DECOLONISER LA RESISTANCE AUX PIPELINES EN AMERIQUE DU NORD

 

Par Lee Veeraraghavan sur le site Occupy.com
Mardi 25 février 2014
See original article in English
Traduction Christine Prat

Tandis que la bataille contre l’oléoduc Keystone XL s’intensifie aux Etats-Unis, la Colombie Britannique au Canada fait face à des combats similaires. Le pipeline d’Enbridge Northern Gateway, s’il est approuvé, devrait transporter du bitume dilué des sables bitumineux d’Alberta jusqu’à la côte du Pacifique.

Le gaz de schiste du nord-est de la province doit aussi être transporté par gazoduc : le Pipeline Pacific Trails de Chevron-Apache, que certains considèrent comme un précurseur pour le Northern Gateway, dont les travaux de construction devaient commencer en 2013. Après avoir été repoussée d’un an, la construction du PTP a maintenant commencé – et la nouvelle phase de résistance s’est accrue en réaction. L’un des champs de bataille clef sera vraisemblablement le territoire Unis’tot’en, le Bird Clan de la Nation Wet’suwet’en.

De nombreux projets de pipelines, parmi lesquels le Northern Gateway et le Pacific Trails, doivent passer par le territoire des Unis’tot’en – un territoire qui n’a jamais été cédé à l’Etat Canadien. Cependant, les Unis’tot’en ont juré de bloquer tous les pipelines et de construire une cabane et une maison semi-souterraine sur le trajet. Ils ont aussi remis en vigueur un protocole traditionnel pour entrer dans leur territoire, afin d’écarter les arpenteurs-géomètres des compagnies de pipelines. Le protocole, mis en œuvre sur un pont sur Wedzin Kwah, la Rivière Morice encore sauvage, consiste en cinq questions : Qui êtes-vous et d’où venez-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? Combien de temps comptez-vous rester ? Travaillez-vous pour le gouvernement ou pour une industrie qui détruit ces terres ? En quoi votre visite bénéficiera t’elle au peuple Unis’tot’en ?

Le protocole indique un important changement dans la façon de penser les questions d’environnement : un changement qui reconnaît que le contrôle est aux mains des communautés Autochtones. L’activisme écologiste dominant est souvent pensé comme un impératif éthique fondé sur une exigence minimale déterminée par le discours scientifique. Ceci peut avoir l’effet regrettable de monter les groupes écologistes contre les communautés (souvent Autochtones) les plus affectées par la dévastation de l’environnement.

Et pourtant, dans le monde entier, les Peuples Autochtones sont à la pointe des mouvements qui voient l’écologie comme le résultat de l’adoption de pratiques locales longtemps réprimées par le colonialisme. Le point de vue Autochtone est cependant souvent réduit au silence : leur parole est laissée de côté en faveur des scientifiques et militants de l’environnement. J’ai eu récemment l’occasion de visiter le Camp Unist’ot’en et d’interviewer Freda Huson, porte-parole des Unist’ot’en.

Lee Veeraraghavan : La cabane, le camp, le barrage : tout cela a été dénoncé dans les médias et ailleurs comme opposition aux pipelines, mais l’ensemble du projet concerne beaucoup plus que cela. Pourriez-vous en parler ?

Freda Huson : Eh bien nous avons décidé de développer une communauté, et le but de cette communauté est de décoloniser notre peuple. Parce qu’avec les pensionnats Indiens et même les écoles publiques, ils ont essayé de faire oublier à notre peuple notre culture, qui nous sommes, et de l’intégrer à la société Canadienne. Et cela n’a pas apporté la justice à mon peuple. Voyez toutes ces réserves : les gens sont perdus, les jeunes ne trouvent pas leur place, ils tombent dans l’alcool et la drogue. Ils jouent toute la nuit, dorment toute la journée et sont quasiment morts – morts spirituellement. Ils sont comme des zombies qui essayent de s’adapter.

L.V. : Et la communauté que vous fondez ici est le premier d’une série de projets pour retourner à la terre ?

 F.H. : Nous ne la considérons pas encore comme guérison, mais c’est notre but ultime. Ma nièce doit passer son doctorat l’année prochaine – elle est psychologue – et son projet est de développer une loge de guérison pour ramener notre peuple là où nous étions avant. Nous sommes un peuple fort, et bien que notre culture soit intacte et toujours forte (c’est notre système de gouvernement), beaucoup de nos jeunes n’y adhèrent pas. Vous ne les voyez pas dans notre salle de Fête. C’est des gens de ma génération qui y sont. Moi-même, je n’ai commencé à y aller qu’il y a quatorze ans.

L.V. : Qu’est-ce qui vous a fait changer ?

F.H. : C’est le fait que mon père m’a dit « si tu ne participe pas au système de Fête, et que quelque chose arrive à un de tes enfants, il n’y aura personne pour t’aider ». Voyez les familles qui ne participent pas, s’il y a un décès, ou si quelqu’un tombe malade, il n’y a personne pour leur tendre la main, parce qu’ils ne font pas partie du système. Il m’a dit : « Il faut que tu commences à y aller. Si tu veux que quelqu’un t’aide, il faut que tu commences par participer et aider les autres, et alors, quand tu seras dans le besoin, ils t’aideront ».

L.V. : Sur votre site web vous parlez du protocole : ce que c’est, et son histoire. Pourriez-vous dire pourquoi vous le remettez en vigueur maintenant ?

F.H. : Nous le faisons pour protéger ce qu’il reste du territoire. En y arrivant, vous voyez beaucoup de zones où les arbres ont été abattus et qui sont endommagées. Et parce qu’il ne nous en reste plus que 10%, nous avons décidé de ressusciter le protocole et de poser aux gens ces questions justifiées leur demandant pourquoi ils sont ici. Il y a tellement de destructions autour de nous : mines, exploitations de bois, et même des gens qui ont le sentiment qu’ils peuvent tout se permettre parce que le gouvernement dit : ce sont des « terres de la Couronne » [terres appartenant aux Canadiens, au nom de la Couronne]. Ils chassent le gibier, et ils prennent… bien que le gouvernement essaie de réguler, personne ne vient pour s’assurer que ces chasseurs ne prennent pas une femelle d’orignal. Personne ne vérifie. Nos gens ne prennent pas les femelles d’orignaux, parce que ce sont elles qui assurent la reproduction. Les gens commencent à prendre tout et n’importe quoi, et ensuite ils s’étonnent de ce que les nombres sont bas.

Mais si nous avons le sentiment que les gens ont répondu aux questions de manière satisfaisante et que nous avons un accord selon lequel ils ne veulent pas de pipelines, qu’ils veulent juste venir ici pour essayer de pêcher dans un lac, ou pour se détendre et camper, alors nous les laissons entrer. Mais si les gens manquent de respect et nous prennent de haut, nous leur disons « faites demi-tour. Nous n’avons pas besoin de gens comme vous ici ».

Vous entrez dans notre territoire et nous nous assurons que nous découvrirons qui vous êtes, d’où vous venez, pourquoi vous êtes ici, et en quoi votre visite bénéficiera à mon peuple. Parce que, si çà ne doit pas bénéficier à mon peuple, pourquoi vous laisserions-nous entrer ? En ce moment même, partout autour de nous, toutes les industries qui sont ici nous jettent des miettes. Et vous entendez toujours le gouvernement dire : « Nous donnons des subsides à ces Autochtones ! » Des conneries ! Ce ne sont pas des subsides ! A la base, ils ont volé toutes nos ressources, nous ont chassés de nos terres, nous ont emprisonnés dans ces réserves et nous ont interdit de venir vivre de nos terres – afin de pouvoir prendre toutes nos ressources ! Ils nous doivent beaucoup plus que ces miettes de « subsides » qu’ils nous donnent. Ils continuent à nous appauvrir afin que notre peuple ne soit pas capable de se dresser devant eux pour les combattre.

L.V. : Qu’est-ce que la terre signifie pour vous ?

F.H. : En fait c’est… la vie. J’ai été revitalisée – ma santé est meilleure qu’elle n’a jamais été parce que je suis ici – et tout ce qui est ici est vivant. L’eau est vivante : elle contient tous les minéraux qu’il faut quand vous la buvez. Quand vous allez dans les agglomérations dirigées par des municipalités, dans notre communauté de Moricetown, ils mettent du chlore dans l’eau et elle passe par un système de filtrage, de telle manière que l’eau est morte. Ainsi vous ne faites que vous mouiller les lèvres. Notre peuple croit que nous faisons partie de la terre. La terre n’est pas séparée de nous. La terre nous nourrit. Et si nous n’en prenons pas soin, elle ne pourra plus nous nourrir et notre génération mourra.

Nous avons commencé à restaurer cette région grâce à des jardins de permaculture, afin de cultiver nos plantes médicinales et nos baies, dans le futur. Mais pour l’instant nous nous contentons de cultiver des pommes de terre conventionnelles, des choses comme çà, pour réparer le sol. Lorsque le sol sera restauré, nous transplanterons certains de nos buissons donnant des baies. Mais autrefois, nos gens étaient en forme et actifs sur ces terres, et ils devenaient centenaires, tellement ils étaient en bonne santé ! Donc nous savons que cette terre est la vie.

L.V. : Finalement, qu’est-ce que j’aurai dû vous demander ? Y a-t-il quelque chose de vraiment important qui m’a échappé ?

F.H. : Notre peuple a vécu ainsi pendant très, très longtemps, et nous essayons seulement de retourner à ce que nous sommes, de retrouver notre esprit, et de ressentir cette connexion. Il y a longtemps, les animaux parlaient à notre peuple, et nous les comprenions. Maintenant çà fait si longtemps que notre peuple a quitté le territoire, mais je pense que si nous y restons longtemps, çà reviendra. Nous respectons les animaux. Par exemple, c’est un pays de grizzly, mais ils ne viennent pas dans notre espace, et quand nous voyons qu’ils ont marqué leur territoire, nous le respectons. Nous disons « OK. Un grizzly a revendiqué ceci, allons ailleurs », et nous partons. C’est leur patrie comme la nôtre et nous le respectons. Vous les respectez, et ils vous respectent en retour.

 

 

Manif du 22-2-2014 à Nantes: ce que j’en ai vu

Par Christine Prat

Les médias sont laconiques: le centre de Nantes a été ‘dévasté’, des ‘casseurs’ ont gâché la manif, 8 (ou 6) flics ont été blessés et 14 personnes arrêtées. Là où j’étais, j’ai vu seulement une poignée de gens qui se battaient ou jetaient des projectiles, une grue en feu, ainsi qu’un arrêt de bus. Etaient-ils tous des ‘casseurs’ ou y avait-il aussi des gens qui n’admettaient pas les décisions autoritaires des pouvoirs publiques, qui ont d’abord annoncé – au dernier moment – que la manif (prévue depuis des mois) était interdite, puis fait bloquer une grande partie du centre ville, ce qui a obligé la manif à changer de parcours. A l’endroit où le parcours était bloqué, les tracteurs – majoritairement de la Confédération Paysanne – ont fait demi-tour, quelqu’un qui avait un micro dans le tracteur a annoncé une nouvelle destination pour la manif et dit aux gens de passer à gauche des tracteurs, qui formaient un rempart entre les manifestants et la zone d’escarmouches. Cependant, les flics ont tiré des grenades lacrymogènes et assourdissantes bien au-delà de la poignée de gens qui jetaient des projectiles. Les braves gens, manifestants pacifiques et passants égarés, ont du s’enfuir. Mais il y avait aussi des flics à l’autre bout de la rue, j’ai entendu des gens qui étaient allés voir dire « nous sommes pris au piège ». Plus tard, les flics ont attaqué le lieu où se terminait la manif. Là encore, ils ont tiré des grenades au-dessus des têtes des ‘casseurs’, au milieu de la foule. Deux grenades sont tombées juste à côté de moi – c’est pourquoi je n’ai pas de photos de l’assaut final, je n’y voyais plus rien. Là, je tiens à remercier encore une fois les gens qui sont tout de suite venus me rincer les yeux, me mettre des gouttes et tous ceux qui ont proposé leur aide: il y avait une vraie solidarité. Après çà, ayant besoin d’aller aux toilettes, je suis entrée dans un des deux bars de la place, dont les terrasses étaient pleines à craquer, beaucoup de gens buvaient debout entre les tables, faute de place. Quand je suis sortie des toilettes, l’intérieur du bar était envahi par le gaz lacrymogène, et par des gens gazés, et les terrasses n’existaient plus.
Je ne peux pas croire que seulement quelques flics aient été blessés, vu qu’une grande majorité de gens qui manifestaient étaient des gens ‘comme il faut’, qui n’ont jamais eu affaire à la police – des gens avec des enfants, des gens d’un certain âge, des personnes âgées – et qui ont dû être pris de panique par la violence de l’attaque, ou faire des malaises à cause des lacrymos, tirées, je le répète, au milieu de la foule, bien au-delà des points chauds.
Quant aux journalistes, je ne sais pas ce que pensaient ceux qui étaient sur place, mais en tous cas les médias pour lesquels ils travaillent sont fondamentalement malhonnêtes dans leur relation des faits. Ils ne parlent d’aucune victime parmi les manifestants, mais indymedia-Nantes a déjà signalé qu’un jeune a perdu un œil (il y a des photos et interviews à l’appui) et un autre a été grièvement atteint au visage (il y a au moins une photo).

Les autorités ont dû admettre qu’il n’y avait aucun des ces ‘dangereux militants radicaux’ qu’ils essaient de rendre responsables des violences,  parmi les personnes arrêtées, et ont avancé comme excuse que la police ne pouvait pas en même temps ‘maintenir l’ordre’ et ‘exécuter des tâches de police judiciaire’ pour arrêter les responsables : comme si c’était les mêmes services de police qui faisaient tout cela ! Il y avait un camion de la BAC, on ne sait pas ce qu’ils ont fabriqué. Un photographe a pris un cliché d’un groupe de flics (voir ci-dessous), dont beaucoup sont de toute évidence en civil, avec des jeans et des chaussures de sport ordinaires, sous leurs blousons et leurs casques. De là à se demander si, au lieu d’infiltrer les soi-disant radicaux et de les arrêter, ils n’ont pas participé à la casse pour faire dégénérer la manif…

 cops-in-jeans eric forhan

Par la Délégation pour la Résistance au Barrage de Belo Monte
See original article in English on Amazon Watch
See more photos on Censored News
14 février 2014

Traduction Christine Prat

 

Aujourd’hui – 14 février 2014 – une délégation de jeunes Autochtones du Nord de la Californie et de protecteurs de la rivière Klamath doivent partir de l’Aéroport International de San Francisco pour le Bassin de la Rivière Xingu, au Brésil, au cœur de la forêt vierge Amazonienne. Le groupe doit rencontrer des communautés touchées par le projet de barrage de Belo Monte.

« Nous voulons exprimer notre solidarité dans la lutte pour préserver et protéger l’héritage culturel et les ressources naturelles contre des projets à courte vue comme celui du barrage de Belo Monte » dit Dania Rose Colegrove, membre de la Tribu Hoopa, qui fait partie des organisateurs du groupe.

Belo Monte devrait être le troisième barrage hydroélectrique au monde et sa création devrait permettre la mise en œuvre d’entreprises d’extraction minière et de déforestation destructrices. C’est l’un des nombreux projets de barrages qui pourraient dévaster les vies et les cultures de centaines de milliers d’Autochtones qui dépendent de la rivière Xingu et d’autres affluents de l’Amazone pour leur survie. Il y a parmi eux certains des peuples Autochtones n’ayant encore jamais eu de contacts avec le monde extérieur. Le bassin de l’Amazone est à peu près de la taille des Etats-Unis et constitue 60% de la forêt tropicale humide existant encore dans le monde. Il contient un cinquième de l’eau propre du monde.

Les participants à cette délégation appartiennent à une coalition d’activistes Autochtones et non-Autochtones du Nord de la Californie et du Sud de l’Oregon qui ont fait campagne avec succès pour obtenir le démantèlement de quatre barrages sur la rivière Klamath. Lorsque çà sera terminé, ce sera le plus grand projet de destruction de barrages de l’histoire du monde et çà doit rétablir l’une des plus grandes montaisons de saumons d’Amérique du Nord. Çà permettra aux pêcheries actuellement menacées de prospérer et aux gens des bords de la rivière de restaurer les cultures et communautés dévastées.

Selon Mahlija Florendo, membre de la Tribu Yurok, et, à seize ans, participant à la délégation, «Notre rivière est là pour nous donner la vie et nous sommes créés pour maintenir la beauté et la santé de la rivière. Si nous ne nous battons pas pour que les rivières restent saines, nous nous tuons, nous-mêmes et toute autre vie sur la planète. Le Fleuve Amazone est une énorme ligne de vie pour les peuples Autochtones du Bassin du Xingu tout comme la Klamath l’est pour nous ».

Le groupe comprend cinq jeunes de la Rivière Klamath, âgés de quatorze à vingt-deux ans. Ainsi que Dania Rose Colegrove, de la Tribu Hoopa, qui défend et protège la rivière Klamath depuis longtemps, et Nat Pennington, biologiste des pêcheries et défenseur de la rivière. Colegrove et Pennington sont aussi membres du Conseil d’Administration de l’organisation des Défenseurs de la Rivière Klamath, qui a son siège au Nord de la Californie. La délégation sera aussi accompagnée par le Coordinateur du Programme pour le Brésil de l’organisation écologiste Amazon Watch.

« Nous sommes des gens qui réparons le monde, c’est pourquoi le Créateur nous a mis ici sur cette rivière, nos danses, à chaque printemps, amènent un renouveau du monde. Nous prions, dansons, et recollons les morceaux de notre culture abîmée mais qui fonctionne. C’est comme çà que nous protégeons cette terre pour les générations futures. Ce n’est pas perdu pour nous, l’ironie de cette incroyable passion des gens les plus écrasés au monde, se dressant dans un mouvement de solidarité pour réparer le monde » dit Sammy Gensaw, 20 ans, membre de la Tribu Yurok et cofondateur de la Garde Ancestrale, une organisation de jeunesse Autochtone, qui fera aussi partie du voyage.

La Délégation de Résistance au Barrage espère encourager la jeunesse Autochtone du monde entier à s’unir, s’exprimer, réparer ce qui est brisé et protéger les modes traditionnels de vie harmonieuse sur la planète Terre.

 

 

PRESENTATION DU RESEAU ENVIRONNEMENTAL AUTOCHTONE ET DES PEUPLES AUTOCHTONES DE NOTRE MERE LA TERRE ; LES GRAND-MERES ET LES GENERATIONS FUTURES

Discours de Casey Camp-Horinek (Ponca d’Oklahoma, USA) au Tribunal sur l’Ethique des Droits de la Nature, le 17 février 2014 à Quito, Equateur

Publié par Global Alliance for the Rights of Nature et Censored News

See original text in English on Rights of Nature or on Censored News

Traduction Christine Prat

Nos prophéties et enseignements nous disent que la vie sur notre Mère la Terre est en danger et atteint une époque de grande transformation. En tant que Peuples Autochtones du Sud et du Nord, nous acceptons la responsabilité indiquée par nos prophéties de dire au monde que nous devons vivre en paix les uns avec les autres et notre Mère la Terre pour assurer l’harmonie dans la Création.

Les Peuples Autochtones sont des gens de la terre et des eaux ; et nous sommes confrontés à de nombreux défis : des défis tels que des changements extrêmes du climat, des phénomènes météorologiques extrêmes, un développement extrême de l’énergie et la pression constante de la mondialisation économique et la perpétuation des formes occidentales de développement.

Le développement d’énergies fossiles dans les territoires, le sol, l’eau, et les mers des Peuples Autochtones s’accroît. Les affaires continuent. Les industries du pétrole et minières, avec l’aide des gouvernements, étendent la prospection pour trouver plus de carburants fossiles, développer l’addiction à l’énergie et les hauts niveaux de consommation.

La survie de cultures, langues et communautés Autochtones continue d’être affectée par un monde moderne industrialisé qui n’a ni conscience de, ni respect pour le caractère sacré de notre Mère la Terre.

Notre Mère la Terre est la source de la vie. L’eau est son sang vital. Le bien-être de l’environnement détermine la longévité physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de nos communautés.

La santé de Notre Mère la Terre, de sa nature et celle des Peuples Autochtones sont intimement liées. En tant que Peuples Autochtones, nous sommes de la Terre et la Terre est à nous. Notre Mère la Terre est la vie. Cette relation indissociable doit être respectée par des moyens fondés sur des droits pour nos générations futures et pour le bien de la Terre elle-même, pour tous les gens et toute la vie.

Nos Peuples Autochtones croient que le système de gouvernance doit refléter notre croyance dans l’équilibre et l’harmonie. Nous croyons dans l’équité vis-à-vis de toute la Création, pas seulement nous-mêmes. Les animaux, les plantes, les pierres et tous les éléments ont autant de droit à l’existence que les gens.

Çà ne signifie pas que nous ne puissions faire aucun mal à une autre créature vivante, étant donné que nous devons nous nourrir de plantes et d’animaux, mais nous devons respecter le sacrifice fait par les animaux et les plantes. Ces sacrifices faisaient partie des Instructions des Origines de se respecter les uns les autres, de prendre soin les uns des autres, parce que nous sommes tous liés, comme frères et sœurs.

Nous croyons qu’en observant les Lois Naturelles de notre Mère la Terre, nous serions capables d’apprendre le mode de vie juste – la bonne manière de vivre, et de trouver l’équilibre et l’harmonie avec la Nature.

Les Peuples Autochtones sont des gens très légalistes. Des Peuples Autochtones Haudenosaunee du Nord de l’Amérique à nos Peuples Ponca, nous reconnaissons nos responsabilités et nos devoirs vis-à-vis des lois naturelles de la Création, telles qu’elles ont été définies dans nos Instructions des Origines.

Nos Instructions des Origines déclarent et nous enseignent les quatre éléments sacrés de la vie : l’air, la lumière/le feu, l’eau et la terre, avec son pollen et ses graines sous toutes leurs formes qui doivent être respectés, honorés et protégés, car ils entretiennent la vie. Notre Loi Naturelle nous apprend à respecter toute la Création, de notre Mère la Terre et notre Père le Ciel à toute la Vie, qui ont leurs propres lois et ont le droit et la liberté d’exister. Elle nous apprend que nous devons traiter ce lien sacré avec amour, compassion et respect, sans exercer de domination, car nous ne sommes pas propriétaires de notre Mère.

Les droits et libertés des gens à utiliser les éléments sacrés de la vie mentionnés ci-dessus et d’utiliser la terre, la nature, les sites sacrés et les autres êtres vivants doivent s’accomplir suivant les protocoles de respect adéquats, les rites de remerciement et les offrandes. Ces pratiques culturelles et spirituelles doivent être protégées et préservées, parce qu’elles sont le fondement de nos cérémonies, de notre héritage et de nos modes de vie Autochtones. C’est le devoir, la responsabilité et l’obligation de nos Peuples Autochtones de protéger et préserver la beauté du monde naturel pour les générations futures.

Historiquement, la Doctrine de la Découverte a été utilisée pour justifier la première vague de colonialisme, ici dans les Amériques, en alléguant que les Peuples Autochtones n’avaient pas d’âmes, et que nos territoires étaient « terra nullius », terre de personne. Notre Mère la Terre est la source de la vie qui doit être protégée, pas une ressource à exploiter et transformer en marchandise comme ‘capital naturel’.

Nous ressentons la douleur de la désharmonie quand nous sommes témoins du déshonneur de l’ordre naturel de la Création et de la colonisation économique et de la dégradation continuelles de notre Mère la Terre et de toute vie.

Pour rétablir notre Mère la Terre dans l’équilibre de sa nature, le monde doit passer d’une philosophie de contrôle et de domination sur la nature et d’un système légal de droits de propriété à une relation de compréhension et de respect des Lois Naturelles et d’amour pour la beauté de l’énergie féminine créatrice de notre Mère la Terre.

Cette relation indissociable entre les humains et la Terre, inhérente aux Peuples Autochtones, doit être apprise, être adoptée et respectée par tous les peuples, pour le bien de toutes les générations futures et toute l’humanité.

Les droits de notre Mère la Terre sont intrinsèques. Toute loi qui nie ces droits fondamentaux est illégitime et constitue une violation des Lois Naturelles de la Création.

Nous pouvons préserver, protéger et remplir nos devoirs sacrés de vivre dans le respect de cette merveilleuse Création. Nous avons le pouvoir et la responsabilité du changement.

Un paradigme, fondé sur la pensée et la philosophie Autochtones, qui accorde des droits égaux à la nature et rend honneur à l’interrelation de toute vie, doit être mis en avant.

C’est le plus grand défi auquel est confrontée l’humanité, que ce soit ici, au milieu de la Terre en Equateur, ou mondialement : reconnaître ses responsabilités, ses devoirs et ses obligations envers les droits de notre Mère la Terre.

Mitakuye Owasin

 

Dans sa récente lettre de prison, Peltier parle d’unité, du cycle de la vie, et encourage à sauver les espèces menacées

Par Leonard Peltier
Lettre du 6 février 2014

Publié par Censored News
See original article in English

Traduction Christine Prat

 

Mes Salutations, mes Amis, Parents et Soutiens :

Je sais que je le dis toujours ainsi, « Amis, Parents et Soutiens » et tout çà, mais en réalité, vous êtes TOUS mes parents. Je sais que dans la loge de sudation nous disons toujours « tous mes parents » et quand nous en sortons nous disons « tous mes parents » et à la fin de mes lettres je dis Mitakuye Oyasin et çà signifie « tous mes parents ». Je vous suis très, très profondément reconnaissant, mes parents.

Tant de jours ont passé et il semble probablement que je dis encore et toujours les mêmes choses mais vous devez comprendre que depuis 38 ans chaque jour pour moi est à peu près pareil ; toujours, et toujours et toujours, et pour beaucoup d’Autochtones, leurs luttes contre ce monde de technologie et de grandes entreprises c’est aussi encore et toujours la même chose.

Je regarde les informations et ils disent que les Chrétiens sont contre les Musulmans et les Chinois contre les Tibétains et des parents contre leurs parents dans certains de ces pays. Je ne peux m’empêcher de penser « pourquoi est-ce que çà continue à se produire ?? » Je sais avec certitude que le Musulman de base dans son pays n’a rien contre un Chrétien, ni le Chrétien contre un Musulman en ce qui concerne leur religion. En Amérique, les Autochtones n’ont rien contre les non-Autochtones pour des raisons religieuses. Je suppose que ce que j’essaie de dire est que nous avons une croyance commune dans le droit de chercher le bonheur dans le respect, et je sais que le citoyen moyen ici en Amérique n’a pas de raison de se quereller avec quiconque dans un autre pays pour des raisons religieuses.

Pouvez-vous imaginer vos enfants se battant sur la manière de vous parler ou de vous respecter ou d’attirer votre attention ? Çà vous ferait profondément mal s’ils s’entretuaient pour ces raisons. Ce que j’essaie de vous dire est : ne laissez-pas les grandes entreprises et les faiseurs d’argent détruire ce que nous avons en commun en utilisant la religion comme excuse pour prendre nos terres et nos ressources. Trop souvent, les gens qui veulent les ressources d’autres peuples envoient des soldats pour détruire l’infrastructure d’un peuple. Souvent, ils attaquent un groupe au nom d’un autre, puis attaque cet autre groupe au nom de celui qu’ils ont attaqué récemment, causant la division. Cela n’arrive pas seulement aux nations mais aussi au niveau fondamental d’organisations qui cherchent à se libérer de l’oppression. Il y a ceux qui répandent des rumeurs, essayant de discréditer et diviser les gens, mais nous devons garder à l’esprit ce que nous voulons réaliser et cultiver nos amitiés et le respect mutuel.

Nous devons respecter les efforts des autres et nous souvenir que les mots peuvent apporter la joie et qu’ils peuvent aussi apporter la souffrance et la désunion. Je dis tout cela parce que pour moi, à ce point de ma vie, je suis impliqué dans ce qui est probablement ma dernière chance de liberté. Les gens que j’ai rassemblés autour de moi sont des gens que je connais et en qui j’ai confiance. C’est mon choix, et je veux qu’il soit respecté.

Partout en pays Indien et partout dans le monde, il y a des gens qui combattent pour la liberté quotidiennement. L’Amérique a plus de gens en prison que tout le reste du monde. Le système judiciaire en Amérique est de toute évidence devenu une industrie, pas un instrument pour rechercher la justice.

Ces choses auxquelles nous sommes confrontés ne changeront pas, à moins que nous, les gens ordinaires, soyons unis contre ces attaques mal intentionnées contre notre droit de chercher le bonheur et de vivre dans un monde qui n’est pas gouverné par une éthique fondée sur l’obtention de la richesse. J’aimerais dire des choses qui vous feraient rire et seraient encourageantes, quand vous vous rassemblez pour vous souvenir de la cause dont je suis la preuve, mettre un terme aux violations de vos droits constitutionnels. Je veux que vous soyez joyeux et heureux, mais je veux aussi que vous sachiez en toute connaissance de cause qu’à travers l’histoire de l’humanité, défendre la liberté et la justice doit être fait à chaque génération.

J’ai 69 ans et j’ai fait du mieux que j’ai pu là où je suis, et je continuerai de le faire et je vous encourage à le faire aussi.

Beaucoup de gens, au cours d’une vie et dans la recherche de la spiritualité, peuvent arriver à une croyance, ou peut-être, dirais-je, à une prise de conscience qu’il y a quelque chose dans leur vie qu’ils étaient appelés à faire. Si, pour une raison quelconque, vous n’avez jamais eu un tel sentiment, et voudriez savoir de quoi il s’agit, vous pourriez, sans rechercher la spiritualité, juste en utilisant votre bon sens, voir les possibilités auxquelles nous sommes confrontés : la déliquescence de notre monde naturel, la perte d’eau potable, d’air pur, de nourriture naturelle, et vous trouverez des raisons de vous engager pour la protection de ces choses et empêcher la destruction de notre Terre naturelle et de la nature.

Vous pourriez vous engager pour essayer de sauver des espèces menacées, vous pourriez regarder un nouveau-né et vous demander « quel futur les attend ? » Si la destruction suicidaire de notre Terre naturelle continue, il se pourrait que nous ne détruisions pas la Terre, mais finissions par détruire la nature dans laquelle nous sommes faits pour vivre.

Je pense que c’est important que, dans votre réflexion, si vous voulez améliorer les choses, vous décidiez si vous êtes prêts à tout faire par vous-même ou pas, puis faire du mieux que vous pouvez, et je sais que d’autres vous rejoindront, qui ont la même conscience et les mêmes sentiments spirituels que ceux que vous avez développés.

Nous avons été créés et sommes nés dans un cycle de vie et toute la nature dans ce cycle de vie est interdépendante. Nous devons nous unir et réparer ce cercle de vie dans les cercles de notre famille et de notre communauté. En tant que gens ordinaires, en tant que descendants d’autres peuples Autochtones, peu importe d’où nous venions, nous AVONS BESOIN les uns des autres, et si un homme de 69 ans en prison peut finalement arriver à ce que ses paroles vous soient lues dans une réunion, je sais, je sais absolument que vous pouvez faire beaucoup mieux.

Que le Grand Esprit vous bénisse et vous donne la force et les amis pour partager vos tâches, le bonheur et la connaissance et la persévérance pour aider à retrouver les choses que nous avons perdues en tant que citoyens de la Terre, et la force de protéger ce qui nous reste, et la préscience d’empêcher des pertes futures.

J’espère sincèrement que l’an prochain à la même date je pourrai être avec vous à l’un de ces rassemblements et que nous passerons un bon moment ensemble et d’ici là… embrassez-vous de ma part.

Votre parent pour toujours, et en tout

Dans l’Esprit de Crazy Horse

Leonard Peltier

Mitakuye Oyasin

 

La Police de Flagstaff harcèle des activistes ‘à titre préventif’ avant l’ouverture du festival Dew Downtown

Une Zone de Liberté d’Expression créée à l’occasion de cet évènement écologiquement irresponsable

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Vendredi 7 février 2014
Par Indigenous Action Media

Publié aussi sur Censored News

See original article in English on Indigenous Action or on Censored News

Traduction Christine Prat

 

FLAGSTAFF, Arizona – Des flics de la Ville de Flagstaff armés et en civil se sont présentés chez un citoyen et dans un centre communautaire hier. Les policiers, Kevin Rued et Eric Greenwald, ont déclaré agir ‘à titre préventif’ et ont dit qu’ils allaient ‘réserver et marquer avec des cordes toute la pelouse devant le tribunal spécialement pour les manifestants’, en tant que zone de liberté d’expression au cours du festival de la Ville de Flagstaff, Dew Downtown, dont Arizona Snowbowl est le principal sponsor.

Les critiques de l’évènement ont remarqué que « plus d’un million de litres d’eau potable pour faire de la neige artificielle au cours d’une manifestation récréative constituait un message négatif alors que nous vivons dans un désert et faisons face à un manque d’eau. Dew Downtown est contraire aux valeurs de viabilité affichées par la Ville de Flagstaff ».

James Kennedy, un habitant qui a été impliqué dans les efforts pour protéger les Pics San Francisco, a été angoissé par la visite. « Çà donne des frissons, c’est terrifiant. Des hommes armés se présentent à mon domicile, je ne savais pas si je n’allais pas me retrouver en prison hier matin ».

L’officier de police de Flagstaff Kevin Rued a indiqué clairement que la visite était « due à Snowbowl et à la fabrication de neige… »
« … nos supérieurs ont dit qu’ils avaient eu l’information sur Facebook et Twitter… que des gens allaient s’enchaîner et causer beaucoup de troubles » a déclaré l’officier de police Rued.

M. Kennedy a demandé pourquoi il était visé et pas les supporters de Snowbowl qui sont connus pour être violents. Il a rappelé l’incident du festival Dew Downtown de l’an dernier au cours duquel une supporter de Snowbowl ivre avait attaqué deux enfants Autochtones. M. Kennedy a déclaré « çà fait mauvais effet que la police vienne nous contrôler alors que lors de l’édition de l’an dernier le seul incident qui s’est produit fut qu’une dame pro-Snowbowl est venue attaquer mes amis ».

Kevin Rued a répondu qu’il était au courant de l’incident : « Je crois que quelqu’un a été battu ». Lors du Dew Downtown de l’an dernier, une supporter de Snowbowl s’est précipitée au milieu d’un cercle de manifestants et avait agressé deux jeunes Diné, âgés alors de 11 et 13 ans, qui chantaient et jouaient du tambour. Après leur avoir donné des coups de poing, elle leur a arraché les tambours et a essayé de les casser.

La police avait d’abord refusé de poursuivre l’auteure de l’agression.

Cependant, des personnes présentes ont insisté pour qu’elle soit mise en accusation et finalement le bureau du procureur a accepté de la poursuivre. Après un an de procédure, elle a accepté un accord impliquant une période de probation, des milliers de dollars d’amendes et dommages et intérêts, et de suivre un cours sur comment maîtriser la colère. Environs 150 personnes ont signé sur Facebook pour soutenir l’organisation d’un boycott de Dew Downtown, qualifié d’ « utilisation irresponsable de l’eau potable précieuse de Flagstaff ».

Les organisateurs du boycott citent entre autres raisons :

. Plus d’un million de litres d’eau potable pour faire de la neige est irresponsable vis-à-vis de l’environnement

. Il fait trop chaud pour la saison et Flagstaff s’attend à une sécheresse

. Arizona Snowbowl, un des principaux sponsors, menace la santé publique et l’environnement et commet une violation des droits humains des Peuples Autochtones en profanant les Pics San Francisco avec de l’eau d’égouts recyclée pour faire de la neige

. Au cours de l’édition 2013 de Dew Downtown, deux enfants Autochtones ont été attaqués par une supporter de Snowbowl raciste et en état d’ébriété. La Ville de Flagstaff a ignoré ce délit de haine.

Les organisateurs du boycott indiquent que « Flagstaff a beaucoup plus à offrir que des loisirs irresponsables pour l’environnement et manquant de respect [vis-à-vis des Autochtones]

 

Utiliser n’importe quelle eau pour faire de la neige a été un sujet de controverses depuis des années. Plus de 50 arrestations ont eu lieu depuis qu’Arizona Snowbowl a commencé à développer la fabrication de neige à partir d’eaux usées contaminées sur les Pics San Francisco. Toutes les manifestations étaient pacifiques et avaient pour but de stopper la destruction de l’environnement et la profanation de la montagne sacrée pour 13 Nations Autochtones.

Le 7 août 2013, la police de Flagstaff a attaqué avec beaucoup d’agressivité une marche pacifique au centre ville. Six personnes ont été arrêtées, certaines malmenées par les agents des forces de l’ordre sans aucune provocation. Les charges ont été abandonnées contre cinq des personnes arrêtées, une seule a dû signer un accord.

 

Pour plus d’informations voir : www.protectthepeaks.org

 

Voir photos de la manifestation de samedi 8 février 2014 sur Censored News

 

Par Brenda Norrell, Censored News
30 janvier 2014
Traduction Christine Prat
See original article in English

 

TUCSON, Arizona – A ce jour, l’Université d’Arizona à Tucson continue d’exploiter les Autochtones et leurs ressources, et invite, pour parler des droits sur l’eau, un conférencier auquel s’opposent les Navajo et les Hopi. Des Navajo et des Hopis ont publié une déclaration objectant à l’intervention du conférencier, ce jour, à l’Institut des Nations Autochtones.

L’avocat pour les droits sur l’eau a été engagé par le Conseil Navajo. Le Conseil Navajo a été créé par le gouvernement des Etats-Unis qui lui a fait signer des contrats sur l’énergie, selon sa propre histoire. Aujourd’hui, le gouvernement Navajo maintient l’activité des centrales au charbon et engage des avocats qui sont prêts à liquider les droits sur l’eau des Navajo.

C’est à la base de la déportation des Navajo [de Big Mountain, sur Black Mesa – NdT], chassant les Navajo de Black Mesa au profit de Peabody Coal. Maintenant, le sud de l’Arizona veut avoir l’eau des Navajo et Hopi pour entretenir des styles de vie luxueux et pour maintenir en activité la ‘Centrale Navajo’, une centrale au charbon utilisant le charbon de Peabody, située sur le territoire de la Nation Navajo près de Page. Les Arizoniens sont bien contents de voir les Navajo, les Hopi et leurs voisins souffrir de maladies causées par la centrale au charbon, afin d’avoir de l’électricité dans le sud de l’Arizona.

Les médias du genre des reporters de bureau d’Indian Country Today aggravent la situation en publiant des communiqués de presse bien payés alors qu’ils s’abstiennent d’être présents sur les lieus où se déroulent les évènements d’actualité.

L’Université d’Arizona a déjà construit des télescopes sur le Mont Graham, un site sacré, malgré les objections et les poursuites en justice des Apaches et d’autres Nations Indiennes. Wendsler Nosie, un Apache San Carlos, a été arrêté par l’université alors qu’il était en train de prier sur la montagne. Maintenant, Nosie boycotte l’université. L’université a construit les télescopes en collusion avec le Pape et un consortium d’universités.

Ofelia Rivas, une O’odham, boycotte aussi l’université. O. Rivas fait remarquer que l’université a conclu un partenariat avec Advanced Ceramics, à San Xavier, en territoire Tohono O’odham, pour développer des drones. Les drones sont utilisés contre les O’odham à la frontière [Arizona/Mexique – NdT] et contre des Peuples Autochtones partout dans le monde. Les drones sont maintenant utilisés par le gouvernement Obama pour des assassinats ciblés.

De plus, l’université a contribué à développer des programmes de profilage racial contre les Peuples Autochtones sur la frontière US/Mexique et a conclu un partenariat avec Raytheon Missiles et d’autres profiteurs de guerres. L’université a collaboré de près avec la Sécurité Intérieure et la Patrouille des Frontières US dans la militarisation accélérée de la frontière avec le Mexique, entre autres pour espionner et viser les gens de couleur à la frontière.

L’Université d’Arizona a encore violé les droits de l’homme en développant un programme d’espionnage cybernétique pour un profilage racial visant globalement les gens originaires du Moyen Orient.

Parmi les professeurs de l’université, il faut citer James Anaya, qui est également Rapporteur des Nations Unies pour les Peuples Autochtones. J. Anaya est professeur de droit dans cette université.

La faculté de droit de l’université est l’un des sponsors de la conférence sur les droits sur l’eau à l’Institut des Nations Autochtones, à laquelle participe le conférencier récusé par des Navajos et des Hopis.

Précédemment, le Sénateur d’Arizona Jon Kyl et le Ministre de l’Intérieur Ken Salazar avaient tenté de faire passer un accord sur les droits sur l’eau des Navajo et Hopi profitant d’un Congrès de ‘cohabitation’. Salazar a démissionné après que le document ait fui. (Voir article du 16 octobre 2012)

Sur le Mont Graham, voir:
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=1658
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=1845

De nombreux articles sur les droits sur l’eau

Des articles sur la situation à la frontière US/Mexique

 

 

LPeltierCNPar Levi Rickert, Native News Online
24 janvier 2014
See original article in English

Traduction Christine Prat

Voir plus bas l’interview de Lenny Foster publiée par Censored News

 

COLEMAN, Floride – Vendredi 24 janvier 2014, le Rapporteur Spécial des Nations Unies, le professeur James Anaya, s’est rendu au pénitencier Coleman 1, en Floride, pour rencontrer le prisonnier politique Amérindien Leonard Peltier.

Le professeur Anaya était accompagné de Leonard « Lenny » Foster, membre du Conseil de Direction du Comité International des Traités Indiens (ITTC), Superviseur du Projet de Correction de la Nation Navajo, et Conseiller Spirituel de M. Peltier depuis près de 30 ans. La rencontre historique, qui a duré près de quatre heures, a commencé vers 9h du matin. Bien que la discussion de vendredi matin doive porter essentiellement sur un geste de clémence du pouvoir exécutif en faveur de Leonard Peltier, la conversation a touché à beaucoup de sujets, vu que M. Peltier tenait à entendre la perspective du Rapporteur Spécial sur la situation mondiale des Peuples Autochtones.

Au cours d’un procès largement considéré comme un déni de justice, Leonard Peltier a été condamné en 1977, en relation avec un échange de tirs avec des forces gouvernementales au cours duquel deux agents du FBI et un jeune Indien ont perdu la vie. Tous les éléments de preuve utilisés pour condamner M. Peltier se sont depuis révélés faux.

Le professeur Anaya effectue actuellement son second mandat comme Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. En septembre 2012, suite à une série de consultations avec des Peuples Autochtones de tous les Etats-Unis, le Rapporteur Spécial a produit un « Rapport sur la

Situation des Peuples Autochtones aux Etats-Unis d’Amérique » (A/HRC/21/47/Ad).

Dans le rapport, le professeur Anaya appelait à la libération de Leonard Peltier et déclarait : « Des requêtes demandant à la Présidence de considérer la clémence … n’ont pas porté de fruits. Ceci réduit encore la confiance déjà diminuée dans le sentiment de beaucoup d’Autochtones pour le système de justice… »

Les efforts pour impliquer le Rapporteur Spécial des Nations Unies dans la lutte pour demander la justice pour M. Peltier ont commencé en 2008, lors d’une discussion entre Lenny Foster et Alberto Salomando, ancien avocat de l’IITC.

Après la visite, Lenny Foster a déclaré : « La visite d’aujourd’hui du Rapporteur Spécial James Anaya à Leonard Peltier en prison est très importante et historique pour nous. Nous le remercions pour le travail qu’il a fourni pour la rendre possible. Ce sera un soutien pour demander la Clémence Présidentielle et fera avancer la réconciliation et la justice dans cette affaire ». Leonard Peltier dit vendredi : « Si les violations constitutionnelles qui ont eu lieu lors de mon procès sont permises, çà créera un précédent pour des procès futurs et mettra en danger la liberté et les droits constitutionnels de tous les Américains ».

Ont également assisté à la rencontre de vendredi : David Hill, Directeur du Comité de Défense International de Leonard Peltier (ILPDC), Peter Clark, coordinateur local du ILPDC et membre de ‘Un-Occupy Albuquerque’.

David Hill a déclaré « que les Américains ne pouvaient plus se permettre de tolérer ce déni de justice et que nous ferons tous les efforts pour porter ces manquements judiciaires à l’attention de tous les Américains et internationalement ».
—————————————————————————————

 

LENNY FOSTER DECRIT LA RENCONTRE D’ANAYA AVEC PELTIER

 

D’après une interview radiophonique de Lenny Foster par Tony Gonzales, de l’AIM West

Article de Brenda Norrell, Censored News
Samedi 25 janvier 2014

See original article in English

Traduction Christine Prat

 

« Ils n’ont brisé ni sa volonté ni son esprit. Il reste positif et très fort. La visite d’aujourd’hui lui a rendu des forces. » Lenny Foster à propos de Leonard Peltier.

SAN FRANCISCO – Lenny Foster, conseiller spirituel de Leonard Peltier, décrit sa visite à Leonard Peltier à la prison de Coleman, Floride, avec le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour les Peuples Autochtones James Anaya, vendredi 24 janvier, au cours d’une interview à la radio.

Foster, un Diné membre de l’American Indian Movement, est directeur du Projet de Correction de la Nation Navajo, qui fournit de l’assistance juridique aux prisonniers Amérindiens dans les prisons d’états et fédérales. Foster fait se travail depuis 32 ans et il est conseillé spirituel de Peltier depuis 27 ans.

Tony Gonzales, de l’AIM West, a interviewé Foster sur la station Across Indian Land, KPFA de Berkeley.

Foster décrivit la réaction d’Anaya après la rencontre avec Peltier. « Il était très touché et impressionné et a dit que c’était un honneur de passer quatre heures avec Leonard, et de parler avec lui de son affaire. »

Peltier a interrogé Anaya, professeur de droit à l’Université de Tucson en Arizona, sur la situation des Peuples Autochtones partout dans le monde.

Gonzales a fait remarquer que Peltier était incarcéré depuis 38 ans et que pourtant il continue à se préoccuper des Peuples Autochtones du monde entier. Gonzales dit que Peltier « veut savoir comment vont ses frères et sœurs partout dans le monde. Je l’ai senti vraiment sincère ».

Gonzales dit aussi que Peltier est « un Mandela pour nous ».

Interrogé sur la santé de Peltier, Foster a dit : « Aujourd’hui il était dans un très bon état d’esprit et était heureux et touché par la visite de M. Anaya ». Cependant, Foster dit que Peltier souffre de diabète et n’est pas en bonne santé.

Foster dit aussi que Peltier doit être libre et renvoyé chez lui pour passer le temps qu’il lui reste avec ses enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants et être parmi les siens.

« Ils n’ont brisé ni sa volonté ni son esprit. Il reste très positif et très fort. La visite d’aujourd’hui lui a rendu des forces » dit Foster.

Foster dit que les efforts continuent pour pousser le Président Obama à accorder la clémence à Peltier.

Dans l’émission de radio, Foster a aussi décrit la terreur qui régnait aux Etats-Unis à l’époque où les gens faisaient face au BIA [Bureau des Affaires Indiennes] et aux GOON [milice] à Pine Ridge dans le Dakota du Sud. Foster a raconté comment les GOON terrorisaient les Indiens. « Ils étaient contre leur propre peuple ».

« C’était une guerre civile » dit Foster des années plus tard, cependant les GOON se rendaient comptent que ce qu’ils faisaient était mal.

Foster a aussi parlé d’une réunion récente dans le Dakota du Sud de certains guerriers de Wounded Knee.

David Hill, directeur du Comité de Défense de Leonard Peltier, s’est joint à Anaya et Foster pour rencontrer Peltier.

Foster indiqua que Sampson Wolf, Tony Gonzales et l’AIM West continuent à soutenir Peltier de la région de la Baie de San Francisco.

 

 

 

Le Conseil Municipal et les principaux médias ignorent toujours l’ ‘Attaque Raciste’

Par Indigenous Action Media
22 janvier 2014
Publié aussi sur Censored News

Traduction Christine Prat

See original article in English: on Indigenous Action or on Censored News

 

FLAGSTAFF, Arizona – Un Juge de Flagstaff a décidé que la supporter de la station de ski Snowbowl Lindsay Lucas devait payer des dommages et intérêts pour avoir agressé deux jeunes Autochtones à Flagstaff au cours d’une fête intitulée ‘Dew Downtown’ [organisée par Snowbowl et la municipalité – NdT] le 9 février 2013.

« J’ai la joie d’annoncer que le Juge était en notre faveur. Çà a été une très longue année. Dans la famille, nous avons tous souffert émotionnellement de cette épreuve » a déclaré Leslyn Begay, Diné (Navajo), la mère des deux garçons âgés de 11 et 13 ans lorsqu’ils furent agressés. « Çà démolit les nerfs de s’engager dans le système de justice sans savoir à quoi s’attendre. En tant que Diné et personne de couleur vous craignez toujours que çà ne se passe pas en votre faveur » dit Madame Begay.

Kl4protestSmallLe 9 février 2013, plus de 50 personnes s’étaient rassemblées dans le centre de Flagstaff pour une danse pacifique d’Idle No More pour protester contre l’expansion de la station de ski et la fabrication de neige avec des eaux d’égouts sur les Pics San Francisco sacrés.

La manifestation coïncidait avec Dew Downtown, une célébration organisée par la Municipalité de Flagstaff en partenariat avec Arizona Snowbowl.

Kl3protestSmallLe groupe avait formé un cercle et s’apprêtait à clore la manifestation en chantant le chant de l’American Indian Movement lorsqu’une supporter de la station de ski a forcé le cercle en agitant les bras et a déchiré une grande banderole, qu’elle avait arrachée des mains de ceux qui la tenaient et jetée sur le sol. Puis elle a pénétré plus avant dans le cercle et agressé de jeunes Diné qui chantaient et jouaient du tambour. Après leur avoir donné des coups de poing, elle a saisi les tambours et essayé de les casser.

La police a d’abord refusé de poursuivre l’agresseur.

A l’époque, Mme Begay a déclaré « J’ai l’impression que si les rôles étaient inversés, çà se serait passé tout autrement. Si j’avais agressé un enfant caucasien j’aurais été conduite directement en prison. Cette femme blanche nous attaque et arrache violemment les tambours de leurs mains et pourrait s’en tirer sans conséquences. Les flics ont rejeté ma demande de l’arrêter pour agression. Ils lui ont donné une amende pour trouble à l’ordre publique mais ont refusé l’accusation d’agression ou de l’arrêter pour ses actes contre mes enfants » dit Mme Begay.

« Cette agression et la façon dont les flics y ont réagi montre bien le racisme qui existe à Flagstaff » dit Klee Benally, qui soutient depuis longtemps la protection des Pics sacrés San Francisco, « le Conseil Municipal de Flagstaff est complice de cette agression, ils ont créé les conditions qui ont permis à cette attitude de s’incruster dans la communauté. C’est ce qu’on appelle de la violence structurelle ».

« Cette agression raciste n’a pas seulement été délibérément ignorée par les principaux médias locaux, les officiels de la Municipalité ont également fermé les yeux sur cet incident afin de promouvoir le tourisme d’hiver. C’est non seulement irresponsable de laisser passer une telle agression contre des jeunes Autochtones, çà fait du racisme la norme à Flagstaff » dit M. Benally.

« Les enfants et moi continueront à défendre nos croyances et à Protéger les Sites Sacrés » dit Mme Begay après la décision de la cour. « Nous ne nous laisserons pas décourager. Je remercie tous les gens et ma famille qui nous ont soutenus et continuent à faire preuve de solidarité en boycottant la station Snowbowl et le Dew Downtown ».

 

Voir l’article de février 2013

 

 

Photo by Protect Peaks

Par Brenda Norrell, Censored News
See original article in English
Lundi 13 janvier 2014

Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – Le Centre pour la Diversité Biologique a déposé une requête suivant la Loi pour la Liberté d’Information afin de déterminer quels dégâts sont causés par la neige faite d’eau d’égouts sur les Pics San Francisco sacrés. La requête d’Information pour « chaque document » sur la corrosion et les dégâts causés par la neige d’égouts vient après que la station Arizona Snowbowl ait décidé que la neige d’égouts pour les touristes était plus importante que de respecter les Nations Indiennes de la zone et leurs cérémonies de guérison sur les Pics San Francisco.

Les victoires d’Arizona Snowbowl en justice ont abouti à des résultats désastreux.

« La décision de Snowbowl a détruit une relation construite en plus de 25 ans entre le Service des Forêts et les tribus travaillant ensemble comme collègues partageant la responsabilité de l’entretient. Çà a miné la crédibilité du Service des Forêts auprès des Indiens et a créé une cassure qu’il sera très difficile de réparer », peut-on lire dans le rapport des Spécialistes des Ressources Patrimoniales.

Klee Benally et Indigenous Action Media de Flagstaff demandent aux Autochtones d’assister à l’opération portes ouvertes et à la discussion du mardi 14 janvier 2014, à l’Aquaplex de Flagstaff et de s’y exprimer. […]

Klee Benally souligne qu’il n’y a pas de réunions prévues dans les territoires des Nations Indiennes. A part cela, le Service des Forêts des Etats-Unis n’a pas pris en considération une quelconque alternative pour révoquer le Permis d’Utilisation Spéciale de Snowbowl. Le Service des Forêts propose des MOA (mémorandums d’accords) pour tenter de régler le problème des « relations avec les Tribus sévèrement mises à mal », mais n’indique aucune méthode qui assurerait que les mémorandums se préoccupent utilement de la question de Snowbowl.

[…]

 

___________________________________________

Extraits du Rapport des Spécialistes des Ressources Patrimoniales

Pages 11-12

Relations avec les Tribus

Au cours d’une période d’environs 25 ans, la Forêt a constamment construit une relation sensée, respectueuse et productive avec les tribus qui conservent des traditions culturelles associées avec le territoire qui aujourd’hui fait partie de la Forêt Nationale de Coconino. Cette relation de confiance a été sévèrement endommagée par la décision de la Forêt d’autoriser la fabrication de neige avec de l’eau d’égouts recyclée dans le cadre de l’expansion de la station de ski Snowbowl. Les tribus ont fait savoir à la Forêt qu’il n’était pas possible d’atténuer les effets adverses qu’un tel développement aura sur leur bien-être culturel et spirituel. (souligné par l’auteur de l’article)

Résumé des Alternatives

Pour la plupart des zones identifiées comme étant des questions ou des projets Patrimoniaux dans le Plan d’origine pour la Forêt, le Plan Actuel, l’Alternative A, ont soit été réalisés, soit sont devenus la pratique standard au fil des années ou ne constituent plus des problèmes. Il y a, cependant, plusieurs points de ce Plan qui doivent toujours être traités dans la révision du Plan :

1. Bien que se conformant à la lettre de la loi, la réaction des tribus au Développement de Snowbowl indique que la politique actuelle est inadéquate pour protéger les sites sacrés Amérindiens et révèle un manque de sensibilité ou de compréhension quant à l’importance de tels sites pour maintenir l’identité et la viabilité culturelles ;

2. Le niveau actuel d’amélioration et d’interprétation de la notion de site patrimonial est inadéquat pour faire face à des exigences de projets futurs.

3. Les exigences de demandes futures en projet pour le développement et la transmission d’énergie pourraient entrer en conflit avec des ressources culturelles et autres et leurs usages. (QUE VEULENT-ILS DIRE PAR LA ?)

4. La Forêt n’a pas préparé la désignation de la Route Militaire General George Crook au Système de Pistes Historiques. Seulement quelque interprétation, le développement de loisirs en relation et une coordination avec les autres Forêts sur lesquelles passe la route (Prescott et Apache Sitgreaves) ont été faits.

5. Il n’y a pas de prescriptions pour la gestion, de priorités ou d’efforts pour procéder à des études des zones où il n’y a pas de projet. La priorité devrait être accordée aux Zones Sauvages ou Spéciales où on peut prédire de fortes densités de sites.

6. Quand des sites ont été désignés comme Zones Spéciales, des études sur les ressources naturelles et culturelles devraient être effectuées pour recenser les valeurs spéciales de la zone. Des plans de gestion devraient alors être établis pour conserver, protéger, mettre en valeur et interpréter ces valeurs pour l’information et l’éducation du public.

Page 13

Il faudrait prioritairement développer des Mémorandums d’Accord spécifiques aux tribus et faire des efforts pour reconstruire les relations ébranlées par la décision de développer Arizona Snowbowl. Des projets pourraient être proposés pour résoudre spécifiquement les problèmes relevant du patrimoine quand c’est nécessaire.

L’Alternative préférable :

Alternative B

L’Alternative B étendrait la Zone Naturelle de Recherche des San Francisco Peaks et la Zone Sauvage du Cratère Strawberry, créerait deux nouvelles Zones Sauvages, une nouvelle Zone Naturelle de Recherche et la Zone Spéciale Géologique des Fumerolles de Cottonwood. La plupart présentent une très forte densité de sites archéologiques et les San Francisco Peaks et la Zone Sauvage du Cratère Strawberry ont une grande importance culturelle.

Page 18 :

Les Relations Tribales

Au cours de nombreuses années de coopération avec les tribus Indiennes qui ont des valeurs ancestrales, traditionnelles, religieuses et culturelles attachées au territoire qui se trouve maintenant à l’intérieur des limites de la Forêt Nationale de Coconino, l’équipe chargée du Programme du Patrimoine a pris conscience de l’existence de nombreuses propriétés culturelles traditionnelles dans la Forêt. Parmi elles, les San Francisco Peaks sont prééminents, étant donné qu’ils ont une signification et une importance profondes pour au moins 13 groupes tribaux, et à des degrés divers pour presque toutes les autres tribus de l’ouest des Etats-Unis. Depuis 1939, il y a une piste de ski sur les San Francisco Peaks, ce qui constitue un affront pour de nombreux Indiens. A la fin des années 1970 et à nouveau dans les années 2000, le Service des Forêts a approuvé des extensions de Snowbowl, en dépit des objections des tribus quant aux effets que ces développements auraient sur les valeurs religieuses et culturelles de leurs peuples. Au cours des deux périodes, ces projets ont été attaqués en justice, l’affaire allant jusqu’à la Cour Suprême, et par deux fois la Cour Suprême a refusé de la prendre en considération. La plainte la plus récente concernait l’intention de Snowbowl de faire de la neige artificielle en utilisant de l’eau d’égouts recyclée. La source de vie la plus précieuse dans le désert du sud-ouest est l’eau. Au cœur de pratiquement toute culture, religion et système de valeur des tribus du sud-ouest, il y a l’eau, et la plupart des tribus voient les San Francisco Peaks comme, de loin, la principale source d’eau, et donc de toute vie. Pour eux, la fabrication de neige est une intrusion dans l’ordre naturel et une invasion de royaumes dont seules des puissances supérieures sont responsables. La décision de Snowbowl est vue par les tribus comme un effort de plus du gouvernement pour continuer à éroder leur culture, et sans leur culture, ils ne peuvent plus continuer à exister comme peuple.

La décision de Snowbowl a détruit une relation construite sur plus de 25 ans entre la Forêt et les tribus travaillant ensemble comme des collègues partageant la responsabilité de son entretien. Çà a miné la crédibilité du Service des Forêts auprès des Indiens et a créé une cassure qu’il sera difficile de réparer.