INDIEN SOBRE, INDIEN DANGEREUX: WIOWEYA NAJIN WIN SUR LA LIBERATION DE L’ESPRIT PAR LA SOBRIETE, POUR LUTTER POUR UNE PENSEE DECOLONISEE ET CLAIRE, ET POUR LA PRESERVATION DU MODE DE VIE LAKOTA

 

La dirigeante de Owe Aku parle de la sobriété, d’un esprit libre de manipulation, et d’une pensée claire, qui crée un “Indien” qui ose résister pour les droits de son peuple et les droits de la Terre. C’est effectivement un Indien dangereux dans le monde d’aujourd’hui.

Wioweya Najin Win est en train de créer, dans le jardin cérémoniel et de plantes médicinales d’Owe Aku, un instrument d’apprentissage traditionnel pour les Oyate, spécialement les jeunes.

 

Par Wioweya Najin Win
25 août 2017
Traduction Christine Prat

On m’a questionnée, et même affrontée, à propos du slogan “Indien Sobre, Indien Dangereux”. Donc, je vais donner quelques informations sur le contexte. Ça pourrait devenir une LONGUE explication. L’action qui a inspiré ce slogan s’est produite il y a quelques années, à White Clay, durant la Journée des Femmes pour la Paix, organisée par Olowan Sara Martinez et quelques autres. Ce fut une grande manifestation et un grand rassemblement, avec des figurines faites à la main, apportées par des alliés, entre autres une tortue, un aigle, et une énorme marionnette symbolisant Pte San Win, la Femme Bison Blanc, nous surplombant tous. Arlette Loud Hawk et d’autres femmes ont fait des discours. Nous avions une banderole disant “Plus de Génocide”. J’ai fait le signe peint de la petite main, qui dit “Indien Sobre, Indien Dangereux, Indien Mitakuyepi Libère Ton Esprit”.

L’idée derrière ce signe – qui comporte aussi une roue médecine aux quatre couleurs de la Danse du Soleil – est que si nous ne contrôlons pas nos propres esprits, notre propre pensée, nous sommes manipulés et contrôlés par quelque chose d’extérieur à notre esprit, notre cœur et notre corps. Si nous sommes constamment, pendant des années, des décennies, à avoir besoin d’alcool et à faire n’importe quoi pour en avoir, c’est cette addiction qui nous contrôle, pas nos propres désirs. Beaucoup d’alcooliques souhaitent arrêter de boire, et être libérés de la souffrance et du traumatisme. Je le sais bien. Je connais les combats de l’alcoolique contre lui ou elle-même, quand il ou elle boit jusqu’au néant, jusqu’à l’abrutissement. Pour échapper au traumatisme et à la souffrance. Les esclaves de l’alcool ne contrôlent pas leur propre pensée ni leurs propres actes. L’alcool les contrôle. Ainsi, il n’y a pas de liberté, dans ce monde-là. Il n’y a que la dépendance à l’alcool. L’addiction est derrière les mensonges, les manipulations, les accusations, les justifications, la minimisation, les distorsions de la vérité et tous les autres moyens dont l’alcoolique a besoin, non seulement pour obtenir sa boisson, mais aussi pour construire et maintenir un système de soutien qui lui permet de continuer à boire SANS CONSEQUENCES. Ainsi, il ou elle n’est pas blâmé(e), et reste hors de la lumière des projecteurs.

La réalité maladive, déformée et non-fonctionnelle de l’alcoolique touche tous ceux qui l’entourent. Il nous ment, nous manipule, ment sur notre compte, nous accuse quand nous essayons d’intervenir, par amour et inquiétude. Ce système de soutien de l’alcoolique est son co-dépendant, ce qui lui permet d’être tel. Ça lui permet de rester ivre et de maintenir les conduites qui vont avec. J’ai entendu trop de récits de victimes et de témoins d’alcooliques agressant sexuellement des enfants, des épouses ou d’autres femmes, et des hommes aussi. De la violence envers le conjoint, des vols de parents, d’attaques physiques violentes, de cambriolages, d’accidents de voiture, d’attaques au couteau, de coups de fusil. J’ai entendu des jeunes me dire comment, alors qu’ils se saoulaient, quelqu’un leur avait offert de la méthadone et qu’ils s’étaient laissés piquer, pour se retrouver en plus accro à la méthadone.

Etre sobre veut dire pouvoir penser ses propres pensées et aller en bonne santé dans le bien-être et dans la sobriété. Etre sobre veut dire produire sa propre pensée et faire ses propres choix. Aller à l’école, trouver du travail, toutes les décisions à long terme qui prennent du temps pour réussir. Etre sobre veut dire vous occuper de votre traumatisme, et commencer à en guérir de la bonne manière. Etre sobre veut dire que c’est à vous de faire votre propre vie et la vie de vos enfants. Aider son peuple en étant sobre et contribuer au bien de sa famille, de sa communauté, de son voisinage, du feu de camp, de la Nation, de Notre Mère la Terre. Ne pas être un profiteur, un drain des ressources en énergie. Etre sobre signifie pouvoir vivre LA BONNE VOIE ROUGE en tant que personne Lakota. Etre sobre signifie être conscient d’avoir le pouvoir de pensée et d’action pour avoir des chances dans la vie. Etre sobre signifie que l’alcool ne vous contrôle plus.

Et ça peut vouloir dire que vous êtes dangereux maintenant, parce que la pisse de l’homme blanc ne domine plus chacune de vos pensées et chacun de vos actes. Dangereux veut dire que vous pourriez bien commencer à penser que votre peuple s’est fait f*tre de lui depuis beaucoup trop longtemps, que Notre Mère la Terre est en train de se faire f*tre maintenant. Dangereux veut dire que vous pourriez commencer à défendre vos droits en tant qu’humain, en tant que Lakota, en tant que femme, en tant que mère. Dangereux veut dire qu’on ne peut plus vous avoir, parce que vous avez un cerveau pour penser. Dangereux veut dire que vous pouvez comprendre comment vont les choses, maintenant. Dangereux veut dire que vous ne pouvez plus être manipulé ou trompé ou roulé. Ça veut dire que vous avez un esprit libre, maintenant.

Cette déclaration n’est pas un appel à la guerre, comme je viens d’en être accusée. A moins que ce ne soit une guerre pour nos propres esprits, notre propre mode de vie. Oui, nous sommes PRETS à la guerre, une guerre dont les armes sont l’alcool et la drogue utilisés contre nous et nos jeunes générations. Nous sommes déjà dans cette guerre, et nous sommes en train de perdre cette guerre à moins de devenir p*n de sobres et de nous défendre, et je ne parle pas d’armes modernes. Nos prières et notre amour mutuel, et notre mode de vie sont l’arme la plus puissante que nous ayons. Ces armes, l’homme blanc ne sait pas les combattre.

Alors, oui, je suis sobre et je suis dangereuse. Maintenant, vous connaissez l’histoire derrière ce slogan. Même l’imprimeur a eu peur de faire les t-shirts, mais il a rassemblé son courage et a imprimé les t-shirts. La banderole elle-même effraie certaines personnes. La liberté est effrayante, je suppose, quand vous êtes enfermés dans la prison de la colonisation, de la christianisation, de l’assimilation, du néocolonialisme, de l’oppression latérale et de beaucoup d’autres formes d’oppression que notre peuple subit quotidiennement. J’ai écrit ceci pour clarifier, et peut-être que maintenant les emails vont cesser. Merci à mes relations de prendre le temps de lire cette clarification.

— Wioweya Najin Win

 

 

Voir d’autres photos de la manif

Par Jessica Garraway / Deep Green Resistance Grandes Plaines
Publié sur Censored News

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Traduction Christine Prat

 

Deep Green Resistance News Service, 26 août 2012

Des femmes de la nation Lakota Oglala, ainsi que des activists de Deep Green Resistance, de l’AIM de base [AIM Grassroots], Dés-Occupez Albuquerque, Occupez Lincoln et du Centre pour la Justice et la Paix des Rocky Mountain, ont pris part à une marche de Billy Mills Hall à Pine Ridge à la localité de White Clay [Nebraska] pour protester contre l’industrie prédatrice des spiritueux fort présente là-bas.

White Clay a une population de 14 habitants, et cependant 4 commerces d’alcool qui vendent 12500 boîtes de bière par jour. Ces commerces ont été signalés régulièrement pour avoir vendu de l’alcool à des trafiquants, des alcooliques, des mineurs et pour échanger de la bière contre des faveurs sexuelles.

« Depuis plus de 100 ans les femmes de la nation Lakota Oglala ont été confrontées à une agression contre la raison, le corps et l’esprit de leurs parents », dit Olowan Martinez qui est l’une des principales organisatrices de la manifestation et résidente de Pine Ridge. « Les Oglala ont été réduits au silence par une guerre chimique menée par les entreprises qui veulent exploiter et engranger des profits de la souffrance et de la misère de notre peuple. Le temps est venu de mettre un terme à cette souffrance par tous les moyens nécessaires. »

Debra White Plus, une activiste Lakota et résidente de Pine Ridge a déclaré dans son adresse au public « Un Indien sobre est un Indien dangereux. Nous devons faire passer le message à l’état du Nebraska et à ses citoyens que nous ne tolérerons plus le cours habituel. C’est la Journée des Femmes pour la Paix, mais cette paix sera bientôt rompue. »

Après la marche et les discours, des membres de Deep Green Resistance se sont enchaînés et ont bloqué la route d’accès à White Clay.

Moins d’une demi-heure plus tard, un officier de police a baissé la vitre de son véhicule et commencé a asperger au hasard la foule de gaz poivré. Jusqu’à 12 personnes ont été atteintes, parmi elles le fils de 10 ans d’une femme Lakota qui avait aidé à organiser la marche. Egalement, une femme d’un certain âge, Helen Red Feather, a dit avoir été heurtée à la jambe par un véhicule de police. Le personnel médical de l’organisation a soigné les blessures causées par le poivre.

A 7h39, les cinq activistes qui s’étaient enchaînés ont été embarqués dans une remorque pour chevaux à la prison du Comté de Sheridan à Rushville. Depuis, ils ont été libérés sous caution personnelle.

Aujourd’hui, justice est loin d’être faite, étant donné que White Clay continue à permettre et mettre en pratique la destruction des Lakota Oglala et des gens de Pine Ridge. La soumission perpétuelle des Lakota Oglala de la Réserve de Pine Ridge ne cessera pas tant que les commerces de spiritueux de White Clay continueront de fonctionner.

Le slogan « Çà prendra le temps qu’il faudra ! » a été lancé par ceux qui se sont enchaînés et les gens qui étaient avec eux dans la foule au début de l’action. La lutte continue.

 

Pour prendre contact avec Jessica Garraway :
Email : garrawaj@riseup.net
Tel.: 00 1 253 906 4740

Voir aussi l’article annonçant la manifestation
et l’article sur la manifestation de juin dernier

l’article de Debra White Plume donnant une description détaillée des incidents
De nombreuses photos des incidents

Rassemblement de solidarité, remorques pour chevaux, et la Journée de la Paix des Femmes Lakota

Par Debra White Plume, écrit sur les rives de Wounded Knee Creek, 29 août 2012
Publié sur Censored News

See original article in English

Traduction Christine Prat

 

Owe Aku (Ramenez la Voie, une ONG Lakota de base) a accueilli un Rassemblement de Solidarité de cinq jours à Kiza Park, près de Manderson, au Dakota du Sud. Deep Green Resistance, le Mouvement de Jeunesse Autochtone [Native Youth Movement], Dés-Occupez Albuquerque, Occupez Lincoln, le Centre pour la Paix et la Justice des Rocky Mountains, Occupez Wall Street, Résistance Radicale, Owe Aku, et les Femmes de la Nation Lakota Oglala ont co-organisé le rassemblement.

Les organisations ont envoyé des représentants pour renforcer les contacts et former de nouvelles alliances entre les divers groupes qui travaillent sur les questions de justice sociale, de justice environnementale et pour préserver les cultures traditionnelles des Nations Autochtones. Les sujets d’étude comprenaient les Alliés Blancs Travaillant avec des Nations Rouges, l’Action Directe Non- violente, la Justice dans les Médias, la Protection de l’Eau Sacrée, et de nombreux ateliers avaient pour but d’améliorer les capacités d’organisation et de combler le fossé entre des gens de différentes couleurs et origines géographiques. Owe Aku a accueilli des camps initiant à s’Unir pour Combattre depuis 2005, au cours desquels des centaines de participants ont suivi les quatre à six jours d’expérience éducative. L’organisation et l’acquisition de capacités pour les activistes sont le fil conducteur de la formation, ainsi que la solidarité et la mise en valeur d’une question particulière choisie par les participants et qui doit être suivie par une action directe. La colonisation du peuple Lakota, y compris l’utilisation d’alcool et les pratiques prédatrices du gouvernement du Nebraska et de la ville de White Clay, était une des questions majeures, tout comme les impacts de l’oléoduc Keystone XL, dont un tronçon est projeté dans cette région par TransCanada, Inc.

La formation en ‘Décolonisation et Changement Social’ a eu lieu tous les jours, afin que tous les individus puissent passer du temps avec les facilitateurs et les autres participants. La difficulté à travailler au changement social tout en étant confronté à la colonisation pour le peuple Lakota a été un sujet majeur.

« La colonisation et le génocide culturel à travers le système éducatif se poursuit en ce moment même, nos enfants vont à l’école où on ne leur apprend pas ce que c’est qu’être Lakota, leur identité Lakota n’en sort pas renforcée » dit Victorio Camp, un des organisateurs de Owe Aku. Au cours des ateliers sur l’organisation efficace et la création d’alliances intergénérationnelles et interraciales, un jeune homme a déclaré « Je hais parce que j’ai peur de perdre tout ce que j’aime. Me retrouver ici au milieu de gens de tous âges et de toutes races m’aide à me débarrasser de çà et à apprendre à travailler pour plus de solidarité. »

Des gens sont venus de Floride, de Californie, de New York, du Canada et de tous les coins des Grandes Plaines. « Nous avons négligé nos alliés blancs pendant si longtemps, parce que nos peuples ont subi tant de traumatismes causés par les blancs. Nous devons apprendre à nos alliés blancs comment nous aider. J’ai entendu le cri de guerre des femmes Lakota ‘nous voulons vivre’ tout au long de la route jusqu’à ma petite île du Canada et je suis venue ici. J’ai appris comment des alliés avaient besoin de travailler ensemble » dit Sasheen, une femme des Premières Nations.

Les ateliers sur l’action directe non-violente ont eu lieu chaque jour, dirigés par T.R. McKenzie de Deep Green Resistance de la Région des Grandes Plaines, et avec une formation sur les Racines Rouges par Vic Camp et Olowan Martinez. « Nous sommes ici pour apprendre de nos alliés autochtones et de leurs familles, et être avec eux dans leurs efforts pour obtenir la justice dans les questions d’environnement et pour arrêter le génocide toujours en cours à White Clay, Nebraska » dit McKenzie. « Nous irons à White Clay pour soutenir nos parentes au cours de leur Journée des Femmes pour la Paix » dit Vic Camp, « vu qu’elles vont là-bas pour s’exprimer. »

Les camps de formation s’Unir pour Combattre ont une composante active afin que les participants puissent mettre leurs capacités en pratique. L’action directe de ce Rassemblement de Solidarité comprenait la Journée des Femmes pour la Paix à White Clay.

White Clay, une localité de 14 habitants, se trouve à la limite de la Réserve Indienne de Pine Ridge. On y trouve quelques épiceries, deux restos, une station d’essence, un magasin pour ranch et quatre débits de bière à emporter. Depuis que les corps des Lakota Oglala Ron Hard Heart et Wallace Black Elk ont été retrouvés près de White Clay il y a plusieurs années, les Lakota ont marché sur White Clay à de nombreuses reprises, pour demander pourquoi ces deux meurtres n’avaient jamais été résolus tout comme beaucoup d’autres crimes commis au fil des années. Les quatre débits de bière vendent environs quatre millions de cannettes de bière par an, alors que les propriétaires savent que les lois de la Réserve de Pine Ridge interdisent la vente d’alcool. La Commission des Spiritueux du Nebraska (Nebraska Liquor Commission – NLC) leur accorde des licences, bien qu’elle soit parfaitement au courant des lois.

Les gens du Nebraska pour la Paix et d’autres ont soulevé le problème auprès de la Commission des Spiritueux plusieurs fois au cours de la dernière décennie, le film La Bataille de White Clay a été fait ; la Tribu Sioux Oglala a porté plainte contre les grands distributeurs de bière. Olowan Martinez, une Lakota Oglala de Pine Ridge, a organisé la plus récente manifestation à White Clay en juin dernier et la Journée des Femmes Lakota pour la Paix le 26 août. « J’ai voulu rassembler les gens pour marcher sur White Clay, rassembler les femmes et leurs enfants, nos alliés de Deep Green Resistance, pour faire savoir aux tenanciers de bars que nous voulons qu’ils cessent de vendre de l’alcool aux gens de notre peuple. Ils se moquent pas mal que notre peuple souffre de l’alcoolisme, que nous ayons un taux de suicide très élevé, ils détournent nos jeunes et on retrouve une cannette de bière sous leur cadavre. Notre police tribale en souffre et est fatiguée de ramasser nos jeunes. Nous avons eu assez de deuils. Ce génocide liquide doit prendre fin » dit O. Martinez.

La Journée des Femmes Lakota Pour la Paix n’avait pas pour but de s’occuper des buveurs individuels, il y a des dizaines de bureaux d’aide sociale pour cela dans la réserve. Les gens à la rue qui boivent 24 heures sur 24 à White Clay ne sont pas la cause de l’existence de White Clay, ils en sont le résultat ! Leur but était plutôt de dénoncer les pratiques légales et administratives de l’état du Nebraska qui autorise l’exploitation délibérée du problème, la contrebande à la frontière de l’état, les meurtres non résolus et d’autres crimes dans une localité de 14 habitants.

Là-bas, il n’y a pas d’église, pas d’école, pas de toilettes publiques, pas de poste de police, ni autres services publiques ; la poste est à l’intérieur d’une épicerie. Une douzaine de bâtiments abandonnés se balancent et semblent prêts à s’effondrer, certains sont dans cet état depuis vingt ans. Les anciens se souviennent des bars d’autrefois, mais ils ont tous brulé au moins une fois et n’ont jamais été reconstruits. Les propriétaires ont remplacé leurs bars par des débits de bière à emporter. J’ai lu quelque part que la seule chose qui manque à White Clay pour être officiellement considéré comme un enfer de la rue, c’est un endroit où on peut vendre son sang.

Environs deux cent cinquante personnes se sont retrouvées à midi sur le parking de Billy Mills Hall à Pine Ridge Village, et après une prière, elles ont marché vers White Clay par une chaleur de 38 degrés. Les enfants portaient des miniatures de chevaux, d’aigles et de bourdons faites à Kiza Park pendant le Rassemblement de Solidarité, et les alliés portaient une marionnette représentant une femme Lakota de six mètres de haut. Les Chanteurs de la Nation Elk conduisaient la marche, avec des hommes Lakota qui portaient des bâtons et des drapeaux. Des voitures suivaient les marcheurs qui ont été accueillis à la frontière du Nebraska par quatre unités de police du Comté de Sheridan et huit officiers, qui ont fermé la route derrière nous. Dans les trente minutes qui suivirent, plusieurs agents de la Police Tribale Sioux Oglala sont arrivés et ont stationné leurs unités à la frontière de la réserve.

Les gens ont formé un cercle au milieu de la localité et des jeunes gens ont brulé de la sauge. Parmi les orateurs invités il y avait Arlette Loud Hawk, Tokala Kit Fox Warrior Society Whip Bearer ; Michelle Tyon du Projet pour le Prisonnier Cante Tinza (Brave Heart : Cœur Brave) ; Olowan Martinez, Lakota Oglala ; Eileen Janis, du Projet de Prévention du Suicide Sweetgrass ; et moi. La Patrouille des Autoroutes du Nebraska a érigé une barricade en travers de la route au sud de White Clay, avec huit à dix unités de police et environs vingt agents de l’état.

Les Chanteurs de la Nation Elk ont chanté des chants d’honneur, de guerre et de prières. Deep Green Resistance s’est lancé dans l’action directe, quand des membres ont aidé cinq personnes à former une chaîne humaine à travers la route principale. Des membres des tribus et des alliés du Rassemblement de Solidarité ont formé un cercle de ‘ligne de non reddition’ autour de la chaîne et des membres de la base de l’AIM ont formé une ligne au nord de la chaîne de Deep Green Resistance. Des jeunes membres de la tribu entrant en ville par le nord ont commencé à hurler, des gens ont couru voir se qui se passait, trois hommes adultes au débit de bière Arrow Head Inn hurlaient et essayaient de frapper un jeune et un policier du Nebraska a embarqué le jeune et mis dans son véhicule. Un des hommes de l’Arrow Head Inn a été entendu en train de crier « lapin de la jungle retourne d’où tu viens » à un jeune de la tribu. « Salopes blanches » dit-il à propos des femmes de Deep Green Resistance. Un jeune a regardé dans la voiture de flics et demandé pourquoi ils avaient un gamin de 14 ans là-dedans, l’officier de police lui a envoyé du poivre en pleine figure ainsi qu’à de nombreuses personnes qui se trouvaient à proximité. L’officier a démarré, emboutissant des gens sur son passage, jusqu’à ce que plusieurs jeunes hommes se plantent devant la voiture et refusent de bouger jusqu’à ce que la mère du gamin puisse arriver sur les lieus. Le personnel médical du Rassemblement de Solidarité rinçait les yeux des victimes du jet de poivre, parmi lesquels il y avait un gamin de dix ans, Wakinyan Conroy. La voiture de police a blessé une femme qu’elle a heurté ; l’Hôpital de Pine Ridge a envoyé une ambulance. La Police Tribale est entrée dans White Clay et a mis un terme à une attaque verbale devant l’Arrow Head Inn, entre le propriétaire, ses amis et les organisateurs de la manifestation.

Une femme ivre criait depuis une heure « Vous voulez vous battre ? » tout en poussant les gens. Nous lui avons demandé de se joindre à nous, elle a refusé. Elle était soûle et disait qu’un propriétaire de bar lui avait donné de la bière pour ‘foutre la merde’, et beaucoup d’entre nous, les femmes âgées, avons demandé à la police du Nebraska pourquoi ils ne l’arrêtaient pas. « Elle n’enfreint aucune loi » dit le Sheriff. Quant elle a commencé à menacer les gens du poing, à cracher sur eux, un Officier de la Police Tribale a hurlé au Sheriff de l’arrêter, alors finalement il l’a mise dans une voiture de police du Comté de Sheridan.

Plusieurs hommes de l’AIM et des membres de la tribu Oglala ont formé une ligne près du barrage de Deep Green Resistance et n’ont pas bougé pendant plusieurs heures. La Police du Comté de Sheridan et les Policiers de l’état du Nebraska ne savaient pas quoi faire ! Ils ont finalement décidé d’embarquer les membres de Deep Green Resistance qui formaient le barrage à la prison de Rushville, après avoir reçu plusieurs coups de téléphone de résidents du Nebraska qui se plaignaient de ne pas pouvoir traverser White Clay. Un camion tirant une remorque pour chevaux est arrivé dans le patelin. Tom Cheyenne, Tom Poor Bear et Alex White Plume ont pris la parole pour dire que le barrage de Deep Green Resistance était là pour faire savoir au monde qu’ils soutenaient les femmes Lakota dans leur initiative d’attirer l’attention sur les pratiques prédatrices de la Commission des Spiritueux du Nebraska, du gouvernement du Nebraska et du Comté de Sheridan envers les gens de la Réserve de Pine Ridge, et que par conséquent, pour soutenir Deep Green Resistance, les gens laisseraient la police les embarquer. Entretemps, la nuit tombait. Les cinq personnes qui formaient le barrage ont été emmenées dans la remorque pour chevaux, sur des tas de crottin, et conduites à 38 kilomètres, à Rushville – suivies par leur avocate Lisa Adams – où elles ont été citées à comparaître et relâchées sous caution personnelle. Le Bureau des Avocats du Comté de Sheridan a déclaré que des mises en examen sont à venir et seront prononcées le 31 août. Beaucoup de gens parlent d’abus policiers et de nombreuses violations des droits des citoyens.

Ceux d’entre nous qui restaient sont retournés à Kiza Park, ont fait un compte-rendu, ont pris le dîner, et ont attendu le retour de ceux qui avaient été arrêtés et de leurs défenseurs. Lorsqu’ils sont revenus, ils ont été soignés par notre équipe médicale, une personne a du être emmenée à l’hôpital. Il y avait de la tristesse, parce que de la violence avait été exercée sur notre groupe par des ivrognes, des Indiens achetés, la police du Nebraska, mais aussi du réconfort, exprimé par beaucoup de femmes Lakota qui ont dit s’être senties tellement aimées par leurs parents masculins venus les soutenir qu’il y avait de l’espoir que l’exploitation de notre peuple par White Clay et ses maîtres d’opérette finisse, et que plus d’efforts continueront à être faits, dans la solidarité. (Des vidéos des incidents cités dans cet article sont disponibles – Voir article original en Anglais)

Photos des incidents prises par des participants à la manif

Voir aussi l’article de juin 2012 sur White Clay et la révolte des femmes Lakota contre ce qui s’y passe