26 juin 2013
Traduction Christine Prat
Ma Famille et mes Amis. J’espère que vous vous sentez bien et que vous êtes en bonne santé et heureux. Pour ceux d’entre vous qui ont défilé aujourd’hui, j’imagine que le soleil vous a donné un peu plus de couleurs et… je suis fier de vous tous. Vous savez que si j’étais sorti, j’aurais défilé avec vous, en tête, bien sûr.
Dans mon esprit, je suis là-bas avec vous. Je peux sentir la sauge qui brûle et les herbes sacrées mêlées aux odeurs des caisses de pain frit et des grands plats de salade de pommes de terre. Les ‘unci’s’ sont assises sur des chaises à l’ombre, probablement en train de se taquiner et de rire, comme vous seules savez le faire. Je vous vois toutes assises sur les couvertures, à l’ombre, sur le sol dur et sec, essayant de trouver une position confortable. Je peux voir jusqu’à l’endroit où se trouvait le vieux camp et distinguer l’endroit où les hommes coupaient le bois et l’endroit où étaient les jardins.
La tristesse m’envahit quand je vois les fondations, là où il y avait autrefois la demeure de Grand-Mère et Grand-Père Jumping Bull. Je me souviens des gosses qui couraient et jouaient, insouciants et heureux. Quelquefois, il semble que c’était il y a longtemps, et d’autres fois, c’est comme si c’était hier. Quelquefois, quand je suis seul, je me demande pourquoi la vie doit être aussi dure pour notre peuple. C’est troublant que certains des nôtres se tournent contre nous. Est-ce l’argent ? Le Pouvoir ? L’avidité ? Nous étions là parce qu’on nous l’avait demandé, pour protéger les familles traditionnelles qui continuaient à suivre les instructions d’origine, transmises de génération en génération sous la forme des histoires de notre Création. On me dit que maintenant une enquête est en cours sur le meurtre des quelques soixante personnes tuées durant ce règne de la terreur. Il est scandaleux que çà ait pris plus de 40 ans pour découvrir qu’une balle dans le dos ne ressemble pas à une mort naturelle. Nous étions là-bas aussi pour protéger la terre et l’empêcher d’être violée par le gouvernement pour de l’uranium. Nous avons la preuve que les décharges de produits chimiques placés sur notre terre sans information ni consentement de nos membres et la fuite de radioactivité 5 fois supérieure au niveau considéré comme sans danger, polluant les veines de notre mère la terre et transformant notre eau sacrée en poison, ont fait avorter les femmes enceintes et remplacé par le cancer les causes de mort naturelles sur les certificats de décès de beaucoup membres de notre peuple. Je n’essaie pas de faire de ceci un message sombre et désespéré. J’essaie seulement de faire comprendre à certains de nos jeunes gens que nous devons continuer à protéger tout ce qui est sacré pour nous, nos Anciens, nos femmes et nos enfants, notre culture et notre mode de vie et nous protéger mutuellement.
On me demande toujours une mise à jour sur ma situation et je vais essayer de l’expliquer. Comme mon équipe pourra vous le dire, ma tension est élevée, mon diabète est incontrôlé au point de me causer des problèmes de vue et je souffre beaucoup quand je marche. Mes médicaments m’ont été refusés pendant plusieurs mois et les rendez-vous avec un médecin sont rares. J’ai eu des examens pour le cancer de la prostate, et bien que je n’ai jamais eu de réponse claire, ni si c’était un cancer ou pas, les symptômes indiquent avec certitude que quelque chose ne va pas. Les problèmes récents de souffle court et de douleurs dans la poitrine sont une pression supplémentaire. Je vous assure que ce n’est pas un endroit pour être malade ou avoir de problèmes de santé, car en prison nous ne sommes qu’un numéro parmi d’autres. C’est une bonne chose que je n’aie pas besoin de médicaments pour garder le sens de l’humour, sinon je serai indubitablement fichu ! De plus, mes conseillers à l’intérieur de la prison ont approuvé un transfert dans une prison de moyenne sécurité, plus près de chez moi, mais le transfert a été rejeté par le Bureau du Texas, sans raison. Bien qu’il ait été fait appel de ce rejet, personne ne sait combien de temps çà va prendre avant que ce soit examiné.
Pour finir, je veux vous dire à tous « pilamiyeya » pour votre dur travail. Je sais que c’est une entreprise colossale d’organiser un évènement. Çà me rappelle à l’humilité de savoir que vous prenez le temps non seulement de vous souvenir de moi, mais de tous les guerriers qui ont essayé d’éliminer LEUR HISTOIRE de l’histoire, en se soulevant pour dire NOTRE histoire. Je suis avec vous pour soutenir la reconnaissance de nos droits inhérents, nos chercheurs de vérité et notre mode de vie sacré. A ceux d’entre vous qui se préparent pour la Danse du Soleil, j’espère que vous me sentirez danser à côté de vous, dans l’Inipi, je suis là-bas dans la vapeur et chantant avec vous. Mais comme vous pouvez vous en douter, je me fatigue. Je veux juste être chez moi avec les miens. Je veux m’éveiller en entendant les oiseaux chanter devant ma fenêtre et sentir l’odeur du « café de cowboy » venant de la cuisine, au lieu d’entendre le claquement des portes de cellules et le cliquetis des trousseaux de clefs. Je vous en prie ! Continuer à vous battre pour ce qui est juste. C’est tout ce que je peux demander.
Mitakuya oyasin !
Doksha,
Leonard
A PROPOS DE ‘IDLE NO MORE’
Par Leonard Peltier
Publié par Censored News
See original article in English
Traduction Christine Prat
18 janvier 2013
Saluts à vous, mes Parents et Amis !
J’ai appris au cours de la semaine passée que beaucoup de nos jeunes gens et surtout des femmes s’étaient mobilisés pour soutenir nos Frères et Sœurs Autochtones du Canada. Cela me fait vraiment chaud au cœur de voir l’activisme et la conscience de différentes générations de Gens se rejoindre. Il y a là un potentiel important pour éduquer ceux qui ne connaissent pas les périls qui menacent notre environnement.
Par mon expérience personnelle, je comprend parfaitement les difficultés qu’il y a à obtenir que les gens agissent pour amener le changement. Le cours choisi par les entreprises mondiales dans l’histoire et aujourd’hui s’est développé largement aux dépens des peuples autochtones partout dans le monde. J’encourage quiconque lit ces lignes à s’engager le plus possible pour endiguer la vague de destruction environnementale qui a lieu en ce moment.
La santé de notre environnement transcende tous les milieux sociaux et tous les horizons. Si nous n’avons pas d’eau saine, d’air sain, de nourriture saine et d’enfants en bonne santé nous n’aurons pas de futur sain. C’est la loi. Je ne pourrai répéter assez à quel point c’est important de communiquer et de donner la main à nos Frères et Sœurs Autochtones partout dans le monde. Nous devons nous unir pour faire changer ces entreprises qui piétinent nos droits environnementaux.
Je vous encourage à rechercher les organisations déjà engagées dans cette tentative et à rester unis. J’encouragerai tous les Gens avec lesquels je travaille et ceux avec lesquels j’ai travaillé à faire leur part d’efforts dans cette lutte. Je termine pour le moment, mais dans l’Esprit de Chef Theresa Spence continuez à tenir bon et ne laissez plus faire [idle no more] !
Dans l’Esprit de Crazy Horse
Leonard Peltier
Une exclusivité De la Plume à l’Ecran !
INCIDENT A OGLALA
de Michael Apted, 87′, 1994
VO ST Français
Années 1970. Dans la réserve amérindienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, la violence couve, des exactions ont lieu, perpétrées sous les ordres d’un responsable à la solde du gouvernement. Le 26 juin 1975, deux agents du FBI pénètrent dans la réserve et sont tués au cours d’une fusillade. Léonard Peltier (Sioux/Chippewa), membre de l’American Indian Movement, est arrêté au Canada où il s’était réfugié. Extradé, il est condamné au cours d’un procès où se succèdent faux témoignages et preuves contradictoires…
Un grand classique sur l’histoire contemporaine des Amérindiens aux Etats-Unis, enfin en DVD !
De la Plume à l’Ecran a réalisé les bonus pour Tamasa Distribution.
Retrouvez les courts-métrages « coup de cœur » de l’association : Shimasani de Blackhorse Lowe et Goodnight Irene de Sterlin Harjo, ainsi que trois courts-métrages du Wapikoni Mobile (Nous sommes et L’amendement de Kevin Papatie et La Tonsure de Marie-Pier Ottawa).
Ces courts-métrages, réalisés par de jeunes amérindiens, étoiles montantes de l’industrie cinématographique au Canada et aux Etats-Unis, ont tous été projetés lors des différentes éditions du Festival Ciné Alter’Natif et, pour certains, sous-titrés par De la Plume à l’Ecran.
Prix de vente : 16€ + 2€ frais de port
Bulletin de commande:
Catalogue et bon de commande PDF:
http://delaplumealecran.org/pdf/CATALOGUE%20DPAE%202012.pdf page 2
Et bientôt à Paris une projection publique du film « Incident à Oglala » en présence de représentants de l’American Indian Movement qui seront en tournée en Europe à la fois pour commémorer le 40ème anniversaire de l’occupation de Wounded Knee et dans le cadre de la campagne de solidarité pour la libération de Leonard… Restez connectés ! http://www.delaplumealecran.org
———————-
De la Plume à lEcran
delaplumealecran@yahoo.com
http://www.delaplumealecran.org
La Déclaration de Leonard pour la Journée des Autochtones 2012 (12 octobre 2012)
Traduction Christine Prat
Je salue mes parents et amis, vous qui me soutenez !
Je sais que je répète cette phrase tout le temps, mais en réalité, vous êtes tous mes parents et je vous apprécie. Je ne pourrais jamais le dire assez. Certains membres de notre peuple, tout comme nous-mêmes ont décidé d’appeler ce jour Journée des Autochtones au lieu de Columbus Day [ Journée de Christophe Colombe ] et cela me fait vraiment penser à comment tant de gens peuvent encore célébrer Colombe, un tueur de masse cruel, qui lors de son dernier voyage aux Amériques, d’après ce que j’ai lu, a été arrêté par ses propres hommes pour avoir été trop cruel. Quand vous considérez toutes ces sortes de cruauté contre notre Peuple et son statut, vous vous demandez jusqu’à quel niveau il avait porté sa cruauté. Et avec tout ce savoir historique accessible, des gens veulent encore célébrer et tenir en haute estime ce meurtrier.
Si nous devions célébrer une Journée de Hitler, ou de Mussolini, ou autre meurtrier et auteur de violence et de génocide, çà susciterait une vague de condamnation générale. Ce serait comme célébrer la Journée de Bush en Iraq. C’est triste à dire, mais le fait de mentionner Colombe dans mes commentaires lui accorde aussi plus de reconnaissance qu’il ne faudrait. Donc je suis d’accord de tout mon cœur avec tous ceux d’entre vous là-bas qui ont choisi d’appeler ce jour la Journée des Autochtones. Si je n’étais pas Amérindien, ou comme certains disent maintenant – Autochtone, j’aimerais quand même nos traditions et je me tiendrais à nos traditions et je chérirais nos traditions. Je vois nos traditions comme la voie pour le futur, pour le monde. Avec d’autres, j’ai dit et répété, et notre Peuple avant nous, cette terre est notre Mère. Cette terre est la vie. Et tout ce que vous prenez à la terre crée une dette qui devra être payée un jour dans le futur par quelqu’un.
En parlant de nos traditions, je ne peux m’empêcher de penser aux moments passés dans notre tente de sudation [sweat lodge] au cours desquels je ressens que nous pourrions être n’importe où, que nous sommes avec les Peuples Autochtones, à ce moment, dans ces moments de nos prières et dans nos cœurs il n’y a pas de distance entre nous. Je ne suis plus en prison en Floride. Je peux être sur la prairie dans le Dakota du Sud ou dans une tente en Colombie Britannique ou en Amérique du Sud. Ou même avec certains de mes enfants dans la tente de sudation familiale. Nous devons tous être pleins de gratitude pour ce que nous avons mais nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier ce qui nous a été pris. Il n’y a aucun degré de liberté que je pourrais recevoir personnellement qui pourrait constituer une restitution suffisante pour tout ce qu’ils m’ont pris. Mais si d’une certaine manière mon incarcération et mes sacrifices pour ceux de notre Peuple qui étaient là avant moi et tout au long de notre histoire Autochtone peut servir de voie pour un futur plus brillant, une terre plus saine, et pour la vie de toute l’humanité ; si çà pouvait nous rassembler dans une vision unifiée pour protéger le futur de notre Peuple, de nos enfants et de toutes les générations futures sur la terre, alors çà aura largement valu la peine.
La Journée Autochtone devrait devenir une manière de vivre comprenant tout ce qui défend la vie, pas seulement quelques jours par an. Si vous êtes d’une manière ou d’une autre avec quiconque vit autour de vous, embrassez ceux que vous aimez de ma part. Protégez votre liberté avec zèle. Sauvez Notre Mère la Terre où vous pouvez. Faites souvent la cérémonie de sudation et sachez que cet homme ordinaire, Leonard Peltier, sera toujours avec vous dans la lutte, d’une manière ou d’une autre.
Que le Grand Esprit vous accorde les choses dont vous avez besoin, en quantité suffisante pour partager.
Dans l’esprit de Crazy Horse, Osceola, Geronimo, Chief Seattle et tous les nombreux autres qui ont lutté pour ce qui est juste et tenté de redresser ce qui était mal.
Mitakuye Oyasin.
Leonard Peltier