L’AGRICULTEUR DINÉ KRIS BARNEY: ‘CULTIVER DE LA NOURRITURE – EN NOUS CONNECTANT A NOS ANCETRES ET A NOUS-MEMES’
Par Kris Barney
Ferme et graines Tsé Chízhí
Publié sur Censored News,
Le 6 septembre 2018
Traduction Christine Prat
ROUGH ROCK, Nation Navajo– Il y a bien longtemps, notre Peuple Diné considérait les graines et ce qui poussait comme de la richesse. Le bétail était une richesse, une bonne santé était une richesse, des enfants et petits-enfants en bonne santé étaient une richesse. L’eau, la pluie, la viande d’animaux sauvages, les plantes sauvages, le territoire lui-même étaient une richesse. Nous disons, Yodí Ataalseí, Chí’yáán Altaalsei, beaucoup de richesses matérielles et beaucoup de sortes de nourriture. Souvent, nous parlons de souveraineté alimentaire ou nous l’entendons mentionnée. La capacité de nous nourrir, d’être indépendants pour la nourriture. Indépendants des grandes épiceries, indépendants des compagnies qui ravagent la terre par l’agriculture industrielle.
Il y a tellement de termes et de ressources qui s’appliquent à ce type d’analyse critique, mais ce qui nous livre le plus d’informations sur la nourriture, c’est la pratique de cultiver la nourriture de la façon montrée par nos ancêtres. Beaucoup de gens sont grandement déconnectés de la nourriture, les alternatives offrent peu de solutions et conduisent souvent à des problèmes de santé. Quand nous nous déconnectons de la terre, ou y avons été forcés, nous sacrifions beaucoup de connaissances, comme la connaissance des plantes, la connaissance des animaux et la connaissance de la terre. La façon dont nous traitons nos corps, dont nous nourrissons nos corps, est instrumentale pour déterminer comment nous choisissons de vivre et quels bons exemples nous laissons à nos enfants et petits-enfants.
Photo Chris Barney, maïs bleu – Graines Chízi Farm
AGRICULTURE TRADITIONNELLE NAVAJO: DES CHANTS ET DES HISTOIRES DE ROCK POINT
Par Brenda Norrell
Censored News
6 septembre 2018
Traduction Christine Prat
ROCK POINT, Nation Navajo – L’Ancien Navajo Tabaahi Ts’osi, George Blue-eyes, a partagé son savoir sur la magie et le mystère de l’agriculture sans irrigation [dry farming] dans le livre, maintenant classique, ‘Agriculture Navajo’.
“George Blue-eyes plante avec les étoiles. Quand le temps commence à être chaud, il observe le ciel pour y regarder six petites étoiles, appelées Dilyehe en Navajo, et en Anglais comme en Français, les Pléiades.”
Les paroles de Blue-eyes continuent à vivre à travers les travaux d’étudiants Navajo. En 1978, un groupe d’élèves Navajo de l’école de la communauté de Rock Point, se sont engagés dans un projet spécial et ont interviewé leurs Anciens Diné sur les méthodes d’agriculture traditionnelles.
Maintenant, ‘Agriculture Navajo’, publié en 1979, est devenu un classique, une source rare pour planter selon les étoiles, l’utilisation du bâton à planter traditionnel et l’agriculture sans irrigation.
Commençant avec les mots chantés en plantant dans le Canyon de Chelly, il y a le chant “Dans le Champs du Dieu Domestique”.
“La graine du maïs bleu sacré je plante. En une nuit ça poussera et sera en pleine santé. En une nuit ça pousse haut, dans le jardin du Dieu Domestique.” Le chant pour planter parle d’entendre le murmure des pieds de maïs qui sortent et de l’humidité qui vient des nuages sombres.
“Avec la rosée de la brume, c’est très beau. Avec le maïs blanc, c’est très beau.” Le cours du chant ajoute les haricots et la courge, puis les lie ensemble avec les cordes des éclairs et de l’arc-en-ciel. En partageant le chant de Haashch’eehoghan et ses champs, les élèves Navajo ont écrit “Les gens ne chantent plus à leurs plantations comme ils le faisaient. Mais il y avait des raisons pour faire tout cela, et ce savoir vaut toujours d’être connu aujourd’hui.”
L’Ancien Navajo Tabaashi Ts’osie, George Blue-eyes, homme-médecine et conteur, a fait connaître son savoir de la magie et du mystère de l’agriculture sans irrigation avec le bâton pour planter.
“George Blue-eyes plante selon les étoiles. Quand le temps devient chaud, il observe le ciel du soir pour voir six petites étoiles appelées Dilyehe en Navajo, et les Pléiades en Anglais et en Français.”
Les étoiles sont faciles à trouver en hiver, mais chaque nuit, ces étoiles se couchent plus tôt que la nuit précédente. Finalement, au printemps, quand les Dilyehe se couchent avec le soleil et ne peuvent plus être vues, Blue-eyes prenait ses graines et sa hache et commençait à planter.
Blue-eyes choisissait une branche de créosote et taillait sont bâton pour creuser. Avec ce bâton, il ouvrait le sol et mettait ses graines à quelques centimètres de profondeur. Il sélectionnait six ou sept graines pour le maïs, neuf ou dix pour les melons. Il recouvrait les graines de terre mouillée, puis de terre sèche. Après avoir planté les quatre premiers trous, il chantait un chant Navajo. Les semailles étaient finies et le bâton pour creuser était jeté avant le dernier quartier de la lune.
Blue-eyes dit, que dans des temps plus anciens, jusqu’à 60 Navajos se rassemblaient et campaient ensemble pour planter le maïs. Levés au point du jour, les hommes creusaient et les femmes plantaient et préparaient les repas. “Dans ces temps-là, le maïs, les plantes et la viande sauvages étaient tout ce que nous avions à manger,” dit Blue-eyes. “Ça a beaucoup changé, mais planter selon les vieilles méthodes est toujours ce qu’il y a de mieux.”
Alors que le maïs planté avec un tracteur peut prendre deux semaines pour sortir, le maïs de Blue-eyes sortait en quatre jours. “Le vent peut faire voler le maïs planté avec un tracteur hors du sol. Le mien est solide.” Il dit que la charrue en métal remue le sol sur lui-même, ce qui fait que trop de terre sèche. Les bâtons pour planter ne creusent que ce qui est suffisant pour chaque graine et le sol en-dessous reste humide.
Des étudiants de Rock Point, qui écrivaient sur Blue-eyes plantant du maïs à genoux, dirent: “En automne, quand d’autres mangeaient des œufs en poudre et des tomates en boîte, il était riche en maïs et en melons.”
Hastiiltsoi, le frère de Yellowman, avait plus de 80 ans, en 1978, quand il raconta comment les premiers Navajos s’étaient réunis et avaient planté les graines en spirale, plutôt qu’en lignes. “En Navajo, ça s’appelait ha’oolmaaz. Ça se faisait avant que je sois né, mais j’en ai entendu parler. Les gens d’alors disaient que l’agriculture circulaire était la meilleure.”
Hastiiltsoi révéla un autre secret, sur comment les Navajos faisaient tremper les germes dans de l’eau mélangée à des feuilles de créosote afin que le maïs pousse mieux et soit plus résistant à la sécheresse. Après avoir planté les graines avec le bâton pour creuser, une petite coupelle était creusée au-dessus des graines afin de recueillir l’eau de pluie. Il savait quand il fallait planter selon la lune, et plantait le maïs à un endroit différent chaque année, en alternant avec des courges et des melons.
Howard Gorman, ex-vice-président de la Nation Navajo, a fait part de ses souvenirs, en 1978, à l’âge de 78 ans. Gorman raconta les histoires de son grand-père, sur les semailles et récoltes de maïs dans la Vallée Nazlini, sous la direction des leaders Naachid.
“Navajo Farming” indique les mots Diné pour toutes les parties de Naadaa, le maïs – l’épi, le grain, l’enveloppe, le gland, le pollen, la tige, les racines et les feuilles. Les étudiants ont révélé les raisons anciennes et scientifiques de planter les haricots et le maïs ensemble, expliquant que le maïs absorbe l’azote du sol et que les haricots rendent l’azote par des bactéries dans leurs racines.
C’est une histoire ancienne. Le maïs, datant de 7 000 ans, a été trouvé au Mexique. Longtemps avant Christophe Colomb, le maïs, les pommes de terre, les patates douces, les haricots, les courges, le poivre, les ananas, les avocats, les noix de cajou, les citrouilles, les tomates, le tabac, le coton et les cacahuètes poussaient dans les Amériques.
Il y a un quart de siècle, des élèves de terminale de l’Ecole de Rock Point – Lorraine Coggeshall, Laverne Gene, Rex Lee Jim et Stanley Pahe – ont interviewé Blue-eyes, le 10 mai 1978. Aujourd’hui, le livre a toujours une des premières places parmi les livres sur l’agriculture Amérindienne. Lorsqu’ils eurent terminé leur travail, les étudiants Navajo écrivirent: “Les passages les plus importants de ce livre concernent de vrais agriculteurs.”
Dans la suite du chant, quand on demanda au Dieu Domestique pourquoi le maïs était si beau, le Dieu Domestique répondit.
“Bee hozhonigo! C’est beau par ceci: Avec le nuage sombre, avec la rosée du nuage, c’est beau. Avec le maïs bleu, c’est beau. Bee hozhonigo! C’est beau par ceci: avec la brume sombre, avec la rosée de la brume, c’est beau. Avec le maïs blanc, c’est beau.”
“MINES ET RESISTANCE EN PAYS DINE [NAVAJO]”
D’après une émission de Laura Flanders
Du 7 juillet 2016,
The Real News Network
Publié sur Censored News
Le 12 juillet 2018
Traduction Christine Prat
Un documentaire spécial, filmé sur place, en Dinétah, le nom du Pays des Navajos, qui couvre des territoires en Arizona, au Nouveau-Mexique, dans le Colorado et en Utah. 21 milliards de tonnes de charbon, la plus grande réserve des Etats-Unis, estimée à 100 milliards de dollars, sont restées intactes jusqu’en 1966. Cette année-là, Peabody Coal Company a signé un bail avec un conseil tribal Hopi qu’elle avait contribué à créer. En 1974, le Congrès a adopté la Loi sur la Résolution des Terres Navajo et Hopi, plus connue comme “loi de déportation”. Elle divisait environs 8000 km² de terres entre les tribus Diné et Hopi. Quasiment du jour au lendemain, des dizaines de milliers de Diné et quelques centaines de Hopi étaient devenus “illégaux”.
Depuis, on estime que de 10 000 à 20 000 Diné ont été déplacés de force. Aujourd’hui, seul un petit groupe de Diné, pour la plupart des personnes âgées, continuent d’y vivre, et ceux qui restent subissent des pressions pour partir. Plus de 40% des foyers n’ont pas l’eau courante. Les deux mines de Peabody Energy ont extrait plus de 400 millions de tonnes de charbon et pompé 70% de l’ancienne nappe aquifère. La mine de Peabody à Kayenta alimente la Centrale Navajo, propriété du Ministère de l’Intérieur des Etats-Unis, qui fournit de l’eau et de l’électricité à Phoenix, Tucson, Las Vegas et Los Angeles. Quel est le coût, en vies humaines Navajo, de l’eau et de l’énergie fournies à ces villes? Le jour de la fondation des Etats-Unis, nous avons rendu visite à des jeunes et Anciens Diné, qui se rejoignent pour se battre pour la survie de leur culture, en luttant contre la déportation causée par la politique du gouvernement des Etats-Unis, et contre l’exploitation causée par l’extraction minière et d’autres industries polluantes.
Un officiel a déclaré au Congrès en février 2016 que les familles qui restent seraient chassées fin 2018.
Vidéo en cours de traduction, en attendant, cliquer sur cc pour des sous-titres en anglais.
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Chant de l’AIM par Blackfire
UN JUGE FEDERAL BLOQUE LA PLAINTE RIDICULE D’ENERGY TRANSFER (DAPL) CONTRE L’ONG EARTH FIRST!
Par Earth First!
Publié par Censored News
Le 7 août 2018
Traduction Christine Prat
Hier, 6 août 2018, un juge fédéral a empêché Energy Transfer Partners, la compagnie derrière le Dakota Access Pipeline, de continuer à poursuivre Earth First! Energy Transfer Partners avait porté plainte, prétendant que le mouvement Earth First! avait financé une présence terroriste violente et une entreprise criminelle au cours des manifestations de Standing Rock, avec 500 000 dollars et les revenus de la vente de drogue sur le site, et avait conspiré avec Greenpeace et d’autres groupes écologistes pour tromper le public sur les risques posés à l’environnement par les oléoducs. La Cour a rejeté les allégations d’Energy Transfer Partners comme n’étant pas étayées par des faits. Le juge a également empêché Energy Transfer Partners de rassembler des éléments contre le journal Earth First! qui n’est pas impliqué dans la plainte.
“Il est clair, selon les volumineux dossiers d’articles web historiques et non pertinents des plaignants, qu’ils ne possédaient, au moment où ils ont déposé la plainte, pas de preuves soutenant les allégations spécifiques contre [Earth First!]” écrivit le juge.
Le juge avait donné à Energy Transfer jusqu’au 6 pour fournir une raison suffisante de ne pas rejeter la plainte contre Earth First!
“Energy Transfer Partners essaie de détourner l’attention de sa destruction incessante de nos communautés et de l’environnement, en concoctant une histoire prétendant que la puissante résistance conduite par des Autochtones contre le DAPL, était une conspiration criminelle dirigée essentiellement pas des ONG et des mouvements écologistes principalement Blancs” dit Grayson Flory, éditeur du Earth First! Journal. Au lieu de mordre à l’hameçon, nous ferions mieux de rejoindre des groupes comme le camp L’eau est la Vie [en français dans le texte] en Louisiane, qui bloque activement un projet d’oléoduc d’Energy Transfer Partners, et soutient les prisonniers politiques actuellement condamnés pour avoir résisté à des projets d’oléoducs dangereux d’ETP, entre autres Red Fawn Fallis, Michael “Little Feather” Giron, et Ellen Gerhart.”
ETP avait essayé d’atteindre Earth First! – un grand mouvement social – en poursuivant la petite publication écologique Earth First! Journal. Après que le juge ait décidé que la plainte contre Earth First! n’avait pas été présentée convenablement, ETP a demandé la permission de demander des preuves contre Earth First! Journal ou de modifier la plainte pour inclure le Journal comme accusé. La dernière décision met un terme à la tentative d’ETP de confondre un large mouvement social avec une publication sur l’activisme environnemental. Modifier la plainte pour ajouter Earth First! Journal comme l’une des parties responsables d’une supposée entreprise criminelle serait “probablement futile” écrit le juge.
CSIA-NITASSINAN: JOURNEE DE SOLIDARITE DU 13 OCTOBRE 2018
Cette Journée a aussi célébré le 40e annivesaire du CSIA et le 50e anniversaire de l’AIM
La Journée a débuté par une danse offerte par un groupe de jeunes Kanaks aux invités Amérindiens:
LES PARTICIPANTS
Voir le texte de son intervention
Nataanii Means, Diné (Navajo), Lakota, Omaha
Voir le texte de son intervention
Jimbo Simmons, Choctaw, de l’AIM
Voir le texte de son intervention
Voir le texte de son intervention
Félix Tiouka, Guyane “Française”
Vanessa Joseph, Ka’lina, Guyane “Française”,
Nicole Chanel, Teko, Guyane “Française”
Cindy Van der Pijl, Arawak/Lokono, Guyane “Française”
Voir le texte des trois interventions
Moëtai Brotherson, député, Tahiti
Mauro Millan, Mapuche, Argentine,
Natividad LLanquileo, Avocate Mapuche, Chili
LE RACISME DANS LES PAYS OCCIDENTAUX SOI-DISANT ‘DEMOCRATIQUES’ TUE DES DIZAINES DE MILLIERS DE MIGRANTS POUR MAINTENIR LA DOMINATION DU CAPITALISME UN PEU PLUS LONGTEMPS
Christine Prat English
24 juillet 2018
Depuis quelque temps déjà, les politicards occidentaux et leurs médias répètent tous les jours que nous faisons face à une ‘Crise Migratoire’. Ça a été tellement répété que presque plus personne ne met leur slogan en question. S’il y a des désaccords, c’est sur ce qu’il faudrait y faire. Il est temps d’essayer de dire quelques vérités.
Il n’y a pas de ‘Crise Migratoire’, mais une Crise Raciste largement causée et alimentée par les pouvoirs Suprémacistes Blancs et Européens, dont les dirigeants croient depuis longtemps que leurs électeurs sont avant tout racistes. S’il est malheureusement vrai que beaucoup d’occidentaux, européens ou d’origine européenne, sont racistes – le racisme est totalement irrationnel et fondé sur une ignorance extrême, la connaissance étant remplacée par les cris des médias dominants – les gens ne votent pas d’abord contre l’immigration, mais contre leurs conditions de vie de plus en plus dures sous le joug du capitalisme sauvage. Il est bien sûr très inquiétant que de plus en plus de pays d’Europe ou d’Amérique votent pour des partis d’extrême droite, mais ce n’est certainement pas la faute des migrants.
Il ne faut certainement pas oublier que beaucoup de réfugiés qui essaient d’entrer en Europe fuient des guerres initiées pas les Etats-Unis et/ou des pays européens. Il ne faut pas oublier non plus que les pays d’où viennent les migrants ont été envahis et colonisés longtemps (certains le sont encore) par ces pays occidentaux qui veulent les rejeter à tout prix maintenant. Et il faut savoir qu’il y a encore beaucoup plus de réfugiés de ces guerres qui se trouvent dans les pays voisins, en Afrique ou au Moyen-Orient, que dans n’importe quel pays occidental. (A une époque, l’Iran était le pays qui accueillait le plus grand nombre de réfugiés au monde – pas parce que le régime est plus humain, mais parce que les Iraniens sont généralement moins racistes que les Européens ou les Nord-Américains blancs). Les pays où les réfugiés fuient sont trop pauvres pour les nourrir, c’est pourquoi certains essaient d’atteindre l’Europe – ou les USA, s’ils fuient des régimes d’Amérique du Sud ou Centrale.
Ces gens sont suffisamment désespérés pour risquer – et souvent perdre – leur vie, en essayant d’atteindre des pays qui n’arrêtent pas de se vanter d’être ‘riches’ et ‘libres’. Des dizaines de milliers de migrants meurent en essayant de traverser la Méditerranée, A la frontière US/Mexique, l’association ‘No More Deaths‘ compte les cadavres de migrants trouvés dans le Désert de Sonora, morts en essayant d’atteindre la frontière des Etats-Unis.
Actuellement, les dirigeants européens – et leurs complices des médias – clament qu’ils négocient avec les pays africains pour trouver des accords visant à empêcher les migrants de traverser la Méditerranée, insinuant qu’ils essaient de trouver des solutions pour les réfugiés dans ces pays. Dans un article de Bill van Auken, publié par Counter Currents le 26 juin 2018, on peut lire que deux fois plus de migrants meurent dans le Sahara, que dans la Méditerranée, qu’ils n’ont jamais atteinte. L’article dit aussi que les militaires algériens – qui ont toujours eu beaucoup d’amis parmi les politiciens français et les grandes compagnies – repoussent les réfugiés vers la frontière du Niger, au milieu du Sahara, et les forcent à repartir à pied, sans leur avoir donné de nourriture ni d’eau. Il y a au moins 15km jusqu’à la frontière du Niger, et dans cet environnement, pour des gens qui ont été privés de nourriture et d’eau pendant des jours, c’est la mort quasi certaine.
Citations de l’article:
“Cette sinistre révélation de l’Associated Press est illustrée par des vidéos sur lesquelles on peut voir des centaines de migrants trébuchant dans une tempête de sable, et d’autres transportés dans des camions surchargés, pour être largués à la frontière de l’Algérie avec le Niger et forcés de marcher dans le désert à la pointe du fusil.
Comme l’Associated Press l’a dit clairement, la politique meurtrière du gouvernement algérien est appliquée à la demande de pays de l’Union Européenne, qui cherchent de plus en plus à pousser les régimes d’Afrique du Nord à devenir leur garde-frontière, et à entraver le flux des migrants par l’intimidation, la violence et la mort”, dit l’article de Counter Currents.
Ce n’est qu’un exemple. La même chose se produit partout. Des politiciens français (et d’autres politiciens européens) ont beaucoup de bons amis parmi les militaires et les dictateurs africains. Mais demander au Mali, au Niger ou au Nigeria de coopérer pour contenir les réfugiés? On sait bien qu’ils ne contrôlent pas leurs frontières. La guerre française, supposée ramener la ‘paix’ au nord du Mali est un désastre, ça a tourné à la guerre civile, comme partout où des pays occidentaux sont intervenus. Le pire exemple est la Libye, transformée en chaos mortel depuis que des pays européens ont attaqué, sous prétexte de se débarrasser de Kadhafi. Pourtant, les pays européens demandent toujours à la Libye (y a-t-il encore un pays appelé comme ça?) de les aider à résoudre leur ‘problème’ de migrants. La Libye, comme l’Iraq et la Syrie, a été totalement détruite par les interventions occidentales, ne laissant que des guerres civiles derrières elles. Tout ce que certains militaires libyens peuvent faire, c’est de tirer sur les migrants.
Les Murs qu’on construit partout.
Le plus connu est le Mur en Palestine. Ce n’est pas un mur de frontière. Il sépare les territoires occupés en 1948 de ceux qui ont été occupés en 1967. Il sépare les gens de leurs familles, de leurs champs, de leurs sites sacrés, et plus généralement les empêche de voyager. Evidemment, il a été construit entièrement sur des terres palestiniennes, c’est-à-dire que toute la largeur du mur, la route pour les flics et les militaires, et toute autre activité ‘Israélienne’, ont été prises sur des terres appartenant à des Palestiniens, pas un centimètre des terres volées par des colons illégaux n’a été utilisé. Bien entendu, les Palestiniens qui essaient de traverser peuvent se faire tirer dessus, ce que les médias dominants ne diront jamais.
Il y a aussi un mur, par endroits une barrière, construit à la frontière Etats-Unis/Mexique, qui avait été ignoré pendant quelques décennies par les médias, jusqu’à ce qu’il soit rebaptisé “Mur de Trump” par les politicards et journaleux qui n’aiment pas Trump. En fait, la construction a commencé il y a longtemps, et n’a pas été achevée, à cause des coûts exorbitants. Trump a bruyamment clamé qu’il terminerait la construction du mur, le ferait rehausser, et enverrait la facture au gouvernement mexicain – qui a immédiatement répondu qu’il n’en était pas question. Les Tohono O’odham, Yaqui et autres dont le territoire est arbitrairement coupé par la frontière, ont eu des problèmes bien avant l’élection de Trump. Leur territoire a été divisé sur une carte, avec une règle et une plume, par le Traité Guadalupe-Hidalgo de 1848. Jusqu’aux années 1990, les gens des villages traversés arbitrairement par la frontière (les Tohono O’odham disent: nous ne traversons pas la frontière, c’est la frontière qui nous traverse), pouvaient aller de l’autre côté sans trop de problèmes. Puis l’hystérie anti-migrants a commencé. D’après Ofelia Rivas, une Tohono O’odham de la frontière, les vrais problèmes ont commencé juste après le 11 septembre 2001.
Il y a beaucoup plus de murs dans le monde actuel. D’après un article de USA Today, publié le 24 mai 2018, il y aurait 77 murs, existants, en construction ou projetés partout dans le monde. D’après le site World Atlas – mis à jour le 1er août 2017 – il y a 20 murs existants, et d’autres en construction ou projetés – à part la Grande Muraille de Chine, la frontière Etats-Unis/Mexique, et le mur en Palestine. [Existants: Corée du Nord / du Sud, 1953; Chine / Hong Kong, les années 1960: Egypte / Palestine, 1979; Koweït / Iraq, 1991; Melilla – Espagnole – Maroc, 1998, mur anti-migrants; Ouzbékistan / Kirghizstan , 1999; Afrique du Sud / Zimbabwe, années 2000; Turkménistan / Ouzbékistan, 2001; Ouzbékistan / Afghanistan, 2001; Arabie Saoudite / Yémen, 2004; Brunei / Malaisie, 2005; Kazakhstan / Ouzbékistan, 2006; Arabie Saoudite / Iraq, 2014; Bulgarie / Turquie, 2014; Hongrie / Serbie, 2015; Hongrie / Croatie, 2015; Macédoine / Grèce, 2015. En construction: Chine / Corée du Nord; Iran / Pakistan; Emirats Arabes Unis / Oman; Slovénie / Croatie. Projets: Estonie / Russie; Belize / Guatemala]. Le nombre de murs racistes ne fait qu’augmenter. Des compagnies du bâtiment comme Lafarge – actuellement poursuivie pour crimes contre l’humanité pour avoir payé l'”Etat Islamique” pour pouvoir continuer à faire des affaires en Syrie – ne peuvent qu’approuver ces murs qui leur rapportent du fric. (Rappelez-vous des histoires concernant la compagnie de Dick Cheney, au cours de la 2ème guerre d’Iraq: elle vendait du matériel à l’armée américaine pour détruire, et des matériaux aux alliés des Etats-Unis pour reconstruire…)
Les politicards européens et leurs journaleux prétendent être sensible à la misère humaine (ils mentent), mais qu’on ne peut pas accepter tous les migrants! Tant que le monde occidental trouve normal que Gaza ait la plus haute densité de population au monde, mais aucun accès aux produits et services de base, il est hors de question d’admettre que les pays occidentaux ne peuvent pas héberger tout le monde.
Après avoir fait admettre qu’on ne pouvait pas les accueillir tous, ils insistent sur la différence impérative entre réfugiés ‘politiques’ et réfugiés ‘économiques’. C’est une mauvaise blague. La définition officielle de ‘réfugié politique’ est beaucoup trop étroite, celle de ‘réfugié économique’ beaucoup trop vague.
Dans la deuxième moitié des années 1990, j’ai été amenée à m’occuper du problème des réfugiés. J’ai rencontré des tas de gens, j’ai travaillé à temps complet pendant des mois, j’ai assisté à la cérémonie de Doctorat d’un mec qui avait fait sa thèse sur le Droit des Réfugiés Palestiniens dans la Loi Internationale, j’ai appris beaucoup, j’ai eu des tas d’informations et de témoignages, et ce que je peux dire est que tout ce qu’ils proclament sur leur politique vis-à-vis des réfugiés n’est que mensonges. La loi internationale ne résout rien, vu que les Etats ne sont pas tenus d’accepter des réfugiés, seulement de les traiter selon ladite loi s’ils en ont accepté.
D’abord, la définition de ‘réfugié politique’ s’applique seulement aux gens menacés par leur propre gouvernement (surtout si c’est un gouvernement ennemi de l’Occident), et de ce fait ne peuvent pas demander la protection des autorités de leur pays. Ça s’arrête là.
Quand les gens fuient une zone de guerre en passant par un pays voisin – parce qu’ils ne peuvent pas atteindre l’aéroport – et que ce pays est considéré comme ‘sûr’, mais n’a aucun moyen de les aider, ce qui fait qu’ils sont sûrs de mourir de faim et de soif, leurs demandes d’asile sont rejetées par les pays occidentaux, vu que la certitude de mourir de faim en fait des ‘réfugiés économiques’! En cas de guerres civiles, les gens qui tentent de s’échapper de régions tenues par des groupes d’opposition – même si ces groupes sont considérés comme ‘terroristes’ par l’occident – ne peuvent pas obtenir le statut de réfugiés politiques, vu que c’est leur gouvernement qui doit les protéger! Pendant l’atroce guerre civile en Algérie, dans les années 1990, des gens menacés par les ‘Islamistes’ essayaient d’obtenir l’asile politique en France – vu que les pays occidentaux étaient tellement horrifiés par les ‘Islamistes’ – mais leur demande était rejetée, les islamistes n’étant pas au pouvoir, c’était leur gouvernement qui devait les protéger! A l’époque, environs 200 réfugiés palestiniens du Liban avaient demandé l’asile aux Pays-Bas. “On” leur avait “conseillé” de dire qu’ils étaient menacés par le Hezbollah (considéré comme le pire ennemi par les pays occidentaux). Mais le Hezbollah n’était pas au gouvernement, donc ils n’étaient pas des ‘réfugiés politiques’. En plus, ce n’était pas le Hezbollah qui les menaçait, mais plutôt la milice Amal. Cependant, ils ne pouvaient pas changer leur déclaration, étant donné qu’ ‘avoir menti’ signifiait un refus et une expulsion immédiats et définitifs.
Le rejet des demandes d’asile au prétexte ‘d’avoir menti’ est une méthode courante pour se débarrasser des gens. L’interprétation de ceux qui décident est qu’il ne doit y avoir aucune différence entre la première déclaration du réfugié et ce qu’il ou elle peut dire au cours d’interrogatoires ultérieurs. Les gens qui arrivent directement d’un lieu de massacre peuvent être en état de choc et donc incapables de raconter ce qui leur est arrivé convenablement; puis, lorsqu’ils ont un peu récupéré et disent toute la vérité, leur demande est rejetée, parce que leur nouvelle version n’est pas exactement identique à la première, même si les nouveaux faits qu’ils racontent ne font que confirmer qu’ils sont en danger. Un cas extrêmement courant est celui de femmes qui ont été violées, dans des pays où c’est encore une honte, et ne peuvent pas en parler en arrivant. Puis, si elles sont à nouveau interrogées des semaines ou des mois plus tard, des travailleurs sociaux ont pu les convaincre qu’avoir été violée n’est pas une honte, que c’est être victime. Si elles le disent, leur demande d’asile est rejetée, pour avoir ‘menti’ la première fois!
A l’époque, une journaliste française qui voulait enquêter sur le droit d’asile, avait passé 10 mois dans un syndicat d’un pays d’Amérique du Sud où les dirigeants syndicaux pouvaient être assassinés, arrêtés, torturés. Elle a tout appris sur le syndicat, a réussi à se faire faire de faux papiers, et est arrivée à Roissy comme demandeuse d’asile. Elle a été immédiatement enfermée dans une cage où il y avait au moins 50 demandeurs d’asile, dont un type qui avait complètement pété les plombs, vu ce qu’il venait de vivre, et ne savait plus qui il était. Les réfugiés devaient passer plusieurs jours dans la cage, sans possibilité de dormir, de se laver, d’avoir une assistance médicale, et la nourriture était absente ou immangeable. Finalement, seulement deux personnes ont été autorisées à demander l’asile, elle-même – typiquement une fausse réfugiée – et un homme dont elle ne savait rien, mais certainement pas le type complètement traumatisé. Ensuite, elle a fait le parcours de demande d’asile, queues interminables devant les administrations, logement insalubre, interrogatoires, etc.
Maintenant, il y a ce débat sur le ‘partage équitable’ des réfugiés entre pays de l’Union Européenne. Evidemment, les gouvernements d’extrême droite ne veulent pas en entendre parler. Mais l’idée même est odieuse: si les migrants veulent aller dans un pays en particulier, c’est parce qu’ils y ont de la famille, connaissent la langue, savent où aller. Les envoyer dans d’autres pays, sous prétexte de ‘partage équitable’ (outre le caractère franchement raciste, comme si c’était une plaie d’accueillir des réfugiés), les couperait de leur famille, et rendrait très difficile pour eux de faire des études, trouver un emploi, et les exposerait à la haine des pays racistes, si l’Union Européenne arrivait à les forcer à les accepter.
Séparer les familles est une politique courante depuis longtemps en Europe. Ici, à Rennes, où j’habite depuis 15 ans, j’ai connu des gens qui, à 18 ans, devaient demander leur propre permis de séjour, qui pouvait être refusé, bien que leur mère et autres membres de la famille vivent ici légalement. Aux Pays-Bas, à la fin des années 1990 (c’est probablement pire maintenant qu’ils ont l’extrême droite au gouvernement), des jeunes Marocains qui atteignaient l’âge de 18 ans, devaient demander leur propre permis de séjour, ce qui était souvent refusé, bien que leur père ait vécu légalement aux Pays-Bas depuis au moins 30 ans. Certains cas ont été signalés dans les médias, parce que les personnes concernées avaient été membres d’un syndicat, alors que le Roi de l’époque, Hassan Deux, interdisait absolument aux Marocains vivant à l’étranger d’être membre d’une organisation non-marocaine, surtout d’un syndicat, ce qui voulait dire ‘Communisme’ pour lui. Ces gens risquaient leur vie en retournant au Maroc et faisaient la grève de la faim.
Les politicards européens ont toujours prétendu que ‘bien qu’il ne soit pas possible d’accepter tous les migrants’ (salauds!), il fallait accueillir les réfugies dans le respect et la dignité. C’est un mensonge. Leur politique est de leur en faire baver au maximum dans l’espoir qu’ils laissent tomber. Encore une fois, j’ai rencontré des gens qui travaillaient pour les réfugiés, j’ai rencontré des réfugiés, j’ai eu beaucoup d’informations sur les centres de détention où ils mettent les demandeurs d’asile le temps que leur cas soit examiné. La situation dans ces lieus est épouvantable. Ils doivent attendre longtemps pour avoir une aide médicale nécessaire, les femmes enceintes font des malaises avant de recevoir une quelconque assistance, la nourriture est infecte et rare, les conditions de logement abominables. Un jour, j’ai rencontré deux sœurs Iraquiennes, qui avaient été autorisées à sortir un dimanche – mais devaient rentrer au centre de détention le soir. Elles disaient qu’elles ne pouvaient pas dormir, vu qu’elles n’avaient qu’un matelas dans une salle commune où il y avait aussi des hommes d’autres pays, d’autres cultures, qui n’avaient pas vu de femmes depuis longtemps. Elles n’osaient pas dormir de peur d’être agressées. Nous ne pouvions même pas leur donner un savon, ça aurait été confisqué. Les réfugiés ne pouvaient qu’acheter ce dont ils avaient besoin à la boutique du centre de détention, pas au prix du supermarché, mais au prix de snack bars ou d’hôtels. Bien entendu, ils n’avaient pas d’argent, mais ils pouvaient en gagner un peu en acceptant des travaux très durs et dangereux. On m’a dit que dans certains centres de détention, du porc finement haché était mélangé à la nourriture, afin que seulement les Chrétiens puissent manger (il y avait alors des réfugiés de Somalie et d’Erythrée, où il y a les trois religions monothéistes et aussi quelques animistes). Une amie qui tenait à rendre visite à un réfugié dont elle avait entendu l’histoire, a pu joindre la seule organisation chrétienne autorisée à entrer dans le centre. Ils lui ont dit qu’ils pouvaient la faire entrer, à condition qu’elle promette de ne rien dire de ce qu’elle aurait vu ou entendu. Elle a donc décliné, vu qu’elle voulait voir le réfugier pour pouvoir en parler et faire campagne.
Puis vous avez ces réfugiés qui ne sont ni ‘politiques’ ni ‘économiques’, et de ce fait n’existent pas dans la loi internationale. Par exemple, en 1998, il y a eu le cas de Samira Adamu, 20 ans, du Nigeria, assassinée par la police belge qui essayait de la mettre de force dans en avion pour le Nigeria. Elle avait fui parce que sa famille – très pauvre – voulait la forcer à épouser un homme de 65 ans, connu comme violent, qui avait déjà tué une épouse précédente en cognant trop fort. Les autorités belges ont décidé que ce n’était pas politique. Plus récemment, parmi les réfugiés du Honduras qui essayaient d’entrer aux Etats-Unis, il y avait une fille de 17 ans, avec un bébé d’un an, qui fuyait parce que le père du bébé voulait la tuer. Sa demande d’asile avait déjà été rejetée plusieurs fois par les autorités de Californie, mais elle dit qu’elle resterait à la frontière et continuerait d’essayer, vu qu’elle n’avait pas d’autre solution.
Bien sûr, la distinction entre réfugiés ‘politiques’ et non ‘politiques’ est une connerie. Les dirigeants occidentaux prétendent que les étrangers doivent respecter les ‘valeurs démocratiques’ (comme si le capitalisme admettait d’autres valeurs que l’argent!). Si une musulmane porte un foulard dans un pays occidental, c’est politique, mais si une femme demande l’asile pour échapper à un mariage forcé ou à la violence conjugale, ce n’est pas politique et tant pis pour ‘nos valeurs’.
En ce qui concerne les réfugiés ‘économiques’, ils viennent de pays qui ont été colonisés, envahis par les Européens. Ils ont été forcés de renoncer à leur agriculture utile pour produire des produits d’exportation pour les colonisateurs. Maintenant, qu’ils soient toujours colonisés ou prétendument ‘indépendants’, ils n’ont pas de sécurité alimentaire, alors qu’une minorité de gens, c’est-à-dire les grandes compagnies occidentales, s’enrichissent en pillant leurs ressources.
La vérité est que le Capitalisme est arrivé au bout de ses possibilités de fonctionner. Les Maîtres – illégitimes – du monde ne font que repousser leur fin inévitable. Ils sont de toute évidence capables de détruire le monde au cours de leur propre effondrement. En attendant, ils essaient de gagner un peu de temps en tournant la colère des gens contre les étrangers. Tandis que les partis fascistes gagnent de plus en plus d’influence, les partis soi-disant ‘démocratiques’ ou ‘progressistes’ essaient de freiner leur ascension en imitant leur racisme, vu qu’ils croient bêtement que les pauvres sont forcément racistes. Evidemment, cette politique ne peut que rallier plus de soutien aux partis fascistes racistes. Mais les partis politiques n’ont pas de solution. Ils doivent forcément disparaître avec le monde capitaliste qui les rend utiles. Les électeurs – par définition des individus isolés – ne peuvent rien faire. C’est seulement quand les gens descendront dans les rues qu’ils comprendront qu’ils ne sont pas seuls, et qu’il y a une solution, la Révolution.
RACISM IN SO-CALLED ‘DEMOCRATIC’ WESTERN COUNTRIES IS KILLING TENS OF THOUSANDS OF MIGRANTS FOR THE SAKE OF CARRYING ON WITH CAPITALISM A LITTLE BIT MORE
Christine Prat Français
July 24, 2018
Nowadays, you can hear every day from Western politicians and their corporate media that we are going through a ‘Migrants Crisis’. It has been repeated so many times that almost nobody questions the fact anymore. The only disagreements are about what to do about it. It is time to restore some truth about the facts.
There is no ‘migrants crisis’, there is a ‘racist crisis’ among the White Euro-Supremacist governments, as well as a prejudice among the so-called ‘democratic’ leaders that their voters are necessarily racists. It is unfortunately true that many white people are racists – as racism is totally irrational and based on extreme ignorance, knowledge being replaced by faith in what corporate media say. However, people don’t primarily vote against migrants, they vote because their life is too hard under the yoke of wild capitalism. It is still very worrying that more and more European and American countries vote for fascist or extreme-rightist parties, but it is certainly not the migrants fault.
We must not forget that many refugees trying to get into Europe are running away from wars started by the United States or European countries. We must not forget either that the countries migrants are coming from had been invaded and long been colonized (some are still) by those Western countries that are rejecting them now.
It must be clear too that there are many more refugees from those wars in neighboring countries in Africa and the Middle East than in any Western country. (At a time, Iran was the country sheltering the highest number of refugees in the world. Not because their regime was so much better, but because Iranian people are usually less racists than Europeans or white North Americans). The countries where people are fleeing to are usually too poor to feed them, that’s why some try to make it to Europe – or the USA when they escape from South or Central American countries.
Those people are so desperate that they risk – and in many cases lose – their life trying to get to countries that boast about being ‘rich’ and ‘free’. Tens of thousands of migrants die trying to cross the Mediterranean Sea. ‘No More Death‘ has been counting for years the dead people they found in the Sonora Desert, trying to reach the US border.
At the moment, European leaders – and their accomplices in the big media – claim that they are negotiating with African countries to cooperate and reach agreements about stopping migrants to try to cross the sea (also insinuating that they try to find solutions for the refugees in those countries). In an article by Bill van Auken, published by Counter Currents on June 26th, 2018, it is said that twice as many migrants die in the Sahara Desert as in the Mediterranean Sea. Algerian militaries – who always had good friends among French politicians and corporations since the ‘Independence’ – push back people to near the Niger border, in the middle of the Sahara, in the Ténéré – meaning sand dunes desert in Tuareg language – and force them to walk back without having given them food or water. It is over 9 miles to the border with Niger, but in that environment, for people who have been without food or water for days, it is certain death.
“The shocking revelation by the Associated Press was substantiated by videos showing hundreds of migrants stumbling through a sand storm and others being driven in massive convoys of overcrowded trucks to be dumped at Algeria’s southern border with Niger and forced into the desert at gunpoint.
As the AP itself makes clear, the murderous policy of the Algerian government is being carried out at the behest of the countries of the European Union, which have increasingly sought to induce North African regimes to act as their border guards, impeding the flow of migrants by means of intimidation, violence and death” says the Counter Currents article.
It’s just an example. The same is happening everywhere. French politicians (and other European politicians) have a lot of good friends among African militaries and dictators. But ask Mali, Niger, Nigeria to cooperate with keeping the refugees? They can’t control their northern border at all. The French war supposed to bring ‘peace’ in northern Mali is a disaster, it turned into a civil war as everywhere where Western countries interfered. Worst example is Libya, which is just a murderous mess since European countries attacked, on the ground of getting rid of Khadhafi. Still, European countries are asking Libya (is there still a country called that name?) to help with the migrants’ “problem”. Libya, as Iraq and Syria, has been totally destroyed by Western interventions, leaving only ‘civil’ war behind. What some Libyan militaries do to ‘help’ is to shoot migrants trying to reach the coast.
Then, you have those Walls being built everywhere.
The best know is the Wall in Palestine. It is not a border wall. It separates the territories occupied in 1948 from those occupied in 1967. It separates people from their families, from their fields, from going to their holy places, from travelling in general. Of course, it has been built entirely on Palestinian – 1967 – territory, meaning that the whole breadth of the wall, the road for militaries and police, and any ‘Israeli’ facilities, have been taken from Palestinian land, not one inch from Israeli settlers’ stolen land. Of course, Palestinians who try to cross can be shot, which won’t be reported by the corporate media.
There is also the wall, or fence, built on the US/Mexico border, which has been ignored by media for decades, until it was renamed “Trump’s Wall” by European politicians and media who don’t like Trump. As a matter of fact, the building started years ago, and was not finished because it was too expensive. All Trump did, was to claim that he would finish the Wall and make it higher, sending the bill to the Mexican government – which immediately replied that it was out of question. The Tohono O’odham and Yaqui, whose territory is arbitrarily cut by the border, have had problems long before Trump was elected. Their land has been cut on a map, with ruler and pen, by the Guadalupe-Hidalgo Treaty of 1848. Until the 1990’s, people from tribes and villages arbitrarily crossed by the border, could go to the other side without too many problems. According to Ofelia Rivas, Tohono O’odham from the border, the real problems started just after September 11, 2001.
There are many more walls in today’s world. According to an article in USA Today, published on May 24th 2018, there would be 77 walls completed, under construction or planned all over the world. According to a post on World Atlas – updated on August 1st, 2017 – there were 20 walls completed, some more under construction or planned – apart from The Great Wall of China, the USA/Mexico border wall and the ‘Israeli’ wall in Palestine. [Completed: between North and South Korea, 1953; China and Hong Kong, 1960s; Egypt and Palestine, 1979; Kuwait and Iraq, 1991; Melilla – Spanish – and Morocco, 1998, anti-migrants wall; Uzbekistan and Kyrgyzstan, 1999; South Africa and Zimbabwe, 2000s; Turkmenistan and Uzbekistan, 2001; Uzbekistan and Afghanistan, 2001; Ceuta – Spanish – and Morocco, 2001, anti-migrants; Botswana and Zimbabwe, 2003; India and Pakistan, 2004; Saudi Arabia and Yemen, 2004; Brunei and Malaysia, 2005; Kazakhstan and Uzbekistan, 2006; Saudi Arabia and Iraq, 2014; Bulgaria and Turkey, 2014; Hungary and Serbia, 2015; Hungary and Croatia, 2015; Macedonia and Greece, 2015. Under construction: Between China and North Korea; Iran and Pakistan; United Arab Emirates and Oman, Slovenia and Croatia. Planned: Estonia Russia; Belize Guatemala]. The number of racist walls is still increasing. Building companies like Lafarge – now indicted for crime against humanity for having paid a lot of money to Da’ish in order to keep working in Syria – can only approve of all these walls. (Remember the stories about Dick Cheney’s company during the 2nd war against Iraq: selling to the US Army materials to destroy, and to US allies in Iraq materials to rebuilt…)
So-called ‘democratic’ European politicians and their media claim that they are sensitive to people’s suffering (which is a lie) but cannot possibly accept all migrants. As long as the world finds it normal that Gaza has the highest population density in the world and no access to any basic products or services, you can’t accept that Western countries claim that they cannot let all people in.
Once they have claimed that they cannot take all of them, they insist on the difference to be made between ‘political’ refugees and ‘economic’ refugees. This is a hoax. The definition of ‘political refugee’ is too narrow, that of ‘economic refugee’ is too vague.
In the late 1990’s, I happen to have been involved with the refugees’ issue. I learned a lot, I met a lot of people, I have been busy full time for months, I attended a PhD ceremony about Palestinian Refugees in International Law, I got a lot of information and testimonies, and all I can say is, everything they claim about their policies are lies and international law does not solve anything.
First, there is the distinction between ‘political’ and ‘non-political refugees. A ‘political refugee’ is someone threatened by his or her own government, so that he or she cannot ask for protection in their own country. That’s it. When people first flee a war zone through a neighboring country, which is considered safe but has no means to help them, so that they are sure to die of starvation, they are rejected from Western countries, as the certainty of starving to death makes them ‘economic’ refugees. In case of civil wars, people trying to escape from areas held by non-governmental groups – even those officially considered as terrorists by the West – can’t get political refugee status, as it is their government that should protect them! During the horrible Algerian civil war of the 1990’s, people threatened by ‘Islamists’ tried to ask political asylum in France – the Western countries hating ‘Islamists’ so much – but they were rejected, as it was up to their government to protect them. At the time, about 200 Palestinian refugees from Lebanon asked asylum in the Netherlands. They had been “advised” to say that they were threatened by Hezbollah (as it was considered absolute enemy in Western countries). However, Hezbollah was not in the Lebanese government, thus they were not political refugees. Moreover, it was not true that they were threatened by Hezbollah, but by other groups. However, they could not change their story, as having ‘lied’ means immediate and definitive rejection.
Rejection on the ground of ‘having lied’ is a very common method to get rid of people. The interpretation by those who take the decision is that there should be no difference at all between the refugee’s first statement and what he or she can say during other questionings in the course of the examination of their case. People can be in a state of shock when they arrive directly from a massacre site and be unable to tell their story properly, then come by and tell the truth, which is rejected as being ‘different’ from the first version, even if the new facts only confirm that they are threatened. There is for instance the case of women who have been raped, in countries where it is a terrible shame, and are unable to talk about it when they arrive. If interrogated again weeks or months later, they can have been convinced by social workers that being raped is not a shame, that it is being a victim. If they tell the truth, there application for asylum is immediately rejected for not having said the same the first time!
At the time, a French journalist who wanted to investigate about asylum seekers, spent 10 months in a South American country where trade union leaders and activists were often killed or arrested and tortured. She learned everything about a trade union and then managed to get false papers to come back to France, posing as an asylum seeker. At Paris airport, she was put in a cage with about 50 asylum seekers. She described how bad it has been for days, sick people getting no help, no possibility to sleep, pregnant women screaming in vain, one man totally freaking out from what he had just be through… Ultimately, only two persons out of 50 were allowed to apply for asylum, herself, who was typically a false refugee, and a man whom she knew nothing about. The totally traumatized guy was rejected. Then she went through the whole process of trying to get refugee status, it was very hard too, having to queue for days at administration buildings, being very poorly housed, being interrogated as a suspect, and so on. She managed to publish a book about what she saw and experienced.
“Fairly ‘sharing’ refugees between European Countries”: This is heavily discussed at the moment. Of course, the fascist governments won’t hear about it. But the very idea is unacceptable: if migrants want to go to a specific country, it is usually because they have family there, understand the language, know where to go. Sending them to other countries on the ground of ‘faire share’ would cut them off from their families, make it very difficult for them to study or find a job and expose them to people’s hatred, if the European Union manages to force racist countries to accept some refugees.
Separating families has long been a policy in Europe. Here in Rennes, where I now live, I have known people over 18 who had to ask their own stay permit, and were refused, although their mother and many other family members were living here legally. In the Netherlands, in the late 1990’s (it’s probably even worse now), young Moroccans over 18 had to get their own permit, which was often refused and were ordered to go ‘back’ to Morocco, although their father had been living legally in the Netherlands for 30 years. Some cases came to the media, because the people had been member of a trade union in the Netherlands, while the then king of Morocco, Hassan Number Two, strictly forbade Moroccans living abroad to become members of non-Moroccan organizations, especially trade unions which were equivalent to Communism to him. They risked their lives in Morocco and were on hunger strike.
European politicians always claimed that, ‘although it is not possible to accept all migrants’ (bastards!), they want to welcome and treat refugees with respect and dignity. This is a lie. Their policy is to make it as hard as possible for refugees in the hope that they will give it up. I met people who were working with refugees, I met refugees, I got a lot of information about the detention centers where they put asylum seekers before their case can be examined. The situation is terrible. They have to wait long before getting necessary medical care, pregnant women faint and are not helped, food is disgusting and scarce, they are housed in horrible conditions. I once met two Iraqi sisters who had been allowed to go out on a Sunday – but had to be back to the center in the evening. They said that they could not sleep at all, as they only got a mattress on the floor in a big room where men, from other cultures and languages, who had not seen women for a long time, were also housed. They were so scared of being assaulted that they did not dare to sleep. We could not even give them a piece of soap, it would have been taken. The refugees could only buy what they needed from the detention center, not at a supermarket price, but at a snack bar or hotel price. Of course, refugees did not have any money, but they could earn some by accepting very hard, dangerous work. I was told that in some detention centers, they mixed finely ground pork into the food, so that only Christians could eat. A friend of mine who very much wanted to visit a refugee she had heard of, got in touch with the only Christian organization that was allowed inside. She was told that they could get her in, at the condition that she would never tell what she had seen or heard. She declined, as the reason why she wanted to get in, was to start a campaign for the guy’s release.
Then you have those asylum seekers who are neither ‘political’ nor ‘economic’ refugees and thus don’t exist in international law. For instance, in 1998, there was the case of Samira Adamu, a 20-years-old woman from Nigeria, killed by the Belgian police when they tried to force her into a plane back to Nigeria. She had fled because her – poor – family wanted to force her to marry a 65-years-old man, known as violent, who had killed a previous wife by beating her too hard. The Belgian authorities ruled that it was not a political matter. More recently, among the refugees from Honduras who tried to enter the United States, there was a 17-years-old girl with her one-year old baby, running away because the baby’s father wanted to kill her. She had been thrown out by the US authorities in California several times, but said she would keep trying, having nowhere else to go.
Of course, the distinction between ‘political’ and ‘non-political’ refugees is bullshit. Western leaders claim that foreigners must respect their ‘democratic values’ (as if Capitalism left any room for other values than that of money!) When a Muslim woman wears a scarf in a Western country, it is political, but when a woman asks asylum to escape forced marriage or domestic violence, it is not political and it is too bad for ‘our values’. As to the ‘economic’ refugees, they come from countries that have been colonized, invaded by Europeans. They were always forced to give up their useful crops to produce export resources for the colonizer. Now, whether they are still colonized or not, they don’t have food security, while a minority of people, especially Western companies, are getting rich by exploiting their resources.
The truth is that Capitalism has reached the end of its functioning. The – illegitimate – Masters of the world are just trying to delay their necessary fall. They are clearly ready to destroy the world while they collapse. In between, they are trying to gain some time by turning people’s anger against foreigners. As fascist parties are getting more and more support, the so-called ‘democratic’ or ‘progressive’ parties try to stop them by imitating them in their racism, believing that the stupid poor are mainly racist. Of course, that policy can only bring more support to the fascist, racist parties. But political parties don’t have a solution. They have to disappear together with the capitalist world that makes them useful. Voters – per definition isolated individuals – won’t do it. Only when people will come into the streets and realize that they are not alone, there will be a solution, a Revolution.
Kanahus Manuel, activiste Secwepemc, a été arrêtée samedi 14 juillet et détenue jusqu’à ce qu’elle signe sous la contrainte, des conditions inadmissibles. Avec d’autres femmes, elle tentait de réoccuper le site de leur ancien village menacé par l’extension de l’oléoduc ‘Trans Mountain’ de Kinder Morgan. Kanahus était venue à Paris en octobre 2017, à l’invitation du CSIA-nitassinan. Vous trouverez ici le texte de son intervention à la Journée Annuelle de Solidarité du CSIA. Elle avait alors également protesté devant les sièges de banques qui financent les oléoducs et devant l’Assemblée Nationale.
L’ARRESTATION D’UNE GUERRIERE DE LA SOCIETE TINY HOUSE EST UNE DECLARATION DE GUERRE
Par la Société des Femmes Guerrières Secwepemc
Publié sur Censored News
Le 14 juillet 2018
Traduction Christine Prat
Samedi 14 juillet 2018 – La Société des Femmes Guerrières Secwepemc est indignée par l’arrestation de Kanahus Manuel. Samedi matin, Kanahus Manuel a été arrêtée par la Police Montée Canadienne, une force d’occupation qui traite les Autochtones en criminels sur leurs propres terres et les force à rester dans des réserves depuis les premiers contacts.
La semaine dernière, les Guerrières de la Petite Maison [Tiny House Warriors] ont repris un village ancestral pour bloquer le trajet prévu pour l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain [de Kinder Morgan]. Nous construisons actuellement des Petites Maisons équipées d’énergie solaire sur notre territoire, pour bloquer Kinder Morgan. Cela nous permet aussi de fournir des logements à des familles Secwepemc, de rétablir le site originel de nos villages, et d’affirmer concrètement notre responsabilité, en tant que Secwepemc, vis-à-vis de nos terres et de nos eaux.
En tant que femmes Secwepemc, nous résisterons à la construction de la branche nord de l’extension de l’oléoduc Trans Mountain, qui devrait commencer au début de l’automne. Nous sommes en train de rétablir un village permanent sur notre territoire, où l’oléoduc pénètre par effraction sans notre consentement. Nous n’avons jamais donné, et ne donnerons jamais, notre consentement collectif, libre, préalable et suffisamment informé – la norme internationale minimale – au Projet d’Oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan, ni à ses “Camps Masculins”. Nous nous élevons contre les forces destructrices, génocidaires et assimilationnistes envoyées contre nous par le gouvernement colonial Canadien depuis le premier contact.
Nous avons fait face aux tentatives d’intimidation de la Police Montée Canadienne [RCMP – Royal Canadian Mounted Police] et aux rangers goons [Métis ou Autochtones qui travaillent pour la police] de l’état Canadien, qui veulent nous expulser de nos propres terres. Nous sommes sur des terres Secwepemc sur lesquelles ni le gouvernement fédéral, ni le gouvernement provincial n’ont juridiction. Bien qu’il y ait beaucoup de discours du gouvernement fédéral sur le respect des droits Autochtones et la réconciliation, l’expansion du Trans Mountain et l’arrestation de la guerrière Secwepemc Kanahus Manuel est une déclaration de guerre.
Nous sommes des femmes Secwepemc. Nous sommes toujours là. Nous n’avons pas peur. Nous portons nos eaux et nos terres en nous. Nous sommes guidées par l’esprit guerrier de nos ancêtres. Nous défendrons nos terres et nos vies par tous les moyens nécessaires!
Mise à jour du 15 juillet 2018
Par Kanahus Manuel
Hier, c’était une belle journée, dans nos territoires Secwepemc. Après que nous ayons été expulsées de force et arrêtées par la Police Montée et des services de l’état, notre village de Tiny House Warriors a été déplacé de force au bord de l’autoroute, à 5,3 km au sud du village Secwepemc où l’affirmation de notre titre de propriété sur le site de notre village ancestral avait eu lieu par une cérémonie de 7 jours.
La Police Montée et les rangers de Colombie Britannique gardaient l’entrée afin que personne ne puisse y revenir. Ça nous rappelle tellement les temps où le Canada nous a déportés la première fois de nos villages Secwepemc, dans ces camps de concentration modernes que sont les Réserves Indiennes du Canada, nous enfermant ainsi dans 0,2% de nos territoires traditionnels. Nous nous étions réunies sur une bande étroite, le bas-côté de la route, nous avons ri, joué du tambour et chanté des chansons, et nous avions l’intention d’aller vers le nord. C’est ça que le Canada nous a fait? Avoir rendu le site de notre village Secwepemc inaccessible pour moi, m’avoir forcée à signer sous la contrainte des conditions identiques aux lois racistes du sud profond, “Blancs SEULEMENT”, les conditions de ne pas retourner dans mon village, chez moi – notre terre est notre foyer, on ne peut pas les séparer. Nous en avons fait notre nouveau foyer et nous sommes ici pour interpeler le Canada, nous sommes ici pour interpeler Trudeau, vous n’avez jamais répondu à la lettre de mon père Arthur Manuel, il vous a dit, et je vous ai dit, que vous n’avez pas le consentement collectif de notre Nation Secwepemc. Les guerrières de Tiny House sont maintenant à Blue River, sur le site prévu pour un “camp masculin”, là où la commission du pétrole et du gaz de Colombie Britannique s’est empressée de donner le permis illégal de construire ce camp pour héberger 1000 travailleurs temporaires.
Il a été prouvé que ces camps masculins augmentaient considérablement les violences faites aux femmes, y compris les viols. Dans les communautés situées autour des camps masculins dans le Dakota du Nord, les violences faites aux femmes et les viols ont augmentés de façon exponentielle, passant de 20 viols à plus de 200 par an. L’accroissement de la violence contre les femmes est imminent, avec la menace des camps masculins de Kinder Morgan, et nous devons impérativement résister et empêcher l’installation de ces camps masculins de l’oléoduc Trans Mountain. Nous défendrons nos femmes et nos filles, plus de 5000 femmes concernées, des Peuples Autochtones, des organisations et des Canadiennes ont signé la Déclaration des Femmes Contre les Camps Masculins du Trans Mountain de Kinder Morgan. Nous vous prions de vous joindre à l’appel contre ces camps, qui menacent d’accroitre la violence faite aux femmes et à nos territoires non-cédés.
Sites de camps masculins du Trans Mountain de Kinder Morgan:
Clearwater
Blue River
Valemont
Rejoignez-nous, vous nous trouverez sur le site où un camp pour les travailleurs du Trans Mountain de Kinder Morgan est prévu, @ Blue River. GPS: 52°06’59.4” Nord 119°18’32.7” Ouest.
Pour plus d’informations: https://www.secwepemculecw.org/ http://tinyhousewarriors.com/
Déclaration des Femmes contre les camps masculins de Kinder Morgan
Signer la Déclaration
Vidéo de l’arrestation, enregistrée par Kanahus elle-même, avec son portable:
Par le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau
Communiqué de Presse: Red Fawn Condamnée à 57 Mois
Du 11 juillet 2018
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
Bismarck, Dakota du Nord – Ce jour, Red Fawn Fallis a été condamnée à une peine fédérale de 57 mois de prison, suite à un accord de non-coopération, devenant ainsi la deuxième personne à être condamnée à une lourde peine de prison, parmi les Protecteurs de l’Eau arrêtés pour avoir participé à la résistance contre l’oléoduc DAPL à Standing Rock, et son affaire la deuxième des cinq dont s’occupe le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau au niveau fédéral.
En ce qui concerne les termes de l’accord de non-coopération accepté par la Cour le 22 janvier 2018, l’accusation d’avoir ‘Tiré avec une Arme à Feu dans le Cadre d’un Crime Violent’ a été retirée. Si Red Fawn était passée en jugement et condamnée pour cette accusation, elle aurait risqué au minimum dix ans et au pire la perpétuité.
Aujourd’hui, Red Fawn Fallis a été condamnée pour deux chefs d’accusation: Trouble à l’Ordre Public et Possession d’une Arme à Feu et de Munitions par une Délinquante déjà Condamnée. Les Procureurs s’étaient engagés à recommander une peine n’excédant pas sept ans de détention; ils ont demandé la totalité des 84 mois. Bien qu’il n’y ait pas de peine minimum, le Juge Daniel L. Hovland, président du Tribunal, pouvait aller jusqu’à 10 ans. Il a condamné Red Fawn à 18 mois pour l’accusation de Trouble à l’Ordre Public, et à 57 mois confondables pour la Possession d’Arme, plus trois ans de mise à l’épreuve au niveau fédéral, et 200 dollars de frais ($100 pour chaque accusation). Il n’a pas indiqué d’amende.
Red Fawn est incarcérée depuis le 27 octobre 2016, elle l’a été d’abord au Centre Correctionnel Heart of America à Rugby, dans le Dakota du Nord, puis dans une maison de transition à Fargo, également dans le Dakota du Nord, et finalement au Centre de Détention des Comtés de Morton/Burleigh, à Bismarck. Le temps passé dans la maison de transition ne sera pas déduit, étant donné qu’il y avait eu une violation du règlement, mais le temps pendant lequel elle a été incarcérée comptera.
Le juge a recommandé qu’elle soit placée en détention à la Prison Fédérale de Phoenix ou celle de Tucson, où elle ne serait pas isolée des autres femmes Autochtones. Bien qu’il n’y ait pas de libération conditionnelle dans le système fédéral, en cas de bonne conduite, et si elle passe les six derniers mois dans une maison de transition, elle pourrait être libérée de la prison fédérale dès juillet 2020.
“La peine appliquée aujourd’hui exprime la reconnaissance par le juge de ce que son cas est unique et a été compliqué par de nombreux facteurs. Il a écouté le témoignage au Tribunal, a lu les transcriptions des audiences précédentes et les mémorandums déposés par les parties” dit Bruce Ellison, avocat de Red Fawn.
“La peine est entre ce que nous avions demandé et ce que le gouvernement exigeait. Dans un cas délicat comme celui-ci, le juge avait un pouvoir de décision quasiment illimité et il a semblé essayer de comprendre ce qui était logique pour lui” dit-il. “Ça aurait pu sans aucun doute être bien pire. Mais le FBI ne sera jamais poursuivi pour avoir trompé cette femme en lui envoyant, pour obtenir l’accès au camp, un agent qui a feint un intérêt sentimental, et manipulé sa famille pour faire croire que c’était vrai, tout en disant aux gens qu’ils devraient craindre la sécurité privée. Mais c’est eux qui ont apporté les armes.”
Red Fawn Fallis est Lakota Oglala et a grandi entre Denver, dans le Colorado, et Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Dans les camps de Standing Rock, elle était connue et respectée pour son travail avec les jeunes, et en tant que soignante, mais aussi pour son engagement profond pour son peuple et pour protéger l’eau. Pendant l’audience d’aujourd’hui, deux experts ont témoigné sur la physiologie de ce qu’on appelle, à l’entrainement au maniement des armes à feu, “décharger une arme non-intentionnellement” et sur la psychologie et l’impact des traumatismes de l’enfance et intergénérationnels, et des traumatismes historiques; deux membres de la familles ont parlé avec passion de combien Red Fawn était appréciée par sa famille et sa communauté, et combien elle leur manquait, de son évolution personnelle dans les 20 mois depuis son arrestation, et des possibilités d’éducation et d’emplois que sa communauté s’engage à lui proposer quand elle sera libérée.
L’oncle de Red Fawn, Glenn T. Morris, qui est professeur de Sciences Politiques à l’Université du Colorado, à Denver, a dit:
“La Justice n’a pas triomphé aujourd’hui. Si justice avait été faite, les vrais criminels – DAPL, Tiger Swan, le FBI et le Bureau du Sheriff du Comté de Morton – seraient ceux envoyés en prison pour avoir envahi notre camp de prière et avoir blessé notre nièce, sœur et tante Red Fawn. Nous, sa famille, ses amis et ses soutiens, sommes ceux qui rendront justice à Red Fawn, en la soutenant, en étant avec elle chaque jour, chaque semaine, chaque mois de son incarcération, où que ce soit. Nous sommes ceux qui feront qu’elle se remette, et elle nous fera nous remettre, quand nous l’accueillerons à son retour dans notre famille et dans la communauté à Denver, le jour de sa libération.”
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau soutient Red Fawn, et nous appelons les Protecteurs de l’Eau et les membres de la communauté à la soutenir pendant tout ce temps difficile. Nous vous prions de suivre le site de son Comité de Soutien pour des renseignements sur comment lui écrire et rester solidaire le temps qu’elle purge sa peine.
Allez sur la page du Comité de Soutien Libérez Red Fawn : https://www.standwithredfawn.org/
*Ce communiqué peut être cité ou reproduit en entier à condition de mentionner les auteurs: Water Protector Legal Collective (à l’exception des citations qui doivent être attribuées à l’orateur cité plus haut).
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (Water Protector Legal Collective – WPLC) se charge de la représentation et de la coordination légale des Protecteurs de l’Eau engagés dans la résistance contre le Dakota Access Pipeline à Standing Rock, Dakota du Nord.
SOUS LE REGNE DE TRUMP, LA HAINE SE PROPAGE COMME UN INCENDIE
Par Lisa DeVille, Mandan et Hidatsa
Publié par Censored News
Le 6 juin 2018
Traduction Christine Prat
MANDAREE, Dakota du Nord – Nous vivons une époque pas vraiment unique, mais inquiétante. Nous vivons une ère d’émancipation des racistes. Notre président a promu une atmosphère qui nourrit la haine, l’intolérance et la xénophobie comme des bactéries sur une fosse d’aisance. L’ignorance raciale dans le Dakota du Nord a atteint un record absolu, et avec tout ce que j’ai connu en tant que femme Mandan-Hidatsa, je crois que cet état s’est propulsé en haut de la liste des états les plus racistes du pays.
Après les protestations, j’ai remarqué qu’il y avait encore plus d’incidents racistes. Des familles demandant l’asile ont été séparées par le gouvernement, des femmes ont été attaquées en faisant des courses à Bismarck, des nouveaux Américains ont été harcelés à Fargo, des enfants ont adressé des injures racistes à nos enfants Autochtones, des enseignants Blancs ont répandu la propagande de la suprématie blanche au niveau national, et la liste pourrait continuer comme ça. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que c’est la norme; on le remarque maintenant avec la progression des téléphones portables et des réseaux sociaux.
Beaucoup de gens qui vivent près de chez moi sont ouvertement racistes. Nos enfants affrontent le racisme à l’école. Il semble que ce pays a oublié que ses citoyens sont nos hôtes, qu’ils habitent nos terres, et que beaucoup de leurs grands-parents sont venus sans papiers. Ils ont amené le fléau de l’Europe qui a déclenché des épidémies qui ont tué nos tribus.
L’Amérique a été fondée sur le génocide et le viol de la Terre. Les colons cherchent à tuer et détruire par cupidité, ils nous mentent effrontément. Si l’ère de Trump est ce qu’on appelle le ‘Rêve’ Américain, il est temps de nous préparer. Nous voyons déjà les premiers effets du réchauffement climatique et de la haine se propager comme un incendie.
Trump dit qu’ils ont dompté ce continent, mais sans nos ancêtres ils n’auraient pas survécu. Les gens doivent résister et ne pas laisser la haine se répandre. Nous ne sommes pas au 17e siècle, mais le Colonialisme est toujours bien vivant, nous devons protéger nos peuples, pour commencer de Trump et Cramer, les racistes en charge.
LA CONVENTION DE L’ONG [NAVAJO] DINE CARE DENONCE LES DEGATS DE L’EXTRACTIVISME ET LA POLLUTION EXTREME DES TERRITOIRES AUTOCHTONES
La Convention de l’ONG Diné CARE [Citizens Against Ruining our Environment – Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement] pour les Gens de l’Ouest de la Nation Navajo, a débuté le 1er juin 2018 à Dilkon dans la Nation [Réserve] Navajo. Une seconde Convention, pour l’Est de la Nation Navajo, a eu lieu du 21 au 23 juin 2018, à Counselor et Lybrook, au Nouveau-Mexique. Diné CARE fête ses vingt-huit ans d’existence.
Brenda Norrell était sur place, en compagnie de Govinda Dalton, de ‘Spirit Resistance Radio’, et elle a transmis des articles sur les sujets discutés. Vous trouverez ci-dessous l’historique du mouvement et un résumé des principales interventions, essentiellement celles qui dénoncent l’extractivisme dont la Nation Navajo est victime depuis des décennies – et même depuis plus d’un siècle, si on prend en considération la déportation, mortelle pour beaucoup, de milliers de Navajos, de 1864 à 1868, suite à une annonce finalement fausse de la probable existence de mines d’or dans leur territoire. Certaines interventions ont déjà été traduites et publiées, si vous ne les avez pas déjà lues, vous les trouverez en cliquant sur le lien “lire la suite”.
Christine Prat
NAISSANCE DU MOUVEMENT POUR LA JUSTICE ENVIRONNEMENTALE, DINE CARE, À DILKON, NATION NAVAJO, EN 1990
Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
6 juin 2018
Traduction Christine Prat
DILKON, Nation Navajo – Les photos sont passées et les souvenirs s’effacent. Mais il y a la liste de 127 noms, et les mots des légendes de ce mouvement qui transcendent les années de lutte – 28 ans depuis que la lutte pour la justice environnementale a débuté, comme mouvement de l’époque moderne.
Le Chef Johnny Jackson, Cascade Klickitait, était venu de la Rivière Columbia, le Hopi Thomas Banyacya était présent, et une délégation de Séminoles de Floride s’était jointe à ceux qui combattaient les décharges toxiques, l’extractivisme, l’exploitation forestière, les tests nucléaires, les fuites d’uranium et les attaques secrètes contre les territoires et les peuples Autochtones.
Aujourd’hui, pour célébrer ce mouvement à la Convention de Diné CARE, nous avons lu les paroles de Thomas Banyacya, qui avait prononcé le message des Anciens Hopi lors du premier rassemblement, le 29 juin 1990.
“Peut-être pouvons-nous emmener un peu de ces fuites d’uranium à Washington et les répandre autour de la Maison Blanche et leur dire ‘Ne vous inquiétez pas, ça ne va pas vous faire de mal,’ ” avait dit Banyacya.
Maintenant, 28 ans plus tard, Earl Tulley, vice-président de Diné CARE, revient sur la façon dont le rassemblement original, ici à Dilkon, a donné naissance au mouvement moderne pour la justice environnementale, et comment Indigenous Environmental Network [IEN – Réseau Autochtone pour l’Environnement] et Honor the Earth [Honorez la Terre] sont nés de ce premier rassemblement.
Etaient présentes aujourd’hui, Adella Begaye et Robyn Jackson, respectivement l’épouse et la fille de Leroy Jackson. Leroy a été retrouvé mort en 1993, alors qu’il avait combattu et arrêté l’exploitation forestière dans la forêt aux arbres anciens des Monts Chuska, dans la Nation Navajo.
Adella est aujourd’hui présidente de Diné CARE. Robyn était encore en bas âge quand sont père a été trouvé mort. Elle est actuellement la coordinatrice avec l’extérieur, chargée de l’énergie. Diné CARE veut protéger et défendre le territoire. “Il y a beaucoup de travail à faire. Mon père n’est plus là. C’est pourtant quelque chose dont il faut parler” dit Robyn.
Il y a 28 ans, Wilbur Slockish du Projet de Défense de la Rivière Columbia, à Dalles, dans l’Orégon, et Ray Slockish Sr., de l’état de Washington, étaient parmi ceux qui étaient venus parler des droits de pêche. Beaucoup d’entre eux avaient été en prison pour avoir défendu leurs droits de pêche.
Louise Benally, de Big Mountain, était déjà là il y a 28 ans, et elle l’est de nouveau aujourd’hui. Elle a passé sa vie à lutter, pour combattre la déportation forcée, l’épuisement de la nappe aquifère de Black Mesa par Peabody Coal, la très polluante centrale au charbon appelée Navajo Generating Station [la centrale n’a de Navajo que le nom, ceux qui vivent à proximité ont la pollution mais pas d’électricité – NdT] qui fournit la lumière au sud de l’Arizona – et pour la vérité et la justice. “Ces grandes compagnies mentent” avait dit Louise il y a 28 ans, et elle le répète aujourd’hui.
Parmi les 127 noms de la liste, il y a celui de Winona LaDuke, de Moose Factory dans l’Ontario, et du Réseau des Femmes Autochtones.
Harry H. Lord, Inupiat, était venu du pôle nord, en Alaska, pour le rassemblement d’il y a 28 ans. James Main Sr., Gros Ventre, qui a maintenant rejoint le monde des esprits, était venu de Fort Belknap, dans le Montana. Le Chef Fraser Andrew, de Mount Currie, était venu de Colombie Britannique.
Danny Billie, Séminole de Floride, était venu parce que les producteurs d’agrumes et de canne à sucre défrichaient le territoire et polluaient l’eau. Billie avait dit alors qu’il était venu pour en apprendre plus sur les incinérateurs qui polluaient l’air.
Au cours de ce premier rassemblement, Paul Rodarte, Paiute et Shoshone de Stillwater dans le Nevada, avait expliqué comment le “développement économique” était utilisé pour empoisonner le sol, l’eau et l’air. Rodarte dit que les contractants grassement payés pour amener des déchets hautement toxiques, avaient promis de l’argent et des emplois, puis n’avaient embauché localement que pour des emplois subalternes.
Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement [C.A.R.E.]
Le discours du président de C.A.R.E d’alors, Al Joe, qui a été préservé depuis 28 ans, montre à quelle opposition ils ont dû faire face, quand ils se sont rassemblés pour s’opposer à la destruction et la pollution des territoires Amérindiens. “Nous avons été traités de causeurs de troubles et de militants” avait dit Joe, qui succédait à Jane Yazzie au poste de président de CARE.
Lori Goodman, qui a grandi ici à Dilkon, était parmi les fondateurs de Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement. Sa sœur Carol et elle, issues d’une famille de neuf enfants, sont ici aujourd’hui. Lori et Carol dirent qu’elles avaient grandi avec des parents qui leur enseignaient les valeurs traditionnelles Diné. Lori a expliqué comment le CARE local avait surgi après le déversement de déchets toxiques, qui avait menacé Dilkon à la fin des années 1980. Le déversement avait été interrompu par cette lutte. Lori dit que le nom était devenu Diné CARE après que l’organisation nationale CARE les y ait forcés. Lori dit que le premier rassemblement de 1990 avait été au départ organisé pour célébrer le fait que la communauté de Dilkon avait interrompu le déversement de déchets toxiques, qui avait été soutenu par le gouvernement tribal Navajo. Après que des Autochtones soient venus de toutes régions, y compris le grand nord, il était clair que les déchets toxiques, les déchets nucléaires, l’extractivisme, la destruction et les arrestations des défenseurs des droits de pêche, concernaient tous les territoires Indiens.
Le mouvement pour la justice environnementale était né.
Les Légendes de 1990
Sur la liste de 127 noms, il y a Jo Ann Tall, Oglala de Porcupine, à Pine Ridge, et Guy White Thunder, Lakota de Pine Ridge. Ron Hill et Clifford Cornelius venaient d’Oneida, dans le Wisconsin. Le Chef Andrew King, de la Bande Lucky Man, de Saskatoon, dans l’Ontario, était venu avec Rod King, en 1990. Suzanne Brent, Mohawk de la Baie de Quinte, était présente. Norman Under Baggage, Oglala, venait de Kyle, à Pine Ridge, Harry Chison venait du Pueblo Zuni. La délégation Havasupai était composée de Leata Watahomigie, Rex Tilousi et sa famille, et M. et Mme Raph Rogers. Joe Sanchez, Shoshone de l’Ouest, venait du Nevada.
Des Navajos de Church Rock, qui avaient survécu à la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, étaient venus, alors que les eaux radioactives de la rivière Puerco coulaient vers l’Arizona, laissant derrière elles une série de cancers pour les Navajos et tous ceux qui vivaient là-bas. [En 2015, le chercheur Navajo Tommy Rock s’est aperçu qu’un puits d’eau ‘potable’, à Sanders, au bord du Puerco, était encore radioactif – NdT]. L’Association Eau Propre pour la Vallée du Puerco [Puerco Valley Clean Water Association], de Wingate, au Nouveau-Mexique, fait partie de la longue liste d’organisations qui méritent d’être honorées.
Des Navajos de toute la Nation Navajo et de la région étaient présents au premier rassemblement. Tom Bedonie de Big Mountain; Eugene Hasgood de Keams Canyon; Nelda Dugi de Teesto; Carol Goldsmith de Kayenta; Ted Silversmith de Church Rock; Raymond Morgan de Fort Wingate; Mary et Lisa Spencer de Winslow; Alfred Joe et Robert Joe Sr. de Winslow. Alva Morrison et Kristi Jo McKnight, de Citoyens Concernés par la Sécurité Nucléaire [Concerned Citizens for Nuclear Safety] étaient venues du nord du Nouveau-Mexique, où le laboratoire de Los Alamos avait depuis longtemps empoisonné la terre, l’eau et l’air des Pueblos et du Nouveau-Mexique. [C’est à Los Alamos qu’ont été mises au point les bombes d’Hiroshima et Nagasaki – NdT].
Parmi les organisations de première ligne qui se sont rassemblées ici en 1990, il y avait le Projet d’Organisation du Sud-ouest d’Albuquerque [Southwest Organizing Project], représenté par Joe Madeline Montoya et Danny Pena. Chris Peters représentait le Seventh Generation Fund [Fonds pour la Septième Génération].
Bertha Mitchell, Hoopa, était venue de Californie. Des Navajos étaient venus de toute la région, parmi eux, Anna Rondon. Mike Flores, Tohono O’odham, était venu de la soi-disant frontière sud, où la Patrouille des Frontières des Etats-Unis maltraite les gens en tant qu'”armée d’occupation”. Laurie Weahkee, du Pueblo Cochiti, était là en 1990 et de nouveau 28 ans plus tard. Lex Gladstone était venu de l’Association Nationale des Indiens Blackfeet de Seattle. Le photographe Hopi/Navajo Larry Gus était là aussi. Il y avait aussi Cate Gilles, longtemps reporter en territoires Navajo et Hopi, trouvée morte à Tucson plus tard. Dès le début, Cate avait fait des reportages de la ligne de front, sur les déportations. Cate a été aussi la première à dénoncer convenablement la pollution à l’uranium dans la région du Grand Canyon.
Vickie McCullough, de Native Americans for a Clean Environment [Amérindiens pour un Environnement Sain], de Tahlequah, en Oklahoma, était présente. Pat Moss était venu d’Oklahoma pour parler des prisonniers Autochtones. Viola Hatch, Cheyenne Arapaho, était venue d’Oklahoma. Des membres de Greenpeace étaient venus de Californie, entre autres Iretta Tiger, des membres Séminoles de Floride, et Bradley Angel, aujourd’hui membre de Green Action, ainsi qu’une délégation de Greenpeace Canada. DNA Legal Services, Public Health Nursing de Dilkon, et Préservation Navajo avaient également envoyé des représentants.
Convention de 2018, La Lutte Continue
Aujourd’hui, en 2018, Nicole Horseherder, Navajo, et sa fille, ont parlé de la lutte ultime pour défendre les droits sur l’eau et la protéger. Nicole Horseherder a expliqué que le but des soi-disant “colonies pour les droits à l’eau” avait souvent été un moyen pour les non-Indiens d’accaparer l’eau des Autochtones.
En cette chaude journée de juin 2018, tandis que les cuisiniers du camp, ici à Dilkon, préparent la bouillie de maïs bleu [blue corn mush, plat traditionnel Navajo] et les crêpes de maïs bleu [plutôt Hopi] pour le petit-déjeuner, les jeunes agriculteurs Nate Etcitty et Roberto Nutlouis, membres de Black Mesa Water Coalition, donnent des nouvelles sur l’alimentation durable, la permaculture et le ‘dry farming’ [agriculture sans irrigation].
Herb Yazzie, ex-président de la Cour Suprême de la Nation Navajo, a parlé de Hweeldi [déportation des Navajos au camp de Fort Sumner, premier camp de concentration, en 1864, beaucoup sont morts en route, les autres sur place], du Traité de 1868 [libération des survivants de Fort Sumner et ‘attribution’ du territoire de la première réserve Navajo], et du lien vers la Souveraineté. Yazzie parlait de Ceux qui Résistent.
Sam Sage, Diné, a parlé de la façon dont les Diné combattent la fracturation hydraulique, le cancer, les émissions mortelles, le bruit insupportable et la violence des ‘camps masculins’, résultant des forages pour le pétrole et le gaz dans la Région de Chaco et l’est de la Nation Navajo.
La Convention de Diné CARE pour les habitants de l’est de la Nation Navajo a eu lieu du 21 au 23 juin, à Counselor et Lybrook, au Nouveau-Mexique.
Brenda Norrell, qui publie Censored News, faisait partie des journalistes qui ont couvert le premier rassemblement à Dilkon, en juin 1990, et a également fait des reportages en direct du rassemblement de 2018. En 1990, elle était journaliste pour Associated Press et vivait dans les Monts Chuska, dans la Nation Navajo.
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1er juin:
PREMIER JOUR DE LA CONVENTION DE DINE CARE POUR LES GENS DE L’OUEST, A DILKON, NATION NAVAJO
Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Transmis en direct par Spirit Resistance Radio
1er juin 2018
Traduction Christine Prat
Ce jour, des membres fondateurs de Diné CARE ont expliqué comment l’organisation avait été fondée, suite aux menaces pesant sur leurs territoires Diné, à la fin des années 1980. Lori Goodman parla des premiers jours, et Anna Frazier, de Dilkon, éducatrice, dit comment elle avait été impliquée. Sam Shepherd, de l’Agence de l’est, raconta comment il avait été mis de force dans un pensionnat et s’était échappé. Adella Begaye, Présidente et membre fondatrice de Diné CARE, a raconté comment elle s’est engagée, alors qu’elle était infirmière à Tsaïle. Adella est la veuve du regretté Leroy Jackson, cofondateur, retrouvé mort après avoir empêché l’abattage d’arbres anciens dans les montagnes de Chuska et près de Tsaïle. Ofelia Rivas, O’odham vivant à la frontière US/Mexique, parla des luttes de son peuple. Earl Tulley, cofondateur, dit comment Diné CARE avait commencé le combat pour la justice environnementale, qui s’est développée en de nombreux mouvements, résultant finalement dans la création de l’IEN, Indigenous Environmental Network [Réseau Autochtone pour l’Environnement] et d’autres.
OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ET EARL TULLEY, DINÉ: REFLEXIONS SUR LE CARACTERE SACRE DE LA VIE
Interview du 1er juin 2018
Govinda Dalton, Spirit Resistance Radio
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 12 juin 2018
Traduction Christine Prat
DILKON, Nation Navajo, 1er juin 2018 – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, et Earl Tulley, Diné, ont parlé des modes de vie culturels et des fondements spirituels de leur peuples, au cours de la Convention de Diné CARE pour l’ouest [de la Nation Navajo]. Ofelia commença par décrire les vastes territoires qui constituaient les terres ancestrales des Tohono O’odham dans ce qui est maintenant l’Arizona, Etats-Unis, et le Sonora, Mexique.
“Nos terres sont très vastes” dit Ofelia, au cours de la conversation avec Earl Tulley, un Diné de Blue Gap, pour Spirit Resistance Radio.
Le territoire ancestral Tohono O’odham s’étendait d’Hermosillo, à des centaines de kilomètres de la frontière actuelle, et au nord jusqu’à Phoenix, à l’est jusqu’à Benson, à la Rivière San Pedro, et jusqu’à la Mer de Cortez, dans le Sonora, au Mexique, dit-elle.
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2 juin:
SAM SAGE, DINE: “FRACTURATION HYDRAULIQUE, DESTRUCTION ET CANCER DANS L’EST DE LA NATION NAVAJO ET LA REGION DE CHACO”
Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 6 juin 2018
Résumé et traduction Christine Prat
DILKON, Nation Navajo – Sam Sage décrit comment les forages de pétrole et de gaz et la fracturation hydraulique détruisent le sol et empoisonnent l’air de l’est de la Nation Navajo et la région de Chaco.
Sage, qui s’exprimait au cours de la Convention de Diné CARE pour les Peuples de l’Ouest, samedi 2 juin, a déclaré que le Sénateur Démocrate Tom Udall était dans la poche de l’industrie.
Actuellement, alors que plus de 100 organisations combattent le forage et la fracturation dans la région de Chaco, les Navajos sont assiégés par le bruit, la pollution et la destruction du sol, selon Sage. Les femmes sont atteintes de cancers.
Sage expliqua ce qui s’était passé dans sa propre communauté de Counselor, au Nouveau-Mexique, et dans la zone comprise entre Farmington et Cuba, quand la course au développement a commencé, au Bureau d’Aménagement du Territoire [Bureau of Land Management, BLM] en 2013.
Au début, les compagnies pétrolières et gazières ont dit qu’elles faisaient des forages exploratoires.
“En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, c’était devenu de la fracturation industrielle” dit-il, expliquant comment le sol, qui borde des maisons Navajos, avait été détruit par les forages pour le pétrole et la fracturation pour le gaz.
“Certaines sources ont arrêté de couler.”
Les puits avaient été asséchés depuis les années 1990.
Ce fut seulement lorsqu’une des compagnies eut un accident, et qu’un des ouvriers fut tué, qu’on commença a en parler.
Sage dit que la compagnie avait essayé d’empêcher l’information, selon laquelle un ouvrier était mort sur un terrain du BLM, d’être publiée. La communauté Navajo ne l’a su que six jours plus tard.
Puis il y eut une visite du Sénateur Tom Udall, Démocrate du Nouveau-Mexique. “Tom Udall nous a surpris, en arrivant en hélicoptère.” “Nous lui avons dit: vous avez déjà été acheté et payé. Vous êtes déjà dans la poche de l’industrie.”
Sur le territoire, il y a des camions très lourds. Les traces font jusqu’à 15 cm de profondeur. Quand il pleut, ils utilisent des pneus munis de chaines. Quand ils roulent sur le terrain, ils laissent de grands trous et détruisent la route. Des lumières violentes sont allumées à 23h et il y a beaucoup de bruit.
Des Navajos de la région se sont plaint des dégâts faits au sol et aux routes, et du bruit, mais ça dépendait du responsable sur place du BLM, l’affaire a été transmise à Washington. Le Gouvernement Navajo ne voulait pas aider les gens de la région, il fallait trouver de l’aide à l’extérieur.
Sage dit “Daniel Tso a amené le Sierra Club et les choses ont commencé à bouger.” “Maintenant, il y a 111 groupes qui nous aident et nous assistent” dit-il, parlant de la Coalition de la Région de Chaco [Greater Chaco Coalition]. “Nous avons demandé de l’aide”.
Sage dit que la Coalition voulait formaliser le groupe et avoir des représentants officiels, mais, dit-il “ça ne marcherait pas ici. Beaucoup de gens se retireraient si nous formalisions [la Coalition].” Actuellement, ce n’est pas une organisation formelle.
Ils ont commencé à se rendre compte que des femmes mouraient de cancers. Ils ont commencé à évaluer l’état du sol et à contrôler l’air. Les alliés des Navajos étaient prêts à payer les tests onéreux. L’eau a été testée, l’eau potable a été testé.
“Nous avons dû faire tout ça nous-mêmes” dit Sage.
Des Navajos les ont aidés, entre autres le regretté Larry Emerson, Herbert Benally, David Tsosie et beaucoup d’autres.
Entretemps, les crimes violents augmentaient, à cause des ‘camps masculins’ des compagnies pétrolières et gazières.
Et, étant donné que la fracturation utilise énormément d’eau, et crée beaucoup de déchets, les Navajos posent toujours des questions. Tandis qu’ils se battent contre la fracturation, Daniel Tso emmène des gens pour des ‘tournées réalité’. Tso s’est aperçu que des puits fuyaient.
Et puis il y a la puanteur, et les gaz toxiques. “Quand le temps est couvert et qu’il n’y a pas de vent, ont peut vraiment les sentir.”
Sage remercia la jeune Diné Kendra Pinto, et dit qu’elle comptait beaucoup pour le groupe. “Elle est revenue dans la communauté et a voulu aider,” dit Sage.
Après le discours de Sage, Earl Tulley, de Diné CARE, dit que les forages de pétrole et de gaz causaient des explosions et des fuites de produits chimiques, et qu’il fallait contrôler l’air. Ça touche le bétail et les gens. “Nous n’allons pas émigrer” dit Tulley. “Ici, c’est chez nous.”
LEONA MORGAN: LES ETATS-UNIS VISENT LES AUTOCHTONES ET LES PAUVRES AVEC LES DECHETS NUCLEAIRES, LE TRANSPORT ET L’EXTRACTION D’URANIUM
Intervention de Leona Morgan à la Convention de l’ONG Navajo Diné CARE, le 2 juin 2018, diffusée en direct sur Spirit Resistance Radio et transcrite par Brenda Norrell pour Censored News.
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 8 juin 2018
Traduction Christine Prat
DILKON, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, a passé sa vie à combattre les mines et le transport d’uranium, et la décharge de déchets. Actuellement, les Etats-Unis visent les pauvres du sud du Nouveau-Mexique pour décharger des déchets nucléaires, et l’extraction d’uranium menace à nouveau le Mont Taylor, site sacré, dans le nord du Nouveau-Mexique.
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3 juin:
BIG MOUNTAIN: LA LUTTE QUI N’EN FINIT PAS, EN DES TEMPS OU IL NE PLEUT PAS – LOUISE BENALLY
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 10 juin 2018
Traduction Christine Prat
DILKON, Nation Navajo – Louise Benally, de Big Mountain, a raconté la lutte interminable contre la déportation, Peabody Coal et les confiscations de bétail. Maintenant, il ne pleut pas, la nourriture reste absente, et les moulins à vent à sec.
Pendant des décennies de lutte, les Hopis traditionnels se sont joints aux Diné de Big Mountain qui résistent au déménagement forcé. Ils se sont tous rendu compte que la déportation causée par [la compagnie charbonnière] Peabody Coal est un vol de terres, un vol de terres pour le charbon, pour faire de l’électricité pour d’autres gens, ailleurs.
Tous les articles, ©Censored News, publiés avec autorisation, utilisation commerciale strictement interdite. Photos de 2018 ©Brenda Norrell, Photos de 1990, ©C.A.R.E., prêtées par Lori Goodman.