Publié par Indigenous Action
(D’abord publié par It’s Going Down)
Auteur anonyme, 12 octobre 2020
Traduction Christine Prat
Reportage de Kinłání (soi-disant Flagstaff) sur une marche militante qui a défilé dans les rues en solidarité avec Le Jour de Rage des Peuples Autochtones Contre le Colonialisme
De 75 à 100 personnes se sont rassemblées sur Heritage Square, dans le centre de Kinłání (Flagstaff), Arizona, le soir du dimanche 11 octobre, pour participer à l’appel national pour un « Jour de Rage des Peuples Autochtones Contre le Colonialisme ».
Des Autochtones de tout Turtle Island (Amérique du Nord) avaient appelé à cette manifestation, des complices s’y étant joints en soutien. Il y avait eu des appels à manifester de Nova Scotia jusqu’à Hawaï, de Tampa en Floride jusqu’en Colombie Britannique et beaucoup d’endroits entre ces pays. Les diverses localités participant à l’appel à l’action avaient en commun le déplacement violent et la tentative d’extermination des Peuples Autochtones au cours des cinq siècles passés, qui continue aujourd’hui.
Une foule s’était rassemblée sur Heritage Square, au centre de Kinłání, au milieu des chants et des tambours.
Les participants se sont rassemblés vers 17h30, chantant, jouant du tambour et brûlant de la sauge, tandis qu’ils maintenaient une présence militante sur toute la place. La plupart des participants étaient en noir et portaient des masques pour protéger leur identité et pour éviter la dissémination du COVID-19, quelques-uns portaient des treillis, style militaire. La foule était multigénérationnelle et multiraciale, avec une forte présence de jeunes et d’Autochtones qui dirigeaient les évènements. Des banderoles ont été déroulées, sur lesquelles on pouvait lire « Rendez la Terre », « Le Colonialisme est la Peste », « Quelque soit Celui pour lequel ils Votent, Nous sommes Ingouvernables » et d’autres slogans.
Une banderole attirait l’attention sur la crise des Femmes, Filles, Trans et 2Esprits Autochtones Disparues ou Assassinées.
Au bout de quinze minutes, la foule partit pour marcher dans les rues du centre de Kinłání, perturbant la circulation et scandant : « À qui est le pays ? C’est le pays Autochtone ! »
La police a maintenu une présence limitée toute la soirée, quelques agents suivaient la marche à pied, d’autres plus nombreux tentaient d’anticiper les mouvements de la foule qui risquaient de bloquer la circulation. Ceux-là ont largement échoué, car la foule ne s’est pas tenue à un trajet prévisible, elle a zigzagué à travers les rues, entrant et sortant de la circulation et perturbant le quartier touristique congestionné.
Quelquefois, les rapports avec les automobilistes et les passants étaient enthousiastes et solidaires, d’autres fois ils étaient hostiles. Au cours de la soirée, la marche a gonflé en nombres de participants, des gens descendaient des trottoirs pour la rejoindre. Au milieu de la soirée, alors que le soleil se couchait et que la foule se tenait au croisement de la rue de San Francisco Nord et de l’avenue d’Aspen Est, deux femmes blanches d’âge moyen se sont jointes en scandant « hey hey, ho ho, ces flics racistes doivent partir. »
La foule tient le croisement de la rue de San Francisco Nord et de l’avenue d’Aspen Est au centre de Kinłání.
Tandis que la soirée s’écoulait, il y eu plus d’agitation, des cônes de signalisation, des chevalets et d’autres équipements routiers furent tirés dans les rues, des feux d’artifice furent allumés, et il y eut de brèves confrontations avec la police. En passant près du patio bondé d’une pizzeria chique, quelqu’un dans la foule jeta un ballon à eau rempli d’un liquide rouge tandis que la foule scandait « le silence des blancs est de la violence ».
D’une barrière de circulation renversée, de l’eau coulait dans la rue.
Quand la foule a défilé autour de l’Hôtel de Ville de Flagstaff, et s’est retrouvée devant les agents à pied qui suivaient la marche, des manifestants ont tambouriné contre les fenêtres du bâtiment et jeté des ballons remplis de peinture contre les murs. Quand les flics se sont précipités pour protéger le bâtiment et tenter d’arrêter ceux qui causaient les dégâts, la foule est vite intervenue pour se protéger mutuellement.
Les évènements qui se déroulent dans tous les soi-disant Etats-Unis, ont attiré l’attention sur divers problèmes touchant les communautés Autochtones, des effets hors de proportion du COVID-19 sur les Autochtones à la construction du « Mur de l’Apartheid » en territoire Tohono O’odham, le long de la frontière US/Mexique, et à la dévastation continuelle de l’environnement sur les terres Autochtones perpétrée par le gouvernement des Etats-Unis et les grandes compagnies privées.
La foule se maintient devant l’Hôtel de Ville de Flagstaff.
« Nous ne croyons pas que nous pouvons sortir de cette crise par le vote » peut-on lire dans leur déclaration. « Nous n’allons pas mendier aux politiciens une réforme du système même qui s’est fondé sur notre génocide et la destruction de Notre Mère la Terre. Nous exigeons quelque chose de plus efficace menant à l’éradication du colonialisme sur nos terres. »
Toute la soirée, les organisateurs ont aussi exprimé leur solidarité avec le mouvement Black Lives Matter, contre le racisme et les violences policières. « Nous avons célébré et soutenu la rage des soulèvements spontanés et puissants de Black Lives Matter, qui ont entrainé la chute de monuments aux colonisateurs et mis à genoux l’équipe Nationale de Football raciste de Washington* » peut-on lire dans la déclaration nationale. Pendant la marche, la foule scandait « Black Lives Matter ! Justice Autochtone ! » et on pouvait lire sur une grande banderole « Des Gens Volés, Un Pays Volé – Solidarité Autochtone/Black ».
Les banderoles et les slogans pendant toute la manifestation, ont exprimé la solidarité avec les luttes des Noirs pour la libération.
La marche a eu lieu la veille au soir de la célébration officielle de la Journée des Peuples Autochtones par la ville, qui devait avoir lieu en ligne sur Zoom pendant toute la journée du lundi 12 octobre, et semblait être à beaucoup d’égards, le contrepoint des évènements officiels. « Nous sommes de plus en plus frustrés par la politique assimilationniste mal inspirée de la Journée des Peuples Autochtones. Des corporations à but non lucratif et des organisations essaient de pacifier et d’assimiler nos Peuples plus profondément dans la politique de colonialisme de population » peut-on lire dans la déclaration nationale.
Aujourd’hui, tandis que l’état d’Arizona célèbre pour la toute première fois sa Journée officielle « des Peuples Autochtones », avec des politiciens bafouilleurs qui font des tentatives maladroites pour pacifier les appels urgents à régler leurs comptes avec l’histoire sanglante de l’Amérique, les rues de Kinłání renvoient encore l’écho des slogans de la nuit dernière : « Que faites-vous quand vos parents meurent de faim dans les rues ? Résistez, ripostez ! »
*L’équipe de foot de Washington s’appelait « les Redskins » (les Peaux-Rouges) jusqu’en juillet 2020. Les Autochtones protestaient contre ce nom depuis des années. Suite aux évènements racistes de cette année et aux réactions qu’ils ont provoquées, le club a enfin accepté de changer de nom.
Publié le 12 octobre 2020
Par Indigenous Action Media
Photos et vidéo ©Rafael Samanez
Traduction Christine Prat
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Contacts :
O’odham Anti Border Collective oabc1853@gmail.com
Defend O’odham Jewed Defendoodhamjewed@gmail.com
La Patrouille des Frontières et la Police de l’état d’Arizona ont violemment attaqué une Cérémonie Autochtone de Protection de la Terre, pacifique et non-violente. Ils ont utilisé des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène, le Jour des Peuples Autochtones.
Des protecteurs des terres sacrées O’odham et de l’eau ont tenu ce matin [12 octobre] une cérémonie à un des points de contrôle de la patrouille des frontières, sur des terres non-cédées, pour prier pour des sites sacrés et des tombes démolies par le Mur de frontière raciste. La Patrouille des Frontière, des Troupes de l’état d’Arizona et le Service de Sécurité Publique les ont attaqués avec du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc, ont touché au moins un O’odham qui priait à la poitrine, avec des balles en caoutchouc, et ont arrêté au moins huit Autochtones, le Jour des Peuples Autochtones.
Jour des Peuples Autochtones 2020 ; Autoroute 85, territoire Hia Ced O’odham – Ce matin vers 7h, environ trente protecteurs de la terre sacrée et de l’eau O’odham et soutiens, ont tenu une action pacifique à un point de contrôle de la patrouille des frontières sur des terres O’odham non-cédées, pour prier pour des sites sacrés et funéraires détruits par le Mur frontière et la militarisation de la frontière. Des familles, avec des enfants, de toutes les Nations O’odham (Hia Ced O’odham, Tohono O’odham et Akimel O’odham) assistaient à la cérémonie de prières. Les précautions liées au COVID-19 avaient été prises. Cette cérémonie de prières marquait le Jour des Peuples Autochtones, alors que les O’odham sont toujours confrontés à la violence de la militarisation de la frontière, et des exactions de tous genres de la Patrouille des Frontières contre les communautés O’odham.
Pendant la cérémonie, les O’odham ont chanté des chants traditionnels, prié et tenté de discuter de la Loi sur la Liberté de Religion (1978), qui décriminalisait les religions des Autochtones et ouvrait la voie pour la protection des sites sacrés, des membres de la Patrouille des Frontières et des Troupes de l’état d’Arizona et du Service de la Sécurité Publique étant présents pour être formés dans le contexte des protections religieuses Autochtones.
La Patrouille des Frontières, les Troupes de l’état et le Service de la Sécurité Publique d’Arizona, ont réagi par la violence pour interrompre la cérémonie de prière. Les agents des trois institutions ont ordonné aux enfants et aux personnes de santé fragile, qui suivaient la cérémonie de leurs véhicules, d’en sortir, puis les ont gazés. Les agents de la Patrouille des Frontières, des Troupes de l’état et du Service de la Sécurité Publique d’Arizona, ont alors saisi les enfants qui s’étaient trouvés dans des véhicules et les ont arrachés à leurs parents – l’abduction d’enfants de leurs parents Autochtones pour avoir pratiqué leur religion est une violation évidente de la Loi sur la Liberté de Religion et de la Loi sur la Protection des Enfants Indiens.
Après avoir gazé les protecteurs et arrachés les enfants à leurs parents, la Patrouille des Frontières, les Troupes de l’état et le Service de la Sécurité Publique d’Arizona ont avancé sur la foule, tirant sur les O’odham en train de prier avec des balles en caoutchouc et touchant un O’odham à la poitrine. Nous cherchons des informations sur son état et celui d’autres qui auraient été touchés et nous publierons des mises à jour quand nous les recevrons. La Patrouille des Frontières, les Troupes de l’état et le Service de la Sécurité Publique d’Arizona ont alors arrêté au moins huit protecteurs de la terre et en ont pourchassé d’autres, y compris des observateurs des médias et des journalistes.
« Pour nous, c’est obscène et insultant que les gouvernants locaux et de l’état célèbrent le Jour des Peuples Autochtones alors que le gouvernement fédéral fait sauter nos sites sacrés, vole nos enfants, occupe nos communautés militairement et tire sur des Autochtones en train de prier pour protéger notre terre et nos ancêtres de la profanation. Ils veulent s’approprier nos cultures, mais ne veulent pas que nous pratiquions nos religions pour protéger nos terres » dit une Tante O’odham à la cérémonie d’aujourd’hui.
Nous demandons ce qui suit :
- La libération immédiate de ceux qui ont été arrêtés aujourd’hui
- Que tous les mineurs enlevés par l’état aujourd’hui soient relâchés
- Des informations sur des réparations pour tous ceux qui ont été blessés aujourd’hui
- La fin des points de contrôle et le retrait des Patrouilles des Douanes et des Frontières des terres O’odham
- L’interruption immédiate et illimitée de la construction du Mur de frontière aux Sources de Quitobaquito et dans tous les territoires O’odham
- La suppression immédiate du Mur frontière Blanc et suprémaciste et la restauration de tout le territoire
- La démilitarisation immédiate des terres O’odham
- Le retrait des Tours Intégrées Fixes [tours d’espionnage]
- La fin du profilage racial et du harcèlement des peuples Autochtones
- La fin de l’incarcération et de la déportation de O’odham des terres O’odham par la patrouille des frontières
- La fin de la violence sexiste et genrée par la patrouille des frontières
- La fin des attaques suprématistes blanches, des incarcérations et des déportations de réfugiés et de migrants sur des terres Autochtones
- Le soutien de l’autonomie Autochtone contre les frontières coloniales
Infos sur les organisations :
Le Collectif O’odham Anti Frontière est un collectif de base de membres et descendants des tribus Akimel O’odham, Tohono O’odham et Hia Ced O’odham, dédié à l’unification de tous les peuples O’odham, à la régénération du himdag (traditions, spiritualité, langue et culture), et à la protection du O’odham jewed (terres d’origine), par le démantèlement des frontières coloniales.
Défendre le Jewed O’odham est un mouvement de base dirigé par des u’uwi (femmes) O’odham et une campagne d’action directe spirituelle pour protéger les terres sacrées O’odham de la profanation et de la violence.
Contacts oabc1853@gmail.com et Defendoodhamjewed@gmail.com
Dons :
Cashapp: $DefendOodhamJewed
Venmo: @DefendOodhamJewed
PayPal: paypal.me/DefendOodhamJewed
We also have bail fund for land and water protectors here: www.gofundme.com/f/defend-oodham-land-bail-fund
Faites savoir:
www.facebook.com/AntiBorderCollective/
Instagram: @OodhamAntiBorder, @DefendOodhamJewed
Par Sylvain Duez-Alessandrini, CSIA-Nitassinan (English below)
Journée Internationale de Solidarité
10 octobre 2020
Enregistrement Pascal Grégis, CSIA-Nitassinan
L’année dernière, l’Association avait dédié la Journée aux luttes des femmes Autochtones. Aujourd’hui, nous allons rendre un hommage, dans le cadre de ‘Justice for Joyce’.
Ce qui s’est passé, c’est qu’une jeune Atikamekw, qui s’appelait Joyce Echaquan, originaire de Manawan, au Québec, est décédée, au Canada, par manque de soins et soins inappropriés, dans le système hospitalier. Avant de mourir, elle a filmé ce qui s’est passé. Le personnel médical tient des propos abjects, ce qui montre le racisme systémique au Canada. Donc, nous voulions commencer cette Journée, puisqu’il y a depuis hier, aujourd’hui et jusqu’au lundi 12, des mobilisations dans tout le Québec pour dénoncer le féminicide des femmes Autochtones et demander justice pour Joyce. Donc, nous allons commencer, si vous le voulez bien, par une minute de silence et je remercie la délégation Autochtone de Guyane de s’associer à cet évènement. [Minute de silence].
Merci beaucoup, merci pour cet hommage. Notre Association va envoyer à la communauté de Joyce les photos qui ont été prises aujourd’hui, ainsi qu’à sa famille et aux différentes organisations de femmes Autochtones du Québec qui se mobilisent pour que la justice soit rendue, et que la justice soit rendue aussi pour les femmes Autochtones disparues et assassinées au Canada et ailleurs. Encore merci pour cette minute de silence et d’hommage.
By Sylvain Duez-Alessandrini, CSIA-Nitassinan
International Day of Solidarity with the Natives of the Americas
October 10, 2020
Recording by Pascal Grégis, CSIA-Nitassinan
Translation by Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Last year, our Association dedicated the Day to Native American Women struggles. Today, we will pay a tribute, as part of the movement ‘Justice for Joyce’.
What happened is that a young Atikamekw, called Joyce Echaquan, from Manawan, Quebec, Canada, died of lack of care and improper care in a hospital. Before she died, she filmed what was happening. The medical staff pronounced heinous words, that clearly show the systemic racism in Canada. Thus, we want to begin this Day – as since yesterday, today and until Monday 12 October, people mobilize in whole Quebec to expose the murders of Native women and demand justice for Joyce – thus, we shall start with a minute of silence, and I wish to thank the Indigenous delegation from French Guiana for joining us for this event. [One minute of silence].
Thank you very much for this tribute. Our association will send photos taken today to Joyce’s community, as well as to her family and to the different organizations of Indigenous women in Quebec, mobilizing to demand justice for murdered and disappeared Indigenous women, in Canada and elsewhere. Thank you again for that minute of silence.
On October 10th, 2020, in Paris, the CSIA-Nitassinan held its annual Solidarity Day. One of the guests was Stefan Yazzie Herbert, Austrian/Navajo. Interesting story about identity and about European romantic prejudices on Native Americans. His mother is Navajo and his two clans are: Tódích’íí’nii – Bitter Water Clan and Tó’aheedlíinii – The Water Flows Together clan. Most of his family lives in Lukachukai but there are quite a few in Shiprock and Farmington as well. He grew up in San Diego, California, and moved to Austria with his parents when he was 13 years old.
Stefan Yazzie Herbert
Recording by Pascal Grégis, CSIA-Nitassinan
October 10, 2020
Transcript by Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Hello, thank you all for coming. My name is Stefan Yazzie Herbert, I am a half Austrian, half American, Navajo Tribe member. For those who don’t know, the Navajo Nation is, in North America, the largest tribe, with 330,000 enrolled members. It’s taking up a space around Arizona, Colorado [sic – New Mexico] and Utah, around 70,000 square kilometers. Today, I am here to talk to you about a few things. About my tribe, about the strange relationship that Native Americans have with German speaking cultures, and more specifically about the COVID crisis.
I grew up in San Diego. I moved to Austria when I was 13-years-old. I never really thought of being Native American as anything important because in America there are many, many different cultures that are constantly mixed together. But when I came to Austria, I noticed something very strange. I was one of the only brown people around, but all of the other brown people I knew were getting a lot of racism against them, and for some reason, I was not. I started to wonder why that’s the case. I couldn’t really put my finger on it, until I started to find out a little bit more about the relationship between Native Americans and the German speaking cultures.
Does anybody here know the author Karl May? One, two, three… Cool! For those who don’t know, Karl May is the most popular German author of all time. He sold 200 million books worldwide, he has been translated into over 30 languages, and he only wrote about Native Americans. But he never met a Native American. He never went to America. But he is a good author. He wrote those stories, they are about friendship, they are about honor, they are about the Native American blood brother who has his white blood brother. So, as a result, those books have permeated the culture. Everybody in Austria, in Switzerland and Germany love Native Americans, because they only know this one, romanticized version of our story. There is no history, it is all about how we don’t feel pain, how we have honor, how we can track animals and have these almost magical powers. And there is nothing negative in our story. So, as a result, everybody loves Native Americans. It seems to be something simple to say, but you’d be surprised how far it goes.
Once I was out at night and somebody was being quite drunk, and quite aggressive towards everybody around. He was going up to different people saying “you should go out of here, you brown go back to Turkey”. He turned to me and said “you go back to where you come from, go back to Turkey”. He thought I am Turk. I told him “first of all, it’s not cool, second, I am not from Turkey, I am Native American. When I said that, he said “oh, my God! That’s so cool!” Imagine a very angry white guy, changing his complete idea about you, strictly because where you’re from! That’s the definition of racism, right? But for him, he couldn’t see it. He was all about “no, no, no, it’s positive racism. It’s good, I like you, right?
So, after this experience, I realized that racism can take many, many forms. It doesn’t have necessarily to be hatred, and it doesn’t necessarily need to be mean. So, I started to go into activism. I started tying to change the narrative of my culture in German speaking culture. Sometimes I go on TV, I talk about cultural appropriation, I explain why certain things shouldn’t be worn… But in general, I try to explain to people that our culture is more than just a costume, it’s more than just a box, that there is a deep culture complexity. And, more importantly, right now there are deep rooted problems in our society, that have to do with how we have been treated in the past, and these need to be solved.
I am not fighting for rights of Native Americans in Austria, there are not enough of them for us to have rights. But I do want to change representation. I do want to change our image. This is most clear in the recent pandemic. When the COVID pandemic hit the Navajo Nation, the Navajo Nation quickly became THE place with the highest infection rate. If you would see the Navajo Nation as a state – which I think you should – then it has the highest infection rate than any state. Many people started to ask me why is that the case. Why? It has many reasons, and all of them come basically from colonialism. 35% of households on the Navajo Nation don’t have access to running water, which means that it is incredibly difficult for people to wash their hands properly, which is absolutely necessary in this pandemic. 10% of the population doesn’t have access to electricity. Many families are living in multigenerational housing. So, they have three to four different generations living under one roof, which is a great thing, but not when you’re trying to social distance, not when you’re trying to prevent generations from staying together and possibly to getting COVID. We have high rates of diabetes. We have high rates of poverty. It’s very simple to just start thinking “maybe those Navajo are not that great”. But when you start to really look at the causes of all these problems and just see why we have such high infection rates, you realize that most of this as to do with how the Navajo Nation has negotiated with the United States over the past, well, over a century now.
In 1868, we had something called ‘The Long Walk’. There was a treaty that was made, and after scorched earth policy and many wars, conflicts, battles, many Navajos dead, we decided to come after the treaty and to negotiate with the American government and to leave our land. As a result, we lost quite a bit of our land. Later, in another treaty, we were able to negotiate quite a bit of that land back. This is one of the reasons why we have the largest Native American Reservation. We gave up a lot of our national resources. When we gave away a piece of our national resources, we negotiated, this was not just us giving things away, we negotiated for health care, or infrastructures, roads, hospitals. And none of these things ever really happened.
We still have issues with our health system. There are only around 100 hospital beds on the entire Reservation. The Reservation is about a tenth of the size of France. That’s gigantic. Having only 100 hospital beds for a population living there, of around 135,000, is quite depressing.
So, as a European, as somebody who has started to have a stronger and stronger identity of being European, and seeing part of my identity, the Navajo Nation, suffering so much, I thought to myself, “this is not O.K.” What can I do? What can I do from Europe? Solidarity is great, but solidarity is not enough. So, I decided to start a fundraiser. I wanted to collect at least 2000 euros in order to give to the Navajo Nation. It’s not a lot of money, but none the less, because of our terrific relationship with the United States government, we still had not received any emergency funds. All 50 states of the United States of America immediately had received emergency relief funds. But the Navajo Nation, as well as all of the other Native American Nations, had to wait over one and half month until they got any relief funds at all. So, the pressure was on, and I decided to do what I do best: I am a filmmaker, I work in advertising, I know how to make campaigns, I know how to make people care about something by using all those little storytelling mechanisms. And I did. But this was something that took a lot out of me personally. When you have a skill that you know how to use, and all of a sudden it has to be done for something so personal and so emotional as your tribe dying, you start to put a lot of pressure on yourself. What I was doing, I considered doing a campaign, you have a goal, you try to basically make sales, and get the people to donate. But the other day, it feels very weird interviewing your grandma, interviewing your uncle, interviewing your cousins, and try to get them to say the things you know will actually make people care. And you start to feel like an imposter, you start to feel very cynical. It wasn’t just me. Within my own family, some people started to think that I was using my family in order to generate money. Despite the fact that it was directly being used for our tribe, it created a lot of conflict with my family. That puts a lot of pressure and you really start to feel just terrible about that kind of things. I was doing PR, I was going to TV channels, I was talking to newspapers. For me, I know that when you’re trying to make people care about something, you want to make sure that you attach a face to it. In this case it was my face. Why should an Austrian care anything about Native American culture? For me, it was important, like “I am a Native American, I am also an Austrian, you should care about this because you guys read the books, you guys claim that you care about this culture, so it’s time you put your money where you mouth is.” And it worked! We were able to raise 12,000 euros, but it really took a lot out of me, out of the relationship I have with my family. By the end of it I barely could talk about it anymore although we had the money. Because of so much going on in the Navajos’ life, the insane amount of pressure for them. This is not about me, this is about my tribe. I just got an email back “Thank you for your donation”. On one hand, I am not expecting any kind of funfair, but this kind of display of solidarity that you are doing today, by sitting here, by showing that you guys care, it can actually help people. When people give me words of encouragement after all of this, when you’re feeling really terrible after this kind of things, it can actually help.
I am just somebody here, in Europe. I am fine, I live in Vienna, I am still going to have a great health system, I am still going to have food, I am still going to have a shelter. But acts of solidarity are incredibly important, and thank you guys, first of all for being here tonight.
And now, the Navajo Nation has the corona crisis, I would not say completely in check, but they’re doing a lot better. Currently, we’ve had 564 deaths, and 10,000 cases on the Reservation. It’s not good. But the hospital system is working a lot better, they fly people out, they’re doing contact tracing, we have 57 hours lock downs in the weekends. In general, we have a much better grip now than we did two months ago, on the crisis.
And that’s thanks, in part, to the people in Austria. 12,000 euros is not that much, but it is a sign and it is helpful. I always like to think that, when approaching any kind of activism, that anybody can help. I wish that I could be there, I wish I could be doing more for my tribe. The issue that many of us have is: what can we actually do? It always brings me back to the question: why did anybody donate? Why are you sitting here today? What is interesting about watching me here upon stage? I think we all need to look inside ourselves and ask ourselves our own reasons for why we do pretty much anything. I think self-reflection is really important. Often, I noticed that those who donated the most – I wrote to them, I asked them, why did you do this, why did you feel it was necessary? A lot of times the answer was that they loved reading Karl May as a child. There is no shame in reading his books. There is no shame in romanticism of a culture. As long as you take time to look underneath the surface. Those who write the books and give an interest for Native Americans, that came from a genuine interest. And if that would inspire you to do something more by donating or getting involved or participating in acts of solidarity, that’s a good thing. One of my friends asked me if it would be O.K. if his son dressed up as a Native American for Halloween. For me, it is not a bad thing, I think it’s great that that kid is interested, but as long as he does it properly. I asked him to just take five minutes to Google to what it looks like, how you can do it in a respectful way. That is not bad. Sometimes people think that they are fetishizing a culture. Yes, maybe, sometimes you are. But as long as the net benefit is better than it was before, as long as you are slowly changing the way that the culture is perceived in your culture, then you are doing something good, I guess.
I would like to thank everybody who is involved in organizing this entire wonderful night of representation of solidarity, because it means something, it actually does something.
Une Unité Tactique de la Patrouille des Frontières U.S. casse des vitres, terrorise des migrants recevant des soins dans une chaleur extrême et s’empare de douze migrants au cours d’un second raid cauchemardesque
Par No More Deaths
Censored News
7 octobre 2020
Traduction Christine Prat
Le 5 octobre, après le coucher du soleil, la Patrouille des Frontières U.S. est entrée dans le poste d’aide humanitaire de No More Deaths, avec un mandat fédéral, pour un second raid nocturne en deux mois. Des bénévoles ont été retenus pendant 3 heures, tandis que 12 personnes recevant des soins médicaux, de la nourriture, de l’eau, et un abri par une température de 40°, étaient appréhendées.
Dans une démonstration de force massive, la Patrouille des Frontières, accompagnée par l’Unité Tactique de la Patrouille des Frontières (BORTAC), est descendue sur le camp avec un char d’assaut, des véhicules tout terrain, un hélicoptère et de nombreux véhicules de police et véhicules banalisés. Des agents armés de fusils d’assaut ont pourchassé et terrorisé ceux qui recevaient des soins, pendant que l’hélicoptère volait bas au-dessus d’eux, faisant voltiger de la poussière et des débris, rendant presque impossible de voir. La Patrouille des Frontières a cassé des vitres, enfoncé des portes et détruit l’infrastructure essentielle et les fournitures du camp. Ceci après avoir surveillé le camp et patrouillé sur tout son périmètre, créant un environnement hostile et angoissant pour ceux qui recevaient des soins, depuis tard dans la nuit du samedi 3 octobre.
Depuis le raid du 31 juillet dernier, la Patrouille des Frontières a refusé à de multiples occasions de rencontrer des bénévoles pour discuter d’accords passés précédemment, qui garantissaient le droit de fournir de l’aide humanitaire. Le chef du secteur de Tucson a envoyé à des représentants de No More Deaths une lettre officielle confirmant ce refus.
La surveillance et le harcèlement continuels du Camp Byrd par la Patrouille des Frontières empêchent les patients de recevoir des soins essentiels. Cette criminalisation de l’aide humanitaire et médicale que nous fournissons n’est qu’un prolongement des politiques mortelles de ce service. La Patrouille des Frontières détient des gens dans des lieus non-sécurisés voire mortels, où les soins médicaux sont négligés et les violations des droits humains largement documentées. Et maintenant, le COVID-19 se répand rapidement dans tout le système de détention de l’ICE, particulièrement ici, en Arizona.
Paige Corich-Klein, un bénévole présent lors du raid de la nuit dernière, disait ceci, à propos du raid précédent, fin juillet : « Une fois de plus, la Patrouille des Frontières concentre ses moyens pour entraver l’aide humanitaire pendant la période de l’année la plus mortelle pour les gens qui traversent la frontière. Des gens meurent dans le désert à cause de la politique de fermeture de la frontière, et maintenant la Patrouille des Frontières veut empêcher les gens d’accéder à une assistance pouvant leur sauver la vie. Nous voyons cela comme une violation claire du droit humanitaire international. »
Depuis 2004, le Camp Byrd a été un lieu où les gens qui traversent l’aride Désert de Sonora peuvent trouver de la nourriture, de l’eau, des soins médicaux et du repos. Le Camp Byrd a toujours fonctionné ouvertement et dans la transparence et fourni de l’aide humanitaire selon les protocoles de la Croix Rouge. No More Deaths affirme le droit de tous, quelque soit leur nationalité, de donner et recevoir de l’aide humanitaire. Nos bénévoles sont spécialement instruits de respecter notre autonomie, en donnant des soins, comme pratique standard dans le champ médical, et de n’appeler le 911 et la Patrouille des Frontières qu’avec le consentement du patient. Nous continuerons d’être une présence dans le désert aussi longtemps que les politiques de la Patrouille des Frontières continueront à créer une crise de mort et de disparitions.
Nous vous remercions – vous, nos soutiens dans tout le pays et à travers le monde – pour votre compassion et votre solidarité ininterrompues avec nous et les migrants où qu’ils soient.
Dans un esprit communautaire,
No More Deaths/No Más Muertes
Voir aussi, vidéo de 2017 sur le travail de No More Deaths, sous-titrée en français:
L’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis prend le contrôle des terres indiennes d’Oklahoma pour y autoriser la fracturation et des décharges de produits dangereux
Par Brenda Norrell
Censored News
7 octobre 2020
Traduction Christine Prat
C’est encore du harcèlement racial. Les tribus touchées par la décision McGirt de la Cour Suprême et toutes les tribus de l’état doivent s’unir. Notre existence même est en jeu. Si Stitt arrive à ses fins, l’industrie des carburants fossiles s’emplira les poches avec notre sang. – Casey Camp Horinek, Ponca
OKLAHOMA CITY – Selon Ecowatch, l’Agence de Protection de l’Environnement du gouvernement Trump a accordé à l’état d’Oklahoma un contrôle très étendu sur les règles environnementales sur presque toutes les terres tribales de l’état, dépouillant des dizaines de tribus de leur souveraineté sur des problèmes environnementaux cruciaux.
L’action de l’Agence de Protection de l’Environnement [sic] a rendu la Tribu Ponca d’Oklahoma furieuse. Casey Camp-Horinek, Ambassadrice Environnementale, Ancienne et Gardienne Héréditaire du Tambour de la Tribu Ponca d’Oklahoma, a fait la déclaration suivante au site TYT :
« Après plus de 500 ans d’oppression, de mensonges, de génocide, d’écocide et de traités rompus, nous aurions dû nous attendre à ce que l’EPA [Environmental Protection Agency] décide en faveur du Gouverneur raciste d’Oklahoma, Stitt, cependant, ça fait tout de même mal. Sous le gouvernement Trump, la destruction de toutes les protections de l’environnement a été accélérée afin de donner à l’industrie des carburants fossiles un dernier souffle de vie alors qu’elle expire. Et qui souffre des conséquences ? Tout le monde et toute chose ! Qui en profite ? Trump et ses sbires, les négationnistes du changement climatique comme le gouverneur Stitt, les Sénateurs Inhofe et Langford, qui sont soutenus financièrement par les grandes compagnies du pétrole et du gaz. Je suis convaincue que nous devons nous battre contre cette décision sournoise. Devant les tribunaux, sur les lignes de front et devant les Cours Internationales, LA VIE elle-même est en jeu. »
Democracy Now! a dit que l’Agence de Protection de l’Environnement avait donné à l’Oklahoma le contrôle environnemental de presque toutes les terres tribales d’Oklahoma, revenant sur des droits souverains de dizaines de tribus. Cet acte abroge effectivement beaucoup des droits qui auraient été obtenus après qu’une décision historique de la Cour Suprême, un peu plus tôt cette année, avait assuré que la moitié de l’Oklahoma demeurait terre Amérindienne, reconnaissant par là un traité du XIXème siècle avec la Nation Muscogee (Creek).
Ecowatch a écrit que, dans une lettre du 1er octobre, l’Administrateur de l’EPA Andrew Wheeler avait répondu favorablement à la demande du Gouverneur Républicain J. Kevin Stitt, d’obtenir le contrôle des règles environnementales sur les terres tribales sur toute une série de questions, parmi lesquelles :
- Décharge de déchets dangereux – parmi lesquels du formol (formaldéhyde) ; du mercure ; du plomb ; de l’amiante ; des polluants de l’air ; des substances polyfluoroalkyliques [D’après l’EFSA : Les substances polyfluoroalkyliques (PFAS) constituent un groupe de substances chimiques de synthèse qui comprend l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), le sulfonate de perfluorooctane (PFOS), l’acide perfluorononanoïque (PFNA), l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) et plusieurs autres encore. Voir la suite de l’article sur la toxicité de ces produits] ; des pesticides ; du glyphosate, et des, polychlorobiphényles (PCB) – sur les terres tribales.
- Contrôle de l’Injection Souterraine, le système de permis de fracturation de l’EPA.
- Protection des principaux polluants agricoles, y compris l’élevage industriel à grande échelle.
L’Ambassadrice Environnementale de la Tribu Ponca, Casey Camp-Horinek dit « Les actions du Gouverneur Stitt ne sont pas une surprise. L’état d’Oklahoma a été fondé sur le racisme et Stitt prend la suite d’une longue lignée de gouverneurs qui ont toujours considéré les tribus comme zones de sacrifice pour les profits de l’industrie des carburants fossiles. »
« Les tribus dans tout l’état sont visées par un génocide environnemental par l’industrie du pétrole et du gaz, permis par des agences de l’état et des officiels du gouvernement, y compris le bureau du Gouverneur » ajoute Casey Camp-Horinek, « et c’est toujours pour de l’argent. »
« Les tribus sont déjà souveraines, malgré des décennies de tentatives de diminuer notre autorité sur nos propres terres, pour protéger nos communautés et passer des lois pour avoir de l’eau, de l’air et des sols non-pollués » dit Casey.
En 2017, les Ponca ont interdit la fracturation et ont été la première tribu à faire passer un statut reconnaissant les Droits de la Nature d’être exempte de pollution par les carburants fossiles, en affirmant que les écosystèmes, y compris les humains, avaient une place légale devant un tribunal.
« C’est encore du harcèlement racial » dit Casey Camp-Horinek. « Les tribus touchées par la décision McGirt de la Cour Suprême et toutes les tribus de l’état doivent s’unir. Notre existence même est en jeu. Si Stitt arrive à ses fins, l’industrie des carburants fossiles s’emplira les poches avec notre sang. »
L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a fixé une échéance secrète
Le 18 septembre, le site TYT a écrit qu’un officiel pour l’environnement haut placé dans le gouvernement Trump avait fixé une échéance pour que les tribus d’Oklahoma puissent peser sur une proposition qui pourrait autoriser l’état à déverser des déchets toxiques – du mercure aux PCB qui causent des cancers – sur des terres tribales, mais au moins une tribu a dit à TYT ne pas avoir été informée. L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) n’a pas réagi immédiatement lorsqu’il lui a été demandé de fournir des preuves de ce qu’elle avait publié ou notifié à des tribus d’Oklahoma la date de l’échéance.
DES FEMMES AUTOCHTONES RÉAGISSENT AUX PROJETS DU SERVICE DES FORÊTS DES ETATS-UNIS VISANT À VIDER DE LEUR CONTENU LES PROTECTIONS DE LA FORÊT NATIONALE DE TONGASS, EN ALASKA
Par le Réseau International des Femmes pour l’Action pour la Terre et le Climat (WECAN)
[Women’s Earth and Climate Action Network International]
osprey@wecaninternational.org
Sur Censored News
26 septembre 2020
SAN FRANCISCO BAY AREA, Californie – Alors que des incendies incontrôlés ravagent la Forêt Amazonienne et les états de l’ouest des Etats-Unis – et que la crise climatique et la dégradation de l’environnement ne cessent de s’accroître – les efforts pour supprimer les protections de l’environnement continuent de s’étendre. Actuellement, le Service des Forêts des Etats-Unis (USFS) intensifie les projets de renversement de protections existant depuis longtemps contre l’exploitation forestière et la construction de routes dans la Forêt Nationale de Tongass, en Alaska. Aujourd’hui, l’USFS a annoncé une Déclaration Finale d’Impact Environnemental (FEIS – Final Environmental Impact Statement) et a fait un pas de plus pour exempter la forêt de Tongass, connue comme la « forêt climatique » de la nation, de la Règle Nationale de non-construction de Routes, obtenue par un dur combat.
La Règle Nationale de 2001 établit la prohibition de construction de routes dans les Forêts Nationales des Etats-Unis, mettant fin à des décennies d’exploitation forestière. En octobre 2019, le Service des Forêts a publié son plan pour abroger la Règle de non-construction de routes dans le Tongass. Cette exemption devrait supprimer les protections sur plus de 36 000 km² du Tongass, ce qui affaiblirait dangereusement les standards nationaux en permettant aux lobbies de l’exploitation forestière de percer des routes au bulldozer, d’accélérer le développement de l’exploration minière, et de couper des arbres anciens dans des zones du Tongass qui sont hors limites depuis des décennies.
L’exemption proposée est le dernier exemple en date du racisme environnemental envers les communautés Autochtones des Etats-Unis. Le Tongass se trouve à l’intérieur des territoires traditionnels des peuples Tlingit, Haida et Tsimshian. Protéger la forêt est crucial pour assurer la sécurité alimentaire dans les communautés Autochtones et combattre des siècles de politiques coloniales visant à déplacer les peuples Autochtones de chez eux. Si c’est approuvé, ça perturbera les modes de vie traditionnels, les médicaments et les systèmes d’alimentation des communautés Autochtones de la région ; ça violera la souveraineté Autochtone et mettra en danger leur survie culturelle. En juillet 2020, neuf tribus du sud-est de l’Alaska ont présenté une pétition pour préserver la Règle Nationale contre la construction de routes, et leurs territoires et foyers traditionnels.
En tant que plus grande forêt primaire tempérée intacte, le Tongass abrite plus de 400 espèces sauvages terrestres et marines, et fournit des opportunités économiques à des milliers de résidents. Alors que l’Alaska subit des températures record, maintenir intact l’écosystème du Tongass est une solution cruciale pour les problèmes climatiques des Etats-Unis et du reste du monde. Les climatologues sont d’accord : les forêts sont cruciales pour stabiliser le climat, absorber le carbone et fournir un refuge pour conserver des écosystèmes à la biodiversité unique.
Dans 30 jours, l’USFS publiera un Rapport de Décision qui finalisera son projet d’éliminer la Règle contre la construction de routes de la Forêt Nationale de Tongass. Cependant, la protection et la continuation de la Règle est toujours soutenue par le public. Quand le Service des Forêts a proposé de supprimer les protections pour la première fois, il y a eu plus de 250 000 commentaires soumis dans tout le pays, et 96% des commentaires jugés uniques étaient pour le maintient de la Règle contre les routes.
En réponse à la Déclaration Finale d’Impact Environnemental, les Représentantes du Tongass au WECAN ont publié les déclarations suivantes :
« Je m’appelle Kashudoha Wanda Loescher Culp ; Je suis Tlingit, Autochtone de la Forêt Nationale de Tongass, dans le sud-est de l’Alaska, je suis chasseuse, pêcheuse et cueilleuse des cadeaux de la Nature. Je suis aussi coordinatrice du Tongass pour WECAN International, et je m’exprime contre les effets hors de proportion pour ma communauté, causés par la domination des corporations industrielles sur la gouvernance fédérale et celle de l’état, afin de favoriser la saisie massive de ressources naturelles et publiques sur des terres Autochtones. Les recommandations du gouvernement Trump d’abroger la Règle de 2001 est un abus sournois de l’autorité du Congrès et la bataille continuera. La pandémie de COVID a ouvert les yeux sur les effets dégoûtants que l’industrie a sur nos vies et sur tout le vivant. Quand « le peuple » s’investit, les communautés ont le pouvoir et la décision pour contrôler les environnements menacés et les économies en notre sein. Nous nous levons à nouveau pour demander que non seulement la Règle soit maintenue telle quelle, mais nous voulons aussi que la Règle contre les routes soit codifiée en une loi fédérale. Toutes les voix Autochtones du Tongass doivent être entendues, et les Peuples Autochtones du monde entier doivent participer à la prise de décision quand il s’agit de créer des solutions pour la survie même de tous. » Kashudoha Wanda Loescher Culp, Tlingit, activiste et coordinatrice du WECAN.
« Je m’appelle Rebekah Sawers, je suis Yupik et ma famille est de la baie de Hooper, en Alaska. Je parle au nom de la plupart des gens de l’Alaska quand je dis que la Règle contre la construction de routes ne doit pas être abrogée. Actuellement, la Règle est en place depuis 20 ans, protégeant les arbres de l’exploitation forestière massive, et permettant à la forêt de guérir. Il est important que cette terre reste sauvage et libre. Je ne parle pas seulement pour ma fille, je me bats pour tous les 70 000 frères, sœurs, grands-pères et grand-mères qui vivent dans le Tongass. Je suis pour l’alternative de NE RIEN FAIRE, et je dirai fort et fièrement que nous protégeons notre forêt et que nous devons le dire, l’écrire, l’envoyer par email et le partager, à nos sénateurs et au Ministre de l’Agriculture Sonny Purdue. Nous devons faire savoir que ce qu’ils font est mal et les tenir pour responsables ! Nous le pouvons [We Can] ! » Rebekah Sawers, Yupik, étudiante et Représentante du WECAN pour le Tongass.
« La recommandation de la Déclaration Finale d’Impact Environnemental est scandaleuse et ne représente pas les gens. Je suis Tlingit de la Forêt de Tongass. En tant que Peuple de la Forêt, Peuple de la Mer, nous devons parler pour les petits-enfants de nos enfants, pour protéger cette terre que nous appelons chez nous, et le climat. Les effets des opérations forestières industrielles du siècle dernier par tous ceux qui y ont participé, ont impacté négativement et hors de proportion la terre et les eaux que nous, Tlingit, avions préservées avec succès à travers les temps. Vu que la plupart de gens de l’Alaska sont d’accord, je veux que la Règle contre la construction de routes soit maintenue. » Adrien Nichol Lee, Tlingit, Présidente du Camp 12 des Sœurs Autochtones d’Alaska, Représentante du WECAN pour le Tongass.
« Je suis une Autochtone de la Nation Tlingit, de L’uknaxh.ádi, le Clan du Saumon Coho, sous le groupe du Corbeau de la Maison de la Grenouille. Je suis profondément enracinée dans cette terre depuis des milliers de générations comme gardienne de cette terre. Selon nos anciens, nous sommes ici depuis des temps immémoriaux et je suis les traces de pas de mes ancêtres. L’actuelle Règle contre la construction de routes doit être renforcée, pas allégée. Nous devons garder le Tongass hors de mains du gouvernement Trump qui s’apprête à supprimer les protections. Dans le Tongass, il y a d’innombrables populations de poissons et de gibier, et des opportunités de loisirs et de commerce incomparables. La pêche et le tourisme sont des industries qui valent des milliards, c’est sur quoi sont fondées les économies du sud-est de l’Alaska. Ça affecte nos droits culturels et Autochtones de protéger Haa Aani, Notre Pays. Je suis une forte femme Tlingit, soutenant le Tongass, m’exprimant pour les Aas Kwaani, le Peuple des Arbres, et je continuerai à me battre pour le Tongass, malgré la décision du gouvernement de soutenir l’industrie contre les gens. C’est notre façon de vivre que de nous battre pour nos droits Autochtones en tant qu’Êtres Humains qui vivent dans la Forêt et la Marée, les Tlingit. » Kari Ames, Tlingit, Guide de l’Héritage Culturel des Voix Autochtones d’Alaska, Représentante du WECAN pour le Tongass.
« Les crises enchevêtrées du COVID-19, du racisme structurel et la crise climatique, demandent de cesser le ‘business as usual’ et que nous placions les gens et la planète avant le profit. Nous devons protéger la Forêt Vierge de Tongass en Alaska, un écosystème forestier ancien, sacré pour les Peuples Tlingit, Haida et Tsimshian, et crucial pour leur survie culturelle et pour notre bataille globale contre le chaos climatique. La dernière Déclaration d’Impact Environnemental du Gouvernement Trump suit des décennies de modèles économiques coloniaux extractivistes, qui ont conduit à l’exploitation forestière à l’échelle industrielle – détruisant le précieux écosystème du Tongass, qui a été surnommé la ‘Forêt Climatique de l’Amérique’. Maintenant que des tentatives sont faites pour supprimer les dernières protections, les solutions et les voix de ceux qui sont sur les lignes de front ne pourraient être plus importantes. Le WECAN soutient les dirigeantes Autochtones d’Alaska pour dire non à de nouvelles dégradations de leurs territoires, et oui au maintient de la présente Règle contre la construction de routes. Nos forêts naturelles sont les poumons essentiels de la Terre. » – Osprey Orielle Lake, Directrice Exécutive du Réseau des Femmes pour l’Action pour la Terre et le Climat (WECAN International – Women’s Earth and Climate Action Network).
www.wecaninternational.org – @WECAN_INTL
Le 26 septembre 2020
OWE AKU INTERNATIONAL JUSTICE PROJECT
Également publié sur Censored News
26 septembre 2020
Traduction Christine Prat
Déclaration d’Owe Aku concernant notre dirigeante Debra White Plume
Beaucoup d’entre vous nous ont consulté à propos de la santé de Debra White Plume et nous désirons vous informer sur son état. Les médecins ont découvert une grosseur à un poumon et quelques grosseurs dans son abdomen. Vu la gravité de cette découverte, les docteurs ont décidé de commencer une chimiothérapie et des rayons avant même de recevoir les résultats de la biopsie de la Clinique Mayo. Debra a suffisamment de confort et est entourée de sa famille élargie, et elle a déclaré que les « médicaments anti-nauséeux marchaient vraiment bien. » Owe Aku, particulièrement l’Ama’s Freedom School, continuent de fonctionner et Debra y participe, comme toujours, avec sa sagesse et ses conseils, et nos jeunes dirigeants s’efforcent de remplir le vide créé par sa maladie. Nous continuons à être encouragés par les prières et la chaleur des messages venus du monde entier, et nous sommes reconnaissants à tous nos soutiens, amis, alliés et plus particulièrement au tiyospaye.
Pour ceux qui veulent aider, les dons, argent ou fournitures, peuvent être envoyés à la résidence temporaire de Debra, près de l’hôpital de Rapid City.
Debra White Plume
3813 Parkview Dr.
Rapid City, SD 57701
Quelques recommandations pour les dons:
- Aide pour le loyer d’une maison médicalisée. Plutôt que de faire 350 km par semaine pour les rendez-vous et le traitement, Debra a trouvé une maison à louer près de l’hôpital de Rapid City, dans le Dakota du Sud.
- Payer les frais de la maison (électricité, internet, téléphone).
- Payer l’essence pour le transport et le coût des soignants.
- Des bons-cadeaux de Walmart, Target ou Safeway pour acheter de la nourriture de régime à base de plantes, les ustensiles pour la tenue de la maison et les objets personnels nécessaires.
- Payer un service de livraison de nourriture pour soulager les aidants de la préparation de repas : à Rapid City, Grub hub.
Pour plus d’informations, contacter oweakuinternational@me.com . Wopila.
Photo by Ryan Vizzions Standing Rock NO DAPL
DES MEMBRES DU CONGRÈS, DES TRIBUS, DES GOUVERNEMENTS D’ÉTATS, SE JOIGNENT OFFICIELLEMENT POUR APPELER À FERMER L’OLÉODUC DAKOTA ACCESS
Maintenant, 24 membres du Congrès, 27 Tribus et organisations Tribales, et 29 gouvernements d’états, soumettent des mémoires soutenant le combat de la Tribu Sioux de Standing Rock contre l’oléoduc.
Nous sommes reconnaissants que tant de membres du Congrès, de Tribus et de gouvernements rejoignent la Tribu Sioux de Standing Rock pour dire ‘non’ au DAPL. Ces dirigeants comprennent que la Tribu Sioux de Standing Rock ait le droit de rejeter un oléoduc passant à travers ses terres – Jan Hasselman, Avocat, Earthjustice.
Par Earthjustice
Censored News
23 septembre 2020
Traduction Christine Prat
WASHINGTON, D.C. – Des membres du Congrès, des Tribus, et des gouvernements d’états, ont remis ce jour des mémoires soutenant la fermeture de l’oléoduc Dakota Access à la Cour d’Appel du Circuit de D.C.
Les mémoires viennent après qu’un juge fédéral ait statué en juillet 2020 que l’oléoduc violait la loi fédérale et ait ordonné sa fermeture en attendant une déclaration d’impact environnemental évaluant les impacts que le DAPL aurait pour la Tribu Sioux de Standing Rock. L’affaire est actuellement en appel devant le tribunal du Circuit de D.C., qui a programmé une audience pour le 4 novembre 2020.
Ce qui suit est une déclaration de Jan Hasselman, l’avocat de Earthjustice, qui représente la Tribu Sioux de Standing Rock dans son combat contre le DAPL:
« Nous sommes reconnaissants que de nombreux membres du Congrès, de Tribus et de gouvernements d’états soient aux côtés de la Tribu Sioux de Standing Rock pour dire ‘non’ au DAPL. La décision si le DAPL doit continuer est finalement une décision politique, et ces dirigeants comprennent que la Tribu Sioux de Standing Rock a le droit de rejeter un oléoduc passant à travers ses terres. »
Mémoire présenté par des Membres du Congrès (en anglais)
Chambre des Représentants
Raúl M. Grijalva, Representative of Arizona
Nanette Diaz Barragán, Representative of California
Earl Blumenauer, Representative of Oregon
Bonnie Watson Coleman, Representative of New Jersey
Gerald E. Connolly, Representative of Virginia
Adriano Espaillat, Representative of New York
Ruben Gallego, Representative of Arizona
Jesús G. “Chuy” García, Representative of Illinois
Jimmy Gomez, Representative of California
Deb Haaland, Representative of New Mexico
Jared Huffman, Representative of California
Alan Lowenthal, Representative of California
Gwen Moore, Representative of Wisconsin
Grace Napolitano, Representative of California
Eleanor Holmes Norton, District of Columbia
Delegate Alexandria Ocasio-Cortez, Representative of New York
Chellie Pingree, Representative of Maine
Darren Soto, Representative of Florida
Jackie Speier, Representative of California
Nydia M. Velázquez, Representative of New York
Sénat
Jeffrey A. Merkley, Senator of Oregon
Tom Carper, Senator of Delaware
Elizabeth Warren, Senator of Massachusetts
Ron Wyden, Senator of Oregon
Mémoire présenté par des Tribus et organisation Tribales (en anglais)
Tribal Governments
Bay Mills Indian Community
Confederated Salish and Kootenai Tribes of the Flathead Reservation
Confederated Tribes of the Umatilla Indian Reservation
Hoonah Indian Association
Kickapoo Tribe of Indians of the Kickapoo Reservation in Kansas
Little River Band of Ottawa Indians
Little Traverse Bay Bands of Odawa Indians
Lower Brule Sioux Tribe
Lumbee Tribe of North Carolina
Lytton Rancheria of California
Miccosukee Tribe of Indians of Florida
Nez Perce Tribe
Nottawaseppi Huron Band of the Potawatomi
Ponca Tribe of Nebraska
Pueblo of Tesuque, New Mexico
Red Lake Band of Chippewa Indians
Sault Ste. Marie Tribe of Chippewa Indians
Stockbridge-Munsee Community
Winnebago Tribe of Nebraska
Yurok Tribe
Tribal Organizations Affiliated
Tribes of Northwest Indians
Association on American Indian Affairs
Great Plains Tribal Chairmen’s Association
Inter-Tribal Association of Arizona
Midwest Alliance of Sovereign Tribes
National Congress of American Indians Fund
United South and Eastern Tribes Sovereignty Protection Fund
Mémoire présenté par des gouvernements d’états (en anglais)
Massachusetts, California, Connecticut, Delaware, Illinois, Maine, Maryland, Michigan, Nevada, New Jersey, New Mexico, New York, Oregon, Rhode Island, Vermont, and Washington, and the District of Columbia, the Territory of Guam, and Harris County, Texas.
Par Brenda Norrell
Exclusivité Censored News
©Censored News
15 septembre 2020
Traduction Christine Prat
WINDOW ROCK, Arizona – Des Navajos sont déjà utilisés pour des transfusions de plasma au coronavirus par des chercheurs de l’Université Johns Hopkins, financés par le Ministère de la Défense des Etats-Unis.
Les transfusions controversées, qui ne sont pas approuvées par la FDA [Food and Drug Administration – supposée surveiller et autoriser ou non les produits alimentaires et les médicaments], sont déjà en cours, effectuées sur des Navajos dans les hôpitaux du Service de Santé Indien [IHS] à Shiprock, dans la partie de la Réserve Navajo au Nouveau-Mexique, et à Gallup, Nouveau-Mexique, à l’hôpital du Service de Santé Indien. La Nation Navajo l’a confirmé.
Jill Jim, directrice exécutive du Service de Santé Navajo, a répondu aux questions de Censored News mardi soir [15 septembre 2020].
« L’Université Johns Hopkins a reçu des fonds pour ces transfusions expérimentales. Des fonds du Ministère de la Défense et de la Fondation Bloomberg, pour effectuer ces essais cliniques, supervisés par la FDA » dit-elle à Censored News.
Les transfusions de plasma contenant le coronavirus à des Navajos n’ont pas été connues du grand public, jusqu’à ce que le gouvernement Navajo encourage des Navajos à se porter volontaire pour un deuxième projet de recherche médicale controversée, l’expérimentation de vaccins contre le coronavirus.
Les deux projets sont menés par l’Université Johns Hopkins, et non par le Service de Santé Indien. L’IHS est partenaire des expériences médicales, a dit le Service de Santé Navajo à Censored News.
Cependant, l’IHS n’a pas répondu à la question de Censored News, à savoir si le Service est effectivement partenaire des expériences médicales sur des Navajos.
En bref, l’Université Johns Hopkins se livre à de la recherche expérimentale sur des Navajos, elle a reçu des fonds du Ministère de la Défense en juillet [35 millions de dollars] pour effectuer les transfusions de plasma. Tout cela soulève des questions troublantes sur le fait que des Navajos soient utilisés pour la recherche sur le coronavirus, financée par le Ministère de la Défense et des firmes pharmaceutiques.
Le Président Navajo Jonathan Nez a dit vendredi que l’expérience sur les vaccins – Etude COVID-19 Pfizer BioNTech – serait dirigée par le Centre Johns Hopkins pour la Santé Amérindienne à Chinle, Arizona, à Shiprock, Nouveau-Mexique, les deux se trouvant dans la Réserve Navajo, et à Gallup, au Nouveau-Mexique.
La firme pharmaceutique Pfizer a son siège à New-York, la firme BioNTech en Allemagne.
Les risques associés à la recherche expérimentale ne sont pas toujours expliqués aux participants. Ce sont souvent les plus vulnérables qui sont visés, surtout quand la recherche peut se dérouler en secret. La question est toujours de savoir si les participants ont donné leur accord en étant totalement informés.
L’Université Johns Hopkins était responsable de contamination d’Autochtones du Guatemala avec des MST, au cours de recherche médicale secrète, dans les années 1940. Il a fallu des décennies avant que la vérité soit dénoncée, et l’affaire est actuellement devant les tribunaux des Etats-Unis.
Les transfusions de plasma contenant le coronavirus ne sont pas approuvées par la FDA
Le plasma est prélevé sur des gens qui ont eu le coronavirus et ont guéri. Il est injecté à des gens qui ont une forme bénigne de la maladie, ou à des gens qui ont été exposés au virus. On n’en a pas beaucoup parlé dans les médias du pays Indien.
La FDA n’a pas approuvé les transfusions, mais les a autorisées dans la mesure où il n’y a pas de traitement prouvé efficace. Ça reste dans la phase expérimentale.
Le Service de Santé Navajo dit à Censored News : « Le plasma de convalescents est une thérapie prometteuse, approuvée pour le traitement de patients atteints de COVID-19 hospitalisés. » Il dit aussi : « Le but de ces études est de déterminer si le plasma de convalescent marche sur des malades atteints de forme bénigne et empêche de développer une forme plus grave, et si ça peut empêcher des gens de tomber malade après avoir été en contact avec quelqu’un qui a la maladie. »
L’expérimentation de vaccins dans les hôpitaux Navajo est la prochaine phase
L’expérimentation de vaccins, le deuxième projet controversé, a été approuvé par la Nation Navajo. Le Président Navajo Jonathan Nez encourage les Navajos à se porter volontaire.
Des experts médicaux font remarquer que le vaccin de Pfizer BioNTech produit de la fièvre et des frissons comme effets secondaires. Il y a aussi le risque que le vaccin aggrave la maladie.
Le Service de Santé Navajo a déclaré que l’étude était menée par l’Université Johns Hopkins en partenariat avec les centres de santé de l’IHS. Cependant, quand Censored News a contacté l’IHS, ses représentants ont pris leurs distances avec le projet, disant de s’adresser à la Nation Navajo et à Johns Hopkins.
Ce qui est clair, c’est que des expériences sur le coronavirus sont effectuées dans les hôpitaux de l’IHS de la Nation Navajo et à l’hôpital de l’IHS dans la ville-frontière de Gallup, au Nouveau-Mexique. [Ici, ‘ville-frontière’ signifie à la frontière de la Réserve Navajo].
Censored News a demandé si la Nation Navajo bénéficierait financièrement des expériences. Le Service de Santé Navajo dit qu’aucun des partenaires de l’étude dans la Nation Navajo n’avait d’intérêt financier dans le vaccin. Les participants à l’étude recevraient une compensation pour leur temps.
Censored News a aussi demandé si la Nation Navajo était responsable au cas où le vaccin entrainerait des maladies, des handicaps ou des morts. Le Service de Santé Navajo a répondu que « la Nation Navajo n’est pas responsable. Les participants signent un formulaire de consentement, ce qui explique que le sponsor (BioNTech/Pfizer) couvre les frais de traitement rendus nécessaires par un accident de la recherche. »
Le Service de Santé Navajo dit aussi : « Les participants sont soumis à un processus complet d’accord informé pour s’assurer qu’ils comprennent ce que l’étude implique, les risques et les bénéfices, et la participation est volontaire. »
Les réponses aux questions de Censored News ont été faites par Jill Jim, directrice exécutive du Service de Santé Navajo. Jill Jim dit que les réponses avaient été faites en coordination avec Laura Hammitt, directrice des Programmes sur les Maladies Infectieuses du Centre Johns Hopkins pour la Santé Amérindienne.
Une firme pharmaceutique avait déjà essayé de profiter du hantavirus dans la Nation Navajo
Ce n’est pas la première fois que les Navajos sont visés par des firmes pharmaceutiques. En 1993, une tentative de pression sur le Conseil de la Nation Navajo a eu lieu, pour qu’ils acceptent de stocker du Ribavirin pendant l’épidémie de hantavirus. La membre du Conseil Genevieve Jackson a empêché le stockage. L’origine inexpliquée du hantavirus, suivie de la tentative d’une compagnie pharmaceutique d’en profiter, a causé un tollé chez les Navajos, qui ont dit qu’ils en avaient assez d’être utilisés comme cobayes de la recherche médicale. L’affaire a mis au grand jour les complicités des lobbyistes du Congrès, des politiciens et des firmes pharmaceutiques.
Le Service de Santé Indien – IHS – a une longue histoire de violations des droits des patients et est entre autres responsable de la stérilisation de femmes Autochtones contre leur volonté, au cours du 20ème Siècle.
L’Université Johns Hopkins a effectué des recherches médicales dans les hôpitaux de l’IHS dans la Réserve Navajo pendant des décennies, au moins depuis le début des années 1980.
D’après ce qu’ils avouent sur leur site, l’Université Johns Hopkins a commencé ses recherches en 1980, sur les Apaches de White Mountain, puis a continué dans la Réserve Navajo. Actuellement, ils disent être engagés dans le traçage du coronavirus et de la sérologie.
***
Sur l’auteure : Brenda Norrell, éditrice de Censored News, a commencé sa carrière de journaliste au Navajo Times, pendant les 18 ans où elle a vécu dans la Nation Navajo. Elle a été pigiste pour Associated Press et USA Today, écrivant sur la Nation Navajo et les tribunaux fédéraux. Après avoir été longtemps reporter pour Indian Country Today dans le Sud-ouest, elle a été censurée et licenciée en 2006. Elle a été journaliste en Pays Indien pendant 38 ans et a un master en santé internationale.
Article ©Brenda Norrell, Censored News, ne peut être reproduit sans autorisation. Vous pouvez partager le lien.