Par Klee Benally
Publié sur Indigenous Action Media
9 septembre 2016
Traduction Christine Prat
Le texte de la déclaration Fédérale (en anglais): https://www.justice.gov/opa/pr/joint-statement-department-justice-department-army-and-department-interior-regarding-standing
Les San Francisco Peaks, Arizona – Le gouvernement Fédéral a beaucoup de choses à prouver s’il est sincère quand il exprime son intérêt pour la protection des terres sacrées des Peuples Autochtones. La Déclaration commune des Ministères de la Justice, de l’Armée et de l’Intérieur admet que le combat contre le pipeline Dakota Access (DAPL) « a mis en lumière la nécessité d’une discussion sérieuse sur l’opportunité d’une réforme nationale de la façon de considérer le point de vue des tribus sur ce type de projets d’infrastructure. » Une discussion sérieuse a eu lieu et des réformes réalisées, cependant il est clair que le Gouvernement Fédéral n’écoute pas à moins que nous ne mettions nos vies en danger entre les machines et les terres sacrées. Apparemment, c’est ce qu’il doit arriver, mais jusqu’à quel degré de mise en danger devons nous aller avant d’avoir assuré la protection de tous les sites sacrés ?
Le gouvernement Fédéral a démontré à de nombreuses reprises que les Peuples Autochtones aux Etats-Unis n’avaient aucune protection de leur liberté de culte dès qu’il s’agit de sites sacrés et de terres ‘publiques’. Au moment où j’écris, les promoteurs de la zone skiable déchirent les San Francisco Peaks, une montagne du Nord de l’Arizona « gérée » par le gouvernement Fédéral et considérée comme sacrée par plus de 13 Nations Autochtones, pour construire de nouveaux remonte-pente et poursuivre des opérations qui incluent le déversement de millions de litres d’eau d’égouts recyclée pour fabriquer de la neige artificielle. Les bulldozers doivent aussi commencer à profaner la Montagne du Sud, dans le Sud de l’Arizona, dès lundi [12 septembre].
Le Gouvernement des Etats-Unis a déjà établi des règles (limitées) pour la protection des terres sacrées et les consultations préalables, mais dans la lutte pour protéger Sacred Rock et le Fleuve Missouri, ces règles ont été clairement ignorées. En 2012, cinq institutions Fédérales ont signé protocole d’accord [MOU, Memorandum of Understanding] pour « améliorer la protection et l’accès Indien aux sites sacrés grâce à la coordination et la collaboration entre les institutions ».
Voir texte (en anglais) : www.fs.fed.us/spf/tribalrelations/sacredsitesmou.shtml, www.achp.gov/docs/SS%20MOU%20Action%20Plan%20%20March%205%202013.pdf
Si le gouvernement Fédéral était sincèrement intéressé par la protection des sites sacrés, il pourrait au minimum se conformer à et appliquer avec conséquence ses propres lois, mais ça n’a pas été le cas pour les luttes pour des sites sacrés comme le Mont Graham, Mauna Kea, Bear Butte, Oak Flat, la Montagne du Sud, Red Butte, Medicine Lake, le Mont Taylor, les San Francisco Peaks et beaucoup d’autres.Que le gouvernement Fédéral ait entrepris une étude de politique nationale pour les sites sacrés en 2011, APRES près d’une décennie de litiges légaux et d’action directe pour bloquer le développement du domaine skiable sur les San Francisco Peaks, a démontré qu’il y avait un manque de consultations effectives et un échec des cadres statutaires existants.Le problème a été si controversé que même les Nations Unies ont appelé à la révocation immédiate des permis Fédéraux de la station de ski sur les Pics sacrés. Vu leur inaction constante, il est clair que les Etats-Unis ignorent délibérément les conventions des Nations Unies applicables et les déclarations ‘non-contraignantes’.La déclaration fédérale commune dit: « Il nous incombe à tous d’ouvrir une voie qui serve l’intérêt publique le plus large. » Cependant, le gouvernement Obama a approuvé la profanation des San Francisco Peaks sacrés comme servant « l’intérêt publique le plus large. »
Nous pouvons déjà répondre à deux questions du projet de consultations de gouvernement à gouvernement: 1. Les cadres statutaires existants sont de toute évidence le problème, étant donné que nous n’avons pas de possibilité d’action légale pour assurer la protection des sites sacrés. 2. La Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens, la Loi sur la Protection et le Rapatriement des Sépultures Autochtones, la Loi sur la Préservation du Patrimoine Historique National, la Loi sur la Politique Environnementale Nationale, la Loi sur la Protection des Ressources Archéologiques, la Loi sur le Rétablissement de la Liberté Religieuse, l’Ordre Exécutif 13007, ont tous échoué, sinon nous n’aurions pas à risquer nos vies pour défendre nos terres contre des bulldozers privés. Une législation a été proposée au Congrès en 1993 afin de résoudre les manquements statutaires par une Loi sur l’Exercice Libre de leur Religion par les Autochtones, mais elle a en fait avorté en commission. Qu’est-ce qui leur a pris si longtemps pour se rendre compte qu’une procédure d’action légale manquait ?
Si les consultations proposées doivent avoir un sens (au minimum):
. Le gouvernement Fédéral des Etats-Unis doit mettre un terme à toutes les menaces pesant sur des sites sacrés Autochtones. Arrêter immédiatement la profanation de la Montagne du Sud, de Mauna Kea, des San Francisco Peaks et de tous les autres sites sacrés menacés.
. Les consultations doivent aller au-delà des dirigeants Tribaux officiels et inclure les praticiens traditionnels.
La puissante résistance à Cannon Ball, dans le Dakota du Nord, a amené le gouvernement Fédéral à se rendre compte que son attitude et sa politique vis-à-vis des terres sacrées des Peuples Autochtones avaient échoué une fois de plus. Ceci démontre que l’action directe est un moyen nécessaire et efficace pour la protection de notre survie culturelle. Ça avait déjà été démontré clairement et fortement par les actions directes culturelles entreprises par les Hawaiiens Autochtones contre le Télescope de Trente Mètres de Mauna Kea.
Finalement, nous devons faire admettre définitivement que la profanation des sites sacrés est poussée par les forces du capitalisme, du colonialisme et du suprématisme blanc. Pour bloquer définitivement ces pipelines, nous devons en finir aussi avec la machine politique et les systèmes qui les produisent.
Ces systèmes continueront à délégitimer, criminaliser, éliminer, exploiter et détruire toutes les vies et terres Autochtones qui se trouveront en travers de leur route. En fait, les mêmes flics qui protègent les entreprises qui ravagent nos terres sacrées, sont aussi ceux qui assassinent des Noirs et des gens basanés en toute impunité. Nous savons trop bien comment les tribunaux et les cadres statutaires sont intrinsèquement contre nos intérêts en tant que Peuples Autochtones, c’est pourquoi nous déclarons « Il n’y a pas de justice sur des terres volées. »
La dynamique engendrée par le puissant mouvement contre DAPL résonne profondément et se relie à toutes les luttes pour défendre des terres sacrées, c’est une force issue des prières de nos ancêtres pour les générations futures. C’est une force qui ne sera pas arrêtée.
Au pied des San Francisco Peaks sacrés,
Klee Benally
www.protectthepeaks.org
#defendthesacred
COMMUNIQUE DE PRESSE : L’AFFAIRE DE MEDICINE LAKE EN APPEL DEVANT LA COUR DU 9ème CIRCUIT, DES NATIONS AUTOCHTONES SE RASSEMBLENT POUR LA PROTECTION DU SITE SACRE
12 mars 2015
Par Medicine Lake,
Morning Star Gali
protectmedicinelake@gmail.com
www.protectmedicinelake.org
Photos Becky White
Egalement publié sur
Indigenous Action Media
Et sur Censored News
Traduction Christine Prat
Des Nations Autochtones se rassemblent pour protéger Medicine Lake d’une profanation géothermique à l’échelle industrielle
L’appel des Nations Autochtones devant la Cour du 9ème Circuit porte sur la profanation et la contamination d’une zone sacrée de Californie et de son eau, en plein record de sécheresse
SAN FRANCISCO, Californie – 12 mars 2015. Ce jour, la Tribu de Pit River, la Coalition Autochtone pour la Défense des Hauteurs de Medicine Lake, le Centre d’Ecologie Bio régional du Mont Shasta, la Coalition Sauvez Medicine Lake, les Citoyens de Medicine Lake pour la Qualité de l’Environnement, accompagnés de leur avocate Deborah A. Sivas de la Clinique de Droit de l’Environnement de Stanford, étaient optimistes en sortant de la Cour d’Appels du 9ème Circuit, suite à l’audience des arguments oraux dans l’affaire ‘Tribu de Pit River contre le Bureau d’Aménagement du Territoire des Etats-Unis, le Ministère de l’Intérieur, le Service des Forêts, le Ministère de l’Agriculture, et Calpine Corporation’, la partie civile et les parties adverses.
Les Hauteurs de Medicine Lake, connues par les gens de Pit River, principale partie civile, sous le nom de « Saht Tit Lah », sont utilisées pour des cérémonies religieuses et de guérison et pour des rassemblements tribaux. Les Nations de Pit River, Wintun, Karuk, Shasta et Modoc considèrent les Hauteurs de Medicine Lake comme sacrées et les ont utilisées pour des raisons spirituelles depuis d’innombrables générations.
« Medicine Lake est un site sacré et doit être protégé à tout prix », dit le Président Tribal de Pit River, Mickey Gemmill. « Nous essayons de préserver notre culture et Medicine Lake fait partie des origines de notre peuple. Si nous autorisons ces entreprises à venir fracturer, nous pourrions perdre toute chance de restaurer cette partie de notre culture. Donc nous demandons à Calpine Corporation de se retirer et de laisser les Hauteurs de Medicine Lake tranquilles. »
Des représentants de Nations Autochtones et leurs soutiens écologistes se sont présentés devant la Cour d’Appel fédérale du 9ème Circuit le 12 mars à San Francisco pour défendre leur position selon laquelle des baux aux entreprises d’énergie ont été illégalement renouvelés par des administrations fédérales en 1998, pour promouvoir le développement industriel sur les territoires de forêts nationales sur les Hauteurs de Medicine Lake, une zone quasiment vierge située à environs 48 km du Mont Shasta, qui a été classé District Culturel Traditionnel Amérindien. Les plaignants Autochtones et écologistes affirment que le développement industriel profanerait et polluerait la région et poserait des risques inacceptables à la plus grande nappe aquifère d’eau potable de Californie. En contradiction avec la Loi sur la Politique Nationale Environnementale et d’autres lois, les administrations fédérales n’ont jamais évalué le point crucial de savoir si le développement géothermique industriel était approprié à ce paysage.
« Ce qui n’a jamais été pris en compte, c’est si le développement est tout simplement approprié pour les Hauteurs de Médicine Lake, étant donné que la région possède la plus grande nappe aquifère d’eau pur de Californie » dit Michelle Berditschevsky, experte-conseil pour la préservation de l’environnement du Centre d’Ecologie Bio Régional du Mont Shasta (voir son commentaire légal en anglais).
« Le développement géothermique dans la forêt nationale alentours augmenterait la circulation, le bruit, la pollution de l’eau et de l’air, et fragmenterait l’habitat des espèces sauvages, transformant ce paysage isolé en friche industrielle et menaçant une source sûre d’eau potable » dit Janie Painter directrice exécutive de Citoyens de Medicine Lake pour la Qualité de l’Environnement, association de propriétaires de bungalows à Medicine Lake et d’adeptes des loisirs au grand air.
Devant les marches du tribunal, les plaignants et les avocats ont rencontré la presse et environs 100 supporters, dont une caravane Intertribale de jeunes du Nouveau-Mexique et d’Arizona qui avaient fait le voyage pour avoir un aperçu de la procédure à la Cour d’Appel du 9ème Circuit.
« La lutte pour protéger les Hauteurs sacrées de Medicine Lake a été longue, mais au fil des années nous en avons appris de plus en plus sur l’importance du paysage pour les Amérindiens et la Californie en générale » dit Deborah Sivas, Directrice de la Clinique de Droit de l’Environnement, qui représente la Tribu de Pit River et les organisations écologiques dans l’affaire. « J’ai été heureuse de constater que la cour comprenait nos arguments selon lesquels la Tribu a une connexion profonde, durable et respectueuse avec la région. »
« C’était magnifique de voir tant de membres de tribus à l’audience. Çà nous honorait de représenter la tribu et de nous battre pour l’avenir des Hauteurs de Medicine Lake devant la Cour du 9ème Circuit » dit Jason George, un étudiant en droit à la Clinique de Droit de l’Environnement de Stanford.
Debra Sivas, Directrice de la Clinique de Droit de l’Environnement de Stanford, est à votre disposition pour discuter des aspects juridiques de l’affaire : (650) 723-0325 ou dsivas@stanford.edu
Voir aussi l’article “Marche autochtone pour protéger Medicine Lake”
Vidéo de l’audience: