Texte traduit et publié en français par le CSIA-Nitassinan
“Blue River, territoire ancestral Secwepemcul’ec – avril 2020.
Les défenseurs de la terre autochtones ont été soumis à une violente attaque par des blancs locaux à leur village de guerriers des Tiny House à Blue River, en Colombie-Britannique et exigent une réponse de la police contre les agresseurs.
L’assault a commencé la nuit du dimanche 19 avril, mené par quatre attaquants blancs avec deux véhicules légers de camouflage tout terrain qui ont vandalisé le campement des Tiny Houses et profané l’exposition commémorative en l’honneur des femmes autochtones assassinées et disparues…” [lire la suite sur le site du CSIA]
DESTRUCTION SYSTÉMATIQUE
DESTRUCTION EN COURS D’UNE TERRE SACRÉE DANS LA NATION TOHONO O’ODHAM POUR CONSTRUIRE LES TOURS D’ESPIONNAGE ISRAÉLIENNES
Par Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Censored News
21 avril 2020
Traduction Christine Prat
L’échec de cette génération à défendre les terres, c’est cette excavatrice munie d’une foreuse, qui est arrivée hier et s’est garée au bout de notre route communautaire.
Depuis des temps immémoriaux, nos ancêtres ont dû se défendre contre les missionnaires qui coupaient des membres, les conquistadors qui cherchaient de l’or et les mineurs qui cherchaient de l’argent et une destinée manifeste.
Nous avons survécu pour raconter ces histoires.
Celle-ci sera une documentation et un témoignage de cette génération de compromis, non-conforme, de politiciens hypocrites et avides, et des manipulations trompeuses du personnel de la Patrouille des Frontières du Gouvernement des Etats-Unis, et d’un commandant en chef idiot.
Notre montagne sacrée va subir une attaque.
Les gens ne verront plus jamais les terres O’odham intactes quand ces tours seront érigées. Les terres sont déjà soumises à la destruction irrésistible par des routes non-autorisées sur des sites funéraires et des sites culturels importants, le pillage de nos possessions ancestrales appelées vestiges, et l’élimination à volonté des sommets de collines pour y ériger des tours de surveillance amovibles.
D’innombrables véhicules traversent les zones vierges de nos terres.
Il y a la transformation des habitats des animaux et des plantes, des terres O’odham, et des pratiques culturelles héritées.
Je demande aux politiciens qui ne vivent pas dans notre communauté, ou dans la réserve, de venir constater que la montagne sacrée est le sacrifice.
Chantez sa chanson et donnez-lui de la farine de maïs, vu que cette montagne était là depuis des générations, quand les gens lui manifestaient du respect et vivaient en harmonie avec elle – quand elle protégeait le daim nouveau-né et donnait d’innombrables fruits au cactus tuyau d’orgue pour la communauté, et tous les cactées saguaro qui donnaient des fruits aux animaux, aux gens et aux plantes médicinales.
Les vies des O’odham ont été altérées.
Les gens ont subi ce système d’oppression humiliant.
Le Dalaï-Lama a dit : « Allez à Lhassa et enquêtez vous-même pour voir si les Tibétains sont heureux sous l’autorité de la Chine qui restreint les pratiques culturelles Tibétaines. »
Quand des jeunes gens se suicident par désespoir, à cause de l’alcoolisme ou des drogues, et qu’il y a toutes sortes de crimes, de la violence et domestique, c’est la preuve d’une société O’odham brisée.
Je sais seulement être O’odham. Je ne peux pas adopter une culture et des normes étrangères qui ne sont pas celles de mes ancêtres.
Toute la force et la sagesse c’est qui nous sommes en tant que O’odham.
Quand notre monde est attaqué, les guerriers ont juste besoin d’un signal.
Ils sont décidés à tenir.
Je tiens.
©Ofelia Rivas, Censored News, ne peut être utilisé qu’avec permission.
QUELQUES CRITIQUES DES POSITIONS DU GOUVERNEMENT NAVAJO
Le gouvernement de la Nation Navajo a pris des mesures de confinement, d’isolement, d’interdiction d’entrer dans la Réserve, et de couvre-feu pour tout le weekend de Pâques 2020. Ces mesures sont nécessaires, mais ont néanmoins suscité des critiques pertinentes chez ceux qui craignent l’autoritarisme. Il faut savoir que beaucoup d’habitants de la Réserve sont âgés, invalides, chômeurs, isolés, et que les routes ne sont pas toutes praticables. On redoute un manque d’eau et de nourriture. Sans parler des médicaments… Cet article est un commentaire critique de l’article précédent.
Christine Prat
Le 9 avril 2020, Klee Benally (d’Indigenous Action) a écrit sur Facebook :
Nous devons prendre les mesures nécessaires pour que cette maladie ne se propage pas davantage sur nos territoires.
Nous devons aussi parler de l’autoritarisme.
Un état policier temporaire ne nous sauvera pas.
Plus de membres de notre communauté remplissant les prisons ? Des amendes quand les gens sont au chômage ou se débattent pour payer ce dont ils ont besoin pour « rester sur place » ?
Et qu’en est-il de ceux qui n’ont pas de logement ? Et de ceux/celles qui sont confronté(e)s à la violence domestique ?
C’est ce que nous voulons dire quand nous parlons de violence structurelle. D’après Galtung, la violence structurelle est « une forme de violence dans laquelle une structure sociale ou une institution sociale peut nuire aux gens en les empêchant d’accéder à leurs besoins de base. »
Ainsi, quand la Garde Nationale (qui a une longue histoire de racisme anti-Autochtones) et d’autres forces de l’ordre interviennent, certains célèbrerons le soulagement qu’elles apportent, mais n’oubliez pas ce qu’elles représentent et à qui elles ont prêté serment.
En clair, il ne s’agit pas d’exprimer de la méfiance lorsqu’il est utile de rester chez soit afin de se protéger les uns les autres.
Il s’agit de défier l’ordre social qui nous a laissé tomber il y a fort longtemps.
Le fait que la respiration des membres de notre communauté soit entravée par les cendres de charbon brûlé à Black Mesa et « Four Corners ». Avec un nuage de méthane de la taille du Delaware au-dessus de nos têtes à cause des centrales électriques de San Juan et Four Corner.
Le fait qu’il n’y ait jamais eu d’étude sérieuse de la santé en Dinétah, pour remédier aux effets de résider près de plus de 2000 mines d’uranium abandonnées. Nous connaissons le désastre du cancer. Avec 22 puits fermés à cause de hauts niveaux de radioactivité, avec toute une génération qui a travaillé dans ces mines sans aucune protection. Ce gouvernement colonial avide de ressources n’a pas de dossier ayant fait une priorité de la santé des membres de notre peuple, il a profité des la destruction de Notre Mère la Terre qui a diminué nos systèmes immunitaires.
Ma grand-mère disait « le charbon est le foie de Notre Mère la Terre, l’uranium est ses poumons. »
Mes Anciens à Big Mountain m’ont appris que je ne devais jamais faire confiance au gouvernement, mais que nous devions avoir confiance en Dził Leezh et Ké’, ou en nos montagnes sacrées comme dirigeants et en nous tous réciproquement…
Nous nous en tirerons, mais c’est à nous tous de travailler ensemble et de nous aider les uns les autres, spécialement les plus vulnérables, même si ça signifie rester à distance, porter un masque, ne pas se serrer la main, laisser nos feux allumés, offrir des prières, entretenir ou apprendre nos médecines [traditionnelles], et réfléchir et rétablir ce que c’est qu’être Nohookáá Diyin Dine’é.
Respectez et entretenez nos enseignements culturels traditionnels, ils nous ont aidé à traverser tant de souffrances. Ce sont les pas de nos ancêtres, sa’ah naagháí bik’eh házhóón.
Ceux d’entre vous qui connaissent mon père savent que se sont plus ses mots que les miens.
Je vous souhaite d’aller bien, vous et tous mes parents.
Ahe’hee’ nitsaago.
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Le 10 avril, Klee Benally a prévenu :
« Le gouvernement de la Nation Navajo a refusé d’accorder des dérogations aux groupes qui veulent apporter des services pendant le couvre-feu de ce week-end pour faire face à la crise humanitaire. Etant donné que les cas de COVID-19 sont supposé atteindre un pic à la mi-mai, c’est très inquiétant. » Pourtant, les gens isolés risquent de manquer de nourriture, d’eau, de médicaments…
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Toujours le 10 avril, quelqu’un postait sur la page Facebook Navajo Politics une copie d’une lettre officielle du gouvernement Navajo autorisant un rassemblement religieux à Ganado [Dans la Nation Navajo] ce même 10 avril.
Le même jour, le Commandement du Centre d’Opérations du Service de Santé Navajo publiait un communiqué :
10 avril 2020 – Le Commandement du Centre d’Opérations du Service de Santé Navajo est au courant de la lettre et de l’approbation du service religieux « drive-in » tenu plus tôt dans la journée à Ganado, Arizona. Le Commandement du Centre d’Opérations du Service de Santé Navajo a reçu et pris en compte le tollé général, par les médias sociaux et la hotline du centre. En conséquence, de nouvelles approbations ne seront ni prises en considération ni accordées.
La priorité du Commandement du Centre d’Opérations du Service de Santé Navajo est la santé et le bien-être des citoyens Navajo.
D’après un article du 10 avril dans le Navajo Times, le Président Jonathan Nez a dit que l’autorisation n’émanait pas du Bureau du Président et du Vice-Président.
LE NOMBRE DE CAS DE COVID-19 S’ACCROIT, DES TESTS RAPIDES SERONT BIENTÔT DISPONIBLES
28 mai 2020: 5044 cas, 167 décès. En pourcentage de la population, la Nation Navajo arrive juste derrière New-York et le New-Jersey. Mais les Autochtones ne sont pas inclus dans les statistiques des Etats-Unis, ils sont classés comme “autres”!
Par le Président Jonathan Nez et le Vice-président Myron Lizer
Publié par Censored News
12 avril 2020
Traduction Christine Prat
Cet article est fondé sur les déclarations des Président et Vice-président de la Nation Navajo. Certains points ne font pas l’unanimité. Il est publié à titre informatif. Voir critiques dans l’article suivant. La photo ci-dessus a été prise à Window Rock, siège du gouvernement Navajo.
WINDOW ROCK, Arizona – Le nombre total de tests positifs au COVID-19 a atteint 698 dans la Nation Navajo, samedi 11 avril – 101 cas de plus que vendredi, selon le Service de Santé Navajo et le Service de Santé Indien pour le Secteur Navajo, en coordination avec le Centre d’Epidémiologie Navajo. Le rapport indique aussi un total de 2760 résultats négatifs de tests jusqu’à samedi. Il y a maintenant 24 décès confirmés, liés au COVID-19.
Il y avait donc 698 samedi, répartis dans les comtés suivants :
- Navajo County, AZ : 252
- Apache County, AZ : 79
- Coconino County, AZ : 150
- McKinley County, NM : 92
- San Juan County, NM : 97
- Cibola County, NM : 11
- San Juan County, UT : 11
- Socorro County, NM : 6
Le Président de la Nation Navajo Jonathan Nez et le Vice-président Myron Lizer, ont aussi été informés que les tests rapides Abbot ID seront disponibles dans les centres médicaux Navajo et les centres de soins opérés par la Tribu, dans les jours qui viennent. Cela permettra d’obtenir les résultats de tests en quelques minutes. Actuellement, il faut attendre en moyenne de 2 à 4 jours pour avoir les résultats.
« Des résultats de tests plus rapides résulteront en un nombre encore plus élevé de cas positifs, mais aideront à identifier ceux qui ont le virus et commencer à les traiter beaucoup plus vite. Nous devons faire mieux. Si nous restons tous chez nous ce weekend, la propagation diminuera. Pour ceux qui célèbrent Pâques ce dimanche, nous leur demandons instamment de suivre les services offerts sur Internet, la télévision, la radio et autres moyens sûrs de communication. A nos personnels soignants et à ceux de première ligne : je vous remercie du fond du cœur pour tout ce que vous faites pour aider nos concitoyens. Nous savons que ce n’est pas facile, mais nous sommes avec vous et nous prions pour vous tous les jours » dit le Président Nez, qui a aussi remercié tous ceux qui respectent le couvre-feu et suivent les recommandations des professionnels de la santé.
Le weekend du 10 au 13 avril a été déclaré « Weekend de Prière Familiale de la Nation Navajo », pour respecter les fêtes de Pâques et encourager les familles à prier ensemble pour les malades, les familles qui ont perdu des proches du COVID-19, ceux de première ligne, et beaucoup d’autres.
« Il y a toujours une lumière d’espoir dans tous les défis auxquels notre peuple Navajo a dû faire face depuis toujours, et ceci n’est pas différent. Oui, les nombres s’accroissent, mais beaucoup de gens ont aussi été testés négatifs et beaucoup guérissent. Nous vaincrons le COVID-19 ensemble, mais ça ira plus vite si nous restons chez nous le plus possible », dit le Vice-président Lizer.
Le couvre-feu de 57 heures décrété par la Nation Navajo a pris effet le vendredi 10 à 18h et se poursuit jusqu’au lundi 13, à 5h du matin, à l’exception des employés essentiels qui doivent avoir un papier de leur employeur. La police Navajo devait appliquer le couvre-feu strictement en dressant des procès-verbaux qui peuvent entrainer une amende jusqu’à 1000 dollars et/ou 30 jours de prison.
LES COMPAGNIES PROFITENT DE L’ÉPIDÉMIE POUR CONTRUIRE LEURS OLÉODUCS, ELLES NE RESPECTENT NI LES ORDRES DE CONFINEMENT, NI LES MESURES DE PROTECTION
Par Christine Prat
9 avril 2020
Depuis les derniers évènements relatifs à la lutte d’Autochtones des Premières Nations contre la construction d’oléoducs à travers leurs territoires, la pandémie du COVID 19 a frappé le Canada. Les multinationales en ont profité pour construire plus que jamais. Elles ne respectent ni les ordres de confinement, ni les précautions de base telles que la distance entre les personnes (2m au Canada), ou les interdictions de rassemblement des travailleurs dans des camps. Les Autochtones se sentent menacés et comparent ce qui se passe actuellement à la distribution consciente de couvertures infectées par la variole au 19ème siècle.
Coastal GasLink profite du confinement pour continuer à construire son oléoduc en territoire (non-cédé) Wet’suwet’en. Kinder Morgan, qui construit l’oléoduc dit « TransMountain », est en train de construire un nouveau « camp masculin » près de Clearwater, en Colombie Britannique, en territoire (non-cédé) Secwepemc.
La multinationale bien connue des Français, Vinci, a été choisie par la corporation LNG (Liquified Natural Gas) Canada pour construire d’énormes cuves pour stocker du gaz liquéfié et du pétrole.
Les oléoducs construits en Colombie Britannique ont pour but de transporter les carburants jusqu’à la côte ouest, afin de les exporter vers l’Asie.
La pandémie ayant fait oublier tous les autres problèmes, il est bon de rappeler brièvement la situation qui prévalait lorsque le Canada a été touché par le virus.
(Vous pouvez trouver des articles sur les luttes du début de l’année sur ce site.)
Le 1er mars, des discussions entre les chefs Wet’suwet’en, les autorités de la Province et les autorités fédérales, avaient débouché sur une proposition d’accord. Cela a causé une certaine confusion qui a pu faire croire qu’une solution au conflit était sur le point d’aboutir. Cependant, cette proposition ne concernait que les droits et titres des Wet’suwet’en et ne disait rien de l’oléoduc de Coastal GasLink. De ce fait, les groupes qui organisaient des actions contre le projet ont prévenu que rien n’était changé et que la lutte continuait. Il n’y a donc jamais eu d’accord.
Le 7 mars, les administrateurs de la page Facebook Unist’ot’en Camp publiaient un article disant :
« A la suite de pourparlers limités entre les chefs héréditaires Wet’suwet’en et des représentants de l’Etat Canadien, une certaine confusion a vu le jour. L’Etat et les médias dominants ont ajouté à cette confusion en décrivant ces pourparlers comme point final des actions de protestation qui duraient depuis des semaines, en soutien aux Wet’suwet’en et contre l’oléoduc de Coastal GasLink.
Mais la réalité est qu’il n’y a pas eu d’accord autorisant la construction de l’oléoduc et qu’aucun appel n’a été lancé, demandant aux gens de démonter leurs barricades. En dépit de ce qu’ils veulent que vous croyiez… ce n’est pas fini. »
Cependant, le COVID 19 est arrivé au Canada. Ça a détourné l’attention des médias de ce qui se passait chez les Autochtones, mais, en même temps, gravement augmenté les risques que constituaient pour eux les constructeurs d’oléoducs et leurs travailleurs, venus d’on ne sait où et logés dans ces « camps masculins » où règne la promiscuité. Il y a un ordre de confinement au Canada, et l’exigence d’une distance de 2 mètres entre les individus, cependant les compagnies n’en tiennent aucun compte, et, au contraire, profitent du confinement pour accélérer les constructions. Voir l’excellente vidéo – malheureusement pas encore sous-titrée en français – tournée les 30 mars et 1er avril et publiée sur le site Unist’ot’en Camp.
Dans l’est du Canada, des gens ont remercié les Mohawks qui avaient bloqué les chemins de fer en soutien aux Wet’suwet’en, car ça a probablement ralenti la propagation du virus. Par contre, en Colombie Britannique, les compagnies continuent à essayer de faire de l’argent avec ce qu’il reste de la planète.
Les Wet’suwet’en et les Secwepemc se sentent extrêmement menacés par le virus. Cependant, les employés et agents de sécurité des compagnies continuent à se promener dans leurs territoires sans aucune précaution. Les Autochtones se protègent comme ils peuvent, mais notre amie Secwepemc Kanahus Manuel, qui a été arrêtée pour cause de manifs et est en liberté conditionnelle, n’a pas le droit de se couvrir le visage !
Le 24 mars, Amanda Follett Hosgood écrivait sur le site canadien « The Tyee » : « Les camps de travailleurs de Colombie Britannique restent ouverts malgré les risques de pandémie. Des travailleurs propageant le virus pourraient inonder le système de santé, disent des experts. » Le 31 mars, elle écrivait : « L’oléoduc et la pandémie : ‘le plus grand risque que nous courons à ce moment’. L’Union des Chefs Indiens de Colombie Britannique appelle Coastal GasLink à arrêter le travail pour réduire les risques du COVID-19. […] ‘Nous devons répéter à la CGL qu’elle est par effraction sur notre territoire’ dit Dsta’Hyl, son nom anglais étant Adam Gagnon. ‘Mais ils reviennent tout le temps’. » (Chef Héréditaire Wet’suwet’en).
Le 3 avril, le National Observer écrivait : « BC Hydro a suspendu la navette pour le barrage du Site C, et six personnes sont en auto isolation dans le camp, suite à l’application des mesures devant faire barrière au Coronavirus.
La décision du service provincial arrive au moment où une dirigeante éminente des Premières Nations avait déclaré qu’elle était toujours inquiète à cause des camps de travailleurs des projets miniers, qui, comme le barrage du Site C sur la Peace River, dans le nord-est de la Colombie Britannique, continuent leurs travaux. »
LES COMPAGNIES
Les deux oléoducs en construction, respectivement en territoire Secwepemc et en territoire Wet’suwet’en :
TransMountain : construit par la branche canadienne de Kinder Morgan Energy Partners.
Coastal GasLink : TC Energy Corporation (ex-TransCanada).
Le barrage du site C : Financement publique.
LNG (Liquified Natural Gas) Canada : Groupe étranger, « joint venture » formé par la Royal Dutch Shell, la 4ème compagnie pétrolière dans le monde, 40%, Petronas, qui appartient au gouvernement malaysien, 25%, PetroChina Company, la compagnie nationale chinoise, 15%, et Korean Gas Corp., 5%. Le gouvernement Coréen est le principal importateur de gaz liquéfié dans le monde.
Enfin, Vinci (branche britannique) construit d’énormes cuves pour stocker le gaz liquide.
Christine Prat
Sources:
Page Facebook We Support the Unist’ot’en and the Wet’suwet’en Grassroots Movement
Page Facebook Unist’ot’en Camp
Page Facebook de Kanahus Freedom Manuel
Site Unist’ot’en Camp
Site The Tyee, Canada
Site The Narwhal, Canada
Site National Observer, Canada
Par Cassandra Begay
Email: navahopicovid.smedia@gmail.com
www.navajohopisolidarity.org
7 avril 2020
Publié par Indigenous Action
Et par Censored News
Traduction Christine Prat
LE FONDS DE SECOURS AUX FAMILLES NAVAJO & HOPI SUSCITE UN VRAI MOUVEMENT EN RÉACTION À LA PANDÉMIE
TSIIZIZII, DINÉTAH (LEUPP, NAVAJO NATION/ARIZONA) – En réaction à l’intensification de la crise sanitaire à laquelle sont confrontées des communautés Diné (Navajo) et Hopi dans le nord de l’Arizona, le sud de l’Utah et au Nouveau-Mexique, le Fonds de Secours aux Familles Navajo & Hopi touchées par le COVID-19, a mobilisé des volontaires pour distribuer de la nourriture de base et de l’eau dans toute la région.
« C’est merveilleux de voir nos communautés s’unir et réagir activement à la menace du Coronavirus, dans les Réserves Navajo et Hopi » dit Ethel Branch, ex-Ministre de la Justice de la Nation Navajo, et fondatrice du Fonds de Secours. « Je pensais que ça aurait un impact limité, mais l’amour et l’intérêt publiques pour nos communautés, et le sens de la justice qui vise à corriger les iniquités qui existent pour les communautés Autochtones, ont métamorphosé nos efforts en un vrai mouvement. »
Le 15 mars 2020, Ethel a organisé une campagne GoFundMe pour fournir du secours aux familles Diné et Hopi touchées par le COVID-19. En 22 jours, la campagne a rapporté plus de 400 000 dollars. « En seulement quelques semaines, nous avons réussi à constituer un effort de collaboration massif, rapprochant des professionnels Diné et Hopi, des organisateurs de base et des membres de la communauté voulant s’impliquer, pour construire le réseau social que nos communautés ont toujours mérité mais qui leur a été refusé à cause de violations des traités et d’injustices systématiques qui ont rendu nos communautés extrêmement vulnérables à cette pandémie » dit Janene Yazzie, dirigeante pour le Nouveau-Mexique du Fonds de Secours Navajo-Hopi pour le COVID-19, « Nous avons l’expertise pour apporter les solutions les plus appropriées pour notre peuple. »
La mission de la campagne GoFundMe est « d’aider les personnes âgées (particulièrement celles qui élèvent leurs petits-enfants), les gens dont l’immunité est défaillante et les handicapés moteur, les parents isolés, et les familles en difficulté, en les aidant à acheter de la nourriture, de l’eau, des produits de santé, et tout ce dont ils ont besoin (eux et leurs communautés vulnérables) pour se protéger du virus, en demandant aux bénévoles de faire les achats et de les livrer à un endroit sans danger pour ceux qui en ont besoin. Nous aidons aussi à stopper la propagation du COVID-19 dans ces Réserves, en demandant à des bénévoles de coudre des masques pour les soignants et les premiers volontaires des Réserves Navajo et Hopi. » Depuis que la campagne a été lancée, le Fonds de Secours a reçu plus de 4500 demandes de soutien, et mobilisé de nombreux bénévoles pour aider directement plus de 850 familles dans au moins 21 communautés, à Chilchinbito [où l’épidémie a commencé], Hard Rock, Forest Lake, Kayenta, le Village de Bacavi, le Village d’Oraibi, Oljato, Monument Valley, Tuba City, le Village de Moencopi Haut, le Village de Moencopi Bas, Dilkon et Fort Defiance.
« Des bénévoles du mouvement de Secours Navajo Hopi contre le COVID-19, font un travail admirable, en réagissant à la crise avec des ressources collectées par des gens ordinaires » dit Lillian Hill, Hopi, Organisatrice de l’Aide pour la nourriture et la Communauté, « Nos communautés Autochtones sont confrontées à des disparités uniques et substantielles, qui leur font courir encore plus de risques. Je me sens humble, en tant que bénévole, de participer à ces efforts comme moyen d’offrir une aide mutuelle à ma communauté. »
LA CRISE DU COVID-19 DANS LE SUD-OUEST DES U.S.A.
Le nombre de cas confirmés dans la Nation Navajo s’accroit de manière exponentielle, doublant presque chaque jour. Le 7 avril, il y avait 425 cas et 17 décès confirmés dans la Nation Navajo, la population de la Réserve étant de plus de 180 000 habitants. Au cours d’une réunion en direct sur Facebook, le président de la Nation Navajo Johnathan Nez dit : « Nous avons le sentiment qu’une fois de plus, le gouvernement des Etats-Unis a ignoré et même laissé tomber nos premiers habitants, le peuple Premier, les premiers citoyens de ce pays : les Autochtones. » La Nation Navajo estime que le nombre de cas va atteindre un pic à la mi-mai.
La réaction de la Nation Navajo au COVID-19 a été très prompte. Le 11 mars, deux jours avant le Président Trump, la Nation Navajo a déclaré l’Etat d’Urgence. Le 17 mars, le premier cas a été confirmé dans la Réserve. Le 18, la Nation a été fermée aux visiteurs. Le 20 mars, la Nation a émis un ordre de confinement pour tous ceux qui vivent dans la Réserve et imposé un couvre-feu 10 jours plus tard. Le 23 mars, la Tribu Hopi a suspendu le tourisme sur ses terres et annoncé le premier cas de contamination le 26 mars.
UNE NÉCESSITÉ CRUCIALE
A cause d’innombrables problèmes structurels, les communautés tribales comme les Navajos et les Hopis, courent des risques mortels face à la pandémie du COVID-19. Le Centre de Contrôle des Maladies prévient que les personnes âgées et ceux qui souffrent de certaines affections, comme le diabète et les maladies cardiaques, courent plus de risques d’être gravement affectés par le COVID-19. Ces communautés tribales comptent un grand nombre de personnes âgées, de diabétiques, d’asthmatiques et de personnes souffrant de cancers, ce qui les expose à un risque très élevé de devoir être hospitalisés en cas de contamination par le virus. La Nation Navajo a 12 Centres de Santé, avec un total de 170 lits d’hôpitaux, dont 13 lits de Soins Intensifs, 52 chambres d’isolation et 28 ventilateurs. Compte tenu des circonstances, les maigres ressources médicales dans la Nation seront probablement totalement débordées à court terme.
Il est donc essentiel pour la communauté vivant dans la Réserve de rester confinée pour ralentir la propagation du virus.
Cependant, les ordres de « rester sur place » et d’être confiné, exacerbent les problèmes sociaux structurels et accroissent la pression sur des communautés manquant déjà de ressources. La Nation Navajo et la Réserve Hopi sont de véritables déserts alimentaires, avec seulement 16 épiceries et quelques petits marchés pour nourrir près de 200 000 personnes.
Un tiers des gens vivant actuellement dans la Nation Navajo n’ont pas l’électricité. Un deuxième tiers n’a pas l’eau courante. Trois des douze Villages Hopi n’ont ni eau courante ni électricité. Les ressources économiques dans ces deux Réserves sont maigres. 38% des membres de la communauté Navajo vivent en dessous du seuil de pauvreté et le chômage dans la Nation Navajo est d’environs 50%. Chez les Hopis, il y a 60% de chômage.
UN MESSAGE D’ESPOIR
« Je sais que nous vivons des temps difficiles, mais souvenons-nous que nous ne sommes jamais seuls » dit Cassandra Begay, Cheffe des Communication du Fonds de Secours aux Familles Navajo & Hopi pour le COVID-19, « souvenons-nous des relations importantes que nous avons et qui sont toujours avec nous : la relation avec ce qui est sous nos pieds. La relation avec notre cœur. La relation entre notre respiration et la respiration de Notre Mère la Terre. Et enfin, souvenons-nous que c’est une occasion d’être reconnaissants pour beaucoup de choses. »
Vanessa Tullie, Coordinatrice des Achats et des Bénévoles de l’équipe, a fait remarquer que « si le virus continue à se propager dans les communautés Navajo et Hopi, la compassion et l’attention des bénévoles aidera à surmonter certaines des disparités auxquelles nous sommes confrontés. Nous sommes forts, résilients et puissants, et tant que nous travaillons ensemble et maintenons notre sécurité, nous arriverons à surmonter cette pandémie. »
S.v.p., visitez notre site web, pour faire des dons et plus d’informations :
www.navajohopisolidarity.org.
LES ORDRES DE CONFINEMENT DE LA NATION TOHONO O’ODHAM ET DE L’ÉTAT D’ARIZONA SONT IGNORÉS PAR LES AGENTS DE LA PATROUILLE DES FRONTIÈRES ET LE VIRUS SE PROPAGE PARMI EUX
Par Brenda Norrell
Censored News
6 avril 2020
Traduction Christine Prat
Les agents de la Patrouille des Frontières continuent de harceler des femmes âgées Tohono O’odham devant leur domicile, en dépit des ordres de confinement émis par la Nation Tohono O’odham et l’état d’Arizona. Cela se passe après que des agents de la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson aient été testés positifs au Coronavirus. Plus de 300 employés du Service de Sécurité Intérieure, dont 64 agents de la Patrouille des Frontières U.S., ont été testés positifs dans tous les Etats-Unis.
En dépit des ordres de confinement visant à contrôler la propagation du virus, la construction des tours d’espionnage israéliennes dans la Nation Tohono O’odham et du mur de frontière continuent.
La construction du mur continue juste à côté de la frontière ouest de la Nation Tohono O’odham, près du Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue.
Les tours d’espionnage – des tours fixes – dans la Nation Tohono O’odham ont été autorisées par la Sécurité Intérieure sous le gouvernement Obama. Elbit Systems, la compagnie israélienne responsable pour la sécurité de l’Apartheid en Palestine, a été choisie pour construire les tours dans les communautés O’odham, y compris sur des sites sacrés où se trouvent des sépultures O’odham. Les tours ont été approuvées par le gouvernement élu de la Nation Tohono O’odham au printemps 2019, en dépit des objections des O’odham traditionnels qui luttent pour protéger les sites funéraires et de cérémonies.
Bien que les tours soient supposées être destinées à surveiller la frontière, la plupart seront situées dans des communautés O’odham et non pas directement à la frontière. Ces tours violeront la vie privée des O’odham dans leurs domiciles et lors de célébrations de cérémonies.
Des femmes O’odham ont dit à Censored News le 6 avril, que la Patrouille des Frontières continuait à les harceler devant leurs domiciles, dans la Nation Tohono O’odham, et que la construction des tours d’espionnage se poursuivait.
Le 25 mars 2020, deux agents de la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson ont été testés positifs pour le Coronavirus. La Patrouille des Frontières refuse de dire combien d’agents ont été testés positifs depuis.
La période d’incubation est de 2 à 14 jours, donc une personne peut avoir le virus, ne pas le savoir, et contaminer les autres.
Etant donné que des agents de la Patrouille des Frontières pourraient avoir le virus sans le savoir, des O’odham pourraient être contaminés. Les O’odham sont à haut risque, à cause de forts taux de diabète. Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables.
« Dans un message – qui a fui – envoyé mardi à des employés, le chef des opérations de Tucson, en Arizona, a informé les agents que deux de leurs collègues avaient été testés positifs » a rapporté le Daily Mail, quotidien britannique, le 25 mars.
« Le Chef de la Patrouille de Tucson, l’agent Roy D. Villareal, dit qu’un employé de la Station de Tucson assigné ailleurs et un autre de la Station de Nogales [poste frontière] ont été frappés par la maladie. »
La Patrouille des Frontières des Etats-Unis refuse maintenant de fournir plus d’informations aux médias.
CNN a annoncé il y a cinq jours que près de 300 employés du Service de la Sécurité Intérieure, parmi lesquels des agents de la Patrouille des Frontières, avaient été testés positifs. Des centaines d’agents se sont mis d’eux-mêmes en quarantaine après avoir été exposés au virus. Cependant, très peu d’informations ont été fournies au public, à propos de qui avait été en contact avec les agents et qui les agents auraient pu contaminer.
« Près de 300 agents du Service de la Sécurité Intérieure des Etats-Unis ont été testés positifs, et plus de 8500 se sont mis en quarantaine, d’après les données fournies par le Service au personnel du Congrès et obtenues par CNN. »
« Le 30 mars, les agences du Service de la Sécurité Intérieure présentant le plus de cas positifs étaient la Protection de la Frontière et des Douanes et l’Administration de la Sécurité des Transports, avec respectivement 64 et 129 cas, d’après les données réparties par services, » dit CNN.
La Protection de la Frontière et des Douanes et l’Administration de la Sécurité des Transports ont aussi des centaines d’employés en quarantaine volontaire : 640 agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE, et 4084 agents de l’Administration de la Sécurité des Transports. Parmi les gens les plus vulnérables, il y a les migrants dans des prisons et des centres de détentions, détenus dans des conditions de surpopulation, sans eau potable, ni nourriture, ni médicaments. Les enfants migrants continuent de courir des risques élevés dans ces prisons, qui sont ni plus ni moins des camps de concentration en violation des lois internationales.
En dépit de la propagation du Coronavirus dans la Patrouille des Frontières du secteur de Tucson et des ordres de confinement de la Nation Tohono O’odham et de l’état d’Arizona, des agents restent dans la Nation Tohono O’odham, et la construction des tours d’espionnage et du mur continuent sur le site du Cactus Tuyau d’Orgue.
L’invasion d’ouvriers construisant le mur frontière dans les communautés de la frontière en Arizona, entre autres dans la petite ville d’Ajo, amène aussi une menace de propagation du virus.
Récemment, la Patrouille des Frontières a fait sauter à la dynamite Monument Hill, près de la frontière ouest de la Nation Tohono O’odham, où des ancêtres étaient enterrés.
Les Etats-Unis ont suspendu toutes les lois fédérales, entre autres celles qui protègent les sites sacrés Amérindiens et les espèces menacées, pour construire le mur. Il y a des espèces menacées ici, dans le Désert de Sonora, qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.
©Brenda Norrell, Censored News
La situation dans la Réserve Navajo – Nation Navajo – s’aggrave d’heure en heure. D’après le Los Angeles Times, le virus aurait été introduit au cours d’un rassemblement organisé le 7 mars par une église évangélique à la frontière nord du Territoire, en Arizona, près de l’Utah. Selon un article publié par ABC News le 31 mars, d’après un enregistrement d’une communication téléphonique entre le Président Trump et les gouverneurs, obtenu par ABC News, la Gouverneure du Nouveau-Mexique a prévenu la Présidence des Etats-Unis que le virus se propageait plus vite et parmi des gens plus jeunes chez les Autochtones et que plusieurs Nations Autochtones pourraient disparaître. Elle demandait au gouvernement d’installer un hôpital militaire de 248 lits à Albuquerque, capitale du Nouveau-Mexique. La réponse du Président a été plutôt évasive. Et choquante. Le gouvernement de la Nation Navajo a déclaré l’état d’urgence le 13 mars, et une semaine plus tard, le confinement pour toute la Réserve. La Gouverneure du Nouveau-Mexique a écrit que l’hôpital militaire était un besoin urgent, considérant que la pandémie risquait de déborder les ressources médicales du Nouveau-Mexique. L’article ci-dessous est la traduction des déclarations des Président et Vice-président Navajo, publiées ce matin (3 avril 2020) par Censored News, les chiffres cités sont malheureusement probablement dépassés.
Christine Prat
28 mai 2020 : 5044 CAS, 167 DÉCÈS
NATION NAVAJO, 3 AVRIL 2020 : 241 CAS, 8 DÉCÈS
Par le Président Jonathan Nez et le Vice-président Myron Lizer
Publié par Censored News
3 avril 2020
Traduction Christine Prat
WINDOW ROCK, Arizona – Le Département de la Santé Navajo et le Service de Santé de la Région Indienne Navajo, en coordination avec le Centre Epidémiologique Navajo, ont fait savoir que le nombre de tests positifs avait atteint 241 dans la Nation Navajo jeudi 2 avril – 27 cas de plus que mercredi. Il y a maintenant 8 décès confirmés en relation avec le COVID-19. Ils ont également indiqué que 1796 individus testés étaient négatifs.
Les 241 cas confirmés se trouvent dans les comtés suivants : Comté Navajo, Arizona : 104 ; Comté Apache, Arizona : 22 ; Comté de Coconino, Arizona [comté de Flagstaff, ville hors de la Réserve] : 63 ; Comté de McKinley, Nouveau-Mexique : 16 ; Comté de San Juan, Nouveau-Mexique : 25 ; Comté de San Juan, Utah : 7 ; Comté de Cibola, Nouveau-Mexique : 4.
Le Président de la Nation Navajo Jonathan Nez et le Vice-président Myron Lizer continuent de faire pression pour obtenir plus de moyens de tests et pour un laboratoire sur place, dans la Nation Navajo, qui pourrait accroître le nombre de tests et accélérer l’obtention de résultats.
« La Police Navajo va bientôt commencer à dresser des procès-verbaux contre les individus qui ne respectent pas le couvre-feu. Nous en voyons de plus en plus, parce que les gens continuent à sortir en public. La seule façon de vaincre le virus est de rester chez soi le plus possible » dit le Président Nez, qui continue à travailler avec l’Agence Fédérale de Gestion des Urgences pour estimer des sites supplémentaires pour des postes médicaux dans le territoire de la Nation Navajo.
« Nous avons besoin de tout le monde pour soutenir ceux qui travaillent en première ligne, en restant chez soi le plus possible et en respectant la distance sociale. Plus tôt nous resterons tous chez nous et suivrons les directives préventives, plus tôt nous verrons un déclin dans le nombre de cas. Nous prions pour le Peuple Navajo tous les jours, en continuant à nous battre tous ensemble » dit le Vice-président Lizer.
Le couvre-feu dans la Nation Navajo s’applique de 8h du matin à 17h. Le couvre-feu ne s’applique pas aux employés essentiels, allant ou revenant de faire leur devoir, avec une identification officielle et/ou une lettre de leur employeur pour une tâche essentielle, avec un entête officiel et un contact pour vérification.
Pour plus d’informations (en Anglais), voir le site du Département de la Santé Navajo .
Par Indigenous Action
19 mars 2020
Traduction française Christine Prat
En Español
« La fin est proche. Ou est-elle déjà venue et repartie auparavant ? »
– Un ancêtre
Pourquoi pouvons nous imaginer la fin du monde, mais pas la fin du colonialisme ?
Nous vivons le futur d’un passé qui n’est pas le nôtre.
C’est une histoire de fantaisies utopiques et d’idéalisation apocalyptique.
C’est un ordre social global pathogène de futurs imaginés, construits sur le génocide, l’esclavage, l’écocide et la ruine totale.
Quelles conclusions peuvent-elles être réalisées dans un monde construit d’ossements et de métaphores vides ? Un monde de fins fétichisées, calculées au milieu d’une fiction collective de spectres virulents. Des livres religieux aux distractions scientifiques fictionnalisées, chacun a imaginé une ligne temporelle si prédictible : début, milieu, et tout au bout, La Fin.
Inévitablement, dans ce récit, il y a un protagoniste combattant un Autre Ennemi (une appropriation de la spiritualité Afro-Haïtienne, un « zombie ? », et, attention au divulgâcheur : ce n’est pas vous ou moi. Tant de gens sont impatients d’être les seuls survivants de l’« apocalypse zombie ». Mais ce sont des métaphores interchangeables, ce zombie/l’Autre, cette apocalypse. Ces métaphores vides, cette linéarité n’existent que dans le langage des cauchemars, elles font immédiatement partie de l’imagination et de l’impulsion apocalyptiques. Ce mode de « vie » ou « culture », est une domination qui consume tout pour son propre avantage. C’est une réorganisation économique et politique pour coller à une réalité reposant sur les piliers que sont la compétition, de la propriété, et du contrôle, dans la poursuite du profit et de l’exploitation permanente. Ça professe « la liberté », mais ses fondements s’appuient sur des terres volées et sa structure même est construite avec des vies volées.
C’est cette « culture » même qui doit toujours avoir un Autre Ennemi, à blâmer, contre qui se plaindre, à affronter, à réduire en esclavage, et à assassiner.
Un ennemi moins qu’humain, afin que n’importe quelle forme de violence extrême ne soit pas seulement permise mais prévue de s’exercer contre lui. Si cette « culture » n’a pas d’Autre immédiat, elle en construit un méticuleusement. Cet Autre n’est pas créé par la peur mais sa destruction est forcée par elle. Cet Autre est constitué d’axiomes apocalyptiques et de malheur permanent.
Cette Autrification, cette maladie weitko [terme Autochtone signifiant à peu près ‘virus mental’, causant des conduites nuisibles, en particulier l’égocentrisme] est peut-être la plus symptomatique dans son stratagème le plus simple, celui de notre refabrication réduite au silence :
Ils sont sales, Ils ne sont pas adaptés pour pouvoir vivre, Ils sont incapables, Ils ne savent rien faire, Ils peuvent disparaître, Ils sont mécréants, Ils sont sans valeur, Ils sont faits pour servir nos intérêts, Ils haïssent notre liberté, Ils sont sans-papiers, Ils sont queer, Ils sont Noirs, Ils sont Indigènes, Ils sont moins que, Ils sont contre nous, jusqu’à ce que finalement, Ils n’existent plus.
Dans ce perpétuel mantra de violence constamment recadré, c’est Vous ou Eux.
C’est l’Autre qui est sacrifié pour une continuité immortelle et cancéreuse. C’est l’Autre qui est empoisonné, qui est bombardé, qui est abandonné sous les décombres.
C’est cette façon de non-être, qui a infecté tous les aspects de nos vies, qui est responsable de l’annihilation d’espèces entières, la pollution des océans, de l’air et de la terre, la déforestation par abattage et les incendies de forêts entières, les incarcérations de masse, la possibilité technologique que le monde finisse au cours d’une guerre, et l’élévation des températures à une échelle globale, c’est la politique mortelle du capitalisme, c’est une pandémie.
Une fin qui s’est déjà produite.
L’invasion physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de nos terres, de nos corps et de nos esprits, pour coloniser et exploiter, c’est le colonialisme. Des voiliers ont vogué sur des vents empoisonnés et des marées sanglantes à travers les océans, poussés par une respiration courte et une impulsion de servage, des millions de vies ont été tranquillement éteintes avant même d’avoir pu nommer leur ennemi. 1492, 1918, 2020…
La fourniture couvertures de guerre bactériologique, le massacre de notre cousin le bison, les barrages sur des rivières qui donnaient la vie, la destruction de terres intactes, les marches forcées, l’emprisonnement selon des traités, l’éducation coercitive par la maltraitance et la violence.
Le quotidien de l’après-guerre, l’après-génocide, le marché de l’humiliation post-coloniale de notre lent suicide de masse sur l’autel du capitalisme ; travailler, toucher la paye, payer le loyer, boire, baiser, se reproduire, partir en retraite, mourir. C’est au bord des routes, c’est en vente dans les marchés ‘Indiens’, c’est servir à boire dans les casinos, refaire les stocks de Bashas [chaîne de supermarchés U.S.], ce sont de gentils Indiens derrière vous.
Ce sont les cadeaux de toutes les destinées manifestes empoisonnées, c’est cet imaginaire mis au futur que ceux qui nous ont capturés voudraient que nous perpétuions et auquel ils voudraient que nous participions. L’imposition de ce monde mort impitoyable était poussée par une utopie idéalisée comme Maison Charnelle, c’était ‘pour notre bien’, un acte de ‘civilisation’.
Tuer l’‘Indien’ ; tuer notre passé et notre avenir avec. ‘Sauver l’homme’ ; imposer un autre passé et avec, un autre futur.
Ce sont les idéaux apocalyptiques des violeurs, des racistes, des hétéro-patriarches. La foi doctrinaire aveugle de ceux qui ne peuvent voir la vie qu’à travers un prisme, un kaléidoscope brisé de guerre totale et sans fin.
C’est une vision apocalyptique qui colonise nos imaginations et détruit notre passé et notre futur simultanément. C’est une lutte pour dominer la signification humaine et toute existence.
C’est le futurisme de notre colonisateur, le capitaliste. C’est tout à la fois chaque futur jamais volé par le pillard, le causeur de guerre et le violeur.
La question a toujours été celle de l’existence et de la non-existence. C’est l’apocalypse, actualisée. Et la seule certitude est une fin mortelle, le colonialisme est la peste.
Nos ancêtres comprenaient que cette manière d’être ne pouvait pas être raisonnée ni négociée. Qu’elle ne pouvait pas être modérée ni sauvée. Ils comprenaient que l’apocalypse n’existe que dans l’absolu.
Nos ancêtres ont rêvé contre la fin du monde.
Beaucoup de mondes ont disparu avant celui-ci. Nos histoires traditionnelles sont étroitement liées au tissu de la naissance et de la fin des mondes. A travers ces cataclysmes nous avons appris beaucoup de leçons qui nous ont formés tels que nous sommes et nous ont appris comment être avec les autres. Nos manières d’être sont définies par le fait de trouver l’harmonie par et à travers la destruction des mondes. L’Elliptique. La Naissance. La Mort. La Renaissance.
Nous avons un nombre inconnu d’histoires innombrables sur le monde qui fait partie de nous. C’est le langage du cosmos, c’est le langage de prophéties gravées depuis longtemps dans les cicatrices des lieux où nos ancêtres ont rêvé. C’est la danse des fantômes, les Sept Feux, la naissance du Bison Blanc, les sept générations, c’est les cinq soleils, c’est écrit dans la pierre, près d’Oraibi, et au-delà. Ces prédictions ne font pas que prédire, elles ont été aussi des diagnostiques, et instructives.
Nous sommes les rêveurs rêvés par nos ancêtres. Nous avons traversé le temps entre les souffles de nos rêves. Nous existons en même temps que nos ancêtres et les générations à naître. Notre futur est tenu par vos mains. C’est notre mutualité et notre interdépendance. C’est notre relativité. Ce sont des plis dans nos mémoires, doucement pliées par nos ancêtres. C’est notre Temps de Rêve collectif, et c’est Maintenant. Alors. Demain. Hier.
L’imagination anticoloniale n’est pas une réaction subjective aux futurismes coloniaux, c’est un futur anti-colons. Les cycles de notre vie ne sont pas linéaires, notre futur existe sans le temps. C’est un rêve, non-colonisé.
Ce qu’est l’anti-futur Autochtone.
Nous ne nous préoccupons pas de comment nos ennemis appellent leur monde mort ni de comment ils nous reconnaissent ou admettent, nous et ces terres. Ça ne nous intéresse pas de retravailler leurs façons de gérer le contrôle ou d’honorer leurs défunts accords ou traités. Ils ne seront pas forcés de mettre fin à la destruction à laquelle leur monde est voué. Nous n’allons pas plaider auprès d’eux pour qu’ils mettent fin au réchauffement climatique, étant donné que c’est la conclusion de leurs impératifs apocalyptiques et que leur vie est construite sur la mort de Notre Mère la Terre. Nous enterrons l’aile droite comme l’aile gauche ensemble, dans la terre qu’ils sont si avides de consommer. La conclusion de la guerre idéologique de la politique coloniale est que les Peuples Autochtones doivent toujours perdre, à moins que nous ne nous perdions nous-mêmes. Les capitalistes et les colonisateurs ne nous mèneront pas hors de leurs futurs mortels.
L’idéalisation apocalyptique est une prophétie auto-réalisatrice. C’est le monde linéaire finissant de l’intérieur. La logique apocalyptique existe dans une zone spirituellement, mentalement et émotionnellement morte qui se cannibalise elle-même. Ce sont les morts qui se relèvent pour consumer toute la vie.
Notre monde vit quand le leur cesse d’exister.
En tant qu’Autochtones anti-futuristes, nous sommes la conséquence de l’histoire du futur du colonisateur. Nous sommes la conséquence de leur guerre contre Notre Mère la Terre. Nous ne laisserons pas le spectre du colonisateur, les spectres du passé, hanter les ruines de ce monde. Nous sommes l’actualisation de nos prophéties.
C’est la réémergence du monde des cycles.
C’est notre cérémonie.
Entre des cieux silencieux. Le monde respire à nouveau et la fièvre diminue.
Le sol est tranquille. Entendant qu’on écoute.
Quand il y a moins de distractions, nous allons là où nos ancêtres ont émergé.
Et leur/notre voix.
Il y a un chant plus ancien que les mondes ici, il guérit plus profondément que ce que la lame du colonisateur pourrait jamais atteindre.
Et là, notre voix. Nous avons toujours été des guérisseurs. C’est la première médecine.
Le colonialisme est une peste, le capitalisme est pandémique.
Ces systèmes sont anti vie, on ne pourra pas les forcer à se guérir.
Nous ne laisserons pas ces systèmes corrompus et malades récupérer.
Nous nous étendrons.
Nous sommes les anticorps.
++++
Addendum : Dans notre passé/votre futur, il y avait des attaques non systématiques, non linéaires, sur des infrastructures vulnérables comme la fourniture de carburant, les couloirs de transports, la fourniture d’électricité, les systèmes de communication, et d’autres, qui rendait le colonialisme de peuplement impossible sur ces terres.
- Notre organisation était cellulaire, elle ne demandait pas de mouvements formels.
- La Cérémonie était/est notre libération, notre libération était/est la cérémonie.
- Nous respections les enseignements sacrés, nos ancêtres et les générations à venir.
- Nous n’exigions aucune reconnaissance pour quoique ce soit. Nous ne publiions pas de communiqués. Nos actions étaient notre propagande.
- Nous célébrions la mort de la solidarité gauchiste et son romantisme apocalyptique myope.
- Nous ne demandions rien des capitalistes/colonisateurs.
Par Brenda Norrell
Photos ©Steve Pavey
Censored News
13 mars 2020
Traduction Christine Prat
Voir plus bas la traduction du discours de Naelyn au Congrès. Voir aussi mes interviews de Naelyn Pike et Wendsler Nosie Sr. de 2015, vidéos sous-titrées en français et article.
WASHINGTON, D.C. – Naelyn Pike, Apache du Bastion Apache, a témoigné lors d’une audition au Congrès pour Sauver Oak Flat, affirmant avec force que les Apaches ne se laisseraient pas réduire au silence et que les jeunes combattront pour leur futur.
« Je suis fière d’être membre du Bastion Apache » dit Naelyn jeudi [12 mars 2020]. « Par des massacres, la déportation forcée de nos terres, et en envoyant les enfants dans des pensionnats éloignés, les Etats-Unis ont essayé d’étouffer les voix Autochtones et de supprimer notre culture. Je suis ici aujourd’hui pour dire que la prochaine génération ne sera pas réduite au silence. La jeunesse Autochtone comprend que c’est sa responsabilité de rester fièrement unis et d’assurer que notre culture soit protégée pour nos enfants et les enfants de nos enfants. »
Naelyn Pike dit que des cérémonies Apaches avaient lieu sur la terre sacrée d’Oak Flat. Ce site sacré serait détruit par la mine projetée par Resolution Copper, en conséquence d’un accord conclut hors de l’attention du public par les Etats-Unis.
« Si Resolution Copper a la possibilité de développer cette mine à Oak Flat, mes futurs enfants et petits-enfants ne pourront jamais voir la beauté et sentir le pouvoir de Chi’chil Bildagoteel. Ils ne pourront jamais récolter les glands et les baies pour nourrir leurs familles. Ils ne pourront jamais utiliser les herbes médicinales pour guérir naturellement. Ils n’entendront jamais l’écho, ni ne verront jamais les silhouettes des Gaans dans les canyons. »
TEMOIGNAGE DE NAELYN PIKE AU CONGRES
Le Témoignage écrit de Naelyn Pike, responsable de la Jeunesse du Bastion Apache, pour le Sous-comité pour les Ressources Naturelles de la Chambre des Représentants pour les Peuples Autochtones des Etats-Unis, sur « Les Effets Environnementaux Irréparables et les Impacts Culturels du Projet de Mine de Resolution Copper », 12 mars 2020.
Je m’appelle Naelyn Pike, et c’est un honneur pour moi de témoigner aujourd’hui devant le Sous-comité, au nom de la jeunesse Apache. J’ai voyagé jusqu’ici, pour témoigner, de la Réserve Apache de San Carlos, dans le sud-est rural de l’Arizona. Je suis Apache Chiricahua, et ma famille vit dans ce qui est maintenant le Sud-est de l’Arizona, depuis des temps immémoriaux.
A la fin des années 1800, les Etats-Unis ont déporté par la force mon peuple de sa terre et ont conduit les Apaches à la Réserve, où ils ont été faits prisonniers de guerre. Alors que nous avons été forcés de quitter nos lieux sacrés à la pointe du fusil, ces sites n’ont pas perdu leur connexion spirituelle, culturelle et historique avec les Apaches. Au moins huit Clans Apaches et deux Bandes Apaches de l’Ouest ont une histoire prouvée par des documents, dans la région aujourd’hui connue sous les noms d’Oak Flat et d’Apache Leap.
Les gens de notre peuple ont vécu, prié et sont décédés dans la région d’Oak Flat et de la Forêt Nationale de Tonto depuis des siècles. Apache Leap doit son nom au fait que des guerriers Apaches ont préféré en sauter pour mourir plutôt que d’être tués par la Cavalerie des Etats-Unis. Ces lieux ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.
Je suis ici aujourd’hui pour défendre ma terre, ma culture et mon foyer, au nom de la prochaine génération et des générations qui viendront après moi.
HISTORIQUE : En 2014, le Congrès a adopté la ‘Loi de Ré Autorisation pour la Défense Nationale’ (NDAA) [loi d’autorisation du budget de la Défense Nationale, qui devait absolument être adoptée, et à laquelle des Représentants Républicains ont ajouté une section qui n’avait rien à voir – NdT], dans laquelle a été inclue la Section 3003, ‘Echange de Terrains dans le Sud-est de l’Arizona’. Cette disposition donnait plus de 900 hectares de terre du Service des Forêts des Etats-Unis à Resolution Copper, un conglomérat étranger, en échange de terres en propriété privée, qui seraient gérées par le Service des Forêts et le Bureau de Gestion du Territoire.
La terre que le Congrès a donné à Resolution Copper inclut Chi’chil Bildagoteel, ou ‘Oak Flat’. Resolution Copper projette d’utiliser la technique d’explosion par blocs pour extraire le minerai du sous-sol. Ce projet détruira la zone et laissera un énorme cratère. Oak Flat sera détruit. Les sources naturelles et l’eau vitale seront pour toujours empoisonnées ou épuisées, et une infrastructure énorme, comprenant des pipelines, sera construite sous Apache Leap.
Je ne peux certainement pas exagérer à quel point ceci sera destructeur pour notre terre sacrée. Les Autochtones se sont battus sans relâche depuis 2005 pour essayer d’empêcher l’échange de terre d’entrer dans la loi. Malgré l’immense opposition tribale, environnementale et religieuse, le Congrès a introduit l’échange de terres dans la loi sur la NDAA [loi d’autorisation du budget de la Défense Nationale], qui devait absolument être adoptée, en 2014. Quand l’échange de terres est devenu loi, les Apaches et nos alliés n’ont pas cessé de combattre pour protéger notre terre.
La Loi Sauvez Oak Flat (H.R. 665 et S. 173) annule la Section 3003 et assure qu’il n’y aura pas d’activités minières destructrices dans notre terre sacrée.
La CONNEXION SPIRITUELLE
Chi’chil Bildagoteel est chez moi, c’est qui je suis et c’est où je suis libre d’être Apache. Les Apaches sont profondément liés à nos traditions et à la terre que nous appelons nôtre depuis que nous y avons été mis par Usen, le Créateur. Les Apaches viennent à Oak Flat pour participer aux cérémonies de la Terre Sacrée et de Danse du Lever du Soleil [Sunrise Dance : cérémonie de passage des jeunes filles à l’âge adulte], pour prier, pour récolter des herbes médicinales et des objets cérémoniels, et pour rechercher la paix et la purification personnelles.
Mon arrière-grand-mère et mes ancêtres vivaient le long de la crête d’Oak Flat et de la rivière qui coule du nord. Ils se sont battus pour conserver Oak Flat et Apache Leap. C’était chez eux, le lieu où Usen avait mis le Gaan pour apporter la bénédiction aux gens. Je ressens toujours une forte connexion spirituelle à notre Mère la Terre et à Usen quand je suis à Oak Flat.
C’est qui je suis et où je suis libre d’être Apache. Oak Flat, c’est où les Apaches peuvent pratiquer notre culture, se connecter avec nos ancêtres, et vivre la connexion spirituelle à la terre et au Créateur. Ce n’est pas seulement le vent sur mon visage ou mes pieds touchant le sol, ce sont les esprits qui parlent par le vent pour nous montrer qu’ils sont ici avec nous, et mes pieds qui éveillent la terre, pour dire aux esprits que nous sommes toujours là, et que nous continuons le combat, et ne sommes pas prêts à renoncer.
Quand je suis à Oak Flat, je vois avec quoi le Créateur nous a bénis et que Usen a touché ce lieu. Je le ressens dans mon cœur et je comprends pourquoi mon arrière-grand-mère et ses gens se sont battus pour Oak Flat et Apache Leap. C’est mon site sacré aussi. Usen a touché ces lieux sacrés et je suis ici pour que ce soit gardé.
Pendant toute mon existence, j’étais toujours ramenée à Oak Flat. Ma famille s’y rassemblait pour prier et pour des cérémonies. Quand c’était la saison des glands et des baies rouges, on m’emmenait à Oak Flat pour récolter notre nourriture traditionnelle. Avec ce que nous récoltions, nous pouvions nourrir nos familles. C’est comme cela que j’ai pu apprendre à être une jeune fille Apache et à vivre notre culture. Les glands, les baies et les plantes médicinales ne peuvent jamais être remplacés. Ils ne peuvent pas non plus être transportés dans un lieu différent. Usen a planté ces herbes et ces plantes à cet endroit, pour une raison précise.
Pour moi, Oak Flat est chez moi, et ce sera toujours chez moi.
CÉRÉMONIE DU LEVER DU SOLEIL [SUNRISE CEREMONY]. Oak Flat est un des lieux sacrés où les Apaches tiennent la cérémonie de passage appelée ‘Sunrise Ceremony’ pour les jeunes filles qui entrent dans leur âge de femme. La cérémonie commence quand une jeune fille va sur le lieu sacré et construit un wickiup, qui devient sa nouvelle demeure pour le voyage à venir.
Le premier jour de ma cérémonie, j’ai fait quatre pains Apaches pour l’homme-médecine et mes parrain et marraine. Ma marraine m’a aidée à m’habiller dans le costume traditionnel et est restée avec moi pendant toute la cérémonie. Le deuxième jour de la cérémonie, je me suis réveillée quand le soleil se levait. J’ai dansé et prié avec ma marraine, mon parrain, et mon compagnon près de moi. J’ai dansé pour le soleil, pour le Créateur. J’ai fermement frappé le sol de ma canne au tempo des tambours pour éveiller la montagne sacrée, les esprits et les Gaans – aussi appelés Anges – pour les ramener à la vie.
Sans le pouvoir des Gaans, les Apaches ne peuvent pas réaliser leurs cérémonies. J’ai éveillé les Gaans et dansé à leur côté, et les larmes coulaient sur mon visage. Le troisième jour, mon compagnon et moi dansions sous les quatre piliers sacrés. Ce jour est celui où je suis devenue la femme peinte en blanc. Mon parrain et les Gaans m’ont peinte avec la Glesh. Dans notre histoire de la création, la femme peinte en blanc est sortie de la terre, couverte de cendres blanches de la surface de la terre. Être peinte avec la Glesh représente la femme peinte en blanc et son entrée dans une nouvelle vie. La peinture moule et colle les prières et les bénédictions de la cérémonie sur moi. Mon visage étant complètement couvert, ma marraine a essuyé mes yeux avec un mouchoir. Une fois que mes yeux étaient ouverts, j’ai regardé le monde, plus comme une petite fille, mais comme une femme qui avait changé.
A la fin de ma danse, ma famille et mes amis m’ont félicitée. Nous avons tous pleuré, parce que je n’étais plus une petite fille, maintenant, j’étais une femme. Le dernier jour de ma cérémonie, ma grand-mère m’a déshabillée et m’a emmenée au cours d’eau pour me baigner. Pendant qu’elle lavait mes cheveux, un petit colibri vert a volé juste devant nous et a tourné au-dessus de nous jusqu’à ce qu’il s’envole vers le ciel. Je savais que c’était une grande bénédiction. J’ai remis mes vêtements de tous les jours et nous sommes retournées au camp. J’étais devenue une femme et je marchais dans les pas des jeunes filles Apaches qui l’avaient fait avant moi. Ma cérémonie n’est qu’une partie du mode de vie Apache. C’est notre droit à la liberté religieuse de pouvoir pratiquer ces cérémonies dans ces sites sacrés. Comment pourrions-nous pratiquer nos cérémonies à Oak Flat, si c’est détruit ?
Comment les futurs filles et garçons Apaches sauront-ils ce que c’est qu’être Apache, sauront-ils ce qu’est notre foyer quand il aura disparu ?
L’IMPACT SUR LA JEUNESSE
Je suis fière d’être membre du Bastion Apache et de résister, et de faire entendre ma voix au nom des Apaches et d’autres jeunes Autochtones. Les jeunes résistent aujourd’hui pour protéger notre culture et un mode de vie qui a été attaqué depuis trop longtemps. Par des massacres, par la déportation forcée et en envoyant les enfants dans des pensionnats éloignés, les Etats-Unis ont essayé d’étouffer les Voix Autochtones et d’annihiler notre culture. Je suis ici aujourd’hui pour dire que la prochaine génération ne sera pas réduite au silence. La jeunesse Autochtone comprend que c’est maintenant notre responsabilité d’être fièrement unis et d’assurer que notre culture sera protégée pour nos enfants et les enfants de nos enfants.
Si Resolution Copper a la possibilité de développer la mine à Oak Flat, mes enfants et petits-enfants à venir ne pourront jamais voir la beauté et ressentir la puissance de Chi’chil Bildagoteel. Ils ne pourront jamais récolter les glands et les baies pour nourrir leurs familles. Ils ne pourront jamais utiliser les herbes médicinales pour guérir naturellement. Ils n’entendront jamais l’écho et ne verront jamais les silhouettes des Gaans dans les canyons.
Ils ne pourront jamais ressentir la connexion de la Voie de Usen de la façon dont je la sens aujourd’hui, si Resolution Copper est autorisé à détruire Oak Flat. Dans la Déclaration d’Impact Environnemental, la Forêt Nationale de Tonto parle du mode de vie Apache au passé, comme si c’était de l’histoire ancienne. J’espère que le Congrès comprend que le mode de vie Apache n’est pas seulement de l’histoire, mais aussi le présent et le futur. Nous sommes vivants et nous respirons encore. Notre culture et nos traditions sont tout à fait vivantes, et nous prions chaque jour pour que ça continue.
CONCLUSION
La Déclaration d’Impact Environnemental montre clairement que le projet de mine de Resolution Copper détruira la région d’Oak Flat. La technique d’explosion par blocs annihilera la nature du terrain, son écologie et ses pouvoirs sacrés, pour toujours. Le Congrès a la possibilité d’ouvrir une voie entre les nations tribales et le gouvernement fédéral, pour construire une vie meilleure pour notre peuple et être à la hauteur de sa responsabilité de protecteur. Ce pays a été créé pour que les citoyens croient au Rêve Américain. En tant que prisonniers des Etats-Unis, les Autochtones ont été exclus de ce rêve. Ce rêve continue d’esquiver les Autochtones jusqu’à ce jour. Nous combattons toujours pour exercer nos droits selon le Premier Amendement et notre culture. Notre droit religieux a été rayé par la Section 3003. Le Congrès a le pouvoir de faire la différence. Je demande instamment au Comité et au Congrès dans son ensemble de soutenir la jeunesse Autochtone, de réagir pour notre culture et de rendre la justice aux Autochtones.