Vidéo: interview de Ian Zabarte par Indigenous Action Media

 

MONT YUCCA: LE SERPENT NAGE VERS L’OUEST

 

Par Indigenous Action Media (see in English)
27 avril 2017
Traduction Christine Prat

 

Le gouvernement Trump et le Congrès renouvellent la menace de faire de la Montagne sacrée Yucca – située en Territoire Shoshone, près de Las Vegas, Nevada – un gigantesque dépotoir de déchets nucléaires.

Le jour du 31ème anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la Commission pour l’Energie de la Chambre des Représentants a examiné des amendements à la Loi sur la Politique des Déchets Nucléaires qui pourraient faire redémarrer les opérations commencées en 1982. Si le projet pour le Mont Yucca devait passer, cela signifierait le transport de déchets hautement radioactifs de toutes les centrales nucléaires du pays à ce site. Plus de 70 000 tonnes de carburant nucléaire usagé et des déchets hautement radioactifs seraient enfouis dans cette montagne sacrée.

Trump a récemment proposé de consacrer 120 millions de dollars pour remettre en route les formalités d’autorisation du projet de site pour les déchets nucléaires.

Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone (NCAC), un groupe qui représente les peuples Shoshone et Paiute, est intervenu au sein de la Commission de Régulation Nucléaire qui attribue la licence pour le Mont Yucca. D’après le NCAC, « les formalités de la Commission de Régulation Nucléaire sont considérées comme les plus compliquées et les plus longues procédures jamais vues dans l’histoire de l’humanité. » Le NCAC est le seul groupe non créé par l’Etat fédéral participant à la procédure d’attribution de la licence.

Le Gouvernement Fédéral et l’état du Nevada ont dépensé environs 15 milliards de dollars sur le projet à ce jour. En 2008, le Ministère de l’Intérieur a estimé le coût du transport, de la construction et du fonctionnement du projet à environs 96 milliards de dollars.

La séance du Congrès n’avait pas de représentation des Nations Autochtones qui considèrent la montagne comme sacrée et qui ont subi l’héritage mortel de plus de 1000 tests de bombes nucléaires sur le Site de Tests du Nevada tout proche.

« Le Mont Yucca est un serpent, nous savons comment il faut vivre et si on ne fait pas les choses qu’on doit faire, le serpent lâchera son venin. » dit Ian Zabarte, représentant principal des Bandes de l’Ouest de la Nation Shoshone, et représentant du NCAC. « Nous faisons partie de ceci, nous en faisons partie. On ne peut pas le détruire comme ça. C’est l’endroit où nous communions avec la terre. » a déclaré Ian Zabarte.

Le Mont Yucca est situé sur les terres des Shoshone de l’Ouest. Le NCAC a également attaqué en justice la propriété des Etats-Unis sur le site, en tant que violation du Traité de Ruby Valley de 1863.

« L’état du Nevada, tous les comtés proches d’ici, le Secrétariat à l’Energie, tous ont dépensé jusqu’à 15 milliards de dollars jusqu’au moment où ils ont eu un trou dans le sol et ils ne peuvent rien en faire parce qu’ils n’ont pas encore prouvé être propriétaires du sol. » dit Ian Zabarte.

Les Shoshone de l’Ouest, les Paiute et des supporters anti-nucléaires ont férocement résisté à cette profanation obscène et à sa menace mortelle. En mars 1988, plus de 8000 personnes ont convergé pour une action directe massive de 10 jours pour « récupérer » le Site de Tests du Nevada, et près de 3000 personnes ont été arrêtées.

« Les gens doivent écrire des lettres au Congrès et dirent à leurs représentants d’arrêter de gaspiller de l’argent. » a déclaré Ian Zabarte, « Ce n’est pas juste, de la part des Etats-Unis, d’imposer ceci à une population vulnérable, la population Autochtone, à nos terres, et de rendre nos terres inhabitables. »

 

Pour plus d’informations (en anglais): www.nativecommunityactioncouncil.org

 

 

 

A propos de la bombe larguée sur ordre de Trump en Afghanistan, la bombe non-nucléaire la plus puissante de l’histoire, baptisée MOAB, Mother Of All Bombs (Mère De Toutes les Bombes).

 

Par Indigenous Action Media
Publié le 13 avril 2017
Traduction Christine Prat

 

Toutes justifications et légitimité des cibles mises à part (et allez-vous faire foutre si vous pensez qu’il n’y a pas eu de victimes civiles), nous ne devons pas considérer le largage de la plus puissante bombe non-nucléaire de l’histoire, sans le mettre en relation avec la capacité et le potentiel de violence qui constituent l’existence même des soi-disant Etats-Unis.

Cette « Mère De Toutes les Bombes » – larguée par le seul pays au monde qui ait utilisé des armes nucléaires au combat, toutes les deux au Japon, sur des villes très peuplées, comme point final brutal, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale – n’est pas seulement une démonstration de force, elle représente un narratif apocalyptique menaçant toute vie, et pas seulement celle des tristes rejetons de l’Etat Islamique ou de l’Impérialisme des Etats-Unis.

En décembre 2016, Trump a twitté que « les Etats-Unis devaient grandement renforcer et étendre leur capacité nucléaire, jusqu’à ce que le monde ait repris ses esprits en ce qui concerne le nucléaire. » La détonation de la “Mère De Toutes les Bombes” démontre clairement que le Fasciste en Chef n’a aucune inhibition le retenant d’utiliser une arme encore plus puissante.

Souvenez-vous que le potentiel pour une violence d’Etat globale existe quel que soit le parti au pouvoir : par exemple, il y a eu dix fois plus d’attaques aériennes (surtout avec des drones qui ont éradiqué des centaines de vies de civiles) sous la présidence d’Obama que sous celle de George W. Bush.

Pendant la guerre froide, les Etats-Unis ont employé une stratégie militaire et nationale connue sous le nom de Destruction Mutuelle Assurée (MAD – qui veut dire ‘fou’ NdT – Mutually Assured Destruction; dans la France de de Gaulle, ça s’appelait juste ‘dissuasion’ – NdT). Selon Wikipédia, « MAD est une doctrine de politique de stratégie militaire et de sécurité nationale dans laquelle l’utilisation illimitée d’armes nucléaire par deux ou plusieurs parties opposées causerait l’annihilation complète de l’attaquant comme de l’attaqué… »

C’était, littéralement, une doctrine de « l’annihilation. »

L’imaginaire théologique, pop-culturel et politique d’annihilation totale a occupé l’espace entre les rêves et les cauchemars pendant des générations, mais c’est l’invention des armes nucléaires qui rendu l’apocalypse techniquement possible.

Les entreprises qui produisent ces armes et les industries minières qui les alimentent, et de façon plus large l’incontournable Complexe Militaro-Industriel, ont toutes fait de l’argent de cette fervente croyance.

Les partisans du refus radical de la guerre et du nucléaire ont longtemps résisté et attaqué ces armes de destruction massive, les systèmes politiques qui les engendrent, et les entreprises qui profitent de leur prolifération.

Dans les années 1980, le Mouvement Plowshares [Chrétiens pacifistes et anti-nucléaires, s’intitulant ‘socs de charrues’, référence biblique – NdT] organisait des actions telles que s’introduire par effraction dans des bâtiments militaires, détruire des ogives et des têtes de fusées nucléaires, et verser du sang sur les documents et les dossiers.

De 1986 à 1994, des Shoshone du Nevada et un groupe appelé Nevada Desert Experience, ont entrepris des actions directes sur le Site de Tests du Nevada, le premier site de tests des armes nucléaires des soi-disant Etats-Unis : il y eut près de 16000 arrestations. Plus de 1000 tests de détonation de bombes atomiques ont été perpétrés à Newe Segobia (terres des Shoshone de l’Ouest – lieu introuvable sur Google Maps, NdT), et des dizaines dans les Iles Marshall. La radioactivité produite par ces tests a causé des cancers et autre contamination directe aux communautés locales ou vivant sous le vent des sites. Les Autochtones des Iles Marshall ont refusé de se reproduire, à cause des extrêmes handicaps congénitaux résultant des actions effroyables du colonialisme nucléaire.

En 2006, les Etats-Unis ont menacé de tester la « Frappe Divine », bombe non-nucléaire, une arme capable d’  « exploser les bunkers », de la même catégorie mais beaucoup plus puissante que la MOAB, sur l’ancien site de Newe Segobia occupée. Les Shoshone et les groupes anti-nucléaires sont intervenus et ont finalement réussi à empêcher le test, affirmant que c’était un précurseur à l’utilisation d’armes nucléaires.

Historiquement, des groupes de libération militants comme les Black Panthers pour l’Autodéfense, l’American Indian Movement, Women of All Red Nations, Weather Underground, et d’autres, ont tous reconnu que des formes d’action diverses et plus directes étaient nécessaires face à la violence d’état généralisée.

Aujourd’hui, tandis que des centaines d’espèces disparaissent chaque jour, et que les voies de l’impérialisme américain sont pavées d’héritages d’écocides et de génocides, nous avons apparemment trouvé le moyen de fétichiser l’apocalypse avec des fantasmes et des scenarii de survie de zombies. A bien des égards, il parait être plus facile d’imaginer l’annihilation que de créer des solutions, de s’organiser et d’y faire quelque chose.

Historiquement, les activistes anti-guerre et anti-nucléaire radicaux n’avaient rien à foutre de la « politique de la respectabilité » ni de la destruction de la propriété considérée comme « violence », comparées à cette menace. Ils ont littéralement pris une massue contre la source de la violence d’état, et par là, l’ont, symboliquement et matériellement, neutralisée.

Tout comme il y a des points d’intervention dans tous les aspects de ce qu’on appelle la chaîne nucléaire (extraction d’uranium, transport, retraitement, énergie, armes et déchets), il y a des points d’intervention dans toutes les activités du complexe militaro-industriel; des entreprises qui produisent les composants électroniques pour les armes, jusqu’aux centres de recrutement de l’armée, aux transports de machines militaires par route et rail, et aux bases militaires dans tous ces territoires volés.

Alors que Michael Franti chante « nous pouvons bombarder le monde pour le réduire en éclats, mais nous ne pouvons pas le bombarder pour le réduire à la paix », peut-être que notre adaptation du refrain pourrait être « vous ne pouvez pas bombarder le monde pour le réduire en éclats si nous bousillons vos machines. »

 

#anticolonialisme #pouvoirauxantiimpérialistes #nonaunucléaire #meredetouteslesbombes #combattezlaguerre

#powertotheanticolonial #powertotheantiimperial #nonukes #moab #fightwarnotwars

 


Des canons à eau vaporisent dans l’air l’eau du puits de Canyon Mine. Photo Alicyn Gitlin

 

La Compagnie minière Energy Fuels enfreint le Plan d’Opération pour éliminer l’excès d’eau ; le forage continue, bien que les permis environnementaux aient expirés

 

POUR PUBLICATION, 20 mars 2017
Sur le site de Haul No!
Contact :
Alicyn Gitlin, Sierra Club Grand Canyon Chapter, alicyn.gitlin@sierraclub.org
Leona Morgan, Haul No!, stopcanyonmine@gmail.com
Traduction Christine Prat

 

TUSAYAN, Arizona – La mine très controversée Canyon Mine, située à environs dix kilomètre de la Rive Sud du Grand Canyon, se remplit d’un excès d’eau, après un hiver très pluvieux. Pour se débarrasser de l’eau au fond du puits de mine, le propriétaire, Energy Fuels Resources (USA), fait transporter l’eau radioactive à l’usine de retraitement d’uranium de White Mesa, près de Blanding, dans l’Utah et la vaporise dans l’air et sur la toute proche Forêt Nationale de Kaibab, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations exige que tout excès d’eau soit maintenu dans des bassins et traité sur place.

En même temps, Energy Fuels a laissé expirer les permis environnementaux visant à protéger l’eau du sous-sol.

Les communautés de la Nation Navajo habitant le long du trajet allant de Canyon Mine à l’usine de White Mesa n’ont pas été prévenues officiellement de la nature des matériaux dangereux devant être transportés. Le trajet couvre environs 500 km, dont approximativement 290 km à travers la Nation Navajo et la communauté Ute de Ute Mountain, au sud de l’usine. La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, y compris le minerai d’uranium, « sur, sous ou à travers le Pays Indien de la Nation Navajo »[1] ; cependant, les Navajo n’ont pas juridiction sur les routes d’état [Arizona et Utah] du trajet. Sur les camions, il est juste indiqué « eau non-potable » et au moins un des camions observé avait un panneau trompeur indiquant comme contenu « produits pétroliers ».

Les peuples Autochtones ne sont pas seulement inquiets à cause du transport, mais aussi pour Red Butte, classée comme Propriété Culturelle Traditionnelle et site sacré, à proximité de la mine, ainsi que pour les risques posés aux précieuses ressources en eau, la possibilité d’accidents, l’absence de plans d’urgence, et les effets sur la santé humaine, les plantes et la vie sauvage.

« En tant que Nation Navajo, nous avons été confrontés à l’uranium depuis la guerre froide et nous sommes toujours confrontés au problème des mines abandonnées par des gens irresponsables… la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’une autre mine opérant des transports à travers nos communautés… Pas de Transport! [No Haul! » dit Milton Tso, Président du Chapitre de Cameron.

Le Service des Forêts des Etats-Unis n’a pas exigé qu’Energy Fuels mette à jour le Plan d’Opérations de 1986 afin de refléter toute nouvelle information ou technologie, quand ils ont recommencé à forer après près de 30 ans de ‘standby’, au cours desquels la mine était non-opérationnelle. Maintenant, avant même que du minerai d’uranium n’ait été sorti de la mine, il semble qu’ils ne se conforment déjà plus à leur Plan.

De plus, Energy Fuels a laissé ses permis pour le stockage sur place de matériau retiré du puits de mine expirer en août 2016.[2] Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona n’a reçu aucun document de la compagnie pour le renouvellement des permis.

« C’est inacceptable et ne fait que confirmer nos inquiétudes à propos de cette mine. L’industrie minière a dit que l’extraction est plus propre et plus sûre que par le passé, mais maintenant le puits a été inondé et ils ont dû recourir à de l’improvisation avant d’avoir même commencé à extraire du minerai. Nous ne devons pas faire confiance à cette mine ni à cette compagnie minière, si près d’une des Merveilles du Monde naturelles. Ils mettent en danger les eaux du Grand Canyon » dit Alicyn Gitlin, du Sierra Club.

Energy Fuels a foré le puits jusqu’à environs 450 m et a intercepté du minerai d’uranium de haute teneur, bien que l’extraction n’ait pas encore commencé.[3] L’eau du bassin de la mine, transportée en camion et vaporisée dans l’air, contient trois fois la limite de sécurité d’uranium dissous dans l’eau potable.[4] Mais on ne sait quelle quantité d’eau est partie du site de la mine. Compte tenu de l’hydrologie complexe du Grand Canyon, on ne sait pas si l’eau contaminée s’infiltre du puits de mine non achevé dans les eaux souterraines de la région, qui alimentent des ruissellements et des sources du Grand Canyon.

Vaporisation d’eau dans la Forêt de Kaibab. Photo Klee Benally

« C’est encore un bon exemple de racisme environnemental, que d’autoriser le transport de liquides radioactifs dans des camions non-signalés à travers des communautés et sans avertir le public ni les nations autochtones environnantes. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin que des mesures adéquates et des plans d’urgence soient mis en place en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, de Haul No!, une initiative conduite par des autochtones inquiets du transport d’uranium.

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Contexte

En 2012, le gouvernement Obama a publié un « retrait minier » interdisant toute nouvelle concession minière ainsi que le développement de concessions n’ayant pas de droits en cours de validité sur plus de 4000 km² de terres publiques autour de Parc National du Grand Canyon. En dépit des protestations du public et des poursuites en justice de tribus Indiennes locales et de groupes écologistes, les agences fédérales ont autorisé trois mines d’uranium à enfreindre le « retrait » et à reprendre leurs opérations.

Une de ces mines, Canyon Mine, a été approuvée en 1986, mais les propriétaires ont cessé l’exploitation en 1992, quand le prix de l’uranium a chuté. En 2010, Red Butte, près de la Canyon Mine, a été classée Propriété Culturelle Traditionnelle. En 2012, la Forêt Nationale de Kaibab a décidé que Canyon Mine pouvait reprendre l’exploitation sans mettre à jour la Déclaration d’Impact Environnemental ni le Plan d’Opérations. La Tribu Havasupai combat la décision du Service des Forêts à la Cour d’Appel du 9ème Circuit pour obliger le Service des Forêts à prendre en considération les nouvelles informations et technologies, et pour exiger la consultation de la tribu selon la Loi de Préservation Historique Nationale.

Dans une lettre datée du 17 mars 2008, concernant la « Notification de la Décision de l’ADEQ [Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona] de Refuser un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 au Site Canyon Mine de Denison Mines (USA), » l’ADEQ écrivait « … il a été déterminé que votre site n’était pas conforme aux exigences quant au plan, à la construction et à l’installation, pour l’obtention d’un Permis Général de Type 3.04, selon les articles A.A.C. R18-9-D304(A) et A.A.C. R18-9-D304(C). » Dans un article de l’Arizona Daily Sun, le Directeur de l’ADEQ, Steve Owens, dit « C’est à eux de nous prouver qu’il n’y aura pas d’impact sur les eaux souterraines. »[5] Pourtant, en une volte-face complète, en 2009 un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères a été accordé pour Canyon Mine.

Lorsqu’ Energy Fuels Resources (USA) a acheté Canyon Mine, elle a fait transférer à son nom le Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 pour le stockage d’eau non pluviale, et deux Permis de Type 2.02, qui permettent le stockage intermédiaire de minerai. Le permis de Type 3.04 expire le 31 août 2019, et les permis de Type 2.02 expiraient le 30 août 2016.[6] L’ADEQ n’a aucun nouveau document à examiner ou enregistré pour renouveler les permis Type 2.02, cependant Canyon Mine continue de construire son puits de mine et d’empiler les déchets sur place.

En 2010 des échantillons d’eau prélevés par les Etudes Géologiques des Etats-Unis [USGS] ont montré que quinze sources et cinq puits contenaient des concentrations d’uranium dissous excédent les standards de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Le rapport de l’USGS concluait que ces sites contaminés « étaient liés aux opérations minières. » En 2013, le Service des Parcs Nationaux dit que « les puits d’eaux souterraines régionales près des mines Canyon, Pinenut et Hermit ainsi que les puisards à la base des mines Pigeon et Hermit avaient révélé des concentrations d’uranium dissous excédant les standards pour l’eau potable (30 microgrammes par litre), les concentration au puisard d’Hermit Mine excédant 36000 microgrammes par litre. »

D’après le Plan d’Opérations pour Canyon Mine de 1984, « tout drainage de surface de la cour devra aller dans le ou les bassins de rétention. De plus, si un excès d’eau est découvert au cours de l’extraction, il sera stocké et traité dans ce secteur avant d’être évacué… Toute eau rencontrée au cours de l’extraction qui ne peut pas être utilisée en lien avec l’extraction, devra être évacuée dans ces bassins de rétention et y être retenue jusqu’à évaporation ou traitée jusqu’à ce qu’elle soit conforme aux standards d’évacuation applicable selon le permis NPDES [Système National d’Elimination de Polluants Evacués][7]. »

La Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine exige que « le(s) bassin(s) de rétention dans la cour de la mine doivent pouvoir recevoir les eaux tombées localement au cours de l’orage du siècle, plus les précipitations annuelles normales, et l’eau qui pourrait être pompée de la mine. Le volume d’eau dans le(s) bassin(s) doit être maintenu à un niveau qui permette une capacité en réserve pour recevoir l’eau résultant d’évènements imprévisibles et ceux normalement attendus. »[8] Le bassin de rétention n’était clairement pas suffisant pour recueillir l’eau pompée de la mine cette année.

 

[1] http://www.navajonationcouncil.org/Navajo%20Nation%20Codes/Title%2018/CF-18-12.PDF

[2] Numéros et dates des permis: Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.

[3] Energy Fuels, 1016. Encore du minerai d’uranium de haute teneur trouvé à la mine d’Energy Fuels, Canyon Mine, ce qui fait progresser l’expansion de la zone du minerai. Original en Anglais : http://www.energyfuels.com/news-pr/high-grade-uranium-intercepts-energy-fuels-canyon-mine-continue-expand-mineralized-zone/

[4] Mine d’uranium doit faire face à un excès d’eau, article de l’Arizona Daily Sun, en anglais sur : http://azdailysun.com/news/local/uranium-mine-deals-with-excess-water/article_1f35d10b-3802-5083-a5bd-1c3f255363fc.html

[5] Permis miniers refusés, Arizona Daily Sun, 14 mai 2008.

[6] Spécification des permis et dates d’attribution: Arizona Department of Environmental Quality Discharge Authorization Type 3.04 General Aquifer Protection Permit. LTF # 60849. Issued to Energy Fuels Resources (USA) Inc. based on Renewal Form dated 7/16/2014; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.

[7] Energy Fuels Nuclear, Inc. 1984. Plan d’Opérations, Déclaration d’Intentions, Canyon Mine, 1984, pp 14, 19. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/fseprd475369.pdf

[8] USDA [Ministère de l’Agriculture US], 1986, Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine, p. 2.33. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/stelprdb5346657.pdf

 

L’extraction d’uranium pourrait commencer début juin 2017 sur un Site Sacré

Par Haulno.org
Publié par Indigenous Action Media
Le 6 avril 2017
Traduction Christine Prat

GRAND CANYON DU COLORADO, Arizona – Energy Fuels a annoncé récemment avoir terminé le forage du puits de sa mine d’uranium Canyon Mine, qui est située à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon. La compagnie est actuellement en train d’élaborer un plan sur la base des résultats du forage avant de reprendre la construction sur le site. Ils ont aussi licencié temporairement la plupart de leurs ouvriers.

Energy Fuel menace de pouvoir commencer à extraire du minerai d’uranium dès juin 2017.

« Energy Fuels viole Notre Mère la Terre, profane Red Butte qui est sacrée, et maintenant amène de l’eau empoisonnée mêlée d’uranium de leur mine près du Grand Canyon. C’est scandaleux de voir des mineurs inconscients vaporiser leur pollution radioactive sur ces terres sacrées » dit Klee Benally, coordinateur à Clean Up The Mines et bénévole à Haul No! « Qu’en plus ils transportent des millions de litres de ces produits toxiques à travers Diné Bikeyah (la Réserve Navajo) sans notre consentement informé, et alors que nos communautés continuent de souffrir des effets de l’héritage mortel de l’industrie nucléaire, est proprement scandaleux. Si Canyon Mine est autorisée à continuer de profaner Notre Mère la Terre, nous serons sous la menace de centaines de camions transportant des millions de kilos de minerai radioactif sur nos routes et au-dessus de nos cours d’eau. Nous ne laisserons pas cela se faire, Haul No! [Transport Non!] »

Le dimanche 12 mars 2017, des représentants de Haul No!, de Diné No Nukes, de Clean Up The Mines, de The Golden Rule, de Vétérans pour la Paix, du Sierra Club et du Centre pour la Diversité Biologique, ont entrepris une visite du site pour surveiller les opérations de Canyon Mine. Les groupes ont été témoins de ce que des travailleurs d’Energy Fuels vaporisaient de l’eau à plus de 12 mètres de haut dans l’air, et ont vu de nombreux camions d’eau sans indication spéciale, arriver sur le site. Ils ont aussi été témoins de ce que l’eau était vaporisée dans la forêt environnante et une propriété culturelle traditionnelle.

Vidéo filmée par Haul No! et sous-titrée en français

On s’était aperçu que de l’eau s’était accumulée au fond du puits de la mine. A cause de ce problème, Energy Fuels a commencé à transporter l’eau contaminée par camions, jusqu’à l’usine de retraitement d’uranium White Mesa Mill, près de Blanding, en Utah, et a en vaporiser dans l’air et dans la Forêt Nationale de Kaibab juste à côté, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations approuvé par la Forêt Nationale de Kaibab exige que toute eau en excès soit retenue dans des bassins et traitée sur place. (Communiqué de presse de Haul No!)

Plusieurs des participants à l’opération de surveillance avaient amené une banderole sur laquelle on pouvait lire « Ne Nucléarisez Pas le Grand Canyon, Arrêtez Canyon Mine » et ont affronté les ouvriers. Des mineurs ont déclaré que « rien de toxique » ne sortait de la mine. D’après le quotidien Arizona Republic, des échantillons prélevés dans le bassin de la mine présentaient 130 parts d’uranium dissous par milliard. Les règles de l’Agence de Protection de l’Environnement indiquent qu’au-dessus de 30 parts par milliard, l’eau est dangereuse à boire.

Bien que les groupes aient fourni de la documentation sur vidéo et des photos, le Service pour la Qualité de l’Environnement d’Arizona et le Service de la Forêt Nationale de Kaibab ont nié qu’il y ait eu des infractions.

Les Communautés de la Nation Navajo vivant le long du trajet de transport de Canyon Mine à l’usine White Mesa, n’ont pas été prévenues officiellement de ce que des matériaux dangereux étaient transportés.

« C’est encore un exemple flagrant de racisme environnemental, d’autoriser le transport non surveillé de liquides radioactifs dans des camions non-signalés parmi des communautés, et de ne pas informer le public ni aucune des Nations Autochtones des environs. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin de s’y préparer adéquatement et de mettre en place des actions urgentes en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, qui travaille pour Diné No Nukes et est bénévole pour Haul No!

La membre du Conseil Havasupai Carletta Tilousi avait déclaré auparavant « La Canyon Mine ne menace pas seulement le peuple et le territoire Havasupai, mais potentiellement tous les utilisateurs de l’eau du Fleuve Colorado en aval, y compris Las Vegas et Los Angeles. Les membres de la Tribu Havasupai, gardiens du Grand Canyon, sont attaqués et demandent votre soutien et vos prières pour protéger le Grand Canyon de l’extraction d’uranium devant être utilisé dans des réacteurs nucléaires au bénéfice des Etats-Unis et au profit de l’industrie nucléaire mourante. »

Red Butte est un site sacré et classé comme propriété culturelle traditionnelle, Canyon Mine est située à l’intérieur du périmètre du site sacré.

La Nation Havasupai et des groupes environnementaux ont encore des poursuites en cours contre le Service des Forêts et Energy Fuels concernant les menaces sur le site sacré et les infractions à la procédure selon la NEPA [Loi sur la Politique Environnementale Nationale]. Une décision devrait être prise incessamment. Si Energy Fuels est autorisé à poursuivre ses activités, jusqu’à 25 camions par jour pourraient transporter 30 tonnes de minerai hautement radioactif sur les petites routes et les autoroutes d’Arizona. Le minerai traverserait des villes comme Valle, Williams et Flagstaff; et dans la réserve Navajo, des communautés comme Cameron, Tuba City et Kayenta; et près de la réserve Hopi; et arriverait finalement à l’usine White Mesa d’Energy Fuels, à seulement 5 km de la communauté tribale Ute de Ute Mountain, de White Mesa, en Utah.

La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, entre autre le minerai d’uranium, « au-dessus, en-dessous ou à travers le Pays Indien Navajo » ; cependant les Navajo n’ont pas la juridiction sur les routes d’état du trajet de transport.

La Nation Navajo a déjà été dévastée par 523 mines d’uranium abandonnées, et 22 puits d’eau potable ont été fermés par l’Agence de Protection de l’Environnement à cause de hauts degrés de pollution radioactive.

Le 25 mars, au cours de la réunion du Conseil de l’Ouest de la Nation Navajo, le Président du Chapitre de Cameron, Milton Tso, a soutenu avec succès une résolution demandant aux 18 Chapitres de la Nation Navajo d’interdire le transport de minerai d’uranium, d’eau contaminée et tout autre matériau de Canyon Mine.

Sarana Riggs, une bénévole de Haul No! était présente à la réunion. « Le siège du Chapitre était tellement plein que les gens devaient attendre dehors ou rester debout où ils pouvaient » dit S. Riggs. « Tous ces gens de la représentation de l’Ouest étaient là pour entendre les nombreuses inquiétudes de la communauté, entre autres l’information sur Canyon Mine. La plupart de ceux qui étaient là n’étaient pas au courant du trajet du transport ni de l’extraction de minerai et ont parlé de leurs propres soucis avec les mines d’uranium du passé qui continuent à hanter leurs familles dans la Réserve Navajo. Après le vote et la fin de la réunion, beaucoup de gens nous ont demandé de les aider à organiser des réunions publiques éducatives pour leurs propres communautés. »

« Ça m’inquiète que nos dirigeants élus ne soient pas plus impliqués dans l’information des communautés, attendent-ils une nouvelle catastrophe avant de se préoccuper de ce problème? Nous allons faire ce que nous pouvons pour informer les gens et empêcher le transport de minerai, et finalement faire fermer Canyon Mine! Nous avons connu beaucoup trop de cœurs brisés par łeetsó (uranium) et nous devons laisser ce monstre dans le sol! » dit S. Riggs.

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Donald Trump clame vouloir construire un très, très grand mur le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. En fait, le projet existe depuis longtemps, et la construction a commencé en 1994. Elle a dû être interrompue faute de moyens – ça se compte en dizaines de milliards. En plus, il y a eu beaucoup d’opposition au Texas, non seulement de la part des Autochtones dont les communautés risquaient d’être coupées en deux, des militants des Droits de l’Homme qui soutiennent les immigrants, des organisations écolo qui s’insurgent contre les dégâts occasionnés par la construction à des sites naturels classés, mais aussi de la part d’autorités qui, sans avoir aucune sympathie pour les immigrants, préféraient une autre solution. Et le Texas est séparé du Mexique par le Rio Grande, qui ne doit pas être si facile à traverser.

Le Mur existe déjà en Californie et en Arizona, quelques morceaux ont été construits au Nouveau-Mexique et au Texas. En Californie, les premières sections construites sont identiques au Mur construit par les Israéliens en Palestine, vu qu’elles ont été confiées aux mêmes entreprises. En Arizona, la quasi-totalité de la frontière est bouclée, par une énorme barrière aux endroits les plus faciles à traverser, par des barres métalliques et des fils barbelés qui ne bloquent que les véhicules, là où il est très difficile de survivre à la traversée.

L’excellent reportage réalisé fin février 2017 par une équipe du site d’informations alternatif « Unicorn Riot », que vous pouvez voir ci-dessous sous-titré en français, donne beaucoup d’informations sur l’hostilité aux immigrants et l’explosion du racisme qui ne se cache plus, le travail très dur et très courageux de l’association « No More Deaths » [« Plus de Morts »], qui aide les immigrants perdus dans le désert de Sonora depuis plus de 10 ans, le rôle des entreprises privées qui profitent honteusement de la situation, les exactions de la Patrouille des Frontières et des milices privées fascistes, etc.

Mais le Mur divise aussi des communautés Autochtones, en particulier, en Arizona, la communauté Tohono O’odham (pour plus d’informations, voir l’article et l’interview d’Alex Soto, Tohono O’odham). Les Tohono O’odham se plaignent de subir une surveillance permanente de la part de la Patrouille des Frontières, qui a installé beaucoup de caméras de surveillance, qui sont loin d’être toutes dirigées vers le Mexique, beaucoup étant dirigées vers la Réserve Tohono O’odham, et des agents de la Patrouille des Frontières qui roulent à tombeau ouvert dans la Réserve sur des pistes difficilement praticables, et tuent régulièrement des piétons.

De plus, quand on parle de mur pour lutter contre « l’immigration illégale », il faut savoir que les états ayant une frontière commune avec le Mexique, ont été conquis par les Etats-Unis en 1846 et que la frontière actuelle a été dessinée à la règle et à la plume lors du Traité Guadalupe Hidalgo de 1848. Les Autochtones vivaient là depuis des temps immémoriaux, les autres Mexicains depuis plusieurs siècles. Ceux qui se trouvaient du côté US de la frontière de 1848 sont devenus citoyens US malgré eux, et ont été arbitrairement séparés de leurs familles et communautés qui sont du côté mexicain. Il n’est donc pas vraiment légitime de parler d’ « immigration illégale » lorsqu’il s’agit de gens arbitrairement séparés en 1848. D’ailleurs, dans ces états, les panneaux dans les rues, les messages dans les avions, etc., sont toujours bilingues, anglais et espagnol, vu qu’il y a toujours beaucoup d’hispanophones parmi les ‘citoyens américains’. Pendant longtemps, les habitants de villages coupés en deux pouvaient passer assez facilement dans l’autre partie, mais quand i a été décidé de « lutter contre l’immigration » un visa coûtant 100 dollars a été imposé, ce qui est inabordable pour les villageois. Là-bas comme partout, peut-être plus encore que partout, il ne s’agit pas de « lutte contre l’immigration », mais de colonialisme.

Vous trouverez ci-dessous le reportage de Unicorn Riot sous-titré en français, un article de Censored News publié à l’occasion de la sortie du reportage et un vidéo clip réalisé par Klee Benally pour la sortie du nouvel album du duo hip-hop engagé Shining Soul (l’un des membres est Alex Soto, Tohono O’odham), tourné sur la frontière.

Christine Prat

 

 

CRUAUTE ET HAINE : DYNAMIQUE DU MUR FONTIERE A L’ERE DE LA SUPREMATIE BLANCHE DE TRUMP

Par Brenda Norrell
Censored News
Mars 2017
Traduction Christine Prat

Unicorn Riot a produit une nouvelle vidéo de la frontière U.S. / Mexique, qui dénonce la haine et les profits à la base du mur projeté par Trump. La cruauté et la haine du gouvernement des Etats-Unis à la frontière sont maintenant amplifiées en cette ère de suprématie Blanche de Trump.

Les images disent la véritable histoire de la façon dont les Agents U.S. de la Frontière détruisent l’eau qui pourrait sauver la vie des migrants, et montrent la police de Tucson vaporisant du poivre dans les yeux des manifestants soutenant les droits des migrants.

C’est la véritable histoire qui dit comment les Etats-Unis fournissent des armes aux cartels du Mexique pour alimenter la guerre de la drogue, et sont impliqués dans le transport de la drogue.

Suivez la piste de l’argent, et la piste des riches Blancs suprématistes en Amérique. Les Etats-Unis remplissent des prisons privés de migrants pour les dollars, et y mettent des enfants de migrants en violation de la loi internationale. Regardez la vidéo d’Unicorn Riot [ci-dessus].

A Censored News, beaucoup de nos articles originaux les plus censurés au cours de la dernière décennie, venaient de la frontière. Ça inclut mentionner qu’une session du Congrès avait dénoncé le fait que des centaines d’agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE avaient été arrêtés pour avoir passé de la drogue, et servaient de relais aux cartels pour transporter leur marchandise à travers la frontière.

Egalement censurée, il y eu la brochure concernant les armes d’assaut fournies aux cartels, d’abord à la frontière du Texas sous le gouvernement Bush, fourniture qui continue toujours.

Récemment, l’information la plus censurée concerne le fait que le gouvernement des Etats-Unis a accordé un contrat pour la sécurité à la frontière à Elbit Systems, la compagnie Israélienne responsable de la sécurité de l’Apartheid en Palestine, sous le gouvernement Obama. Les tours de surveillance d’Elbit visent maintenant les communautés traditionnelles O’odham. Le District de Gu-Vo se bat actuellement pour protéger des sites funéraires de la construction de ces tours de surveillance américano-israéliennes.

L’article de Censored News signale également que « trois groupes de plus », devant jouer au festival ‘South to Southwest’ à Austin, ont été refoulés à la frontière. Parmi eux, un bassiste Autochtone, à qui un agent de la frontière a dit que la prochaine fois, il devrait fournir le résultat d’une analyse de sang, ce qui est interdit par la loi fédérale.

 

Vidéo réalisée par Klee Benally à la frontière pour le nouvel album du duo de hip-hop Shining Soul

 

 

 

Vendredi 10 mars 2017

Les Protecteurs de l’Eau et leurs soutiens ont manifesté à Washington, devant la Maison Blanche. Le combat continue. Les médias dominants – entre autres Radio France – ont enfin commencé à en parler. Les manifestants ont essentiellement exprimé la nécessité vitale de défendre l’eau, et le fait que les travaux du DAPL, l’occupation par le Corps de Ingénieurs de l’Armée, et les camps des Protecteurs étaient situés sur des territoires appartenant aux Lakota suivant les Traités. D’après le Guardian daté du 10 mars, une femme qui aidait à porter une grande pancarte « C’est une Terre Volée », scandait « l’Occupation est un crime, de Standing Rock à la Palestine ».

 

 

L’armée et la police ont commencé à attaquer les camps fin février : le 23, ils ont attaqué le camp Oceti Sakowin, où il ne restait que 47 personnes, qui ont toutes été arrêtées. En prévision de l’attaque, les autres avaient pu quitter le camp dans des bus loués pour l’évacuation.

 

Photo Censored News, voir d’autres photos de l’attaque du 23

 

Parmi les 47 personnes qui ne voulaient pas quitter le camp et ont été arrêtées, se trouvait Regina Brave, environs 80 ans. Elle a heureusement été libérée depuis. C’est une militante de longue date, elle était à Wounded Knee en 1973.

Voir d’autres photos des attaques par Rob Wilson sur Censored News

 

Le 1er mars, les ‘forces de l’ordre’ ont attaqué le nouveau camp ‘7ème Génération’, où les Protecteurs qui se trouvaient en zone inondable venaient de déménager, le camp de Rosebud et le camp de Sacred Stone, qui se trouvait pourtant sur la propriété privée de LaDonna Brave Bull Allard – le terrain appartient à sa famille depuis des générations – et elle avait invité les Protecteurs à y camper. Le 1er mars, elle a été bloquée à un barrage de la police et n’a pas été autorisée à rentrer sur son propre terrain.

Le 18 janvier, le Conseil Tribal de la Tribu Sioux de Standing Rock avait promulgué une résolution – 007-17 – donnant l’ordre d’évacuer les camps et faisant appel à toutes les forces de l’ordre pour le faire. Le Conseil Tribal arguait que la rigueur du climat était une menace pour les Protecteurs, cependant beaucoup d’entre eux ont parlé de ‘trahison’ (les habitants du Dakota du Nord savent bien que les hivers y sont très rudes).

Dans un article publié le 9 mars sur Censored News, Brenda Norrell écrivait: « La police fédérale a attaqué les protecteurs de l’eau avec la même violence brutale, la même force excessive incontrôlée, que les forces dirigées par le Sheriff du Comté de Morton, Kyle Kirchmeier.

« Tous les protecteurs de l’eau ont été arrêtés ou expulsés, suivant les ordres du Conseil Tribal. Maintenant, les camps sont rasés au bulldozer et les possessions des protecteurs de l’eau sont détruites. » L’article indique également que le 8 mars, l’école du camp de Sacred Stone a été rasée.

 

 

 

LE RESEAU ENVIRONNEMENTAL AUTOCHTONE REAGIT A L’EVACUATION FORCEE DES CAMPS DE RESISTANCE AU DAPL

CANNON BALL, Dakota du Nord – Le 22 février 2017, à 14h, heure locale, les protecteurs de l’eau du camp Oceti Sakowin ont été expulsés par le Corps des Ingénieurs de l’Armée. En dépit des demandes des dirigeants du camp de plus de temps pour nettoyer le camp, le Corps d’Armée n’a pas cédé et maintenu sa décision de vider le camp. Le Corps d’Armée prétend avoir juridiction sur le terrain où est situé le camp, bien que ce terrain soit compris dans les territoires non-cédés selon le Traité de Fort Laramie.

Les individus ayant volontairement quitté le camp avant 14h, ont eu le choix de prendre un bus pour être transportés jusqu’à un centre d’évacuation, ou de déménager dans d’autres camps situés hors de la zone d’évacuation. Les protecteurs de l’eau restés dans le camp risquent maintenant d’être arrêtés.

Il y a trois autres camps aux alentours où les protecteurs de l’eau peuvent déménager : Sacred Stone, Cheyenne River, et 7ème Génération.

Diverses catégories de forces de l’ordre étaient sur le site, celles du Sheriff du Comté de Morton, la Patrouille des Autoroutes de l’état du Dakota du Nord, la Garde Nationale du Dakota du Nord et les Rangers du Service du Parc National. Les Policiers du Bureau des Affaires Indiennes a établi un point de contrôle et une barricade sur le territoire de la Réserve de la Tribu Sioux de Standing Rock, sur l’autoroute 1806, au sud du pont sur la Rivière Cannonball.

 

La déclaration suivante est de Tom Goldtooth, Directeur Exécutif du Réseau Environnemental Autochtone:

«Nous sommes consternés par les évacuations forcées d’Autochtones aujourd’hui au Camp de Standing Rock, elles constituent une négation violente et superflue du droit constitutionnel des protecteurs de l’eau de protester pacifiquement et d’exercer leur droit à la liberté d’expression. Ça empêche de nettoyer le camp convenablement et crée une confusion et un chaos qui met le Fleuve Missouri en danger d’être pollué par les travaux de construction et des débris du camping.

«L’expulsion d’aujourd’hui est la perpétuation d’une pratique ayant cours depuis des siècles, par laquelle le Gouvernement des Etats-Unis déplace de force les Autochtones de nos terres et territoires. Nous demandons instamment à ceux qui soutiennent les protecteurs de l’eau de continuer à résister à cette mascarade en organisant des mobilisations de masse, des actions partout, s’exprimant contre les violations des droits selon les Traités de la Tribu Sioux de Standing Rock et du Conseil des Sept Feux de la Grande Nation Sioux, et de continuer à alimenter la capacité à aller en justice et à organiser la base contre l’oléoduc Dakota Access.

« Nos cœurs ne sont pas vaincus. La fermeture du camp n’est pas la fin d’un mouvement ou d’un combat, c’est un nouveau début. Ils ne peuvent pas éteindre le feu que Standing Rock a allumé. Il brûle en chacun de nous. Nous nous relèverons, nous résisterons, nous réussirons. Nous envoyons nos pensées pleines d’amour aux protecteurs de l’eau le long de la Rivière Cannonball aujourd’hui. Que tous soient aussi saufs que possible. »

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Indigenous Rising Media (sur Facebook)

En préparation pour aujourd’hui [22 février] les Protecteurs de l’Eau et les Peuples Autochtones à Oceti Sakowin/Le Grand Camp, ont mis le feu à leurs logements traditionnels.

Ce matin, Indigenous Rising a parlé avec Darren Begay, qui a géré les structures de style Navajo à Oceti. Il nous a dit que, comme Cette évacuation forcée s’approchait, il avait consulté les Anciens de ses terres ancestrales, et qu’ils étaient tous tombés d’accord, se référant à la conduite des forces de l’ordre dans le passé, qui, pendant les raids, cassaient et jetaient au rebus des objets sacrés et manifestaient un mépris total et un horrible manque de respect pour les tipis et autres habitats sacrés, pour dire qu’il valait mieux brûler ces structures sacrées plutôt que de les voire profanées par le Comté de Morton et les forces de l’ordre du Dakota du Nord.

Mettre le feu à nos habitations est un signe de respect pour elles. C’est un signe de respect pour ce à quoi elles ont servi pendant ces derniers mois. Elles ont servi à prier et à rassembler des gens. En y mettant le feu, nous envoyons leur fumée comme des prières. En y mettant le feu, nous nous assurons que ces structures partent dans la dignité.

 

 

Le 20 février, l’IEN [Réseau Environnemental Autochtone] avait publié le communiqué suivant:

 

RENOUVELLEMENT DE NOTRE SERMENT D’

ACCROITRE LA RESISTANCE (#GrowTheResistance)

 

Nous sommes à un moment critique de la résistance. Dans les quelques heures qui ont suivi la détention d’immigrants et de réfugiés dans des aéroports de tout le pays, des milliers de gens se sont précipités pour demander l’entrée et l’accueil d’immigrants de toutes nations. Dès que les raids de l’ICE [Immigration and Customs Enforcement] ont commencé, des jeunes se sont alignés devant les centres de détention, risquant l’arrestation pour avoir appelé à en finir avec la violente machine à déporter qui touche tant de nos familles, amis et voisins

Quand le Corps des Ingénieurs de l’Armée a approuvé l’autorisation de passage pour creuser sous le Fleuve Missouri, en violation des lois des traités Autochtones, les dirigeants Autochtones et leurs alliés ont immédiatement organisé des actions directes non-violentes aux bureaux des Corps des Ingénieurs de l’Armée, dans des bureaux fédéraux et dans des banques à Bellingham, Chicago, la Région de la Baie [de San Francisco – NdT], et à Seattle. C’est dans ces moments critiques que nous sommes appelés à réagir en tant qu’organisations, individuellement et en tant que mouvement plus large.

Tout en affirmant que les attaques contre nos communautés se produisent depuis des générations, le Réseau Environnemental Autochtone, GGJ [Grassroots Global Justice] et d’autres se sont engagés à soutenir et impliquer nos membres dans la résistance en ce nouveau moment politique. Nous continuerons à réagir aux évènements petits et grands tandis que nous renouvelons notre engagement de soutenir une vision de base d’un monde plus juste.

Pour renforcer notre opposition et notre vision, GGJ continue à joindre ses forces à celles du Réseau Environnemental Autochtone, de l’Alliance pour la Justice Climatique, et l’Alliance pour le Droit à la Ville, sous la bannière « Ça Prend Racine ».

 

Ensemble, quatre puissantes alliances de militants de base et de dirigeants communautaires sur la ligne de front, approfondissent notre force collective pour combattre la montée des attaques du Gouvernement Trump contre les acquis pour lesquels les gens de couleur, les femmes, les immigrants, les communautés LGBTQ et les ouvriers se sont battus.

Pour ceux d’entre vous qui ont manqué le compte-rendu de nos mobilisations pour l’inauguration, nous avons voulu partager une vidéo [en anglais] :

 

 

Nous appliquons une stratégie translocale, renforçant et reliant les luttes de résistance locales que nos membres mènent dans les communautés où ils sont implantés. Nous publierons un calendrier des actions d’It Takes Roots vers la fin de ce mois.

Les organisations de ce mouvement ont surmonté bien des tempêtes dans le passé et nous continuerons de même, spécialement si nous partageons nos ressources et nos leçons.

 


Capture d’écran par Censored News

 

STANDING ROCK: EVACUATION FORCEE IMMINENTE?

Mercredi 15 février, le Gouverneur du Dakota du Nord a publié un décret ordonnant l’évacuation des camps. La police a déjà commencé à mettre des barrières de ciment près des camps.

Jeudi 16 février, la police du Bureau des Affaires Indiennes a distribué des notifications d’effraction aux personnes se trouvant dans le camp de Sacred Stone. Le camp de Sacred Stone est un camp de prières, pas de combat. Il est situé sur la propriété privée de LaDonna Brave Bull Allard, dont la famille possède ce terrain depuis plusieurs générations. Il semble que LaDonna et sa famille soient également susceptibles de payer une amende pour effraction! Les agents du BIA ont dit agir sur ordre du Conseil Tribal de Standing Rock! Des protecteurs commencent à parler de trahison.

Normalement, l’attaque devrait avoir lieu le 22, mais les autorités se souciant peu de légalité, on peut craindre des violences avant.

Vous pouvez suivre en direct – et en anglais – sur Facebook les vidéos et commentaires de Johnny Dangers, qui se trouve sur place. Aller sur sa page et cliquer ‘Follow’.

Christine Prat

 


Photo Christopher Francisco

Photos publiées sur Censored News

 

 

Le 7 février 2017, l’Armée des Etats-Unis a décidé d’accorder l’autorisation de passage pour l’oléoduc Dakota Access. Un mémorandum de Trump avait d’expédier l’approbation du projet, donc en passant outre à des procédures exigées par la loi. De nombreuses manifestations ont déjà eu lieu le 8 février, en réponse à l’appel lancé au monde entier par le Camp de Sacred Stones. La ville de Seattle a décidé de retirer plus de 3 milliards de ses comptes à la Wells Fargo, une des banques qui financent le DAPL. Ci-dessous, une traduction approximative d’une interview du 8 février de Chase Iron Eyes et Dallas Goldtooth sur Democracy NOW! et un résumé de l’appel publié le 7 février sur le site du Camp de Sacred Stones.

Christine Prat

 

Democracy NOW! 8 février 2017

©Democracy NOW!

 

AMY GOODMAN: Vous êtes sur Democracy NOW! democracynow.org, l’Information sur la Guerre et la Paix. Je suis Amy Goodman, nous continuons notre conversation sur le combat contre l’oléoduc de 3,8 milliards de dollars, Dakota Access. Mardi, le Corps d’Armée des Ingénieurs a dit qu’il donnerait son feu vert pour la phase finale de construction de l’oléoduc. Amnesty International a qualifié l’annonce de « violation illégale et déplorable des droits de l’homme. » Au cours des derniers mois, la police a lancé, avec une escalade de la violence, des attaques pour briser la résistance à Standing Rock. La semaine dernière, plus de 70 personnes ont été arrêtées après un raid de la police militarisée contre un nouveau camp de résistance installé sur un territoire historiquement Sioux selon les traités. Parmi les personnes arrêtées, il y avait la journaliste Pueblo primée Jenni Monet, qui y était en mission pour Indian Country Media Today.

Nous allons être rejoints par deux invités. De Chicago, nous avons maintenant Dallas Goldtooth, un organisateur du Réseau Environnemental Autochtone (IEN). Et de Vancouver, le membre de la Tribu Sioux de Standing Rock, Chase Iron Eyes, qui a aussi été arrêté au cours du raid du weekend dernier.

Bienvenus sur Democracy NOW! Chase Iron Eyes, après la nouvelle que l’autorisation sera accordée pour terminer la construction de l’oléoduc sous le Fleuve Missouri, quelle est votre réaction?

CHASE IRON EYES: Je pense que c’est une chose à laquelle nous nous attendions depuis le début. Ça sonne vrai, et donne raison à ceux d’entre nous qui déclaraient, le 4 décembre, que le rejet de l’autorisation par le gouvernement Obama était une victoire vide et insignifiante. Et maintenant le gouvernement Trump montre très clairement qu’il a l’intention de détruire notre seule source d’eau potable dans la Nation de Standing Rock – et celle des 10 millions de gens qui vivent au sud du futur oléoduc. Le forage peut commencer d’une minute à l’autre. Et nous sommes face à l’éventualité d’un raid armé ou par la force après le 22 février, jour où le Corps d’Armée a dit nous déclarer intrus sur notre propre territoire, tout comme l’Armée des Etats-Unis avait dit nous déclarer hostiles si nous ne retournions pas dans les réserves en 1875.

AMY GOODMAN: Alors qu’avez-vous l’intention de faire ?

CHASE IRON EYES: Eh bien, en ce moment, il y a probablement de 400 à 500 personnes, des protecteurs de l’eau, au nord de la frontière de 1889, qui résulta en l’annexion illégale de territoire des traités par les Etats-Unis, non seulement contre la Nation de Standing Rock, mais contre toute la Nation Lakota et des membres de la Grande Nation Sioux, l’Oceti Sakowin. Ainsi, d’autres gouvernements tribaux soutiennent et pèsent dans un combat sur le terrain, comme ils en ont le droit. Il y a de 400 à 500 personnes au nord de la Rivière Cannonball, dans la zone contestée, la zone du traité, à l’endroit où, selon le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis, nous ne sommes pas supposés être. Et ils vont camper sur leur position. Il y a déjà des gens en route pour rejoindre cet exercice pacifique, pieux et non-violent de nos droits humains, par traité, constitutionnels et civils, qui sont en jeu, qui sont constamment empiétés par ce qui semble être la tyrannie de Trump.

Parlons des arrestations. Le nombre des arrestations dépasse 700. Ça comprend des journalistes, et vous-même, Amy. Ça comprend les graves violences contre une jeune femme appelée Sophia Wilansky. Ça comprend la perte de la vue pour une autre jeune femme. Ça comprend des mutilations continues par l’emploi à bout portant de balles non mortelles. Ça comprend des attaques de chiens. Ça comprend l’utilisation de canons à eau quand il gèle, la mise en danger de vies humaines par négligence où intentionnellement. Ça comprend le mensonge – mensonge des forces de l’ordre du Comté de Morton sur une conduite criminelle. Et ainsi, il se passe beaucoup de choses. Il a beaucoup de choses dont ils doivent rendre des comptes.

Et il n’y a pas seulement des gens au nord de la Rivière Cannonball, il y a des gens de la Réserve de Standing Rock sur place. Je sais qu’il y a des divergences d’opinion, mais nous sommes unis à la Nation de Standing Rock pour vouloir que le barrage le plus fortement militarisé de l’histoire du Dakota du Nord soit levé, parce qu’il fonctionne comme une sanction économique efficace. C’est l’équivalent du temps où ils refusaient les rations de notre peuple quand nous n’étions pas d’accord avec les dictats du gouvernement des Etats-Unis et des agents de l’époque. Ils pouvaient – la main qui vous nourrit est la main qui peut vous affamer.

AMY GOODMAN: Je veux faire intervenir –

CHASE IRON EYES: Et c’est ce qui se passe en ce moment même.

AMY GOODMAN: Je veux faire intervenir Dallas Goldtooth du Réseau Environnemental Autochtone, qui nous rejoint de Chicago. Dallas, pouvez-vous nous parler des protestations en cours, le Conseil de Seattle dit qu’ils vont désinvestir de la Wells Fargo, et il y a d’autres actions en ce moment? Vos intentions?

DALLAS GOLDTOOTH: Merci beaucoup, Amy, de m’avoir invité. Et avant tout, je veux dire – que j’envoie ma reconnaissance et mon appréciation à notre jeunesse et à nos femmes Autochtones, qui ont conduit ces efforts, ce qui n’est pas nécessairement reflété par ces interviews, mais qui sont vraiment la colonne vertébrale de ce mouvement et nous ont conduits pendant tout son développement.

Vous savez, ce qui a commencé avec littéralement 20 à 30 personnes au milieu de la prairie, ce combat de la base contre cette méga-compagnie à des milliards de dollars, a culminé dans ce qui s’est passé l’autre jour à Seattle, où la ville a annoncé qu’ils allaient désinvestir plus de 3 milliards de dollars de cette compagnie – ou de Wells Fargo, qui finance cette compagnie. Je pense que ça montre la puissance d’une action unifiée. Ça montre le pouvoir de mobilisation. Et ça montre notre pouvoir, à nous, le peuple, et ce que nous pouvons faire quand nous mettons vraiment toute notre énergie et notre concentration pour construire un monde meilleur et durable.

Ainsi, en ce moment, nous avons un appel à l’action à travers toute la planète, et plus spécialement Turtle Island, aussi connue comme la prétendue Amérique du Nord, pour que les gens descendent dans les rues, se soulèvent et se joignent à Standing Rock en une mobilisation de masse, pour soutenir nos efforts et ce combat contre l’abrogation des droits des Autochtones, et le mépris complet de la loi du pays. Ainsi nous avons des actions à Washington, D.C., en fin d’après-midi. Il y en aura à Seattle, Los Angeles, San Francisco, Denver, Albuquerque et New York. Et ceux qui veulent vraiment suivre peuvent consulter EveryDayOfAction.org. C’est un nœud pour les actions que de nombreux groupes Autochtones qui ont combattu et ont été sur place à Standing Rock ont créé, afin que les gens aient un lieu centralisé d’information sur les actions de solidarité ayant lieu dans tout le pays. C’est donc EveryDayOfAction.org. Et le but de tout ceci –

AMY GOODMAN: Nous avons cinq secondes.

DALLAS GOLDTOOTH: Nous combattons un système et il faut que nous le fassions ensemble. Nous devons nous soulever ensemble –

AMY GOODMAN: Bien sûr, nous continuerons à suivre tout cela. Je sais, Dallas, que vous prenez l’avion pour Washington, pour cette action d’aujourd’hui. Dallas Goldtooth, du Réseau Environnemental Autochtone, des peuples Dakota et Diné. Chase Iron Eyes, du Projet Légal du Peuple Lakota [Lakota People’s Law Project] et de la Tribu Sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord.

©DemocracyNOW!

 


 

STANDING ROCK: L’AUTORISATION DE PASSAGE POUR LE DAPL APPROUVEE DEFINITIVEMENT

Par Sacred Stone Camp
7 février 2017

 

Mardi 7 février, le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis a émis une déclaration d’intention pour accorder l’autorisation de passage définitive pour que l’oléoduc Dakota Access traverse le Mni Sose (Fleuve Missouri). Ils passent outre à la Déclaration d’Impact Environnemental ordonnée en décembre, et ils passent outre à la période de notification au Congrès exigée par la loi. C’est la réponse au mémorandum du Président Trump, ordonnant au Corps d’Armée d’expédier l’approbation du projet.

La Tribu Sioux de Standing Rock et la Tribu Sioux de Cheyenne River vont probablement poursuivre en justice et demander un ordre de gel temporaire pour interrompre la construction pendant que la légalité de cette décision est examinée par la Cour. En attendant, DAPL va probablement commencer à creuser immédiatement. Les médias ont rapporté récemment que DAPL disait que le « meilleur scénario » était de 83 jours de l’autorisation jusqu’à ce que le pétrole coule.

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Le Camp de Sacred Stone avait également appelé à des actions dans le monde entier, pour le 8 février. L’appel disait : « Nous encourageons des groupes du monde entier à relier nos prières pour l’eau à d’autres combats contre le fascisme et la domination de peuples et de Notre Mère la Terre (déportations, bannissement de Musulmans, attaques contre le travail, dérégulation de Wall Street, autres projets de carburants fossiles, censure de la presse et des universités, etc) ».

L’appel citait aussi les cibles stratégiques à viser pour des actions, parmi elles, les banques investissant dans le DAPL (il est encore temps de les boycotter).

Et les messages à faire passer :

« – Levez-vous avec Standing Rock, contre les violations de souveraineté, les crimes contre Notre Mère la Terre, le fascisme, les violations de la loi, etc.

– Continuez à mettre en avant ce qui se passe sur le terrain dans le Dakota du Nord – démontrez que c’est une chose grave qui parle à tous les peuples, en face de la tyrannie du gouvernement Trump.

– Soutenez la demande des Tribus pour une Ordonnance Restrictive Temporaire / injonction !

– Résistez à l’attaque directe de Trump contre les communautés Autochtones par ses décrets sur le DAPL et le KXL. Les communautés Autochtones ne reculent pas.

– La violence policière semble inévitable et des victimes en masse sont très probables. Le seul moyen d’assurer la sécurité des gens est d’exécuter la Déclaration d’Impact Environnemental. Sinon, le sang versé sera sur les mains de Trump et celles du Corps d’Armée. »

 

Photo Red Hawk

 

Par Ladonna Brave Bull Allard
Sur le site de Sacred Stone Camp
Egalement publié sur Censored News
4 février 2017
Traduction Christine Prat

 

La police est venue au Camp Last Child en plein jour, avec des blindés et des fusils dégainés, pour arracher les gens à notre terre. Beaucoup de protecteurs de l’eau étaient en train d’effectuer des marches de prières et des cérémonies. Nous regardions du haut de la colline le Camp Oceti Oyate alors que les troupes marchaient sur eux. Nous avons envoyé nos prières à ces innocents et aux braves guerriers venus pour résister avec les gens de Standing Rock, et protéger les eaux sacrées d’Unci Maka (Notre Mère la Terre).

Puis ils sont venus à notre Camp de Sacred Stone, le camp spirituel d’origine, que nous avions construit pour y offrir nos prières et protéger notre eau de l’oléoduc Dakota Access. Mais cette fois-ci, ils étaient accompagnés par le Conseil Tribal Sioux de Standing Rock. Ils n’avaient pas de mandat, mais ils ont forcé l’entrée de mon terrain privé, le terrain de ma famille, où j’ai grandi sur les rives de la Rivière Cannonball. C’était les membres de notre propre Conseil, avec le Service des Poissons et de la Vie Sauvage de Standing Rock, le Bureau des Affaires Indiennes (BIA), le Bureau de l’Alcool, du Tabac, des Armes à feu et des Explosifs (ATF), et le Corps de l’Armée des Etats-Unis, tous venus pour me chasser de ma terre natale.

Le monde veut soutenir Standing Rock, mais Standing Rock se dresse contre nous. Le Président Dave Archambault a jeté nos gens aux chiens quand il a dit que les actions des camps « …ne représentent ni la tribu, ni les intentions initiales des protecteurs de l’eau. » Il oublie que nous, au Camp de Sacred Camp, avons été les premiers à résister pour l’eau, et que nous sommes avec tous les camps qui ont rejoint notre lutte.

Ce mouvement a été initié par les gens, et conduit par nos jeunes. La décision de la Tribu Sioux de Standing Rock de négocier avec l’état et de disqualifier les gens venus combattre pour notre eau, est ce qui pourrait finalement mener à notre chute. Nous avons eu des milliers de gens, prêts à résister ensemble devant ces machines. Les Nations Autochtones de Turtle Island n’avaient jamais été aussi unies auparavant. Mais maintenant que la division s’accroît, c’est très difficile de voir comment avancer.

Je n’ai pas pu dormir la nuit dernière, je suis restée assise et fait du tabac. Ça a quelque chose de calmant de travailler avec du saule rouge, assise en pensant aux temps passés avec ma Grand-mère, à laquelle je pense beaucoup. C’est l’hiver ; c’est supposé être le temps de raconter des histoires et de transmettre notre histoire aux jeunes.

C’était à cette époque de l’année, il y a un siècle et demi, que les ‘Longs Couteaux’ des forts militaires et les agents [des affaires] Indiennes ont dit aux gens qu’ils devaient partir pour les réserves ou mourir (Loi du 28 février 1877, connue comme Vendre ou Mourir de Faim).

Historiquement, la résistance de notre peuple a été réprimée par des batailles sanglantes et des massacres – aussi de la main de collaborateurs Indiens. Nos parents ne voyaient pas qui était l’ennemi, parce que c’était leurs propres parents qui se retournaient contre eux, permettant le même genre de mensonges par le même genre de médias dominants.

Nos dirigeants traditionnels ont été mis de côté de force, par la Loi de Réorganisation Indienne de 1936, par laquelle les autorités fédérales ont imposé la création de conseils tribaux dans les réserves. C’est un système de gouvernement colonial, qui n’a aucune base dans la culture ou les enseignements Lakota/Dakota/Nakota. C’est la même tactique que celle qu’ils ont utilisé avec les agents Indiens et les trahisons de ceux qui traînaient autour du Fort [the Hangs Around the Fort]. Ils fabriquent un dirigeant qui leur permettra de nous prendre tout ce qu’ils veulent. La soif de pouvoir peut diviser un peuple.

Comme chacun sait, il y a beaucoup de dirigeants dans ce mouvement, et pourtant il n’y en a aucun. C’est un mouvement populaire ; c’est un mouvement pour l’eau, ni possédé ni contrôlé par qui que ce soit.

Comme Red Cloud et Spotted Tail, et autres Lakota « des services » qui ont livré si vite nos terres et nos modes de vie pendant que des milliers de gens se défendaient avec Sitting Bull et Crazy Horse, aujourd’hui, notre conseil tribal n’a pas bien compris ce qui est vraiment en jeu.

Photo Red Hawk

 

Ce mouvement ne concerne pas seulement un oléoduc. Nous combattons pour un changement de direction, ou pour une meilleure procédure dans les tribunaux de l’homme Blanc. Nous nous battons pour nos droits en tant qu’Autochtones de ce pays ; nous nous battons pour notre libération et la libération d’Unci Maka, Notre Mère la Terre. Nous voulons que tous les oléoducs et gazoducs jusqu’au dernier soient retirés de son corps. Nous voulons la guérison. Nous voulons de l’eau saine. Nous voulons déterminer notre propre futur.

Chacun de nous combat pour nos petits-enfants et leurs petits-enfants, et pour nos parents qui ne peuvent ni parler ni se défendre. Imaginez que nous ayons résisté tous ensemble le 27 octobre, le jour où ils nous ont repoussés du Camp du Traité que nous avions construit en travers du trajet du Serpent Noir – notre position la plus forte au cours de toute cette lutte. Si nos gens n’avaient pas négocié la renonciation à notre pouvoir ? Si nos gens n’avaient pas ouvert les routes et ne s’étaient pas retournés pour marcher contre nous les bras tendus, alignés sur la police anti-émeute et les blindés ? Pourquoi adopter des résolutions appelant les agents fédéraux à attaquer notre peuple et supprimer les camps tandis que la foreuse creuse sous notre eau sacrée ? Quelle puissance aurions-nous si nous décidions de tenir sur notre territoire des traités où nous avons déposé des milliers de prières ?

Nos ancêtres n’ont pas abandonné Pȟežísla Wakpá (la Rivière Little Bighorn), lorsque nous avons uni pour la dernière fois Oceti Sakowin pour défendre notre terre du Septième de Cavalerie ; nous non plus, ne devons pas abandonner Mni Sose (le Fleuve Missouri). Nous ne devons pas vendre le sang, la terre et l’eau de notre peuple pour maintenir le disfonctionnement sous lequel nous vivons maintenant. Nous n’avons pas le choix, nous devons briser le cycle du traumatisme afin que nos générations futures puissent avoir une meilleure vie. Je crois que ça commence par l’eau et finit par l’eau. L’eau c’est la vie. Serez-vous avec nous ?