Des délégués du Conseil Navajo ont signé la prolongation du contrat de la Centrale au charbon NGS [Navajo Generating Station], l’une des centrales les plus polluantes d’Amérique du Nord, qui empoisonne les Navajos de la Réserve, bien qu’ils n’aient pas l’électricité ni l’eau courante. La centrale sert essentiellement à alimenter les grandes villes du Sud-ouest.
L’article ci-dessous est une traduction du communiqué de presse conjoint des associations Diné CARE et Tó Nízhoní Ání. Plus bas, vous trouverez une traduction française d’un commentaire de Klee Benally sur l’accord, publié sur Facebook le 3 juillet 2017
Communiqué de presse
Du 27 juin 2017
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
Contacts:
Carol Davis, Diné CARE, (00 1) 928-221-7859, caroljdavis.2004@gmail.com
Percy Deal, Diné CARE, (00 1) 928-205-7332, deal.percy@gmail.com
Nicole Horseherder, Tó Nizhóní Ání, (00 1) 928-675-1851, nhorseherder@gmail.com
Jessica Keetso, Tó Nizhóní Ání, (00 1) 505-228-7085, jkeetso@yahoo.com
WINDOW ROCK, Arizona – Des délégués du Conseil de la Nation Navajo, ont voté lundi, tard dans la soirée, l’approbation d’un nouveau contrat qui permettra à la Navajo Generating Station [Centrale Electrique Navajo] de continuer à fonctionner pour deux ans et demi de plus, mais qui en plus, comprend des amendements qui affaiblissent le contrôle de la Nation Navajo sur la date de fermeture de la centrale.
“Il n’est pas possible de le dire autrement: avec cet accord, la Nation Navajo s’est lié les mains derrière le dos. Nous nous retrouvons avec des millions de dollars de dettes”, dit Adella Begaye, de l’association communautaire Navajo Diné CARE. “L’accord a été passé de force en retenant le Conseil Tribal Navajo en otage durant un ultimatum de 11 heures, par les personnes mêmes qui ont été autorisées à exploiter et piller nos ressources naturelles.”
Les délégués tribaux, qui ont approuvé le contrat par un vote de 18 contre 4, ont renoncé à leur droit de régler des conflits devant des tribunaux Navajo, en ce qui concerne la plus grande centrale au charbon de l’Ouest, et ils ont cédé leur droit de superviser le démantèlement et la dépollution, qui devront commencer quand la centrale fermera, fin 2019.
“Nous respectons les ouvriers Navajo, dont le niveau de vie serait affecté par la fermeture de la Centrale et en conséquence, de la Mine de Kayenta, mais nos dirigeants ont donné leur accord pour un héritage de déchets et de pollution pour les générations de nos enfants et petits-enfants” dit Percy Deal, membre de Diné CARE et membre du conseil tribal.
En février, la SRP et les autres propriétaires de la centrale, ont décidé que financièrement, le plus sûr était de fermer la centrale, parce qu’ils perdaient 100 millions de dollars par an, ou plus, en gérant la centrale dans un marché de l’énergie qui offre des alternatives bien meilleur marché.
“Le reste du monde déclare emphatiquement se tourner vers une économie de l’énergie propre. Les services se détournent de la NGS et du charbon le plus vite possible, parce que le charbon ne peut plus concurrencer les sources d’énergie plus propres”, dit Nadine Narindrankura, de Tó Nizhóní Ání, une autre association Navajo. “C’est grotesque de la part de nos dirigeants, de s’accrocher au charbon. Lier notre peuple à un navire en train de couler ne fera que nous mettre en faillite et repousser l’inévitable pour deux petites années.”
Diné CARE et Tó Nizhóní Ání ont été profondément impliquées dans les problèmes concernant les centrales au charbon et l’extraction de charbon dans la Réserve Navajo depuis des années. Ils continuent d’affirmer que sous la promesse des services de maintenir la survie du charbon, il y avait un plan secret pour aider les propriétaires de la NGS à échapper à leurs responsabilités financière et éthique, bien que depuis des décennies, ils s’enrichissent en exploitant les ressources naturelles des Navajo, polluent les terres tribales et empoisonnent l’air que les familles Navajo respirent.
“Nous n’oublierons jamais les générations de familles Navajo perdues par la déportation forcée. C’est sur le dos des Navajos et des Hopis que l’Arizona vit confortablement alors que nos familles n’ont ni l’eau courante ni l’électricité” dit Robyn Jackson, de Diné CARE. “La direction Navajo a maintenant deux ans et demi pour créer un projet de transition solide et ne peut pas perdre de temps, en le gaspillant à courte vue pour que la centrale continue à tourner après 2019 ou en ayant la stupidité d’acheter la Mine de Kayenta.”
L’eau est l’un des problèmes les plus importants pour les Navajos, et les associations citées sont préoccupées par les 62 millions de m³ du bassin hydrologique du Haut Colorado, qui doivent à juste titre être rendus à la Nation Navajo. En dépit de la déception que constituent d’autres éléments de l’accord, Diné CARE et Tó Nizhóní Ání sont soulagés que les termes de l’accord original de 1969 pour la NGS, concernant les droits sur l’eau, aient été inclus dans un amendement, comme ils l’avaient suggéré aux délégués, pendant les audiences législatives sur le contrat. Les termes de l’amendement sur l’eau ne sont pas contraignants, mais seront une base solide pour que les Navajos récupèrent tous leurs droits sur cette eau.
La Nation Navajo a un vaste potentiel pour développer l’énergie solaire et éolienne, et Diné CARE et TNA ne voient pas d’avenir dans le charbon. Au contraire, ils exigent des dirigeants tribaux qu’ils travaillent à construire une économie qui permette à la Nation Navajo de subvenir aux besoins de son peuple pour des générations à venir, pas seulement pour quelques années.
“Maintenant, la nation dans son ensemble doit s’engager à une transition économique et énergétique, ainsi que de direction politique” dit Jessica Keetso de TNA. “Les élections de 2018 approchent, et nous devons élire des dirigeants qui savent ce que changement climatique veut dire, et sont conscients de l’importance de développer des entreprises et une infrastructure durables. La Nation Navajo doit développer l’énergie solaire et éolienne, sur le site de la NGS, ou à proximité, afin que nous puissions utiliser les lignes électriques et recevoir les revenus pour notre Nation.
“C’est la seule chose sensée, et ce sera l’une des rares bonnes choses sorties de cet accord idiot de contrat de remplacement.”
Emplacement avec point de vue sur la Centrale au charbon, à quelques centaines de mètres
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COMMENTAIRE DE KLEE BENALLY, sur Facebook, le 3 juillet 2017
La pire fausse nouvelle #fakenews jamais publiée par la Nation Navajo.
Absolument ‘laver plus vert’ #greenwashing.
Premièrement, la Nation Navajo a été établie en tant que “Tribu de l’Energie”, au profit de l’état-nation colonial, de colonisation de peuplement massive, appelé les “Etats-Unis”.
La Nation Navajo n’est pas un “état de ressources naturelles” (comme le porte-parole Bates aime à le proclamer), c’est, et a toujours été une colonie de ressources naturelles. Si c’était un état de ressources naturelles, ou “une tribu de l’énergie”, nous n’aurions pas la disparité actuelle dans l’accès à l’énergie dans la Réserve, n’est-ce pas?
Depuis qu’il a été imposé en 1923, le rôle du gouvernement de la Nation Navajo a été de légitimer et maximiser l’extraction de ressources par le gouvernement des Etats-Unis, et c’est ce que nous appelons un colonialisme de ressources. Nous avons un nuage de méthane de la taille du Delaware au-dessus de nos têtes, dans la région de Four Corners, plus de 20 000 Diné touchés par la déportation forcée liée à l’extraction de charbon de l’une des plus grandes mines à ciel ouvert de l’Amérique du Nord, sur Black Mesa, 523 mines d’uranium abandonnées, et le plus grave accident nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, à Church Rock, pour le prouver.
Deuxièmement, prolonger le contrat de la NGS, signifie qu’elle continuera à brûler 24 000 tonnes de charbon par jour jusqu’en 2019, il n’y a absolument rien de “vert” là-dedans. En plus, ça signifie que la firme Peabody Energy, précédemment en faillite, continuera à extraire du charbon de Black Mesa.
La NGS fournit la troisième contribution à l’émission de gaz à effet de serre du pays, et essayer de faire passer cet accord pour “vert” représente le niveau de bassesse que la stratégie du marketing est en train d’atteindre.
Mais bien sûr, que pouvons-nous attendre d’un Conseil Tribal qui a “été établi à l’origine pour que le Bureau des Affaires Indiennes approuve les accords avec les compagnies pétrolières Américaines, qui étaient pressées de commencer les opérations de forages sur les terres Navajo.” ( http://www.nnogc.com/about-us.html, en anglais)
Quand notre Mère la Terre est attaquée, que faisons-nous?
https://theanarchistlibrary.org/library/various-authors-ecodefense-a-field-guide-to-monkeywrenching (en anglais)
https://www.sproutdistro.com/2011/10/07/new-zine-what-is-security-culture/ (en anglais)
Lire (en anglais) le brillant essai de John Redhouse “Géopolitique du ‘Conflit Territorial’ Navajo-Hopi, pour le contexte
Quelques-uns de mes travaux sur la question [Traduction française]:
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=2820 et [en anglais] http://www.indigenousaction.org/nnact/
Communiqué de presse (en anglais) sur la signature de l’accord: http://mailchi.mp/f80145b6c725/press-release-signing-of-ngs-extension-lease-positions-navajo-nation-to-become-an-energy-tribe
FAILLITE DE PEABODY: LES NAVAJO DEMANDENT UNE TRANSITION VERS L’ECONOMIE DURABLE
COMMUNIQUE à partager et diffuser le plus largement possible :
14 avril 2016
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
Contacts :
Jihan Gearon
Directrice Exécutive
Black Mesa Water Coalition
(00 1) 928 380 6684
Wahleah Johns
Coordinatrice du Projet Solaire pour Black Mesa
Black Mesa Water Coalition
(00 1) 928 637-5281
LA DECLARATION DE FAILLITE DE PEABODY N’EST « PAS UNE SURPRISE » :
LES MEMBRES DE LA TRIBU NAVAJO DEMANDENT UNE TRANSITION JUSTE VERS UNE ECONOMIE DURABLE
NATION NAVAJO, Arizona – La plus grande compagnie charbonnière du pays, Peabody Energy Corporation, s’est enregistrée pour bénéficier de la protection du statut de faillite auprès du 11e Chapitre mercredi dernier, alors que l’industrie du charbon se débat avec la baisse du prix du gaz naturel et l’application plus stricte des règles fédérales. Peabody possède des titres de propriété dans 26 mines en Australie et aux Etats-Unis, entre autres la Mine de Kayenta, située dans la région de Black Mesa de la Nation Navajo. Cette déclaration de faillite amène beaucoup de communautés Navajos à demander ce que cela signifie en termes de responsabilité de Peabody envers les ouvriers, les soins de santé et la dépollution des terres et de l’eau de la région, et d’une économie de transition.
« Les réactions diverses des Navajo à la déclaration de faillite de Peabody en disent long » dit Jihan Gearon, Directrice Exécutive de l’ONG Navajo Black Mesa Water Coalition (BMWC). « Certains s’en réjouissent, y voyant la fermeture potentielle de la Mine de Kayenta et la fin de la pollution par le complexe charbonnier de l’environnement et de ses effets sur la santé des gens. D’autres s’inquiètent de la possible perte d’emplois et de l’impact sur l’économie de la Nation Navajo. Cependant tout le monde appelle à un engagement de Peabody et des membres du gouvernement de remplir leur obligation de dépolluer et de soutenir une transition juste vers une nouvelle économie. »
« Avant que les comptes bancaires de Peabody ne soient en faillite, ils avaient déjà mis en faillite l’état naturel de mes terres ancestrales, vidé et pollué notre seule source d’eau potable, profané des sites sacrés et perturbé notre obligation de prendre soin de notre Mère la Terre. De toute évidence, le modèle économique de Peabody est en faillite sur tous les plans » dit Wahleah Johns, membre de la tribu Navajo et Directrice du Projet Solaire pour Black Mesa.
« Aucun d’entre nous ne devrait être surpris de ce que Peabody se déclare en faillite » dit Enei Begay, fondateur de BMWC et membre du conseil d’administration. « Le déclin du charbon a été prévu depuis des décennies, c’est pourquoi BMWC a cherché à concentrer ses efforts sur la recherche d’une transition économique juste depuis plus de 15 ans. Je ne m’inquiète pas pour les cadres de Peabody, si nous avons appris quelque chose des renflouements de 2008, c’est qu’une compagnie et ses cadres supérieurs se sortent des crashs sans une égratignure. Mais est-ce que les Navajo et notre économie naissante seront jamais renfloués après cet effondrement de l’économie du charbon ? »
BMWC est partenaire de plusieurs autres organisations qui travaillent depuis des années pour promouvoir une transition honnête, équitable et juste pour les communautés de Black Mesa et la Nation Navajo.
- Après la fermeture de la Centrale de Mojave (MGS) et de la Mine de Black Mesa en 2006, BMWC et d’autres créèrent la Coalition pour une Transition Juste, dont l’activité a culminé en 2013. La Commission des Services Publics de Californie a voté l’utilisation des revenus de la vente des quotas de dioxyde de soufre due à la fermeture de MGS, pour créer un fonds renouvelable de 4,5 millions par ans pour payer le développement de projets renouvelables pour la Tribu Hopi, la Nation Navajo et les contribuables de Californie.
- En 2009, BMWC a établi la Commission et le Fonds pour une Economie Navajo Verte a sein même du gouvernement tribal de la Nation Navajo, la première législation pour une économie verte introduite par un gouvernement tribal. Le but était d’attirer des fonds fédéraux pour soutenir une transition juste et donner la capacité au gouvernement tribal d’envisager et de commencer à créer une économie plus durable et plus juste.
- En 2011 BMWC a été l’un des cofondateurs d’un incubateur d’entreprises vertes Navajo, qui s’est maintenant développé pour devenir le Réseau Autochtone d’Incubateur d’Entreprises.
- BMWC a mené à terme divers projets de recherche qui prouvent la viabilité d’une économie durable. Voir nos résultats [en anglais]
- BMWC a piloté trois projets, qui prouvent à la fois la viabilité de – et démontrent le potentiel pour – une économie qui construit sur la base de la culture Navajo et ses points forts, et donne la priorité au caractère durable et à la justice. Ce sont le Projet Solaire de Black Mesa, le Projet d’Amélioration du Marché de la Laine Navajo, et le Projet de Souveraineté Alimentaire.
« Chaque jour, des membres de la communauté Navajo travaillent à la transition vers une économie verte, je travaille depuis des années avec de nombreux partisans tribaux du solaire, et le futur solaire des Navajo est plus brillant que jamais. Mais ça a été difficile d’adopter complètement le solaire pour l’avenir, parce que notre gouvernement tribal était lié à un marché du charbon en train de sombrer » dit Wahleah, qui est aussi Commissaire à l’Economie Verte de la Nation Navajo. « Je suis persuadée que les investissements dans le solaire sont un des grands moyens de pouvoir prendre soin de notre territoire tout en prenant soin des gens. »
« La faillite de Peabody démontre la montagne d’instabilité et réflexion à court terme associées aux marchés spéculatifs » dit Roberto Nutlouis, Coordinateur du Programme de Restauration Economique de la BMWC. « En tant que Navajos, notre culture nous dit que notre économie traditionnelle et les systèmes sociaux compliqués que nous défendons, c’est ce qui va vraiment durer. »
« La faillite de Peabody montre que la transition a déjà commencé pour la Nation Navajo » ajoute Jihan. « C’est à nous, en tant que Navajos, de déterminer comment cette transition se passera et ce qu’elle créera. La Nation Navajo doit prendre des mesures décisives pour se distancer de cette économie instable reposant sur des carburants fossiles et mettre en route un projet de transition juste, vers une économie durable, maintenant plus que jamais. »
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Plus d’informations [en anglais] sur nos partenaires et alliés sur : http://www.ourpowercampaign.org/press-release-peabody-just-transition/
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Jihan R. Gearon
Executive Director
Black Mesa Water Coalition
P.O. Box 613
Flagstaff, AZ 86002
Email: jihan.gearon@gmail.com
Office: 928-213-5909
Fax: 928-213-5905
Dons à BMWC: https://donatenow.networkforgood.org/blackmesawatercoalition
Pour plus d’infos:
<http://www.blackmesawatercoalition.org>
<http://www.ourpowercampaign.org/>
<http://www.storybasedstrategy.org>