photo ©The Narwhal

ATTAQUE CONTRE LES CAMPS UNIST’OT’EN : COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 8 FÉVRIER 2020

Depuis le jeudi 6 février 2020, les camps de Défenseurs de la terre et de l’eau de la Première Nation Wet’suwet’en ont été attaqués par la Police Montée Royale Canadienne, de façon totalement illégale selon la loi Wet’suwet’en (territoires non cédés selon les traités), la loi de l’état de Colombie Britannique, et la Constitution Canadienne. Lire un résumé du contexte et le déroulement de l’attaque du 6 février dans un des articles précédents. Voir aussi le détail de l’attaque du 7 février dans l’article de ce jour. L’article ci-dessous est la traduction d’un communiqué de presse du camp Unist’ot’en du 8 février. Le combat n’est pas terminé. Contrairement à ce que croient la plupart des Européens, le Canada ne vaut pas mieux, en ce qui concerne l’oppression des Autochtones, et est même pire dans le laxisme vis-à-vis des grandes compagnies minières, que les Etats-Unis. Les Autochtones combattent des oléoducs qui doivent transporter du pétrole de gaz de schistes ou de sables bitumineux. C’est un pétrole extrêmement polluant. Lors d’un accident plus grave que les dizaines d’autres, aux Etats-Unis, on s’est aperçu que les détergents utilisés pour nettoyer les ‘marées noires’ n’avaient aucun effet sur ce pétrole.

Si vous trouvez que les noms cités causent une certaine confusion : il s’agit de la Première Nation Wet’suwet’en, qui comprend cinq clans. Les Gidimt’en sont l’un de ces clans. Unist’ot’en est un village en première ligne, où un ‘point de contrôle’ a été créé en 2010 pour lutter contre les oléoducs. Les noms des entreprises changent aussi régulièrement, elles changent de nom, de nationalité ou se déclarent en faillite pour ne pas avoir à payer des compensations pour les dégâts causés, mais leurs activités continuent et leurs profits aussi.

Christine Prat

8 février 2020, sur Facebook, (Traduction Christine Prat) :

Le matin du 8 février 2020, des agents de la Police Montée ont atterri aux portes du Village Unist’ot’en en hélicoptère. Les chefs Unist’ot’en et les membres de la maison ont commencé à appeler leurs ancêtres en soutien. Ils ont organisé une cérémonie de crémation pour la Réconciliation Canada/Autochtones, et ont brûlé une copie de l’injonction que la Police Montée a essayé d’appliquer pour le compte de Coastal GasLink (TC Energy). Au bout de 30 minutes, la Police Montée est remontée dans ses hélicoptères et est repartie.

S.v.p. soutenez la campagne de dons Unist’ot’en pour les frais de justice :
https://actionnetwork.org/fundraising/unistoten2020legalfund

Et téléchargez le kit de solidarité :
unistoten.camp/supportertoolkit2020/
#ReconciliationIsDead #WetsuwetenStrong #Unistoten

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Unist’ot’en Répond aux Raids Illégaux contre les Camps Gidimt’en et Fait Appel à la Protection du Centre de Guérison (Healing Centre)

Territoire Unist’ot’en, 8 février 2020 – Unist’ot’en condamne les violations de la loi Wet’suwet’en, de la loi Canadienne et de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, commises par la Police Montée Royale Canadienne les 6, 7 et 8 février 2020 sur le territoire du Clan Gidimt’en, contre des camps situés à 27, 39 et 44 kilomètres, sur la route de la Forêt Morice.

Ces violations ont été commises par la Police Montée pour le compte de Coastal GasLink et son ‘injonction’, et l’existence d’une ‘zone d’exclusion’ qui ne cesse de s’étendre et n’est pas définie. L’injonction de Coastal GasLink n’interdit pas de circuler sur la route de la Forêt Morice et n’interdit pas le fait d’habiter le village Unist’ot’en ni aucun autre lieu de résidence Wet’suwet’en dans notre territoire.

Unist’ot’en exige que la Police Montée ne supprime pas le Centre de Guérison Unist’ot’en. La Police Montée n’a pas de compétence légale pour entrer dans le Centre de Guérison sans notre Consentement Libre, Préalable et Informé. Même sous la loi coloniale, la Police Montée ne peut pas entrer ou fouiller notre Centre de Guérison sans mandat.

Nous faisons appel à la solidarité internationale pour assurer la sécurité du Centre de Guérison. Les gens qui y vivent et s’y font traiter ne sont pas en infraction de l’injonction de la CGL [Coastal GasLink], et le Centre de Guérison lui-même n’est pas en infraction de l’injonction. Le Centre de Guérison est là pour soutenir l’autodétermination et la guérison de notre peuple et n’a rien à voir avec le travail de la CGL et de son injonction.

Unist’ot’en est indigné par l’emploi de force excessive par la Police Montée, entre autres l’emploi inutile d’armes tactiques lourdes déployées par des hélicoptères pour encercler le camp Gidimt’en à 44 km, l’emploi de snipers et des unités K9. Nous savons qu’en janvier 2019, la Police Montée a été autorisée à utiliser des forces léthales, à arrêter des enfants et des grands-parents, et à appréhender des enfants Wet’suwet’en en réaction à notre présence pacifique sur nos terres.

Durant toute l’action pour imposer l’injonction de la CGL, les médias et les observateurs légaux ont été illégalement encerclés et menacés de détention et d’arrestation pour avoir fait leur travail. La liberté de la presse est protégée par la loi canadienne, mais les journalistes ont été empêchés de faire des reportages sur les raids militaires de la Police Montée dans les territoires Gidimt’en. La Police Montée a essayé d’expulser des habitants de la hutte du Chef Woos. La Police Montée et Coastal GasLink ont également détruit partiellement l’infrastructure et la propriété du camp Gidimt’en. Cette propriété appartient au Clan Gidimt’en et la Police Montée n’a pas d’autorité légale pour la détruire.

Le 8 février, la zone d’exclusion a été étendue illégalement de la borne de 27 km à celle de 4 km, et inclut maintenant la majorité du territoire Gidimt’en. En conséquence, onze personnes, parmi lesquelles des observateurs légaux, ont été arrêtés illégalement de la hutte à 27 km. La zone d’exclusion a été créée par la Police Montée pour obliger les Défenseurs de la terre Wet’suwet’en à quitter notre territoire. C’est un moyen colonial et de criminalisation destiné à étendre illégalement et arbitrairement l’autorité de la Police Montée sur nos territoires. La zone d’exclusion massive, entièrement sous l’autoritarisme arbitraire de la Police Montée, est à l’extérieur de la zone d’injonction. Les Chefs et les membres du peuple Wet’suwet’en se voient interdire illégalement l’accès à leurs propres territoires.

Nous exigeons que le Canada adhère aux directives du Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (UN CERD) et interrompe le projet de Coastal GasLink, et demande le Consentement Libre, Préalable et Informé des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en, retirent la Police Montée Royale Canadienne de nos territoires et assure que des armes ou des forces léthales ne seront pas utilisées pour expulser par la force des Wet’suwet’en de nos terres.

Contacts :

Harsha Walia, Commentaire Indépendant de l’Association pour les Libertés Civiles de Colombie Britannique : Hwalia8@gmail.com

Irina Ceric, Kwantlen Polytechnic University, Commentaire Légal Indépendant : Irina.ceric@gmail.com

Noah Ross, Commentaire Légal Indépendant : noah.ross.j@gmail.com

Dark House (Unist’ot’en) : tsewedielh@gmail.com

ON RÉDUIT AU SILENCE LE JOURNALISME D’INVESTIGATION EN ARIZONA, AU BÉNÉFICE DES GRANDES ENTREPRISES ET LEURS POLITICIENS

Article de Brenda Norrell
Censored News
8 février 2020
Traduction Christine Prat

Il y a 22 Nations Autochtones en Arizona [21 reconnues par le gouvernement fédéral], et pratiquement pas d’informations sur les problèmes graves comme les droits des Amérindiens sur l’eau et les terres.

De plus, très peu de journalistes d’investigation Autochtones sont embauchés par les médias d’Arizona pour couvrir les questions sérieuses comme la frontière, la démolition de sites sacrés, la destruction de sépultures, le vol des droits sur l’eau, la destruction d’espèces protégées et de leurs trajets de migration, et des violations des droits humains par des gouvernements tribaux élus qui sont manipulés par le gouvernement des Etats-Unis.

Même 40 ans après la déportation forcée, beaucoup ne savent pas que c’est le gouvernement élu de la Nation Navajo qui signe les contrats pour le charbon, l’eau et le gaz – y compris ceux qui ont été signés pour les destructions longtemps commises par la firme Peabody Coal et les trois centrales au charbon. [La plupart des Navajos vivant à proximité des centrales polluantes n’ont pas l’électricité. Le pillage des ressources Autochtones sert surtout à maintenir le fonctionnement à court terme des grandes villes à la consommation énergétique suicidaire du Sud-Ouest – NdT]

Et tandis que les agents de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis continuent de harceler les O’odham sur leur propre territoire, c’est le gouvernement élu Tohono O’odham qui autorise la Patrouille des Frontières à prendre en charge le pays et les communautés.

Maintenant, l’état d’Arizona se sert de menaces et de manipulations pour tenter de s’emparer des droits sur l’eau des Autochtones.

Les entreprises qui construisent le Mur à la frontière sont en train de faire sauter un passage vers un site funéraire O’odham. Déjà, les Cactées Saguaro protégés ont été mutilés, des espèces protégées attaquées et les trajets de migration des jaguars et de l’antilocapra americana [antilopes rares n’existant qu’en Amérique du Nord] bloqués.

Nous avons eu beaucoup d’espoir, au début des années 1980, quand on pensait qu’il allait y avoir une équipe complète de reporters Navajo au Navajo Times. Mais aujourd’hui, le Navajo Times emploie toujours des reporters non-Autochtones, alors que tant de reporters Autochtones sont sans emploi. La Loi sur la Préférence Navajo pour l’Emploi à été adoptée il y a des décennies.

La déception a été immense. Méfiez-vous des journalistes qui ont passé leur vie dans un fauteuil à recopier le dur travail des reporters présents sur le terrain.

Voici le truc qu’ils emploient : ils prennent le travail fait par d’autres et le récrivent, puis font une brève interview par téléphone, afin de faire croire aux lecteurs qu’ils étaient sur place. Ils volent souvent les photos aussi. Il y a certains journalistes en Pays Indien que je n’ai pas vu présents sur le terrain au cours des 38 dernières années.

Ne vous laissez pas avoir. Réduire au silence les journalistes d’investigation présents sur les lieux pour couvrir les évènements fait partie de l’effondrement général du journalisme, un effondrement qui permet à la soi-disant élite – les grandes entreprises et leurs politiciens – de s’enrichir en argent et en pouvoir.

LES NATIONS AUTOCHTONES EN ARIZONA

  1. Communauté Indienne Ak-Chin
  2. Tribu Indienne Cocopah
  3. Tribus Indiennes du Fleuve Colorado
  4. Nation Yavapai de Fort McDowell
  5. Tribu Indienne de Fort Mojave
  6. Tribu Quechan de Fort Yuma
  7. Communauté Indienne de Gila River
  8. Tribu Havasupai
  9. Tribu Hopi
  10. Tribu Hualapai
  11. Bande d’Indiens Paiute de Kaibab
  12. Nation Navajo
  13. Tribu Yaqui Pascua
  14. Pueblo de Zuni
  15. Communauté Indienne Pima – Maricopa de Salt River
  16. Tribu Apache de San Carlos
  17. Tribu Paiute du Sud de San Juan
  18. Nation Tohono O’odham
  19. Tribu Apache Tonto
  20. Tribu Apache de White Mountain
  21. Tribu Apache Yavapai
  22. Tribu Indienne Yavapai de Prescott

Voir article précédent pour le context et l’attaque du 6 février.

CANADA : DEUXIÈME ATTAQUE D’UN CAMP WET’SUWET’EN, 7 FÉVRIER 2020, 4 PERSONNES ARRÊTÉES, UN JOURNALISTE DÉTENU.

Article de Brenda Norrell
Censored News
8 février 2020
Traduction Christine Prat

Quatre Défenseurs du Territoire de plus ont été arrêtés vendredi [7 février], tandis que des Wet’suwet’en, au point de contrôle Gidimt’en, protégeaient leurs terres de la construction d’un oléoduc par Coastal GasLink. Des Défenseurs ont placé leurs véhicules en travers du chemin de la Police Montée pour empêcher la police de partir avec les personnes arrêtées et ont effectué une cérémonie pour leur protection. Les véhicules ont été remorqués et déplacés par un bulldozer, et ont été endommagés, pendant que la Police Montée militarisée se livrait à une seconde attaque contre ce camp Wet’suwet’en, vendredi, laissant les personnes âgées et une femme enceinte dans le froid, selon des reportages en direct.

Dans tout le Canada, l’appel a été lancé de ‘Fermer le Canada’ et des Autochtones ont bloqué des trains, des ponts et des bureaux gouvernementaux. Les Mohawks Akwesasne ont bloqué la frontière.

Le journaliste du ‘Ricochet’ a été détenu à de maintes reprises par la Police Montée, pour l’empêcher de faire son reportage, pendant que la police militaire se livrait au second assaut contre le camp Wet’suwet’en. Le ‘Ricochet’ ont annoncé pendant toute la journée de vendredi avoir perdu le contact avec le journaliste sur le terrain.

D’après la CBC, le Chef Héréditaire Na’moks dit que ceux qui avaient été arrêtés étaient sur leur propre territoire et n’avaient pas bloqué la construction, qui n’avait pas progressé depuis décembre, à cause du froid.

« Nous vivions ici avant la zone d’exclusion, » dit Na’moks. Il ajouta que la police avait demandé aux habitants d’une hutte de partir. « On ne peut pas abandonner sa maison. »

L’ATTAQUE DU 7 FÉVRIER 2020

8h45 – Des rapports indiquent que le point de contrôle Gidimt’en est surveillé par des drones. Ils disent également que le convoi de la Police Montée fait 2 km de long.

9h39 – Une charrue approche du point de contrôle Gidimt’en en dégageant le chemin pour la Police Montée.

9h48 – La Police Montée est arrivée au point de contrôle Gidimt’en.

9h52 – La charrue dégage la route, escortée dans le territoire Gidimt’en par deux unités tactiques et 11 autres agents de la Police Montée.

10h19 – Un hélico vole bas et la police entre.

10h34 – Les Gidimt’en peuvent voir 12 véhicules dont un bulldozer et une ambulance. Le bulldozer dégage la voie jusqu’au pont. Un ouvrier est présent, avec 13 policiers derrière lui et probablement beaucoup plus derrière eux.

10h43 – Des policiers inspectent la porte métallique du point de contrôle de Gidimt’en.

10h57 – un groupe d’ouvriers inspectent la porte à leur tour pour voir comment la passer.

10h59 – Les Gidimt’en au point de contrôle voient le Commandant Rob Pikola de la Police montée. Un policier a un fusil d’assaut. Ils sont 30 maintenant, au point de contrôle.

11h11 – Deux hélicoptères atterrissent et déposent au moins 4 membres de l’équipe tactique. Le point de contrôle Gidimt’en est maintenant encerclé. Devant le porche, il y a deux motoneiges et deux équipes tactiques. Le camp Gidimt’en est confiné, probablement par des snipers.

11h17 – La Police Montée lit une injonction avec un mégaphone. Deux hélicoptères viennent encore de déposer des membres d’équipes tactiques.

11h20 – Des hélicoptères déposent des militaires pour la troisième fois.

11h27 – Deux hélicoptères de plus amènent une nouvelle vague de la Police Montée tactique. La Police Montée répète l’injonction sans arrêt avec le mégaphone. #Wetsuwetenstrong

11h48 – Des officiers essaient de convaincre ceux qui se trouvent au point de contrôle Gidimt’en de venir négocier. Ils répondent qu’ils ne peuvent pas négocier et que la Police Montée doit parler au chef Woos. La Police Montée demande aux gens de se laisser escorter hors du territoire immédiatement ou d’être arrêtés.

11h50 – Ils sont encerclés par des snipers et des chiens policiers.

12h00 – Des membres de la Police négocient avec la presse. Un policier pointe un fusil sur les supporters des Wet’suwet’en.

12h03 – Les hélicoptères appartiennent à Silverking, une entreprise locale qui a refusé de transporter des vivres et des membres des médias dans les territoires #Unistoten / #Wetsuweten. Il semble qu’ils amènent des équipes tactiques de la Police Montée pour voler notre pays.

12h04 – La Police Montée essaie de casser le bus qui nous envoie les mises à jour.

12h10 – Ils surveillent le bus. « Ils ont un fusil pointé sur nous ». Apparemment, la Police Montée essaie de limiter la visibilité des équipes tactiques par la presse.

12h14 – 3 membres de l’équipe tactique regardent dans la hutte de Woos – un domicile permanent, hors de la zone d’injonction – par la fenêtre.

12h25 – De nombreuses unités de la Police Montée équipées enfoncent la palissade et se dirigent vers la hutte de Woos – qui, encore une fois, est largement à l’extérieur de la zone d’injonction.

12h27 – Nous venons d’entendre que le camp est envahi. L’officier Dixon essaie de dire aux gens de descendre de la tour. Les Gidimt’en disent qu’ils ne partiront que quand toute la police aura quitté le territoire.

12h38 – Des membres de la Police Montée frappent à la porte de Woos en criant « zone d’exclusion de la Police Montée ». La hutte n’est pas dans la zone d’injonction, est à 30 m de la route la plus proche et n’empêche pas les travaux.

12h41 – Le portail de métal est renversé. Un observateur légal essaie d’obtenir les numéros de badge et les noms des membres de la Police Montée, qui ne répondent pas. Certains portent des masques. Un caporal essaie de convaincre ceux qui sont dans la hutte de Woos qu’ils sont dans la zone d’exclusion et pose des questions. Les gens à l’intérieur ne répondent pas.

12h44 – Une énorme excavatrice est amenée pour pousser le portail de bois. Ceux qui sont à l’intérieur de la hutte demandent à la police si elle a un mandat pour entrer dans le domicile. La police répond qu’elle n’en a pas.

12h50 – Les médias sont maintenus à 20 m du bus, mais ils sont autorisés à filmer.

12h51 – Eve Saint, la fille de Woos, et son compagnon sont dans le bus et refusent de partir. Les médias sont loin, ont peu de visibilité et pas de son. Des paniers à salade arrivent.

12h53 – La Police Montée dit à ceux qui se trouvent dans la hutte qu’ils ne souhaitent pas détruire la hutte mais que tous ceux qui sont à l’intérieur doivent partir. Ils n’ont pas de mandat.

13h34 – Eve Saint, fille du Chef Woos @Gidimten, a été arrêtée avec une autre personne. Ils ne sont pas blessés.

13h45 – Les deux personnes arrêtées ont été emmenées en panier à salade.

14h02 – La Police Montée utilise des échelles pour grimper en haut de la tour de bois d’où on a une vue sur le territoire.

14h34 – Les gens dans la hutte de Woos entendent des scies et des cris à l’extérieur. Des gens sont encore dans la tour. La Police Montée a dit que les gens dans la tour étaient déjà en état d’arrestation et qu’elle essayait juste de les faire descendre.

14h45 – La Police Montée refuse de spécifier pourquoi les gens dans la tour sont en état d’arrestation ni quelles sont les accusations.

14h56 – Ceux de la tour disent qu’ils descendront si le Chef Woos est autorisé à entrer dans son territoire. Une Autochtone dans la tour demande qu’une policière se charge de son arrestation, la Police Montée refuse.

15h00 – Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en ne sont pas autorisés à entrer en territoire Gidimt’en par la Police Montée. Anne Spice, Tlingit, est extraite de la tour.

15h14 – Anne Spice a été descendue de la tour. Il y a encore une personne au sommet, mais les communications de la tour ont cessé.

15h30 – Plus de 20 véhicules appartenant à des Wet’suwet’en ou à des supporters se sont amassés au km 27, bloquant la route des fourgons de police quittant le territoire. Ils effectuent une cérémonie pour la sécurité de ceux qui sont arrêtés.

18h13 – Les gens dans la hutte ne voient plus de police. Il semble que la majorité des forces de l’ordre est partie vers le km 27. La tour est toujours debout. La route est toujours bloquée.

18h15 – Ceux qui sont au km 27 disent qu’ils sont encerclés par la Police Montée et ne sont pas autorisés à partir.

18h16 – Denzel Sutherland-Wilson, de la Nation Gitxsan, avait été arrêté et extrait de la tour plus tôt dans la journée. Seuls ceux qui sont dans la hutte du Chef Woos y sont encore. Les Gitxsan sont les plus anciens alliés des Wet’suwet’en.

18h21 – Nous apprenons que 30 membres de la Police Montée encerclent les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en et leurs supporters qui ont bloqué la route au km 27. Parmi eux, il y a Dini’ze Smogelgem, Dini’ze Dsta’hyl et Tsake’ze Sleydo’.

19h10 – Nous avons appris que la Police Montée a retiré les véhicules qui bloquaient la route au km 27 et que des bulldozers retournent en ville.

21h09 – Nous apprenons que la Police Montée demande la fermeture et l’évacuation du camp au km 27. La zone d’exclusion de la Police Montée est maintenant au km 3 sur la route de la Forêt Morice. Les gens ne peuvent pas partir parce que la police a enlevé leurs véhicules. Des Anciens, des chefs et une femme enceinte sont bloqués.

21h10 – Le Chef des Gidimt’en Woos s’est vu refuser l’accès à son territoire. Le Chef Ste ohn tsiy avait quitté le camp au km 27 et s’est vu interdire d’entrer à nouveau. Les Chefs Wet’suwet’en se voient refuser l’accès aux territoires Wet’suwet’en.

 

LUTTES CONTRE LES OLÉODUCS AU CANADA : L’ATTAQUE DES WET’SUWET’EN PAR LA POLICE MONTÉE A COMMENCÉ ! SOLIDARITÉ INTERNATIONALE URGENTE !

Les Nations Wet’suwet’en luttent contre le passage d’oléoducs sur leurs territoires depuis près de dix ans. Le camp Unist’ot’en a été créé en 2010 pour bloquer l’accès au territoire Wet’suwet’en aux entreprises pétrolières et minières qui n’y ont jamais été autorisées par les Autochtones. Depuis, de nombreux incidents ont eu lieu, la Police Montée Royale Canadienne [RCMP] ayant tenté d’expulser ou d’arrêter les opposants aux oléoducs à de nombreuses reprises. Le 6 février 2020, la Police Montée a attaqué. Les Unist’ot’en constituent un des cinq clans de la Première Nation Wet’suwet’en.

Voir historique dans un article de 2012 :  https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=1174

Sur les incidents de janvier 2019 voir sur le site du CSIA-Nitassinan, l’article « Unist’ot’en : Non cédé. Invaincu ! », et les suivants.

Appel sur Facebook
6 février 2020
Publié sur Censored News
Le 7 février 2020
Traduction Christine Prat

SOLIDARITÉ INTERNATIONALE : C’EST MAINTENANT ! TOUS DANS LES RUES POUR WET’SUWET’EN

Le raid de la Police Montée Royale Canadienne contre la Nation Wet’suwet’en a commencé. « Nous organisons des actions pacifiques en tant que peuples souverains, sur nos territoires, et demandons que toutes les actions entreprises en solidarité se passent pacifiquement et selon les lois traditionnelles des autres Nations Autochtones. L’effraction par la force dans les territoires Wet’suwet’en et l’éviction des Autochtones de leurs propres terres doivent être stoppées. Il faut affronter les gouvernements de la Province et Fédéral. »

Photo by Emily Fagan, University of Victoria

ARRESTATIONS AVANT L’AUBE DANS LES TERRITOIRES UNIST’OT’EN

Publié sur le site Unist’ot’en
Le 6 février 2020
Traduction Christine Prat

DÉROULEMENT DE LA PREMIÈRE ATTAQUE, publié le 6 février sur le site UNIST’OT’EN [avec vidéo]

4h57 (du matin) : Le porche à 39 km a été rompu. 13 véhicules de la Police Montée [de nos jours, montée en 4×4] ont passé le km 39. La route est dégagée, 1 à 4 arrestations ont lieu. Ça continue.

4h55 – Il n’est pas encore 5h – mais il fait encore nuit noire – et nous venons d’entendre que la Police Montée avait effectué sa première arrestation au poste de surveillance #Wetsuweten au km 39. Les flics encerclent les gens là-bas et commencent à dégager la route qui conduit au point de contrôle Gidimt’en.

5h05 – Nous avons entendu que 13 véhicules de la Police Montée démontent les tentes. Autant que nous sachions, ces tentes ne bloquaient PAS la route et ne font pas partie de la zone soumise à une injonction.

5h30 – On nous fait parvenir des rapports du front disant que certains membres de la Police Montée avaient sorti leurs armes – pas pointées sur les gens – mais tout de même à la main.

On nous dit que même avec plus d’une douzaine de véhicules dans notre territoire, la salle de la communauté de Houston est encore pleine de flics prêts à envahir nos terres.

5h43 – Nous estimons qu’il y a plus d’une douzaine de flics sur le site, dont six encerclent la personne qui communique les mises à jour par radio.

5h56 – La personne à la radio, au km 39, annonce que la Police Montée a brisé les vitres de leur véhicule.

6h22 : Nous avons perdu la communication avec le poste Gidimt’en au km39, après que la Police Montée ait brisé les vitres du véhicule radio. Il fait toujours nuit noire dehors.

6h43 : On nous fait savoir que la Police Montée bloque maintenant la route de la forêt à 4 km.

6h59 : Nous apprenons que la Police Montée était partie de la ville en un convoi d’au moins 20 véhicules. #Wetsuweten #WetsuwetenStrong

7h22 : 36 véhicules, 1 ambulance et du matériel lourd ont démarré du point à 4 km. Il y a au moins 2 bulldozers et une excavatrice.

7h48 : La Police Montée transporte les 4 supporters arrêtés à Houston, en Colombie-Britannique. Tout le monde au km 39 est arrêté, à part les médias. Les gens des médias qui se trouvaient au km 39 sont emmenés dans un car de police.

10h57 : La Police Montée a établi une zone d’exclusion totale à leur point de contrôle à 27,5 km. Ils empêchent les médias et les Wet’suwet’en d’approcher, à l’exception des chefs qui obtiennent un permis d’un gradé. Nous ne devrions jamais être exclu de notre yintah, mais la Police Montée a transformé notre territoire en un état policier.

14h : Nous venons d’apprendre que la machinerie lourde a été entendue approchant du point de contrôle Gidimt’en à 44 km. Ils ne peuvent pas encore les voir. Un hélicoptère de la Police Montée vole au-dessus du camp Gidimt’en.

Les supporters des Wet’suwet’en arrêtés aujourd’hui refusent de signer les conditions de leur libération.

14h40 : Le point de contrôle Gidimt’en peut maintenant voir l’équipement lourd qui arrive vers eux.

16h44 : Les Chefs et supporters ont bloqué la route à 27 km, forçant la Police Montée à laisser passer les chefs. Le travail de dégagement a été interrompu à 44 km. Dsta’hyl (Likht’samisyu) dit que les #Wetsuweten imposeront l’éviction de Coastal Gaslink par tous les moyens dont ils disposent.

18h45 : Mise à jour légale : les six personnes arrêtées dans les territoires Gidimt’en ce matin sont en train d’être libérées sans accusations. Trois sont déjà dehors.

Le 13 janvier 2020, la Police Montée avait instauré une « zone d’exclusion » à 27 km et empêchait les médias, les Wet’suwet’en et la nourriture d’arriver sur le territoire, en violation des droits humains, de la loi Wet’suwet’en et des droits des Autochtones protégés par la constitution.

Le 22 janvier, la Police Montée avait refusé l’accès à des avocats et observateurs légaux.

Plus récemment, plusieurs appels et déclarations urgents avaient été publiés sur la page Facebook du Camp Unist’ot’en :

24 janvier 2020, 6h54 : « les actions du gouvernement Canadien contre le camp Unist’ot’en et pour soutenir l’oléoduc TransCanada Coastal Gaslink, sont en opposition directe avec les obligations internationales du Canada et la législation de la Colombie-Britannique de mettre une halte au changement climatique. En violation de ces obligations, et en déployant la Police Montée Royale Canadienne contre les chefs héréditaires Wet’suwet’en et leurs soutiens, le gouvernement de la Colombie-Britannique agit contre les intérêts de tous ses habitants. »

Communiqué de presse du 24 janvier, 23h23 : Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en réitèrent leur demande de rencontrer le premier ministre [de Colombie Britannique] Horgan.

24 janvier 2020, Smithers, Colombie Britannique – Les Chefs Héréditaires représentant la totalité des cinq clans de la Nation Wet’suwet’en réitèrent leur demande de rencontrer le premier ministre John Horgan à propos des violations des droits et du titre des Wet’suwet’en.

Horgan et le Ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation (MIRR), Scott Fraser, ont fait passer les communications par le Chef Na’moks, au lieu de suivre les canaux établis de rencontrer les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en collectivement.

Mercredi, un représentant des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en a rencontré le ministre Fraser, en tant que représentant du Premier Ministre Horgan, afin de répéter notre demande de rencontre de nation à nation avec le Premier Ministre Horgan. Le Ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation (MIRR) n’est pas un partenaire approprié pour une discussion de nation à nation, donc notre demande n’a pas encore été honorée.

Le MIRR est officiellement chargé de travailler avec les Premières Nations pour adopter et appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, et pour adopter la Décision Tsilqhot’in de la Cour Suprême, qui concerne les territoires relevant du titre Aborigène. Au lieu de cela, le MIRR a sapé les droits et le titre des Wet’suwet’en et contribué à la division de la communauté Wet’suwet’en.

En 2016, le MIRR a financé la création d’un groupe dissident, formé explicitement pour signer des accords sur les bénéfices avec le projet Coastal Gaslink au nom des Wet’suwet’en. Les actes du MIRR ont sapé l’autorité des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en et créé la confusion sur quels chefs héréditaires pouvaient prendre des décisions concernant le territoire en question.

Les Wet’suwet’en ont une longue histoire de pratique du principe de Consentement Libre, Préalable et Informé, qui fait partie de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, ainsi que de Anuc’nu’at’en (la loi Wet’suwet’en). Les Chefs Héréditaires, au nom du titre collectif des Wet’suwet’en, étaient partie civile dans l’affaire faisant jurisprudence Delgamuukw-Gisday’wa, où il a été conclu que les droits et le titre n’avaient jamais été abrogés sur 22 000 km² de territoire Wet’suwet’en non-cédé.

Nous soulignons la nécessité urgente d’un dialogue dans le respect avec les Chefs Héréditaires. Seuls les Wet’suwet’en et les Chefs Héréditaires ont autorité pour prendre des décisions sur ce qui se passe sur nos terres.

Liste des actions de solidarité en cours:

BAY AREA
BELLINGHAM
CALGARY
COURTENAY
EDMONTON
ECUADOR
GODERICH
HALIFAX
KAMOURASKA
KINGSTON
LONDON
NANAIMO
NELSON
OTTAWA
MONTREAL
RIMOUSKI
SEATTLE
TOFINO
THUNDER BAY
TORONTO
VANCOUVER
VICTORIA
YELLOWKNIFE

 

 

DES FEMMES AUTOCHTONES INTRODUISENT UN CAS SPECIFIQUE A L’OCDE CONTRE LE CREDIT SUISSE POUR VIOLATIONS DE DROITS CONCERNANT LE FINANCEMENT D’OLEODUCS

Communiqué de Presse
Jeudi 30 janvier 2020
Contact Katherine Quaid
katherine@wecaninternational.org
WECAN International
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat
Voir aussi la traduction d’Aurélie Journée-Duez, présidente du CSIA, sur la page Facebook du CSIA

Communiqué de presse commun, en collaboration avec Divest Invest Protect et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN).

SAN FRANCISCO BAY AREA, Californie, 30 janvier 2020 – Divest Invest Protect (DIP), le Réseau International des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et le Programme de l’Université d’Arizona pour le Droit et la Politique des Peuples Autochtones, annoncent avoir introduit un « Cas Spécifique » auprès de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) concernant le Crédit Suisse et les impacts négatifs pour les Peuples Autochtones et l’environnement résultant du financement ininterrompu des entreprises qui construisent l’oléoduc Dakota Access (DAPL) et l’oléoduc Bayou Bridge (BBP).

Cette action des femmes Autochtones intervient après près de deux ans d’échanges entre WECAN et DIP, d’une part, et le Crédit Suisse, d’autre part, sous forme de lettres, de deux rencontres avec des représentants du Crédit Suisse, une correspondance ininterrompue pour fournir des informations sur les violations et les effets négatifs, et la remise de documentation supplémentaire lors de la Réunion Générale Annuelle du Crédit Suisse à Zurich, en Suisse.

Les femmes Autochtones ont maintenu en toute bonne foi le dialogue avec le Crédit Suisse, cependant, vu l’absence d’action du Crédit Suisse, elles introduisent un « Cas Spécifique » auprès de l’OCDE dans l’espoir que cela servira de catalyseur pour susciter une action menant au dialogue, à la justice, à une solution et à la responsabilisation en matière de droits humains.

Alors que le Crédit Suisse a récemment signé les Principes pour une Banque Responsable – une série de principes destinés à aligner la stratégie des institutions financières sur les buts de la société – la banque continue à financer à grande échelle l’industrie des carburants fossiles, qui a des effets négatifs sur les droits des Peuples Autochtones, et contribue lourdement à la crise climatique. Depuis la signature de l’Accord de Paris sur le Climat, le Crédit Suisse a dépensé plus de 57 milliards de dollars pour financer le cycle du carburant fossile et est l’un des dix principaux financiers Européens des carburants fossiles les plus polluants.

Les Directives de l’OCDE sont le seul instrument international soutenu par les gouvernements sur une conduite responsable des affaires, ayant un mécanisme interne pour des réclamations, appelé « Cas Spécifique ». Par ce mécanisme, les représentants à l’OCDE des pays membres (ou Points de Contact Nationaux), constituent une tribune pour une médiation et un engagement compatible avec les politiques de l’OCDE, ainsi qu’une assistance aux actionnaires pour les aider à trouver une solution à des problèmes suscités par une possible non-observance des Directives. Récemment, la Société des Peuples Menacés (STP – Society for Threatened Peoples) – et le Crédit Suisse ont conclu une procédure de médiation via l’OCDE, qui a conduit le Crédit Suisse à inclure la protection des droits des communautés Autochtones dans ses directives sur le financement de projets.

Divest Invest Protect (DIP) et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN) a accueilli favorablement cette victoire partielle, cependant, elles ont rapidement montré que ce résultat est insuffisant, parce que les dispositions pour les droits des Autochtones ne s’appliquent pas au financement des grandes entreprises – le genre utilisé par le Crédit Suisse pour financer les entreprises qui construisent et entretiennent l’oléoduc Dakota Access. Il doit y avoir une responsabilité concernant les droits humains et Autochtones, et la protection de l’environnement à tous les niveaux des décisions financières, y compris le financement des grandes entreprises privées.

L’appel au « Cas Spécifique » de l’OCDE composé par les femmes Autochtones démontre leur courage et leur détermination à être des actrices et des voix majeures dans la définition de la responsabilité et le changement légal au sein des banques et des institutions financières pour protéger les droits des Peuples Autochtones, les terres, l’eau, les communautés et le climat.

Voir aussi, en anglais : https://www.wecaninternational.org/divestment-delegations

Cette action auprès de l’OCDE est également soutenue par le Programme des Défenseurs des Droits Humains des Autochtones et de la Responsabilité des Entreprises Privées de l’Université d’Arizona, et par la Clinique Internationale des Droits Humains à l’Ecole de Droit de l’Université de l’Est de la Nouvelle-Angleterre.

Les médias sont encouragés à adresser toutes questions et demandes d’interview à Michelle Cook ou à Osprey Orielle Lake.

« Le Cas Spécial pour l’OCDE, préparé et introduit par les femmes Autochtones, attirera une attention grandement nécessaire sur les négligences structurelles de l’industrie de la finance d’adhérer aux droits humains des Autochtones. Nous croyons que notre action et notre engagement mettrons au grand jour les lacunes qui permettent aux banques et aux entreprises d’agir en toute impunité sur notre survie culturelle, notre climat et notre futur. Le secteur financier doit écouter les mouvements Autochtones et garantir que les droits humains et les droits des Autochtones à un consentement libre, préalable et informé, seront respectés et protégés, le long de toute leur chaîne de production, dans toutes leurs relations d’affaires, quelque soit le type de financement ou de produit financier que les banques fournissent », dit Michelle Cook, avocate des droits humains Diné (Navajo), fondatrice de ‘Divest Invest Protect’ et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.

« Je suis une indigène de mon territoire. J’aime mon territoire et tout ce que je veux c’est le protéger pour mes arrière-petits-enfants, en quoi est-ce si condamnable ? Empêchez les grandes entreprises de carburant fossile de détruire la terre et l’eau, maintenant ! Mni Wiconi », dit LaDonna Brave Bull Allard, Ta Maka Waste Win – Her Good Earth Woman, historienne Lakota, Généalogiste et Protectrice de l’Eau, membre de la communauté Sioux de Standing Rock.

« Je descend de la bande de Sitting Bull. En 2014, avant la construction de l’oléoduc Dakota Access (DAPL), notre Conseil Tribal a informé l’entreprise qui voulait construire le DAPL, qu’il ne pouvait pas et ne consentirait pas à la construction de cet oléoduc. Le danger était trop proche et une marée noire serait un désastre pour nos huit communautés de Standing Rock. Nous avons immédiatement lancé un appel mondial. Nous avons demandé aux gens de venir nous soutenir. Pendant presque sept mois, ma famille et moi avons campé au bord de la rivière Cannonball avec des milliers d’autres venus nous soutenir. Durant cette période, mes quatre enfants et moi avons été témoins directs des violations de droits humains extrêmes et violentes commises contre notre peuple et d’autres dans notre terre natale. Ces violations étaient constituées par : des agents de sécurité privés utilisant des attaques de chiens contre des gens sans arme (j’en étais), les gens terrorisés par des avions volant très bas en cercle au-dessus de nos camps 24 heures par jour, des tirs contre nos chevaux et les gens par les forces de l’ordre. Mon Gouvernement Tribal a explicitement dit non au DAPL. Nos communautés de Standing Rock ont dit non au DAPL. Il n’y a pas eu de Consentement Libre, Préalable et Informé, comme l’exige la Loi Internationale selon la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Il est temps de rendre les décideurs, les représentants du gouvernement et les institutions financières RESPONSABLES. Il est temps qu’ils répondent aux gens de ma communauté, ceux-là même qui sont affectés par leur financement du DAPL. » Wašté Wi Yellow Lodge-Young, Lakota/Dakota, Standing Rock Nation.

Dans sa quête de justice et d’atténuation du changement climatique, le WECAN International appelle les institutions financières impliquées dans l’extraction et les projets de développement de carburant fossile à cesser de poursuivre leurs affaires comme d’habitude, étant donné les violations flagrantes qu’elles constituent contre les Peuples Autochtones et leurs territoires au moment ou nous devons faire face au défi sans précédent d’un monde en train de plonger dans le chaos climatique. Le Crédit Suisse doit écouter les femmes Autochtones et accéder à leurs demandes, qui sont fondées sur la demande de base de respecter l’exigence d’obtenir un Consentement Libre, Préalable et Informé des communautés Autochtones, comme la loi internationale l’exige. Il est bien plus que temps que les institutions financières soient tenues pour responsables, aussi bien au niveau du projet qu’à celui du financement des entreprises privées, et l’introduction du Cas à l’OCDE est une contribution centrale à la lutte globale pour le respect du Consentement Libre, Préalable et Informé, et à la transition vers l’abandon des carburants fossiles. C’est maintenant le moment pour les banques d’aller vers un futur juste et durable pour tous, respectant les droits des Autochtones et protégeant notre climat et nos communautés » dit Osprey Orielle Lake, Directrice Exécutive du Réseau d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.

WECAN :

www.wecaninternational.org – @WECAN_INTL

Le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN – Women’s Earth and Climate Action Network) est une organisation selon 501(c)3 et fondée sur des solutions, établie pour engager des femmes du monde entier dans la défense d’une politique, des projets sur le terrain, l’action directe, la formation, et la construction d’un mouvement pour la justice climatique globale.

30 janvier 2020

 

LE GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS ET SES SOUS-TRAITANTS DÉTRUISENT DES SEPULTURES ET DES TERRES SACRÉES

Photos ©Ofelia Rivas
Article par Brenda Norrell
Censored News
26 janvier 2020
Traduction Christine Prat

A’AL VI’PIA [Quitobaquito], Territoire O’odham – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, décrit la destruction de terres O’odham, sur lesquelles le gouvernement des Etats-Unis et ses sous-traitants détruisent des sites funéraires, des lieux sacrés et des itinéraires de migration d’espèces menacées, pour un petit bout de mur-frontière sur les terres O’odham.

Des restes humains, datant d’entre 300 et 1500, des anciens Hohokam, ancêtres des O’odham, ont été trouvés dans cette zone en 2019. Le gouvernement des Etats-Unis et les entreprises sous-traitantes savaient qu’ils enfreignaient des lois de l’état et fédérales en déterrant des tombes dans une zone connue comme sacrée, lieu de cérémonies pour les O’odham, mais ont gardé le secret jusqu’en janvier 2020.

« Ces entreprises sont responsables de camions lancés à trop grande vitesse, de passer au bulldozer les animaux et les plantes, de détruire l’habitat des animaux et leur migration naturelle, » dit Ofelia Rivas à Censored News.

Ofelia Rivas est fondatrice de La Voix O’odham Contre le Mur, et a passé sa vie à dénoncer la Patrouille des Frontières et la militarisation des territoires O’odham.

Le gouvernement des Etats-Unis a enfreint toutes les lois de l’état et fédérales protégeant : les sites funéraires des Amérindiens ; les espèces menacées ; les itinéraires de migration, et l’eau, le sol et l’air, pour construire ce mur de frontière illégal.

Ces destructions affectent les O’odham qui vivent sur leur propre terre et dans leurs communautés des deux côtés de la prétendue frontière, en Arizona, et dans l’état de Sonora, au Mexique.

Bien que les restes humains aient été trouvés au printemps et à l’automne 2019, l’information n’a été rendue publique qu’en janvier 2020, après que beaucoup de destructions aient été effectuées. Encore plus de destruction se prépare.

Ofelia Rivas dit « Ce mur est insignifiant – c’est une politique systématique du gouvernement. Je me demande si ce n’est pas une occasion de susciter la controverse pour détourner l’attention d’autres choses qui se déroulent loin du regard du public. »

Ofelia Rivas fit aussi remarquer que les officiels du Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue violaient les droits des O’odham depuis longtemps.

« Les autorités du Monument National ont longtemps barré l’accès d’A’al Vi’pia aux O’odham pour y pratiquer des cérémonies, traditionnelles depuis des temps immémoriaux, sur les sites funéraires et les sources sacrées. »

« Les autorités tribales ont non seulement négligé ces territoires ancestraux, mais ont continué à exprimer leur rhétorique répétitive, faisant de leur mieux pour continuer à se conformer à des idéologies capitalistes étrangères – très dommageables pour les obligations des O’odham, en tant que Peuple Premier, envers ces terres, selon leur mandat d’origine, de vivre en équilibre avec la nature. »

« Nos enfants et les générations futures se font voler la perspective d’une vie équitable » dit Ofelia à Censored News.

Ofelia Rivas dit que l’évaluation environnementale accélérée pour le mur-frontière démontre l’irresponsabilité de l’état d’Arizona et du gouvernement fédéral des Etats-Unis.

« Les gouvernements tribaux ont longtemps été confrontés à des évaluations environnementales faites de copié-collé. Les gouvernements tribaux ont fait un piètre exercice de souveraineté en ce qui concerne la protection des droits culturels Autochtones et la protection des gens, » dit Ofelia Rivas.

Cette semaine, un deuxième camion chargé de matériaux de construction pour le mur a eu un accident sur l’autoroute 86 de l’état d’Arizona, près du lieu où un précédent camion chargé des mêmes matériaux avait été accidenté en octobre dernier. Les deux accidents ont eu lieu dans la Nation Tohono O’odham.

« L’entreprise Southwest Valley Constructors d’Albuquerque, et tous les autres sous-traitants, font des excès de vitesse de la frontière à Ajo, en Arizona. Les camions roulant à grande vitesse sur l’autoroute 86 mettent en danger les gens sur leur trajet. »

« Le gouvernement de l’état est irresponsable. Il ne met pas seulement en danger les O’odham locaux, mais aussi les touristes locaux et les visiteurs d’hiver. Le gros du trafic empreinte l’autoroute 86. »

« L’état doit repenser ce trajet pour la sécurité de tous. Un camion de pétrole a été accidenté sur cette autoroute l’an dernier. »

Ofelia Rivas dit « Je suis une personne originaire de ces terres. Je me suis longtemps efforcée d’être une voix pour les plantes et les animaux, l’eau et les montagnes, et je rends honneur aux O’odham qui ont survécu depuis la nuit des temps et continuent d’honorer nos obligations sacrées de vivre ici. »

« Je suis témoin d’une manipulation franchement ethnocidaire de notre peuple, par l’écriture, dans une langue étrangère défavorable, pour déformer et changer ceux d’entre nous qui exercent la soi-disant l’autorité. »

« Je suis témoin des tactiques de guerre et des attaques contre les O’odham, physiques et psychologiques. J’ai été témoin de la marchandisation et de la commercialisation de notre ancienne connaissance de notre terre, du savoir de nos cérémonies, de notre savoir en matière de chasse, et de notre savoir concernant la nourriture. »

« C’est cette négligence qui affecte notre peuple en diminuant le savoir des femmes et les responsabilités des hommes, et le savoir et les responsabilités de nos générations futures » dit Ofelia.

Copyright Ofelia Rivas et Censored News
Ne peut être reproduit sans autorisation

O’odham Voice against the Wall, O’odham Solidarity Project:
http://www.solidarity-project.org/

Dans les medias:

(Arizona Central) “Bien que ce ne soit plus dans les limites de notre réserve, il est clair que nous avons habité cette région depuis des temps immémoriaux, » dit le Président Ned Norris Jr. « Ce sont nos ancêtres. Ce sont nos vestiges de qui nous sommes en tant que peuple, dans toute cette région. Et c’est une obligation, c’est notre devoir, de faire tout le nécessaire pour les protéger. » (article paru le 20 janvier dans AZ Central)

(Service du Parc National) « Trois fragments d’os ont été trouvés sur des tas de terre pendant les travaux, au printemps et à l’automne derniers, à proximité des Sources de Quitobaquito, près du coin sud-ouest du Monument » dit mardi dans un email Marco De Leon, chef des affaires publiques du Service des Parcs de la région des Montagnes Rocheuses du Colorado. « On pense que les fragments sont de la Période Classique Hohokam » dit De Leon. Cette période se situe entre 300 et 1500 de notre ère. (article paru sur le site de National Parks Traveler, le 15 janvier 2020)

(Censored News) En octobre, l’entreprise d’Albuquerque Southwest Valley Constructor a détruit au bulldozer des Cactus Saguaro protégés pour faire passer le mur-frontière en Arizona. Ils ont déterré des restes humains d’ancêtres des O’odham d’une tombe proche d’une source sacrée du Monument du Cactus Tuyau d’Orgue. Ça a été gardé secret jusqu’en janvier. Le gouvernement des Etats-Unis et le sous-traitant savaient qu’ils enfreignaient toutes les lois de protection d’état et fédérales. Des vestiges humains avaient aussi été déterrés ici au printemps 2019, selon le Service des Parcs Nationaux, dans un email rendu publique en janvier. (Censored News, 2 octobre 2019)

 

POURSUITES CONTRE LES 3 MANIFESTANTS DE FLAGSTAFF (MISE A JOUR) : LA JUGE REPORTE LA DATE DU PROCÈS POUR LA 2e FOIS

Par Indigenous Action
17 janvier 2020
Traduction Christine Prat

Flagstaff, ARIZONA – Le procès a de nouveau été reporté pour les trois défenseurs de la justice sociale et environnementale, qui risquent des condamnations pour une manifestation du Jour des Peuples Autochtones 2018. Alejandra Becerra, Klee Benally et Sumayyah Dawud, également connus comme « les 3 du Jour des Peuples Autochtones, » (IPD3) continuent de combattre ce qu’ils dénoncent comme une attaque politique.

Le procès des Trois devait avoir lieu hier (16 janvier), mais une audience d’examen des preuves destinée à examiner les motions présentées par l’avocat de la défense, Lee Phillips, a été organisée. La juge a décidé d’organiser une autre audience d’examen pour donner plus de temps au procureur pour réagir aux motions de la défense.

Au point où on en est maintenant, il semble probable que le procès soit reporté à la fin février ou à mars.

Le 17 décembre 2019, l’avocat Lee Phillips a présenté une Motion et un Mémorandum signifiant que l’Application Sélective de la loi et des Poursuites Vindicatives posaient un problème à la défense. Aucune réponse n’a été donné par l’Etat jusqu’au jour prévu une Conférence sur la Gestion de la Procédure, le 7 janvier 2020, au cours de laquelle le procureur a fait des objections à la défense et exhorté la juge à ne pas l’accepter. La juge présidant la séance a déclaré avoir besoin de plus de temps pour voir toutes les motions.

L’avocat Lee Phillips, de Flagstaff, représentant les trois accusés, avait déclaré que ses clients avaient été « ciblés à cause de leurs opinions politiques et pour les avoir exprimées. »

La juge n’a été chargée de l’affaire que récemment, le procureur ayant demandé le changement parce que le juge précédent avait demandé pourquoi l’Etat engageait un procès pour des infractions si mineures.

Cependant, l’Etat a exercé des pressions pour que le procès commence le 16 janvier 2020, bien qu’ayant présenté des objections à la défense à la dernière minute. Le procureur a semblé frustré de ce que la défense était prête à appeler 23 témoins à la barre, parmi lesquels des membres et ex-membres du Conseil Municipal de Flagstaff, ainsi que d’autres sur lesquels l’Etat comptait, d’après des rapports, comme témoins à charge. Les preuves qui ont été révélées montrent qu’une surveillance intensive est exercée sur les activistes locaux connus.

Soutenez les Trois du Jour des Peuples Autochtones (IPD3) en les aidant à payer leurs frais de justice sur : www.gofundme.com/f/support-the-ipd3

Diffusez l’information, faites prendre conscience d’ici au procès avec les mots dièze #indigenouspeoplesdayFlagstaff #supportIPD3

Pour plus d’informations (en anglais) : www.indigenousaction.org/idp3

Historique de l’affaire :

Le 8 octobre 2018, plus de 40 personnes se sont rassemblées et ont défilé dans le centre de Flagstaff, pour dénoncer l’hypocrisie de la déclaration par la Ville d’un Jour des Peuples Autochtones. Le rassemblement avait été décidé pour appeler à la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, attirer l’attention sur la criminalisation des migrants qui conduit à des déportations et des détentions massives, la responsabilité de Flagstaff pour son rôle dans la profanation des Pics San Francisco, la criminalisation des membres de la communauté sans-abri, et le niveau hors de proportions du profilage racial et des arrestations auxquels les Autochtones doivent faire face.

Près d’une douzaine de policiers de Flagstaff, ont utilisé des caméras individuelles pour contrôler et documenter la manifestation. Le Service de Police de Flagstaff et la Force de Renseignements Antigangs et sur l’Immigration, ont alors lancé une enquête qui a duré des semaines et a utilisé les réseaux sociaux, ainsi qu’un informateur non-identifié pour porter des accusations d’ « Obstruction d’une Voie Publique Principale ». En tout, 11 personnes ont d’abord été mises en examen. Sept des accusés ont accepté un accord [en fait, plaider coupable], avec le choix entre 40 heures de travaux d’intérêt général ou une amende de 150 dollars.

Voir aussi l’article précédent sur le procès

 

 

 Cactus Seguaro détruit au bulldozer par Southwest Valley Constructors près d’Ajo, Arizona

LA MAISON MÈRE DE LA COMPAGNIE QUI CONSTRUIT LE MUR EN ARIZONA EST L’UNE DES ENTREPRISES LES PLUS POLLUANTES AU MONDE

LA COMPAGNIE QUI CONSTRUIT LE MUR DE FRONTIÈRE EST LIÉE À L’OLÉODUC KEYSTONE ET AUX SABLES BITUMINEUX D’ALBERTA

Par Brenda Norrell, Censored News
10 janvier 2020
Traduction Christine Prat

AJO, Arizona – La maison mère de Southwest Valley Constructors – qui, actuellement, construit le Mur-frontière, en violation de toutes les lois fédérales sur la protection, détruisant des espèces menacées et passant au bulldozer le Désert, encore vierge, de Sonora – est une multinationale d’industrie minière et de construction, classée parmi les compagnies les plus polluantes du monde.

La maison mère de Southwest, Kiewit, dont le siège est à Omaha, dans le Nebraska, figure dans les premières places des 32 compagnies nord-américaines les plus polluantes, qui sont en train de tuer la planète.

L’entreprise qui construit le Mur, Southwest Valley Constructors, d’Albuquerque, transgresse toutes les lois fédérales adoptées pour protéger les espèces menacées, l’eau et les sites sacrés, pour construire une barrière-frontière fondée sur l’échec politique, la xénophobie et l’effondrement du gouvernement américain.

La variété de cyprinodon menacée ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde que dans une source près d’Ajo, en territoire sacré Tohono O’odham.

Tout près, les voies de migrations des jaguars et des antilopes locales [nom scientifique antilocapra americana] menacés sont en train d’être détruites.

Les cactus Saguaros sont arrachés, en dépit des lois de l’état et des lois fédérales.

Le gouvernement a ignoré 41 lois fédérales protégeant la vie, pour construire le Mur-frontière.

Dans sa plainte officielle, le Centre pour la Diversité Biologique souligne les atteintes aux droits humains, engendrées par le fait de changer une zone frontière de désert vierge en zone militarisée.

« Au-delà de compromettre la vie sauvage, les espèces menacées et les terres publiques, le mur à la frontière Etats-Unis-Mexique s’inscrit dans une stratégie plus large de militarisation de la frontière, qui met en cause les droits humains, les libertés civiles, les entreprises locales et les relations internationales. La frontière fait obstacle aux migrations naturelles des gens et des espèces sauvages, qui sont essentielles pour une diversité saine, » dit le Centre.

L’entreprise Southwest Valley a perçu 646 millions de dollars du budget de l’Armée des Etats-Unis, pour construire le Mur, selon le contrat passé par le Ministère de la Défense, et le Corps de Ingénieurs de l’Armée d’Albuquerque qui applique le contrat. L’utilisation de fonds militaires pour construire le Mur fait l’objet de nombreuses plaintes en justice toujours en cours.

Kiewit a également obtenu un contrat pour construire un mur au Texas, le long du Rio Grande. « Le contrat à 42,8 millions de dollars a été attribué à Kiewit Infrastructure West Co. Selon le service de Protection des Douanes et des Frontières, le projet comprend la construction de bornes d’acier de 5,5m à 9m de haut, en plus de la construction de routes, de technologie de détection et d’équipement d’éclairage », d’après CNN.

Parmi les projets de Kiewit, en divers endroits du monde, qui polluent la planète, il y a des travaux de construction pour Suncor, qui exploite les sables bitumineux d’Alberta, au Canada ; des mines de nickel au Québec ; des mines de diamants à Yellowknife, dans les territoires du Nord-Ouest du Canada ; l’extraction de minerai de fer dans l’ouest de l’Australie ; des mines de charbon dans le Wyoming ; des phosphates dans l’Idaho ; l’extraction de lignite au Texas ; et des mines de nickel dans la Baie de Voisey, Province de Terre Neuve et du Labrador, selon le site de l’entreprise.

L’oléoduc Keystone fait partie des projets de construction de Kiewit, ainsi que des projets de construction pour du pétrole, du gaz et des sables bitumineux ailleurs au Canada, dans le Dakota du Nord, au Texas et dans l’ouest de l’Australie.

En Amérique du Nord, Houston et Calgary sont les principales villes où des multinationales tuent la planète, surtout avec les industries du pétrole, du gaz et des sables bitumineux. En 2017, Kiewit a obtenu un contrat avec Wood Group Mustang, de Houston, pour construire la plateforme de gaz offshore Léviathan d’Israël.

La construction du mur de frontière en violation de lois de protection fédérales fait partie d’une politique plus vaste du gouvernement des Etats-Unis, qui viole maintenant les lois internationales protégeant les enfants migrants, entre autres l’acte génocidaire de séparation des enfants de leurs parents et la disparition d’enfants.

Les enfants de migrants sont emprisonnés dans des camps de la mort des Etats-Unis, où ils sont agressés sexuellement et meurent de manque de soins et de maladies qu’on peut prévenir, selon des cas recensés de décès d’enfants de migrants.

Les Etats-Unis sont maintenant en tête au niveau mondial pour le mépris trop répandu de la vie humaine et de la Terre.

 

SOLIDARITE : UN ARTISTE AUTOCHTONE DES ETATS-UNIS EXPRIME SON SOUTIEN AUX ENFANTS PALESTINIENS

Par un artiste de rue
Publié par First Seven Design Labs
Le 5 janvier 2020
Également publié par Indigenous Action Media

DANS L’ESPRIT DE FARIS…

Il y a 20 ans, je vivais avec une famille Palestinienne, quand le ‘11 septembre’ s’est produit, et c’était à leur table de plats traditionnels que nos rires et parfois nos larmes consolidaient notre lien avec les luttes Autochtones. C’est à cette même table qu’on m’a communiqué l’histoire de Faris Odeh, un adolescent immortalisé au panthéon des Palestiniens tombés, comme des centaines de milliers d’autres, tels que Mohammed Al-Durrah.

Transposition accélérée jusqu’à aujourd’hui et bien des émotions plus tard. J’ai entendu parler d’une organisation qui essaie d’attirer l’attention sur le génocide à Gaza par un petit panneau sur un mur longeant l’une des routes les plus fréquentées de Santa Fe [Nouveau-Mexique]. Cette route conduit à certains des musées et galeries d’art les plus célèbres, pour lesquelles Santa Fe est si connue. L’art de rue n’a jamais demandé et ne demandera jamais d’autorisation, et ces installations de colle à papier sont en opposition directe avec les institutions homogénéisées de la classe supérieure, et, lorsque ça va de pair avec le racisme local, les oppositions à cet art conscient abondent. C’est dans les espaces publics et dans les rues où les gaz lacrymogènes et les balles remplissent l’air qu’on trouve les images artistiques qui frappent le plus durement. J’ai compris depuis longtemps que le rôle d’un artiste est de créer les images que les gens soutiennent, et qui unissent les mouvements pour la perpétuation de notre culture et de nos modes de vies. Tout ‘art’ Autochtone qui n’est rien qu’un gadget devrait être considéré comme un acte de traitrise envers l’époque et les luttes de notre propre peuple, spécialement ceux qui sont sur les lignes de front. Ce genre d’ ‘artistes’ égocentriques n’ont pas leur place dans notre lutte, si ce n’est d’être un obstacle capitaliste prétentieux contre notre libération collective.

Depuis près de 5 ans, ce groupe de soutien aux droits humains des Palestiniens ont vu leur panneau effacé, détruit et même coupé par le couteau du racisme qui s’affiche ouvertement à Santa Fe. Ces ignares préfèreraient ne pas voir d’images d’enfants du Moyen-Orient, ou pire, la défense de leurs droits humains de base d’exister chez eux à Gaza – considérée comme l’une des plus grandes prisons à ciel ouvert actuellement.

La décision d’intervenir avec des installations d’art de rue quasiment indestructibles, sur le mur d’adobe, similaire aux murs de maisons palestiniennes, a été facile à prendre. Si vous comparez, sur des cartes, la réduction des territoires des peuples Autochtones de ce continent et ceux des Palestiniens, à ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, c’est exactement la même chose. Ce à quoi ça revient, c’est que nous avons des racistes qui essaient d’éradiquer la lutte des peuples Autochtones, non seulement dans d’autres pays, mais aussi ici, sur ce continent, sur des terres volées. Pour ces gens qui ont pris des couteaux pour détruire les images d’enfants Autochtones sur ces panneaux, il est clair que ce n’est pas passé loin, en termes historiques, de l’expansion vers l’ouest. Donc, logiquement, on peut tirer la conclusion que leurs actions sont une extension de leur héritage familiale sur ce continent.

Cette installation à la colle à papier était une réponse directe à la destruction répétée du panneau, et c’est ce qui arrive quand vous emmerdez un artiste de rue. La création de cette scène particulière raconte l’histoire de ce qu’ont subi les enfants Palestiniens, en utilisant tout le mur, au lieu d’être reléguée sur un panneau de petit format attribué par la ville. Il y a tellement d’analogies, en ce qui concerne le mur lui-même, le lieu et l’histoire autochtone partagée, que j’ai voulu m’assurer que ces histoires soient dites dans un format grandeur nature. Cet exploit exigeait d’aller dans un lieu très sombre pour vivre avec ces images et leurs histoires pendant des semaines, afin de mettre en lumière ce génocide continu. Dans certains cas, il a fallu utiliser des vidéos d’il y a 20 ans, à fort grain, et les améliorer avec différents programmes, afin que la terreur de leurs derniers instants puisse être montrée avec exactitude pendant les fêtes Chrétiennes, et que le public puisse apprendre ce qui se passe vraiment à Bethlehem en 2020.

C’est pendant ces semaines que j’en ai appris plus sur Faris Odeh, l’adolescent contre le char d’assaut, et les images de lui, David contre Goliath, que je n’avais jamais pu oublier depuis 20 ans. J’avais toujours su que je ferai quelque chose pour lui, mais je n’avais jamais su ce que ce serait, jusqu’à ce que cette occasion se présente. J’ai lu que Faris manquait l’école pour s’opposer aux super-chars faits aux U.S.A. achetés par l’armée Israélienne, qui tuaient son peuple et détruisaient des maisons à Gaza. J’ai lu que sa mère essayait de le convaincre de ne pas manquer l’école, et que, bien que sévèrement puni et enfermé dans sa chambre, il s’échappait par la fenêtre et descendait par la gouttière, pour rejoindre la rue et résister de la seule façon qu’il pouvait, avec des pierres. Ce qui me touchait le plus, c’était quand sa mère se souvenait de lui : « Ce n’était pas la gloire qu’il aimait » disait-elle. « En fait, il fuyait les caméras. » Elle le suppliait : « D’accord, tu veux jeter des pierres ? Mais au moins, cache toi derrière quelque chose ! Pourquoi faut-il que tu sois toujours devant, même plus près que les jeunes plus vieux que toi ? » Et il lui disait : « Je n’ai pas peur. » 10 jours après que cette photo ait été prise, ce serait ce char-là qui finirait par lui prendre la vie, quand on lui a tiré dans le cou, du char. Il a saigné pendant plus d’une heure, les secours ne pouvant pas approcher, vu qu’il était trop près du char. A de nombreuses reprises, je n’ai pas pu contenir mon émotion en pensant à son histoire et à beaucoup d’autres, au cours de ce projet, surtout en déroulant les tirages grandeur nature pour la première fois, et en voyant Mohammed Al-Durrah, ce petit garçon accroupi derrière son père dans ce qui s’est révélé être ses derniers instants.

Lui et son père ont été pris dans un feu croisé de snipers Israéliens qui les visaient tous les deux, alors qu’ils étaient cachés derrière une barrière de béton (on peut retrouver la vidéo non-corrigée en ligne – C’était des images de France 2, NdT). Si dur qu’ait pu être ce projet, physiquement, mentalement et spirituellement, ce n’est rien comparé à ce que nos frères et sœurs Autochtones subissent quotidiennement, à Gaza et dans d’autres prisons de colonies. J’ai le privilège et le luxe de me détourner de l’écran d’ordinateur, de l’art et de cette vie. Ils ne peuvent rien quitter, alors leurs histoires et ce qu’ils vivent ne doivent jamais être oubliés.
Quand les enfants de Palestine sont repérés sur une vidéo en train de résister avec des pierres ou autrement, l’armée Israélienne va chez eux en pleine nuit, ou dans leurs écoles, enfonce les portes, et les arrache littéralement à leurs proches à la pointe du fusil. Ces enfants disparaissent dans des cages pour être interrogés et torturés, exactement comme ce qui arrive le long de la soi-disant frontière Mexique/Etats-Unis. En fait, la haute technologie pour les murs qui a été perfectionnée contre les Palestiniens, est maintenant importée d’Israël pour le mur de notre frontière coloniale du sud.

Ce que l’Américain moyen ne comprend pas, c’est que mettre des enfants Autochtones dans des cages a été normalisé sur notre continent depuis que des bateaux ont atteint nos côtes. Pour s’emparer d’or et d’autres ressources naturelles, Christophe Colomb a séparé des familles, mettant les hommes et les garçons en cage pour leur faire extraire son quota d’or, et nos filles et nos femmes ont été vendues comme esclaves sexuelles pour son équipage. Ça n’a pas changé beaucoup pour nous, en plus de 520 ans de génocide ininterrompu… mais nous sommes existons toujours, ici, et dans l’esprit de nombreux guerriers Autochtones comme Faris, nous résistons toujours. Il a fait ce qu’il a fait pour l’amour de son peuple et il n’avait pas peur, et nous ne devrions pas avoir peur non plus.

C’est pour toi, Faris – et tant que je vivrai, tu vivras aussi, parce que tu es moi et je suis toi.

Notes de l’auteur : [Ce n’est pas antisémite de défendre les droits humains fondamentaux] [Vous êtes sur des terres volées] #Indigenous #Autochtone #Palestine #Palestinian #Palestinien #Solidarity #Solidarité #FarisOdeh #MuhammadAlDurrah #MohammedAlDurrah #FawziAlJunaidi
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Photos ©Michelle Cook

DES AUTOCHTONES DES ETATS-UNIS APPELLENT A LA PAIX AVEC L’IRAN

Par Brenda Norrell
Censored News
5 décembre 2020
Traduction Christine Prat

Ce jour, des Autochtones se sont rassemblés pour la paix et ont envoyé un message d’amitié au peuple d’Iran. Ils ont aussi demandé que les Etats-Unis se retirent d’Iraq et dénoncé Trump pour des assassinats et des provocations à la guerre. Des Diné [Navajo], des Lakota, des Pueblo et des Tohono O’odham ont lancé un appel urgent à la paix et la diplomatie pour mettre fin aux tragédies de la guerre.

Michelle Cook, une avocate Diné, a exhorté tous les peuples à se lever pour la paix, à s’engager diplomatiquement et à protéger l’Iran.

« Il y a plus de dix ans, dans ce qui semble maintenant avoir été un autre monde, j’ai été accueillie en Iran, où se trouvent encore les ossements du grand Roi Darius et d’Esther. Ce sont aussi des sites sacrés » dit Michelle Cook à Censored News.

« J’ai le cœur brisé pour les Iraniens, pour les tribus nomades d’Iran, nos parents, qui ne devraient jamais être attaqués ou diabolisés.

« Nos mains Diné, comme les mains Persanes, tissent des tapis, avec des fibres de laine qui portent le savoir et l’empreinte de nos ancêtres.

Michelle Cook dit qu’elle est opposée à tout financement des guerres des Etats-Unis.

« Nous avons tellement d’Autochtones dans l’armée, qui seront impactés par ces manœuvres tragiques et mal informées. Je prie pour la protection de nos hommes et femmes qui servent dans l’armée et sont mobilisés pour un ‘devoir’ dangereux, faux et immoral, pour l’intérêt personnel d’hommes nuisibles.

« J’exhorte tous les gens à résister activement à tout appel à employer la force en Iran et à tout message qui utilise des stéréotypes culturels et raciaux négatifs contre le peuple Iranien, ou cherche la violence. J’exhorte tous les peuples à protéger l’Iran, à empêcher la violence et à agir immédiatement pour la paix et la diplomatie. »

Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit, de la frontière sud, « chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les grands médias, puis justifiée par encore plus de morts à la guerre.

« Paix à tous ceux qui dénoncent cela et le combattent chaque jour. »

La Nation Rouge, composée d’universitaires et de défenseurs de la justice sociale Autochtones, se sont exprimés contre l’assassinat et la provocation à la guerre avec l’Iran.

« Pas de Guerre à l’Iran ! Les Etats-Unis hors d’Iraq ! » dit la Nation Rouge à Albuquerque ce jour. « Trois décennies de sanctions américaines, de militarisme et d’occupation ont déchiré l’Iraq et semé le chaos dans la population.

« L’assassinat de Qassem Soleimani, officiel de haut rang de l’armée Iranienne, cette semaine, par un drone, sur le sol Iraquien, est une indication claire de la volonté des Etats-Unis de déclencher une guerre contre l’Iran en utilisant l’Iraq comme scène de base.

« Cet acte criminel, de la part du gouvernement Trump et du Pentagone, n’est pas seulement destiné à provoquer la guerre avec l’Iran, mais une vengeance brutale contre les insurrections populaires en Iraq, contre la violente occupation militaire américaine du pays, qui entre dans sa dix-septième année. »

Joye Braun, Lakota, de la Nation Sioux de Cheyenne River dans le Dakota du Sud, dit que les Lakota sont pour la paix et ne sont pas les ennemis du peuple Iranien.

« Nous avons un lien étroit avec le peuple d’Iran. Il y a des peuples tribaux là-bas, et nous avons une relation commune avec nos oppresseurs, faite de colonisation et d’exploitation.

« Au peuple d’Iran : nous, peuple d’origine de ce pays, nous ne sommes pas votre ennemi. Nous ne soutenons ni ce gouvernement ni ceux du passé qui oppressent nos peuples.

« Nous vous envoyons nos prières, et sachez que nous sommes pour la paix » dit Joye Braun à Censored News.

Waste Win Young, Lakota de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, dit que l’American Indian Movement avait été impliqué dans les discussions de paix avec l’Iran, à la fin des années 1970 et dans les années 1980. Waste dit que les Lakota, aujourd’hui, sont suffisamment respectés et ont les capacités pour négocier la paix.

« Notre tante Marilyn Phillips-Harden-Takes the Knife, de Cheyenne River, et Juan Reyna, étaient parmi les négociateurs pour l’affaire des 40 otages Américains à l’Ambassade à Téhéran, » dit Waste Win Young à Censored news.

« Il y avait une Oglala mariée et habitant en Iran, Janeene Lonehill-Geyeagle (mère de Dana Lonehill). Son premier mari était Iranien. L’Iran ne pouvait pas croire qu’elle était Amérindienne et non Iranienne. Nos oncles Bill et Russell Means et notre tante Marilyn l’ont aidée à rentrer chez elle.

« Les Autochtones de Turtle Island ont du respect pour le peuple Iranien. Nous pouvons leur tendre la main et négocier la paix comme nous l’avons fait dans le passé » dit Waste Win Young.

« Une guerre de l’homme riche, » dit Louise Benally, Diné de Big Mountain, qui a combattu pendant les 40 années passées contre le déplacement forcé de sa terre natale, dû au fait que la firme Peabody s’emparait de l’eau et du sol pour extraire du charbon.

« La guerre ne serait pas une option, » dit Louise. « Le problème est qu’un président inapte a provoqué tout cela pour échapper à la révocation [Impeachment]. Il ferait n’importe quoi, mais la plupart des gens ne soutiennent pas cette idée idiote. »

Louise a été parmi les premiers à s’exprimer contre la guerre en Iraq, quand les bombes tombaient sur Bagdad, et à la comparer à la Longue Marche génocidaire jusqu’à Fort Sumner, à laquelle les Navajos ont été forcés par les Etats-Unis. Les déclarations de Louise ont été censurées par Indian Country Today, alors que la guerre faisait rage en Iraq.

Parlant pour la paix, Michelle Cook dit après son voyage en Iran « en tant que Peuple Navajo, nous avons appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous ; c’est une pratique ancienne durable et écologique.

« Si nous violons les lois de la nature, ou les enseignements des Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner, ce qui fait qu’on nous enseigne à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir le hozho [terme qu’on traduit par ‘beauté’, au sens pratique et spirituel, ‘équilibre’, ‘équité’, mais implique beaucoup plus que ce que nos langues peuvent dire ; c’est LA notion de base pour les Navajos – NdT]. C’est ce que les Anciens ont dit.

« Les gens sacrés nous ont aussi appris comment vivre et ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et cet enseignement s’applique aussi à la consommation de pétrole. Il ne faudrait pas qu’il y ait de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre Mère » dit Michelle. (Lire la suite plus bas).

Tandis que les Etats-Unis continuent leur schéma de guerres fondé sur leur gain politique et le contrôle des réserves de pétrole avec la complicité des médias, le regretté Thomas Banyacya, Hopi, avait plaidé avec force pour la paix.

Banyacya a passé sept ans en prison pour avoir refusé le service militaire et était devenu une voix globale pour la paix, s’exprimant contre la guerre et les armes atomiques.

Soulignant que l’uranium pour les premières bombes atomiques avait été arraché du sol de la région des Quatre Coins sans que les messagers spirituels Hopi aient été consultés, Banyacya avait prévenu le monde des conséquences de guerres ininterrompues.

Michelle Cook, membre de la Commission des Droits Humains de la Nation Navajo, écrivit l’article reproduit plus bas après son voyage en Iran, en 2008.

En faisant une introduction de l’article de Michelle, Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit aujourd’hui :

« Mon hommage à une guerrière au cœur fort qui lutte pour apporter la justice dans un monde de nations industrielles assoiffées de minéraux et de carburants fossiles – ce qui crée des millions de réfugiés et de morts, qui souffrent de systèmes tels que l’immigration aux Etats-Unis.

« Chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les médias dominants, puis justifiée par plus de morts à la guerre.

« Chaque atrocité et chaque souffrance est ce que nous ressentons quand nous sommes déprimés, quand nous sommes tristes et savons que quelque chose n’est vraiment pas juste.

« Paix à ceux qui dénoncent cela et le combattent tous les jours » dit Ofelia Rivas à Censored News.

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HOZHO, VIVRE DANS L’HARMONIE, [Walking in Beauty] COMME CADRE POUR UNE PAIX INTERNATIONALE EN IRAN

La Pacifiste Navajo Michelle Cook réfléchit sur son voyage en Iran

Par Michelle Cook, Diné
Avril 2008
Traduction Christine Prat

La politique et les décisions internationales impactent le peuple Navajo et le Pays Indien de manières très réelles. Si les Etats-Unis attaquent l’Iran, ça aura des conséquences sur les nombreux Navajos et autres Autochtones qui sont actuellement dans l’armée américaine.

Les dirigeants, les défenseurs et les jeunes des Nations Indiennes ont la responsabilité de poser des questions pour protéger les militaires Autochtones hommes et femmes contre des guerres ou des conflits armés qui peuvent être évités ou ne sont pas nécessaires.

Peu d’Américains savent qu’en 1953, les Etats-Unis, par l’intermédiaire de la C.I.A., ont orchestré le renversement d’un gouvernement iranien élu par le peuple et ont installé à la place un gouvernement à leur solde.

C’était au départ une réaction aux efforts de décolonisation des Iraniens, afin de continuer à contrôler et bénéficier de leur pétrole, qui jusque là avait été sous le contrôle direct de compagnies américaines et britanniques.

Ces efforts de décolonisation allaient priver les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de leurs profits. Les Etats-Unis ont organisé un coup d’état qui a renversé le Premier Ministre Mossadegh, qui dirigeait la décolonisation, et ont mis à sa place le Shah Mohammed Reza.

Le Shah Mohammed Reza, soutenu par les Etats-Unis, et son régime ont régné sur l’Iran d’une main de fer, au prix de la dignité et des droits humains de quiconque les mettait en question.

Dans les années 1970, la jeunesse et les peuples iraniens se sont engagés dans la Révolution Culturelle Islamique conduite par l’Imam Khomeini et ont renversé le régime soutenu par les Etats-Unis, ce qui a créé la nouvelle nation théocratique appelée la République Islamique.

Depuis la révolution, les Iraniens ont géré leur pétrole. Quelques-uns se rendent compte aussi que les Etats-Unis ont soutenu l’Iraq pendant la guerre Iraq-Iran des années 1980.

Actuellement, des responsables au sein du gouvernement des Etats-Unis prétendent que l’Iran est une menace pour la sécurité nationale, et en conséquence de cette menace supposée, croient que le gouvernement des Etats-Unis a le droit d’entreprendre une attaque militaire contre l’Iran.

Les Etats-Unis prétendent que l’Iran construit des armes de destruction massive, bien qu’ils aient encore à produire des preuves convaincantes pour soutenir cette affirmation. De plus, l’Iran, comme les autres « états non-nucléaires » selon le Traité de 1968 de Non-Prolifération des Armes Nucléaires, a parfaitement le droit de développer de la technologie nucléaire pour des buts pacifiques [sic – NdT], et donc, ne devrait pas être considéré comme agissant en dehors des limitations légales s’il enrichit de l’uranium ou développe de la technologie nucléaire [re-sic tout de même – NdT].

Si les Etats-Unis devaient attaquer l’Iran, ce serait sans autorité morale ou légale. En fait, une attaque contre l’Iran sera illégale selon la loi internationale et pourrait être considérée comme une agression. Considérant l’occupation actuelle de l’Iraq et les situations extrêmement sensibles en Palestine occupée, au Liban, au Pakistan et en Afghanistan, une frappe militaire américaine précipiterait un Moyen-Orient déjà instable dans le chaos, et l’éloignerait irrémédiablement d’une quelconque solution effective d’autodétermination, de paix et de sécurité. Ceci ne veut pas dire que l’Iran est une utopie, l’Iran, comme tous les états, à ses propres dilemmes sociaux, économiques et politiques, et ces problèmes ne peuvent être résolus que par les peuples iraniens eux-mêmes, pas par des Américains à des milliers de kilomètres de distance. Les Iraniens et les peuples du Moyen-Orient ne sont pas « terroristes » quand ils défendent les terres et les ressources qui leur appartiennent de droit.

Malheureusement, les Américains ont été manipulés pour croire aux stéréotypes et voient souvent l’Islam et les peuples originaires du Moyen-Orient comme de vulgaires « terroristes » et des gens violents.

Rejetant le dialogue, les Etats-Unis ont menacé de violence et ont imposé des sanctions qui ont isolé l’Iran de la communauté internationale, opposant les sentiments anti-américains à la résolution de problèmes cruciaux. Beaucoup d’Iraniens et d’Américains pensent que la base du conflit entre les Etats-Unis et l’Iran n’est pas la question du ‘terrorisme’, mais le contrôle de l’Iran sur son pétrole.

Une guerre potentielle contre l’Iran ne bénéficierait qu’aux compagnies pétrolières qui veulent monopoliser le marché et dicter le prix du pétrole. Les vies de Navajos et le bien-être des Américains valent beaucoup plus que le billet vert ou des barils sans vie de pétrole iranien pour le profit de compagnies occidentales multinationales.

Je suis allée en Iran, parce que les gens ont le droit d’entendre les deux parties. De plus, les Américains et les Navajos ont le droit de savoir où on nous conduit et méritent une transparence totale quand de telles situations se produisent. J’y suis allée avec une tradition de paix, armée de prières Navajo et de la sagesse des ancêtres.

L’Iran est un pays ancien, sa population est aujourd’hui d’environ 62 millions d’habitants, dont à peu près la moitié ont moins de vingt ans. L’Iran est aussi le pays de plusieurs tribus distinctes, comme les Ashayer, les Gonbad, les Qashqai et les Bakhtiari. Ces tribus sont nomades, elles se déplacent avec les saisons, élèvent des moutons sur de vastes chaînes de montagnes. Les tribus iraniennes, comme la tribu Navajo, sont également expertes dans le tissage. Ce sont les peuples tribaux d’Iran qui sont les tisserands renommés de beaucoup de Tapis Persans. Ces tribus sont confrontées aux mêmes défis que les peuples autochtones des Amériques, la pauvreté, le manque de services de santé, la mobilité traditionnelle, et la revitalisation de leurs langues, entre autres. Aux Etats-Unis, on entend rarement parler de ces tribus ou de la beauté et de la diversité des peuples et cultures iraniens.

J’ai rencontré des jeunes Iraniens qui sont en train de se définir et de se redéfinir dans leur relation avec la République Islamique. J’ai découvert un peuple en train de construire un équilibre entre l’Islam ancien et la modernité. J’ai trouvé des femmes fortes en train de définir les droits des femmes en Iran selon leurs propres termes.

En me promenant dans ces terres sacrées très anciennes, je n’ai pas vu de terroristes. J’ai vu des visages d’êtres humains réels ; j’ai vu des familles, des mères, des pères et des enfants, aucun des stéréotypes racistes qu’on trouve dans les médias. L’Iran héberge de nombreuses cultures et des fois différentes.

J’ai rencontré des gens parmi les plus gentils et les plus hospitaliers que j’aie jamais rencontré. J’ai découvert que les gens qui pratiquent l’Islam sont bons et prient beaucoup, tout comme les Navajos. En Islam, les invités et les étrangers sont traités comme des messagers de Dieu et traités avec un grand respect. J’ai reçu ce degré de respect et j’ai été invitée dans leurs foyers, où nous avons mangé et prié pour la paix entre nous. Nous avons récité des prières Navajo et Musulmanes.

Je voulais que les Iraniens comprennent la diversité de l’Amérique, l’idée de Nations Autochtones souveraines, de peuples distincts, comme nation dans une nation. Je voulais qu’ils comprennent certaines réalités, puissance et défis des peuples autochtones aux Etats-Unis, et, ce qui est le plus important, qu’ils ne voient pas les Navajos comme un peuple en voie de disparition, mais comme des protagonistes actifs dans une longue bataille épique pour l’harmonie complète et l’autodétermination. Je voulais qu’ils connaissent les Navajos, non seulement comme un peuple qui vit en harmonie, mais aussi comme un peuple de guerriers féroces qui se sont battus et se battent encore pour la libération, la restauration et la guérison de nos peuples, de la terre, de ses ressources, de notre culture et de notre langue.

Quand j’ai partagé mon histoire avec des Iraniens, j’ai senti un véritable sens de solidarité, une relation presque familiale. J’ai trouvé des gens pleins de compassion pour les luttes des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Bien que nous soyons différents, nous avons une chose en commun. Les peuples iraniens, tout comme les peuples autochtones, veulent déterminer leur propre avenir, mettre en pratique leur culture et leurs religions, sans interférences de l’extérieur, de dirigeants étrangers, ou de leurs influences. J’ai parlé avec des vétérans de la guerre entre l’Iran et l’Iraq des années 1980, qui défendent leur pays et défendent la paix parce qu’ils ne veulent plus jamais connaitre la guerre et les destructions qu’elle a produites dans leurs territoires. En fait, les Iraniens sont encore en train de guérir du traumatisme causé par cette guerre.

Les Navajos ont beaucoup à apprendre aux Américains et au monde en termes de non-violence et de résolution des conflits, comme la Cour des Pacificateurs de la Nation Navajo et les Pacificateurs Navajo.

Le but de la pacification Navajo est de résoudre les conflits et de restaurer l’harmonie aux individus en conflit sur la base non-violente de la tradition et de la croyance Navajo. La structure de pacification Navajo est construite sur la philosophie Navajo de Hozho, et utilise un procédé qui s’appuie sur le dialogue, ce que Robert Yazzie explique par l’expression « parler des choses jusqu’au fond ».

Les Etats-Unis peuvent apprendre beaucoup des Navajos dans ce domaine, étant donné que les Etats-Unis ont toujours échoué dans le dialogue ou la discussion complète des choses avec le peuple ou le gouvernement Iranien. Cet échec ne menace pas seulement la sécurité des Américains, mais aussi la vie des peuples Iraniens et des jeunes soldats autochtones et Navajos. Si le gouvernement des Etats-Unis est incapable ou n’a pas la volonté de mener ce dialogue, la société civile et les Nations Indiennes doivent défendre et créer ces discussions.

En tant que Navajos, on nous a appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous. C’est une pratique ancienne d’écologie durable. Si nous brisons les lois de la nature, et les enseignements de Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner. Donc, on nous a appris à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir l’harmonie [hozho]. C’est ce qu’ont dit les Anciens. Les Gens Sacrés nous ont aussi appris à vivre et à ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et ça s’applique à la consommation de pétrole. Il ne devrait pas y avoir de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre mère. Le peuple Navajo et les Américains doivent se tourner vers la sagesse ancienne et réévaluer les conséquences de la surconsommation des ressources de la terre. Aussi bien les carburants ‘naturels’ comme l’huile de palme et l’éthanol que les carburants fossiles comme le pétrole ou le charbon.

Il n’y a qu’à observer les changements climatiques, les ouragans, les inondations, les déséquilibres atmosphériques pour voir les conséquences de la rupture avec nos pratiques durables et écologiques. Certains appellent ça un changement climatique, peut-être que les Navajos le voient comme un acte des Gens Sacrés pour nous ramener à la discipline, parce que nous avons rompu l’équilibre de notre vie avec la terre et ne l’avons pas respectée. Nous sommes les Diyin Nohookáá Diné, les Gens de la Surface Sacrée de la Terre. Les Navajos sont investis de la responsabilité sacrée de maintenir le Hozho. Les Gens Sacrés nous ont enseigné à valoriser et respecter toute vie comme sacrée. Ça comprend la Terre et la vie humaine.

Ça comprend aussi les vies des peuples du Moyen-Orient et des Iraniens, quelque soient les différences entre nos cultures. Je crois que le Hozho, vivre en harmonie, peut être appliqué pour créer l’harmonie à des échelles locales ou globales. Pour créer et défendre un monde et une société où la paix et l’harmonie règnent sur les plans personnel, local, national et international.

Vivre en harmonie ou sur la voie du pollen, est un chemin difficile, mais c’est une voie que les ancêtres ont transmise personnellement et collectivement pour trouver la paix. Aller en hozho ou en paix c’est aller comme un guerrier, mais pas tous les guerriers portent des armes, certains portent des chants, certains portent du cèdre, et certains portent des prières pour la paix.

©Brenda Norrell et Michelle Cook, Censored News.