L’UNION AMERICAINE POUR LES LIBERTES CIVILES SE FOURVOIE EN DEFENDANT LES REDSKINS

Par Andrew Curley, Diné [Navajo]
Publié sur Indigenous Action Media
26 mars 2015

Le 6 mars 2015, l’Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU) a officiellement pris parti pour les Washington Redsk*ns [le nom de l’équipe de football américain de Washington : « Redskins » c’est-à-dire Peaux-Rouges, l’auteur met un astérisque pour souligner que pour eux il s’agit d’un gros mot – NdT] en ce qui concerne leur droit de conserver le nom offensant de l’équipe. Elle a non seulement publié un communiqué de presse déclarant que les Redsk*ns étaient dans leur bon droit, mais elle a même déposé un mémoire amicus curiae [d’après la loi américaine, des personnes peuvent être entendues à un procès sans statut de témoin ou autre, à titre d’information – NdT] aux côtés de la compagnie pesant 1,6 milliard de dollars, dans un procès en appel contre cinq activistes Amérindiens qui avaient attaqué le nom des Redsk*ns devant l’Organisation américaine des Patentes et du Commerce.

L’ACLU a embrouillé la question du mouvement pour Changer le Nom et en a fait une affaire relevant du Premier Amendement [qui garantit la liberté d’expression – NdT] alors qu’il s’agit en fait d’un problème de droits de l’homme. Ils ont faussement prétendu que le gouvernement piétinait la liberté d’expression, alors qu’en fait, le Bureau des Patentes et du Commerce utilisait l’autorité qui lui a été donnée par le Congrès de refuser le droit de patenter des choses offensantes ou obscènes. Il remplissait aussi dans une faible mesure l’obligation du gouvernement américain de protéger les droits humains des peuples Autochtones.

Mais l’ACLU émet des objections contre la capacité du gouvernement de réguler la « décence » des marques commerciales. Ceci limite les enjeux de l’affaire, de la protection des droits humains des peuples Autochtones à une question ramenée sur le même plan que la diffusion de jurons ou de défaillances vestimentaires.

Dans l’affaire Pro-Football Inc. contre Amanda Blackhorse et les autres, l’ACLU défend la déresponsabilisation et la déshumanisation des peuples Autochtones en tant que droit inattaquable de Pro-Football Inc., la compagnie propriétaire de l’équipe des Washington Redsk*ns. Même si c’est mal, c’est leur droit d’avoir tort, affirme l’ACLU. Ceci place l’affaire d’emblée dans le domaine de la liberté d’expression. Mais les gens de l’ACLU ignorent la gravité de la question et le fait que ce n’est absolument pas une question de liberté d’expression.

Quand un peuple est systématiquement visé et déshumanisé, comme c’est clairement le cas quand on appelle les Amérindiens des « Peaux-R*uges », c’est comparable à la propagande Nazi contre les Juifs. Au tribunal de Nuremberg, des procureurs américains ont clairement lié les médias Nazi aux crimes de guerre. Mais ils ne se sont jamais penchés sur ce qui se passait aux Etats-Unis. Dans notre cas, le terme « Peaux-R*uges » a une longue histoire de déshumanisation des Autochtones. Cette déshumanisation est liée au vol, aux punitions collectives et à la violence contre les peuples Autochtones du continent. Bref, le terme Peaux-R*uges et la violence d’état sont intimement liés.

Mais pour l’ACLU, refuser à Pro-Football Inc. sa marque raciste est la même chose qu’une interdiction de parler. L’ACLU met en garde contre la limitation de la liberté d’expression par « le gouvernement » sous la forme de la révocation par le Bureau des Patentes et des Marques Commerciales (PTO) de la marque déposée de l’équipe, à cause de son caractère offensant. L’ACLU ramène la déposition de marques à la liberté d’expression et le rejet d’une patente par le PTO à de la coercition. C’est un saut logique énorme de la part de l’ACLU et une dénégation du véritable héritage de violence exercée contre les peuples Autochtones.

Dans leur mémoire amicus curiae, ils citent une affaire de 1950 et suggèrent que « dans certaines circonstances, des ‘découragements’ indirects’ » tels que le refus d’une patente, « ont le même effet coercitif que « des peines de prison, des amendes ou des injonctions. » Autrement dit, des désavantages financiers indirects dans l’exercice de l’expression par l’intermédiaire de n’importe quelle institution gouvernementale, que ce soit la police qui confisque votre rotative ou le PTO qui refuse une patente à cause d’un racisme évident, pour l’ACLU, les effets sont les mêmes.

Mais la phrase clef qu’ils citent et ignorent est que « seulement dans certaines circonstances » (italiques ajoutées par l’auteur) ces tactiques constituent la même coercition. Certainement pas en toutes circonstances. Et ce n’est clairement pas l’une de ces circonstances. Nous ne parlons pas d’une petite startup se moquant d’un concurrent beaucoup plus gros, l’un des scenarii cité par l’ACLU dans son mémoire. Nous parlons d’une organisation au cœur de la capitale fédérale que Forbes estime à 1,6 milliard de dollars et qui refuse de changer son nom raciste quoi qu’il arrive. Çà laisse peu de recours aux activistes Autochtones à part en appeler aux critères de décence du Bureau des Patentes et Marques Commerciales.

Même gagner en appel ne garantit pas que Pro-Football Inc. changera le nom de son équipe. Le gouvernement des Etats-Unis ne dit pas qu’ils ne peuvent pas s’appeler « Peaux-R*uges », seulement qu’ils ne peuvent pas déposer la marque. Donc, c’est seulement pour protéger les droits de Pro-Football Inc. de faire des bénéfices que l’ACLU intervient.

Aussi, dans la pratique de la liberté d’expression, il est important de se demander qui sont les acteurs et de quelles ressources ils disposent. La garantie de la liberté d’expression, quand elle a été définie dans la Constitution des Etats-Unis, avait pour but de protéger des individus sans pouvoir du pouvoir des institutions gouvernementales de les réduire au silence. Quand le Premier Amendement a été adopté, les compagnies n’étaient pas aussi puissantes qu’aujourd’hui. Maintenant elles ont plus de ressources que certains gouvernements et reflètent l’inégalité générale détaillée par Oxfam International qui a montré que la moitié de la richesse était possédée par un pourcent de la population.

« … ceci n’empêche pas Dan Snyder ou quiconque associé à Pro-Football Inc. de dire le mot Peaux-R*uges en public, dans la presse ou toute autre forme d’expression. Çà les empêche seulement de le déposer comme marque. »

Dans cet environnement, les gouvernements tribaux ou les individus Autochtones ont très peu de recours, si ce n’est d’en appeler à ce qu’il y a de progressiste dans les lois et les institutions fédérales. Çà inclut les lois qui autorisent le PTO à rejeter une marque à cause de son caractère offensant. Encore une fois, çà n’empêche pas Dan Snyder ou quiconque associé à Pro-Football Inc. de dire le mot « peaux r*uges » en public, dans la presse ou ailleurs. Çà les empêche seulement d’en faire une marque déposée. Donc nous devons rejeter l’objection selon laquelle faire changer de nom aux Washington Redsk*ns pesant 1,6 milliard, serait un poids financier équivalent à de la coercition.

Il faut que l’ACLU adopte une attitude plus nuancée sur le Premier Amendement, quand il s’agit de questions relatives à des patentes et des marques déposées et prenne aussi en considération le pouvoir financier des individus, groupes ou compagnies impliqués. En fin de compte, les marques constituent une intrusion mal définie dans la question plus vaste de « la liberté d’expression », étant donné que leur point de vue est d’attribuer le droit à la parole à des individus, des groupes ou des compagnies privés et en empêcher d’autres de l’utiliser.

L’ACLU devrait aussi reconnaître que le refus du PTO de déposer la marque Redskin ne fait qu’empêcher la compagnie de faire de l’argent avec la déshumanisation des Autochtones. C’est une reconnaissance minime de la part du gouvernement des Etats-Unis qu’une telle déshumanisation est moralement condamnable. Çà fait partie de l’histoire de la propagande que de suggérer que les peuples Autochtones ne méritent pas les droits civiques et humains de base. L’utilisation du terme remonte à des siècles et il était utilisé à des époques de violence du gouvernement contre les Autochtones. Aujourd’hui, il contribue à une attitude générale considérant que la violence contre les Autochtones est acceptable. Çà devrait rappeler les leçons de Nuremberg, à savoir que la propagande, à certaines époques, est criminelle.

Dans son mémoire amicus curiae, l’ACLU évite la question morale plus vaste de la déshumanisation des peuples Autochtones par son interprétation rigide, absolue et douteuse du Premier Amendement quand çà concerne une marque raciste. Ce que je veux dire ici, c’est que l’affaire des Redsk*ns n’est pas une question de liberté d’expression, c’est une question de droits de l’homme. Dans le discours d’après-guerre sur les droits de l’homme, en parti dérivés des procès de Nuremberg, le gouvernement des Etats-Unis a l’obligation d’empêcher la violence contre les peuples Autochtones. Il est signataire de la Convention Internationale sur l’Elimination de Toutes Formes de Discrimination Raciale. En refusant de déposer la marque « Redsk*ns » pour Pro-Football Inc., il n’a rempli qu’une toute petite partie de cette obligation. L’ACLU devrait reconnaître que les peuples Autochtones, pas la compagnie à 1,6 milliard, sont les vrais acteurs ayant besoin de protection.

 

 

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

LES MARCHEURS NAVAJO DE NIHIGAAL BEE IINA ENVAHISSENT GALLUP, AU NOUVEAU-MEXIQUE

 

Par Nihìgaal Bee Iina
Publié sur Facebook et sur Censored News
Photos Orlando Begay
Traduction Christine Prat

GALLUP, Nouveau-Mexique, 28 mars 2015 – La communauté de Gallup s’est précipitée en grand nombre au Centre de Conférence du Centre-ville, samedi dernier, pour assister à une présentation des marcheurs de Nihígaal Bee Iina. La soirée comportait de la cuisine, des prières, des diaporamas d’information et des représentations créatives affirmant la beauté et la valeur du pays et de la culture Diné.

Le mouvement – qu’on peut traduire par « Notre Voyage pour l’Existence » – a été déclenché par des jeunes femmes Diné, au début de cette année, pour dénoncer la quantité disproportionnée d’extraction de ressources et la pollution endurée par les Diné au profit d’autres. Les participants ont marché sur plus de 480 km depuis janvier, apportant de la nourriture et informant les membres de la communauté dans des écoles, des sièges de chapitres et des maisons privées tout le long du chemin.

 

Les marcheurs ont quitté le Siège du Chapitre de Church Rock le matin et sont arrivés à Gallup vers 16h le samedi, brandissant des drapeaux des quatre montagnes sacrées et d’autres banderoles exprimant leur message. Près de 100 personnes ont assisté à la fête et à la présentation au cours de laquelle les marcheurs racontaient leurs expériences. Bien que les informations apportées par les marcheurs aient été dures, la soirée s’est déroulée dans la joie et les rires.

Libby Williams, une Ancienne qui soutient les marcheurs, a déclaré : « Marcher vous apprendra. Chaque pas est une leçon. Quand vous êtes dans un véhicule, vous ne remarquez rien. Vous ne remarquez pas les ordures le long de la route. Vous ne remarquez pas la beauté de Notre Mère la Terre. Vous ne remarquez pas ce que les humains lui font. Çà inspire énormément de les voir marcher, de voir qu’ils croient en quelque chose. Baahozhó t’áá’ni’joogááłgoh. »

Les marcheurs ont quitté Gallup dimanche pour se diriger vers Window Rock où ils rencontreront d’autres membres de la communauté. Les marcheurs ont envoyé une invitation à tous les gens respectueux, demandant de se joindre à leur voyage. Pour plus d’informations, envoyez un email à nihigaalbeeiina@gmail.com ou allez voir la page Nihígaal Bee Iina sur Facebook.

 

 

ECRASONS LE PROJET D’AUTOROUTE DE LA MONTAGNE DU SUD: CE PREMIER MAI, PORTONS UN COUP AU SYSTEME MONDIAL DU TRAVAIL

Lundi 30 mars 2015

Par un groupe d’Anarchistes de Phoenix
Traduction Christine Prat

Ce Premier Mai, nous appelons ceux qui s’opposent au système mondialisé du travail à se rassembler à Phoenix pour manifester jusqu’au siège du Service des Transports d’Arizona (ADOT). L’ADOT est la bureaucratie des transports derrière les 30 ans de pressions pour construire une extension du périphérique 202, qui détruirait les crêtes ouest de la Montagne du Sud et prolongerait la branche sud du 202.

Cette autoroute n’entrainerait pas seulement l’expansion des banlieues et des centres commerciaux dans le désert, elle élargirait aussi le projet des bureaucrates et des capitalistes de construire le couloir de commerce international de CANAMEX du Mexique au Canada. La lutte contre les accords commerciaux du NAFTA et du TAFTA prend ici chez nous la forme de la résistance aux infrastructures de transport. L’extension du périphérique 202 à travers la Montagne du Sud et son rôle de raccourci pour les camions, tout comme les projets de l’ADOT de route Nationale 11 et du couloir de CANAMEX, sont des pièces maîtresses de cette infrastructure. Les accords commerciaux internationaux, leurs routes et leur développement sont supposés doper l’économie, ce qui ne nous profite pas, et puis, à quel prix ?

Cette extension est combattue depuis longtemps par les Autochtones Akimel O’odham de la Communauté Indienne de Gila River (GRIC), qui se sont opposés à toutes les propositions d’autoroute de l’ADOT. Pour les Akimel O’odham, la Montagne du Sud est un site sacré et toute démolition de la montagne constituerait une profanation d’un lieu saint. Le Collectif de Jeunesse Akimel O’odham est un groupe de résidents de la GRIC qui se sont organisés contre l’autoroute. Sur leur blog ils expliquent le genre de dommages que l’extension du périphérique 202 à la Montagne du Sud causerait :

Des membres de la Communauté Indienne de Gila River s’opposent à ce projet depuis les années 1980. Les dégâts résultant de la construction d’une autoroute sont nombreux, entre autres la destruction des villages préhistoriques de Villa Buena et Pueblo del Alamo, la destruction d’habitats d’espèces animales menacées, et la destruction de plantes qui sont au centre de la culture O’odham traditionnelle. Des études d’impact environnemental du 202 indiquent également que l’habitat des chevaux sauvages de Gila River serait irréversiblement perdu si l’autoroute était construite, et qu’il n’y a pas d’habitats alternatifs permettant aux chevaux sauvages de survivre.

Des résidents de la région au nord de la GRIC s’opposent également à l’autoroute, ainsi des résidents Ahwatukee ont protesté et se sont aussi organisés pour bloquer l’éventualité d’une autoroute. Le projet le plus important organisé contre l’autoroute est Protéger les Ressources et les Enfants d’Arizona (PARC – Protecting Arizona Resources and Children). PARC a l’intention de déposer une plainte en justice dans le but de bloquer l’extension de l’autoroute en assignant l’ADOT et l’Administration Fédérale des Autoroutes devant un tribunal sur les questions de santé et d’environnement.

En ce qui nous concerne, nous avons choisi le Premier Mai pour manifester contre l’ADOT et dénoncer l’extension du périphérique 202 parce que nous nous opposons aux routes commerciales du capitalisme mondialisé qui déplacent des marchandises et des gens, accroissant la misère de la vie quotidienne dans cette société obsédée par le travail. Nous marcherons aussi sur le siège de l’ADOT parce que l’autoroute détruira des habitats, polluera l’air et abaissera la qualité de la vie des humains et des animaux.

Le Premier Mai est maintenant considéré comme le jour des travailleurs contre le capitalisme, mais à la racine du Premier Mai il y a une célébration de la connexion des ‘humains’ avec la terre. Comme Peter Linebaugh le rappelle dans son Histoire du Premier Mai :

En Europe, comme en Afrique, les gens honoraient les bois de diverses manières… Ils le faisaient en Mai, mois nommé d’après Maia, la mère de tous les dieux d’après les Grecs anciens, qui avait enfanté Zeus.

En Grèce, à Rome, en Ecosse, en Scandinavie et ailleurs, les gens le célébraient avec de la musique, des activités communes, des danses, des feux, en plantant des arbres et en érigeant des mâts de mai.

Dans l’esprit des célébrations précapitalistes du Printemps début mai, et des manifestations actuelles de résistance au capitalisme, nous en appelons à tous ceux qui s’opposent à ce qu’une autoroute de plus cause des destructions à la terre, l’air et l’eau. Vu que nous sommes contre le travail, nous en appelons à tous ceux qui s’opposent au système mondial du travail et au rôle de l’autoroute pour accélérer la circulation des marchandises et des travailleurs sur son parcours.

Nous en appelons aussi à ceux qui croient que la ‘décolonisation’ à l’intérieur de soi et le ‘retour à l’état sauvage’ ne peuvent se substituer à l’action anticoloniale contre les colons sur des terres volées. Comme il est écrit dans l’article Contre le Complexe Industriel de la ‘Solidarité’ : Pas d’Alliés, des Complices : « Peu importe à quel point vous êtes libérés, si vous occupez toujours des terres Autochtones, vous êtes des colonisateurs. »

Nous croyons que les anti-autoritaristes et anarchistes engagés dans des projets de luttes écologiques, contre l’infrastructure ou contre la militarisation doivent aussi entrer en relation avec les Autochtones de ce pays occupé. En écho à l’appel formulé dans Pas d’Alliés, des Complices, nous affirmons qu’une lutte contre le colonialisme doit attaquer les structures et les idées coloniales. Que vous puissiez nous rejoindre à Phoenix ou que vous soyez dans d’autres régions d’Arizona, nous vous encourageons à organiser un Premier Mai anticolonial.

Vendredi 1er mai à 10h du matin, manifestation jusqu’au siège de l’ADOT. Rassemblement au Parc Cesar Chavez, entre Washington St. Et Jefferson St., à l’ouest de la 1ère Avenue au centre de Phoenix.

Un groupe d’Anarchistes de Phoenix
phoenixmayday15@gmail.com

 

Voir de nombreux articles traduits en français sur la lutte contre le périphérique 202

 

 

La 2ème Marche Navajo a commencé

Par Nihígáál Béé Iiná
Also on Censored News
21 mars 2015

Nous avons été bénis par la brume sacrée (áha) ce matin du printemps, quand nous avons salué l’aube avec du maïs blanc.
Nous nous sommes embarqués pour la marche de 560 km de Tsoodził [Mont Taylor] à Dook’o’osłid aujourd’hui. Nous nous sommes retrouvés au lever du jour au siège du Chapitre de Baca/Prewitt. C’est le lieu où se terminerait le projet de Pipeline de Pinon, qui devrait faire 200 km. Si ce pipeline était approuvé, çà accroîtrait de 5 à 10 fois la fracturation de terres sacrées par rapport à la situation actuelle.
La zone que nous allons traverser est celle où de l’uranium a été découvert en 1939, plaçant les Diné [Navajo] en première ligne de la chaîne de l’énergie nucléaire. La moitié de l’uranium utilisé dans les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki a été extraite de notre cher Tsoodził. A ce jour il y a des centaines de mines d’uranium abandonnées et des milliers de résidus radioactifs qui doivent encore être nettoyés. Tsoodził est à nouveau menacé par la mine d’uranium de Roca Honda qui utilisera chaque jour autant d’eau que la ville de Santa Fe !

Si nous tenons à notre langue et notre culture, il n’y a absolument pas de place pour ce type de ‘développement économique’ sur notre terre. Doodá veut dire ‘non’. Prions pour la guérison de notre territoire.
Łeetsoh, Łeejin, Ák’ą́ Łizhin Doodá! [uranium, charbon, pétrole Non!]

 

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Contact:
Nihigaal Bee Iina Organizers
nihigaalbeeiina@gmail.com
(949) 536 0988
See Official Press Release in English on Facebook
Traduction Christine Prat

DES JEUNES FEMMES DINE INSPIRENT DE L’ESPOIR PAR UNE MARCHE DE 560 KM

PREWITT, Nouveau-Mexique, 21 mars 2015 – Ce matin à l’aube un groupe de Diné et leurs supporters sont partis pour un voyage de 560 km à pied, en tant qu’acte de revitalisation culturelle. Cette marche est la deuxième des quatre qui auront lieu cette année. La première s’est terminée fin février, après que de jeunes activistes aient marché sur 360 km de Dził Naa’oodiłíí (Mont Huerfano) à Tsoodził (Mont Taylor). Le mouvement, nommé Nihigaal Bee Iina (Notre Voyage pour l’Existence), commencera sa marche près de Tsoodził et la terminera à Dook’o’osłid (les San Francisco Peaks), elle durera environs un mois et demi.

La marche a lieu dans cette région et en ce moment pour plusieurs raisons. D’abord, cette année marque le 150ème Anniversaire de Hwééldi, une période durant laquelle 9000 Diné ont été incarcérés pendant quatre ans dans un camp de concentration à Fort Sumner, au Nouveau-Mexique. La marche veut honorer et célébrer la résilience des ancêtres Diné et être une prière pour que les Diné puissent avoir la même résilience aujourd’hui face à un héritage colonial très difficile.

La marche a aussi pour but de continuer à dénoncer l’extraction de ressources et la contamination disproportionnées dont les Diné ont souffert au profit d’autres, et qui non seulement contribuent aux problèmes environnementaux locaux et mondiaux, mais sont aussi contraires aux valeurs Diné traditionnelles qui demandent de protéger Nihima Nahadzáán (Notre Mère la Terre). Les marcheurs croient que le fardeau imposé aux Diné par le pétrole, le gaz et l’extraction de charbon devraient être dénoncés et combattus en tant que forme d’injustice environnementale, étant donné que la pollution, l’accroissement de la violence et les risques courus par les jeunes femmes à cause de l’arrivée massive de travailleurs liés au boom pétrolier, affectent les Diné quotidiennement.

La marche commence au siège du Chapitre de Prewitt, au Nouveau-Mexique, où le Pipeline de Pinon devrait aboutir pour transporter le pétrole extrait de l’Agence de l’Est de la Nation Navajo. Prewitt est aussi le lieu où l’uranium a été découvert pour la première fois dans Diné Bikeyah (le pays des Navajo). Environs la moitié de l’uranium utilisé pour construire les bombes atomiques de sinistre mémoire qui ont détruit Nagasaki et Hiroshima, au Japon, a été extraite dans cette région. Les marcheurs déplorent et s’opposent à l’exploitation de sites sacrés pour l’énergie et l’armement nucléaires.

Les marcheurs voyageront le long de sections du Transwestern Pipeline, de St. Michaels, en Arizona, à Leupp, et passeront à Church Rock, au Nouveau-Mexique, où a eu lieu, en 1979, le plus grave accident nucléaire de l’histoire de l’Amérique. A l’époque, près de 350 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans le Rio Puerco qui traverse de nombreuses communautés Diné. Les marcheurs espèrent qu’en priant et en marchant dans ces zones touchées ils peuvent aider à guérir, inspirer et unir la terre et les gens.

Malgré le poids de tous ces problèmes, les marcheurs veulent aussi apporter de la joie et des rires à chaque communauté visitée, par la musique, l’art et la poésie. Les marcheurs croient qu’une des choses les plus importantes en ce moment est de rassembler les Diné. Par cette unification, les marcheurs croient que les Diné peuvent faire face et surmonter ces nombreux défis et créer des communautés saines sur la base des principes du k’é (parenté, interdépendance) et de hozhó (harmonie intérieure et extérieure, beauté).

Les points de départ visés pour la première semaine sont les suivants et susceptibles de changement : le 21 Prewitt Chapter House, le 22 Smith Lake Chapter House, le 23 Crownpoint Chapter House, le 25 Mariano Lake Chapter House, le 26 Pinedale Chapter House, le 27 Church Rock Chapter House, le 28 Gallup, Nouveau-Mexique.
Tous les gens respectueux sont invités à se joindre à la marche et peuvent appeler le (00 1) 949-536-0988 pour informations.

Informations par email : nihigaalbeeiina@gmail.com

 

 

 

A l’aube du 21 mars, Nihígaal bee Iiná commenceront leur deuxième marche en commémoration de la déportation des Navajo au camp de concentration de Bosque Redondo. Cette marche ira de Tsoodzil (Mont Taylor, au Nouveau-Mexique) à Dook’o’osliid (les San Francisco Peaks, près de Flagstaff, Arizona)

La marche précédente est allée du Mont Huerfano au Mont Taylor. Voir l’article de Lyla Johnston du 2 janvier 2015 et le communiqué de presse de Nihígáál béé liná du 3 janvier.

Le long de leur trajet, les marcheurs ont discuté avec des membres des communautés qu’ils traversaient. Ils ont aussi participé aux actions de protestation, par exemple à Pinon, Arizona, dans la Réserve Navajo, une zone menacée par la fracturation hydraulique et le gaz de schistes.

Entre les deux marches, ils sont allés dans des écoles pour parler de leurs expériences aux enfants. Ils ont fait du récit de leur voyage un programme de cours et ont été confondus par l’enthousiasme des élèves. Ils ont déclaré: “C’est pour les gosses que nous marchons”.

 

 

La piste de Pahona

 

AKIMEL O’ODHAM – ARIZONA: IL EST TEMPS DE FAIRE MONTER LA PRESSION! L’ADMINISTRATION U.S. DES AUTOROUTES EN FAVEUR DE L’AUTOROUTE 202 !

Par Akimel O’odham Youth Collective
Publié le 13 mars 2015 sur le site de l’AOYC
Traduction Christine Prat

12 mars 2015

Le 5 mars 2015, l’Administration Fédérale des Autoroutes (FHWA) a publié son Rapport de Décision (ROD) en faveur de la construction de l’Autoroute de la Montagne du Sud. Le ROD est un document qui donne au Service des Transports de l’Arizona (ADOT) l’approbation pour acquérir le droit de passage et commencer à construire les 35 km d’autoroute qui feront sauter un passage à travers trois crêtes de Moadak Do’ag (la Montagne du Sud). Moadak Do’ag est sacrée pour toutes les tribus O’odham et a une signification culturelle pour dix-huit autres tribus.

Des membres de la Communauté Indienne de Gila River se sont opposés à ce projet depuis les années 1980. La construction de l’autoroute aura de nombreux impacts désastreux, entre autres la destruction des villages préhistoriques de Villa Buena et Pueblo del Alamo, la destruction d’habitats d’espèces menacées et la destruction de plantes qui sont au centre de la culture O’odham traditionnelle. Des études d’impact environnemental de l’extension du périphérique 202 indiquent aussi que l’habitat des chevaux sauvages de Gila River serait irrémédiablement perdu si la portion d’autoroute était construite, et qu’il n’existe pas d’autre habitat pour les chevaux sauvages. Une des destinations de loisirs de la Communauté Indienne de Gila River a été nommée en référence aux chevaux sauvages que l’autoroute détruirait si elle était construite. Le trajet du projet approuvé détruirait aussi beaucoup de puits d’eau, aucun puits de remplacement n’étant prévu par l’ADOT. C’est pour toutes ces raisons et d’autres encore, qu’en 2012, le Sierra Club a qualifié l’autoroute de la Montagne du Sud comme étant un des pires projets de transports des Etats-Unis.

L’ADOT déclare que le projet va coûter 1,9 milliards de dollars aux contribuables et que çà prendra quatre ans si la construction commence en 2015, l’ouverture étant prévue en 2019 ou 2020. Le projet est partiellement financé par la taxe sur les transports du Comté de Maricopa [Phoenix] et le revenu de ces taxes a diminué suite à une tendance dans tous les Etats-Unis à moins utiliser les véhicules. L’état n’ayant pas les moyens financiers d’entreprendre la construction de l’autoroute, l’ADOT a été contraint d’utiliser un Partenariat Privé-Public (P3) pour le projet. Un P3 est un accord entre le secteur public et des compagnies qui prennent la responsabilité de planifier, construire, entretenir et/ou financer un projet, afin de rendre la réalisation du projet plus faisable. Les compagnies ont l’avantage de se voir attribuer des contrats fédéraux, des exonérations d’impôts, des prêts à intérêt réduit et des revenus prélevés sur les impôts locaux dans l’avenir. En ayant recours au Partenariat Privé-Public, l’ADOT espère construire l’autoroute sans avoir les moyens financiers de le faire lui-même.

 

La réponse de la Communauté Indienne de Gila Rive (GRIC) au ROD

Le feu vert de l’Administration Fédérale des Autoroutes au projet est un bras d’honneur envers la souveraineté tribale, la liberté religieuse Autochtone et les droits civils. Il y a trois résolutions tribales de la Communauté Indienne de Gila River qui expriment le devoir de la Communauté de protéger et préserver les terres sacrées. En février 2012, il y a eu une consultation à Gila River, au cours de laquelle la Communauté a voté pour la Non Construction de la route 202. Cependant, la Communauté Indienne de Gila River n’est absolument pas mentionnée comme partie dans la Décision de l’Administration Fédérale des Autoroutes, bien que les études sur les impacts indiquent clairement que les membres de la Communauté Indienne de Gila River, le premier peuple sur cette terre, n’auront plus accès à une zone de la chaîne de montagne sacrée depuis des millénaires.

La Communauté Indienne de Gila River (GRIC) a publié une réaction à la Décision, déclarant leur déception concernant le Service des Transports d’Arizona et l’Administration Fédérale des Autoroutes pour n’avoir pas choisi l’Alternative de ne Rien Faire, afin d’éviter des effets irréversibles sur une propriété culturelle traditionnelle. Le premier communiqué de presse de la GRIC se référait de manière erronée à un « Rapport de Discussion », et non à un « Rapport de Décision ». Cela a été rapidement corrigé, mais çà montrait bien que la direction tribale n’est pas familière avec les termes de base du planning autoroutier de l’ADOT. La déclaration de la GRIC indiquait que la Communauté évaluerait la Décision dans les semaines à venir afin d’envisager une action appropriée. Beaucoup de membres de la Communauté espèrent que la tribu engagera des poursuites formelles contre l’ADOT et la FHWA, se référant aux résolutions tribales protégeant les propriétés culturelles traditionnelles. On s’attend à ce que la direction de Komadk, la zone de la Communauté la plus affectée par le tracé de l’autoroute, se fasse particulièrement entendre dans le combat contre le projet, étant donné que Komadk a un siège au conseil tribal à prendre en juin.
Il s’avère que l’ADOT pourrait déjà être en train de déblayer du terrain pour le trajet de l’autoroute. Waylon Pahona, un ex-employé du Service de Santé de Gila River, qui a créé avec d’autres une piste de course sur Moadak Do’ag, y est retourné récemment et a découvert qu’elle avait pratiquement disparu. La piste avait été barricadée et débarrassée des cactus, et, dit Pahona, « je n’oublierai jamais les souvenirs que nous avons suscité en faisant courir les gens sur les pistes, pour leur santé. Je n’oublierai jamais mon passé et je n’oublierai jamais que vous êtes des gens cupides. » Des membres de la Communauté Indienne de Gila River témoignent également de ce que les cactus et les plantes médicinales sont déjà arrachés avec de l’équipement lourd. On ne sait pas qui nivelle le terrain, installe des barricades et retire les cactus, jusqu’à plus de 1000 kilos, mais ce n’est pas un service de la Communauté de Gila River.

Cette bataille sera menée sur tous les fronts. L’Administration Fédérale des Autoroutes a bien pu approuver le projet du Service des Transports d’Arizona, mais la publication de la décision signifie que ces administrations sont maintenant vulnérables et peuvent encourir des poursuites judiciaires. Il y aura des poursuites contre l’ADOT et la FHWA, nous espérons qu’elles viendront des tribus touchées par le projet d’autoroute. Les élections tribales ayant lieu en juin, les membres de la Communauté Indienne de Gila River peuvent espérer que tous les candidats exprimeront en public leur position sur le 202, ainsi que toutes les stratégies pour empêcher la construction de commencer. Ce problème se pose à notre Communauté depuis plus de trente ans, et pendant trop longtemps beaucoup d’entre nous sont restés silencieux ou ont négligé de s’informer sur les conséquences néfastes pour nos familles. Grâce à des poursuites contre le Service des Transports d’Arizona, et si le Conseil Tribal de la Communauté Indienne de Gila River s’en tient à ses résolutions, et si les gens s’unissent pour protéger le territoire, cette autoroute ne sera jamais construite. Pas un seul bulldozer ne déchirera la maison de Notre Créateur.

Si vous n’avez pas aidé activement la résistance au périphérique 202, c’est le moment. Nous avons besoin de gens pour distribuer des tracts. Nous avons besoin d’influencer les élections tribales afin que la direction inefficace, la direction qui a laissé le Service des Transports aller si loin, soit battue aux élections. Nous avons besoin de prières, de courses de prière, pour nous aider à guérir et honorer la terre. Nous avons besoin des enfants et des anciens pour raconter leurs histoires sur les chevaux sauvages et la terre que le Service des Transports veut détruire. Nous avons besoin de ce que les familles discutent de l’autoroute dans leurs foyers. Nous avons besoin de transmettre les résolutions tribales pour inspirer d’autres à entreprendre des actions. Les poursuites judiciaires viendront, mais nous avons toujours besoin d’une présence extérieure, venue des gens.
Pour plus d’informations et voir le texte de la Décision (en anglais) :
www.azdot.gov/SouthMountainFreeway
Pour protester par email:
projects@azdot.gov (Service des Transports d’Arizona)

Pour informations téléphoniques :
Andrew Pedro (00 1 520) 350-0603
Linda Paloma Allen (00 1 480) 458-8329
Akimel O’odham Youth Collective & Gila River Against Loop 202

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LE COLLECTIF DE JEUNESSE AKIMEL O’ODHAM

Nous sommes un groupe de jeunes de la Communauté Indienne de Gila River qui tendons la main aux jeunes, les organisons et les informons sur les problèmes de leur communauté. Le projet d’extension du périphérique 202 à la Montagne du Sud, devant passer dans ou à proximité de la réserve, en est un exemple. Nous nous y opposons énergiquement et travaillerons avec tous les O’odham pour bloquer la construction de cette autoroute. Aujourd’hui la jeunesse reçoit toujours des informations fausses, nous entendons de nombreuses versions d’une histoire, pourtant la plupart n’entendent pas toutes les informations. L’AOYC [le Collectif] est là pour que çà change, nous voulons fournir des informations correctes à la jeunesse afin d’être plus forts en tant que groupe et en tant que communauté. Nous tendrons la main à la jeunesse de la communauté afin qu’elle s’implique dans les questions qui affecteront son avenir. Nous voulons que les jeunes connaissent les problèmes qui, non seulement les affecteront directement eux-mêmes, mais aussi leur O’odham Himdag (mode de vie traditionnel). L’AOYC organisera des rassemblements et des réunions afin que les jeunes aient leur mot à dire et soient entendus. Au cours de nos expériences précédentes, nous n’avons pas vu beaucoup de jeunes parmi le public participant à des rassemblements ou des manifestations. Nous voulons rendre la jeunesse responsable afin que la communauté sache à quel point ces problèmes sont importants pour nous. Dans un futur proche, nous nous attendons à ce que plus de jeunes parlent, soient actifs et fassent ce qui est juste pour notre communauté.

Contact email : akimeloodhamyc@gmail.com
Site web : https://aoycblog.wordpress.com/author/akimeloodhamyouthcollective/

 


Des jeunes Akimel O’odham en octobre 2012. Voir l’article du 22 octobre 2012 sur l’affaire du périphérique

 

COMMUNIQUE DE PRESSE : L’AFFAIRE DE MEDICINE LAKE EN APPEL DEVANT LA COUR DU 9ème CIRCUIT, DES NATIONS AUTOCHTONES SE RASSEMBLENT POUR LA PROTECTION DU SITE SACRE

12 mars 2015
Par Medicine Lake,
Morning Star Gali
protectmedicinelake@gmail.com
www.protectmedicinelake.org
Photos Becky White
Egalement publié sur
Indigenous Action Media
Et sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

Des Nations Autochtones se rassemblent pour protéger Medicine Lake d’une profanation géothermique à l’échelle industrielle

L’appel des Nations Autochtones devant la Cour du 9ème Circuit porte sur la profanation et la contamination d’une zone sacrée de Californie et de son eau, en plein record de sécheresse

 

SAN FRANCISCO, Californie – 12 mars 2015. Ce jour, la Tribu de Pit River, la Coalition Autochtone pour la Défense des Hauteurs de Medicine Lake, le Centre d’Ecologie Bio régional du Mont Shasta, la Coalition Sauvez Medicine Lake, les Citoyens de Medicine Lake pour la Qualité de l’Environnement, accompagnés de leur avocate Deborah A. Sivas de la Clinique de Droit de l’Environnement de Stanford, étaient optimistes en sortant de la Cour d’Appels du 9ème Circuit, suite à l’audience des arguments oraux dans l’affaire ‘Tribu de Pit River contre le Bureau d’Aménagement du Territoire des Etats-Unis, le Ministère de l’Intérieur, le Service des Forêts, le Ministère de l’Agriculture, et Calpine Corporation’, la partie civile et les parties adverses.

Les Hauteurs de Medicine Lake, connues par les gens de Pit River, principale partie civile, sous le nom de « Saht Tit Lah », sont utilisées pour des cérémonies religieuses et de guérison et pour des rassemblements tribaux. Les Nations de Pit River, Wintun, Karuk, Shasta et Modoc considèrent les Hauteurs de Medicine Lake comme sacrées et les ont utilisées pour des raisons spirituelles depuis d’innombrables générations.

« Medicine Lake est un site sacré et doit être protégé à tout prix », dit le Président Tribal de Pit River, Mickey Gemmill. « Nous essayons de préserver notre culture et Medicine Lake fait partie des origines de notre peuple. Si nous autorisons ces entreprises à venir fracturer, nous pourrions perdre toute chance de restaurer cette partie de notre culture. Donc nous demandons à Calpine Corporation de se retirer et de laisser les Hauteurs de Medicine Lake tranquilles. »

Des représentants de Nations Autochtones et leurs soutiens écologistes se sont présentés devant la Cour d’Appel fédérale du 9ème Circuit le 12 mars à San Francisco pour défendre leur position selon laquelle des baux aux entreprises d’énergie ont été illégalement renouvelés par des administrations fédérales en 1998, pour promouvoir le développement industriel sur les territoires de forêts nationales sur les Hauteurs de Medicine Lake, une zone quasiment vierge située à environs 48 km du Mont Shasta, qui a été classé District Culturel Traditionnel Amérindien. Les plaignants Autochtones et écologistes affirment que le développement industriel profanerait et polluerait la région et poserait des risques inacceptables à la plus grande nappe aquifère d’eau potable de Californie. En contradiction avec la Loi sur la Politique Nationale Environnementale et d’autres lois, les administrations fédérales n’ont jamais évalué le point crucial de savoir si le développement géothermique industriel était approprié à ce paysage.

« Ce qui n’a jamais été pris en compte, c’est si le développement est tout simplement approprié pour les Hauteurs de Médicine Lake, étant donné que la région possède la plus grande nappe aquifère d’eau pur de Californie » dit Michelle Berditschevsky, experte-conseil pour la préservation de l’environnement du Centre d’Ecologie Bio Régional du Mont Shasta (voir son commentaire légal en anglais).

« Le développement géothermique dans la forêt nationale alentours augmenterait la circulation, le bruit, la pollution de l’eau et de l’air, et fragmenterait l’habitat des espèces sauvages, transformant ce paysage isolé en friche industrielle et menaçant une source sûre d’eau potable » dit Janie Painter directrice exécutive de Citoyens de Medicine Lake pour la Qualité de l’Environnement, association de propriétaires de bungalows à Medicine Lake et d’adeptes des loisirs au grand air.

Devant les marches du tribunal, les plaignants et les avocats ont rencontré la presse et environs 100 supporters, dont une caravane Intertribale de jeunes du Nouveau-Mexique et d’Arizona qui avaient fait le voyage pour avoir un aperçu de la procédure à la Cour d’Appel du 9ème Circuit.

« La lutte pour protéger les Hauteurs sacrées de Medicine Lake a été longue, mais au fil des années nous en avons appris de plus en plus sur l’importance du paysage pour les Amérindiens et la Californie en générale » dit Deborah Sivas, Directrice de la Clinique de Droit de l’Environnement, qui représente la Tribu de Pit River et les organisations écologiques dans l’affaire. « J’ai été heureuse de constater que la cour comprenait nos arguments selon lesquels la Tribu a une connexion profonde, durable et respectueuse avec la région. »

« C’était magnifique de voir tant de membres de tribus à l’audience. Çà nous honorait de représenter la tribu et de nous battre pour l’avenir des Hauteurs de Medicine Lake devant la Cour du 9ème Circuit » dit Jason George, un étudiant en droit à la Clinique de Droit de l’Environnement de Stanford.

 

Debra Sivas, Directrice de la Clinique de Droit de l’Environnement de Stanford, est à votre disposition pour discuter des aspects juridiques de l’affaire : (650) 723-0325 ou dsivas@stanford.edu

 

Voir aussi l’article “Marche autochtone pour protéger Medicine Lake

 

Vidéo de l’audience:

 

HOMMAGE A MARGENE BULLCREEK : LE GAZ INNERVANT DES VOISINS DES GOSHUTES

Margene Bullcreek, qui nous a quittés récemment, était à la tête de la lutte contre la décharge de déchets nucléaires dans Skull Valley, lutte qui l’a menée à découvrir du gaz innervant à proximité

Par Brenda Norrell
Censored News, 3 mars 2015
Traduction Christine Prat

Le décès de Margene Bullcreek, Shoshone Goshute, nous rappelle la nécessité de préserver les histoires pour les générations futures. Margene Bullcreek a conduit la lutte qui a mis un terme à la décharge de déchets nucléaires en terre Goshute, dans la Skull Valley, en Utah. Alors que le combat était en cours, en 2005, il a conduit à la découverte et la dénonciation de voisins des Goshute possédant du gaz innervant : l’armée américaine.
Lorsqu’elle s’est engagée pour bloquer la profanation et la contamination, les actions de Margene Bullcreek ont inspiré l’article ci-dessous, que j’ai écrit en 2005. En mémoire de Margene, qui est passée dans le Monde de l’Esprit dimanche dernier, je republie cet article pour rappeler la nécessité de partager les histoires, d’enregistrer les paroles pour les générations futures, et comme exemple de l’effet d’entrainement produit par le fait de s’engager dans la lutte pour la vérité.
Quand la Commission de Régulation Nucléaire a approuvé la licence pour un site de stockage sur une terre tribale Goshute dans la Skull Valley, çà a soulevé de nouvelles questions sur l’utilisation par le gouvernement fédéral de la région comme site d’essais pour les armes biologiques et chimiques de l’armée des Etats-Unis, entre autres le gaz innervant et l’anthrax.

Brenda Norrell

 

Article de 2005 :

Margene Bullcreek, membre de la tribu Goshute de Skull Valley faisant partie de ceux qui protestent contre la décharge de déchets nucléaires ou toxiques en terres Indiennes, a dit qu’il était temps que le gouvernement arrête de déverser ses déchets nucléaires sur les Indiens et de les traiter comme s’ils étaient jetables.
« Rien n’est ajouté à notre prospérité si du poison est déversé. Les déchets radioactifs détérioreraient notre roue médecine dans les quatre domaines : physique, mental, émotionnel et spirituel » dit M. Bullcreek, fondatrice du groupe communautaire Ohngo Gaudadeh Devia Awareness.

Le groupe Goshute, avec l’état d’Utah, s’oppose au projet actuel du Consortium Private Fuel Storage [Stockage Privé de Carburant – NdT] de stocker plus de la moitié des déchets nucléaires à haute teneur du pays sur environs 7 hectares de terre tribale.
Les Goshutes, dont la langue d’origine est Shoshone, protestent contre la décharge nucléaire projetée, rebaptisée « la Yucca Mountain de l’Utah », en référence à la décharge nucléaire du sud du Nevada. Pendant ce temps, les Shoshone de l’ouest dans le Nevada continuent à s’opposer à la décharge de déchets nucléaires sur des terres ancestrales.
« Les Autochtones de ce pays ont toujours été victimes de la sécurité nationale », dit M. Bullcreek, critiquant l’approbation par le Bureau des Affaires Indiennes de la décharge de déchets nucléaires en pays Goshute.
Déjà, les Goshutes sont des voisins involontaires du site de tests à l’air libre d’armes biologiques et chimiques de l’Armée des Etats-Unis de Dugway, dans l’ouest de l’Utah.
L’Agence Fédérale de Gestion des Crises [Federal Emergency Management Agency] reconnaît les risques que ces armes posent aux voisins de Dugway, les Goshute de la Skull Valley.
Sur son site Web, l’Agence cite le ‘Guide en Pays Indien’ de la chercheuse Apache Jicarilla Veronica Tiller :
« Au sud de la réserve il y a le site de tests de Dugway, où des armes chimiques et biologiques sont développées et testées par le gouvernement. En 1968, des agents chimiques ont fui de Dugway, tuant environs 6000 moutons et autres animaux de la réserve ; le gouvernement a enterré au moins 1600 moutons contaminés dans la réserve.
« A l’est de Skull Valley, dans la région de Rush Valley, le gouvernement a un site de stockage de gaz innervant. Au nord de la réserve, il y a une grande usine de production de magnésium qui a été identifiée par l’Agence de Protection de l’Environnement comme la plus polluante du genre aux Etats-Unis. »
En ce qui concerne le projet d’entrepôt de déchets nucléaires, l’Agence Fédérale de Gestion des Crises déclare que des inondations éclair et des tremblements de terre le long de la ligne de fracture de Wasatch constituent des risques supplémentaires.
Les opérations du site de test de Dugway ont été classées secret-défense pendant presque tout le 20ème siècle. En mars 1968, suite à une expérience avec l’agent innervant VX, 6000 moutons sont morts dans Skull Valley et Rush Valley.
« L’agent VX a été trouvé dans des échantillons de neige et d’herbe fournis approximativement trois semaines après l’incident des moutons » peut-on lire dans un rapport de 1970 rédigé par des chercheurs de l’Arsenal de l’Armée d’Edgewood, dans le Maryland, qui a été révélé par le Salt Lake Tribune en 1998.
Le secret-défense sur le document a été levé en 1978, mais ce n’est que 30 ans après la mort des moutons qu’il a été rendu public. Pourtant, le commandant de Dugway a dit que l’Armée n’acceptait pas la responsabilité pour la mort des moutons et n’admettait aucune négligence.
Le VX, qui a été trouvé dans les cadavres de moutons, est un gaz innervant tellement puissant qu’une seule goutte sur la peau peut entrainer la mort en à peu près 15 minutes. Çà perturbe le système nerveux et entraine l’arrêt de la respiration. L’agent GB, une autre forme commune de gaz innervant plus connue comme ‘sarin’, s’évapore rapidement dans l’air en un gaz mortel.
La couverture internationale de l’incident a contribué à la décision du Président Nixon d’interdire tous les tests à l’air libre d’armes chimiques en 1969.
Cependant, les dirigeants tribaux Goshute se sont souvent demandé si la mort de plusieurs anciens de la tribu, décédés peu de temps après les moutons, n’était pas due à l’accident du gaz innervant.
A l’époque, en 1968, Dugway procédait à des tests aériens. Lors d’une des expériences, du VX a été répandu d’un avion vers une cible au sol à environs 43 km de Skull Valley. Au moment de l’accident, quand le gaz innervant s’est échappé de la zone ciblée, tout animal ou humain qui aurait consommé de l’herbe ou de la neige aurait été contaminé.
A part la mort des moutons en 1968, il y a eu au moins 1174 tests de produits chimiques à Dugway, dispersant des centaines de milliers de kilo de gaz innervant à tous vents, selon des documents révélés par le Deseret News en Utah. Il y a eu 328 tests à l’air libre d’armes biologiques ; 74 tests de « bombes sales » à radiations et l’équivalent de 8 fusions intentionnelles de petits réacteurs nucléaires.
A côté des tests biologiques et chimiques à Dugway, des essais d’armes atomiques à ciel ouvert au Site d’Essais du Nevada, dans les années 1950 et 1960*, ont causé des retombées radioactives qui se sont propagées jusqu’en Utah.
Actuellement, Dugway est sur le marché de l’anthrax en grandes quantités, selon des demandes de contrats découverts par le Sunshine Project, une organisation américano-allemande qui s’oppose à l’utilisation d’armes biologiques et chimiques.
Le magazine New Scientist a écrit que cette démarche controversée va vraisemblablement soulever des questions quant au respect par les Etats-Unis des traités établis pour limiter la prolifération d’armes biologiques, et l’article souligne que, bien que le pays ait renoncé aux armes biologiques en 1969, Dugway produisait encore des quantités mortelles d’anthrax en 1998.
Le but de la demande de contrat de Dugway est que les entreprises fassent des offres pour la production de grandes quantités de souche non-virulente d’anthrax et d’équipement pour produire des volumes importants d’autres agents biologiques. A part les contrats pour l’anthrax, d’autres contrats concernent l’équipement pour produire un agent biologique non spécifié et des carcasses de moutons pour tester l’efficacité d’un incinérateur pour le bétail infecté.

brendanorrell@gmail.com

 

* Les tests suivants étaient souterrains, mais causaient tout de même d’énormes colonnes de poussière radioactive dans l’air. Ils ont continué jusqu’en 1992. Il y a eu environs 800 tests sur le site du sud du Nevada (à seulement 105 km de Las Vegas et à proximité de terres ancestrales des Shoshone) – Christine Prat

Photo ci-contre: du site “The Blog Below”, 14 juillet 2008

 

 

 

 

 

IndianResUtahNevadaNukesSTous les noms indiqués sur la carte indiquent des réserves ou petites communautés Autochtones, en mauve les zones où des armes nucléaires, chimiques ou biologiques ont été testées et entreposées

 

 

PREMIERE DE ‘CRYING EARTH RISE UP’ AU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE SEDONA

Article et photos Natalie Hand
Lakota Media Project/Owe Aku
Publié sur Censored News
2 mars 2015
Traduction Christine Prat

SEDONA, Arizona – Le documentaire, chargé d’émotions, « Crying Earth Rise Up” a été présenté devant une salle comble cette semaine, au Festival International du Film de Sedona.
La réalisatrice Suree Towfighnia et la monteuse Sharon Karp étaient présentes à la projection. « C’est la quatrième projection du film. Nous l’avons terminé il y a tout juste une semaine. Alors, je me sens soulagée et j’ai l’impression d’un accomplissement » dit S. Towfighnia.
Le film porte principalement sur deux femmes Oglala Lakota de la Réserve Indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Elisha Yellow Thunder est une jeune mère dont la fille, Laila, est née avec des anomalies internes. Le seul rein de Laila qui fonctionnait lâche à 8 ans. La recherche d’Elisha pour déterminer la cause des anomalies congénitales de sa fille la mène jusqu’à l’eau de sa terre natale. Diplômée en géologie, elle est dirigée par le Dr. Hannan La Garry, professeur de géologie et auteure d’une étude de 5 ans de l’hydrologie de la nappe aquifère Oglala. E. Yellow Thunder présente H. La Garry comme le mentor qui lui enseigne comment étudier l’eau et les résidus d’uranium dans sa terre natale comme cause possible du taux élevé de malformations congénitales ou de bébés mort-nés à Pine Ridge. « L’histoire de ma petite fille implique trop de choses pour ne pas être dite » a déclaré E. Yellow Thunder.

La réalisatrice Suree Towfighnia,  sa fille,
Debra White Plume,la monteuse
Sharon Karp, et Elisha Yellow Thunder

C’est l’eau qui a rapproché Elisha de Debra White Plume, une activiste de première ligne qui défie le géant minier canadien Cameo, qui exploite la mine d’uranium de Crow Butte, près de Crawford, dans le Nebraska, non loin de la réserve de Pine Ridge. Debra White Plume a déposé une intervention s’opposant au renouvellement pour 10 ans de la licence de Cameo et à sa demande d’expansion de ses opérations d’extraction en décembre 2007. Elle est la seule personne impliquée dans cette affaire contre Cameo. Dans le film, Debra White Plume attribue à la lixiviation in-situ de l’extraction à Crown Butte la contamination de la nappe aquifère sous sa terre. Le Dr. La Garry est témoin expert pour la défense de Debra White Plume.
« Le sujet de cette œuvre est de protéger l’eau précieuse, pour nous tous, pour Notre Mère la Terre et pour les générations à venir. Ce film nous aidera à dire la vérité au monde, partout où on manque d’eau, où il y a des sécheresses ou des inondations, ou où l’eau est tellement polluée qu’elle ne peut être consommée par des êtres humains. Nous exprimons notre vérité sur la base de notre amour pour nos générations futures » dit Debra White Plume devant un public debout pour l’ovationner.
C’est la deuxième production de S. Towfighnia qui met en scène l’activiste Oglala Debra White Plume. Sa première collaboration avec Debra White Plume était le film « Standing Silent Nation ».

 

 

Le film doit être projeté à Portland, Oregon ; Santa Fe, Nouveau Mexique ; en Californie, au Nebraska, dans la réserve Navajo et en d’autres endroits.

Pour plus d’informations ou pour organiser une projection, voir la page Facebook de « Crying Earth Rise Up »

 

Janine Yazzie, Diné, Six World Solutions initiative,
Debra et Louise Benally, Diné, anti-extraction minière.

Debra avec Klee Benally, chanteur et réalisateur.

 

LakotaMediaProjectInfoLakota Media Project est animé par des jeunes gens utilisant les multimédias pour présenter l’histoire des Lakota Oyate de notre propre point de vue. Ils font intégralement partie du travail de Owe Aku et sont un apport précieux pour enregistrer, documenter et partager la parole de nos jeunes, nos dirigeants et nos anciens. Avec le lien ci-dessous, vous pouvez vous abonner à leur page You Tube pour vous tenir au courant de ce travail critique de nos jeunes, qui contribue à nos efforts.
https://www.youtube.com/user/LakotaMediaProject1

 


Les San francisco Peaks

 

« Nous avons très peu d’options quand il s’agit de protéger des terres sacrées. Nous sommes forcés d’aller devant les cours internationales, parce que nous ne pouvons pas obtenir réparation aux soi-disant Etats-Unis, où nous n’avons absolument aucune garantie pour la protection de notre liberté religieuse. Pouvons-nous vraiment attendre une quelconque justice de ces institutions coloniales qui continuent de profiter de la destruction de Notre Mère la Terre ? La lutte menée depuis des décennies pour Protéger les Pics [San Francisco] est directement reliée aux bataille pour Sauver la Confluence, Sauver OAK FLAT Campground, stopper les expulsions forcées et Peabody Energy à Big Mountain, arrêter l’extraction d’uranium au Mont Taylor et à Red Butte, la Montagne du Sud [défendue par] le Collectif des Jeunes Akimel O’odham, mettre fin à la profanation du Mont Graham, Protéger Medicine Lake de la profanation par l’énergie géothermique « verte », protéger Mauna Kea, défendre Bear Butte et les milliers d’autres sites sacrés menacés. Joignons nos luttes et transformons nos communautés en forces socioculturelles qui assureront une survie et une vitalité culturelle pour les générations à venir. »

Klee Benally, 2 mars 2015, sur Facebook
Traduction Christine Prat

 

LA NATION NAVAJO PRESENTE UNE PETITION A LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME CONTRE LE GOUVERNEMENT FEDERAL DES ETATS-UNIS

Par la rédaction de Native News Online
2 mars 2015
Traduction Christine Prat

ST. MICHAELS, Navajo Nation – N’ayant aucun moyen légal, dans la loi des Etats-Unis, de protéger Dook’o’oosliid, aussi connus comme les San Francisco Peaks, au nord de Flagstaff, Arizona, la Nation Navajo a présenté une pétition à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme contre le gouvernement des Etats-Unis pour violation des droits de l’homme du peuple Navajo. La Commission est l’organe principal de l’Organisation des Etats Américains (OAS) dont la mission est de promouvoir et protéger les droits de l’homme sur les continents américains. Les Etats-Unis sont membre de l’OAS depuis 1948, et ont donné leur accord pour se plier à la Déclaration Américaine des Droits et Devoirs de l’Homme, un instrument des droits de l’homme fondamental de l’OAS.

La pétition concerne les violations des droits du peuple Navajo à la religion, la culture et la protection judiciaire contre l’utilisation d’eaux usées recyclées pour faire de la neige au profit d’une entreprise commerciale de ski sur les San Francisco Peaks, un site sacré pour les Navajo. Anthony Lee, Président de l’Association des Hommes-Médecine, déclare : « Les sites sacrés sont menacés continuellement et aussi profanés et soumis à l’exploitation. » Lee dit aussi que la livraison d’eau d’égout traitée ou « eaux usées recyclées » est « faite pour les propriétaires de la station de ski qui y ont un intérêt direct. »

Les San Francisco Peaks sont sacrés pour les Navajo et 13 autres tribus du sud-ouest. Les hommes et femmes médecine Navajo croient que l’utilisation d’eaux usées recyclées détruit la pureté spirituelle de la végétation qui pousse sur Dook’o’oosliid et des herbes qu’ils collectent pour les cérémonies. Lee décrit aussi les propriétés rituelles de Dook’o’oosliid : « çà fait partie du contenu des sacs-médecine et c’est au cœur de nos inquiétudes. C’est inhérent et omniprésent dans les sacs-médecine. »

La Nation Navajo a appris que la Ville de Flagstaff avait mis fin à l’accord de cinq ans pour la fourniture d’eaux usées à [la station de ski] Snowbowl et l’avait remplacé par un nouvel accord de 20 ans, d’après des articles parus dans la presse. La Ville de Flagstaff n’a pas signalé le nouvel accord à la Nation Navajo, elle n’a pas non plus donné de possibilité de consultation ou de commentaire publique.

Henry Barber, Président, de l’Association des Hommes-Médecine Diné, déclare : «Nous voulons que les Etats-Unis respectent nos croyances spirituelles et les entités commerciales devraient aussi avoir du respect pour nous (les Navajo), pour pouvoir maintenir nos croyances spirituelles. »

Barber a de fortes inquiétudes sur les effets des lois des Etats-Unis sur les sites sacrés et la religion des Autochtones et il note : « En ce qui concerne les lois fédérales, nous voulons qu’elles respectent nos croyances spirituelles de notre point de vue et nous voulons avoir la liberté de pratiquer et maintenir nos croyances. » Barber a ajouté que les droits de l’homme du peuple Navajo n’étaient ni protégés ni respectés par « le gouvernement fédéral, et qu’ils sont fortement niés par la commercialisation et les pratiques politiques. » C’est pourquoi, dit-il, l’Association des Hommes-Médecine Diné croit que la pétition à la Commission Interaméricaine est appropriée et absolument nécessaire.

La pétition à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme donne à la Nation Navajo et à son peuple une voix dans la sphère internationale pour exprimer leurs graves inquiétudes quant au manque d’intérêt du gouvernement fédéral lorsqu’il s’agit d’entendre la Nation Navajo au sujet des sites sacrés. « Nous avons l’obligation de prendre soin de ce qui nous a été donné par Diyin Diné » dit Steven Benally, Président de Azee Bee Nahagha de la Nation Diné. Benally dit encore qu’ « il y a un dicton que nos grand-pères et grand-mères nous transmettent, qui dit que nous ‘ne devrions pas perdre l’espoir’ et qu’il y a toujours une occasion de faire quelque chose pour nous-mêmes et que nous avons cette chance. » Benally souligna que les Navajo sont résilients et ont l’espoir que le résultat de la pétition permettra d’obtenir réparation des Etats-Unis en ce qui concerne les violations des droits de l’homme.

La Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo a aussi engagé des contacts avec les instances des Nations Unies contrôlant les traités et avec le Conseil des Droits de l’Homme des Nation Unies dans l’espoir de renforcer la protection des droits de l’homme des Navajo aux Etats-Unis.

« Les Etats-Unis doivent assumer la responsabilité de s’engager à protéger les droits de l’homme des Navajo conformément à ses obligations selon la Charte de l’Organisation des Etats Américains » dit Leonard Gorman, Directeur Exécutif de la Commission des droits de l’homme de la Nation Navajo.

 

Voir aussi:

Histoire de la station de ski sur les San Francisco Peaks

Discours de Klee Benally sur les sites sacrés, avec quelques précisions sur les problèmes cités