Original article in English: Indigenous Action Media and Censored News
Par Protect The Peaks
Censored News
Traduction Christine Prat
28 juin 2012
FLAGSTAFF, Arizona – Klee Benally, Diné (Navajo), a été condamné par le Juge Howard Grodman, de la Cour de Justice de Coconino, a effectuer un travail d’intérêt général pour son action de prière de résistance à la profanation des Pics Sacrés San Francisco.
Klee avait entrepris son action le 13 août 2011 pour protester contre l’abattage de 30 hectares de forêt alpine rare et la pose de 24 km de tuyaux pour le transport d’eaux usées par la station de ski Arizona Snowbowl, dans le cadre d’un projet soutenu par le Service des Forêts US et la Ville de Flagstaff de faire de la neige artificielle à partir d’eau d’égouts sur les Pics, considérés comme sacrés par plus de 13 Nations Autochtones.
Le procureur avait demandé 12 mois de probation, des restrictions interdisant à Klee de se rendre sur la route de Snowbowl, et un travail d’intérêt général. L’avocat de la défense, Matt Brown de Brown & Little, P.L.C., a plaidé pour Klee.
Durant l’audience au cours de laquelle la peine devait être prononcée, Klee a répondu que l’empêcher de se rendre sur les Pics, y compris la route de Snowbowl, constituerait un « obstacle excessif » à sa liberté religieuse.
Le Juge Grodman a déclaré « je pense que vos raisons pour protester étaient authentiques et sincères », puis il a proposé à Klee l’option d’effectuer un travail d’intérêt général en tant qu’assistant à l’Université du Nord de l’Arizona, pour un cours intitulé « Recherche en matière de Droits de l’Homme. »
« Si vous acceptiez de participer à ce cours et d’y servir d’assistant, je pense que vous auriez beaucoup à apporter aux étudiants, et cela constituerait la totalité de la peine que je vous infligerais » dit le Juge Grodman.
En prononçant la peine, le Juge a indiqué qu’il ignorait, jusqu’il y a peu, que Klee était l’auteur du documentaire « The Snowbowl Effect ». Le Juge Grodman a déclaré qu’il avait utilisé ce film dans un cours qu’il donnait il y a queques années.
Klee a aussi reçu l’ordre de rembourser un montant de 99,24 dollars à Arizona Snowbowl, en compensation des salaires des ouvriers sur le chantier, qui d’après Snowbowl auraient été « perdus » à cause de l’action de Klee.
« Comment pourrais-je être ‘par effraction’ sur ce site qui est si sacré pour moi ? C’est mon église. Ce sont le Service des Forêts et Snowbowl qui violent les droits de l’homme et la liberté religieuse en profanant cette montagne sacrée… » avait dit Klee dans une déclaration précédente, « Leurs actes vont bien au-delà du ‘trouble à l’ordre’ ». « Cette expérience éclaire ce à quoi mes ancêtres, et tous ceux qui m’ont précédé dans la lutte pour la justice et la dignité, ont dû faire face. Cette expérience ne peut être isolée du contexte plus vaste de 500 ans d’agression coloniale. Nos modes de vie ont été attaqués par ce système de ‘justice’, par le Service des Forêts et par tous ceux qui placent l’argent au-dessus de la vie et de l’intégrité de l’environnement ».
« Les Peuples Autochtones des Etats-Unis n’ont aucune garantie quant à la protection de notre liberté religieuse. Quand notre spiritualité et notre survie culturelle sont menacées, quel choix avons-nous, à part résister ? Si le Congrès et le gouvernement Obama n’agissent pas immédiatement pour trouver des solutions à ce problème critique, de plus en plus de gens feront barrage de leurs corps devant les machines de destruction de Snowbowl » dit Klee.
En août 2011, la Tribu Havasupai, Klee Benally, et le Conseil International du Traité Indien ont déposé une Plainte en Action Urgente/Avertissement auprès du Comité des Nations Unies pour l’Elimination de toute Discrimination Raciale (CERD), concernant la profanation des Pics Sacrés San Francisco. Le Président du CERD, Alexei Avtonomov a réagi à la plainte dans une lettre adressée aux Etats-Unis en mars 2012, comme suit : « Le Comité demande des informations sur les mesures concrètes prises pour assurer que le caractère sacré [des Pics San Francisco] pour les peuples autochtones est respecté, y compris la suspension du permis accordé à Arizona Snowbowl, que les peuples autochtones seront consultés et que leurs inquiétudes et leurs traditions religieuses seront prises en compte ».
Depuis le 16 juin 2011, près de 30 personnes ont été arrêtées pendant des manifestations et autres actions s’opposant à la profanation et à l’écocide perpétré par Snowbowl sur les Pics Sacrés. La plupart ont accepté des arrangements proposés par les procureurs, aboutissant essentiellement à des travaux d’intérêt général, 8 personnes attendent toujours le verdict.
Dans une déclaration précédente Klee a affirmé : « La lutte pour protéger Dooko’osliid (Pics San Francisco) continue, nous devons défendre nos modes de vie et la loi de la nature. Tant que nos cœurs battrons avec la conviction que nos actions sont pour les générations futures et la survie culturelle, cette lutte ne sera pas terminée ».
SAUVEZ LES PICS : UNE COUR D’APPEL FEDERALE ATTAQUE L’AVOCAT DES PLAIGNANTS
Par Stephen Brittle
Président de « Don’t Waste Arizona »
Original article in English publié par Censored News le 26 juin 2012
Traduction Christine Prat
25 JUIN 2012 : LE 21 JUIN, LA COUR DU 9ÈME CIRCUIT A PRONONCÉ CE QUI EST ESSENTIELLEMENT UN JUGEMENT-BAILLON CONTRE MONSIEUR TOUT-LE-MONDE
Le message de la Cour d’Appel du 9ème Circuit est clair : si vous vous préoccupez de l’environnement ; si vous voulez protéger les sites sacrés Amérindiens ; ou même si vous voulez simplement vous assurer que le gouvernement fédéral se soumet à ses propres obligations environnementales, allez vous faire voir. Vous n’êtes pas le bienvenu à la Cour du 9ème Circuit.
Comme l’explique Gary Marchant – Professeur de Technologies Emergentes, Droit et Ethique à la Faculté de Droit Sandra Day O’Connor de l’Université de l’Etat d’Arizona – « il ne fait pas de doute que [l’affaire des San Francisco Peaks présente] une série d’arguments valables qu’il était possible de juger dans un sens ou dans l’autre, et il est donc parfaitement clair que des sanctions ne seraient pas appropriées. » Le Professeur Marchant ajoute qu’ « appliquer des sanctions dans une telle affaire aurait un effet paralysant pour les avocats amenés à défendre des questions controversées mettant en jeu d’importants intérêts publiques de tout ordre. »
Ce qui s’est passé :
Récemment un jury du 9ème Circuit composé de trois juges a imposé des sanctions à un avocat défendant gratuitement la Coalition Sauvez les Pics. Dans un avis émis le 21 juin 2012, les Juges du 9ème Circuit J. Clifford Wallace, John T. Noonan et Milan D. Smith jr., ont affirmé que l’avocat spécialisé dans les droits de l’environnement et des Indiens Howard Shanker avait « agi de mauvaise foi », « grossièrement abusé de la procédure judiciaire » et « trompé ses clients ». En conséquence, d’après le 9ème Circuit, Shanker doit payer personnellement tous les coûts occasionnés à Snowbowl Resorts Limited Partnership. Là est cependant le problème. La seule chose dont Shanker est coupable est d’avoir assuré gratuitement et avec compétence la représentation des ses clients dans une affaire d’importance publique et chargée politiquement.
Rien dans le dossier ne fournit une base quelconque pour indiquer de la mauvaise foi ou un abus, rien non plus n’indique une conduite contraire à l’éthique ou au professionnalisme de la part de Shanker. En fait, l’avis de la Cour est vide de toute référence à une conduite spécifique au cours de cette affaire qui pourrait donner lieu à une sanction. De plus, les clients de Shanker affirment catégoriquement qu’il ne les a jamais trompés sur quoique ce soit – cette allégation ayant apparu pour la toute première fois dans l’avis de la Cour du 9ème Circuit en session plénière.
Les juges sont supposés être des arbitres neutres de la Loi. Ici, cependant, les Juges Wallace, Noonan et Smith attaquent la crédibilité et la réputation de Shanker et lui imposent des sanctions pour avoir porté une affaire en justice, simplement parce qu’il se trouve être en désaccord avec leur tendance idéologique et politique. Plus récemment, le Juge Smith, celui qui a rédigé l’avis sur Sauvez les Pics, s’est livré à une tirade politique dans une affaire opposant la Tribu Karuk de Californie au Service des Forêts US, tirade dans laquelle il attaquait l’application des lois sur l’environnement comme étant mauvaise pour le business. Mais c’était juste un avis discordant. Smith n’avait pas la majorité politique pour lui dans l’affaire des Karuk comme il l’avait dans le cas de Sauvez les Pics.
L’effet paralysant que l’affaire de la Coalition Sauvez les Pics pourrait avoir sur tout avocat qui aurait pu vouloir défendre une communauté, une organisation écologiste ou même une Tribu Amérindienne, ne peut être sous-estimé.
Le message est clair : amenez-nous une affaire avec laquelle nous ne sommes pas d’accord et nous nous prononcerons contre vous, nous attaquerons votre crédibilité et vous imposerons des sanctions – sans tenir compte des faits ou de la loi. Apparemment, les cours fédérales n’ont même plus besoin d’essayer de garder une façade d’impartialité.
Shanker a indiqué qu’il avait l’intention de déposer une requête en révision devant la Cour du 9ème Circuit. Cependant, de telles requêtes sont discrétionnaires et très rarement accordées.
La seule leçon que l’on peut tirer de cette affaire est qu’une bonne action ne reste jamais impunie. Que cela serve d’avertissement aux avocats – s’il en reste encore – qui veulent protéger l’environnement, l’intégrité des droits et des sites sacrés des Amérindiens, et que se sentent obligés de défendre l’intérêt publique plutôt que les gains économiques à court terme de quelques uns, surtout si un avocat est prêt à travailler gratuitement.
Selon le 9ème Circuit, dorénavant des avocats aussi mal inspirés seront punis pour leur volonté de résister à la machine judiciaire et de remettre en cause le status quo – et que la loi et les faits aillent au diable.