bravos. « Plus de 24000 hectares de lacs et de réservoirs du Nouveau-Mexique sont pollués au mercure. C’est inacceptable que dans plus de la moitié des lacs et des réservoirs de l’état, les habitants du Nouveau-Mexique ne peuvent plus pêcher sans craindre d’empoisonner leurs familles. »
« Des décennies de pollution au charbon mortelle ont empoisonné les gens du bassin hydrologique de la San Juan, la rivière San Juan et ses poissons menacés » dit Taylor McKinnon, du Centre pour la Diversité Biologique. « Nos lois exigent que le gouvernement sauve les espèces menacées, mais toujours plus de pollution au charbon conduira à l’extinction des poissons de la rivière San Juan. C’est maintenant qu’il est temps de mettre en œuvre la transition vers une énergie propre et renouvelable. »
« Les administrations fédérales doivent assurer que l’utilisation de charbon soit conforme à la loi. Ce que les administrations ne peuvent pas faire, c’est de trafiquer la loi pour l’accommoder à l’exploitation du charbon, mais c’est justement de qu’ils ont fait ici » dit l’avocat du Centre Légal pour l’Environnement de l’Ouest, Shiloh Hernandez. « Ce que ça montre, c’est que la Mine Navajo et la Centrale de Four Corners, obsolètes et très polluantes, ne peuvent pas fonctionner en accord avec la loi. Ces entreprises sont dépassées et exigent une transition. »
« Ce site toxique et dépassé cause des ravages pour la santé des gens et des écosystèmes depuis beaucoup trop longtemps » dit Nellis Kennedy-Howard, qui dirige la campagne Au-delà du Charbon du Sierra Club. « L’Office des Mines de Surface et le Service des Poissons et de la Vie Sauvage ont délibérément ignoré les effets environnementaux de ce site quand ils ont approuvé la prolongation de son existence. »
Parmi les groupes impliqués dans la notification d’aujourd’hui, il y a les Citoyens Diné Contre la Ruine de Notre Environnement, l’Alliance Citoyenne de San Juan, Amigos Bravos, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club. Ils sont représentés par les avocats Shiloh Hernandez, Matt Kenna, Kyle Tisdel et Laura King, du Centre Légal pour l’Environnement de l’Ouest, John Barth et Michael Saul du Centre pour la Diversité Biologique.
Photo du titre Censored News, autres photos Christine Prat
Communiqué de presse, 16 décembre 2015
Contacts:
Katherine Davis, Center for Biological Diversity, (801) 560-2414, kdavis@biologicaldiversity.org
Roger Clark, Grand Canyon Trust, (928) 890-7515, rclark@grandcanyontrust.org
Sandy Bahr, Sierra Club, (602) 999-5790, sandy.bahr@sierraclub.org
Du site Protect Grand Canyon, campagne du Sierra Club
16 décembre 2015
Traduction Christine Prat
PHOENIX – Des groupes de Préservation de l’Environnement ont aujourd’hui appelé l’état d’Arizona à refuser les permis de pollution de l’air à trois mines d’uranium situées à la limite du Parc National du Grand Canyon.
Dans des commentaires envoyés au Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona [ADEQ], trois groupes de préservation de l’environnement ont aussi demandé une régulation plus stricte sur l’extraction d’uranium, en se référant aux inquiétudes soulevées par la dispersion de poussière radioactive dans la ville de Flagstaff et les communautés tribales du nord de l’Arizona. Les commentaires ont été soumis pendant la période réservée aux commentaires du public, pour le projet de l’Agence visant à renouveler les permis de polluer l’air pour trois mines, sans examen, surveillance ou atténuation conformes aux exigences liées à la pollution radioactive potentielle.
Le Service a publié une note sur le projet de renouveler les permis de polluer pour les mines d’uranium (Canyon Mine, EZ Mine et Pinenut Mine) début décembre. Il n’y a pas eu d’audiences publiques pour les régions qui seront affectées par l’extraction et le transport de minerai d’uranium. Les groupes de Préservation mettent en question la pertinence de l’octroi de trois permis, y compris celui pour la Mine EZ, qui n’a pas encore reçu les permis fédéraux requis.
« L’un des permis de l’ADEQ est pour une mine d’uranium qui doit encore soumettre un plan d’opérations à un examen publique ou une approbation par le Service des Forêts des Etats-Unis », dit Roger Clark du Grand Canyon Trust. « Sans projet spécifique, pourquoi l’ADEQ accorde un permis pour la mine d’uranium EZ ? Pourquoi l’état pré-approuverait un permis de polluer pour une mine qui pourrait ne pas ouvrir avant des décennies, ou même jamais ? »
Les effets négatifs sur l’héritage culturel et les ressources en eau des mines d’uranium existantes sont bien documentés. Les Havasupai se sont longtemps opposés à la Canyon Mine, située à quelques kilomètres de Red Butte, classée comme « Propriété Culturelle Traditionnelle ». Les résultats de recherches scientifiques sur l’héritage toxique de l’extraction d’uranium dans le bassin hydrologique du Grand Canyon ont conduit le Président Obama à soustraire temporairement la zone autour du Grand Canyon à l’extraction d’uranium, en 2012.
« C’est indigne d’autoriser des compagnies minières à polluer notre air et notre eau avec de la poussière radioactive, connue pour mettre en jeu la santé humaine et la vie sauvage » dit Katie Davis, qui fait campagne pour les terres publiques au Centre pour la Diversité Biologique. « Accorder ces permis révèlerait un mépris irresponsable pour l’obligation de l’état de protéger le bien-être de ses citoyens et l’air, l’eau et la vie sauvage d’Arizona. »
Les commentaires signalent aussi la longue histoire des violations de la sécurité et les exigences de la compagnie minière, Energy Fuels, et le fait que les mines sont situées à l’intérieur du secteur protégé autour du Parc National du Grand Canyon. Des études portant sur d’autres mines d’uranium près du Grand Canyon montrent une forte probabilité de contamination des terres publiques alentours, et que le minerai d’uranium est transporté dans des camions sur des routes très fréquentées, couvert seulement par des bâches goudronnées.
« Le Sierra Club a pour vocation de protéger le Grand Canyon ainsi que la santé et le bien-être des gens d’Arizona » dit Sandy Bahr, directrice du Sierra Club du Chapitre du Grand Canyon. « Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona devrait se concentrer sur ces aspects importants, donc choisir la plus grande prudence et refuser d’approuver ces permis de polluer l’air aux trois mines. »
Le commentaire des groupes a également demandé une audience publique et la prolongation de la période de commentaires afin de permettre une plus grande participation du public. Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona indique dans son préavis publique que les commentaires du public sur les renouvellements des permis seront acceptés jusqu’au 4 janvier 2015.
Dites au Président Obama de protéger la région du Grand Canyon des mines d’uranium pour toujours.
Depuis plusieurs années, des membres de la communauté Autochtone de Gila River, et plus particulièrement le Collectif de Jeunesse Akimel O’odham [Akimel O’odham Youth Collective – AOYC], s’opposent au projet d’extension du périphérique 202 à travers leur Réserve, et à travers Moadak Do’ag, la Montagne du Sud, sacrée pour les O’odham. Le projet détruirait la Montagne du Sud sur une largeur d’autoroute à 8 voies, et par endroits sur une hauteur équivalent à deux étages. Des terres seraient détruites, ainsi que des maisons, et des habitants devraient déménager. De plus, la pollution – et les maladies pulmonaires qu’elle provoque – augmenterait considérablement, la drogue et les armes à feu entreraient encore plus facilement dans la région et les Réserves.
C’est ce dont parle Andrew Pedro, membre du Collectif de Jeunesse Akimel O’odham dans la vidéo ci-dessous, enregistrée le 28 septembre 2015.
LE PERIPHERIQUE 202 FAIT PARTIE D’UN PROJET INFINIMENT PLUS VASTE
Par Christine Prat
In English
Le projet d’extension du périphérique 202 – une bretelle qui contourne Phoenix par l’est pour l’instant – à travers le territoire Akimel O’odham de Gila River, s’inscrit dans un projet beaucoup plus vaste. Il est question de créer un axe de transports commerciaux allant du port de Guaymas, au Mexique, jusqu’en Alberta, au Canada, dans la région où sont extraits les désastreux sables bitumineux. L’axe doit aussi passer à proximité des sables bitumineux d’Utah et de gisements de gaz de schistes. Cet axe emprunte des autoroutes existantes, mais de nouvelles portions doivent être construites là où les routes existantes ne permettent pas une circulation intense de poids lourds. Entre autres, une prolongation de la bretelle 202 vers l’ouest de Phoenix, à travers la Montagne du Sud, sacrée pour les Autochtones, et la construction d’une nouvelle autoroute entre Phoenix et Las Vegas, la route actuelle n’étant pas adaptée au trafic prévu. Le projet comprend aussi la construction de ‘ports intérieurs’ avec des ‘zones de commerce extérieur’ qui permettraient un allègement des taxes pour les entreprises privées.
L’ALENA (NAFTA) ET LE CANAMEX
En fait, ces projets autoroutiers ont été pensés dans le cadre de l’ALENA [NAFTA en anglais], un accord de libre échange de 1993 entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, signé par Bill Clinton en 1994. L’axe autoroutier (et dans le futur ferroviaire, portuaire, incluant peut-être des pipelines, etc.) baptisé CANAMEX, a été conçu dès la mise au point de l’accord. Entretemps, et vu que des protestations s’élèvent, les promoteurs du projet prétendent que le CANAMEX a pour but de désengorger les ports de la côte ouest des Etats-Unis en faisant passer une partie des marchandises échangées avec les pays du Pacifique par le port de Guaymas, au Mexique, dont la capacité devrait être doublée. Cependant, il est évident que le fait que les dockers mexicains sont beaucoup moins payés, ont beaucoup moins de protections sociales et des règles de sécurité beaucoup moins strictes que les dockers syndiqués des Etats-Unis, et que c’est donc beaucoup moins cher pour les entreprises de passer par Guaymas, pèse de tout son poids dans le projet. Plus généralement, lorsque l’ALENA a été conçu, ses promoteurs affirmaient que çà créerait des emplois dans les trois pays. Evidemment, il n’en est rien. De nombreux emplois ont été délocalisés, des usines se sont installées à la frontière, côté mexicain, pour employer des immigrants refoulés, qui n’ont même pas assez d’argent pour retourner dans les régions d’où ils viennent, qui doivent travailler pour presque rien et sans aucune garantie – ils travaillent quand ça arrange l’entreprise et ne sont pas payés quand on n’a pas besoin d’eux (voir l’article d’Anne Vigna dans ‘Manière de Voir’ 128, avril-mai 2013).
Depuis, l’ALENA (NAFTA) doit être prolongé par le TTP – TransPacific Partnership [Partenariat Trans Pacifique, jusqu’à maintenant, 12 pays sont arrivés à un accord : L’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle Zélande, le Pérou, Singapore, les Etats-Unis, et le Vietnam] – et par le TAFTA à travers l’Atlantique.
A part le CANAMEX, le Canada veut aussi construire des pipelines allant d’Alberta à la côte du Pacifique pour transporter ses sables bitumineux à travers le territoire des Autochtones Unist’ot’en et le territoire Wet’suwet’en, qui n’a jamais été cédé légalement, et dont les habitants continuent à résister. Il y a également de la résistance au Mexique contre La Parota Dam et la privatisation.
PARTENARIAT PRIVE PUBLIC
Les pouvoirs publiques des trois pays concernés, (fédéraux, des états et des municipalités) n’ont jamais eu les moyens de financer le projet CANAMEX et ont donc conclu des ‘Partenariats Privé-Public’ ou P3, qui pratiquement en reviennent à une quasi privatisation du projet et des terres confisquées : les entreprises privées avancent l’argent, mais les autorités doivent bien sûr rembourser et de plus garantir des bénéfices aux investisseurs. Dans le cas du CANAMEX, il a même été envisagé de faire des autoroutes à péage, ce qui jusqu’à maintenant n’existe pas aux Etats-Unis. [Pensez au Partenarial Privé-Public entre les pouvoirs publics français et Vinci !]
LA FRONTIERE
Si l’ALENA devait imposer la liberté totale de circulation des marchandises, il n’en est pas de même pour les humains. L’accord a donc été accompagné d’une politique délirante contre l’immigration, la militarisation des zones frontalières, la construction d’un mur par endroits, d’une barrière ailleurs, l’instauration de visas (au prix inabordable) pour les Autochtones dont le territoire a été divisé par les conquêtes des Etats-Unis sur le Mexique officialisées par le Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848, de caméras de surveillance pas toujours dirigées vers le Mexique, de drones, de flics de la patrouille des frontières qui arrêtent qui bon leur semble, roulent à tombeau ouvert sur les pistes des réserves au prix de nombreuses vies de piétons, etc. La création de ‘ports intérieurs’ avec des ‘zones de commerce extérieur’ impliquerait la présence d’agents de la Protection des Douanes et des Frontières, ce qui accroitrait considérablement l’insécurité des immigrés bien au-delà des régions frontalières.
LE ‘CORRIDOR DU SOLEIL’
Outre l’axe CANAMEX, le périphérique 202 doit aussi faire partie d’un projet appelé ‘Corridor du Soleil’, qui a pour but de créer une mégalopole allant de Phoenix à Tucson, et peut-être même de Prescott à Nogales. Phoenix a déjà plus de 6 millions d’habitants, Tucson a des rues de 40 km ou plus. Ces villes consomment une quantité d’énergie et d’eau bien au-dessus de la capacité de cette région désertique. Les rivières, les nappes souterraines – surtout celles des Réserves Autochtones – sont pillées et s’épuisent. Dans la Réserve dite de Gila River, la Gila est à sec, ainsi que la Salt River au niveau de Phoenix. Pendant des années, les résidents de Gila River ont été privés d’eau et ont dû renoncer à une bonne part de leur agriculture, avec pour résultat des taux d’obésité et de diabète exceptionnels (les produits de l’agriculture traditionnelle étant remplacés par des supermarchés). Plus récemment, les autorités leur ont fourni beaucoup d’eau, mais il est trop tard pour rétablir les cultures traditionnelles, des terres sont réquisitionnées pour le projet d’autoroute et il est probable que l’eau soit objet de commerce. La pollution due au trafic routier cause déjà de nombreuses maladies pulmonaires, ce sera décuplé si le périphérique 202 est prolongé à travers la réserve. Et, une fois de plus, des sites sacrés pour les Autochtones seront détruits.
La Montagne du Sud: les cordelettes jaunes indiquent ce qui doit être détruit
Les rubans rouges indiquent les cactus qui doivent être supprimés
Sources (en anglais):
Interview de Kevin et Andrew, Akimel O’odham (voir vidéo)
Akimel O’odham Youth Collective
Stop CANAMEX
UNE VICTOIRE POUR UNCI MAKA, NOTRE MERE LA TERRE !
LE PRESIDENT OBAMA REJETTE OFFICIELLEMENT L’OLEODUC KEYSTONE XL
Par Owe Aku, Projet de Justice International
See original article in English, on Owe Aku’s site, on Censored News
6 novembre 2015
Traduction Christine Prat
Quand Wioweya Najin Win, Debra White Plume, qui vit actuellement à Pine Ridge, sans médias ni internet, a pris connaissance de la déclaration, elle a déclaré :
« C’est une si grande nouvelle ! Wopila à tous ceux de l’Armée de la Terre. Le Président Obama s’est mis en travers du chemin d’un mal menaçant les gens. Il a posé ses MOCASSINS SUR LE SOL ! [= il les attend DE PIED FERME] Nos ancêtres sont avec nous et nous sommes si reconnaissants pour la protection de l’Eau Sacrée. »
VIVA !
LE PRESIDENT, LE VICE-PRESIDENT ET LE SECRETAIRE D’ETAT VIENNENT JUSTE D’APPARAITRE A LA TELEVISION NATIONALE POUR REJETER L’OLEODUC KEYSTONE XL. LE PRESIDENT A NOMME TROIS RAISONS QUI L’ONT CONDUIT A CETTE DECISION :
1. Le pipeline ne serait pas un accroissement à long terme de notre économie ; il ne crée pas d’emplois ;
2. Le pipeline ne ferait pas baisser le prix de l’essence pour les consommateurs américains ;
3. Le pipeline transporterait du brut très polluant à travers le pays sans rien ajouter à notre sécurité énergétique. Le Président suggérait que ce serait hypocrite d’approuver l’oléoduc tout en faisant des tentatives pour développer les solutions d’énergie propre par une politique durable.
Tout le monde reconnaît que la situation présente du gouvernement américain est tout sauf stable, et qu’un nouveau gouvernement de droite, chrétien et Républicain pourrait revenir sur la décision. Cependant, c’est tout de même UNE VICTOIRE IMPORTANTE. Quiconque voudra maintenant ou dans le futur menacer la sécurité de l’eau que nous protégeons pour les générations futures, se heurtera à la même opposition que celle qui a vaincu le pipeline aujourd’hui.
Et voici un récent témoignage de Wioweya Najin Win (Debra White Plume, Directrice d’Owe Aku Bring Back the Way) devant la Commission des Services Publiques du Dakota du Sud, expliquant la vision du monde Lakota qui préside aux stratégies organisées que nous employons pour défendre Unci Maka et Mni Wakan, du 5 juillet 2015
Commission des Services Publiques du South Dakota
500 E. Capital Av.
Pierre, SD 57501
Je suis Wioweya Najin Win. Mon nom anglais est Debra White Plume et mon adresse est PO Box 325, Manderson, SD 57756. Je veux commenter le dossier numéro HP12-001 concernant le Commentaire Publique du 26 juillet 2015, sur le Pipeline pour Sables Bitumineux KXL, de TransCanada, Inc.
La vision du monde Lakota et la vision du monde Américaine concernant la terre et l’eau sont différentes, de même que nos visions du monde concernant le temps et l’espace. La vision du monde Américaine, à travers ses institutions, ses politiques, ses lois et règlements, dit que les officiels élus et nommés ont le droit de prendre la décision finale sur ce qui se passe dans notre espace partagé. Pour être plus claire, par le mot ‘notre’ je me réfère aux Lakota et aux Américains, et aux officiels élus ou nommés par opposition au reste de nous tous. Dans la vision du monde Lakota, chacun a droit à la parole, et une décision collective est prise par consensus. Il n’y a pas de hiérarchie, une personne n’est pas plus importante qu’une autre. Tous les gens sont importants et ont le droit de s’exprimer.
De mon point de vue, l’espace et la distance entre l’endroit où je vis et celui où TransCanada, Inc. veut mettre son KXL pour sables bitumineux, sont trop proches. Bien que l’endroit où je me repose la nuit et me lève chaque matin pour vivre une vie pour laquelle je suis reconnaissante, et le trajet du pipeline par Mission, Dakota du Sud, ou Murdo, Dakota du Sud, ou Lower Brule, Dakota du Sud, ou Faith, Dakota du Sud, soient à des centaines de kilomètres, pour moi, ce trajet est juste à côté. Toute cette région est chez moi.
Le trajet proposé pour le KXL et que vous avez pris en considération, passerait non seulement, ce qui est irresponsable, au-dessus de la nappe aquifère Ogallala, mais il traverserait aussi dangereusement beaucoup d’eaux de surface, entre autres le Fleuve Missouri et la Rivière Cheyenne. Tout cela est de l’eau sacrée, nous disons Mni Wicozani, c’est par l’eau qu’il y a de la vie. Sans eau il n’y a pas de vie.
Je vais vous parler de choses personnelles. J’ai reçu mon quatrième nom Lakota sur les rives de Cheyenne River, nommée par Grover Horned Antelope. Mon chant a été chanté par John Around Him, au cours d’une cérémonie conduite par Rocky Afraid of Hawk, avec pour témoins Celane Not Help Him et beaucoup d’Anciens Lakota hautement estimés. Mes enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants ont reçu leurs noms sur les berges de rivières. Mon mariage, il y a 36 ans, y a été béni.
Les bébés naissent sur les berges des rivières, les mariages y sont bénis, on y reçoit les noms. On donne ses enfants en mariage, le long des berges des rivières. Des cérémonies de guérison et de remerciements sont tenues le long des berges des rivières. Des gens y meurent, le long des berges de rivières. Des dizaines de milliers de ces cérémonies, ainsi que des cérémonies de Conservation et Libération de l’Esprit [du défunt], des cérémonies de passage d’une fille à l’âge de femme, et beaucoup d’autres cérémonies ont été et sont encore tenues le long des berges des rivières, pour notre Nation Lakota, pour des dizaines de milliers de gens, pour des dizaines de milliers de générations. L’eau fait partie des cérémonies Lakota, nous honorons et respectons l’eau.
Notre Nation Lakota a perdu beaucoup de parents au cours des générations, en se battant pour l’eau et la terre. Des Ancêtres sont morts le long des berges des rivières en combattant les pèlerins et les colons américains, le chemin de fer et les compagnies minières, et les empiètements des militaires des Etats-Unis sur nos territoires. Nos ancêtres vivaient une belle vie le long des berges des rivières, combattaient le long des berges des rivières, mouraient le long des berges des rivières et gagnaient leurs batailles, le long des berges des rivières. L’Amérique a reconnu et admis que cette eau et cette terre sont en territoire Lakota, comme il est prouvé par le Traité de Fort Laramie de 1851. L’Amérique et son gouvernement de citoyens violent ce Traité, qui a valeur de loi internationale, chaque fois qu’ils veulent faire de l’argent.
Maintenant que le monde a les Droits de l’Homme, la communauté internationale a reconnu et affirmé qu’en tant qu’Autochtones, la Nation Lakota a besoin de plus de protection, comme tous les peuples Autochtones, contre les multinationales et les gouvernements qui ne respectent pas les lois, ni les lois morales, ni les jugements humanitaires, y compris les Droits de l’Homme. Les Autochtones sont considérés comme ‘jetables’ dans leurs entreprises de profanation des terres et des eaux pour des profits personnels ou pour leurs entreprises privées, c’est pourquoi les Nations Unies ont adopté la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones, y compris ceux des Etats-Unis, pour fournir des règles directrices sur le respect des Droits Humains de tous les peuples. Cet acte a également été enfreint et sera encore enfreint par des officiels comme vous si vous approuvez le pipeline pour sables bitumineux KXL.
Le gouvernement des citoyens d’Amérique enfreint ses propres lois, établies pour protéger l’eau potable, non seulement pour approuver des pipelines, mais aussi des industries d’exploitation minière, comme l’exploitation d’uranium et la fracturation hydraulique. Des individus tels que vous enfreignent ces lois et ces doctrines. Vous n’êtes pas anonymes et ne devez pas vous cacher derrière vos titres gouvernementaux. Vous vivez ici et avez autant besoin de cette eau que moi. Les citoyens du Dakota du Sud et leurs organisations, toutes les Tribus du Dakota du Sud, ont dit non au KXL pour sables bitumineux de TransCanada. Maintenant c’est votre tour de dire non.
Vous êtes des êtres humains qui buvaient de l’eau, vous ne pouvez pas vivre sans eau. Pour je ne sais quelle raison, c’est vous qui avez l’autorité à ce jour pour protéger l’eau sacrée et tout ce qui vit dans ce passage à travers ce grand pays, en décidant de dire non à TransCanada, Inc. Vous pouvez arrêter cette destruction avant qu’elle ne commence, vous pouvez protéger ces terres et ces eaux pour ceux qui vivent maintenant et pour les générations à venir.
Le KXL peut contaminer l’eau souterraine et les eaux de surface non seulement avec son pétrole dégoutant de sables bitumineux, mais aussi avec les produits mortels avec lesquels il est mélangé, pour le liquéfier à une température constante de 65,5 degrés. La pression extrême, nécessaire pour le trainer sur des milliers de kilomètres, du départ au Canada, au terminus au Texas, est une force mortelle en soit, assez puissante pour couper un homme en deux s’il se trouve à proximité, si çà craque et explose. Le sens commun suffit à une personne intelligente pour comprendre que le KXL pour sables bitumineux est un serpent noir au venin mortel qui doit être maintenu loin de nos demeures et de notre environnement. Prendriez-vous la décision de laisser vivre un serpent à sonnette dans votre salle de séjour ou dans les chambres de vos filles et de vos fils ?
Faites que votre décision ne participe pas à la violation de la loi américaine, internationale et naturelle, en votant l’approbation du KXL pour sables bitumineux. N’ouvrez pas la porte de ce beau pays et de son eau au serpent noir qui pourrait entrer chez nous. Il ne fera pas la différence entre un Lakota et un Blanc. Les agriculteurs et éleveurs blancs risquent tout autant que nous, les Lakota. Beaucoup ont été frappés par la manipulation de TransCanada soutenue par le gouvernement, leurs ranches et leurs fermes ont été coupés en deux.
J’appelle chacun d’entre vous à être un homme, un véritable être humain, et à résister à cette menace pour notre eau et nos familles. Ne soyez pas lâche ou manipulé par l’entreprise et les chefs de gouvernements qui reçoivent de l’argent de l’entreprise pour approuver. Participez à la création d’une histoire saine, à laquelle les générations à venir se référeront, et seront heureuses de ce que leurs grands-pères et grand-mères se soient dressés sur la route de quelque chose de mauvais qui menaçait les gens.
Je vous demande instamment de voir au-delà du désir de partager l’autosatisfaction du réseau du ‘bon gars’ du Preneur de Graisse, flattant l’appétit de l’avidité insatiable. Je vous demande instamment de considérer le bon futur des garçons et filles Lakota, le bon futur des éleveurs et agriculteurs blancs et de garçons et filles blancs des villes, lequel futur est entre vos mains. Vous savez, il y a des failles que vous pouvez trouver pour dire non à TransCanada. Je vous demande instamment d’être brave et visionnaire et de ne pas vous contenter de vous tenir à distance, mais de résister contre le Preneur de Graisse.
Wioweya Najin Win, aka Debra White Plume
Owe Aku, Bring Back the Way
PO Box 325
Manderson, SD 57756
www.oweakuinternation.org
La situation à Big Mountain est de plus en plus difficile. Les gens, pour la plupart âgés, se sentent abandonnés et se demandent pourquoi ils ne voient plus les bénévoles qui venaient les aider autrefois.
Le texte ci-dessous est un appel urgent de NaBahii Keediniihii, de Big Mountain, publié par Censored News. Il est bien entendu difficile pour des gens qui vivent très loin de Big Mountain de s’y rendre en novembre. Cependant, le texte donne aussi beaucoup d’informations sur la situation actuelle, en particulier la volonté d’expansion de la multinationale du charbon Peabody Coal, et nous demande de ne pas oublier et de les aider quand nous pourrons (la semaine de solidarité est organisée du 21 au 27 novembre, mais après, en plein hiver, ils auront encore plus besoin d’aide). Ils ne demandent pas d’argent, mais la présence physique de gens qui peuvent aider les gens trop vieux à garder les moutons et couper de bois, mais surtout être témoins si les flics débarquent (la présence de Blancs modère toujours les flics, même en Palestine).
Christine Prat
BIG MOUNTAIN : RASSEMBLEMENT DECOLONISE ET SPIRITUEL SUR PLACE, DU 21 AU 27 NOVEMBRE ET APRES
Par Nabahii Keediniihii
Publié sur Censored News
29 octobre 2015
Traduction Christine Prat
Yaa’at’eeh (salutations) Parents et Camarades,
J’espère que vous et vos familles apprécient le climat automnal et le changement de saison, et que vous êtes plein de gratitude pour chaque jour que vous vivez.
Nous, moi-même et quelques non-Autochtones et Diné [Navajos], souhaitons vous informer d’une situation d’urgence, en ce moment, sur les terres lointaines de Big Mountain. Nous souhaitons également transmettre ce message au nom de quelques Anciens, qui se sont soulevés contre les politiques génocidaires des Etats-Unis et de Peabody depuis plus de 40 ans. Si vous savez au moins ce que ‘traditionnel’ veut dire, ou ce qu’est la résistance sur sa propre terre, vous comprendrez que ces Anciens Diné ici ont eu de l’influence sur le monde moderne et l’activisme Autochtone moderne. Maintenant nous entrons dans une ère nouvelle, une ère à laquelle ils ont essayé de résister parce que ça finirait par détruire leur vision d’un futur de traditions et d’existence liée à leur terre.
Il est naturel que la vieillesse entraîne beaucoup de vulnérabilité, un affaiblissement physique et des problèmes de santé, et ces anciens guerriers traditionnels continuent à faire tout ce qu’ils peuvent pour rester sur leurs terres chéries. Durant la plupart des saisons, ils sont seuls et la plupart du temps ils n’ont pas de visites de leurs familles parce que la vie urbaine américaine les a engloutis. Cependant, l’agression de la Loi des Etats-Unis sur les Indiens et de Peabody continue et progresse, avec une surveillance policière quotidienne et des intimidations, tandis que Peabody attend le feu vert du Bureau des Affaires Indiennes pour s’étendre.
C’est la ligne de front de l’extraction et exportation de carburants fossiles pour produire toujours plus d’électricité et de maximiser les profits des multinationales. Sans parler des émissions continues de gaz à effet de serre de la Centrale Navajo, et des politiques gouvernementales qui ont attiré l’activisme Autochtone vers le siège des compagnies, loin de la ligne de front. Si nous n’arrêtons pas cette invasion quasi militarisée des compagnies privées, plus de 180 000 hectares de terres vierges de Big Mountain disparaitront sous les champs industriels empoisonnés, la poussière de charbon étouffante et un interminable réseau de routes créées pour développer la fracturation hydraulique. La société jusque là traditionnelle de Big Mountain disparaitra, et c’est l’un des derniers bastions autochtones traditionnels qui restent aux Etats-Unis.
En ce moment, des Anciens résistants se demandent ce qui est arrivé aux mouvements nationaux et internationaux défendant notre Mère la Terre, et surtout pourquoi n’y a-t-il pas de présence physique et de soutien ici même.
Bessie Begay de Mesquito Springs, le 20 octobre 2015 : « Où sont les bergers, ceux qui venaient nous soutenir ? Notre situation n’a pas changé. Ils sont peut-être quelque part dans le coin ? Nous n’entendons pas parler d’eux… »
D’autres Anciens sont occupés par des visites à l’hôpital et ne s’aventurent pas dehors, leurs moutons ne sortent pas dans les pâturages, et leurs provisions de bois se réduisent.
NOUS n’avons pas l’intention de faire un discours, puis de vous laisser là avec un ‘ça doit cesser !’
Plutôt, nous souhaitons vous fournir un guide et vous informer que les outils sont ici pour faire que ça cesse. NOUS AVONS BESOIN DE VOTRE PRESENCE PHYSIQUE ICI ! NOUS ne vous demandons pas d’argent, seulement votre bonne volonté de venir pour quelques jours/semaines/mois et de vous immerger dans notre communauté culturelle qui vit sous la menace, et accepter les défis quotidiens qu’implique le soutien apporté à ces Anciens Autochtones. Et effectivement, nous ne demandons pas d’argent, parce que nous voulons maintenir la souveraineté humaine, pas chercher des avocats ou voyager vers des villes lointaines pour protester. Cependant, vous devez amener vos propres moyens pour séjourner et si vous souhaitez partager le travail réparateur d’amour et de nourritures, ce sera bienvenu.
Collectif des Bergers Saisonniers non-Autochtones : « Les libertés et l’autonomie que les habitants Autochtones de Big Mountain méritent, sont bafoués tous les jours. Se tenir à l’écart n’est pas un choix. Soutenez les Autochtones qui prennent soin de Black Mesa dès aujourd’hui ! »
Etre berger est un travail dur, mais si vous aimez faire des excursions et êtes passionnés par la nature, çà peut-être une expérience enrichissante. Couper du bois et aider à d’autres travaux sont des tâches ininterrompues. Rien n’est automatisé ici, mais les terres possèdent beaucoup d’énergie positive et sont dans un état vierge. Faites l’expérience de la vie quotidienne de ces Diné Anciens et de toutes les générations passées, base de l’écologie. Peut-être devez-vous voir cet engagement en comprenant que votre futur en dépend, que c’est la survie, et un peu de compréhension spirituelle. J’espère que vous quitterez ce territoire glorieux avec une meilleure connaissance des outils de la résistance, qui vous donneront la capacité de survivre naturellement, et des outils qui assurent un degré beaucoup plus élevé de résilience.
Mais cet appel s’adresse aussi et spécialement à la jeunesse Autochtone et Diné. Un travail effectif chez nous, sur notre terre (Diné-Hopi) ancestrale, est un élément clef, pour affirmer notre position souveraine et décolonisée contre les invasions des multinationales.
Nous avons tenu des discours sans fin devant les sièges de l’empire coloniale, devrions-nous continuer sur les même voies pour les 20 ans à venir ?
Faisons-le ensemble, au cœur de Big Mountain, du 21 au 27 novembre :
– Boycotter la ‘Semaine de Couverture du Génocide’ (qu’ils appellent Thanksgiving) et nous rendre au domaine des Blackgoat sur Thinrock Mesa,
– Garder les moutons pour une famille, pendant votre premier jour, afin que les Anciens puissent se reposer et s’occuper d’activités culturelles importantes,
– Amener votre propre véhicule ou votre tronçonneuse, pour aider à plusieurs projets,
– Vous joindre aux équipes de ramassage de bois de chauffage et effectuer quelques travaux nécessaires de réparation des routes
– Assister à l’assemblée du dernier jour, pour fêter et célébrer la solidarité, vendredi 27 novembre 2015.
Enfin, le changement climatique nous menace, alors soyez prêts pour un mauvais temps soudain, prenez de bonnes bêches, des vêtements appropriés et même des chaînes pour les pneus. Prenez contact aux adresses ci-dessous pour coordonner vos arrivées et départ, ou pour toute autre question. N’oubliez pas, c’est de l’Action Directe loin de chez vous.
Nous voulons vous remercier encore pour le temps que vous nous accordez. En notre nom et en celui de résistants Diné Anciens et traditionnels, nous espérons vous voir ou avoir de vos nouvelles bientôt,
Sincères salutations,
Kat (Bahe)
Contacts :
Danny Blackgoat: dblackgoat@mac.com or (00 1) 928-587-2860
Owen: (00 1) 434-607-7677
Nephew Jake: (00 1 ) 937-479-4214
Black Mesa Indigenous Support: blackmesais@gmail.com
OAK FLAT : Zone Apache à Défendre. Wendsler Nosie, Apache San Carlos, invite tous les Européens en lutte ou soutenant leur lutte à les rejoindre pour un grand rassemblement en 2016
En septembre dernier, Wendsler Nosie Sr. et sa petite-fille Naelyn Pike m’ont fait l’honneur de me recevoir sur leur site sacré – menacé par une mine de cuivre – connu sous le nom d’Oak Flat Campground (Chi’Chil’Bilda’Goteel pour les Apaches), et de m’accorder des interviews. Les vidéos sont sous-titrées en français.
Christine Prat
Wendsler Nosie lance un appel aux Européens
Naelyn Pike parle de ce que signifie pour elle ‘être Apache’, de l’importance d’Oak Flat et du Bastion Apache
Depuis plus de dix ans, la compagnie Australo-Britannique Resolution Copper – une création de BHP Billiton et Rio Tinto – a tenté d’acquérir des terres d’Oak Flat Campground, ou plutôt Chi’Chil’Bilda’Goteel, un site déclaré ‘protégé’ par un décret d’Eisenhower en 1955, afin d’y ouvrir la plus grande mine de cuivre du monde. Le site est sacré pour les Apaches San Carlos et d’autres tribus Autochtones de la région, qui y organisent des cérémonies. En plus, le site menacé comprend une falaise connue sous le nom d’ ‘Apache Leap’ (Saut des Apaches), étant donné qu’à la fin du 19e siècle, quelque 75 Apaches en ont sauté, et se sont suicidés, pour échapper à la Cavalerie. C’est un territoire Apache traditionnel, que les Etats-Unis ont refusé d’inclure dans leurs Réserves et ont déclaré terre publique.
Le site est aussi visité par les amoureux de la nature, qui y viennent toute l’année pour observer des oiseaux qu’on ne trouve nulle part ailleurs, faire des excursions et de l’alpinisme. Des animaux et plantes du site sont des espèces menacées.
Etant donné la profondeur exceptionnelle de la mine projetée, et les quantités invraisemblables d’eau nécessaires à l’extraction, il est à craindre que le site va s’effondrer, laissant un cratère encore plus grand que le célèbre ‘cratère du météorite’.
L’énorme quantité d’eau exigée par ces méthodes d’extraction est une des principales raisons d’inquiétudes pour les opposants au projet.
Les membres du Congrès qui ont soutenu ce projet étaient Ann Kirkpatrick, Paul Gosar et, bien entendu, John McCain. Ils ont proposé un ‘échange de terres’ (çà ne vous rappelle rien, à Notre-Dame-des-Landes ?) connu comme projet de loi H.R. 687. Compte tenu d’une forte opposition et de la résistance, ils n’ont pas pu faire adopter le projet de loi.
En décembre 2014, John McCain a glissé le projet de loi comme simple article – Section 3003 – dans la Loi sur le Budget de la Défense pour 2015, la Loi H.R. 3979, qui devait être adoptée à tout prix et à laquelle ni les Républicains ni les Démocrates ne pouvaient s’opposer (pour cause Sécurité, Moyen-Orient, etc.). Bien que personne ne puisse expliquer ce qu’un échange de terre au profit d’une compagnie étrangère ait à voir avec la Défense, le truc a marché.
Pratiquement toutes les Tribus d’Arizona s’opposent à la mine.
Dès février 2015, des membres de la Tribu Apache San Carlos et des supporters ont organisé une marche de 65 km jusqu’à Oak Flat.
En mars, ils ont décidé d’occuper le site. Ils ont établi un camp où des Apaches San Carlos et des bénévoles qui les soutiennent se relaient et ont l’intention de rester pour prévenir toute invasion. C’est devenu le Bastion Apache. En juillet, ils ont marché jusqu’à Washington pour demander la révocation de la Section 3003, s’arrêtant en route pour rendre visite à d’autres communautés et organiser des rassemblements spirituels communs, et se sont aussi rendus à New York pour manifester à Time Square.
Dans les vidéos ci-dessus, Wendsler Nosie explique la signification spirituelle de ce qui arrive, ce que çà fait à la Création (ce que d’autres appellent l’Environnement), spécialement aux lieux importants spirituellement, et souligne le fait que ces attaques ne se produisent pas que là-bas, mais partout dans le monde, principalement aux dépens des Peuples Autochtones, bien qu’il s’indigne également de ce que les multinationales menacent aussi ‘leurs propres Peuples’. Il appelle donc à la solidarité et à l’unification des luttes et invite tous ceux qui luttent ou soutiennent les luttes à se rassembler dans une grande manifestation l’an prochain, à la mi-mars.
Sa petite-fille Naelyn Pike, 16 ans, explique ce que çà signifie d’être Apache, comment c’est lié avec la connexion avec la Terre, surtout avec leur propre terre sacrée, où ils établissent cette connexion avec la Terre. Elle rappelle comment les Etats-Unis ont essayé de les dépouiller de leur identité et comment ses ancêtres ont combattu pour conserver cette identité, pour survivre et assurer que des Apaches comme elle puissent vivre encore. Elle explique aussi combien c’est important en tant que femme, qui porte des enfants, tout comme Notre Mère la Terre porte la vie et nourrit tout ce qui vit, et combien c’est important pour les jeunes filles Apaches d’avoir leur ‘Sunrise Dance’ – cérémonie de passage à l’âge adulte, devenir femme – à Oak Flat. J’ai eu le grand honneur d’assister à une Sunrise Dance dans la Réserve de San Carlos, et je remercie infiniment les gens là-bas, spécialement ceux qui m’ont invitée. Mais bien sûr, tout le monde souhaite que çà puisse de nouveau avoir lieu à Oak Flat et pour toujours. Naelyn parle aussi du Bastion Apache et des espoirs que çà apporte, et elle résume l’arnaque de John McCain, et les espoirs mis par le Bastion Apache dans une action légale contre la Section 3003, soutenue au Congrès par le Représentant d’Arizona Raul Grijalva.
Tous deux nous rappellent que les Apaches ne se sont jamais rendus et qu’ils ne se rendront jamais.
Christine Prat
Remerciements :
Klee Benally et Vanessa Nosie pour avoir arrangé les contacts
Carolyn Matter et Geri Williams pour avoir arrangé des contacts à San Carlos et nous avoir invités pour une Sunrise Dance
Brenda Norrell, pour son assistance journalistique
Et surtout Wendsler Nosie et Naelyn Pike pour leur accueil, leur charisme et leur gentillesse
Oak Flat et les environs, et ce que çà devient dans les endroits de la régions où il y a déjà des mines:
Voir tous les articles sur Oak Flat traduits en français
Vidéo enregistrée le 10 septembre 2015, chez Louise Benally, à Big Mountain
LOUISE BENALLY DE BIG MOUNTAIN: LES PROBLEMES SONT TOUJOURS LA, NE NOUS OUBLIEZ PAS!
Le 10 septembre 2015, j’ai été invitée à Big Mountain par Louise Benally, qui résiste depuis toujours aux pressions de ceux qui veulent en chasser les derniers Navajo, sous prétexte que la zone où ils vivent depuis toujours a été attribuée à la Réserve Hopi en 1974. Louise demande qu’on n’oublie pas Big Mountain et la situation dramatique de ses habitants, qu’on en parle, qu’on les soutienne.
Christine Prat
En 1974, le Congrès des Etats-Unis a adopté la loi PL 93-531, qui décidait du partage d’une zone jusque là commune aux Navajo et aux Hopi, et de la déportation et ‘relocalisation’ forcée de milliers de familles Navajo de Big Mountain. La loi a été votée en plein scandale du Watergate, par conséquent, la plupart des Sénateurs et Représentants étaient absents des discussions de la loi PL 93-531, ne venaient que quand ils entendaient la cloche annonçant le moment de voter, demandaient à leurs assistants quelle était la position des Sénateurs-vedettes afin de décider de leur vote. A l’époque, le plus célèbre et influent était le Sénateur d’Arizona Barry Goldwater, ex-candidat aux présidentielles, connu alors en Europe comme démagogue populiste d’extrême droite.
Juste avant que la question de Big Mountain ne soit noyée par le scandale du Watergate, le conseiller juridique – Mormon – de la tribu Hopi, qui s’est avéré plus tard avoir été aussi le conseiller juridique de la firme Peabody Coal – fondée par des Mormons – (qui est toujours la plus grande compagnie charbonnière du monde), et avoir travaillé pour la firme de Relations Publiques – Mormone – qui se chargeait de manipuler les médias, avait réussi à présenter l’affaire comme une guerre tribale dévastatrice entre les Hopi et les Navajo. C’était bien sûr un mensonge ridicule. En réalité, il y avait bien eu des problèmes de voisinage, des conflits entre familles, mais pendant tous ces siècles depuis lesquels les Hopi et les Navajo sont voisins, il n’y a jamais eu de guerre généralisée entre les deux tribus. Il y a aussi toujours eu des mariages mixtes, et beaucoup de familles appartiennent aux deux tribus. En fait, c’était surtout les dirigeants Hopi de l’époque, occidentalisés – et, pour certains, convertis à la religion des Mormons – intéressés par les profits rapportés par l’exploitation du charbon, qui avaient choisi Peabody, contre leurs voisins Navajo et leurs propres administrés ‘traditionnels’, qui n’apprécient pas non plus la pollution au charbon de l’air qu’ils respirent, et l’épuisement des ressources en eau déjà rare.
Les Diné (Navajo) qui sont restés chez eux envers et contre tout, sont des résistants, des gens qui n’abandonneront jamais. Louise Benally est l’une d’entre eux et sans doute la plus active.
Des articles ont été publiés l’an dernier, lorsque des habitants très âgés de Big Mountain ont été brutalement agressés par la police Hopi venue saisir leurs moutons. Mais quand il ne se passe rien de spécial, ils sont oubliés. Cependant, la situation à Big Mountain ne s’est pas améliorée. Les gens n’ont pas l’eau courante, l’eau des sources est épuisée et ils doivent avoir recours à des procédés ingénieux (voir vidéo) pour recueillir l’eau de pluie, ils n’ont pas d’électricité – alors que le charbon extrait par Peabody fournit des centrales électriques très polluantes, qui alimentent les grandes villes de la région, mais pas les Navajo qui vivent à proximité –, ils n’ont pas de routes goudronnées – les pistes se transforment en torrents de boue dès qu’il pleut. Selon PL 93-351, ils sont ‘illégaux’ sur leurs propres terres et n’ont donc aucun droit. Pendant des années, ils n’étaient pas autorisés à effectuer la moindre réparation dans leurs maisons à cause d’une loi connue aux Etats-Unis sous le nom de ‘Bennett Freeze’, beaucoup de maisons sont donc en mauvais état, et beaucoup de gens n’ont pas les moyens de les réparer. La plupart des résistants sont âgés, les jeunes ont tendance à partir chercher du travail ailleurs, ce qui rend la situation d’autant plus difficile pour ceux qui restent. En plus des conditions de vie très dures, ils subissent un harcèlement quasi constant de la part de la police et des ‘Rangers Hopi’, leur bétail est saisi, ce qui aggrave le manque de nourriture. Une bonne part de leur bétail, qui fournit de la viande à manger et de la laine à vendre, avait déjà été saisie l’an dernier, en octobre, juste avant l’hiver, période où ils ont particulièrement besoin de nourriture, vu les difficultés de circulation sur les pistes boueuses et dans la neige. Il y a eu de nouvelles saisies de bétail au printemps dernier, les bêtes ont été vendues aux enchères, et des gens ont dû s’endetter pour racheter leurs propres bêtes.
Bien sûr, le harcèlement a pour but de pousser les gens à partir, étant donné que Peabody veut s’étendre. Des Hopi, au Conseil Tribal, soutiennent Peabody, vu qu’ils ont besoin de l’argent que çà leur procure. Les dirigeants Navajo ont aussi des intérêts dans l’exploitation des ressources – la mine principale est en territoire Navajo – et ont récemment donné leur accord pour prolonger le permis d’exploitation de Peabody de 25 ans.
Les gens en ont assez d’être empoisonnés par le charbon, et de manquer d’eau à cause des quantités phénoménales utilisées par Peabody pour extraire le charbon.
Dans la vidéo ci-dessus, Louise Benally parle du manque d’eau et des projets qu’elle a implémenté sur sa propre terre pour compenser un peu les effets du vol d’eau.
Son message est qu’il ne faut pas oublier Big Mountain, les problèmes s’aggravent, Peabody veut s’étendre, les gens vieillissent, ils sont harcelés, ils manquent d’eau, de nourriture, de communications et ils ont besoin d’attention et de soutien !
Christine Prat
Publié par Indigenous Action Media
Le 30 septembre 2015
Publié à l’origine sur le site du Collectif de Jeunesse Akimel O’odham
Traduction Christine Prat
Phoenix, Arizona – Le matin du 29 septembre 2015, le Service des Transports d’Arizona (ADOT) a tenu une réunion préliminaire à appel d’offres pour l’extension projetée du périphérique 202 au Centre de Convention de Mesa [banlieue de Phoenix]. La réunion a débuté à 9h et environs 15 O’odham et soutiens ont protesté à l’extérieur.
Cette réunion préliminaire faisait partie du processus d’accord de Partenariat Public Privé (P3) pour l’autoroute de la Montagne du Sud. Les accords P3 sont un accord commercial entre une entité publique (ADOT) et une entité privée (les entreprises). L’état d’Arizona n’a pas les moyens de construire l’autoroute seul et les contrats P3 sont la solution pour l’état. Il y a trois groupes qui pourraient emporter le contrat P3 : le Groupe Mobilité de la Montagne du Sud, le Groupe Développement de la Montagne du Sud et les Partenaires pour Connecter le 202. L’offre gagnante recevra des fonds fédéraux, mais les compagnies privées supporteront le reste des coûts, environs 2,3 milliards de dollars. Le contrat P3 donne aux entreprises privées quelques responsabilités pour les plans et l’entretient, et au fil des temps l’état les remboursera avec intérêts.
Les manifestants se sont rassemblés devant l’entrée de l’immeuble brandissant des pancartes, scandant des slogans et chantant des chants O’odham. Le groupe a tenté d’entrer dans l’immeuble mais des policiers de Mesa et la sécurité privée ont bloqué l’entrée. La manifestation a forcé ceux qui assistaient à la réunion préliminaire à sortir par une autre porte, bien que les protestataires continuaient à défiler, essayant de trouver d’autres entrées du bâtiment. « Nos actions et notre présence aujourd’hui sont un exemple pour les entreprises impliquées, leur signifiant qu’elles ont tort de détruire nos sites sacrés » dit Deran Martinez, 25 ans, du village de Vah KI. « C’est (la Montagne du Sud) une part énorme de notre culture et nous ne nous retirerons pas en silence. » Vu que c’était une réunion préliminaire, il est très probable qu’il y en aura une autre dans les mois à venir, la date de construction d’ADOT se rapprochant, elle est actuellement prévue pour mars 2016. Il est aussi possible que la date de construction soit à nouveau repoussée à cause des poursuites en justice de la PARC (Protection des Ressources et des Enfants d’Arizona) et de la Communauté Indienne de Gila River. Le Collectif de Jeunesse Akimel O’odham continuera à fournir des mises à jour sur les réunions futures et les évènements concernant l’ADOT et les soumissionnaires au contrat P3, nous sommes persuadés qu’il y aura une autre occasion de viser l’ADOT et ces groupes de développement. Nous continuerons à nous opposer à la construction de l’extension de l’autoroute de la Montagne du Sud.
Collectif de Jeunesse Akimel O’odham
akimeloodhamyc@gmail.com
MISE A JOUR URGENTE DE LA SITUATION A BIG MOUNTAIN, DE BAHE’S SHEEPDOG MEDIA ET BLACK MESA INDIGENOUS SUPPORT
Par NaBahii Keediniihii
Publié sur Censored News (in English)
25 août 2015
Traduction Christine Prat
MISE A JOUR URGENTE
25 août 2015
Lois excessives sur la Confiscation du bétail à Big Mountain sur Black Mesa
Nous devons tous vivre avec des règles, que nous soyons en milieu urbain ou rural, et les permis peuvent aller du nombre d’animaux de compagnie que nous pouvons avoir à la quantité de bétail que nous pouvons faire paître. Ce que fait la Tribu Hopi est semblable à ce que fait n’importe quelle autorité de comté/état, qui établit des règles sur l’élevage, particulièrement celui des chevaux et du bétail. La situation actuelle à Big Mountain concerne, en partie, le fait que les Rangers Hopi effectuent leur évaluation annuelle du bétail, alors que cependant, pour bergers et chevriers Diné, c’est exceptionnel parce que çà concerne la culture et l’identité. Il est aussi important de comprendre qu’à cause de ce facteur unique, les Diné essaient de résister à ces pratiques de ‘gestion des pâturages’ tout comme ils ont résisté au programme de déportation.
La Police du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) et les rangers tribaux ont réorienté leur politique de confiscation de bétail contre ces Diné. Il y a maintenant un système d’alerte relié aux Services d’Opérations Spéciales de toute l’administration et çà rend l’application des règles plus excessive.
Ces Diné qui ont résisté à une loi de déportation fédérale et sans appel, ont été soumis la semaine dernière à un comptage du bétail et des saisies et on s’attend à ce que çà continue, peut-être jusqu’au mois prochain. Le comptage du bétail et les saisies sont aussi utilisés comme moyen de harceler, démoraliser, détruire la base économique et culturelle, surveiller les activités effectuées dans les maisons familiales, et mettre la pression sur tous les Diné pour les pousser à quitter leurs terres ancestrales.
Au final, cette politique de déportation forcée ne créera pas de nouvelles terres Hopi comme le dit la Loi, mais çà fera de la place pour que la firme Peabody Coal puisse s’étendre et exploiter les derniers restes de charbon. Ici, le rôle de Peabody est essentiel, comparé à toutes les autres exploitations minières en Arizona, c’est un investissement multinational à long terme, jusqu’aux années 2055-60. Les vieux contrats miniers d’il y a 50 ans sur Black Mesa ont maintenant presque épuisé leurs ressources et Peabody espère étendre géographiquement de nouveaux contrats dans la région culturellement intacte de Big Mountain.
Après les attaques ciblées et la force exagérée utilisée pour la confiscation d’animaux par le BIA et la police Hopi à l’automne 2014, les bergers résidents ont non seulement été laissés dans la gêne, mais certains n’avaient pas les 1000 ou 2000 dollars exigés pour la restitution de leurs animaux. Une femme traditionnelle, âgée de plus de 90 ans, a perdu tout son troupeau et s’est retrouvée dans une situation tellement dramatique qu’elle a demandé au gouvernement de l’aider à déménager. Son voisin, une homme traditionnel qui était intervenu pendant la saisie, a été arrêté et finalement acquitté cet été, après toute une période angoissante de longs voyages pour comparaitre au tribunal, de frais d’avocat et de justice, alors qu’il n’avait pas de moyen de transport et n’a jamais été assisté par un interprète. D’autres bergers traditionnels qui avaient des permis de pâturage, ont perdu 85% de leurs troupeaux, et ont été récemment victimes d’intimidations et appris qu’ils étaient à nouveau au-dessus du quota. Le reste des bergers se sentent mal à l’aise, sachant qu’une invasion contre eux est prévue, une sorte de génocide : exterminer ce qui constitue les moyens de se nourrir, et les ressources médicinales et matérielles, économiques et culturelles. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’observateurs des droits de l’homme bénévoles.
Il y a quelques résistants Diné âgés qui ont maintenu leurs obligations souveraines et anciennes vis-à-vis de leur Sac de Terre de la Montagne qui selon la croyance représente leur autorité complète sur les soins aux animaux, des styles de vie durables et conscients de l’écologie, l’agriculture et les rites. Les autorités fédérales, tribales ou de l’état, considèrent ces résistants comme des ‘extrémistes’ et des ‘contrevenants’. Ces résistants traditionnels ont refusé d’obtenir des permis ‘légaux’ ou le statut de résident temporaire. Pauline Whitesinger, décédée en 2014, était une de ces résistants et leaders du noyau dur. Rena Babbit Lane est toujours ferme en tant que l’une des derniers vrai Indiens souverains, et cette semaine, elle a été prévenue qu’elle devait se préparer pour une invasion du BIA visant à confisquer ses animaux. Son fils, Jerry, fait partie de ceux qui viennent d’être acquittés. La grand-mère Rena a passé 90 ans, et c’est inimaginable qu’une grand-mère de cet âge, avec tant de sagesse, tant de gentillesse, puisse continuer à être torturée. Est-ce que ce pays, les Etats-Unis et ses citoyens accros au carburant fossile, croient vraiment en la destruction de tous les humains attachés à la terre, afin de contrôler la propriété privée globale et les réseaux d’électricité ?
Quelques voix de la région:
Cette récente attaque a eu lieu pour le 152ème anniversaire de début de la stratégie de la terre brûlée de l’armée américaine contre les Diné, au cours de laquelle tout le bétail ‘Navajo’ a été mis à prix, dans une tentative de les forcer à se soumettre par la famine, et qui a résulté dans une déportation de masse connue comme ‘La Longue Marche’. L’histoire d’un Ancien de Big Mountain, John Katenay : « Mon arrière grand-mère nous a raconté qu’elle était toute petite (1863) quand ils ont dû se cacher derrière des buissons épais parce que l’armée arrivait. Ils n’ont pas pu s’échapper avec le troupeau, ils ne pouvaient qu’écouter les soldats qui éventraient les chèvres, les chèvres qui gémissaient alors que les soldats riaient, et que sa mère pleurait… »
« Nous sommes sur un champs de bataille, le champs de bataille infini des Terres Divisées. C’est la ligne de front et quand çà arrive, il n’y a pas de choix, vous devez être pour votre famille et vos parents. C’est ce qu’on m’a appris. Le passé n’a jamais été vraiment oublié, jamais oubliée la façon dont le Gouvernement des Etats-Unis a traité mon peuple. Çà continue, c’est toujours vivant. Nous nous battrons – pas avec de la violence ou des armes, mais selon les vieilles méthodes. C’est une position pour faire savoir aux gens qui nous sommes et comment nous vivons en tant que Diné. » – Gerald Blackrock, octobre 2014.
« Ils sont venus comme avant, impitoyables, ils ont compté les moutons et les chèvres. Un des policiers a rempli des pages et m’en a donné une copie. Leur interprète m’a dit simplement ‘votre troupeau est encore au dessus des limites !’ Ils n’ont pas dit de combien ni suggéré quoique ce soit pour le réduire dans les limites. Ils ne voulaient pas discuter et sont tous partis. Après, j’ai entendu dire qu’une de mes cousines, Ruby, avait eu ses moutons confisqués, mais qu’elle avait pu en récupérer la plupart. Ils ont probablement dû payer beaucoup d’argent pour les récupérer. Le BIA et l’administration territoriale Hopi ne veulent que de l’argent, et c’est comme çà que nous sommes forcés de leur donner de l’argent tous les ans ! » – Etta Begay, 20 août 2015
Les habitants Diné sont cependant réduits au silence et à la non-existence, et demandent à nouveau aux citoyens du monde d’exiger un arrêt immédiat de ces réductions de troupeaux forcées et l’annulation de la loi sur la déportation, afin d’être reconnus comme un authentique groupe de gens déterminés et d’être autorisés à conserver tout le contenu culturel encore récupérable, entre autres les terres ancestrales. Nous vous prions d’appeler les numéros ci-dessous pour demander un moratoire sur les saisies de bétail Diné et l’annulation de la loi PL 93-531, une loi qui coûte trop aux contribuables et qui a été créée dans des circonstances anormales [la fameuse loi PL 93-531, qui chassait des milliers de Navajo de chez eux, a été discutée au Congrès durant l’été 1974, en plein scandale du Watergate, les Sénateurs n’assistaient jamais aux discussions sur Big Mountain, venaient voter quand la cloche sonnait et demandaient à leurs assistants comment voter et surtout comment votaient les vedettes des partis : à l’époque, la vedette du parti Républicain était Barry Goldwater… – NdT]. Envoyez aussi des emails à blackmesais@gmail.com pour avoir plus d’informations sur l’observation des droits de l’homme et le programme de bénévoles pour garder les troupeaux de moutons.
– auteurs : Tree de Black Mesa Indigenous Support, et Kat de SheepDogNation Media, août 2015
————————————————
Que faire ?
– Envoyer des fonds à Black Mesa Indigenous Support, se présenter comme bénévole pour garder des moutons ou contrôler les violations des droits de l’homme : blackmesais@gmail.com
– Soutenir la Résistance Autochtone et les modes de vies menacés en partageant, transmettant ce message le plus largement et le plus loin possible
————————————————-
Contacts (pour protester)
Superintendant du BIA Wendel Honanie (00 1) 928 738 2228
Président Hopi Herman G. Honanie, hehonanie@hopi.nsn.us , tel. (00 1) 928 734 3102
Clayton Honyumptewa des Hopi Rangers 00 1 928 734 3601
Le Ministère de l’Intérieur (00 1) 602 379 6600