Par Amanda Blackhorse
Publié par Indigenous Action Media
Photo Amanda Blackhorse
5 septembre 2016

Traduction Christine Prat

 

Ces trois dernières semaines ont été une période pivot dans le combat pour protéger notre mère la terre et les sites sacrés. Alors que beaucoup de gens se rassemblent à Standing Rock pour bloquer le Dakota Access Pipeline, une lutte similaire a lieu à Phoenix, Arizona – la lutte pour protéger la montagne sacrée, Moahdak Do’ag (Montagne du Sud).

 

Le 19 août 2016, la Juge Fédérale de District Diane Humetewa a décidé que le Service des Transports d’Arizona (ADOT) et l’Administration Fédérale des Autoroutes (FHWA) pouvaient continuer la construction du projet de bretelle 202, une autoroute à six voies qui coupera le sud-ouest de la montagne. Elle doit aussi passer parallèlement le long de la communauté Ahwatukee et de la Communauté Indienne de Gila River (GRIC). La Juge Humetewa a décidé que les plaignants n’avaient pas pu prouver que le projet d’autoroute pourrait nuire aux communautés représentées.

Nos parents O’odham (Communauté Indienne de Gila River, Communauté Indienne Pima Maricopa de Salt River, Ak-Chin, et les Tohono O’odham) considèrent Moahdak Do’ag comme sacrée et comme un mode de vie. Les membres de la Communauté Indienne de Gila River combattent le projet de bretelle 202 depuis des années.

Au cours de l’été 2015, la Communauté Indienne de Gila River (GRIC) et l’association Protéger les Ressources et les Enfants d’Arizona (PARC), ont déposé une plainte contre l’ADOT et la FHA, se référant des infractions à la Loi sur la Politique Environnementale Nationale (NEPA), à des effets nocifs pour la communauté et la profanation de sites sacrés. Peu de temps après, les deux organisations ont également déposé une injonction d’urgence pour stopper les travaux préalables à la construction de l’autoroute, mais ont été déboutés par la juge, invoquant le fait que les parties civiles n’avaient pas pu prouver qu’il y aurait des dommages irréparables si la construction continuait.

La réaction de la communauté d’Ahwatukee, de la GRIC, et des membres de la tribu de la GRIC a été puissante. La Présidente de l’association PARC, Pat Lawlis, a qualifié le jugement d’ « incroyable » dans un communiqué de presse. Elle déclarait qu’ « il se révélait malheureusement qu’il y avait plus en jeu qu’une application adéquate de la loi et des faits importants. La Cour a décidé que l’ADOT et l’Administration Fédérale des Autoroutes (FHWA)  étaient autorisés à utiliser une interprétation extrêmement vaste dans leur projet de bretelle et de ce fait n’enfreignaient pas la loi fédérale. »

Les représentants de la PARC ont également déclaré qu’ils feraient appel auprès de la Cour d’Appel du 9ième Circuit. PARC et les autres plaignants, une coalition de membres de la communauté Ahwatukee et de groupes de protection de l’environnement, cherchent à protéger Ahwatukee des effets néfastes que l’autoroute aura sur la communauté et la terre.

Le Gouverneur Stephen Rowe Lewis, de la Communauté Indienne de Gila River, a publié une déclaration sur sa page Facebook : « Dire que les gens de notre communauté sont déçus, n’exprime absolument pas la profondeur de ce que nous ressentons face à la perte potentielle de cette chaîne de montagnes sacrée. C’est tout simplement inacceptable. »

Les membres de la tribu GRIC ont exprimé leur opposition par une manifestation, le lundi suivant la décision du Juge. La manifestation a eu lieu au cours d’une réunion de planning de l’ADOT à Ahwatukee. Au moins 6 membres de la communauté sont venus avec des pancartes et des banderoles, en chantant un chant traditionnel O’odham sur Moagdak Doag, ils ont été accueillis par les applaudissements de la communauté de Ahwatukee.

 

« Aujourd’hui, je suis fier de notre Conseil, des activistes de la Communauté, de nos Anciens, et des membres de la Communauté se sentant impliqués, qui ont soutenu toute la Communauté pour avancer dans ce combat historique pour sauver Muhadagi Doag ! Le défi est effrayant, mais si nous nous unissons avec des cœurs purs et des esprits clairs, la puissance de notre UNITE peut renverser ces obstacles extrêmes placés sur notre voie quand nous répondons à l’appel de nos ancêtres. » – Le Gouverneur Stephen Rowe Lewis de la Communauté Indienne de Gila River.

 

Deux membres de tribus qui assistaient à la manifestation, Linda Paloma Allen et Andrew Pedro sont depuis des années en première ligne du combat contre la construction de la bretelle 202. Pedro a expliqué sa déception suite à la décision de la Juge Humetewa, et a déclaré : « En tant que personne Autochtone, vous auriez pu espérer qu’elle comprenne l’importance de tels endroits, mais ceci montre que le but principal de l’institution coloniale est d’appliquer et de réaffirmer la loi coloniale. » Il dit aussi que le fait qu’ils aient été accueillis par des applaudissements des membres de la communauté d’Ahwatukee montre que tous les gens, Autochtones ou non, sont opposés à cette autoroute.

Linda Paloma Allen a déclaré que le combat pour sauver cette montagne n’est pas seulement un combat pour les Autochtones mais aussi pour un changement de système. Elle dit : « Les Autochtones en ont assez des intérêts extérieurs qui ne comprennent pas à quel point nous sommes connectés à notre terre et ce que nous ferons pour la défendre. Dans le Dakota du Nord, ce sont Energy Transfer Partners et le Dakota Access Pipeline. En Arizona, c’est le Service des Transports d’Arizona, [la station de ski] Snowbowl et Resolution Copper. C’est la même injustice depuis 1492 ».

Plus tard dans la semaine, le conseil de la Communauté Indienne de Gila River a organisé une réunion spéciale pour discuter des nombreux problèmes urgents et du combat incessant pour bloquer la Bretelle 202. Bien que la discussion sur l’autoroute ne soit pas ouverte au public, j’ai pu assister au début de la session et voir le conseil tribal de la GRIC adopter une résolution soutenant le combat pour bloquer le Pipeline d’Accès Dakota [DAPL] dans le Dakota du Nord.

Après la réunion, le Gouverneur Lewis a fait une déclaration sur la Bretelle 202 : « Aujourd’hui, je suis fier de notre Conseil, des activistes de notre Communauté, des Anciens, et des membres de la Communauté se sentant impliqués, qui ont soutenu toute la Communauté pour avancer dans ce combat historique pour sauver Muhadagi Doag ! Le défi est effrayant, mais si nous nous unissons avec des cœurs purs et des esprits clairs, la puissance de notre UNITE peut renverser ces obstacles extrêmes placés sur notre voie quand nous répondons à l’appel de nos ancêtres. »

Bien que la décision récente de la Juge Humetewa ne soit pas en faveur de la GRIC ou des membres de la tribu de la GRIC, Andrew Pedro déclare qu’il semble y avoir plus d’intérêt de la part des membres de la tribu pour le problème. « Bien que c’ait été une période douloureuse, le peuple O’odham n’acceptera pas en se couchant devant eux. Et si l’ADOT veut une épreuve de force, ils l’auront. »

 

Gila River Against Loop 202: www.facebook.com/Gila-River-Against-Loop-202-148194241910780/
Akimel O’odham Youth Collective: www.facebook.com/AOYC123/

 

Amanda Blackhorse, (Diné), de Big Mountain et Kayenta, en Arizona, est assistante sociale et partie civile dans l’affaire ‘Football Professionnel contre Blackhorse et autres’. En 2014 Amanda et les autres membres de la partie civile ont gagné le Procès de Marque Déposée et du Conseil d’Appel pour annuler l’enregistrement fédéral (r*dsk*ns) de l’équipe de Washington NFL.

 

 

Pour en savoir plus sur la problématique du périphérique 202 et des luttes contre, voir:
article de l’automne 2015, avec interview d’Andrew Pedro et carte du projet
tous les articles sur la question

 

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