VIDEO DU DISCOURS DE KLEE BENALLY PAR SAVE HICKORY GROUND

 

LA LUTTE POUR SAUVER HICKORY GROUND

La Ville Tribale de Hickory Ground (Hickory Ground Tribal Town), située près de Wetumpka, en Alabama, est un site historique et archéologique de la Nation (Creek) Muscogee dont les membres ont été déportés de force vers le ‘Territoire Indien’ – actuel Oklahoma – au 19e siècle (au cours de ce que les Autochtones appellent ‘La Piste des Larmes’).

Il y a quelques années, la Bande Poarch, une bande descendant également de (Creek) Muscogee, a acquis le terrain et déterré les ossements d’environs 57 êtres humains, afin de faire construire une extension du casino voisin. En décembre 2012, la Nation Creek Muscogee d’Oklahoma a déposé une plainte auprès d’une Cour d’Alabama afin d’obtenir l’annulation des travaux et la ré inhumation des ossements et objets funéraires.

Le 26 mars 2013, des Autochtones de diverses Nations ont organisé un rassemblement à Phoenix, Arizona, devant le bâtiment où se tenait la conférence de la NIGA* (24-27 mars).

Au cours de ce rassemblement, les orateurs ont évoqué d’autres cas de violation de sites sacrés Amérindiens (voir ci-dessous).

 

*NIGA – National Indian Gaming Association : Association Nationale Indienne pour les Jeux de Hasard (il existe une association du même genre au Canada).

D’après le site de la NIGA – http://www.indiangaming.org/info/ – c’est une association à but non-lucratif fondée en 1985, à laquelle appartiennent 184 Nations Indiennes des Etats-Unis. Des membres associés non-votants y représentent des organisations, des tribus et des entreprises tribales de jeux de hasard. Sur le site on peut lire, à la rubrique « Qui sommes nous » que l’association s’engage à et a pour but de « faire progresser les vies des peuples Indiens économiquement, socialement et politiquement ».

 

SAN FRANCISCO PEAKS

Lutte menée depuis des décennies par plus de 13 tribus d’Arizona (le rituel ‘plus de’ vient du fait qu’une des tribus Apaches concernées se divise en deux groupes) contre la station de ski Arizona Snowbowl qui a détruit de nombreux arbres rares pour s’étendre et fabrique de la neige artificielle à partir d’eau d’égouts recyclée.

Voir Bref résumé de l’histoire de la station de ski
et de nombreux articles sur la lutte pour les San Francisco Peaks

 

RESOLUTION COPPER A OAK FLAT

La firme Resolution Copper veut procéder à un échange de terrains afin de pouvoir ouvrir la plus grande mine de cuivre des Etats-Unis dans le Parc National d’Oak Flat. Une falaise, dont des dizaines de guerriers Apaches ont sauté – et se sont tués – plutôt que d’être capturés par la Cavalerie au siècle dernier, se trouve sur le terrain convoité par la compagnie.

Voir traduction française d’un article sur Oak Flat

 

L’UNIVERSITE D’ARIZONA ET LE MONT GRAHAM

Le Mont Graham est sacré pour les Apaches de la région. L’Université d’Arizona – Phoenix – y installe des télescopes géants malgré les protestations des Autochtones. La décision a été prise en collaboration avec le Ministère de la Défense, dans le cadre de ‘Star Wars’. Le Vatican fait partie des partenaires. Sept organisations, dont l’université de Harvard et le Smithsonian Institute se sont retirées du projet.

Voir article en français sur les sites sacrés et traduction française d’un article de Sandra Rambler (Apache San Carlos)

 

PANGEA, ‘LOOP 202’ ET LA MONTAGNE DU SUD

Une extension du périphérique sud de Phoenix – ‘Loop 202’ – qui doit essentiellement profiter à la compagnie Pangea, mordra sur le territoire de la petite Réserve de la Communauté Indienne de Gila River (GRIC). La Montagne du Sud est sacrée pour les Autochtones de la région.

Voir traduction d’un article sur la résistance des jeunes de la Communauté de Gila River (GRIC)

 

RED BUTTE, SITE SACRE HAVASUPAI, MENACÉ PAR UNE MINE D’URANIUM

Red Butte située au sud du Grand Canyon du Colorado, est un site sacré pour la Tribu Havasupai, qui réside au fond du Grand Canyon. Une mine d’uranium, Canyon Mine, qui avait été abandonnée avant même d’être exploitée suite à la chute du cours de l’uranium, devrait ouvrir prochainement. Les Havasupai et des groupes de protection de l’environnement ont déposé une plainte.

Voir traduction d’un article sur la lutte contre Canyon Mine

 

BIG MOUNTAIN ET PEABODY COAL

En 1986, des milliers de familles Navajo et quelques familles Hopi ont été déportées de Big Mountain afin que la compagnie Peabody Coal puisse exploiter le charbon du sous-sol et alimenter entre autres la ‘Centrale Navajo’, une des plus polluantes des Etats-Unis. Des Navajo qui ont refusé de se laisser déporter luttent toujours pour garder leur terre ancestrale. (Klee Benally et sa famille sont originaires de Big Mountain).

 

Au rassemblement de Phoenix, l’acteur Adam Beach s’adresse au Guerrier de Hickory Ground Wayland Gray. A gauche, l’activiste Klee Benally.

 

 

DES DEFENSEURS DES SITES SACRES DEMANDENT A LA REPRESENTANTE ANN KIRKPATRICK DE PROTEGER OAK FLAT

 

Par Klee Benally, Diné [Navajo]
Sur Censored News
Mercredi 20 février 2013
See original article in English

Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – une poignée de manifestants Diné à Flagstaff ont demandé à la membre du Congrès Ann Kirkpatrick de « dire Non au projet Resolution Copper ! Protégez Oak Flat et cessez la destruction et la profanation de terres Apaches ! »

Bien que l’ouverture officielle du bureau de Flagstaff de Mme Kirkpatrick ait été annulée à cause d’une tempête de neige, deux membres de son équipe ont été accueillis par les défenseurs des sites sacrés.

Mme Kirkpatrick a aussi contribué à la profanation de Pics sacrés San Francisco. En 2010 elle s’est jointe à John McCain et Jon Kyle pour faire pression sur le Ministère de l’Agriculture US afin de permettre à la station de ski Arizona Snowbowl de fabriquer de la neige à partir d’eau d’égouts traitée sur les Pics.

 

————————————————

 

Quelques infos sur l’affaire :

Les compagnies Rio Tinto et BHP-Billiton ont créé une branche – Resolution Copper Company – dans le but d’exploiter une mine de cuivre – qui d’après les partisans du projet, devrait être la plus grande d’Amérique du Nord – à  plus de 2000 m de profondeur, à l’est de la petite ville de Superior [à une centaine de km à l’est de Phoenix], en Arizona. Le site se trouve sur des terres publiques actuellement protégées par un décret interdisant les activités minières dans le secteur appelé Oak Flat Campground. La firme Rio Tinto s’occupe actuellement de réaliser un ‘échange de terres’ et une privatisation du site.

Les Autochtones utilisent le site pour des buts culturels et spirituels, ainsi que pour leur subsistance. De plus, la portion de terrain devant être ‘échangée’ inclut Apache Leap, une falaise dont plus de 80 guerriers Apaches ont sauté, à la fin du 19ème siècle, préférant se tuer plutôt que de se rendre à la Calvalerie. Toutes les tribus Indiennes d’Arizona sont opposées au projet.

Oak Flat Campground, zone sauvage protégée, est aussi très visité par les gens qui viennent observer les oiseaux, les campeurs, les randonneurs, etc., qui n’auraient plus accès au site si le terrain était privatisé. Quatre des espèces d’oiseaux vues à Oak Flat sont sur une liste d’espèces en déclin devant être protégées.

La Coalition de Citoyens Préoccupés et de Mineurs Retraités de Superior s’oppose également à l’échange de terres.

Mme Kirkpatrick est Démocrate et était rivale du Républicain Paul Gosar lors de la campagne électorale (ils auraient même échangé quelques noms d’oiseaux et votent rarement dans le même sens au Congrès, cependant, ils travaillent de concert à ce projet dont ils clament qu’il pourrait créer des milliers d’emplois et rapporter des milliards).

Christine Prat

Sources (en anglais) :

http://www.azminingreform.org/content/oak-flat-land-exchange
http://www.azcentral.com/news/politics/articles/20130215gosar-kirkpatrick-resolution-copper-alliance.html?nclick_check=1
http://www.azcommunitypress.org/2012/12/07/oak-flat-land-exchange-threatens-arizona-public-lands/

 

PROTESTEZ CONTRE LA DESTRUCTION DES PICS! ARRETEZ SNOWBOWL ! NE LAISSEZ PLUS FAIRE [IDLE NO MORE] !

Actions du 1er au 9 février 2013
A Flagstaff, Arizona

Publié par Censored News
See original article in English
Traduction Christine Prat

 

Les propriétaires multimillionnaires d’Arizona Snowbowl s’apprêtent à célébrer « 75 ans » de destruction écologique et de génocide culturel. Nous avons l’intention d’y être pour honorer 500 ans de résistance !

Nous n’avons JAMAIS laissé faire […been idle].

En 1983, après des décennies de résistance persistante de la communauté, Snowbowl a été autorisé par une décision du tribunal de développer une station de ski sur un peu plus de 3 km2 des pentes des Pics. Snowbowl prétend avoir 75 ans, mais en fait ils n’exploitent une station de ski que depuis le milieu des années 80. Leur célébration est prématurée, et sert à promouvoir un bluff faisant croire que leur existence est contemporaine aux premiers temps de la fondation de Flagstaff.

Depuis deux ans, les excavatrices de Snowbowl découpent notre Mère, pour étendre les pistes de ski et placer l’infrastructure pour les eaux d’égout recyclées. Depuis, nous ne pouvons ignorer le bruit assourdissant de milliers d’arbres anciens s’écrasant dans la terre déchirée.

Alors, nous avons marché à l’aube et nous sommes enchaînés pour bloquer leurs machines violentes. Nous avons défilé pacifiquement avec des centaines d’amis et de voisins lorsque la police de Flagstaff nous a attaqués sans aucune provocation de notre part (depuis les poursuites ont été abandonnées). Nous avons bloqué la route de Snowbowl et avons subi de nouveau la violence d’état, blessés par leurs marteaux piqueurs et leurs scies à métaux. Près de 50 arrestations ont marqué notre profond engagement à mettre fin à la violence coloniale de l’état et la folie des entreprises rapaces. Nous avons été contraints de le faire pour la protection de cette montagne sacrée, la protection de cette zone alpine sauvage et rare, pour la protection de la santé publique, la protection des animaux dont les Pics sont l’habitat, la protection de la packera franciscana des Pics menacée et la protection de tous ceux qui connaissent leurs liens sacrés avec ces montagnes.

Snowbowl est maintenant la première station de ski au monde à faire de la neige artificielle avec 100% d’eau d’égout traitée. Nous avons perdu temporairement cette bataille face aux attaques du Service des Forêts des Etats-Unis et du soi-disant « système de justice » des Etats-Unis, mais nous pouvons encore arrêter la fabrication de neige et nous le ferons.

Nous invitons tous ceux qui ressentent dans leurs cœurs l’appel à résister, s’opposer et affronter Snowbowl à nous rejoindre dans l’esprit d’Idle No More [Ne nous laissons plus faire]. « Idle No More appelle tous les gens à se rejoindre dans une révolution qui honore et réalise la souveraineté Autochtone qui protège la terre et l’eau ». – www.idlenomore.ca

Nous respectons la diversité des tactiques et encourageons l’organisation fondée sur l’affinité. Nous appelons aussi à d’autres actions aux dates suggérées et en tous autres lieus.

Notre action est notre prière.

 

Voir tous les articles précédents sur la lutte pour les San Francisco Peaks
Voir résumé de l’histoire de la station de ski et de la lutte pour les Pics

 

confluence26-12-2012

 

LE PROJET ‘ESCALADE’ EN TERRITOIRE NAVAJO PRES DU GRAND CANYON SERAIT UNE PROFANATION ET UNE SUREXPLOITATION DE CE SITE SACRÉ

 

AngelaMarieDavis

Par Angela Marie Davis, Diné
Publié par Censored News
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Traduction Christine Prat

27 décembre 2012

 

Ya’at’eeh, Honorable Président du Parlement Navajo Naize et 22ème Conseil de la Nation Navajo,

Je vous écris pour exprimer mon opposition au développement projeté à la Confluence des fleuves Colorado et Petit Colorado sur le bord est du Grand Canyon. Je ne souscris pas à la proposition de Projet Escalade de Confluence Partners LLC, qui comprend une station touristique avec un tramway et télécabine conduisant au fond du canyon, un hôtel, un parc pour caravanes, un « centre culturel » Navajo, des motels et des fast-food. Je vois une certaine ironie dans le fait qu’un « centre culturel » Navajo soit appelé à recouvrir un site sacré pour notre peuple.

Je comprend que les gens de la communauté de Gap/Bodaway ont un besoin urgent de développement économique. Cependant, je pense qu’il y a d’autres moyens de relancer l’économie de la communauté sans compromettre un site extrêmement sacré. Par exemple, construire un canal pour créer un système d’irrigation serait une option viable. Cela pourrait permettre de fournir de l’eau à des communautés qui n’ont pas l’eau courante, à cause de quarante ans de ‘Gel de Bennett’ qui ont bloqué tout développement dans la région.

Je trouve aussi très gênant que la majorité des gens de Gap/Bodaway aient exprimé à de nombreuses reprises leurs objections au développement de la Confluence et que leurs voix aient été ignorées ou censurées par certains représentants élus du Chapitre [administration locale] et par le Représentant de l’état d’Arizona Albert Hale, qui soutient le projet. Je trouve qu’il y a un grossier conflit d’intérêts dans le fait qu’un Représentant d’un état [des Etats-Unis] ait tant de pouvoir pour influencer la décision dans un Chapitre de la Nation Navajo Souveraine.

Un autre aspect gênant de cette proposition est d’avoir divisé notre peuple, allant jusqu’à créer des dissensions au sein de familles, au lieu de construire des relations positives pour unifier et améliorer nos communautés. La rive est du Grand Canyon est sacrée pour tous les membres de notre tribu, pas seulement ceux des Chapitres des environs. Notre Président tribal, Ben Shelly (parmi d’autres), a même qualifié ceux d’autres régions de la réserve qui s’opposent au projet « d’agitateurs de l’extérieur », accroissant par là l’animosité au sein de notre peuple. Les attaques personnelles superflues sont inacceptables et irrespectueuses.

En conclusion, je vous demande instamment de considérer avec le plus grand soin les implications culturelles, sociales et environnementales que ce projet pourrait avoir pour le peuple Navajo. Veuillez, je vous en prie, entendre le plaidoyer de beaucoup de nos Anciens, de l’Association des Hommes Médecine Diné, et de nombreuses organisations de base qui ne veulent pas de ce développement. Faisons que la Confluence reste en dehors de la liste des sites sacrés actuellement profanés, essentiellement par des instances extérieures, tels que les San Francisco Peaks (par Arizona Snowbowl) et Black Mesa. Merci d’avance pour votre temps et l’attention accordée à ma demande. Ah’he’he

[Veuillez agréer, etc.]

Angela Marie Davis
Artiste, écrivain

 

 

MISES EN ACCUSATION AU NIVEAU FEDERAL ET MANDATS D’ARRET CONTRE DES ACTIVISTES AU MOMENT OU LE SERVICE DES FORETS ANNONCE UNE NOUVELLE POLITIQUE POUR LES SITES SACRES

 

POUR PUBLICATION IMMEDIATE
Lundi 10 décembre 2012
Par Indigenous Action
CONTACT : Klee Benally indigenousaction@gmail.com

Publié aussi sur Censored News

See original article in English on Indigenous Action or on Censored News

Traduction Christine Prat

 

Le Service des Forêts National annonce une nouvelle politique des Sites Sacrés au moment même où des défenseurs des Pics de Flagstaff sont mis en accusation au niveau fédéral et sous le coup de mandats d’arrêt
Les activistes décident de se défendre contre ces accusations et de se livrer d’eux-mêmes au Commissaire de la police fédérale

 

De quoi s’agit il : l’activiste défenseur des Pics Klee Benally et d’autres s’attendent à être arrêtés
Quand : Mardi 11 décembre à 8h15 du matin
Où : au Bureau du Commissaire de la police fédérale, 123 N. San Francisco St. Flagstaff, AZ

 

FLAGSTAFF, Arizona – Le jour même où le Ministre de l’Agriculture Tom Vilsack publie un rapport final sur les Sites Sacrés (final report on Sacred Sites ) et un mémorandum interministériel pour la protection des Sites Sacrés, le Service des Forêts de Coconino dépose une plainte devant les autorités fédérales contre quatre défenseurs des Sites Sacrés qui avaient participé à une action de protestation au bureau de Service des Forêts trois mois plus tôt.

Le 21 septembre 2012, plus d’une douzaine de membres de la communauté de Flagstaff ont remis pacifiquement des lettres adressées au Ministère de l’Agriculture US sur sa politique vis-à-vis des sites sacrés. Tandis que des membres de la communauté remettaient les lettres, une « quarantaine » a été théâtralement mise en scène dans le hall d’entrée du bureau du Service de la Forêt Nationale de Coconino pour protester contre le rôle de cette administration dans l’approbation de l’expansion de la station de ski Arizona Snowbowl et de la fabrication de neige artificielle à partir d’eaux usées recyclées sur les Pics Sacrés San Francisco. Plusieurs des participants à la mise en scène théâtrale portaient des costumes blancs et tenaient des rubans jaunes et des banderoles où on pouvait lire « Mettez Snowbowl en quarantaine », « Le Service des Forêts tue la Culture Autochtone, Arrêtez Snowbowl » et « Protégez le Sacré ».

Les quatre manifestants risquent d’être mis en examen pour de multiples infractions pour avoir prétendument dérangé un responsable des Forêts. Les statuts disent que « Menacer, résister, intimider ou déranger un responsable des forêts dans ou à cause de l’exercice de ses fonctions officielles de protection, amélioration ou administration du Système des Forêts National est interdit. »

« Non seulement ces accusations fédérales sont absurdes, mais elles constituent une attaque contre la liberté d’expression » dit Klee Benally, un activiste Diné (Navajo) qui a lutté pour la liberté religieuse des Autochtones et la protection des Pics sacrés depuis plus de 14 ans. « Le fait que le Service des Forêts des Etats-Unis émette ces accusations le jour même où ils publient leur rapport sur la protection des sites sacrés démontre qu’ils n’agissent pas de bonne foi. »

Klee Benally a remis deux lettres au Superviseur des Forêts en exercice Earl Stewart, demandant l’arrêt immédiat de l’expansion de la station de ski et de la fabrication de neige à partir d’eaux usées recyclées sur les San Francisco Peaks. Les lettres étaient adressées au gouvernement Obama et les destinataires étaient : le Ministre de l’Agriculture Tom Vilsack, la Conseillère Principale aux Affaires Tribales Janie Hipp, le Superviseur de la Forêt Nationale de Coconino Earl Stewart, et le Conseiller du Ministre Assistant aux Affaires Indiennes Dion Killsback. Les lettres appelaient à la révocation du Permis d’Utilisation Spéciale de Snowbowl et à la protection des lieus sacrés.

Les lettre attiraient aussi l’attention sur les problèmes de santé publique dus aux contaminants trouvés dans les eaux usées recyclées que Snowbowl a l’intention d’utiliser pour faire de la neige sur le lieu Sacré et demandaient un moratoire sur l’utilisation d’eaux usées traitées, appelées communément eau d’égout recyclée, pour éviter la méfiance, dans les lieus publics.

« Je suis entré dans le bâtiment avec un groupe de gens et j’ai demandé à parler au Superviseur des Forêts Earl Stewart, nous avons eu une conversation cordiale, il a accepté les lettres concernant la politique des sites sacrés, nous nous sommes serré la main à plusieurs reprises. Nous n’avons violé aucune loi. C’est le Service des Forêts qui viole la Loi du Créateur. » dit Benally. « Avec les autres, je me livrerai moi-même au Commissaire de la police fédérale demain matin à 8h15, afin que nous puissions agir pour mettre un terme à cet acte de répression et de vengeance politique contre nous par le Service des Forêts des Etats-Unis. »

Le bureau du Commissaire de police fédérale est situé au 123 N. San Francisco St. Benally et les autres seront probablement arrêtés et présenté à un juge pour être mis en examen à 10h du matin.

D’après la plainte du Service des Forêts les pompiers et l’équipe d’intervention spécialisée dans les substances dangereuses ont été appelés à cause d’un liquide clair répandu sur le sol du hall d’entrée après le départ des manifestants. Un individu non identifié aurait renversé un seau de 20 litres de ce que l’équipe d’intervention a déterminé comme étant de l’eau d’égout traitée.

« Ces accusations sont absurdes ! L’ironie veut que le Service des Forêts a autorisé Snowbowl à déverser plus de 5 500 000 litres par jour d’eau d’égout recyclée sur une faune sauvage alpine rare. Cependant, ils jugent bon d’appeler l’équipe d’intervention quand un seau d’eau d’égout est renversé sur leur carrelage ? Je tiens le Service des Forêts pour responsable de l’empoisonnement environnemental prêt à se produire sur les Pics maintenant » dit un résident de Flagstaff, Evan Hawbaker.

Le 6 décembre 2012, s’adressant à plus de 500 leaders Autochtones à la « Conférence des Nations Tribales à la Maison Blanche », le Ministre Vilsack a rendu public un rapport sur les sites sacrés (sacred sites report ) déclarant, « Ce rapport représente l’assurance du Service des Forêts US et des autres administrations d’être de meilleurs partenaires et d’améliorer la communication au sujet des Sites Sacrés, de mieux protéger ces sites, de fournir une formation à tout le gouvernement pour assurer une meilleure compréhension des relations entre ces sites et les décisions que nous prenons. » Vilsack a ajouté « Bien que nous ayons fait de grands pas pour améliorer les services aux Tribus, il y a encore beaucoup à faire. Le pas que nous faisons aujourd’hui est d’enregistrer officiellement notre rapport sur les Sites Sacrés. »

« Le Président insiste pour que ces Sites Sacrés soient protégés et préservés : traités avec dignité et respect. C’est aussi ce à quoi je m’engage en tant que Ministre de l’Agriculture. Je sais que mes collègues Ministres partagent cet engagement. Nous comprenons l’importance de ces sites et ferons de notre mieux pour assurer qu’ils soient protégés et respectés » dit Vilsack. (Voir, en anglais http://blogs.usda.gov/2012/12/06/secretary-vilsack-addresses-white-house-tribal-nations-conference-unveils-sacred-sites-report/#more-43547)

Texte des lettres remises le 21 septembre, en anglais : http://protectthepeaks.org/protect-the-peaks-letter-to-usda-protect-the-holy-san-francisco-peaks-terminate-snowbowls-special-use-permit-for-higher-public-purpose/
Traduction française d’une des lettres

Rapport sur les sites sacrés (en anglais): http://www.fs.fed.us/spf/tribalrelations/documents/sacredsites/SacredSitesFinalReportDec2012.pdf

Le 21 septembre 2012, des bénévoles de Protect the Peaks et des gens concernés par l’affaire des San Francisco Peaks, se sont rendus au bureau de Flagstaff du Service des Forêts des Etats-Unis afin de remettre la lettre suivante, adressée à Tom Vilsack, ministre de l’agriculture, responsable du Service des Forêts.

Voir ci-dessous la traduction française de cette lettre.

Lire la lettre originale en anglais.

(le New York Times a consacré un article à l’évènement : http://www.nytimes.com/2012/09/27/us/arizona-ski-resorts-sewage-plan-creates-uproar.html )

 

21 septembre 2012

Tom Vilsack
Secretary of Agriculture
U.S. Department of Agriculture
1400 Independence Ave., S.W.
Washington, DC 20250
Email: agsec@usda.gov

CC: Janie Hipp
Senior Adviser for Tribal Affairs USDA
janie.hipp@osec.usda.gov

CC: Earl Stewart
Forest Supervisor, Coconino National Forest

CC: Dion Killsback
Counselor to the Assistant Secretary of Indian Affairs
1849 C Street, NW, MS 4141-MIB, Washington, DC 20240.
consultation@bia.gov

 

Cher Monsieur le Ministre Vilsack,

Nous, soussignés, sommes des parents, des activistes et des citoyens de Flagstaff extrêmement préoccupés par la situation sur les Pics San Francisco, qui est imposée à notre communauté par la firme Arizona Snowbowl. L’expansion de la station de ski entraîne pour les générations futures la perte d’une flore et d’une faune alpines belles et rares.

L’expansion de Snowbowl et la fabrication de neige à partir d’eaux usées constitue une grave profanation de ce site sacré.

En continuant à approuver l’expansion de Snowbowl, le Service des Forêts fait preuve d’une extrême intolérance culturelle vis-à-vis de plus de treize Nations Autochtones qui considèrent les Pics comme sacrés. Le Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis (USDA) et le Service des Forêts continuent à discriminer ces communautés et à ignorer délibérément ces graves impacts en dépit des inquiétudes exprimées dans de nombreuses pétitions, manifestations, poursuites en justice et audiences publiques.

Nous sommes aussi très inquiets au sujet de la menace possible pour la santé de nos enfants, notre eau, et l’environnement local créée par l’écoulement d’eaux usées recyclées, spécialement en de si grandes quantités, que Snowbowl a l’intention de produire pour faire de la neige artificielle dès le mois de novembre de cette année.

Les Pics San Francisco sont une île dans le ciel, abritant une grande variété de plantes et d’animaux, tels que le séneçon de Jacob, qui vit sur la montagne et est menacé. Nous sommes particulièrement concernés par l’abattage d’arbres anciens, qui ne repousseront jamais de notre vivant. Les « pistes de ski » nouvellement dénudées sont d’énormes étendues de terre sans végétation qui pourraient se transformer en coulées de boue dévastatrices pendant la saison des pluies. Nous craignons que la fragmentation et le dérangement de la vie sauvage qui se produit spécialement pendant les travaux de construction et destruction de la forêt ne conduisent à un déclin des populations animales et de la biodiversité sur le site. Ce fragile écosystème de montagne désertique est également visité tout au long de l’année pour des raisons variées, autres que le ski : camping, randonnée, cyclisme, études scientifiques scolaires sur le terrain, entre autres. Ces autres activités entretiennent l’économie locale toute l’année et sont si attrayantes parce que ces terres ne sont pasdéveloppées.

Il a été démontré que l’eau recyclée que Snowbowl compte utiliser pour créer sa « neige » contient des perturbateurs endocriniens et des contaminants qui ne sont même pas encore bien compris par le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ). Ceci a été démontré dans une étude intitulée « Projet d’Examen des Perturbateurs Endocriniens », par le Dr. Cathy Propper, une biologiste de l’Université du Nord de l’Arizona. Une étude encore plus récente par le Dr. Robin Silver de la même eau recyclée actuellement utilisée dans les parcs de la ville et sur les terrains de sport scolaires, a permis de trouver des gènes résistants aux antibiotiques et montre qu’ils se reconstituent et sont plus abondants sur le site d’utilisation. Ceci nous inquiète beaucoup, pour les enfants, les malades, les personnes âgées et d’autres dont le système immunitaire est affaibli, qui pourraient jouer dans cette « neige » ou consommer ce composé toxique. L’eau recyclée endommagera également la nappe aquifère et diminuera continuellement la qualité et la sécurité de notre eau potable. Certains prétendent que cette eau est sûre, mais alors, pourquoi y a-t-il des pancartes en ville appelant à ne pas consommer cette eau ? Et si elle est sûre, pourquoi faire de la neige avec alors que Flagstaff manquera d’eau d’ici une décennie ? Il est de plus en plus évident que les motifs sont strictement économiques, et que priorité est donnée au tourisme et au sport, avant la santé et l’équilibre social des communautés. Alors que la Section de Chimie de l’Université du Nord de l’Arizona (NAU) soutient publiquement l’eau recyclée, John Wettaw, un professeur de chimie et ancien Sénateur d’Arizona, entretient des relations privées avec l’un des propriétaires de Snowbowl, ce qui nous conduit à penser que leur opinion est biaisée.

Enfin, et ce n’est certainement pas le moins important, nous sommes très inquiets quant à la façon dont Snowbowl manque de respect aux convictions religieuses et culturelles de ceux qui tiennent les Pics San Francisco pour sacrés. Il est révoltant de voir comment ils ont été autorisés à faire valoir leurs intérêts commerciaux au dessus de l’importance culturelle, religieuse et historique de cette montagne. Il est répugnant de voir comment certaines religions sont considérées comme plus valables que d’autres (c’est comme si quelqu’un mélangeait de l’eau d’égouts à l’eau bénite du Vatican, mais c’est justement ce qu’essaie de faire Snowbowl en mettant ces eaux usées mal évaluées sur les Pics). Ce problème a divisé notre communauté et a été très douloureux pour les membres des Nations Autochtones qui vivent ici et définissent largement le caractère du Nord de l’Arizona.

Nous vous demandons instamment de faire quelque chose pour changer cette situation immédiatement, en désignant les Pics San Francisco comme Propriété Culturelle Traditionnelle. La Section VIII (A) du Permis d’Utilisation Spécial – délivré à Snowbowl – est intitulée « Révocation pour un Intérêt Publique Supérieur ». Elle garantie que « si l’intérêt publique nécessite la révocation » le Ministre de l’Agriculture peut révoquer le permis et ne payer que pour les améliorations. Comment se fait-il que l’intégrité culturelle de plus de treize Nations Autochtones ne soit pas considérée comme intérêt publique supérieur ? Cette question n’est pas rhétorique : nous demandons une réponse du Service des Forêts des Etats-Unis afin de savoir pourquoi ils continuent à marginaliser les droits de l’homme en perpétuant un racisme flagrant.

Nous proposons ici des alternatives pour mettre un terme à ce qui se passe sur les Pics San Francisco et dans notre communauté :

– Amender le Permis d’Utilisation Spécial, pour en exclure la fabrication de neige à partir d’eaux usées, sur la base de nombreuses études qui ont montré qu’elle pouvait être risquée pour les humains et les écosystèmes fragiles.

– Créer une nouvelle législation ou amender l’actuelle pour garantir la protection des sites sacrés et la liberté religieuse des Peuples Autochtones.

Empêchez Arizona Snowbowl de profaner notre environnement, la santé et la communauté pour satisfaire la voracité d’un petit groupe de privilégiés ; garantissez les droits de l’homme pour tous les peuples ! Gardez nos terres publiques effectivement publiques.

Sincères salutations,

Les Bénévoles de Protect the Peaks.

 

Vidéo de l’action du 21 septembre 2012:

 

Par « Under the Concrete », site tenu par une personne – universitaire – qui réside actuellement à Tucson et a beaucoup écrit sur l’affaire des Pics San Francisco
Original article in English

Traduction Christine Prat

26 juillet 2012

Lorsque l’avocat Howard Shanker a deposé une plainte contre le Service des Forêts des Etats-Unis en 2010, il n’aurait jamais pu imaginer que les choses tourneraient ainsi. Non seulement les questions de fond de l’affaire ont été quasiment ignorées pendant toute la procédure, mais un jury de trois juges nommés de la Cour du 9ème Circuit tient M. Shanker pour personnellement responsable financièrement de quelques dépenses occasionnées à la firme Snowbowl dans cette affaire.

« Cette situation est inimaginable » dit M. Shanker à propos des sanctions prises contre lui. Il n’y a rien dans le dossier pour soutenir de telles allégations contre moi. Le jury et les avocats de Snowbowl m’ont accusé de toutes sortes de manquements à une conduite professionnelle. C’est scandaleux. Si les juges n’avaient pas l’immunité, je les poursuivrais pour calomnie ou responsabilité. »

Le jour où M. Shanker a déposé sa réponse à la demande préemptive de Snowbowl que la Cour lui ordonne de payer plus de 32 000 dollars, il a expliqué comment on en était arrivé là.

En 2005, apprenant que la Forêt Nationale de Coconino approuvait la fabrication de neige artificielle à la station de ski Arizona Snowbowl, plusieurs tribus et des groupes écologistes ont demandé le soutien gratuit de M. Shanker. Ils ont déposé une plainte contre le Service des Forêts des Etats-Unis, arguant que l’utilisation d’eaux usées recyclées violait leur liberté religieuse. « La cour inférieure a jugé contre nous sur tous les points », dit M. Shanker « alors nous sommes allés en appel. »

L’année suivante, un jury de trois juges du 9ème Circuit a jugé en faveur de M. Shanker et des tribus, affirmant qu’Arizona Snowbowl ne pouvait pas utiliser des eaux usées recyclées pour faire de la neige artificielle. « Nous avons gagné aussi bien sur le plan religieux que culturel et nous avons aussi gagné sur la question de la conformité à la Loi sur la Politique Environnementale Nationale [NEPA, National Environmental Policy Act – NdT], étant donné que le Service des Forêts n’avait pas suffisamment pris en compte la possibilité d’ingestion humaine d’eau d’égout dans leur Avis d’Impact Environnemental. »

En octobre 2007, la Cour d’Appel du 9ème Circuit a accordé au Ministère de la Justice et à Snowbowl le droit de faire appel en session plénière. « Çà s’est passé devant un jury de 11 juges et la décision a été de 8 contre 3, suivant une ligne de fracture politique, je pense – 8 Républicains [nommés par les présidents Nixon, Reagan ou Bush] ont voté contre nous, et 3 Démocrates [nommés par les présidents Kennedy, Carter ou Clinton] en notre faveur – la majorité Républicaine ayant jugé qu’il n’y avait pas d’obstacles significatifs à la pratique de la religion » a expliqué M. Shanker à propos de la décision d’août 2008 autorisant Snowbowl à faire de la neige à partir d’eaux usées recyclées. « Ainsi, ils sont totalement revenus sur la décision concernant les questions religieuses et culturelles. Mais sur la question de ‘possible ingestion’ cependant, ils ont jugé qu’elle n’avait pas été soulevée convenablement devant la cour inférieure. Donc la question restait ouverte et n’avait jamais été jugée sur le fond, selon ce jury en session plénière. »

En janvier 2009, les tribus se sont adressées à la Cour Suprême des Etats-Unis. En juin de cette même année, la Cour Suprême a fait savoir qu’elle « n’entendrait pas » l’affaire, confirmant ainsi la décision de la session plénière de la Cour du 9ème Circuit de 2008.

Mais il restait la question non résolue du non-respect de la Loi sur la Politique Environnementale, une plainte sur laquelle le premier jury de trois juges avait fourni une analyse approfondie mais que le Service des Forêts n’avait pas vérifiée dans sa Déclaration d’Impact Environnemental. Et si des gens avalaient de la neige artificielle ? Bien sûr, des skieurs tomberaient face en avant dedans et des enfants seraient tentés de manger de la neige, sans se rendre compte qu’elle est faite d’eau d’égout recyclée. Que leur arriverait-il ? Quel taux d’exposition est considéré sans danger ? Rien dans l’Etude d’Impact Environnemental ne fournit des données chiffrées en réponse à cet argument sérieux, comme le ferait toute étude scientifique digne de ce nom.

Dans Flagstaff, des panneaux préviennent contre des contacts directs avec l’eau recyclée. Pendant les mois où il y a du vent, on a appris récemment que les ouvriers qui arrosent les chantiers avec de l’eau recyclée pour retenir la poussière devaient avoir régulièrement des injections contre l’hépatite B comme précaution contre une éventuelle contamination. Quels sont les effets d’une telle exposition pour les skieurs, pour les ouvriers ? Il n’y a pas de réponse à ces questions parce que le Service des Forêts n’a pas suivi la procédure exigée par la Loi sur la Politique Nationale Environnementale pour répondre à ces questions.

M. Shanker a expliqué que, concernant cette question toujours ouverte, « la Coalition Save the Peaks et 9 citoyens se sentant concernés qui n’étaient pas des parties dans l’affaire impliquant la Nation Navajo, ont pris contact avec moi en déclarant vouloir poursuivre sur cette question ». Ainsi, en 2010, une autre plainte a été déposée, au nom d’autres parties. « La plainte était tellement justifiée ; tout ce qu’il y avait, c’était la décision de ce jury de trois juges disant que le Service des Forêts n’avait pas considéré ce problème de manière adéquate ; la question était non résolue sur le fond », dit M. Shanker. « Donc nous l’avons ramenée devant la cour de district et j’ai supposé que ce ne serait pas difficile ; je pensais que nous allions gagner facilement. »

Au lieu d’approfondir les détails de la plainte de M. Shanker pour non-conformité à la Loi sur la Politique Environnementale Nationale, l’affaire a été rejeté sans véritable discussion. Une cour de district s’est prononcée contre lui suivant la doctrine dite de laches, une règle de procédure qui peut déclarer qu’une des parties « s’est endormie sur ses droits » ou ne s’en est pas réclamée à temps. « Donc, j’ai été choqué par le résultat. Donc, nous avons fait appel, présumant que nous gagnerions sur le fond, ainsi que sur la doctrine de laches, et nous nous sommes retrouvés devant ce jury hostile. »

En janvier de cette année, le jury de trois juges – tous nommés par Nixon, Reagan ou Bush – ont choisi d’ignorer le fond de la plainte de M. Shanker sur le non respect de la Loi sur la Politique Environnementale Nationale et ont continué à faire valoir des questions de procédure. Lorsqu’il a souligné que la plainte de l’affaire de la Nation Navajo n’avait pas été résolue, il s’est vu répondre que cette affaire « n’existait plus ». « Ce qu’ils disent, et qui est erroné, c’est que le jury en session plénière a liquidé l’affaire. Cependant, le traitement de l’affaire en session plénière n’implique pas l’automoatice vacatour [c’est du Latin – NdT], le jury en session plénière a simplement indiqué que la décision ultérieure ne pouvait être invoquée comme un précédent » a ajouté M. Shanker. « Mais elle pouvait cependant être discutée à titre informatif. C’est-à-dire que la cour ne peut pas faire croire qu’elle n’a jamais existé. »

Le Juge Milan D. Smith Jr. a exprimé son opinion dans le document rendant la décision du jury en février, en écrivant que M. Shanker « avait grossièrement abusé du système judiciaire » en soutenant cette deuxième plainte contre la station de ski, après avoir perdu une affaire « quasiment identique » pour le compte d’un autre client ; ceci bien que la plainte pour non-conformité à la Loi Environnementale n’ait jamais été complètement traitée par le jury en session plénière.

« C’est extrêmement frustrant. J’étais plutôt cynique autrefois, mais maintenant notre système judiciaire est de toute évidence détruit. Enfin, vous avez exactement la même loi et les mêmes faits, et un jugement en notre faveur précédemment par un jury de trois juges et maintenant ils jugent contre sur le fond et m’accusent d’abuser du système judiciaire » ajoute M. Shanker. « Çà n’a pas de sens. »

Lorsque M. Shanker a demandé une révision de l’affaire, sa demande a été rejetée par le même juge qui avait décidé de renverser la décision du 9ème Circuit de 2006 – le Juge Principal Alex Kosinski, nommé dans les années Reagan. Ensuite, les avocats de Snowbowl ont utilisé les mots de la décision du Juge Smith pour demander à la cour de prendre des sanctions contre M. Shanker et les plaignants, réclamant au départ 280 000 dollars. Emettant son opinion sur cette demande, le Juge Smith est même allé plus loin, accusant non seulement M. Shanker de « mauvaise foi » et d’abus du système judiciaire, mais aussi de « tromper ses clients. »

« Ils ont fondé leur demande de sanctions sur le langage employé par le jury » dit M. Shanker. « Il y a ces deux avis du 9ème Circuit qui ont été publiés et qui disent que ‘ j’ai grossièrement abusé du système judiciaire.’ Smith et les deux autres juges membres du jury ont attaqué ma crédibilité et mon professionnalisme sans fondement. Il n’y a rien dans le dossier d’appel ni dans les faits retenus par la cour inférieure qui justifie ces accusations inexactes sorties pour la première fois par un jury composé de juges ».

M. Shanker trouve curieux que la firme Snowbowl demande des sanctions, vu qu’ils étaient représentés en tant qu’ « intervenants privés » dans l’affaire. « Ainsi, la cour me juge ‘de mauvaise foi’ essentiellement parce que nous essayions d’obliger le Gouvernement Fédéral à respecter une loi fédérale. Nous n’avons jamais poursuivi Snowbowl, » dit Shanker. « Ils ont déposé des requêtes afin d’intervenir dans l’affaire comme accusé. Ils voulaient être impliqués dans l’affaire. Ce qui arrive est tout à fait remarquable. »

Amicus Curiae est une expression latine qui signifie « ami de la cour ». Un Amicus Brief est un document légal préparé par des individus ou des groupes d’individus qui, bien que n’étant pas partie dans une affaire, ont un intérêt ou un point de vue important sur le sujet d’une décision de justice. »

Un tel document a été déposé le 16 juillet pour soutenir M. Shanker, avocat non rémunéré de la Coalition Save the Peaks. Le document a été déposé au nom de l’avocat des consommateurs et critique social Ralph Nader, des professeurs de droit de l’Université de l’Etat d’Arizona Myles V. Link et Gary Marchant, de l’Association pour les Affaires des Indiens d’Amérique, de la Fondation pour les Droits des Autochtones Américains, de l’Alliance des Femmes pour la Terre, de l’Institut Morning Star et du Centre pour la Diversité Biologique. Pour de nombreuses raisons décrites dans le document, les signataires de l’Amicus Brief soutiennent l’appel de M. Shanker contre la décision de la cour.

Le sentiment qui prévaut parmi ceux qui soutiennent l’appel de Shanker est l’inquiétude que de telles actions de la cour, intentionnelles ou non, pourraient décourager les juristes d’intervenir dans des affaires similaires, politiquement sensibles, concernant l’environnement et les droits de l’homme. Comme M. Marchant le souligne, cette implication n’a rien à voir avec le fond de l’affaire. « Tout en ne prenant pas parti sur le fond de l’affaire … prendre des sanctions découragerait les avocats de défendre des affaires sujettes à controverse concernant la politique publique, et serait un obstacle au rôle important des cours de justice d’offrir un forum publique pour entendre et résoudre de tels problèmes. »

Des groupes comme la Fondation pour les Droits des Autochtones (NARF) craignent que des sanctions contre M. Shanker aient des conséquences sur leurs activités, que de tenir des avocats non rémunérés comme Shanker pour responsable personnellement des coûts de Snowbowl « pourraient affecter gravement et négativement les capacités de NARF de défendre des affaires particulièrement difficiles ou impopulaires. » De même, l’Institut Morning Star « craint que des sanctions contre l’avocat dans cette affaire tuent l’enthousiasme d’autres avocats dont l’aide est demandé pour des tribus, des nations, des pueblos et autres Amérindiens qui n’ont pas d’autres moyens de chercher à obtenir justice. »

Le soutien exprimé par les signataires de l’Amicus Brief fait écho aux inquiétudes de beaucoup de gens qui ont été choqué en apprenant que des sanctions avaient été demandées contre M. Shanker. Ainsi, Bennet Kelley a écrit dans le Huffington Post, « Imaginez une Amérique dans laquelle les avocats n’oseraient plus s’en prendre aux plus puissants, quelques soient leurs crimes, de peur d’être totalement ruinés. Plus de Thurgood Marshalls, plus de Ralph Nader, plus de Howard Shanker. »

« Le message envoyé par la Cour du 9ème Circuit est clair » écrit Stephen Brittle, président de Don’t Waste Arizona [Ne Dilapidez Pas l’Arizona]. « Si vous vous souciez de l’environnement ; si vous voulez protéger les sites sacrés des Amérindiens ; ou si vous voulez simplement vous assurer que le gouvernement fédéral respecte ses propres obligations vis-à-vis de l’environnement, allez vous faire voir. Vous n’êtes pas les bienvenus au 9ème Circuit. Vous n’avez pas droit à un procès juste. »

SAUVEZ LES PICS : UNE COUR D’APPEL FEDERALE ATTAQUE L’AVOCAT DES PLAIGNANTS

Par Stephen Brittle
Président de « Don’t Waste Arizona »

Original article in English publié par Censored News le 26 juin 2012

Traduction Christine Prat

 

25 JUIN 2012 : LE 21 JUIN, LA COUR DU 9ÈME CIRCUIT A PRONONCÉ CE QUI EST ESSENTIELLEMENT UN JUGEMENT-BAILLON CONTRE MONSIEUR TOUT-LE-MONDE

Le message de la Cour d’Appel du 9ème Circuit est clair : si vous vous préoccupez de l’environnement ; si vous voulez protéger les sites sacrés Amérindiens ; ou même si vous voulez simplement vous assurer que le gouvernement fédéral se soumet à ses propres obligations environnementales, allez vous faire voir. Vous n’êtes pas le bienvenu à la Cour du 9ème Circuit.

Comme l’explique Gary Marchant – Professeur de Technologies Emergentes, Droit et Ethique à la Faculté de Droit Sandra Day O’Connor de l’Université de l’Etat d’Arizona – « il ne fait pas de doute que [l’affaire des San Francisco Peaks présente] une série d’arguments valables qu’il était possible de juger dans un sens ou dans l’autre, et il est donc parfaitement clair que des sanctions ne seraient pas appropriées. » Le Professeur Marchant ajoute qu’ « appliquer des sanctions dans une telle affaire aurait un effet paralysant pour les avocats amenés à défendre des questions controversées mettant en jeu d’importants intérêts publiques de tout ordre. »

Ce qui s’est passé :

Récemment un jury du 9ème Circuit composé de trois juges a imposé des sanctions à un avocat défendant gratuitement la Coalition Sauvez les Pics. Dans un avis émis le 21 juin 2012, les Juges du 9ème Circuit J. Clifford Wallace, John T. Noonan et Milan D. Smith jr., ont affirmé que l’avocat spécialisé dans les droits de l’environnement et des Indiens Howard Shanker avait « agi de mauvaise foi », « grossièrement abusé de la procédure judiciaire » et « trompé ses clients ». En conséquence, d’après le 9ème Circuit, Shanker doit payer personnellement tous les coûts occasionnés à Snowbowl Resorts Limited Partnership. Là est cependant le problème. La seule chose dont Shanker est coupable est d’avoir assuré gratuitement et avec compétence la représentation des ses clients dans une affaire d’importance publique et chargée politiquement.

Rien dans le dossier ne fournit une base quelconque pour indiquer de la mauvaise foi ou un abus, rien non plus n’indique une conduite contraire à l’éthique ou au professionnalisme de la part de Shanker. En fait, l’avis de la Cour est vide de toute référence à une conduite spécifique au cours de cette affaire qui pourrait donner lieu à une sanction. De plus, les clients de Shanker affirment catégoriquement qu’il ne les a jamais trompés sur quoique ce soit – cette allégation ayant apparu pour la toute première fois dans l’avis de la Cour du 9ème Circuit en session plénière.

Les juges sont supposés être des arbitres neutres de la Loi. Ici, cependant, les Juges Wallace, Noonan et Smith attaquent la crédibilité et la réputation de Shanker et lui imposent des sanctions pour avoir porté une affaire en justice, simplement parce qu’il se trouve être en désaccord avec leur tendance idéologique et politique. Plus récemment, le Juge Smith, celui qui a rédigé l’avis sur Sauvez les Pics, s’est livré à une tirade politique dans une affaire opposant la Tribu Karuk de Californie au Service des Forêts US, tirade dans laquelle il attaquait l’application des lois sur l’environnement comme étant mauvaise pour le business. Mais c’était juste un avis discordant. Smith n’avait pas la majorité politique pour lui dans l’affaire des Karuk comme il l’avait dans le cas de Sauvez les Pics.

L’effet paralysant que l’affaire de la Coalition Sauvez les Pics pourrait avoir sur tout avocat qui aurait pu vouloir défendre une communauté, une organisation écologiste ou même une Tribu Amérindienne, ne peut être sous-estimé.

Le message est clair : amenez-nous une affaire avec laquelle nous ne sommes pas d’accord et nous nous prononcerons contre vous, nous attaquerons votre crédibilité et vous imposerons des sanctions – sans tenir compte des faits ou de la loi. Apparemment, les cours fédérales n’ont même plus besoin d’essayer de garder une façade d’impartialité.

Shanker a indiqué qu’il avait l’intention de déposer une requête en révision devant la Cour du 9ème Circuit. Cependant, de telles requêtes sont discrétionnaires et très rarement accordées.

La seule leçon que l’on peut tirer de cette affaire est qu’une bonne action ne reste jamais impunie. Que cela serve d’avertissement aux avocats – s’il en reste encore – qui veulent protéger l’environnement, l’intégrité des droits et des sites sacrés des Amérindiens, et que se sentent obligés de défendre l’intérêt publique plutôt que les gains économiques à court terme de quelques uns, surtout si un avocat est prêt à travailler gratuitement.

Selon le 9ème Circuit, dorénavant des avocats aussi mal inspirés seront punis pour leur volonté de résister à la machine judiciaire et de remettre en cause le status quo – et que la loi et les faits aillent au diable.