Le Président Sioux Oglala, Julian Bear Runner, publie une Déclaration sur la dernière remarque raciste de Trump

Communiqué de Presse
du 14 janvier 2019
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

 

Le Président Donald Trump est tombé encore plus bas après une longue série de bassesses. Trump a repris un procédé familier, quand, en tant que Président des Etats-Unis, il a avili les femmes Autochtones, en utilisant Pocahontas, une victime de viol dans son enfance, comme une injure raciale pour attaquer la Sénatrice Elizabeth Warren. Trump rabaisse tous les Autochtones, ainsi que les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, #MMIW, quand il use d’une remarque au vitriol, suggérant que le mari de la Sénatrice Warren devrait “se déguiser en Indien” et qu’ils auraient dû filmer la Sénatrice Warren descendant de la bière en direct, en soutenant sa candidature à la présidence, de “Big Horn ou Wounded Knee”, et que l’époux de Mme Warren aurait dû porter “la tenue Indienne complète”, “alors, ils auraient fait sensation.”

En tant que Civilisateurs d’Origine de ce qui est maintenant appelé “l’hémisphère Occidental”, en tant que survivants d’un génocide pleinement conscients de notre place dans cet univers, il est important de toujours rappeler au monde que notre génocide est nié par ce pays, tandis qu’en même temps, une majorité de ce pays est avide de vérité, une majorité de ce pays ne veut plus perpétuer les mensonges que nous nous disons sur notre histoire, une majorité sais que la vérité précède nécessairement la conciliation, et cependant, c’est une conciliation que nous avons toujours été prêts à rechercher, en tant que Nations Autochtones. Maintenant, c’est le moment de la vérité. Nous vous avons accueillis comme voisins et signé des traités avec vous, sachant que vous aussi avez une conscience et devez réagir tout comme nous. Parce que nous ignorons délibérément nos histoires respectives, mon peuple meurt actuellement d’un lent génocide, qui est le résultat délibéré de la politique des Etats-Unis envers les Nations Tribales.

Le racisme est une faute grave. Le racisme, une création du fanatisme, ne trouvera pas de sanctuaire dans le monde d’aujourd’hui ; nous nous joignons à toute la diversité de l’humanité pour condamner les racistes qui, par leurs actions, rabaissent notre dignité spirituelle collective.

Retenir les travailleurs Américains en otage est une faute grave, pour extorquer leur soumission, de la même manière que les Etats-Unis ont extorqué notre soumission à l’ère de ‘signer ou mourir de faim’, dans notre passé récent, est une faute grave. Paralyser le gouvernement Américain pour la plus longue période de l’histoire, pour construire un monument raciste, plongeant dans l’inaction des milliers d’employés fédéraux qui travaillent en Pays Indien au Ministère de l’Intérieur, dans les Services de Santé Indiens et d’autres secteurs vitaux pour notre quotidien est une faute grave. Ceci est déjà suffisamment déraisonnable, cependant, je réagis à l’ignorance tout en me préparant à des urgences vitales qui vont nécessairement s’abattre sur notre peuple si la paralysie, le “shutdown”, continue.

Nous devons tous nous éveiller, ensemble. Nous devons chercher nos vérités et tenir bon dans la puissance de notre paix. Nous devons respecter nos pactes sacrés avec Notre Mère la Terre et la réalité universelle. Toutes les institutions de droit, d’économie et de politique doivent refléter une compréhension plus évoluée de l’interdépendance de l’être humain avec tout ce qui nous entoure, tout ce que nous sommes. Nous enverrons ce message à Washington, DC, le 18 janvier 2019, lors de la Marche des Peuples Autochtones.

Wopila Tanka Icicapelo

Julian Bear Runner, Président de la Tribu Sioux Oglala

 


Photo Natalie Hand: des groupes Ecologistes se sont rassemblés lors des audiences publiques, en petits groupes pour éviter d’être arrêtés selon la nouvelle loi anti-manifestations du Dakota du Sud.

 

Depuis des décennies, les Lakota sont menacés par l’ouverture de mines d’uranium dans les Black Hills. Le 11 mai 2017, Owe Aku [Bring Back the Way, présidente Debra White Plume] a publié le message suivant, et le 18 mai, Lakota Country Times a publié un article sur la situation actuelle, écrit par Natalie Hand, en collaboration avec Owe Aku. Les deux sont traduits en français ci-dessous.

Christine Prat

 

En mars de cette année, l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement] a accordé deux propositions de permis à Powertech, une entreprise multinationale, branche de la compagnie canadienne Azarga Uranium Corporation. Si réunis, ces permis autoriseraient le forage de milliers de puits dans 14 secteurs différents. Ces puits seraient creusés jusqu’à des centaines de mètres dans le sol et perceraient le système de nappes aquifères Inyan Kara. Le deuxième permis a pour but d’autoriser l’évacuation des déchets dangereux de l’extraction d’uranium. Les permis exposeraient inutilement Lakota Oyate [la Grande Nation Sioux] au désastre de l’extraction d’uranium et constitueraient une perpétuation de la guerre de l’Amérique contre les peuples des Nations Rouges.

“Les nappes aquifères Inyan Kara, Minnelusa et Madison sont les principales sources d’eau souterraine dans le nord des Black Hills, le Dakota du Sud et le Wyoming, ainsi que les Bear Lodge Mountains, dans le Wyoming. Les nappes aquifères sont menacées dans les Bear Lodge Mountains et les Black Hills, et sont à environs 900 et 1500 mètres sous la surface du sol… Le mouvement de l’eau souterraine va de la zone d’affleurement vers le centre du Dakota du Sud.”

[Etude d’USGS, en anglais, https://pubs.er.usgs.gov/publication/wri864158 ]

Trois réunions d’information publiques ont eu lieu, à Rapid City, Hot Springs et Edgemont. La dirigeante d’Owe Aku, Debra White Plume a témoigné à Edgemont.

 

LES PROTECTEURS DE L’EAU D’OWE AKU COMBATTENT L’URANIUM DANS LES BLACK HILLS

Powertech concède : “l’eau est déjà de mauvaise qualité”

Par Natalie Hand
Pour Lakota Country Times, en collaboration avec Lakota Media Project
Publié le 18 mai 2017
Traduction Christine Prat

 

EDGEMONT, Dakota du Sud – Une série de réunions pour commentaires publiques organisés par l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis, Région 8, s’est terminée par la réunion finale à Edgemont, le 11 mai.

Edgemont, une localité située dans le sud des Black Hills, n’est pas étrangère à l’extraction d’uranium. L’uranium, utilisé pour alimenter les centrales nucléaires, a été découvert près d’Edgemont en 1952, avant que les règles actuelles sur l’environnement n’aient été adoptées. Pendant des décennies, l’extraction en plein air a été pratiquée, jusqu’au milieu des années 1980, quand les mines ont été abandonnées à cause de la chute des cours de l’uranium.

Dans des puits d’eau à usage domestique, situés près des mines abandonnées, des taux de radium excédant les normes pour l’eau potable ont déjà été trouvés, et l’un d’entre eux présentait des taux d’uranium dangereux. D’autres résultats de l’évaluation préliminaire ont indiqué la présence de radionucléides dans des échantillons d’eau de surface de Pass Creek, Beaver Creek et de la Rivière Cheyenne.

30 ans plus tard, une nouvelle compagnie, Powertech Inc., une branche d’Azarga Uranium, basée à Hong Kong, cherche à réactiver l’extraction d’uranium dans la même région.

Powertech a passé les 11 dernières années à essayer de remettre en route la Mine d’Uranium Dewey Burdock et a anticipé l’approbation de l’EPA en 2017, d’après Mark Hollenbeck, Directeur de Projet de la Mine d’Uranium Dewey Burdock pour Powertech.

Powertech a l’intention d’utiliser plus d’un million de mètre-cubes d’eau souterraine de la nappe Madison par an, pour remplacer l’eau pompée des nappes aquifères Inyan Kara par les opérations de récupération d’uranium et les activités de restauration des eaux souterraines.

Cependant, les opposants ont toujours été fermes pour empêcher le projet dans cette région susceptible de sécheresses, se référant aux dangers pour la santé publique, la terre et l’eau. Des rassemblements ont été organisés dans chaque lieu de réunion publique.

Tonya Stands, une Oglala, est l’organisatrice des rassemblements et membre de No Uranium in Treaty Territory [Pas d’Uranium en Territoire sous Traité]

T. Stands a déclaré “Nous avons collaboré avec l’Alliance pour l’Eau Propre des Black Hills, l’Action Rurale du Dakota, l’Union des Sœurs pour Protéger l’Eau Sacrée, et d’autres pour diffuser l’information sur les audiences de l’EPA et informer les gens sur la protection de l’eau, en fournissant des repas et en organisant des marches de prière”.

Isaiah Cox, 11 ans, de Hot Springs, a renoncé à son voyage scolaire à Evan’s Plunge pour assister à la réunion.

“Je suis allé à l’audience de Hot Springs et ça m’a intéressé. Alors je suis venu ici aujourd’hui pour exprimer mon opinion. Les agriculteurs ont besoin d’eau. Les animaux et les plantes ont besoin d’eau saine. Cette mine abimera notre eau,” dit Cox.

M. Hollenbeck, avec d’autres mineurs d’uranium locaux en retraite, a assisté à l’audience et entrepris de rejeter les craintes du public.

“Nous ne faisons qu’ajouter de l’oxygène et de l’oxyde de carbone pour extraire l’uranium. Donc, ce que nous extrayons du sol est ce que nous remettons dans le sol. L’idée selon laquelle cette eau est bonne est erronée. C’est de l’eau polluée au départ. Nous ne pouvons pas boire cette eau aujourd’hui. Ce ne sera pas exactement la même, mais elle sera utile, comme elle l’a été” remarqua Hollenbeck.

Hollenbeck est un éleveur garanti bio qui fait paître son troupeau près du site de la mine et est convaincu que son bétail est sain pour la consommation humaine.

Judy Schumacher, de Provo Township, n’est pas d’accord.

“J’ai grandi dans un ranch près de Buffalo, dans le Dakota du Sud. Nos vaches blanchissaient et mouraient après avoir bu dans des mares où les tests de forage d’uranium avaient eu lieu dans les années 1950-60. J’ai survécu à un cancer et ma fille a eu un cancer à 22 ans. On ne peut pas nettoyer les radiations dans l’eau. Je veux savoir comment Powertech va garantir que ce n’est pas dangereux” dit J. Schumacher.

Debra White Plume (une Lakota Oglala) de Porcupine, dans le Dakota du Sud, s’est adressée aux officiels de l’EPA.

“Vous n’êtes pas la première commission pour la paix à venir ici. Il y en a déjà eu une, il y a 149 ans, pour négocier le Traité de Fort Laramie de 1868 et le Traité de Horse Creek de 1851 avec nos ancêtres. Ce traité maintenait une base territoriale et des droits sur l’eau pour les Nations Lakota, Cheyenne et Arapaho. Je ne veux pas autoriser Azarga à empiéter sur notre territoire ancestral. La Déclaration sur les Droits de Peuples Autochtones des Nations Unies dit que les gouvernements doivent avoir le consentement libre, préalable et informé des Peuples Autochtones avant de procéder à un développement, et nous ne l’avons pas eu” dit Debra White Plume.

Debra White Plume est la principale plaignante dans l’affaire contre l’expansion de la mine d’uranium de Cameco Corporation près de Crawford, dans le Nebraska. D’après Debra White Plume, les déchets radioactifs ont fui pendant 4 ans avant d’être détectés sur le site de la mine.

Les officiels de l’EPA ont remarqué que ça prendrait plusieurs semaines pour consulter les témoignages écrits et publiques avant d’arriver à une décision sur les permis de Powertech.

 

26 juin 2013

Traduction Christine Prat

Ma Famille et mes Amis. J’espère que vous vous sentez bien et que vous êtes en bonne santé et heureux. Pour ceux d’entre vous qui ont défilé aujourd’hui, j’imagine que le soleil vous a donné un peu plus de couleurs et… je suis fier de vous tous. Vous savez que si j’étais sorti, j’aurais défilé avec vous, en tête, bien sûr.

Dans mon esprit, je suis là-bas avec vous. Je peux sentir la sauge qui brûle et les herbes sacrées mêlées aux odeurs des caisses de pain frit et des grands plats de salade de pommes de terre. Les ‘unci’s’ sont assises sur des chaises à l’ombre, probablement en train de se taquiner et de rire, comme vous seules savez le faire. Je vous vois toutes assises sur les couvertures, à l’ombre, sur le sol dur et sec, essayant de trouver une position confortable. Je peux voir jusqu’à l’endroit où se trouvait le vieux camp et distinguer l’endroit où les hommes coupaient le bois et l’endroit où étaient les jardins.

La tristesse m’envahit quand je vois les fondations, là où il y avait autrefois la demeure de Grand-Mère et Grand-Père Jumping Bull. Je me souviens des gosses qui couraient et jouaient, insouciants et heureux. Quelquefois, il semble que c’était il y a longtemps, et d’autres fois, c’est comme si c’était hier. Quelquefois, quand je suis seul, je me demande pourquoi la vie doit être aussi dure pour notre peuple. C’est troublant que certains des nôtres se tournent contre nous. Est-ce l’argent ? Le Pouvoir ? L’avidité ? Nous étions là parce qu’on nous l’avait demandé, pour protéger les familles traditionnelles qui continuaient à suivre les instructions d’origine, transmises de génération en génération sous la forme des histoires de notre Création. On me dit que maintenant une enquête est en cours sur le meurtre des quelques soixante personnes tuées durant ce règne de la terreur. Il est scandaleux que çà ait pris plus de 40 ans pour découvrir qu’une balle dans le dos ne ressemble pas à une mort naturelle. Nous étions là-bas aussi pour protéger la terre et l’empêcher d’être violée par le gouvernement pour de l’uranium. Nous avons la preuve que les décharges de produits chimiques placés sur notre terre sans information ni consentement de nos membres et la fuite de radioactivité 5 fois supérieure au niveau considéré comme sans danger, polluant les veines de notre mère la terre et transformant notre eau sacrée en poison, ont fait avorter les femmes enceintes et remplacé par le cancer les causes de mort naturelles sur les certificats de décès de beaucoup membres de notre peuple. Je n’essaie pas de faire de ceci un message sombre et désespéré. J’essaie seulement de faire comprendre à certains de nos jeunes gens que nous devons continuer à protéger tout ce qui est sacré pour nous, nos Anciens, nos femmes et nos enfants, notre culture et notre mode de vie et nous protéger mutuellement.

On me demande toujours une mise à jour sur ma situation et je vais essayer de l’expliquer. Comme mon équipe pourra vous le dire, ma tension est élevée, mon diabète est incontrôlé au point de me causer des problèmes de vue et je souffre beaucoup quand je marche. Mes médicaments m’ont été refusés pendant plusieurs mois et les rendez-vous avec un médecin sont rares. J’ai eu des examens pour le cancer de la prostate, et bien que je n’ai jamais eu de réponse claire, ni si c’était un cancer ou pas, les symptômes indiquent avec certitude que quelque chose ne va pas. Les problèmes récents de souffle court et de douleurs dans la poitrine sont une pression supplémentaire. Je vous assure que ce n’est pas un endroit pour être malade ou avoir de problèmes de santé, car en prison nous ne sommes qu’un numéro parmi d’autres. C’est une bonne chose que je n’aie pas besoin de médicaments pour garder le sens de l’humour, sinon je serai indubitablement fichu ! De plus, mes conseillers à l’intérieur de la prison ont approuvé un transfert dans une prison de moyenne sécurité, plus près de chez moi, mais le transfert a été rejeté par le Bureau du Texas, sans raison. Bien qu’il ait été fait appel de ce rejet, personne ne sait combien de temps çà va prendre avant que ce soit examiné.

Pour finir, je veux vous dire à tous « pilamiyeya » pour votre dur travail. Je sais que c’est une entreprise colossale d’organiser un évènement. Çà me rappelle à l’humilité de savoir que vous prenez le temps non seulement de vous souvenir de moi, mais de tous les guerriers qui ont essayé d’éliminer LEUR HISTOIRE de l’histoire, en se soulevant pour dire NOTRE histoire. Je suis avec vous pour soutenir la reconnaissance de nos droits inhérents, nos chercheurs de vérité et notre mode de vie sacré. A ceux d’entre vous qui se préparent pour la Danse du Soleil, j’espère que vous me sentirez danser à côté de vous, dans l’Inipi, je suis là-bas dans la vapeur et chantant avec vous. Mais comme vous pouvez vous en douter, je me fatigue. Je veux juste être chez moi avec les miens. Je veux m’éveiller en entendant les oiseaux chanter devant ma fenêtre et sentir l’odeur du « café de cowboy » venant de la cuisine, au lieu d’entendre le claquement des portes de cellules et le cliquetis des trousseaux de clefs. Je vous en prie ! Continuer à vous battre pour ce qui est juste. C’est tout ce que je peux demander.

Mitakuya oyasin !

Doksha,

Leonard

 

Rassemblement de solidarité, remorques pour chevaux, et la Journée de la Paix des Femmes Lakota

Par Debra White Plume, écrit sur les rives de Wounded Knee Creek, 29 août 2012
Publié sur Censored News

See original article in English

Traduction Christine Prat

 

Owe Aku (Ramenez la Voie, une ONG Lakota de base) a accueilli un Rassemblement de Solidarité de cinq jours à Kiza Park, près de Manderson, au Dakota du Sud. Deep Green Resistance, le Mouvement de Jeunesse Autochtone [Native Youth Movement], Dés-Occupez Albuquerque, Occupez Lincoln, le Centre pour la Paix et la Justice des Rocky Mountains, Occupez Wall Street, Résistance Radicale, Owe Aku, et les Femmes de la Nation Lakota Oglala ont co-organisé le rassemblement.

Les organisations ont envoyé des représentants pour renforcer les contacts et former de nouvelles alliances entre les divers groupes qui travaillent sur les questions de justice sociale, de justice environnementale et pour préserver les cultures traditionnelles des Nations Autochtones. Les sujets d’étude comprenaient les Alliés Blancs Travaillant avec des Nations Rouges, l’Action Directe Non- violente, la Justice dans les Médias, la Protection de l’Eau Sacrée, et de nombreux ateliers avaient pour but d’améliorer les capacités d’organisation et de combler le fossé entre des gens de différentes couleurs et origines géographiques. Owe Aku a accueilli des camps initiant à s’Unir pour Combattre depuis 2005, au cours desquels des centaines de participants ont suivi les quatre à six jours d’expérience éducative. L’organisation et l’acquisition de capacités pour les activistes sont le fil conducteur de la formation, ainsi que la solidarité et la mise en valeur d’une question particulière choisie par les participants et qui doit être suivie par une action directe. La colonisation du peuple Lakota, y compris l’utilisation d’alcool et les pratiques prédatrices du gouvernement du Nebraska et de la ville de White Clay, était une des questions majeures, tout comme les impacts de l’oléoduc Keystone XL, dont un tronçon est projeté dans cette région par TransCanada, Inc.

La formation en ‘Décolonisation et Changement Social’ a eu lieu tous les jours, afin que tous les individus puissent passer du temps avec les facilitateurs et les autres participants. La difficulté à travailler au changement social tout en étant confronté à la colonisation pour le peuple Lakota a été un sujet majeur.

« La colonisation et le génocide culturel à travers le système éducatif se poursuit en ce moment même, nos enfants vont à l’école où on ne leur apprend pas ce que c’est qu’être Lakota, leur identité Lakota n’en sort pas renforcée » dit Victorio Camp, un des organisateurs de Owe Aku. Au cours des ateliers sur l’organisation efficace et la création d’alliances intergénérationnelles et interraciales, un jeune homme a déclaré « Je hais parce que j’ai peur de perdre tout ce que j’aime. Me retrouver ici au milieu de gens de tous âges et de toutes races m’aide à me débarrasser de çà et à apprendre à travailler pour plus de solidarité. »

Des gens sont venus de Floride, de Californie, de New York, du Canada et de tous les coins des Grandes Plaines. « Nous avons négligé nos alliés blancs pendant si longtemps, parce que nos peuples ont subi tant de traumatismes causés par les blancs. Nous devons apprendre à nos alliés blancs comment nous aider. J’ai entendu le cri de guerre des femmes Lakota ‘nous voulons vivre’ tout au long de la route jusqu’à ma petite île du Canada et je suis venue ici. J’ai appris comment des alliés avaient besoin de travailler ensemble » dit Sasheen, une femme des Premières Nations.

Les ateliers sur l’action directe non-violente ont eu lieu chaque jour, dirigés par T.R. McKenzie de Deep Green Resistance de la Région des Grandes Plaines, et avec une formation sur les Racines Rouges par Vic Camp et Olowan Martinez. « Nous sommes ici pour apprendre de nos alliés autochtones et de leurs familles, et être avec eux dans leurs efforts pour obtenir la justice dans les questions d’environnement et pour arrêter le génocide toujours en cours à White Clay, Nebraska » dit McKenzie. « Nous irons à White Clay pour soutenir nos parentes au cours de leur Journée des Femmes pour la Paix » dit Vic Camp, « vu qu’elles vont là-bas pour s’exprimer. »

Les camps de formation s’Unir pour Combattre ont une composante active afin que les participants puissent mettre leurs capacités en pratique. L’action directe de ce Rassemblement de Solidarité comprenait la Journée des Femmes pour la Paix à White Clay.

White Clay, une localité de 14 habitants, se trouve à la limite de la Réserve Indienne de Pine Ridge. On y trouve quelques épiceries, deux restos, une station d’essence, un magasin pour ranch et quatre débits de bière à emporter. Depuis que les corps des Lakota Oglala Ron Hard Heart et Wallace Black Elk ont été retrouvés près de White Clay il y a plusieurs années, les Lakota ont marché sur White Clay à de nombreuses reprises, pour demander pourquoi ces deux meurtres n’avaient jamais été résolus tout comme beaucoup d’autres crimes commis au fil des années. Les quatre débits de bière vendent environs quatre millions de cannettes de bière par an, alors que les propriétaires savent que les lois de la Réserve de Pine Ridge interdisent la vente d’alcool. La Commission des Spiritueux du Nebraska (Nebraska Liquor Commission – NLC) leur accorde des licences, bien qu’elle soit parfaitement au courant des lois.

Les gens du Nebraska pour la Paix et d’autres ont soulevé le problème auprès de la Commission des Spiritueux plusieurs fois au cours de la dernière décennie, le film La Bataille de White Clay a été fait ; la Tribu Sioux Oglala a porté plainte contre les grands distributeurs de bière. Olowan Martinez, une Lakota Oglala de Pine Ridge, a organisé la plus récente manifestation à White Clay en juin dernier et la Journée des Femmes Lakota pour la Paix le 26 août. « J’ai voulu rassembler les gens pour marcher sur White Clay, rassembler les femmes et leurs enfants, nos alliés de Deep Green Resistance, pour faire savoir aux tenanciers de bars que nous voulons qu’ils cessent de vendre de l’alcool aux gens de notre peuple. Ils se moquent pas mal que notre peuple souffre de l’alcoolisme, que nous ayons un taux de suicide très élevé, ils détournent nos jeunes et on retrouve une cannette de bière sous leur cadavre. Notre police tribale en souffre et est fatiguée de ramasser nos jeunes. Nous avons eu assez de deuils. Ce génocide liquide doit prendre fin » dit O. Martinez.

La Journée des Femmes Lakota Pour la Paix n’avait pas pour but de s’occuper des buveurs individuels, il y a des dizaines de bureaux d’aide sociale pour cela dans la réserve. Les gens à la rue qui boivent 24 heures sur 24 à White Clay ne sont pas la cause de l’existence de White Clay, ils en sont le résultat ! Leur but était plutôt de dénoncer les pratiques légales et administratives de l’état du Nebraska qui autorise l’exploitation délibérée du problème, la contrebande à la frontière de l’état, les meurtres non résolus et d’autres crimes dans une localité de 14 habitants.

Là-bas, il n’y a pas d’église, pas d’école, pas de toilettes publiques, pas de poste de police, ni autres services publiques ; la poste est à l’intérieur d’une épicerie. Une douzaine de bâtiments abandonnés se balancent et semblent prêts à s’effondrer, certains sont dans cet état depuis vingt ans. Les anciens se souviennent des bars d’autrefois, mais ils ont tous brulé au moins une fois et n’ont jamais été reconstruits. Les propriétaires ont remplacé leurs bars par des débits de bière à emporter. J’ai lu quelque part que la seule chose qui manque à White Clay pour être officiellement considéré comme un enfer de la rue, c’est un endroit où on peut vendre son sang.

Environs deux cent cinquante personnes se sont retrouvées à midi sur le parking de Billy Mills Hall à Pine Ridge Village, et après une prière, elles ont marché vers White Clay par une chaleur de 38 degrés. Les enfants portaient des miniatures de chevaux, d’aigles et de bourdons faites à Kiza Park pendant le Rassemblement de Solidarité, et les alliés portaient une marionnette représentant une femme Lakota de six mètres de haut. Les Chanteurs de la Nation Elk conduisaient la marche, avec des hommes Lakota qui portaient des bâtons et des drapeaux. Des voitures suivaient les marcheurs qui ont été accueillis à la frontière du Nebraska par quatre unités de police du Comté de Sheridan et huit officiers, qui ont fermé la route derrière nous. Dans les trente minutes qui suivirent, plusieurs agents de la Police Tribale Sioux Oglala sont arrivés et ont stationné leurs unités à la frontière de la réserve.

Les gens ont formé un cercle au milieu de la localité et des jeunes gens ont brulé de la sauge. Parmi les orateurs invités il y avait Arlette Loud Hawk, Tokala Kit Fox Warrior Society Whip Bearer ; Michelle Tyon du Projet pour le Prisonnier Cante Tinza (Brave Heart : Cœur Brave) ; Olowan Martinez, Lakota Oglala ; Eileen Janis, du Projet de Prévention du Suicide Sweetgrass ; et moi. La Patrouille des Autoroutes du Nebraska a érigé une barricade en travers de la route au sud de White Clay, avec huit à dix unités de police et environs vingt agents de l’état.

Les Chanteurs de la Nation Elk ont chanté des chants d’honneur, de guerre et de prières. Deep Green Resistance s’est lancé dans l’action directe, quand des membres ont aidé cinq personnes à former une chaîne humaine à travers la route principale. Des membres des tribus et des alliés du Rassemblement de Solidarité ont formé un cercle de ‘ligne de non reddition’ autour de la chaîne et des membres de la base de l’AIM ont formé une ligne au nord de la chaîne de Deep Green Resistance. Des jeunes membres de la tribu entrant en ville par le nord ont commencé à hurler, des gens ont couru voir se qui se passait, trois hommes adultes au débit de bière Arrow Head Inn hurlaient et essayaient de frapper un jeune et un policier du Nebraska a embarqué le jeune et mis dans son véhicule. Un des hommes de l’Arrow Head Inn a été entendu en train de crier « lapin de la jungle retourne d’où tu viens » à un jeune de la tribu. « Salopes blanches » dit-il à propos des femmes de Deep Green Resistance. Un jeune a regardé dans la voiture de flics et demandé pourquoi ils avaient un gamin de 14 ans là-dedans, l’officier de police lui a envoyé du poivre en pleine figure ainsi qu’à de nombreuses personnes qui se trouvaient à proximité. L’officier a démarré, emboutissant des gens sur son passage, jusqu’à ce que plusieurs jeunes hommes se plantent devant la voiture et refusent de bouger jusqu’à ce que la mère du gamin puisse arriver sur les lieus. Le personnel médical du Rassemblement de Solidarité rinçait les yeux des victimes du jet de poivre, parmi lesquels il y avait un gamin de dix ans, Wakinyan Conroy. La voiture de police a blessé une femme qu’elle a heurté ; l’Hôpital de Pine Ridge a envoyé une ambulance. La Police Tribale est entrée dans White Clay et a mis un terme à une attaque verbale devant l’Arrow Head Inn, entre le propriétaire, ses amis et les organisateurs de la manifestation.

Une femme ivre criait depuis une heure « Vous voulez vous battre ? » tout en poussant les gens. Nous lui avons demandé de se joindre à nous, elle a refusé. Elle était soûle et disait qu’un propriétaire de bar lui avait donné de la bière pour ‘foutre la merde’, et beaucoup d’entre nous, les femmes âgées, avons demandé à la police du Nebraska pourquoi ils ne l’arrêtaient pas. « Elle n’enfreint aucune loi » dit le Sheriff. Quant elle a commencé à menacer les gens du poing, à cracher sur eux, un Officier de la Police Tribale a hurlé au Sheriff de l’arrêter, alors finalement il l’a mise dans une voiture de police du Comté de Sheridan.

Plusieurs hommes de l’AIM et des membres de la tribu Oglala ont formé une ligne près du barrage de Deep Green Resistance et n’ont pas bougé pendant plusieurs heures. La Police du Comté de Sheridan et les Policiers de l’état du Nebraska ne savaient pas quoi faire ! Ils ont finalement décidé d’embarquer les membres de Deep Green Resistance qui formaient le barrage à la prison de Rushville, après avoir reçu plusieurs coups de téléphone de résidents du Nebraska qui se plaignaient de ne pas pouvoir traverser White Clay. Un camion tirant une remorque pour chevaux est arrivé dans le patelin. Tom Cheyenne, Tom Poor Bear et Alex White Plume ont pris la parole pour dire que le barrage de Deep Green Resistance était là pour faire savoir au monde qu’ils soutenaient les femmes Lakota dans leur initiative d’attirer l’attention sur les pratiques prédatrices de la Commission des Spiritueux du Nebraska, du gouvernement du Nebraska et du Comté de Sheridan envers les gens de la Réserve de Pine Ridge, et que par conséquent, pour soutenir Deep Green Resistance, les gens laisseraient la police les embarquer. Entretemps, la nuit tombait. Les cinq personnes qui formaient le barrage ont été emmenées dans la remorque pour chevaux, sur des tas de crottin, et conduites à 38 kilomètres, à Rushville – suivies par leur avocate Lisa Adams – où elles ont été citées à comparaître et relâchées sous caution personnelle. Le Bureau des Avocats du Comté de Sheridan a déclaré que des mises en examen sont à venir et seront prononcées le 31 août. Beaucoup de gens parlent d’abus policiers et de nombreuses violations des droits des citoyens.

Ceux d’entre nous qui restaient sont retournés à Kiza Park, ont fait un compte-rendu, ont pris le dîner, et ont attendu le retour de ceux qui avaient été arrêtés et de leurs défenseurs. Lorsqu’ils sont revenus, ils ont été soignés par notre équipe médicale, une personne a du être emmenée à l’hôpital. Il y avait de la tristesse, parce que de la violence avait été exercée sur notre groupe par des ivrognes, des Indiens achetés, la police du Nebraska, mais aussi du réconfort, exprimé par beaucoup de femmes Lakota qui ont dit s’être senties tellement aimées par leurs parents masculins venus les soutenir qu’il y avait de l’espoir que l’exploitation de notre peuple par White Clay et ses maîtres d’opérette finisse, et que plus d’efforts continueront à être faits, dans la solidarité. (Des vidéos des incidents cités dans cet article sont disponibles – Voir article original en Anglais)

Photos des incidents prises par des participants à la manif

Voir aussi l’article de juin 2012 sur White Clay et la révolte des femmes Lakota contre ce qui s’y passe

Publié par Censored News le 12 juin 2012
Traduction Christine Prat

Des Lakota bloquent les boutiques de Whiteclay avec des membres de Deep Green Resistance

Des membres de Deep Green Resistance [Résistance profondément verte] se sont joints à leurs alliés Lakota de Pine Ridge dans une action contre Whiteclay, une petite bourgade du Nebraska avec une population de 14 habitants et 4 boutiques d’alcool. Depuis des années, l’économie de la commune rurale isolée repose sur l’exploitation des Lakota.

 

Par Infoshop News et Deep Green Resistance

http://news.infoshop.org/article.php?story=20120610144246211

http://deepgreenresistance.org/whiteclay-blockade/

WHITECLAY, Nebraska – Des activistes de tout le pays ont participé à une action de désobéissance civile dans la bourgade de Whiteclay, Nebraska. Des organisateurs venus de Deep Green Resistance, Dés-occupez Albuquerque, Occupez Lincoln et des Lakota ont attaché des verrous à leurs cou et ont formé une chaîne reliant des paires de manifestants, bloquant la route qui traverse la ‘ville’ pour attirer l’attention sur l’infâme industrie de l’alcool de la localité. Après que la route principale ait été bloquée pendant trois heures et demie, la police a accepté de travailler avec des femmes Lakota pour enquêter sur la pléthore de crimes et d’infractions commis par les propriétaires des quatre lieus de trafic d’alcool de Whiteclay. En plus du blocage, les femmes Lakota ont collé des avis d’éviction donnant aux boutiques d’alcool 30 jours pour changer de commerce et arrêter de vendre de l’alcool. Les organisateurs sont aussi déterminés à attaquer les brasseries qui fournissent les boutiques.

« L’action de Whiteclay est la première d’une série destinée à s’assurer que les poisons d’Anheiser-Busch et Coors ne contaminent pas une autre Génération de nos Lakota ici à l’intérieur de Notre Patrie » dit Olowan Martinez, un des organisateurs Lakota de l’action.

Parlant de la position déterminée prise par elle-même et d’autres femmes Lakota, O. Martinez dit « Nous sommes celles qui donnent la vie à cette Nation et nous comptons que dans les 30 jours suivant le 9 juin 2012 ces commerces acceptent de changer leur type d’activité. S’ils refusent, Nous, les Femmes considèrerons qu’il s’agit d’une violation de la paix contre nos générations futures. C’est notre responsabilité, en tant que Donneuses de Vie de la Nation Lakota de protéger notre Futur par tous les moyens nécessaires, pas seulement à Whiteclay, Nebraska, mais aussi dans les bourgades à la frontière, Gordon, Martin, Boondocks, Rushville et Olreichs. »

Les quatre boutiques d’alcool de Whiteclay (une bourgade peuplée par 14 habitants !) agissent dans une illégalité chronique et un manque absolu de considérations éthiques. Les boutiques violent à répétition et quotidiennement les termes de leurs licences de commerce d’alcool en autorisant la consommation sur place et la vente à des gens déjà ivres et alcooliques notoires. Les boutiques de Whiteclay sont connues pour vendre à des mineurs et tout le monde sait que les vendeurs donnent de l’alcool en échange de prestations sexuelles et attaquent des femmes.

L’acte de désobéissance civile à eu lieu après la Marche pour la Justice 2012, une marche annuelle de Pine Ridge à Whiteclay commémorant les victimes de Whiteclay, parmi lesquelles Loren et Wally Black Elk et Ron Hard Heart. Plusieurs centaines de personnes ont participé à la marche, pour demander justice pour les innombrables victimes de l’alcool de Whiteclay. Vers la fin de la marche, sept activistes se sont enchaînés et ont bloqué la seule route traversant Whiteclay. L’action a coûté au commerce de l’alcool environs 1000 dollars sur la vente d’alcool au cours de la lutte ininterrompue contre le génocide par l’alcool des Lakota Oglala.

« Deep Green Resistance est ici aujourd’hui pour soutenir les Lakota Oglala contre Whiteclay, une pièce maîtresse dans le génocide en toujours en cours des Lakota et de leur culture. Comme alliés, nous sommes ici pour faire un rempart de nos corps en solidarité avec leur lutte » dit T.R. McKenzie, un des participants au blocus et coordinateur de Deep Green Resistance Great Plains [D.G.R. pour les Grandes Plaines].

Le blocus a cessé après que la police ait signé un accord écrit, promettant de rencontrer et de collaborer avec les femmes Lakota pour mener une enquête sur l’activité illégale rampante et les infractions des boutiques d’alcool de Whiteclay. Ayant obtenu la possibilité d’agir directement sur l’infrastructure du commerce d’alcool de Whiteclay, les participants ont mis un terme au blocus.

Nous sommes loin d’avoir obtenu la Justice complète, et Whiteclay continue de permettre et d’effectuer la destruction des Lakota Oglala et des gens de Pine Ridge. La soumission des Lakota Oglala de Pine Ridge ne s’arrêtera pas tant que les boutiques d’alcool de Whiteclay continueront à fonctionner. Si les concessions accordées ne conduisent pas au changement demandé par les femmes Lakota, et si ceux qui ont du pouvoir ne respectent pas leur part de l’accord dans les 30 jours, l’escalade de la lutte continuera.