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SAN FRANCISCO PEAKS : LE SERVICE DE LA QUALITÉ DE L’ENVIRONNEMENT D’ARIZONA REJETTE LA PLAINTE DES DEFENSEURS DES PICS

Par Christine Prat

13 février 2013 – Le 26 décembre 2012, deux membres de True Snow, défenseurs des Pics, et résidents de Flagstaff, Rudy Preston et Kathleen Nelson, ont adressé une plainte au Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ – Arizona Department of Environnemental Quality) et à la Ville de Flagstaff, après avoir constaté des irrégularités à la station de ski Arizona Snowbowl (voir l’article du 27 janvier « Bras de Fer avec le Service de la Qualité de l’Environnement » et celui du 26 décembre de True Snow, sur la plainte). Ils avaient constaté, entre autres,  que la station n’avait pas placé les avertissements exigés par la loi aux endroits les plus fréquentés par le public, que les skieurs traînaient de la neige artificielle sur leurs chaussures et leurs vêtements jusque dans le restaurant, utilisaient les robinets d’eau potable avec de la neige artificielle sur leurs gants, etc. De plus, en lisant le contrat de Snowbowl avec la Ville et les règles de l’ADEQ, ils avaient conclu que skier sur de l’eau d’égout traitée était illégal, vu que ces règles interdisent explicitement son utilisation pour la natation, le surf ou le ski nautique ou toute autre activité impliquant l’immersion et le risque d’ingestion. Le Service de la Qualité de l’Environnement (ADEQ) devait produire un rapport dans les 30 jours.

Le rapport, daté du 24 janvier 2013, a été adressé à M. Kevin Burke, pour la ville de Flagstaff, avec une lettre datée du 28 janvier, ainsi qu’à M. Eric Borowski, propriétaire de la station de ski Arizona Snowbowl, avec une lettre recommandée, également datée du 28 janvier.

L’ADEQ dit avoir effectué une inspection de la station le 27 décembre 2012 et avoir noté des « déficiences ». Cependant, l’ADEQ dit ne pas considérer le ski comme étant une activité impliquant l’immersion et l’ingestion potentielle, contrairement à la natation, le surf ou le ski nautique, et que la fabrication de neige artificielle et son utilisation pour skier étaient en fait ‘anticipées’ par l’ADEQ et sont donc tout à fait acceptables.

Quant aux « déficiences » constatées à Snowbowl, l’ADEQ dit avoir envoyé une ‘injonction informelle’ – bien que recommandée – à la station.

Evidemment, les responsables de Snowbowl se sont empressés de mettre des panneaux aux endroits spécifiquement indiqués dans la plainte de Rudy Preston et Kathleen Nelson, et ont affirmé qu’ils en avaient commandés d’autres. On ne sait toujours pas ce qu’ils comptent faire pour empêcher les skieurs de traîner de la neige jusqu’au restaurant avec leurs chaussures.

Pour ce qui est des traces de produits chimiques trouvés dans l’eau d’égout traitée, l’ADEQ se contente de dire que cette eau a été testée depuis plus de dix ans et qu’elle est utilisée pour l’irrigation dans des centaines de résidences et des dizaines de terrains de golf, cours d’écoles et parcs, sans qu’aucune maladie liée à cette utilisation ait jamais été signalée. Comme les défenseurs des Pics l’ont déjà fait remarquer, en générale les gens ne broutent pas les pelouses ou les terrains de golf, mais ils peuvent tomber dans la neige – rien de plus casse-gueule que le ski – et en avaler par accident. L’ADEQ admet qu’il y a une évolution constante dans l’étude des risques pour la santé, et que certaines inquiétudes ont été formulées à propos de la présence de produits chimiques dans l’eau traitée. C’est pourquoi ils ont formé une Commission Consultative sur les Nouveaux Contaminants (Advisory Panel on Emerging Contaminants) afin de réfléchir à la question. La municipalité de Flagstaff y participe. Donc, on verra, un jour, quand la Commission aura fini de se réunir, de réfléchir, de consulter des experts et contre-experts, de produire des rapports, etc.

Le rapport ne répond absolument pas aux arguments suivants :

– L’effet cumulatif des polluants : le fait qu’aucune maladie n’ait été signalée dans les dix ans passés ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas demain, certains produits ayant un effet cumulatif à long terme.

– Des analyses ponctuelles de l’eau d’égouts traitée ne prouvent pas grand-chose : le taux de produits chimiques peut varier d’un jour à l’autre, selon ce que les gens ont consommé, ce qu’ils ont utilisé comme détergents, etc.

– Les infiltrations possibles dans le sol, les sources d’eau, les nappes souterraines (c’est la principale objection des Autochtones).

 

Il s’agit encore et toujours de mauvaise foi évidente et de parti pris pour les entreprises privées qui font valoir les gains possibles au-dessus de toute autre considération. Et pour justifier, là-bas comme ici, ils agitent la formule magique, purement incantatoire : « Créer des emplois ! Créer des emplois ! »

 

Sources: Rapport de l’ADEQ du 24 janvier 2013, lettre de l’ADEQ à M. Kevin Burke, pour la municipalité de Flagstaff du 28 janvier 2013, lettre de l’ADEQ à M. E. Borowski du 28 janvier 2013 (le tout téléchargé le 7 février en PDF, qui n’est apparemment plus disponible maintenant)