Photo Natalie Hand: des groupes Ecologistes se sont rassemblés lors des audiences publiques, en petits groupes pour éviter d’être arrêtés selon la nouvelle loi anti-manifestations du Dakota du Sud.

 

Depuis des décennies, les Lakota sont menacés par l’ouverture de mines d’uranium dans les Black Hills. Le 11 mai 2017, Owe Aku [Bring Back the Way, présidente Debra White Plume] a publié le message suivant, et le 18 mai, Lakota Country Times a publié un article sur la situation actuelle, écrit par Natalie Hand, en collaboration avec Owe Aku. Les deux sont traduits en français ci-dessous.

Christine Prat

 

En mars de cette année, l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement] a accordé deux propositions de permis à Powertech, une entreprise multinationale, branche de la compagnie canadienne Azarga Uranium Corporation. Si réunis, ces permis autoriseraient le forage de milliers de puits dans 14 secteurs différents. Ces puits seraient creusés jusqu’à des centaines de mètres dans le sol et perceraient le système de nappes aquifères Inyan Kara. Le deuxième permis a pour but d’autoriser l’évacuation des déchets dangereux de l’extraction d’uranium. Les permis exposeraient inutilement Lakota Oyate [la Grande Nation Sioux] au désastre de l’extraction d’uranium et constitueraient une perpétuation de la guerre de l’Amérique contre les peuples des Nations Rouges.

“Les nappes aquifères Inyan Kara, Minnelusa et Madison sont les principales sources d’eau souterraine dans le nord des Black Hills, le Dakota du Sud et le Wyoming, ainsi que les Bear Lodge Mountains, dans le Wyoming. Les nappes aquifères sont menacées dans les Bear Lodge Mountains et les Black Hills, et sont à environs 900 et 1500 mètres sous la surface du sol… Le mouvement de l’eau souterraine va de la zone d’affleurement vers le centre du Dakota du Sud.”

[Etude d’USGS, en anglais, https://pubs.er.usgs.gov/publication/wri864158 ]

Trois réunions d’information publiques ont eu lieu, à Rapid City, Hot Springs et Edgemont. La dirigeante d’Owe Aku, Debra White Plume a témoigné à Edgemont.

 

LES PROTECTEURS DE L’EAU D’OWE AKU COMBATTENT L’URANIUM DANS LES BLACK HILLS

Powertech concède : “l’eau est déjà de mauvaise qualité”

Par Natalie Hand
Pour Lakota Country Times, en collaboration avec Lakota Media Project
Publié le 18 mai 2017
Traduction Christine Prat

 

EDGEMONT, Dakota du Sud – Une série de réunions pour commentaires publiques organisés par l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis, Région 8, s’est terminée par la réunion finale à Edgemont, le 11 mai.

Edgemont, une localité située dans le sud des Black Hills, n’est pas étrangère à l’extraction d’uranium. L’uranium, utilisé pour alimenter les centrales nucléaires, a été découvert près d’Edgemont en 1952, avant que les règles actuelles sur l’environnement n’aient été adoptées. Pendant des décennies, l’extraction en plein air a été pratiquée, jusqu’au milieu des années 1980, quand les mines ont été abandonnées à cause de la chute des cours de l’uranium.

Dans des puits d’eau à usage domestique, situés près des mines abandonnées, des taux de radium excédant les normes pour l’eau potable ont déjà été trouvés, et l’un d’entre eux présentait des taux d’uranium dangereux. D’autres résultats de l’évaluation préliminaire ont indiqué la présence de radionucléides dans des échantillons d’eau de surface de Pass Creek, Beaver Creek et de la Rivière Cheyenne.

30 ans plus tard, une nouvelle compagnie, Powertech Inc., une branche d’Azarga Uranium, basée à Hong Kong, cherche à réactiver l’extraction d’uranium dans la même région.

Powertech a passé les 11 dernières années à essayer de remettre en route la Mine d’Uranium Dewey Burdock et a anticipé l’approbation de l’EPA en 2017, d’après Mark Hollenbeck, Directeur de Projet de la Mine d’Uranium Dewey Burdock pour Powertech.

Powertech a l’intention d’utiliser plus d’un million de mètre-cubes d’eau souterraine de la nappe Madison par an, pour remplacer l’eau pompée des nappes aquifères Inyan Kara par les opérations de récupération d’uranium et les activités de restauration des eaux souterraines.

Cependant, les opposants ont toujours été fermes pour empêcher le projet dans cette région susceptible de sécheresses, se référant aux dangers pour la santé publique, la terre et l’eau. Des rassemblements ont été organisés dans chaque lieu de réunion publique.

Tonya Stands, une Oglala, est l’organisatrice des rassemblements et membre de No Uranium in Treaty Territory [Pas d’Uranium en Territoire sous Traité]

T. Stands a déclaré “Nous avons collaboré avec l’Alliance pour l’Eau Propre des Black Hills, l’Action Rurale du Dakota, l’Union des Sœurs pour Protéger l’Eau Sacrée, et d’autres pour diffuser l’information sur les audiences de l’EPA et informer les gens sur la protection de l’eau, en fournissant des repas et en organisant des marches de prière”.

Isaiah Cox, 11 ans, de Hot Springs, a renoncé à son voyage scolaire à Evan’s Plunge pour assister à la réunion.

“Je suis allé à l’audience de Hot Springs et ça m’a intéressé. Alors je suis venu ici aujourd’hui pour exprimer mon opinion. Les agriculteurs ont besoin d’eau. Les animaux et les plantes ont besoin d’eau saine. Cette mine abimera notre eau,” dit Cox.

M. Hollenbeck, avec d’autres mineurs d’uranium locaux en retraite, a assisté à l’audience et entrepris de rejeter les craintes du public.

“Nous ne faisons qu’ajouter de l’oxygène et de l’oxyde de carbone pour extraire l’uranium. Donc, ce que nous extrayons du sol est ce que nous remettons dans le sol. L’idée selon laquelle cette eau est bonne est erronée. C’est de l’eau polluée au départ. Nous ne pouvons pas boire cette eau aujourd’hui. Ce ne sera pas exactement la même, mais elle sera utile, comme elle l’a été” remarqua Hollenbeck.

Hollenbeck est un éleveur garanti bio qui fait paître son troupeau près du site de la mine et est convaincu que son bétail est sain pour la consommation humaine.

Judy Schumacher, de Provo Township, n’est pas d’accord.

“J’ai grandi dans un ranch près de Buffalo, dans le Dakota du Sud. Nos vaches blanchissaient et mouraient après avoir bu dans des mares où les tests de forage d’uranium avaient eu lieu dans les années 1950-60. J’ai survécu à un cancer et ma fille a eu un cancer à 22 ans. On ne peut pas nettoyer les radiations dans l’eau. Je veux savoir comment Powertech va garantir que ce n’est pas dangereux” dit J. Schumacher.

Debra White Plume (une Lakota Oglala) de Porcupine, dans le Dakota du Sud, s’est adressée aux officiels de l’EPA.

“Vous n’êtes pas la première commission pour la paix à venir ici. Il y en a déjà eu une, il y a 149 ans, pour négocier le Traité de Fort Laramie de 1868 et le Traité de Horse Creek de 1851 avec nos ancêtres. Ce traité maintenait une base territoriale et des droits sur l’eau pour les Nations Lakota, Cheyenne et Arapaho. Je ne veux pas autoriser Azarga à empiéter sur notre territoire ancestral. La Déclaration sur les Droits de Peuples Autochtones des Nations Unies dit que les gouvernements doivent avoir le consentement libre, préalable et informé des Peuples Autochtones avant de procéder à un développement, et nous ne l’avons pas eu” dit Debra White Plume.

Debra White Plume est la principale plaignante dans l’affaire contre l’expansion de la mine d’uranium de Cameco Corporation près de Crawford, dans le Nebraska. D’après Debra White Plume, les déchets radioactifs ont fui pendant 4 ans avant d’être détectés sur le site de la mine.

Les officiels de l’EPA ont remarqué que ça prendrait plusieurs semaines pour consulter les témoignages écrits et publiques avant d’arriver à une décision sur les permis de Powertech.

 

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