LUTTES CONTRE LES OLÉODUCS AU CANADA : L’ATTAQUE DES WET’SUWET’EN PAR LA POLICE MONTÉE A COMMENCÉ ! SOLIDARITÉ INTERNATIONALE URGENTE !

Les Nations Wet’suwet’en luttent contre le passage d’oléoducs sur leurs territoires depuis près de dix ans. Le camp Unist’ot’en a été créé en 2010 pour bloquer l’accès au territoire Wet’suwet’en aux entreprises pétrolières et minières qui n’y ont jamais été autorisées par les Autochtones. Depuis, de nombreux incidents ont eu lieu, la Police Montée Royale Canadienne [RCMP] ayant tenté d’expulser ou d’arrêter les opposants aux oléoducs à de nombreuses reprises. Le 6 février 2020, la Police Montée a attaqué. Les Unist’ot’en constituent un des cinq clans de la Première Nation Wet’suwet’en.

Voir historique dans un article de 2012 :  https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=1174

Sur les incidents de janvier 2019 voir sur le site du CSIA-Nitassinan, l’article « Unist’ot’en : Non cédé. Invaincu ! », et les suivants.

Appel sur Facebook
6 février 2020
Publié sur Censored News
Le 7 février 2020
Traduction Christine Prat

SOLIDARITÉ INTERNATIONALE : C’EST MAINTENANT ! TOUS DANS LES RUES POUR WET’SUWET’EN

Le raid de la Police Montée Royale Canadienne contre la Nation Wet’suwet’en a commencé. « Nous organisons des actions pacifiques en tant que peuples souverains, sur nos territoires, et demandons que toutes les actions entreprises en solidarité se passent pacifiquement et selon les lois traditionnelles des autres Nations Autochtones. L’effraction par la force dans les territoires Wet’suwet’en et l’éviction des Autochtones de leurs propres terres doivent être stoppées. Il faut affronter les gouvernements de la Province et Fédéral. »

Photo by Emily Fagan, University of Victoria

ARRESTATIONS AVANT L’AUBE DANS LES TERRITOIRES UNIST’OT’EN

Publié sur le site Unist’ot’en
Le 6 février 2020
Traduction Christine Prat

DÉROULEMENT DE LA PREMIÈRE ATTAQUE, publié le 6 février sur le site UNIST’OT’EN [avec vidéo]

4h57 (du matin) : Le porche à 39 km a été rompu. 13 véhicules de la Police Montée [de nos jours, montée en 4×4] ont passé le km 39. La route est dégagée, 1 à 4 arrestations ont lieu. Ça continue.

4h55 – Il n’est pas encore 5h – mais il fait encore nuit noire – et nous venons d’entendre que la Police Montée avait effectué sa première arrestation au poste de surveillance #Wetsuweten au km 39. Les flics encerclent les gens là-bas et commencent à dégager la route qui conduit au point de contrôle Gidimt’en.

5h05 – Nous avons entendu que 13 véhicules de la Police Montée démontent les tentes. Autant que nous sachions, ces tentes ne bloquaient PAS la route et ne font pas partie de la zone soumise à une injonction.

5h30 – On nous fait parvenir des rapports du front disant que certains membres de la Police Montée avaient sorti leurs armes – pas pointées sur les gens – mais tout de même à la main.

On nous dit que même avec plus d’une douzaine de véhicules dans notre territoire, la salle de la communauté de Houston est encore pleine de flics prêts à envahir nos terres.

5h43 – Nous estimons qu’il y a plus d’une douzaine de flics sur le site, dont six encerclent la personne qui communique les mises à jour par radio.

5h56 – La personne à la radio, au km 39, annonce que la Police Montée a brisé les vitres de leur véhicule.

6h22 : Nous avons perdu la communication avec le poste Gidimt’en au km39, après que la Police Montée ait brisé les vitres du véhicule radio. Il fait toujours nuit noire dehors.

6h43 : On nous fait savoir que la Police Montée bloque maintenant la route de la forêt à 4 km.

6h59 : Nous apprenons que la Police Montée était partie de la ville en un convoi d’au moins 20 véhicules. #Wetsuweten #WetsuwetenStrong

7h22 : 36 véhicules, 1 ambulance et du matériel lourd ont démarré du point à 4 km. Il y a au moins 2 bulldozers et une excavatrice.

7h48 : La Police Montée transporte les 4 supporters arrêtés à Houston, en Colombie-Britannique. Tout le monde au km 39 est arrêté, à part les médias. Les gens des médias qui se trouvaient au km 39 sont emmenés dans un car de police.

10h57 : La Police Montée a établi une zone d’exclusion totale à leur point de contrôle à 27,5 km. Ils empêchent les médias et les Wet’suwet’en d’approcher, à l’exception des chefs qui obtiennent un permis d’un gradé. Nous ne devrions jamais être exclu de notre yintah, mais la Police Montée a transformé notre territoire en un état policier.

14h : Nous venons d’apprendre que la machinerie lourde a été entendue approchant du point de contrôle Gidimt’en à 44 km. Ils ne peuvent pas encore les voir. Un hélicoptère de la Police Montée vole au-dessus du camp Gidimt’en.

Les supporters des Wet’suwet’en arrêtés aujourd’hui refusent de signer les conditions de leur libération.

14h40 : Le point de contrôle Gidimt’en peut maintenant voir l’équipement lourd qui arrive vers eux.

16h44 : Les Chefs et supporters ont bloqué la route à 27 km, forçant la Police Montée à laisser passer les chefs. Le travail de dégagement a été interrompu à 44 km. Dsta’hyl (Likht’samisyu) dit que les #Wetsuweten imposeront l’éviction de Coastal Gaslink par tous les moyens dont ils disposent.

18h45 : Mise à jour légale : les six personnes arrêtées dans les territoires Gidimt’en ce matin sont en train d’être libérées sans accusations. Trois sont déjà dehors.

Le 13 janvier 2020, la Police Montée avait instauré une « zone d’exclusion » à 27 km et empêchait les médias, les Wet’suwet’en et la nourriture d’arriver sur le territoire, en violation des droits humains, de la loi Wet’suwet’en et des droits des Autochtones protégés par la constitution.

Le 22 janvier, la Police Montée avait refusé l’accès à des avocats et observateurs légaux.

Plus récemment, plusieurs appels et déclarations urgents avaient été publiés sur la page Facebook du Camp Unist’ot’en :

24 janvier 2020, 6h54 : « les actions du gouvernement Canadien contre le camp Unist’ot’en et pour soutenir l’oléoduc TransCanada Coastal Gaslink, sont en opposition directe avec les obligations internationales du Canada et la législation de la Colombie-Britannique de mettre une halte au changement climatique. En violation de ces obligations, et en déployant la Police Montée Royale Canadienne contre les chefs héréditaires Wet’suwet’en et leurs soutiens, le gouvernement de la Colombie-Britannique agit contre les intérêts de tous ses habitants. »

Communiqué de presse du 24 janvier, 23h23 : Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en réitèrent leur demande de rencontrer le premier ministre [de Colombie Britannique] Horgan.

24 janvier 2020, Smithers, Colombie Britannique – Les Chefs Héréditaires représentant la totalité des cinq clans de la Nation Wet’suwet’en réitèrent leur demande de rencontrer le premier ministre John Horgan à propos des violations des droits et du titre des Wet’suwet’en.

Horgan et le Ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation (MIRR), Scott Fraser, ont fait passer les communications par le Chef Na’moks, au lieu de suivre les canaux établis de rencontrer les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en collectivement.

Mercredi, un représentant des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en a rencontré le ministre Fraser, en tant que représentant du Premier Ministre Horgan, afin de répéter notre demande de rencontre de nation à nation avec le Premier Ministre Horgan. Le Ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation (MIRR) n’est pas un partenaire approprié pour une discussion de nation à nation, donc notre demande n’a pas encore été honorée.

Le MIRR est officiellement chargé de travailler avec les Premières Nations pour adopter et appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, et pour adopter la Décision Tsilqhot’in de la Cour Suprême, qui concerne les territoires relevant du titre Aborigène. Au lieu de cela, le MIRR a sapé les droits et le titre des Wet’suwet’en et contribué à la division de la communauté Wet’suwet’en.

En 2016, le MIRR a financé la création d’un groupe dissident, formé explicitement pour signer des accords sur les bénéfices avec le projet Coastal Gaslink au nom des Wet’suwet’en. Les actes du MIRR ont sapé l’autorité des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en et créé la confusion sur quels chefs héréditaires pouvaient prendre des décisions concernant le territoire en question.

Les Wet’suwet’en ont une longue histoire de pratique du principe de Consentement Libre, Préalable et Informé, qui fait partie de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, ainsi que de Anuc’nu’at’en (la loi Wet’suwet’en). Les Chefs Héréditaires, au nom du titre collectif des Wet’suwet’en, étaient partie civile dans l’affaire faisant jurisprudence Delgamuukw-Gisday’wa, où il a été conclu que les droits et le titre n’avaient jamais été abrogés sur 22 000 km² de territoire Wet’suwet’en non-cédé.

Nous soulignons la nécessité urgente d’un dialogue dans le respect avec les Chefs Héréditaires. Seuls les Wet’suwet’en et les Chefs Héréditaires ont autorité pour prendre des décisions sur ce qui se passe sur nos terres.

Liste des actions de solidarité en cours:

BAY AREA
BELLINGHAM
CALGARY
COURTENAY
EDMONTON
ECUADOR
GODERICH
HALIFAX
KAMOURASKA
KINGSTON
LONDON
NANAIMO
NELSON
OTTAWA
MONTREAL
RIMOUSKI
SEATTLE
TOFINO
THUNDER BAY
TORONTO
VANCOUVER
VICTORIA
YELLOWKNIFE

 

 

DES FEMMES AUTOCHTONES INTRODUISENT UN CAS SPECIFIQUE A L’OCDE CONTRE LE CREDIT SUISSE POUR VIOLATIONS DE DROITS CONCERNANT LE FINANCEMENT D’OLEODUCS

Communiqué de Presse
Jeudi 30 janvier 2020
Contact Katherine Quaid
katherine@wecaninternational.org
WECAN International
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat
Voir aussi la traduction d’Aurélie Journée-Duez, présidente du CSIA, sur la page Facebook du CSIA

Communiqué de presse commun, en collaboration avec Divest Invest Protect et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN).

SAN FRANCISCO BAY AREA, Californie, 30 janvier 2020 – Divest Invest Protect (DIP), le Réseau International des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et le Programme de l’Université d’Arizona pour le Droit et la Politique des Peuples Autochtones, annoncent avoir introduit un « Cas Spécifique » auprès de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) concernant le Crédit Suisse et les impacts négatifs pour les Peuples Autochtones et l’environnement résultant du financement ininterrompu des entreprises qui construisent l’oléoduc Dakota Access (DAPL) et l’oléoduc Bayou Bridge (BBP).

Cette action des femmes Autochtones intervient après près de deux ans d’échanges entre WECAN et DIP, d’une part, et le Crédit Suisse, d’autre part, sous forme de lettres, de deux rencontres avec des représentants du Crédit Suisse, une correspondance ininterrompue pour fournir des informations sur les violations et les effets négatifs, et la remise de documentation supplémentaire lors de la Réunion Générale Annuelle du Crédit Suisse à Zurich, en Suisse.

Les femmes Autochtones ont maintenu en toute bonne foi le dialogue avec le Crédit Suisse, cependant, vu l’absence d’action du Crédit Suisse, elles introduisent un « Cas Spécifique » auprès de l’OCDE dans l’espoir que cela servira de catalyseur pour susciter une action menant au dialogue, à la justice, à une solution et à la responsabilisation en matière de droits humains.

Alors que le Crédit Suisse a récemment signé les Principes pour une Banque Responsable – une série de principes destinés à aligner la stratégie des institutions financières sur les buts de la société – la banque continue à financer à grande échelle l’industrie des carburants fossiles, qui a des effets négatifs sur les droits des Peuples Autochtones, et contribue lourdement à la crise climatique. Depuis la signature de l’Accord de Paris sur le Climat, le Crédit Suisse a dépensé plus de 57 milliards de dollars pour financer le cycle du carburant fossile et est l’un des dix principaux financiers Européens des carburants fossiles les plus polluants.

Les Directives de l’OCDE sont le seul instrument international soutenu par les gouvernements sur une conduite responsable des affaires, ayant un mécanisme interne pour des réclamations, appelé « Cas Spécifique ». Par ce mécanisme, les représentants à l’OCDE des pays membres (ou Points de Contact Nationaux), constituent une tribune pour une médiation et un engagement compatible avec les politiques de l’OCDE, ainsi qu’une assistance aux actionnaires pour les aider à trouver une solution à des problèmes suscités par une possible non-observance des Directives. Récemment, la Société des Peuples Menacés (STP – Society for Threatened Peoples) – et le Crédit Suisse ont conclu une procédure de médiation via l’OCDE, qui a conduit le Crédit Suisse à inclure la protection des droits des communautés Autochtones dans ses directives sur le financement de projets.

Divest Invest Protect (DIP) et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN) a accueilli favorablement cette victoire partielle, cependant, elles ont rapidement montré que ce résultat est insuffisant, parce que les dispositions pour les droits des Autochtones ne s’appliquent pas au financement des grandes entreprises – le genre utilisé par le Crédit Suisse pour financer les entreprises qui construisent et entretiennent l’oléoduc Dakota Access. Il doit y avoir une responsabilité concernant les droits humains et Autochtones, et la protection de l’environnement à tous les niveaux des décisions financières, y compris le financement des grandes entreprises privées.

L’appel au « Cas Spécifique » de l’OCDE composé par les femmes Autochtones démontre leur courage et leur détermination à être des actrices et des voix majeures dans la définition de la responsabilité et le changement légal au sein des banques et des institutions financières pour protéger les droits des Peuples Autochtones, les terres, l’eau, les communautés et le climat.

Voir aussi, en anglais : https://www.wecaninternational.org/divestment-delegations

Cette action auprès de l’OCDE est également soutenue par le Programme des Défenseurs des Droits Humains des Autochtones et de la Responsabilité des Entreprises Privées de l’Université d’Arizona, et par la Clinique Internationale des Droits Humains à l’Ecole de Droit de l’Université de l’Est de la Nouvelle-Angleterre.

Les médias sont encouragés à adresser toutes questions et demandes d’interview à Michelle Cook ou à Osprey Orielle Lake.

« Le Cas Spécial pour l’OCDE, préparé et introduit par les femmes Autochtones, attirera une attention grandement nécessaire sur les négligences structurelles de l’industrie de la finance d’adhérer aux droits humains des Autochtones. Nous croyons que notre action et notre engagement mettrons au grand jour les lacunes qui permettent aux banques et aux entreprises d’agir en toute impunité sur notre survie culturelle, notre climat et notre futur. Le secteur financier doit écouter les mouvements Autochtones et garantir que les droits humains et les droits des Autochtones à un consentement libre, préalable et informé, seront respectés et protégés, le long de toute leur chaîne de production, dans toutes leurs relations d’affaires, quelque soit le type de financement ou de produit financier que les banques fournissent », dit Michelle Cook, avocate des droits humains Diné (Navajo), fondatrice de ‘Divest Invest Protect’ et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.

« Je suis une indigène de mon territoire. J’aime mon territoire et tout ce que je veux c’est le protéger pour mes arrière-petits-enfants, en quoi est-ce si condamnable ? Empêchez les grandes entreprises de carburant fossile de détruire la terre et l’eau, maintenant ! Mni Wiconi », dit LaDonna Brave Bull Allard, Ta Maka Waste Win – Her Good Earth Woman, historienne Lakota, Généalogiste et Protectrice de l’Eau, membre de la communauté Sioux de Standing Rock.

« Je descend de la bande de Sitting Bull. En 2014, avant la construction de l’oléoduc Dakota Access (DAPL), notre Conseil Tribal a informé l’entreprise qui voulait construire le DAPL, qu’il ne pouvait pas et ne consentirait pas à la construction de cet oléoduc. Le danger était trop proche et une marée noire serait un désastre pour nos huit communautés de Standing Rock. Nous avons immédiatement lancé un appel mondial. Nous avons demandé aux gens de venir nous soutenir. Pendant presque sept mois, ma famille et moi avons campé au bord de la rivière Cannonball avec des milliers d’autres venus nous soutenir. Durant cette période, mes quatre enfants et moi avons été témoins directs des violations de droits humains extrêmes et violentes commises contre notre peuple et d’autres dans notre terre natale. Ces violations étaient constituées par : des agents de sécurité privés utilisant des attaques de chiens contre des gens sans arme (j’en étais), les gens terrorisés par des avions volant très bas en cercle au-dessus de nos camps 24 heures par jour, des tirs contre nos chevaux et les gens par les forces de l’ordre. Mon Gouvernement Tribal a explicitement dit non au DAPL. Nos communautés de Standing Rock ont dit non au DAPL. Il n’y a pas eu de Consentement Libre, Préalable et Informé, comme l’exige la Loi Internationale selon la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Il est temps de rendre les décideurs, les représentants du gouvernement et les institutions financières RESPONSABLES. Il est temps qu’ils répondent aux gens de ma communauté, ceux-là même qui sont affectés par leur financement du DAPL. » Wašté Wi Yellow Lodge-Young, Lakota/Dakota, Standing Rock Nation.

Dans sa quête de justice et d’atténuation du changement climatique, le WECAN International appelle les institutions financières impliquées dans l’extraction et les projets de développement de carburant fossile à cesser de poursuivre leurs affaires comme d’habitude, étant donné les violations flagrantes qu’elles constituent contre les Peuples Autochtones et leurs territoires au moment ou nous devons faire face au défi sans précédent d’un monde en train de plonger dans le chaos climatique. Le Crédit Suisse doit écouter les femmes Autochtones et accéder à leurs demandes, qui sont fondées sur la demande de base de respecter l’exigence d’obtenir un Consentement Libre, Préalable et Informé des communautés Autochtones, comme la loi internationale l’exige. Il est bien plus que temps que les institutions financières soient tenues pour responsables, aussi bien au niveau du projet qu’à celui du financement des entreprises privées, et l’introduction du Cas à l’OCDE est une contribution centrale à la lutte globale pour le respect du Consentement Libre, Préalable et Informé, et à la transition vers l’abandon des carburants fossiles. C’est maintenant le moment pour les banques d’aller vers un futur juste et durable pour tous, respectant les droits des Autochtones et protégeant notre climat et nos communautés » dit Osprey Orielle Lake, Directrice Exécutive du Réseau d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.

WECAN :

www.wecaninternational.org – @WECAN_INTL

Le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN – Women’s Earth and Climate Action Network) est une organisation selon 501(c)3 et fondée sur des solutions, établie pour engager des femmes du monde entier dans la défense d’une politique, des projets sur le terrain, l’action directe, la formation, et la construction d’un mouvement pour la justice climatique globale.

30 janvier 2020

 

LE GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS ET SES SOUS-TRAITANTS DÉTRUISENT DES SEPULTURES ET DES TERRES SACRÉES

Photos ©Ofelia Rivas
Article par Brenda Norrell
Censored News
26 janvier 2020
Traduction Christine Prat

A’AL VI’PIA [Quitobaquito], Territoire O’odham – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, décrit la destruction de terres O’odham, sur lesquelles le gouvernement des Etats-Unis et ses sous-traitants détruisent des sites funéraires, des lieux sacrés et des itinéraires de migration d’espèces menacées, pour un petit bout de mur-frontière sur les terres O’odham.

Des restes humains, datant d’entre 300 et 1500, des anciens Hohokam, ancêtres des O’odham, ont été trouvés dans cette zone en 2019. Le gouvernement des Etats-Unis et les entreprises sous-traitantes savaient qu’ils enfreignaient des lois de l’état et fédérales en déterrant des tombes dans une zone connue comme sacrée, lieu de cérémonies pour les O’odham, mais ont gardé le secret jusqu’en janvier 2020.

« Ces entreprises sont responsables de camions lancés à trop grande vitesse, de passer au bulldozer les animaux et les plantes, de détruire l’habitat des animaux et leur migration naturelle, » dit Ofelia Rivas à Censored News.

Ofelia Rivas est fondatrice de La Voix O’odham Contre le Mur, et a passé sa vie à dénoncer la Patrouille des Frontières et la militarisation des territoires O’odham.

Le gouvernement des Etats-Unis a enfreint toutes les lois de l’état et fédérales protégeant : les sites funéraires des Amérindiens ; les espèces menacées ; les itinéraires de migration, et l’eau, le sol et l’air, pour construire ce mur de frontière illégal.

Ces destructions affectent les O’odham qui vivent sur leur propre terre et dans leurs communautés des deux côtés de la prétendue frontière, en Arizona, et dans l’état de Sonora, au Mexique.

Bien que les restes humains aient été trouvés au printemps et à l’automne 2019, l’information n’a été rendue publique qu’en janvier 2020, après que beaucoup de destructions aient été effectuées. Encore plus de destruction se prépare.

Ofelia Rivas dit « Ce mur est insignifiant – c’est une politique systématique du gouvernement. Je me demande si ce n’est pas une occasion de susciter la controverse pour détourner l’attention d’autres choses qui se déroulent loin du regard du public. »

Ofelia Rivas fit aussi remarquer que les officiels du Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue violaient les droits des O’odham depuis longtemps.

« Les autorités du Monument National ont longtemps barré l’accès d’A’al Vi’pia aux O’odham pour y pratiquer des cérémonies, traditionnelles depuis des temps immémoriaux, sur les sites funéraires et les sources sacrées. »

« Les autorités tribales ont non seulement négligé ces territoires ancestraux, mais ont continué à exprimer leur rhétorique répétitive, faisant de leur mieux pour continuer à se conformer à des idéologies capitalistes étrangères – très dommageables pour les obligations des O’odham, en tant que Peuple Premier, envers ces terres, selon leur mandat d’origine, de vivre en équilibre avec la nature. »

« Nos enfants et les générations futures se font voler la perspective d’une vie équitable » dit Ofelia à Censored News.

Ofelia Rivas dit que l’évaluation environnementale accélérée pour le mur-frontière démontre l’irresponsabilité de l’état d’Arizona et du gouvernement fédéral des Etats-Unis.

« Les gouvernements tribaux ont longtemps été confrontés à des évaluations environnementales faites de copié-collé. Les gouvernements tribaux ont fait un piètre exercice de souveraineté en ce qui concerne la protection des droits culturels Autochtones et la protection des gens, » dit Ofelia Rivas.

Cette semaine, un deuxième camion chargé de matériaux de construction pour le mur a eu un accident sur l’autoroute 86 de l’état d’Arizona, près du lieu où un précédent camion chargé des mêmes matériaux avait été accidenté en octobre dernier. Les deux accidents ont eu lieu dans la Nation Tohono O’odham.

« L’entreprise Southwest Valley Constructors d’Albuquerque, et tous les autres sous-traitants, font des excès de vitesse de la frontière à Ajo, en Arizona. Les camions roulant à grande vitesse sur l’autoroute 86 mettent en danger les gens sur leur trajet. »

« Le gouvernement de l’état est irresponsable. Il ne met pas seulement en danger les O’odham locaux, mais aussi les touristes locaux et les visiteurs d’hiver. Le gros du trafic empreinte l’autoroute 86. »

« L’état doit repenser ce trajet pour la sécurité de tous. Un camion de pétrole a été accidenté sur cette autoroute l’an dernier. »

Ofelia Rivas dit « Je suis une personne originaire de ces terres. Je me suis longtemps efforcée d’être une voix pour les plantes et les animaux, l’eau et les montagnes, et je rends honneur aux O’odham qui ont survécu depuis la nuit des temps et continuent d’honorer nos obligations sacrées de vivre ici. »

« Je suis témoin d’une manipulation franchement ethnocidaire de notre peuple, par l’écriture, dans une langue étrangère défavorable, pour déformer et changer ceux d’entre nous qui exercent la soi-disant l’autorité. »

« Je suis témoin des tactiques de guerre et des attaques contre les O’odham, physiques et psychologiques. J’ai été témoin de la marchandisation et de la commercialisation de notre ancienne connaissance de notre terre, du savoir de nos cérémonies, de notre savoir en matière de chasse, et de notre savoir concernant la nourriture. »

« C’est cette négligence qui affecte notre peuple en diminuant le savoir des femmes et les responsabilités des hommes, et le savoir et les responsabilités de nos générations futures » dit Ofelia.

Copyright Ofelia Rivas et Censored News
Ne peut être reproduit sans autorisation

O’odham Voice against the Wall, O’odham Solidarity Project:
http://www.solidarity-project.org/

Dans les medias:

(Arizona Central) “Bien que ce ne soit plus dans les limites de notre réserve, il est clair que nous avons habité cette région depuis des temps immémoriaux, » dit le Président Ned Norris Jr. « Ce sont nos ancêtres. Ce sont nos vestiges de qui nous sommes en tant que peuple, dans toute cette région. Et c’est une obligation, c’est notre devoir, de faire tout le nécessaire pour les protéger. » (article paru le 20 janvier dans AZ Central)

(Service du Parc National) « Trois fragments d’os ont été trouvés sur des tas de terre pendant les travaux, au printemps et à l’automne derniers, à proximité des Sources de Quitobaquito, près du coin sud-ouest du Monument » dit mardi dans un email Marco De Leon, chef des affaires publiques du Service des Parcs de la région des Montagnes Rocheuses du Colorado. « On pense que les fragments sont de la Période Classique Hohokam » dit De Leon. Cette période se situe entre 300 et 1500 de notre ère. (article paru sur le site de National Parks Traveler, le 15 janvier 2020)

(Censored News) En octobre, l’entreprise d’Albuquerque Southwest Valley Constructor a détruit au bulldozer des Cactus Saguaro protégés pour faire passer le mur-frontière en Arizona. Ils ont déterré des restes humains d’ancêtres des O’odham d’une tombe proche d’une source sacrée du Monument du Cactus Tuyau d’Orgue. Ça a été gardé secret jusqu’en janvier. Le gouvernement des Etats-Unis et le sous-traitant savaient qu’ils enfreignaient toutes les lois de protection d’état et fédérales. Des vestiges humains avaient aussi été déterrés ici au printemps 2019, selon le Service des Parcs Nationaux, dans un email rendu publique en janvier. (Censored News, 2 octobre 2019)

 

POURSUITES CONTRE LES 3 MANIFESTANTS DE FLAGSTAFF (MISE A JOUR) : LA JUGE REPORTE LA DATE DU PROCÈS POUR LA 2e FOIS

Par Indigenous Action
17 janvier 2020
Traduction Christine Prat

Flagstaff, ARIZONA – Le procès a de nouveau été reporté pour les trois défenseurs de la justice sociale et environnementale, qui risquent des condamnations pour une manifestation du Jour des Peuples Autochtones 2018. Alejandra Becerra, Klee Benally et Sumayyah Dawud, également connus comme « les 3 du Jour des Peuples Autochtones, » (IPD3) continuent de combattre ce qu’ils dénoncent comme une attaque politique.

Le procès des Trois devait avoir lieu hier (16 janvier), mais une audience d’examen des preuves destinée à examiner les motions présentées par l’avocat de la défense, Lee Phillips, a été organisée. La juge a décidé d’organiser une autre audience d’examen pour donner plus de temps au procureur pour réagir aux motions de la défense.

Au point où on en est maintenant, il semble probable que le procès soit reporté à la fin février ou à mars.

Le 17 décembre 2019, l’avocat Lee Phillips a présenté une Motion et un Mémorandum signifiant que l’Application Sélective de la loi et des Poursuites Vindicatives posaient un problème à la défense. Aucune réponse n’a été donné par l’Etat jusqu’au jour prévu une Conférence sur la Gestion de la Procédure, le 7 janvier 2020, au cours de laquelle le procureur a fait des objections à la défense et exhorté la juge à ne pas l’accepter. La juge présidant la séance a déclaré avoir besoin de plus de temps pour voir toutes les motions.

L’avocat Lee Phillips, de Flagstaff, représentant les trois accusés, avait déclaré que ses clients avaient été « ciblés à cause de leurs opinions politiques et pour les avoir exprimées. »

La juge n’a été chargée de l’affaire que récemment, le procureur ayant demandé le changement parce que le juge précédent avait demandé pourquoi l’Etat engageait un procès pour des infractions si mineures.

Cependant, l’Etat a exercé des pressions pour que le procès commence le 16 janvier 2020, bien qu’ayant présenté des objections à la défense à la dernière minute. Le procureur a semblé frustré de ce que la défense était prête à appeler 23 témoins à la barre, parmi lesquels des membres et ex-membres du Conseil Municipal de Flagstaff, ainsi que d’autres sur lesquels l’Etat comptait, d’après des rapports, comme témoins à charge. Les preuves qui ont été révélées montrent qu’une surveillance intensive est exercée sur les activistes locaux connus.

Soutenez les Trois du Jour des Peuples Autochtones (IPD3) en les aidant à payer leurs frais de justice sur : www.gofundme.com/f/support-the-ipd3

Diffusez l’information, faites prendre conscience d’ici au procès avec les mots dièze #indigenouspeoplesdayFlagstaff #supportIPD3

Pour plus d’informations (en anglais) : www.indigenousaction.org/idp3

Historique de l’affaire :

Le 8 octobre 2018, plus de 40 personnes se sont rassemblées et ont défilé dans le centre de Flagstaff, pour dénoncer l’hypocrisie de la déclaration par la Ville d’un Jour des Peuples Autochtones. Le rassemblement avait été décidé pour appeler à la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, attirer l’attention sur la criminalisation des migrants qui conduit à des déportations et des détentions massives, la responsabilité de Flagstaff pour son rôle dans la profanation des Pics San Francisco, la criminalisation des membres de la communauté sans-abri, et le niveau hors de proportions du profilage racial et des arrestations auxquels les Autochtones doivent faire face.

Près d’une douzaine de policiers de Flagstaff, ont utilisé des caméras individuelles pour contrôler et documenter la manifestation. Le Service de Police de Flagstaff et la Force de Renseignements Antigangs et sur l’Immigration, ont alors lancé une enquête qui a duré des semaines et a utilisé les réseaux sociaux, ainsi qu’un informateur non-identifié pour porter des accusations d’ « Obstruction d’une Voie Publique Principale ». En tout, 11 personnes ont d’abord été mises en examen. Sept des accusés ont accepté un accord [en fait, plaider coupable], avec le choix entre 40 heures de travaux d’intérêt général ou une amende de 150 dollars.

Voir aussi l’article précédent sur le procès

 

 

 Cactus Seguaro détruit au bulldozer par Southwest Valley Constructors près d’Ajo, Arizona

LA MAISON MÈRE DE LA COMPAGNIE QUI CONSTRUIT LE MUR EN ARIZONA EST L’UNE DES ENTREPRISES LES PLUS POLLUANTES AU MONDE

LA COMPAGNIE QUI CONSTRUIT LE MUR DE FRONTIÈRE EST LIÉE À L’OLÉODUC KEYSTONE ET AUX SABLES BITUMINEUX D’ALBERTA

Par Brenda Norrell, Censored News
10 janvier 2020
Traduction Christine Prat

AJO, Arizona – La maison mère de Southwest Valley Constructors – qui, actuellement, construit le Mur-frontière, en violation de toutes les lois fédérales sur la protection, détruisant des espèces menacées et passant au bulldozer le Désert, encore vierge, de Sonora – est une multinationale d’industrie minière et de construction, classée parmi les compagnies les plus polluantes du monde.

La maison mère de Southwest, Kiewit, dont le siège est à Omaha, dans le Nebraska, figure dans les premières places des 32 compagnies nord-américaines les plus polluantes, qui sont en train de tuer la planète.

L’entreprise qui construit le Mur, Southwest Valley Constructors, d’Albuquerque, transgresse toutes les lois fédérales adoptées pour protéger les espèces menacées, l’eau et les sites sacrés, pour construire une barrière-frontière fondée sur l’échec politique, la xénophobie et l’effondrement du gouvernement américain.

La variété de cyprinodon menacée ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde que dans une source près d’Ajo, en territoire sacré Tohono O’odham.

Tout près, les voies de migrations des jaguars et des antilopes locales [nom scientifique antilocapra americana] menacés sont en train d’être détruites.

Les cactus Saguaros sont arrachés, en dépit des lois de l’état et des lois fédérales.

Le gouvernement a ignoré 41 lois fédérales protégeant la vie, pour construire le Mur-frontière.

Dans sa plainte officielle, le Centre pour la Diversité Biologique souligne les atteintes aux droits humains, engendrées par le fait de changer une zone frontière de désert vierge en zone militarisée.

« Au-delà de compromettre la vie sauvage, les espèces menacées et les terres publiques, le mur à la frontière Etats-Unis-Mexique s’inscrit dans une stratégie plus large de militarisation de la frontière, qui met en cause les droits humains, les libertés civiles, les entreprises locales et les relations internationales. La frontière fait obstacle aux migrations naturelles des gens et des espèces sauvages, qui sont essentielles pour une diversité saine, » dit le Centre.

L’entreprise Southwest Valley a perçu 646 millions de dollars du budget de l’Armée des Etats-Unis, pour construire le Mur, selon le contrat passé par le Ministère de la Défense, et le Corps de Ingénieurs de l’Armée d’Albuquerque qui applique le contrat. L’utilisation de fonds militaires pour construire le Mur fait l’objet de nombreuses plaintes en justice toujours en cours.

Kiewit a également obtenu un contrat pour construire un mur au Texas, le long du Rio Grande. « Le contrat à 42,8 millions de dollars a été attribué à Kiewit Infrastructure West Co. Selon le service de Protection des Douanes et des Frontières, le projet comprend la construction de bornes d’acier de 5,5m à 9m de haut, en plus de la construction de routes, de technologie de détection et d’équipement d’éclairage », d’après CNN.

Parmi les projets de Kiewit, en divers endroits du monde, qui polluent la planète, il y a des travaux de construction pour Suncor, qui exploite les sables bitumineux d’Alberta, au Canada ; des mines de nickel au Québec ; des mines de diamants à Yellowknife, dans les territoires du Nord-Ouest du Canada ; l’extraction de minerai de fer dans l’ouest de l’Australie ; des mines de charbon dans le Wyoming ; des phosphates dans l’Idaho ; l’extraction de lignite au Texas ; et des mines de nickel dans la Baie de Voisey, Province de Terre Neuve et du Labrador, selon le site de l’entreprise.

L’oléoduc Keystone fait partie des projets de construction de Kiewit, ainsi que des projets de construction pour du pétrole, du gaz et des sables bitumineux ailleurs au Canada, dans le Dakota du Nord, au Texas et dans l’ouest de l’Australie.

En Amérique du Nord, Houston et Calgary sont les principales villes où des multinationales tuent la planète, surtout avec les industries du pétrole, du gaz et des sables bitumineux. En 2017, Kiewit a obtenu un contrat avec Wood Group Mustang, de Houston, pour construire la plateforme de gaz offshore Léviathan d’Israël.

La construction du mur de frontière en violation de lois de protection fédérales fait partie d’une politique plus vaste du gouvernement des Etats-Unis, qui viole maintenant les lois internationales protégeant les enfants migrants, entre autres l’acte génocidaire de séparation des enfants de leurs parents et la disparition d’enfants.

Les enfants de migrants sont emprisonnés dans des camps de la mort des Etats-Unis, où ils sont agressés sexuellement et meurent de manque de soins et de maladies qu’on peut prévenir, selon des cas recensés de décès d’enfants de migrants.

Les Etats-Unis sont maintenant en tête au niveau mondial pour le mépris trop répandu de la vie humaine et de la Terre.

 

SOLIDARITE : UN ARTISTE AUTOCHTONE DES ETATS-UNIS EXPRIME SON SOUTIEN AUX ENFANTS PALESTINIENS

Par un artiste de rue
Publié par First Seven Design Labs
Le 5 janvier 2020
Également publié par Indigenous Action Media

DANS L’ESPRIT DE FARIS…

Il y a 20 ans, je vivais avec une famille Palestinienne, quand le ‘11 septembre’ s’est produit, et c’était à leur table de plats traditionnels que nos rires et parfois nos larmes consolidaient notre lien avec les luttes Autochtones. C’est à cette même table qu’on m’a communiqué l’histoire de Faris Odeh, un adolescent immortalisé au panthéon des Palestiniens tombés, comme des centaines de milliers d’autres, tels que Mohammed Al-Durrah.

Transposition accélérée jusqu’à aujourd’hui et bien des émotions plus tard. J’ai entendu parler d’une organisation qui essaie d’attirer l’attention sur le génocide à Gaza par un petit panneau sur un mur longeant l’une des routes les plus fréquentées de Santa Fe [Nouveau-Mexique]. Cette route conduit à certains des musées et galeries d’art les plus célèbres, pour lesquelles Santa Fe est si connue. L’art de rue n’a jamais demandé et ne demandera jamais d’autorisation, et ces installations de colle à papier sont en opposition directe avec les institutions homogénéisées de la classe supérieure, et, lorsque ça va de pair avec le racisme local, les oppositions à cet art conscient abondent. C’est dans les espaces publics et dans les rues où les gaz lacrymogènes et les balles remplissent l’air qu’on trouve les images artistiques qui frappent le plus durement. J’ai compris depuis longtemps que le rôle d’un artiste est de créer les images que les gens soutiennent, et qui unissent les mouvements pour la perpétuation de notre culture et de nos modes de vies. Tout ‘art’ Autochtone qui n’est rien qu’un gadget devrait être considéré comme un acte de traitrise envers l’époque et les luttes de notre propre peuple, spécialement ceux qui sont sur les lignes de front. Ce genre d’ ‘artistes’ égocentriques n’ont pas leur place dans notre lutte, si ce n’est d’être un obstacle capitaliste prétentieux contre notre libération collective.

Depuis près de 5 ans, ce groupe de soutien aux droits humains des Palestiniens ont vu leur panneau effacé, détruit et même coupé par le couteau du racisme qui s’affiche ouvertement à Santa Fe. Ces ignares préfèreraient ne pas voir d’images d’enfants du Moyen-Orient, ou pire, la défense de leurs droits humains de base d’exister chez eux à Gaza – considérée comme l’une des plus grandes prisons à ciel ouvert actuellement.

La décision d’intervenir avec des installations d’art de rue quasiment indestructibles, sur le mur d’adobe, similaire aux murs de maisons palestiniennes, a été facile à prendre. Si vous comparez, sur des cartes, la réduction des territoires des peuples Autochtones de ce continent et ceux des Palestiniens, à ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, c’est exactement la même chose. Ce à quoi ça revient, c’est que nous avons des racistes qui essaient d’éradiquer la lutte des peuples Autochtones, non seulement dans d’autres pays, mais aussi ici, sur ce continent, sur des terres volées. Pour ces gens qui ont pris des couteaux pour détruire les images d’enfants Autochtones sur ces panneaux, il est clair que ce n’est pas passé loin, en termes historiques, de l’expansion vers l’ouest. Donc, logiquement, on peut tirer la conclusion que leurs actions sont une extension de leur héritage familiale sur ce continent.

Cette installation à la colle à papier était une réponse directe à la destruction répétée du panneau, et c’est ce qui arrive quand vous emmerdez un artiste de rue. La création de cette scène particulière raconte l’histoire de ce qu’ont subi les enfants Palestiniens, en utilisant tout le mur, au lieu d’être reléguée sur un panneau de petit format attribué par la ville. Il y a tellement d’analogies, en ce qui concerne le mur lui-même, le lieu et l’histoire autochtone partagée, que j’ai voulu m’assurer que ces histoires soient dites dans un format grandeur nature. Cet exploit exigeait d’aller dans un lieu très sombre pour vivre avec ces images et leurs histoires pendant des semaines, afin de mettre en lumière ce génocide continu. Dans certains cas, il a fallu utiliser des vidéos d’il y a 20 ans, à fort grain, et les améliorer avec différents programmes, afin que la terreur de leurs derniers instants puisse être montrée avec exactitude pendant les fêtes Chrétiennes, et que le public puisse apprendre ce qui se passe vraiment à Bethlehem en 2020.

C’est pendant ces semaines que j’en ai appris plus sur Faris Odeh, l’adolescent contre le char d’assaut, et les images de lui, David contre Goliath, que je n’avais jamais pu oublier depuis 20 ans. J’avais toujours su que je ferai quelque chose pour lui, mais je n’avais jamais su ce que ce serait, jusqu’à ce que cette occasion se présente. J’ai lu que Faris manquait l’école pour s’opposer aux super-chars faits aux U.S.A. achetés par l’armée Israélienne, qui tuaient son peuple et détruisaient des maisons à Gaza. J’ai lu que sa mère essayait de le convaincre de ne pas manquer l’école, et que, bien que sévèrement puni et enfermé dans sa chambre, il s’échappait par la fenêtre et descendait par la gouttière, pour rejoindre la rue et résister de la seule façon qu’il pouvait, avec des pierres. Ce qui me touchait le plus, c’était quand sa mère se souvenait de lui : « Ce n’était pas la gloire qu’il aimait » disait-elle. « En fait, il fuyait les caméras. » Elle le suppliait : « D’accord, tu veux jeter des pierres ? Mais au moins, cache toi derrière quelque chose ! Pourquoi faut-il que tu sois toujours devant, même plus près que les jeunes plus vieux que toi ? » Et il lui disait : « Je n’ai pas peur. » 10 jours après que cette photo ait été prise, ce serait ce char-là qui finirait par lui prendre la vie, quand on lui a tiré dans le cou, du char. Il a saigné pendant plus d’une heure, les secours ne pouvant pas approcher, vu qu’il était trop près du char. A de nombreuses reprises, je n’ai pas pu contenir mon émotion en pensant à son histoire et à beaucoup d’autres, au cours de ce projet, surtout en déroulant les tirages grandeur nature pour la première fois, et en voyant Mohammed Al-Durrah, ce petit garçon accroupi derrière son père dans ce qui s’est révélé être ses derniers instants.

Lui et son père ont été pris dans un feu croisé de snipers Israéliens qui les visaient tous les deux, alors qu’ils étaient cachés derrière une barrière de béton (on peut retrouver la vidéo non-corrigée en ligne – C’était des images de France 2, NdT). Si dur qu’ait pu être ce projet, physiquement, mentalement et spirituellement, ce n’est rien comparé à ce que nos frères et sœurs Autochtones subissent quotidiennement, à Gaza et dans d’autres prisons de colonies. J’ai le privilège et le luxe de me détourner de l’écran d’ordinateur, de l’art et de cette vie. Ils ne peuvent rien quitter, alors leurs histoires et ce qu’ils vivent ne doivent jamais être oubliés.
Quand les enfants de Palestine sont repérés sur une vidéo en train de résister avec des pierres ou autrement, l’armée Israélienne va chez eux en pleine nuit, ou dans leurs écoles, enfonce les portes, et les arrache littéralement à leurs proches à la pointe du fusil. Ces enfants disparaissent dans des cages pour être interrogés et torturés, exactement comme ce qui arrive le long de la soi-disant frontière Mexique/Etats-Unis. En fait, la haute technologie pour les murs qui a été perfectionnée contre les Palestiniens, est maintenant importée d’Israël pour le mur de notre frontière coloniale du sud.

Ce que l’Américain moyen ne comprend pas, c’est que mettre des enfants Autochtones dans des cages a été normalisé sur notre continent depuis que des bateaux ont atteint nos côtes. Pour s’emparer d’or et d’autres ressources naturelles, Christophe Colomb a séparé des familles, mettant les hommes et les garçons en cage pour leur faire extraire son quota d’or, et nos filles et nos femmes ont été vendues comme esclaves sexuelles pour son équipage. Ça n’a pas changé beaucoup pour nous, en plus de 520 ans de génocide ininterrompu… mais nous sommes existons toujours, ici, et dans l’esprit de nombreux guerriers Autochtones comme Faris, nous résistons toujours. Il a fait ce qu’il a fait pour l’amour de son peuple et il n’avait pas peur, et nous ne devrions pas avoir peur non plus.

C’est pour toi, Faris – et tant que je vivrai, tu vivras aussi, parce que tu es moi et je suis toi.

Notes de l’auteur : [Ce n’est pas antisémite de défendre les droits humains fondamentaux] [Vous êtes sur des terres volées] #Indigenous #Autochtone #Palestine #Palestinian #Palestinien #Solidarity #Solidarité #FarisOdeh #MuhammadAlDurrah #MohammedAlDurrah #FawziAlJunaidi
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Photos ©Michelle Cook

DES AUTOCHTONES DES ETATS-UNIS APPELLENT A LA PAIX AVEC L’IRAN

Par Brenda Norrell
Censored News
5 décembre 2020
Traduction Christine Prat

Ce jour, des Autochtones se sont rassemblés pour la paix et ont envoyé un message d’amitié au peuple d’Iran. Ils ont aussi demandé que les Etats-Unis se retirent d’Iraq et dénoncé Trump pour des assassinats et des provocations à la guerre. Des Diné [Navajo], des Lakota, des Pueblo et des Tohono O’odham ont lancé un appel urgent à la paix et la diplomatie pour mettre fin aux tragédies de la guerre.

Michelle Cook, une avocate Diné, a exhorté tous les peuples à se lever pour la paix, à s’engager diplomatiquement et à protéger l’Iran.

« Il y a plus de dix ans, dans ce qui semble maintenant avoir été un autre monde, j’ai été accueillie en Iran, où se trouvent encore les ossements du grand Roi Darius et d’Esther. Ce sont aussi des sites sacrés » dit Michelle Cook à Censored News.

« J’ai le cœur brisé pour les Iraniens, pour les tribus nomades d’Iran, nos parents, qui ne devraient jamais être attaqués ou diabolisés.

« Nos mains Diné, comme les mains Persanes, tissent des tapis, avec des fibres de laine qui portent le savoir et l’empreinte de nos ancêtres.

Michelle Cook dit qu’elle est opposée à tout financement des guerres des Etats-Unis.

« Nous avons tellement d’Autochtones dans l’armée, qui seront impactés par ces manœuvres tragiques et mal informées. Je prie pour la protection de nos hommes et femmes qui servent dans l’armée et sont mobilisés pour un ‘devoir’ dangereux, faux et immoral, pour l’intérêt personnel d’hommes nuisibles.

« J’exhorte tous les gens à résister activement à tout appel à employer la force en Iran et à tout message qui utilise des stéréotypes culturels et raciaux négatifs contre le peuple Iranien, ou cherche la violence. J’exhorte tous les peuples à protéger l’Iran, à empêcher la violence et à agir immédiatement pour la paix et la diplomatie. »

Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit, de la frontière sud, « chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les grands médias, puis justifiée par encore plus de morts à la guerre.

« Paix à tous ceux qui dénoncent cela et le combattent chaque jour. »

La Nation Rouge, composée d’universitaires et de défenseurs de la justice sociale Autochtones, se sont exprimés contre l’assassinat et la provocation à la guerre avec l’Iran.

« Pas de Guerre à l’Iran ! Les Etats-Unis hors d’Iraq ! » dit la Nation Rouge à Albuquerque ce jour. « Trois décennies de sanctions américaines, de militarisme et d’occupation ont déchiré l’Iraq et semé le chaos dans la population.

« L’assassinat de Qassem Soleimani, officiel de haut rang de l’armée Iranienne, cette semaine, par un drone, sur le sol Iraquien, est une indication claire de la volonté des Etats-Unis de déclencher une guerre contre l’Iran en utilisant l’Iraq comme scène de base.

« Cet acte criminel, de la part du gouvernement Trump et du Pentagone, n’est pas seulement destiné à provoquer la guerre avec l’Iran, mais une vengeance brutale contre les insurrections populaires en Iraq, contre la violente occupation militaire américaine du pays, qui entre dans sa dix-septième année. »

Joye Braun, Lakota, de la Nation Sioux de Cheyenne River dans le Dakota du Sud, dit que les Lakota sont pour la paix et ne sont pas les ennemis du peuple Iranien.

« Nous avons un lien étroit avec le peuple d’Iran. Il y a des peuples tribaux là-bas, et nous avons une relation commune avec nos oppresseurs, faite de colonisation et d’exploitation.

« Au peuple d’Iran : nous, peuple d’origine de ce pays, nous ne sommes pas votre ennemi. Nous ne soutenons ni ce gouvernement ni ceux du passé qui oppressent nos peuples.

« Nous vous envoyons nos prières, et sachez que nous sommes pour la paix » dit Joye Braun à Censored News.

Waste Win Young, Lakota de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, dit que l’American Indian Movement avait été impliqué dans les discussions de paix avec l’Iran, à la fin des années 1970 et dans les années 1980. Waste dit que les Lakota, aujourd’hui, sont suffisamment respectés et ont les capacités pour négocier la paix.

« Notre tante Marilyn Phillips-Harden-Takes the Knife, de Cheyenne River, et Juan Reyna, étaient parmi les négociateurs pour l’affaire des 40 otages Américains à l’Ambassade à Téhéran, » dit Waste Win Young à Censored news.

« Il y avait une Oglala mariée et habitant en Iran, Janeene Lonehill-Geyeagle (mère de Dana Lonehill). Son premier mari était Iranien. L’Iran ne pouvait pas croire qu’elle était Amérindienne et non Iranienne. Nos oncles Bill et Russell Means et notre tante Marilyn l’ont aidée à rentrer chez elle.

« Les Autochtones de Turtle Island ont du respect pour le peuple Iranien. Nous pouvons leur tendre la main et négocier la paix comme nous l’avons fait dans le passé » dit Waste Win Young.

« Une guerre de l’homme riche, » dit Louise Benally, Diné de Big Mountain, qui a combattu pendant les 40 années passées contre le déplacement forcé de sa terre natale, dû au fait que la firme Peabody s’emparait de l’eau et du sol pour extraire du charbon.

« La guerre ne serait pas une option, » dit Louise. « Le problème est qu’un président inapte a provoqué tout cela pour échapper à la révocation [Impeachment]. Il ferait n’importe quoi, mais la plupart des gens ne soutiennent pas cette idée idiote. »

Louise a été parmi les premiers à s’exprimer contre la guerre en Iraq, quand les bombes tombaient sur Bagdad, et à la comparer à la Longue Marche génocidaire jusqu’à Fort Sumner, à laquelle les Navajos ont été forcés par les Etats-Unis. Les déclarations de Louise ont été censurées par Indian Country Today, alors que la guerre faisait rage en Iraq.

Parlant pour la paix, Michelle Cook dit après son voyage en Iran « en tant que Peuple Navajo, nous avons appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous ; c’est une pratique ancienne durable et écologique.

« Si nous violons les lois de la nature, ou les enseignements des Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner, ce qui fait qu’on nous enseigne à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir le hozho [terme qu’on traduit par ‘beauté’, au sens pratique et spirituel, ‘équilibre’, ‘équité’, mais implique beaucoup plus que ce que nos langues peuvent dire ; c’est LA notion de base pour les Navajos – NdT]. C’est ce que les Anciens ont dit.

« Les gens sacrés nous ont aussi appris comment vivre et ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et cet enseignement s’applique aussi à la consommation de pétrole. Il ne faudrait pas qu’il y ait de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre Mère » dit Michelle. (Lire la suite plus bas).

Tandis que les Etats-Unis continuent leur schéma de guerres fondé sur leur gain politique et le contrôle des réserves de pétrole avec la complicité des médias, le regretté Thomas Banyacya, Hopi, avait plaidé avec force pour la paix.

Banyacya a passé sept ans en prison pour avoir refusé le service militaire et était devenu une voix globale pour la paix, s’exprimant contre la guerre et les armes atomiques.

Soulignant que l’uranium pour les premières bombes atomiques avait été arraché du sol de la région des Quatre Coins sans que les messagers spirituels Hopi aient été consultés, Banyacya avait prévenu le monde des conséquences de guerres ininterrompues.

Michelle Cook, membre de la Commission des Droits Humains de la Nation Navajo, écrivit l’article reproduit plus bas après son voyage en Iran, en 2008.

En faisant une introduction de l’article de Michelle, Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit aujourd’hui :

« Mon hommage à une guerrière au cœur fort qui lutte pour apporter la justice dans un monde de nations industrielles assoiffées de minéraux et de carburants fossiles – ce qui crée des millions de réfugiés et de morts, qui souffrent de systèmes tels que l’immigration aux Etats-Unis.

« Chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les médias dominants, puis justifiée par plus de morts à la guerre.

« Chaque atrocité et chaque souffrance est ce que nous ressentons quand nous sommes déprimés, quand nous sommes tristes et savons que quelque chose n’est vraiment pas juste.

« Paix à ceux qui dénoncent cela et le combattent tous les jours » dit Ofelia Rivas à Censored News.

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HOZHO, VIVRE DANS L’HARMONIE, [Walking in Beauty] COMME CADRE POUR UNE PAIX INTERNATIONALE EN IRAN

La Pacifiste Navajo Michelle Cook réfléchit sur son voyage en Iran

Par Michelle Cook, Diné
Avril 2008
Traduction Christine Prat

La politique et les décisions internationales impactent le peuple Navajo et le Pays Indien de manières très réelles. Si les Etats-Unis attaquent l’Iran, ça aura des conséquences sur les nombreux Navajos et autres Autochtones qui sont actuellement dans l’armée américaine.

Les dirigeants, les défenseurs et les jeunes des Nations Indiennes ont la responsabilité de poser des questions pour protéger les militaires Autochtones hommes et femmes contre des guerres ou des conflits armés qui peuvent être évités ou ne sont pas nécessaires.

Peu d’Américains savent qu’en 1953, les Etats-Unis, par l’intermédiaire de la C.I.A., ont orchestré le renversement d’un gouvernement iranien élu par le peuple et ont installé à la place un gouvernement à leur solde.

C’était au départ une réaction aux efforts de décolonisation des Iraniens, afin de continuer à contrôler et bénéficier de leur pétrole, qui jusque là avait été sous le contrôle direct de compagnies américaines et britanniques.

Ces efforts de décolonisation allaient priver les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de leurs profits. Les Etats-Unis ont organisé un coup d’état qui a renversé le Premier Ministre Mossadegh, qui dirigeait la décolonisation, et ont mis à sa place le Shah Mohammed Reza.

Le Shah Mohammed Reza, soutenu par les Etats-Unis, et son régime ont régné sur l’Iran d’une main de fer, au prix de la dignité et des droits humains de quiconque les mettait en question.

Dans les années 1970, la jeunesse et les peuples iraniens se sont engagés dans la Révolution Culturelle Islamique conduite par l’Imam Khomeini et ont renversé le régime soutenu par les Etats-Unis, ce qui a créé la nouvelle nation théocratique appelée la République Islamique.

Depuis la révolution, les Iraniens ont géré leur pétrole. Quelques-uns se rendent compte aussi que les Etats-Unis ont soutenu l’Iraq pendant la guerre Iraq-Iran des années 1980.

Actuellement, des responsables au sein du gouvernement des Etats-Unis prétendent que l’Iran est une menace pour la sécurité nationale, et en conséquence de cette menace supposée, croient que le gouvernement des Etats-Unis a le droit d’entreprendre une attaque militaire contre l’Iran.

Les Etats-Unis prétendent que l’Iran construit des armes de destruction massive, bien qu’ils aient encore à produire des preuves convaincantes pour soutenir cette affirmation. De plus, l’Iran, comme les autres « états non-nucléaires » selon le Traité de 1968 de Non-Prolifération des Armes Nucléaires, a parfaitement le droit de développer de la technologie nucléaire pour des buts pacifiques [sic – NdT], et donc, ne devrait pas être considéré comme agissant en dehors des limitations légales s’il enrichit de l’uranium ou développe de la technologie nucléaire [re-sic tout de même – NdT].

Si les Etats-Unis devaient attaquer l’Iran, ce serait sans autorité morale ou légale. En fait, une attaque contre l’Iran sera illégale selon la loi internationale et pourrait être considérée comme une agression. Considérant l’occupation actuelle de l’Iraq et les situations extrêmement sensibles en Palestine occupée, au Liban, au Pakistan et en Afghanistan, une frappe militaire américaine précipiterait un Moyen-Orient déjà instable dans le chaos, et l’éloignerait irrémédiablement d’une quelconque solution effective d’autodétermination, de paix et de sécurité. Ceci ne veut pas dire que l’Iran est une utopie, l’Iran, comme tous les états, à ses propres dilemmes sociaux, économiques et politiques, et ces problèmes ne peuvent être résolus que par les peuples iraniens eux-mêmes, pas par des Américains à des milliers de kilomètres de distance. Les Iraniens et les peuples du Moyen-Orient ne sont pas « terroristes » quand ils défendent les terres et les ressources qui leur appartiennent de droit.

Malheureusement, les Américains ont été manipulés pour croire aux stéréotypes et voient souvent l’Islam et les peuples originaires du Moyen-Orient comme de vulgaires « terroristes » et des gens violents.

Rejetant le dialogue, les Etats-Unis ont menacé de violence et ont imposé des sanctions qui ont isolé l’Iran de la communauté internationale, opposant les sentiments anti-américains à la résolution de problèmes cruciaux. Beaucoup d’Iraniens et d’Américains pensent que la base du conflit entre les Etats-Unis et l’Iran n’est pas la question du ‘terrorisme’, mais le contrôle de l’Iran sur son pétrole.

Une guerre potentielle contre l’Iran ne bénéficierait qu’aux compagnies pétrolières qui veulent monopoliser le marché et dicter le prix du pétrole. Les vies de Navajos et le bien-être des Américains valent beaucoup plus que le billet vert ou des barils sans vie de pétrole iranien pour le profit de compagnies occidentales multinationales.

Je suis allée en Iran, parce que les gens ont le droit d’entendre les deux parties. De plus, les Américains et les Navajos ont le droit de savoir où on nous conduit et méritent une transparence totale quand de telles situations se produisent. J’y suis allée avec une tradition de paix, armée de prières Navajo et de la sagesse des ancêtres.

L’Iran est un pays ancien, sa population est aujourd’hui d’environ 62 millions d’habitants, dont à peu près la moitié ont moins de vingt ans. L’Iran est aussi le pays de plusieurs tribus distinctes, comme les Ashayer, les Gonbad, les Qashqai et les Bakhtiari. Ces tribus sont nomades, elles se déplacent avec les saisons, élèvent des moutons sur de vastes chaînes de montagnes. Les tribus iraniennes, comme la tribu Navajo, sont également expertes dans le tissage. Ce sont les peuples tribaux d’Iran qui sont les tisserands renommés de beaucoup de Tapis Persans. Ces tribus sont confrontées aux mêmes défis que les peuples autochtones des Amériques, la pauvreté, le manque de services de santé, la mobilité traditionnelle, et la revitalisation de leurs langues, entre autres. Aux Etats-Unis, on entend rarement parler de ces tribus ou de la beauté et de la diversité des peuples et cultures iraniens.

J’ai rencontré des jeunes Iraniens qui sont en train de se définir et de se redéfinir dans leur relation avec la République Islamique. J’ai découvert un peuple en train de construire un équilibre entre l’Islam ancien et la modernité. J’ai trouvé des femmes fortes en train de définir les droits des femmes en Iran selon leurs propres termes.

En me promenant dans ces terres sacrées très anciennes, je n’ai pas vu de terroristes. J’ai vu des visages d’êtres humains réels ; j’ai vu des familles, des mères, des pères et des enfants, aucun des stéréotypes racistes qu’on trouve dans les médias. L’Iran héberge de nombreuses cultures et des fois différentes.

J’ai rencontré des gens parmi les plus gentils et les plus hospitaliers que j’aie jamais rencontré. J’ai découvert que les gens qui pratiquent l’Islam sont bons et prient beaucoup, tout comme les Navajos. En Islam, les invités et les étrangers sont traités comme des messagers de Dieu et traités avec un grand respect. J’ai reçu ce degré de respect et j’ai été invitée dans leurs foyers, où nous avons mangé et prié pour la paix entre nous. Nous avons récité des prières Navajo et Musulmanes.

Je voulais que les Iraniens comprennent la diversité de l’Amérique, l’idée de Nations Autochtones souveraines, de peuples distincts, comme nation dans une nation. Je voulais qu’ils comprennent certaines réalités, puissance et défis des peuples autochtones aux Etats-Unis, et, ce qui est le plus important, qu’ils ne voient pas les Navajos comme un peuple en voie de disparition, mais comme des protagonistes actifs dans une longue bataille épique pour l’harmonie complète et l’autodétermination. Je voulais qu’ils connaissent les Navajos, non seulement comme un peuple qui vit en harmonie, mais aussi comme un peuple de guerriers féroces qui se sont battus et se battent encore pour la libération, la restauration et la guérison de nos peuples, de la terre, de ses ressources, de notre culture et de notre langue.

Quand j’ai partagé mon histoire avec des Iraniens, j’ai senti un véritable sens de solidarité, une relation presque familiale. J’ai trouvé des gens pleins de compassion pour les luttes des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Bien que nous soyons différents, nous avons une chose en commun. Les peuples iraniens, tout comme les peuples autochtones, veulent déterminer leur propre avenir, mettre en pratique leur culture et leurs religions, sans interférences de l’extérieur, de dirigeants étrangers, ou de leurs influences. J’ai parlé avec des vétérans de la guerre entre l’Iran et l’Iraq des années 1980, qui défendent leur pays et défendent la paix parce qu’ils ne veulent plus jamais connaitre la guerre et les destructions qu’elle a produites dans leurs territoires. En fait, les Iraniens sont encore en train de guérir du traumatisme causé par cette guerre.

Les Navajos ont beaucoup à apprendre aux Américains et au monde en termes de non-violence et de résolution des conflits, comme la Cour des Pacificateurs de la Nation Navajo et les Pacificateurs Navajo.

Le but de la pacification Navajo est de résoudre les conflits et de restaurer l’harmonie aux individus en conflit sur la base non-violente de la tradition et de la croyance Navajo. La structure de pacification Navajo est construite sur la philosophie Navajo de Hozho, et utilise un procédé qui s’appuie sur le dialogue, ce que Robert Yazzie explique par l’expression « parler des choses jusqu’au fond ».

Les Etats-Unis peuvent apprendre beaucoup des Navajos dans ce domaine, étant donné que les Etats-Unis ont toujours échoué dans le dialogue ou la discussion complète des choses avec le peuple ou le gouvernement Iranien. Cet échec ne menace pas seulement la sécurité des Américains, mais aussi la vie des peuples Iraniens et des jeunes soldats autochtones et Navajos. Si le gouvernement des Etats-Unis est incapable ou n’a pas la volonté de mener ce dialogue, la société civile et les Nations Indiennes doivent défendre et créer ces discussions.

En tant que Navajos, on nous a appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous. C’est une pratique ancienne d’écologie durable. Si nous brisons les lois de la nature, et les enseignements de Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner. Donc, on nous a appris à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir l’harmonie [hozho]. C’est ce qu’ont dit les Anciens. Les Gens Sacrés nous ont aussi appris à vivre et à ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et ça s’applique à la consommation de pétrole. Il ne devrait pas y avoir de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre mère. Le peuple Navajo et les Américains doivent se tourner vers la sagesse ancienne et réévaluer les conséquences de la surconsommation des ressources de la terre. Aussi bien les carburants ‘naturels’ comme l’huile de palme et l’éthanol que les carburants fossiles comme le pétrole ou le charbon.

Il n’y a qu’à observer les changements climatiques, les ouragans, les inondations, les déséquilibres atmosphériques pour voir les conséquences de la rupture avec nos pratiques durables et écologiques. Certains appellent ça un changement climatique, peut-être que les Navajos le voient comme un acte des Gens Sacrés pour nous ramener à la discipline, parce que nous avons rompu l’équilibre de notre vie avec la terre et ne l’avons pas respectée. Nous sommes les Diyin Nohookáá Diné, les Gens de la Surface Sacrée de la Terre. Les Navajos sont investis de la responsabilité sacrée de maintenir le Hozho. Les Gens Sacrés nous ont enseigné à valoriser et respecter toute vie comme sacrée. Ça comprend la Terre et la vie humaine.

Ça comprend aussi les vies des peuples du Moyen-Orient et des Iraniens, quelque soient les différences entre nos cultures. Je crois que le Hozho, vivre en harmonie, peut être appliqué pour créer l’harmonie à des échelles locales ou globales. Pour créer et défendre un monde et une société où la paix et l’harmonie règnent sur les plans personnel, local, national et international.

Vivre en harmonie ou sur la voie du pollen, est un chemin difficile, mais c’est une voie que les ancêtres ont transmise personnellement et collectivement pour trouver la paix. Aller en hozho ou en paix c’est aller comme un guerrier, mais pas tous les guerriers portent des armes, certains portent des chants, certains portent du cèdre, et certains portent des prières pour la paix.

©Brenda Norrell et Michelle Cook, Censored News.

APPEL A SOUTIEN ! LA DATE DE COMPARUTION DES AUTOCHTONES DE FLAGSTAFF AYANT MANIFESTÉ LE ‘JOUR DES PEUPLES AUTOCHTONES’ EST FIXÉE AU 16 JANVIER !

Une fois de plus, des activistes Autochtones ou immigrés ont été arrêtés à Flagstaff pour avoir participé à une manif qui s’était déroulée… le 8 octobre 2018. Ils doivent passer au tribunal le 16 janvier 2020. Ce n’est pas nouveau, ils ont été arrêtés à de nombreuses reprises, avec des accusations qui ne tiennent pas debout. Là, il s’agit d’ « Obstruction d’une voie de circulation importante ». Ce qui implique que toute manif est illégale, vu que généralement ça bloque momentanément la circulation. Mais le plus choquant est qu’ils ont été poursuivis longtemps après la manif, sur la base de caméras de surveillance et d’espionnage de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas nouveau non plus. En 2012, ils ont été arrêtés pour une action dans laquelle j’avais été le principal témoin. Mais ils ont attendu deux mois et demi pour les poursuivre, afin de s’assurer que les témoins n’étaient plus là ou avaient oublié. Il est arrivé aussi, qu’après une manif, les flics les fassent descendre de force du trottoir, pour pouvoir prétendre qu’ils avaient causé des troubles et bloqué la circulation. Surtout, dans toutes ces affaires, le racisme et la haine des Autochtones sont évidents. Ils ont besoin de soutien, moral et financier.

Christine Prat

La date de comparution des manifestants de la ‘Journée des Peuples Autochtones’ de Flagstaff est fixée

Les organisateurs dénoncent une attaque politique et la surveillance d’Etat

Publié le 16 décembre 2019
Par Indigenous Action Media
Traduction Christine Prat

Appel :

  • Rassemblez-vous et soyez nombreux dans la salle du tribunal pour le procès, le 16 janvier 2020 de 8h30 à 16h30, et le vendredi 17 janvier de 13h30 à 16h30.
  • Envoyez des dons pour couvrir les frais de justice à gofundme.com/f/support-the-ipd3
  • Partagez, faites savoir : #indigenouspeoplesdayFlagstaff #supportIPD3

Flagstaff, Arizona – Trois défenseurs de la justice sociale et environnementale, qui se nomment « les Trois de la Journée des ‘Peuples Autochtones’ », comparaitrons le 16 janvier 2020, de 8h30 à 16h30 et le vendredi 17 janvier de 13h30 à 16h30, devant la Cour Municipale de Flagstaff (15N Beaver St, Flagstaff, AZ 86001) pour des accusations résultant d’une manifestation qui s’est déroulée à Flagstaff, lors de la ‘Journée des Peuples Autochtones’ en 2018.

Le 8 octobre 2018, le jour même où la Ville de Flagstaff annonçait officiellement la célébration de la ‘Journée des Peuples Autochtones’, plus de 40 personnes se sont rassemblées et ont défilé dans le centre de Flagstaff pour dénoncer l’hypocrisie de la Ville et sa déclaration vide. La manifestation avait été tenue comme appel à la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, pour dénoncer la criminalisation des migrants conduisant à des déportations et des détentions massives, pour dénoncer la responsabilité de la Ville de Flagstaff dans la profanation des Pics San Francisco, la criminalisation des Autochtones sans abri, et le profilage racial hors de proportions et les arrestations auxquels les Autochtones sont confrontés.

Une douzaine d’agents de police de Flagstaff ont utilisé des caméras pour contrôler la manifestation. La Police de Flagstaff et la Force de Renseignement sur les Gangs et l’Immigration ont alors ouvert une enquête qui a duré des semaines et a utilisé les médias sociaux, ainsi qu’un informateur non identifié, pour fonder une accusation d’« Obstruction d’une Voie Principale de Circulation ». Au total, onze personnes ont été accusées. Sept d’entre elles ont accepté un ‘accord’ impliquant 40 heures de travaux d’intérêt publique ou une amende de $150.

Klee Benally, depuis longtemps défenseur des droits à Flagstaff, et l’un des trois qui devront comparaitre dit : « Nous faisons face à une attaque politique évidente de la part des forces de l’ordre de Flagstaff, et entre autres, d’un niveau inquiétant de surveillance. Le fait que nous soyons visés et criminalisés pour combattre pour la justice pour notre communauté souligne l’hypocrisie de la célébration d’une ‘Journée des Peuples Autochtones’ ici, à Flagstaff. Les politiciens veulent célébrer, alors qu’ils camouflent leur rôle dans l’assassinat des cultures Autochtones avec leur contrat de vente de près de 700 millions de litres d’eaux usées pour faire de la neige sur les Pics San Francisco. Ils détournent leur regard tandis que le profilage racial, les raids de ICE [Forces de l’Immigration et des Douanes], les déportations et la violence policière se déploient. Ils ferment les yeux sur les appels des SDF à mettre un terme à leur politique anti-sans abri. La répression de l’état ne nous réduira pas au silence, nous continuerons à résister et à combattre l’injustice pour la terre et les gens. C’est l’enjeu véritable de ce procès. »

Sumayyah Dawud, une défenseuse des droits humains qui vit à Phoenix, Arizona (territoire Akimel O’odham), qui doit également être jugée, dit : « C’est extrêmement hypocrite, de la part de la Ville de Flagstaff, de prétendre honorer les Autochtones en leur attribuant un Jour officiel, tout en continuant à les surveiller exagérément et à les mettre en état d’accusation pour avoir défilé sur leur propre terre. C’est la continuation de plus de 500 ans de colonialisme. C’est lamentable de voir comment le Service de Police de Flagstaff, coopérant avec d’autres services de police, ont fouillé les médias sociaux et utilisé toutes sortes de techniques de surveillance pour identifier et poursuivre des activistes qui ne faisaient qu’utiliser le droit à la parole et au rassemblement. Dans cette affaire, la surveillance est empreinte de profilage racial, d’homo/transphobie et d’autres formes de préjugés. Ayant été moi-même confrontée à la surveillance et les poursuites pour avoir participé à des manifestations à Phoenix et ailleurs, je suis profondément inquiète sur les implications de cette attaque politique de la Ville de Flagstaff. Ces accusations infondées et injustes doivent être abandonnées. La Ville doit entreprendre une action significative pour honorer les Peuples Autochtones et en finir avec les injustices, au lieu de fournir une reconnaissance de pure forme par une ‘Journée’ officielle. Quelle que soit l’issue de ce procès, je continuerai à me battre pour la justice, la libération et l’égalité. »

Alejandra Becerra, ex-militante de la ‘Repeal Coalition’, qui doit également comparaitre, voit l’affaire comme une tactique du Service de Police de Flagstaff et du Service de Sécurité Publique d’Arizona, pour réduire au silence les objections de plus en plus fréquentes de la communauté locale au racisme camouflé et à l’injustice de leurs politiques. Trois jours avant la Manifestation de la ‘Journée des Autochtones’, trois femmes ont été arrêtées après s’être enchaînées sur le parking du Service de Police de Flagstaff, pour protester contre la collaboration de la ville et du comté avec l’ICE [Forces de l’Immigration et des Douanes]. Cela avait attiré l’attention sur le fait que les forces de l’ordre locales jouent un rôle crucial dans la criminalisation et la déportation de proches dans un système de détention violent, qui sépare des familles dans la communauté de Flagstaff. « J’ai parlé devant les mêmes agents qui ont fait des efforts incroyables pour mettre des contraventions et j’ai souligné une fois de plus le fait qu’ils sont le dénominateur commun de la mise en cage hors de proportions d’Autochtones et du système de déportation de masse qui fait disparaitre les sans-papiers. Qui et quoi prétendent-ils protéger ? Parce qu’en tant qu’immigrante, mère et individu qui se préoccupe de la justice sociale, je ne me sens pas en sécurité. »

Selon ses propres rapports, la police de Flagstaff arrête en moyenne 6000 personnes par an. Environ la moitié de ceux qui sont arrêtés sont Autochtones, bien qu’ils ne constituent que 11% de la population.

Un article publié récemment dans The Progressive décrivait l’affaire et avait fait appel à Chip Gibbons, conseiller politique et juridique du groupe de défense des libertés civiles ‘Defending Rights & Dissent’, dont les inquiétudes sur la nature politique des accusations ont pesé de tout leur poids.

« C’est clairement un acte destiné à intimider les manifestants et la liberté de parole », dit Gibbons. « La police était sur place et n’a apparemment rien vu qui aurait justifié d’empêcher les manifestants de bloquer la circulation, ce qui rend ces arrestations après coup complètement absurdes. »

Gibbons dit aussi qu’il était très préoccupé du fait que de la technologie de surveillance ait été utilisée pour permettre ces arrestations. « Les caméras portables, qui devaient être un moyen de responsabiliser la police, ont été transformées en un outil de surveillance » dit-il. « Associées au contrôle des médias sociaux, la police a pu identifier les manifestants et les faire comparaitre devant le tribunal. Le message est clair : Si vous vous exprimez politiquement, la police sait qui vous êtes et comment vous trouver. »

Gibbons voit cela comme faisant partie d’« une tendance nationale inquiétante, » qu’on retrouve aussi dans le contrôle des médias sociaux des groupes protestataires par la police de Boston, Memphis et Baltimore.

« Nous savons par les fichiers publics que le FBI a surveillé ou contrôlé continuellement les mouvements sociaux ou questionné les militants de ces mouvements, » dit Gibbons, « entre autres les mouvements pour la justice raciale, les protecteurs de l’eau de Standing Rock, et les activistes de Occupy ICE. »

Les 3 de l’IPD [Indigenous Peoples Day – Journée des Peuples Autochtones] demandent du soutien au tribunal et un rassemblement avant l’audience, le 16 janvier 2020, de 8h30 à 16h30, et le vendredi 17 janvier de 13h30 à 16h30.

Ils ont aussi organisé une collecte de fonds en ligne pour les frais de justice : www.gofundme.com/f/support-the-ipd3

Vous pouvez aussi faire connaître l’affaire en utilisant les mots dièze #indigenouspeoplesdayFlagstaff et #supportIPD3

Les organisateurs du rassemblement de la Journée des Peuples Autochtones appellent à ces actions immédiates :

  • Continuer à boycotter Arizona Snowbowl et exiger de la Ville de Flagstaff qu’elle annule son contrat avec la station de ski.
  • Mettre fin au profilage racial et à la collaboration avec l’ICE et de plus, travailler à l’abolition de la police dans nos communautés en établissant des réseaux de soutien communautaires et des options de justice transformatrices/réparatrices.
  • Annuler l’ordonnance anti-camping et toutes les politiques anti-SDF.
  • Faire des dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents sans abri à la Táala Hooghan infoshop (1704 N 2nd Street, Flagstaff).

En lire plus sur l’action du 8 octobre 2018 :   https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=4706

 

Au lieu de faire de dons à des organisations à énormes budgets et d’acheter aveuglément à des capitalistes Autochtones, pourquoi ne pas fournir de soutien à ces projets et personnes Autochtones pleins de ressources et qui font un travail énorme avec très peu de soutien financier ? Voilà une occasion de participer et d’étendre ces efforts nécessaires au-delà du #givingtuesday.

Certains de ces projets ou de ces personnes ne sont pas explicitement anticapitaliste, mais nous savons que souvent, ce qu’ils font vient de leur poche et qu’ils donnent toujours beaucoup plus que ce qu’ils ne reçoivent ou que la reconnaissance qu’ils obtiennent.

R.I.S.E. SURVIE ET EMANCIPATION AUTOCHTONES RADICALES

R.I.S.E. est une initiative Autochtone destinée à porter les voix d’Autochtones Queer, Trans, à Deux Esprits [Homosexuels] et de communautés matriarcales. R.I.S.E. est une présence collective d’ancêtres Autochtones. R.I.S.E. est une résistance collective créée et dirigée par des Autochtones.

Dons/paypal : burymyart@gmail.com

KÉ’ INFOSHOP

Infoshop anticoloniale, anti hétéropatriarcale et anticapitaliste, située à Window Rock, Arizona, capitale de la Nation Diné/Navajo. Elle fonctionne avec le féminisme Autochtone comme principe et guide. Ké’ infoshop est un collectif Diné uni pour libérer nihi k’ei/nos proches.

Dons : www.Keinfoshop.org/donate

MAMMA JULZ

MAMA Julz (Julie Richards, Oglala Lakota) est une protectrice de l’eau de Alliance des Mères Contre la Meth[adone]. MAMA Julz travaille avec passion en première ligne pour protéger les terres sacrées, l’eau et sa communauté.

Paypal: julzzzzrich@gmail.com

DINÉ NO NUKES LEONA MORGAN

Résistance Autochtone au colonialisme nucléaire dans la Nation Diné/Navajo et au-delà.

Avec des projets comme Radiation Monitoring Project [projet de contrôle de la radioactivité]. Haul NO! [Contre le transport de matériaux radioactifs] et Nuclear Issues Study Group [Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires], Leona travaille sans relâche pour essayer de garantir un avenir sans nucléaire.

www.dinenonukes.org

Dons : www.paypal.me/l30n4

COLLECTIF O’ODHAM CONTRE LA FRONTIERE

Des O’odham qui agissent et résistent contre la militarisation de la frontière et la construction du Mur frontière sur leurs terres sacrées.

Dons :  www.paypal.me/antibordercollective

REPRENDRE L’ILE DE LA TORTUE [reclaim Turtle Island] LAKOTSIRAREH AMANDA

Utilisant les médias et l’action directe, Amanda est une force de la Résistance Autochtone au capitalisme de pillage des ressources.

Dons/Paypal : reclaimturtleisland@gmail.com

WARRIOR PUBLICATIONS

Warrior Publications est publié dans le territoire occupé de la Côte Salish (Vancouver, KKKanada). Son but est de promouvoir la culture guerrière, l’esprit combattant et les mouvements de résistance.

Dons/Paypal : zig_zag48@hotmail.com

TÁALA HOOGHAN INFOSHOP

Une infoshop Autochtone radicale et un centre de ressources pour l’action directe, situé à Kinłani/Flagstaff, Arizona. Durant tout l’hiver, ils s’organisent pour empêcher les SDF Autochtones de geler. Ils ont désespérément besoin de fonds.

Révélation : c’est un projet avec lequel nous travaillons beaucoup et soutenons par les ventes de notre boutique à www.indigenousaction.org.

Dons : www.paypal.me/indigenousaction

SAKEJ WARD

Sakej est un guerrier Mi’kmaq de la communauté d’Esgenoopetitj (Première Nation Burnt Church, Nouveau Brunswick). Il organise des ateliers de survie et des entrainements de guerrier dans toute l’Île de la Tortue.

Dons : Prendre contact sur Facebook www.facebook.com/sakej.ward

LOUISE BENALLY

Louise est Diné de Big Mountain, une région de Black Mesa où elle a résisté au déplacement forcé et au colonialisme de pillage des ressources pratiquement toute sa vie.

Dons : Prendre contact sur Facebook www.facebook.com/louise.benally.94

 

Nous serions heureux d’allonger cette liste, alors n’hésitez pas à nous contacter par mail à indigenousaction@gmail.com pour nous signaler des associations Autochtones.

www.indigenousaction.org

Communiqué de Presse
Par Shawn Mulford
Publié par Protect The Peaks
5 décembre 2019
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

La Superviseure de la Forêt Nationale de Coconino, Laura Jo West, a approuvé une nouvelle ligne de télésièges, style téléphérique, dans la station de ski Arizona Snowbowl, en précisant que ça n’aurait pas d’impact significatif. L’Association des Hommes Médecine Diné [‘Navajo’] a objecté à cette affirmation en déclarant que « sur la base de notre étude de ce projet et des conclusions de l’actuelle Superviseure de la Forêt Nationale de Coconino Laura Jo West, selon lesquelles il n’y aurait pas d’impact significatif, nous constatons que rien n’a changé, que nos droits continuent d’être violés et que la Création du Créateur continue d’être détruite. »

Le Forestier Régional du Service des Forêts des Etats-Unis, Cal Joyner, étudiera toutes les objections au projet, y compris celle de l’Association des Hommes Médecine Diné. L’Association déclare qu’une « Déclaration d’Impact Environnemental » (EIS) doit être effectuée afin de démontrer clairement quel seront les impacts du projet. Sans Déclaration d’Impact Environnemental, le Service des Forêts ne remplit pas sa Responsabilité vis-à-vis des Tribus et Nations (Autochtones). »

Le Service des Poissons et de la Vie Sauvage des Etats-Unis (USFWS) est l’administration responsable de la protection des espèces menacées. Les Anciens Autochtones font remarquer que « Le Service des Poissons et de la Vie Sauvage a délibérément négligé d’entreprendre une étude sérieuse ou de visiter le site où pousse le séneçon des Pics San Francisco [packera franciscana]*, il s’est tout simplement rangé à l’avis de la Forêt Nationale de Coconino ». Après avoir appris que le Service des Forêts et le Service des Poissons et de la Vie Sauvage avaient fondé leur décision sur un plan de redressement d’il y a 32 ans, les hommes-médecine ont déclaré qu’« avec cette absence d’étude adéquate et en utilisant des données périmées, le Service des Forêts et celui des Poissons et de la Vie Sauvage n’avaient pas rendu compte du problème du séneçon [packera franciscana]*. » « Le séneçon est une plante que nous utilisons. Nous seuls, les gens sacrés qui avons des liens avec cette terre, comprenons cette plante médicinale. »

Les Anciens Autochtones disent : « Nous nous opposons à ce que le point zéro de cette zone d’impact ait été choisi pour ce projet. Le projet étant prévu sur une pente très raide au cœur de l’habitat du Séneçon des Pics San Francisco menacé, c’est de la négligence de la part du Service des Forêts et du Service des Poissons et de la Vie Sauvage que d’accepter ce projet sans tenir compte de la zone touchée. »

Dans le but de protéger le séneçon menacé, les Anciens déclarèrent : « Ce projet doit être retiré et la décision de la Forêt Nationale de Coconino annulée. Arizona Snowbowl ne voulant pas protéger la Plante Sacrée (Séneçon San Francisco), leur permis spécial d’utilisation doit être révoqué et expirer, pour le bien du grand public. »

* Le séneçon est une plante courante dans les pays tempérés. Des scientifiques trouvent le mot, qui appartient à la langue populaire, ambigu, il désigne plusieurs variétés qui ne peuvent pas être confondues. Le séneçon des Pics San Francisco est une variété rare et menacée que les scientifiques préfèrent appeler ‘packera franciscana’. Elle ne pousse que sur les pentes des deux plus hauts pics, la station de ski Snowbowl s’étant établie sur les pentes de l’un des deux.