DES FEMMES AUTOCHTONES INTRODUISENT UN CAS SPECIFIQUE A L’OCDE CONTRE LE CREDIT SUISSE POUR VIOLATIONS DE DROITS CONCERNANT LE FINANCEMENT D’OLEODUCS
Communiqué de Presse
Jeudi 30 janvier 2020
Contact Katherine Quaid
katherine@wecaninternational.org
WECAN International
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat
Voir aussi la traduction d’Aurélie Journée-Duez, présidente du CSIA, sur la page Facebook du CSIA
Communiqué de presse commun, en collaboration avec Divest Invest Protect et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN).
SAN FRANCISCO BAY AREA, Californie, 30 janvier 2020 – Divest Invest Protect (DIP), le Réseau International des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et le Programme de l’Université d’Arizona pour le Droit et la Politique des Peuples Autochtones, annoncent avoir introduit un « Cas Spécifique » auprès de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) concernant le Crédit Suisse et les impacts négatifs pour les Peuples Autochtones et l’environnement résultant du financement ininterrompu des entreprises qui construisent l’oléoduc Dakota Access (DAPL) et l’oléoduc Bayou Bridge (BBP).
Cette action des femmes Autochtones intervient après près de deux ans d’échanges entre WECAN et DIP, d’une part, et le Crédit Suisse, d’autre part, sous forme de lettres, de deux rencontres avec des représentants du Crédit Suisse, une correspondance ininterrompue pour fournir des informations sur les violations et les effets négatifs, et la remise de documentation supplémentaire lors de la Réunion Générale Annuelle du Crédit Suisse à Zurich, en Suisse.
Les femmes Autochtones ont maintenu en toute bonne foi le dialogue avec le Crédit Suisse, cependant, vu l’absence d’action du Crédit Suisse, elles introduisent un « Cas Spécifique » auprès de l’OCDE dans l’espoir que cela servira de catalyseur pour susciter une action menant au dialogue, à la justice, à une solution et à la responsabilisation en matière de droits humains.
Alors que le Crédit Suisse a récemment signé les Principes pour une Banque Responsable – une série de principes destinés à aligner la stratégie des institutions financières sur les buts de la société – la banque continue à financer à grande échelle l’industrie des carburants fossiles, qui a des effets négatifs sur les droits des Peuples Autochtones, et contribue lourdement à la crise climatique. Depuis la signature de l’Accord de Paris sur le Climat, le Crédit Suisse a dépensé plus de 57 milliards de dollars pour financer le cycle du carburant fossile et est l’un des dix principaux financiers Européens des carburants fossiles les plus polluants.
Les Directives de l’OCDE sont le seul instrument international soutenu par les gouvernements sur une conduite responsable des affaires, ayant un mécanisme interne pour des réclamations, appelé « Cas Spécifique ». Par ce mécanisme, les représentants à l’OCDE des pays membres (ou Points de Contact Nationaux), constituent une tribune pour une médiation et un engagement compatible avec les politiques de l’OCDE, ainsi qu’une assistance aux actionnaires pour les aider à trouver une solution à des problèmes suscités par une possible non-observance des Directives. Récemment, la Société des Peuples Menacés (STP – Society for Threatened Peoples) – et le Crédit Suisse ont conclu une procédure de médiation via l’OCDE, qui a conduit le Crédit Suisse à inclure la protection des droits des communautés Autochtones dans ses directives sur le financement de projets.
Divest Invest Protect (DIP) et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN) a accueilli favorablement cette victoire partielle, cependant, elles ont rapidement montré que ce résultat est insuffisant, parce que les dispositions pour les droits des Autochtones ne s’appliquent pas au financement des grandes entreprises – le genre utilisé par le Crédit Suisse pour financer les entreprises qui construisent et entretiennent l’oléoduc Dakota Access. Il doit y avoir une responsabilité concernant les droits humains et Autochtones, et la protection de l’environnement à tous les niveaux des décisions financières, y compris le financement des grandes entreprises privées.
L’appel au « Cas Spécifique » de l’OCDE composé par les femmes Autochtones démontre leur courage et leur détermination à être des actrices et des voix majeures dans la définition de la responsabilité et le changement légal au sein des banques et des institutions financières pour protéger les droits des Peuples Autochtones, les terres, l’eau, les communautés et le climat.
Voir aussi, en anglais : https://www.wecaninternational.org/divestment-delegations
Cette action auprès de l’OCDE est également soutenue par le Programme des Défenseurs des Droits Humains des Autochtones et de la Responsabilité des Entreprises Privées de l’Université d’Arizona, et par la Clinique Internationale des Droits Humains à l’Ecole de Droit de l’Université de l’Est de la Nouvelle-Angleterre.
Les médias sont encouragés à adresser toutes questions et demandes d’interview à Michelle Cook ou à Osprey Orielle Lake.
« Le Cas Spécial pour l’OCDE, préparé et introduit par les femmes Autochtones, attirera une attention grandement nécessaire sur les négligences structurelles de l’industrie de la finance d’adhérer aux droits humains des Autochtones. Nous croyons que notre action et notre engagement mettrons au grand jour les lacunes qui permettent aux banques et aux entreprises d’agir en toute impunité sur notre survie culturelle, notre climat et notre futur. Le secteur financier doit écouter les mouvements Autochtones et garantir que les droits humains et les droits des Autochtones à un consentement libre, préalable et informé, seront respectés et protégés, le long de toute leur chaîne de production, dans toutes leurs relations d’affaires, quelque soit le type de financement ou de produit financier que les banques fournissent », dit Michelle Cook, avocate des droits humains Diné (Navajo), fondatrice de ‘Divest Invest Protect’ et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.
« Je suis une indigène de mon territoire. J’aime mon territoire et tout ce que je veux c’est le protéger pour mes arrière-petits-enfants, en quoi est-ce si condamnable ? Empêchez les grandes entreprises de carburant fossile de détruire la terre et l’eau, maintenant ! Mni Wiconi », dit LaDonna Brave Bull Allard, Ta Maka Waste Win – Her Good Earth Woman, historienne Lakota, Généalogiste et Protectrice de l’Eau, membre de la communauté Sioux de Standing Rock.
« Je descend de la bande de Sitting Bull. En 2014, avant la construction de l’oléoduc Dakota Access (DAPL), notre Conseil Tribal a informé l’entreprise qui voulait construire le DAPL, qu’il ne pouvait pas et ne consentirait pas à la construction de cet oléoduc. Le danger était trop proche et une marée noire serait un désastre pour nos huit communautés de Standing Rock. Nous avons immédiatement lancé un appel mondial. Nous avons demandé aux gens de venir nous soutenir. Pendant presque sept mois, ma famille et moi avons campé au bord de la rivière Cannonball avec des milliers d’autres venus nous soutenir. Durant cette période, mes quatre enfants et moi avons été témoins directs des violations de droits humains extrêmes et violentes commises contre notre peuple et d’autres dans notre terre natale. Ces violations étaient constituées par : des agents de sécurité privés utilisant des attaques de chiens contre des gens sans arme (j’en étais), les gens terrorisés par des avions volant très bas en cercle au-dessus de nos camps 24 heures par jour, des tirs contre nos chevaux et les gens par les forces de l’ordre. Mon Gouvernement Tribal a explicitement dit non au DAPL. Nos communautés de Standing Rock ont dit non au DAPL. Il n’y a pas eu de Consentement Libre, Préalable et Informé, comme l’exige la Loi Internationale selon la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Il est temps de rendre les décideurs, les représentants du gouvernement et les institutions financières RESPONSABLES. Il est temps qu’ils répondent aux gens de ma communauté, ceux-là même qui sont affectés par leur financement du DAPL. » Wašté Wi Yellow Lodge-Young, Lakota/Dakota, Standing Rock Nation.
Dans sa quête de justice et d’atténuation du changement climatique, le WECAN International appelle les institutions financières impliquées dans l’extraction et les projets de développement de carburant fossile à cesser de poursuivre leurs affaires comme d’habitude, étant donné les violations flagrantes qu’elles constituent contre les Peuples Autochtones et leurs territoires au moment ou nous devons faire face au défi sans précédent d’un monde en train de plonger dans le chaos climatique. Le Crédit Suisse doit écouter les femmes Autochtones et accéder à leurs demandes, qui sont fondées sur la demande de base de respecter l’exigence d’obtenir un Consentement Libre, Préalable et Informé des communautés Autochtones, comme la loi internationale l’exige. Il est bien plus que temps que les institutions financières soient tenues pour responsables, aussi bien au niveau du projet qu’à celui du financement des entreprises privées, et l’introduction du Cas à l’OCDE est une contribution centrale à la lutte globale pour le respect du Consentement Libre, Préalable et Informé, et à la transition vers l’abandon des carburants fossiles. C’est maintenant le moment pour les banques d’aller vers un futur juste et durable pour tous, respectant les droits des Autochtones et protégeant notre climat et nos communautés » dit Osprey Orielle Lake, Directrice Exécutive du Réseau d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.
WECAN :
www.wecaninternational.org – @WECAN_INTL
Le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN – Women’s Earth and Climate Action Network) est une organisation selon 501(c)3 et fondée sur des solutions, établie pour engager des femmes du monde entier dans la défense d’une politique, des projets sur le terrain, l’action directe, la formation, et la construction d’un mouvement pour la justice climatique globale.
30 janvier 2020
Le 7 juin, les Protecteurs de l’Eau en tournée en Europe, se sont adressés aux Nations Unies. La veille, ils avaient bloqué le Crédit Suisse, principal investisseur européen dans le Dakota Access Pipeline, avec des activistes européens. La police est intervenue, et Rafael Gonzalez – artiste hip-hop sous le nom de Tufawon, qui devait participer à un concert avec Nataanii Means ce soir-là – a été brutalement expulsé par la police, tout comme des manifestants locaux. Ci-dessous, traduction de deux articles de Censored News, écrit par Brenda Norrell, d’après les récits des Protecteurs.
Article par Brenda Norrell
Photos par Waste Win Young, Nataanii Means et Rachel Heaton
Publié sur Censored News
Mardi 6 juin 2017
Traduction Christine Prat
GENEVE, Suisse – Des Protecteurs de l’Eau des camps de Standing Rock ont conduit le blocage du Crédit Suisse, un des principaux investisseurs du Dakota Access Pipeline, au cours de leur tournée de 11 pays d’Europe, pour demander de cesser d’investir, de passer à l’énergie propre, et de résister pour l’Eau.
Les quatre membres de l’équipe de Protecteurs en tournée – Waste Win Young, Dakota Lakota de Standing Rock; Rachel Heaton, Muckleshoot; Nataanii Means, Diné Lakota; et Rafael Gonzalez, Dakota – ont conduit la fermeture du Crédit Suisse et se sont rendus ensuite au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies pour parler.
Beaucoup d’alliés Européens se sont joints à l’opération de fermeture et se sont enchaînés dans la banque.
Nataanii Means a déclaré: “Nous avons bloqué une banque aujourd’hui, le Crédit Suisse, qui est la principale banque européenne pour les investissements dans les oléoducs de Turtle Island (1,4 milliards de dollars). Rafael Gonzalez (Tufawon) a été trainé hors de la banque, comme beaucoup d’autres.
Nous avons exigé qu’ils désinvestissent et se retirent d’investissements qui contribuent directement au génocide perpétuel de notre peuple, au racisme environnemental, et à la destruction de Notre Mère la Terre.”
“Maintenant, nous sommes aux Nations Unies, pour assister et prendre la parole à l’Intervention pour les Droits de l’Homme, en particulier Rachel Heaton et Wasté Win Young”.
Nataanii, fils de Gloria Grant Means, une Diné [Navajo] Omaha de Chinle, dans la Nation Navajo, et du Lakota Russel Means dit: “Mon papa a fait beaucoup de voyages au siège des Nations Unies, pour notre peuple. C’est irréel d’être ici.”
Voir la vidéo de l’intervention au Crédit Suisse sur Facebook. Les Protecteurs de l’Eau de Standing Rock, Rachel Heaton, Nataanii Means, Waste Win Young et Rafael Gonzalez y ont déclaré demander le désinvestissement, y ont lu une déclaration, disant entre autres que “le Crédit Suisse contribue au génocide de notre peuple!”
Le Crédit Suisse est interpelé pour son financement du Dakota Access Pipeline, qui a dirigé la police militarisée et des groupes anti-terroristes comme TigerSwan, et s’est livré à des violations massives des droits de l’homme pendant les dix mois de résistance pour l’eau dans les camps de Standing Rock. Le Crédit Suisse est désigné pour avoir “financé un désastre à l’échelle planétaire” en investissant dans les carburants fossiles.
D’après une dépêche de Reuters, les Etats-Unis ont menacé de se retirer du forum des Droits de l’Homme des Nations Unies (à cause de ‘préjugés’ contre Israël).
Article par Brenda Norrell
Photos par Rachel Heaton et Wasté Win Young
Publié sur Censored News
Le 7 juin 2017
Traduction Christine Prat
GENEVE – Des Protecteurs de l’Eau des camps de Standing Rock se sont adressés à l’Assemblée Générale du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, ont participé à des panels, et ont rencontré le Maire de Genève, dans le cadre de leur tournée de 11 pays d’Europe. L’équipe réclame le désinvestissement des carburants fossiles, en particulier du Dakota Access Pipeline, et s’exprime sur la nécessité de l’énergie propre et du respect des droits Autochtones.
Rachel Heaton, Muckleshoot de l’état de Washington, dit: “Aujourd’hui, Rafael et moi avons rencontré le Maire de Genève, tandis que Wasté Win et Nataanii se sont exprimés aux Nations Unies. Nous discutons tous de divers problèmes qui nous touchent en tant qu’Autochtones et construisons des alliances, ici en Europe, pour aider à soutenir les combats chez nous. Je dois dire que ça a été une journée productive jusqu’à maintenant.”
Wasté Win Young, Dakota Lakota de Standing Rock, dit que Nataanii Means, Diné Lakota de Chinle, dans la Réserve Navajo, a fait une intervention de 2 minutes devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, sur le droit de se rassembler; et que Rachel Heaton et Rafael Gonzalez, Dakota de Minneapolis avaient rencontré le Maire.
Rachel s’est adressée à l’Assemblée Générale des Nations Unis, puis à un autre panel.
“La police a menacé de démonter le tipi où nous distribuions des tracts pour notre panel de ce matin” dit Wasté Win Young. Elle avait dit aussi la veille: “Le Maire de Genève a approuvé que nous le mettions devant le siège des Nations Unies cette semaine, pendant que nous serons ici. Nous nous adresserons à un panel des Nations Unies durant la session sur les Droits de l’Homme. Rachel doit s’exprimer aujourd’hui et je parlerai jeudi.”
“Alors, les Etats-Unis pourraient se retirer de la commission des droits de l’homme des Nations Unies, sur la base de résolutions des Nations Unies soutenant la Palestine. Oui, Uncle Sam n’accorde pas d’attention aux Autochtones de Turtle Island ni aux violations des droits de l’homme dont il est complice. Pas de problème. Nous continuons à construire.”
L’équipe de Protecteurs de l’Eau avait conduit la fermeture du Crédit Suisse la veille, exigeant le désinvestissement d’Energy Transfer Partners, propriétaires du Dakota Access Pipeline, et l’arrêt de l’implication de la banque dans le génocide perpétuel des grandes compagnies qui violent les droits Autochtones, ignorent les Traités et empoisonnent de façon irresponsable l’eau et la terre.