Par Candi Brings Plenty
Censored News
17 octobre 2020
Traduction Christine Prat
(Les 6 personnes arrêtées le vendredi 16, ont été libérées le samedi)

[Note : quand les Autochtones disent ‘nos parents’ en parlant des SDF, il ne s’agit pas de pères et mères, mais d’Autochtones de la même Nation]

Nos Akićita étaient en train de prier, on pouvait entendre les magnifiques chants de cérémonie, lorsque la Police de Rapid City les a interrompus et les a fait partir de force. Ils ont aussi traîné une Un­či (grand-mère) Lakota alors qu’elle priait.

RAPID CITY, Dakota du Sud – Tous les vendredis, depuis deux ans, notre communauté Oyaté fournit un repas à nos parents SDF, par l’intermédiaire de l’organisation de base OyateKinChanteWastepi. La Patrouille Mni Luzahan patrouille à pied Rapid Creek depuis l’été dernier, parce qu’en août, huit homicides d’Autochtones ont été commis dans notre ville, et deux d’entre eux étaient des SDF qui dormaient près du ruisseau. Et cette semaine, deux parents Autochtones SDF sont morts dans la rue.

Les flics les harcèlent et confisquent les sacs de couchage et les couvertures de ces parents afin qu’ils ne puissent pas dormir tranquilles, ou ils doivent aller en détox et risquent d’être arrêtés, parce que c’est illégal de dormir dans un parc, dans cette ville, sur des terres Autochtones, dans nos Black Hills sacrées qui nous ont été volées.

Pour avoir monté des tipis dans un espace public non-utilisé, la police de Rapid City a déclaré qu’il s’agissait d’une assemblée illégale. Ils ont démonté les quatre tipis et arrêté ceux qui étaient dans le dernier.

Nos parents ont monté des tipis ici, dans cette ville raciste, comme camp d’hiver pour nos Oyaté pauvres, dans le besoin. Les seules options pour nos parents, ici sont : La mission de Corner Stone, un établissement Chrétien, oppressif et colonial, où les SDF doivent payer à la journée ; ou aller en détox, où ils sont confrontés à un racisme institutionnel et sont incarcérés temporairement, jusqu’à ce que la police déclare qu’ils ont désaoulé et peuvent être relâchés. Entretemps, ils doivent porter des blouses d’hôpital et pas de chaussures.

Nos parents méritent mieux que ces deux options. C’est pourquoi notre communauté Akićita a apporté de l’aide, étant donné que notre Maire refuse de dépenser quelques dollars des impôts pour nos parents Autochtones SDF et leur a dit de retourner d’où ils venaient. Alors que selon l’histoire Lakota de la Création, nous sommes sortis en rampant de la Caverne du Vent, ici, dans nos Black Hills sacrées. Nos parents SDF sont EXACTEMENT là d’où ils sont venus !

Notre Traité Oyaté, nos droits constitutionnels et humains sont violés. Deux heures après que les tipis aient été montés, la Police de Rapid City a encerclé le camp avec vingt voitures de police et une équipe SWAT (unité d’élite, genre GIGN, employant des armes et des tactiques spéciales) cachée un bloc plus loin.

Nos tipis sont des structures géométriques sacrées, données à nos ancêtres par les esprits et nous ont été transmises. Il n’y a pas de différence avec Standing Rock, quand nous avions monté nos tipis et que les agents de DAPL sont passés par-dessus la barrière qu’ils avaient édifiée pour les démonter et arrêter tous ceux qu’ils pouvaient attraper.

Cinq de nos Akićita étaient en train de prier, on pouvait entendre les magnifiques chants de cérémonie, lorsque la Police de Rapid City les a interrompus et les a fait partir de force. Ils ont aussi traîné une Unči (grand-mère) Lakota alors qu’elle priait aussi.

Ce n’était PAS une manifestation, c’était Lakota Oyaté installant le camp d’hiver dans notre He Sapa sacré, comme nous l’avons fait pendant des générations, sous la Wičahpi Oyaté (Nation Étoile), avec une cérémonie conduite par l’homme-médecine Chief Crow Dog. Il a également été évacué. C’était une solution temporaire TRADITIONNELLE, jusqu’à ce qu’un camp de petites maisons puisse être construit.

Le RCPD (Service de Police de Rapid City) et les médias appellent ça une « manifestation » et ont même annoncé verbalement qu’ils allaient arrêter Nick Tilsen et révoquer sa caution pour la manifestation du Mont Rushmore. Alors qu’il était là-bas en tant que IkčéWičasa (homme ordinaire) soutenant son frère, leur suprématisme blanc s’est étalé, quand ils ont spécialement choisi Nick, pour l’incriminer d’être un si bon parent.

J’ai une foi inébranlable dans notre spiritualité Lakota et j’organise la Justice Autochtone, en insistant sur l’organisation de la communauté. Et, avec ma grande expérience, je sais qu’il faut rendre visible l’injustice régnante pour élever la conscience de la situation, afin que nous puissions construire et démanteler les systèmes coloniaux d’oppression. Mais les médias dominants ne rapporteront pas cette histoire d’une perspective Autochtone, alors, nous devons le faire.

Ce camp d’hiver était construit sur la cérémonie et les cœurs des dirigeants de notre communauté Lakota.

S.V.P, faites des DONS, partagez et soutenez le Fonds Légal Mni Luzahan :
https://www.campmniluzahan.org/

Comme prévu, au moins 300 Autochtones se sont rassemblés hier 3 juillet, pour protester contre la visite de Trump au Mont Rushmore, dans les Black Hills, territoire traditionnel et sacré des Lakota. Bien sûr, il y a eu des arrestations. Dans un communiqué, le Réseau Environnemental Autochtone (Indigenous Environmental Network, IEN) rapporte :

… « Pendant plus de quatre heures, les Défenseurs de la Terre et des territoires ont tenu bon, empêchant les partisans de Trump d’entrer dans le parc du Mont Rushmore. Les véhicules des Défenseurs de la Terre ont été confisquées par la police et au moins douze protecteurs ont été arrêtés. » (Lire le communiqué et voir diaporama de la manif sur le site du CSIA-Nitassinan).

Voir aussi des photos et une vidéo de la manifestation sur Censored News. L’article indique que la police a tiré des balles au poivre sur les manifestants, peut-être d’autres choses aussi, les policiers ont alors mis des masques à gaz, alors qu’ils ne portaient pas de masques pour protéger les gens du virus !

Les raisons de protester contre cette visite – suivie d’un feu d’artifice – étaient nombreuses :
Les Blackhills sont sacrées pour les Lakota et devraient toujours leur appartenir, selon les traités jamais respectés par les Etats-Unis.

Il est irresponsable de rassembler une foule alors que le coronavirus fait des ravages aux Etats-Unis. Trump et ses partisans ne portent pas de masques et ne respectent pas la distance.
En période de sécheresse, il est dangereux de faire un feu d’artifice à proximité de forêts.

Pour des précisions sur l’historique du Mont Rushmore, voir l’article de Steve Melendez, en français sur ce site.

***

2 JUILLET 2020 : LE COLLECTIF NDN APPELLE À LA FERMETURE DU MONT RUSHMORE ET À LA RESTITUTION DES BLACKHILLS AUX LAKOTA


Jeunes Lakota à Rapid City, 2 juillet 2020. Photo NDN Collective

Par le NDN Collective
2 juillet 2020
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

« Le Mont Rushmore est situé sur des terres Lakota volées, et son existence même est un symbole de la suprématie blanche, » dit Nick Tilsen, Président du NDN Collective. « En nous opposant à la profanation de notre terre sacrée et en demandant la restitution des terres Lakota où se trouve le Mont Rushmore, nous ne disons rien d’autre que ce que nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents ont déjà dit – Les Lakota se sont opposés au Mont Rushmore depuis le début. »

Suite aux protestations grandissantes dans tout le pays pour la défense des ‘vies noires’, des monuments à la gloire de la suprématie blanche sont déboulonnés. Les autorités locales, d’états et nationales sont appelées à enlever ces symboles de suprématie blanche à peine voilée. Ça inclut des monuments et des statues qui exaltent des figures historiques blanches qui ont causé beaucoup de dégâts dans les vies des Noirs et des Autochtones, des statues de confédérés aux statues de Christophe Colomb et de conquistadors sanglants comme Õnate.

« En ce qui concerne les Présidents des Etats-Unis, beaucoup d’Américains ne se rendent pas compte que la grande majorité d’entre eux ont appliqué des politiques visant soit l’annihilation totale, soit la soumission des Autochtones, » dit Sarah Sunshine Manning, Directrice des Communications du NDN Collective et présentatrice de While Indigenous podcast. « Même des prétendus ‘bons’ présidents comme Abraham Lincoln, sont méconnus pour le mal qu’ils ont fait aux Autochtones. Bien que Lincoln ait signé la Proclamation de l’Emancipation, il a aussi ordonné la plus grande exécution de masse de l’histoire des Etats-Unis, faisant pendre 38 Dakotas en 1862 – des Autochtones qui combattaient pour leurs vies. »

 

Le professeur, poète et écrivain Pueblo Acoma Simon Ortiz, réagit au projet irrationnel de Trump de s’imposer dans les Black Hills et de s’autoglorifier avec des feux d’artifice pendant une pandémie. Ortiz loue les mots de l’auteure Lakota Dakota Ruth Hopkins dans son article ‘Le voyage de Trump au Mont Rushmore met des vies et un écosystème fragile en danger.’

Par Simon Ortiz
2 juillet 2020
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

Ruth Hopkins écrit : « Typique de sa façon de faire, caractérisée par une arrogance irrationnelle, mêlée de mémoire défaillante et d’indifférence, Trump n’arrive pas à comprendre ou à se soucier de ce que le Mont Rushmore est au milieu de la Forêt Nationale des Black Hills. »

C’est un fait et une opinion, et c’est toute la vérité. Et c’est aussi un fait et une opinion d’un genre bien particulier, puissamment souligné par l’égocentrisme de Trump – et une nouvelle expression de la croyance nationale, dès qu’il s’agit des Peuples Autochtones des Etats-Unis et des Amériques.

Le Mont Rushmore est une déclaration statufiée d’impérialisme, de pouvoir et, finalement, d’une fierté égomaniaque et fanatique. Et faussement exprimée par Trump qui est probablement inconscient de ce qu’il fait, n’applaudissant que lui-même ! Et, dans ce cas, dans le but d’autocélébrer effrontément la présidence de Trump.

Alors, les citoyens qui tombent dans le panneau, peuvent bien voter pour lui en novembre.

Biographie de Simon Ortiz

L’écrivain mondialement connu Simon Ortiz, a été Professeur d’Anglais et d’Etudes Amérindiennes à l’Université d’Etat d’Arizona. A Censored News, nous célébrons Ortiz pour ses poésies et ses livres, et pour résister, s’exprimer en faveur des Zapatistes, et avoir porté des croix avec les noms des Zapatistes massacrés à Acteal, Chiapas, lors d’une marche à Tucson.

Ortiz, Indien Pueblo Acoma, est né et a été élevé près d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique, et a grandi en parlant la langue Acoma. « Ce premier langage, de ma naissance à l’âge de six ans, dans ma famille Acoma et la communauté, » écrivit-il, « a été la base et la source de tout ce que je ferai plus tard. » Ironie, il était puni pour le parler à l’école. Surnommé ‘le reporter’ par son père à cause de l’attention qu’il portait, enfant, aux histoires des Anciens, il a continué à fonder son œuvre créatrice sur la forte tradition orale de son peuple.

Après avoir étudié au Fort Lewis College et à l’Université du Nouveau-Mexique, il suivit le Programme d’Ecriture de l’Université d’Iowa pendant une année. Dans les années soixante, il a aussi été à l’armée, ou il a souffert de discrimination et travaillé dans une entreprise de mines d’uranium, et protestera énergiquement plus tard contre les profanations de la terre causées par leur course au profit. Au début des années 1970, il commença à écrire, tout en enseignant dans diverses universités, et en 1982, il obtint un Prix Pushcart et une grande influence sur le public avec ‘From Sand Creek’. Son livre le plus important est peut-être ‘Woven Stone’, de 1992 – un mélange de poésie et de prose de trois volumes précédents, qui constitue une autobiographie spirituelle – La Fondation Simon Ortiz