Présentation par Leona Morgan  English
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16 février 2020
Rédaction et traduction Christine Prat

Leona Morgan, activiste anti-nucléaire Diné, était invitée par le CSIA-Nitassinan le 16 février 2020. Elle a parlé de son travail, du colonialisme nucléaire et de ses dégâts historiques et présents sur les gens de sa communauté, ainsi que des actions entreprises et à entreprendre pour résister.

Vous trouverez sur ce site plus d’informations sur l’action de Leona et sur sa visite à Bure, en mai 2020 (un site d’enfouissement de déchets nucléaires est également prévu au Nouveau Mexique, où elle vit).

La Nation Navajo [autrefois la « réserve »] et ses environs ont été particulièrement touchés par les mines d’uranium et les industries nucléaires.

[P.S. : cliquer sur les cartes et images pour les voir en grand format, lisible]

Leona a commencé sa présentation en montrant une photo de Monument Valley, une image célèbre dans le monde entier, étant donné que beaucoup de ‘Westerns’ y ont été tournés. C’est aussi où l’uranium a commencé à être exploité dans les années 1940, sans que les habitants soient informés ou protégés des radiations. Les mines y ont été développées sans discontinuer tout au long de la Guerre Froide.

Leona a ensuite donné une définition du colonialisme nucléaire, un terme créé par Winona La Duke et quelques autres. Leona expliqua : « Le colonialisme nucléaire peut être expliqué simplement comme la manière systématique par laquelle les gouvernements ont exploité et détruit les terres de Peuples Autochtones, pour utiliser l’uranium d’abord pour fabriquer des armes nucléaires, puis, aujourd’hui, pour produire de l’énergie nucléaire. C’est une forme de racisme institutionalisé, et également de racisme environnemental. C’est aussi le colonialisme nucléaire qui a causé l’irradiation et de graves dommages aux gens par les tests de bombes atomiques. »

Elle dit aussi « à l’échelle mondiale, la plupart des mines d’uranium sont exploitées sur les terres de Peuples Autochtones. Nous n’avons pas de chiffres exacts, mais nous estimons que 70% des mines d’uranium exploitées sont sur des terres Autochtones. Beaucoup de tests d’armement étaient également réalisés sur les terres de Peuples Autochtones. » [Ne pas oublier que la France testait ses bombes atomiques à Reggane, Algérie, en territoire Touareg, jusqu’en 1967, puis à Mururoa et Fangataufa, en Polynésie ‘Française’. Puis, la compagnie nationale Framatome – qui a changé de nom à plusieurs reprises, pour s’appeler entre autres AREVA – a détruit le territoire Touareg dans le nord du Niger].

Leona a aussi souligné que la plupart des tests de bombes atomiques avaient eu lieu dans le territoire – non-cédé – des Shoshone de l’Ouest, dans le Nevada. Lorsque les médias en parlent, ils disent toujours le ‘Désert du Nevada’, oubliant de préciser que le territoire est toujours celui de communautés Autochtones, principalement Shoshone, mais il y en a d’autres, en particulier une petite réserve Paiute, proche du site de tests.

Leona : « Plus de 900 tests ont eu lieu dans cette zone », « et je tiens à dire qu’un de mes amis [ami commun – Ch. Prat], Ian Zabarte, explique qu’en tant qu’Autochtones, ils ne peuvent pas retourner dans leur pays, à cause des radiations. » [Au début des années 1960, les Etats-Unis ont aussi testé des bombes sur l’Ile de Bikini, qui est toujours inhabitable aujourd’hui. Curieusement, le nom est devenu célèbre comme maillot de bain sexy et comme chanson populaire idiote].

Sur l’histoire du colonialisme nucléaire, Leona dit qu’elle allait « partir des débuts du phénomène par lequel le racisme et le génocide sont devenus la loi. Il y a un document élaboré en 1493, appelé ‘La Doctrine de la Découverte’. Je me demande combien d’entre vous ont entendu parler de ce document ? [Des gens dans l’auditoire lèvent la main]. La plupart du temps peut-être une ou deux personnes lèvent la main, il y en a beaucoup plus ici, c’est magnifique ! » Elle expliqua que le document – en fait, une ‘Bulle Papale’ – avait été créé en Europe afin d’accorder la bénédiction de l’Eglise au colonialisme : « C’était un document élaboré en Europe, qui a fondamentalement ouvert la voie à la colonisation de terres dans d’autres parties du monde. Et c’est ce qui a autorisé divers pays à s’emparer de terres, à s’emparer de gens, à réduire des gens à l’esclavage et à tuer des gens. L’idée était que les Autochtones ne sont pas vraiment humains, que nous sommes moins qu’humain, et que par conséquent, c’est normal de prendre notre pays et de commettre un génocide, au nom, à l’époque, du Christianisme ou pour promouvoir l’influence de l’Eglise. C’est toujours normal aujourd’hui, parce que nous n’avons pas de droits comme les autres, que nous ne sommes pas humains, c’est l’idée derrière cela. Alors, pour en revenir aux Etats-Unis, ce document a aussi été utilisé comme base pour fonder les Etats-Unis et d’autres pays. »

Elle décrivit ensuite les différentes périodes de la politique des colons européens envers les Amérindiens : « Au début – lors de la fondation des Etats-Unis – ils ont établi ce qu’on appelle les périodes fédérales sur les Indiens. Ainsi, aux Etats-Unis, au début, la première période ‘Indienne’ était l’Elimination. Donc, quand les colons sont arrivés, ils voulaient conquérir plus de terre. Pour ‘nettoyer’ le pays, c’est-à-dire le nettoyer des gens qui s’y trouvaient, ils ont instauré un génocide légalisé. Il y avait aussi le ‘Déplacement’ – ou ‘déportation’ – qui voulait dire repousser les Autochtones vers l’ouest. Beaucoup plus tard, ils ont inventé ce qu’ils appellent l’Assimilation, qui consistait à enlever les enfants Autochtones pour les mettre dans des écoles occidentales, où ils étaient forcés de parler anglais et de changer leur mode de vie ». Aux Etats-Unis comme au Canada, les enfants étaient enlevés – kidnappés – à leurs familles et mis dans des Pensionnats Indiens où ils étaient maltraités – quasiment torturés – et beaucoup d’entre eux n’y survivaient pas. Récemment, beaucoup d’Autochtones des Etats-Unis et du Canada ont commencé à parler de l’histoire de leurs parents dans ces écoles, et ont réussi à atteindre les médias et les autorités. [La même chose a existé, jusqu’à fort récemment, en Guyane ‘Française’].

Puis, Leona a cité d’autres ‘outils’ utilisés pour la colonisation, comme les chemins de fer et les mines, et la création de ‘gouvernements tribaux’ : « Il y a eu aussi la création de ce que nous appelons ‘gouvernement tribaux’, tout à fait du type de gouvernement occidental, pas du tout naturel pour nos peuples. Ces gouvernements de style occidental ne servent pas souvent à promouvoir la volonté de la communauté, mais sont la plupart de temps des marionnettes du gouvernement fédéral. » Elle ajouta : « Au début, ils étaient des marionnettes des Etats-Unis, mais aujourd’hui, ils s’orientent vers la décolonisation. Ces gouvernements à l’occidentale, ont commencé par se préoccuper de capitalisme et de choses qui n’avaient rien à voir avec nos traditions. Mais dans les 50 dernières années, il y a eu beaucoup de changement, les gouvernements tribaux ont commencé à adopter leurs propres lois, pour protéger nos traditions, nos sites sacrés et nos droits humains, et cette tendance s’accentue. »

Pour les Européens qui croient que la plupart des Autochtones des Etats-Unis ont disparu, (‘tous tués par John Wayne’) elle dit : « Je tiens à vous rappeler qu’actuellement, aux Etats-Unis, il y a des centaines de Peuples Autochtones. En Amérique du Nord – que nous appelons l’Ile de la Tortue – il y a de très nombreuses Nations Autochtones, qui vivent toujours et parlent leurs propres langues, et suivent toujours nos traditions. Et bien sûr, il y a aussi de nombreux Peuples Autochtones en Amérique du Sud et d’autres régions du monde, qui continuent de mettre en pratique leurs cultures, jusqu’à aujourd’hui. Aux Etats-Unis, il y a 573 Nations reconnues par le gouvernement fédéral. »

Puis, elle dit que, dans sa présentation, elle allait surtout parler de sa propre communauté, la Nation Navajo, et des peuples voisins, aux alentours, des tribus connues sous le nom de ‘Pueblos’, qui sont aussi touchés par l’exploitation d’uranium et autres activités nucléaires.

Elle a commencé par expliquer où vit sa communauté, et la différence entre ce qui s’appelle maintenant la Nation Navajo (à l’origine, la Réserve) et le pays traditionnel des Diné, entre les quatre montagnes sacrées.

Puis elle a parlé de la question du transport – du minerai d’uranium, de l’eau radioactive, des déchets nucléaires – un problème qui a conduit des activistes Navajo à créer la campagne Haul NO! La carte a été distribuée et passée parmi l’assistance:

Puis, elle a « expliqué un peu plus ce qu’implique la différence entre le gouvernement à l’occidentale et les gens traditionnels. C’est très important de comprendre que nous nous appelons ‘Diné’, mais que notre gouvernement est appelé ‘Navajo’. Être Diné et vivre comme un Diné, c’est continuer la façon dont nos ancêtres vivaient. La communauté, chez nous, est plus concernée par la protection de Notre Mère la Terre, parce que c’est où nous vivons, et si nous blessons notre Mère, nous souffrirons aussi. Cependant, la Nation Navajo comme mode de gouvernement, a été créée par des forces extérieures et s’est surtout préoccupée de développement économique. Ça impliquait l’extractivisme, l’exploitation des ressources, comme on peut le voir sur le drapeau de la Nation Navajo, avec des forages de pétrole et autres formes de développement économique.

 

Bien que le sujet de son intervention soit l’extraction d’uranium, elle a tenu à mentionner d’autres types d’extractions qui affectent la Nation Navajo, par-dessus tout, les mines de charbon et les centrales au charbon, mais aussi la fracturation hydraulique pour le gaz et le pétrole. « Il y a de très nombreuses communautés, sur la ligne de front, qui sont touchées directement par les diverses formes d’extraction de ressources. » Elle fit remarquer que la stratégie des gens de la communauté était très différente de celle des grandes ONG. Elle ajouta : « Je parle aujourd’hui en tant qu’Autochtone qui travaille sur ces problèmes, mais je ne me considère pas comme écologiste. Je suis une Autochtone qui s’efforce de protéger nos terres et notre culture Diné. » Elle expliqua en quoi les écologistes diffèrent des Diné : « Le point de vue de beaucoup d’écologistes est qu’ils sont séparés de l’environnement, alors que nous voyons la Terre comme notre Mère, nous protégeons la Terre comme entité vivante, qui respire. Donc, nous faisons partie de la Terre, nous sommes du sol, nous considérons les éléments et les lieux sur terre comme sacrés. Nous considérons que le charbon est le foie de notre Mère, l’eau est son sang, et c’est pareil pour l’uranium, il fait partie de notre Mère et ne devrait pas être extrait, mais laissé dans le sol. L’endroit d’où je viens est aussi touché par beaucoup de fracturation hydraulique. Certains d’entre vous connaissent peut-être le Canyon de Chaco [site archéologique très important], c’est aussi menacé par la fracturation. »

 

Les mines d’uranium en territoire Navajo

« Maintenant, je vais parler des mines d’uranium. N’oubliez-pas que là où il y a des mines d’uranium dans le territoire de mon peuple, il y a aussi des mines de charbon et de la fracturation. Combien d’entre vous sont conscients des utilisations de l’uranium ? Comprenez-vous pourquoi l’uranium est utilisé ? [Tout le public lève la main]. Souvent, les gens ne comprennent pas que l’uranium est utilisé aussi bien pour les armes – pour l’impérialisme et l’oppression – et pour l’énergie, qui est maintenant un grave problème, à cause du changement climatique. Et maintenant, c’est une année importante, parce que c’est le 75ème anniversaire du premier essai de bombe atomique, suivi par le largage de deux bombes atomiques sur le Japon. Le premier test nucléaire a eu lieu au Nouveau Mexique le 16 juillet 1945. Je vis au Nouveau Mexique et ma famille y vit depuis de très nombreuses générations. » « Mon peuple vit ici, dans cette région, en Arizona et au Nouveau Mexique. Il y a de l’uranium dans le Wyoming, le Dakota du Sud et au Texas aussi. Dans les années 1940 jusque dans les années 1980, l’uranium était surtout utilisé pour les armes. A l’époque de la fabrication des armes, les Etats-Unis exploitaient l’uranium dans tout le pays et n’avaient aucune loi sur la décontamination des mines. Une des lois sur les mines du 19ème siècle favorisait la colonisation des Etats-Unis. Cette loi est toujours utilisée et n’a jamais exigé la décontamination des mines. Alors, aujourd’hui, il y a plus de 15000 mines d’uranium abandonnées aux Etats-Unis. Il y a au total 600 000 mines de divers minerais, mais 15000 sont des mines d’uranium. » [Il y a aussi des mines d’uranium abandonnées en France, en particulier dans le Limousin, personne ne sait si elles ont été décontaminées, on n’en a jamais parlé. A l’époque, les gens manifestaient contre les centrales nucléaires, mais personne ne semblait savoir qu’il y avait aussi des mines].

La plupart des mines d’uranium sont dans une région entre le sud de l’Utah et du Colorado, et il y a aussi une zone très impactée au Nouveau Mexique, près de la Montagne Sacrée Mount Taylor, Tsoodził, près de Grants.

Puis Leona explique que l’uranium venait au départ des profondeurs de la terre et se déplaçait naturellement vers la surface. Ça se passe, évidemment, sur des millions d’années, mais à cause de l’extractivisme, le mouvement est anormalement accéléré. Quand il pleut, l’uranium peut toucher les cours d’eau dans les endroits où des gens vivent.

« Dans notre Nation Navajo, sur les terres de notre peuple, nous avons 523 mines d’uranium abandonnées. » Le gouvernement tribal, qui travaille avec le gouvernement fédéral, dit avoir nettoyé environ 200 mines. Le travail a été interrompu à cause de manque de fonds, le nettoyage s’étant avéré beaucoup plus cher que ce qu’ils avaient estimé au départ. Leona : « Ils ont essayé de retrouver les entreprises et de les faire payer. Beaucoup n’existent plus, certaines ont été rachetée par des grandes compagnies comme General Electric. Quand le gouvernement fédéral ou la tribu retrouvent ces compagnies, ils les tiennent pour responsables de payer pour une partie des vieux dégâts. Mais j’ai appris, il y a 15 jours, qu’environ 200 mines avaient été nettoyées, mais qu’il n’y a plus d’argent pour les 300 qui restent. »

Leona dit aussi que les mines ne sont qu’une partie du cycle du carburant nucléaire, la première. La seconde est le traitement. « Une usine de traitement est beaucoup plus sale qu’une mine, parce qu’ils utilisent des produits chimiques pour séparer l’uranium du minerai. » Actuellement, il n’y a plus qu’une usine de traitement encore en activité aux Etats-Unis, dans le sud de l’Utah, sur les terres des Utes de Ute Mountain.

La catastrophe de Church Rock de 1979

Puis, Leona a parlé de la Catastrophe de Church Rock, la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. Les médias n’en n’ont pratiquement pas parlé, alors qu’ils faisaient des gros titres, des émissions, et un film avec Meryl Streep, sur l’accident de Three-Miles-Island, survenu la même année. « Le 16 juillet, le même jour que le test de Trinity, mais en 1979, il y a eu un accident à l’usine de traitement. » Il y avait deux mines d’uranium, qui ont été exploitées des années 1950 à la fin des années 1970. Le minerai d’uranium était traité à l’usine, juste à côté. L’usine produisait beaucoup de déchets, et les déchets liquides étaient entassés dans un bassin de rétention. « Le bassin de rétention était fermé par une digue d’argile. Il y avait des fissures dans la digue, la compagnie le savait, mais continuait à y entreposer les déchets. A environ 5h30 du matin, le 16 juillet 1979, la digue s’est rompue. Plus de 350 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un fossé qui menait à la rivière Puerco. Elle est normalement sèche, il y a rarement de l’eau. Mais quand l’eau radioactive s’est déversée du bassin de rétention, elle a coulé jusqu’à au moins 160 km en Arizona. » La région est toujours polluée. En juillet 2015, un chercheur Navajo, Tommy Rock, de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau ‘potable’ d’une communauté Navajo à Sanders, à la frontière entre l’Arizona et le Nouveau Mexique, était radioactive. Exceptionnellement, le Rio Puerco avait de l’eau en 2015. La région de la vieille usine est contrôlée par l’EPA [Agence pour la Protection de l’Environnement], mais l’eau de la rivière n’avait jamais été contrôlée.

Le combat de Leona contre les mines d’uranium

Leona a commencé par combattre une nouvelle mine d’uranium en 2007. La nouvelle mine était située près de la petite ville où vivait sa famille, [Crown Point, voir carte à la fin de l’article] . La compagnie disait vouloir utiliser une nouvelle technique d’extraction, appelée en français ‘lixiviation in situ’, en anglais ‘leaching’ qui signifie ‘infiltrer’. Ils prétendaient que c’était beaucoup mieux que les mines explosées à ciel ouvert d’autrefois, qui envoyaient des nuages radioactifs sur des kilomètres. En fait, cette ‘nouvelle’ technique consiste en l’infiltration de produits chimiques (toxiques) dans les nappes aquifères, à travers les roches, afin de dissoudre le minerai d’uranium. Naturellement, le minerai d’uranium ne se dissout pas dans l’eau. Après infiltration de produits chimiques, l’uranium se dissout dans l’eau, qui est pompée et filtrée. Et l’eau souterraine est donc radioactive. Les activistes ont heureusement pu bloquer le projet. (Mais il faut se souvenir que, souvent, les projets d’extraction d’uranium sont bloqués parce que le prix de l’uranium est trop bas sur le marché mondial. Beaucoup de mines qui ont obtenu depuis longtemps un permis d’exploiter attendent encore que le cours de l’uranium remonte). Cependant, Leona est optimiste grâce à cette victoire, elle dit « Nous croyons que si nous pouvons arrêter l’exploitation de mines d’uranium, nous pouvons aussi bloquer la fabrication d’armes nucléaires et d’énergie nucléaire. »

Mais elle fit remarquer que même après la décontamination, le sol n’est plus jamais le même. Et ce changement ébranle tout leur mode de vie. Dans la communauté de Church Rock, les moutons ont été touchés aussi, et les Navajos mangent beaucoup de viande de mouton. Des étudiants Diné font des recherches sur les effets des radiations et recommandent de ne manger que la viande, mais pas les abats – ce qui est assez courant, et délicieux ! « Donc, on peut se rendre compte que le problème ne concerne pas seulement l’environnement, mais aussi la souveraineté alimentaire et la justice reproductive et beaucoup d’autres problèmes. »

La création du Projet de Contrôle des Radiations (« Radiation Monitoring Project »)

Leona a donc mis en route un projet appelé ‘Projet de Contrôle des Radiations’, qui est essentiellement un projet éducatif. Elle explique : « La partie du travail que je fais le plus est l’éducation populaire. » Le groupe a dû collecter des informations et faire des schémas et des images montrant comment les radiations pénètrent dans le corps. Les radiations touchent surtout les femmes et les enfants, et plus que tous, les enfants à naître. Pour le Projet de Contrôle des Radiations, ils organisent des collectes pour acheter des compteurs Geiger que les gens peuvent emprunter pour aussi longtemps que nécessaire pour mesurer le taux de radiations dans leur communauté. Les cours qu’ils donnent sont faits spécialement pour chaque communauté, selon ses besoins. Certaines communautés sont touchées par des mines d’uranium, d’autres par des réacteurs nucléaires ou par une usine de traitement de l’uranium. Le travail d’information et les outils sont dispensés gratuitement.

Combattre tout le cycle du carburant nucléaire

« Nous avons beaucoup parlé de l’extraction d’uranium du passé, qui servait à faire des armes, mais maintenant il y a beaucoup, beaucoup de nouvelles menaces venant du nucléaire. » Leona montra une photo de la Montagne Sacrée du Sud pour les Navajos, le Mont Taylor, qu’ils appellent Tsoodził. La montagne est également sacrée pour tous les Peuples Autochtones de la région. Les Acomas, qui vivent tout près, l’appellent ‘Kaweshti’. C’est une des communautés les plus proches de la montagne. Ils en dépendent pour l’eau qui en descend et alimente leur seul cours d’eau. La zone est pleine de mines abandonnées. En ce moment, il n’y a pas d’extraction d’uranium au Nouveau Mexique, mais il y a des propositions de deux mines d’uranium sur le Mont Taylor [AREVA a été impliqué]. Un autre projet minier près d’un site sacré est la Mine du Canyon, en Arizona, près du Grand Canyon. La compagnie de Canyon Mine, Energy Fuels, a aussi un projet appelé ‘Roca Honda’ sur le Mont Taylor. [Energy Fuels opère aussi l’usine de traitement de White Mesa, en territoire Ute].

La Campagne ‘Haul NO!’, ‘NON au Transport !’

En 2015, des activistes anti-nucléaire ont démarré une campagne appelée ‘Haul NO!’, qui signifie ‘Non au transport’, mais, en anglais, ressemble à l’expression ‘Hell, NO!’ La campagne concernait le transport d’uranium de la Mine du Canyon à l’usine de traitement en Utah, à travers la Nation Navajo. Leona dit : « Nous avons travaillé avec des gens de différents peuples Autochtones, au cours de cette campagne. C’est un combat dirigé par des Autochtones avec le soutien de nombreux alliés non-Autochtones, des supporters et d’autres gens. » L’essentiel de la campagne était de faire prendre conscience et créer de l’action. Les participants sont partis de l’usine dans l’Utah. Ils se sont arrêtés dans les communautés et ont fait des conférences en route. Beaucoup de gens ont pris conscience du problème grâce à cette campagne. La compagnie a prétendu qu’elle ne transportait pas d’uranium, mais les activistes les ont pris sur le fait. Ils ont aussi fait une vidéo montrant la réalité de ce qui se passe à Canyon Mine :

 Canyon Mine

La campagne a reçu le soutien du Sierra Club, mais la compagnie n’a pas eu de problèmes. « L’agence gouvernementale a changé le permis pour y inclure [ce qui avait été révélé]. La mine n’est qu’à 10 km du Grand Canyon. La communauté Havasupai, qui vit au fond du Grand Canyon, dépend de l’eau qui y ruisselle et craint que les sources ne soient contaminées. Et leur site sacré, Red Butte, n’est qu’à 6,5 km de la mine. Ils utilisent aussi le site et les sources d’eau pour des cérémonies.

LE WIPP AND LE WCS

Le WCS est une décharge pour les déchets faiblement radioactifs, au Texas, à la frontière avec le Nouveau Mexique. La compagnie veut construire une nouvelle décharge pour accueillir environ la moitié des déchets des centrales nucléaires de tous les Etats-Unis. Le WIPP est un Projet Pilote pour l’Isolation des Déchets (Waste Isolation Pilote Project). Maintenant, le combat principal est contre la compagnie Holtec. Ils essaient de construire une décharge pour toujours plus de déchets. Holtec achète des déchets pour les recycler ou les enrichir, pour faire de l’argent. Les autorités du Nouveau Mexique sont contre les décharges, mais des amis de la compagnie essaient de faire changer la loi au Congrès. Le Nouveau Mexique n’a que deux Sénateurs et trois Représentants au Congrès, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas beaucoup de pouvoir politique. Cependant, les opposants ont un réseau national d’activistes qui travaillent ensemble. Ce qui se passe aux Etats-Unis et dans beaucoup d’autres pays qui ont l’énergie nucléaire, c’est que ça produit beaucoup de déchets et nulle part où les mettre. Leona parla de sa visite à Bure, sur l’invitation de Pascal Grégis, du CSIA, ainsi que de ses visites à des amis Allemands qui luttent aussi contre les déchets nucléaires. Elle dit : « Ce à quoi nous devons tous travailler, c’est de faire qu’on arrête de produire des déchets nucléaires, qu’on arrête de fabriquer des bombes nucléaires, qu’on arrête de produire de l’énergie nucléaire, qu’on arrête d’extraire de l’uranium, et ceci va demander beaucoup de travail en commun. » Malheureusement, il y a actuellement beaucoup de divisions dans ce combat, la lutte contre les armes est séparée de celle contre l’énergie civile. De plus, « en tant que Peuples Autochtones, nous devons aussi faire face au racisme et à d’autres problèmes quand nous parlons de colonialisme nucléaire. »

Un autre problème est le changement climatique. Les dirigeants Occidentaux et les entreprises prétendent que l’énergie nucléaire est sans carbone, ce qui est faux. « Ils ne prennent en compte que le réacteur et disent ‘ce n’est que de la vapeur, pas du carbone’. Ils ne prennent pas en compte l’extraction, le traitement, l’enrichissement et toutes les autres étapes de la production de carburant nucléaire. Ils ne prennent pas en compte le transport, ni le stockage des déchets, qui sont radioactifs pour des millions d’années. »

En conclusion, Leona dit que nous devions imaginer une façon de pousser au changement. Et que cela ne peut se faire qu’en connaissant les problèmes et en connaissant et en informant les communautés directement touchées.

« Nous devons nous soutenir, dans la solidarité, et nous unir pour combattre tous ensembles. Et pour cela, il est très important de respecter les cultures de tous. Je pense qu’en travaillant ensemble, nous pourrions nous comprendre et ça peut se faire en partageant nos histoires et nos expériences. Pour la protection des sites sacrés, la protection de l’eau, la protection de la vie, et pour les générations futures. »

 

Klee Benally parle des mines d’uranium, Window Rock 12 septembre 2015

 

COMMUNIQUE : ‘NOUS SOMMES LES CANARIS DU MINEUR : DES ORGANISATIONS AUTOCHTONES APPELLENT A NETTOYER LA POLLUTION RADIOACTIVE ‘FAITE MAISON’

Par Klee Benally
Clean Up The Mines, organisateur
cleanupthemines@gmail.com
www.cleanupthemines.org
Voir l’article original en anglais sur le site de Clean Up The Mines
Ou sur Censored News
Vendredi 29 janvier 2016
Traduction Christine Prat

Photos de Washington: Eli Laliberte, Konnected.tv
Photos de Church Rock et Sanders (à droite): Christine Prat, septembre 2015

 

Washington, DC – Jeudi 28 janvier à 12h30, des représentants d’organisations Autochtones du Sud-ouest, des Grandes Plaines du Nord, et des soutiens ont appelé à dire ‘non au nucléaire’ au cours d’une action de protestation concernant la pollution radioactive causée par 15000 mines d’uranium abandonnées qui constituent une menace aux USA. La manifestation a eu lieu devant le siège principal de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), et appelé à la décontamination immédiate de ces sites dangereux, à la protection des sites sacrés Autochtone de l’exploitation d’uranium, et à l’intervention dans les communautés dont l’eau est empoisonnée par la radioactivité. Les groupes ont accusé l’EPA d’avoir été négligente vis-à-vis de ces dangers qui menacent gravement la santé publique, les terres et les cours d’eau.

« Les Nations Amérindiennes d’Amérique du Nord sont les ‘canaris du mineur’ des Etats-Unis et essaient d’éveiller les peuples du monde aux dangers de la radioactivité » dit Charmain White Face [photo], des Défenseurs des Black Hills, une organisation du Dakota du Sud.
Le Dakota du Sud a 272 mines d’uranium abandonnées qui contaminent des cours d’eau comme la Cheyenne River et profanent des sites sacrés et cérémoniels. On estime que 169 mines abandonnées se trouvent dans un rayon de 80 km autour du Mont Rushmore où des millions de touristes risquent d’être exposés aux radiations chaque année.
Les communautés Autochtones sont de loin les plus touchées, étant donné qu’environs 75% de mines abandonnées se trouvent sur des terres fédérales ou Tribales. La majorité des mines abandonnées se trouvent dans 15 états de l’ouest et peuvent potentiellement toucher plus de 50 millions de gens.

Des 272 mines abandonnées du Dakota du Sud, une seule, celle de Riley Pass, située sur des terres du Service des Forêts des Etats-Unis, a été décontaminée, mais le procédé a été jugé inadéquat et il y a eu des inquiétudes concernant le budget de réhabilitation. « Ce qui m’inquiète, c’est comment avec ce qui reste des 179 millions de dollars affectés au nettoyage de la mine, le Service des Forêts peut dire que les communautés touchées pourront utiliser le reste pour des projets communautaires et d’enseignement pour remplacer les utilisations de la Grande Rivière, qui se jette dans le fleuve Missouri. La rivière est détruite par cet acte de génocide radioactif » dit Harold One Feather [photo], membre des Défenseurs des Black Hills, « Après avoir discuté des 179 millions de l’accord Tronox pour la Réhabilitation, le Service des Forêts a dit que les communautés affectées pouvaient soumettre des budgets pour l’utilisation de ce qui resterait après la réhabilitation de la mine. »


Devant le siège de l’EPA, les groupes ont scandé ‘La Pollution Radioactive Tue!’, ‘Plus Jamais de Church Rock, Plus Jamais de Fukushima!’ et ‘Le Nucléaire Propre est un Mensonge Mortel!’ en réponse au Plan d’Energie Propre de l’EPA dont il est dit qu’il promeut l’énergie nucléaire.
Une grande banderole sur laquelle était écrit ‘La Pollution Radioactive Tue’, avec une image de Canari du Mineur et le symbole indiquant la présence de radioactivité, a été déposée à l’intérieur du bâtiment de l’EPA.

Du 25 au 28 janvier, Clean Up The Mines, Défenseurs des Black Hills, Diné No Nukes [Navajos Contre le Nucléaire], la Coalition Laguna et Acoma pour un Environnement Sûr [LACSE] & l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr [MASE], et l’Alliance Mondiale Autochtone [IWA], ont rencontré des membres du Congrès, du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de l’Agriculture, et de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) à Washington, DC.
La campagne Clean Up The Mines! a pour but de faire passer la Loi sur la Prospection d’Uranium et la Responsabilité de l’Exploitation Minière qui assurerait la décontamination de toutes les mines d’uranium abandonnées. Le projet de loi a été soumis au membre du Congrès Raúl Grijalva (Démocrate – Arizona) il y a deux ans mais doit encore être présentée au Congrès.
Actuellement, il n’y a pas de loi globale qui exige la décontamination de toutes ces dangereuses mines d’uranium abandonnées, permettant ainsi aux entreprises et au gouvernement fédéral de se retirer sans assumer la responsabilité des dégâts ininterrompus qu’elles continuent de causer.
« C’est une crise nationale invisible. Des millions de gens aux Etats-Unis sont exposés chaque jour comme Victimes de Radiation Nucléaire » dit Mme White Face, « L’exposition à la pollution radioactive a été liée au cancer, aux défauts génétiques, à la Neuropathie Navajo, et à l’accroissement de la mortalité. Nous protestons contre l’EPA aujourd’hui parce que nous croyons que lorsque plus d’Américains prendront conscience de cette contamination radioactive domestique, quelque chose pourra être fait pour protéger tous les peuples et l’environnement. Au cours des réunions auxquelles nous avons participé à Washington, on n’a pas discuté seulement des mines d’uranium abandonnées, mais nous avons aussi parlé de la pollution radioactive de la poussière de charbon, de la fumée de charbon et de celle qui se trouve dans l’eau. Cela montre qu’il est nécessaire d’amender la Loi sur l’Eau Propre et la Loi sur l’Air Propre » dit Mme White Face.

Les groupes ont parlé de la contamination extrême de l’eau, des mines de charbon à ciel ouvert et des centrales électriques qui brûlent du charbon mêlé de particules radioactives, des déchets radioactifs du forage de puits de pétrole dans la Bakken Oil Range, des déchets du retraitement, de l’entreposage des déchets, et des nouvelles menaces d’exploitation de mines dans des lieus sacrés comme le Mont Taylor au Nouveau Mexique.

« Les Etats-Unis enfreignent leurs propres Décrets et lois sur la protection des zones sacrées pour les Amérindiens situées sur des terres publiques en y appliquant la Loi Générale sur l’Exploitation Minière de 1872 » dit Petuuche Gilbert [photo] de la Coalition Laguna Acoma pour un Environnement Sûr & Président de l’Association Mondiale Autochtone, « les Etats-Unis discriminent les peuples Autochtones en autorisant l’exploitation minière sur ces terres. Précisément, les Etats-Unis enfreignent : le Décret 13007, le Décret 12175, la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens, la Loi sur le rétablissement de la Liberté Religieuse, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les Droits de Peuples Autochtones. »
« S’ils s’en tiennent à des politiques dépassées et racistes promouvant le colonialisme, comme la loi sur les mines de 1872, les peuples Autochtones de tout le pays continueront d’être opprimés, et nous continuerons à demander que notre terre nous soit restituée et restaurée dans son état d’origine, celui d’avant la colonisation par les Etats-Unis » dit Leona Morgan [photo], de Diné No Nukes. « La fuite de déchets de la United Nuclear Corportation, en 1979 au nord de Church Rock [photo], au Nouveau-Mexique, a laissé une immense quantité de pollution radioactive que les habitants en aval continuent actuellement de recevoir dans leur eau potable. Une communauté principalement Navajo, à Sanders, en Arizona, a été exposée à des quantités d’uranium deux fois supérieures à la limite légale, sortant de leur robinet – c’est criminel ! » dit L. Morgan.

Diné No Nukes est un collectif ayant pour but de renseigner la population Navajo sur les problèmes créés par la Commission de l’Energie Nucléaire des Etats-Unis, ainsi que sur les menaces en cours et nouvelles de l’industrie nucléaire.

Tommy Rock [photo], membre de Diné No Nukes et étudiant de troisième cycle de l’état d’Arizona, a déclaré que la crise de l’eau polluée à Flint, dans le Michigan, était très similaire à celle de Sanders [photo], en Arizona, près de la réserve Navajo. Les organismes de réglementation ont réagi en envoyant la Garde Nationale de l’Armée pour fournir de l’eau en bouteille aux habitants de Flint. Cependant, la petite communauté de Sanders, à prédominance Autochtone, située à l’extérieur de la Réserve, n’ont pas eu droit à la même réaction des organismes de réglementation de l’état, ni des dirigeants de l’état, ni des médias » dit Tommy Rock qui a travaillé à une étude récente révélant des taux d’uranium dépassant largement les standards pour l’eau potable dans le système d’eau potable de résidents et d’une école élémentaire de Sanders. Rock ajoute « On peut dire la même chose de deux Réserves Lakota. Il s’agit de celles de Pine Ridge et de Rock Creek, la Réserve de Standing Rock, qui n’ont reçu aucune assistance des organismes de réglementation. Ce sont des exemples de l’incohérence de l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis dans les régions, dans sa réaction vis-à-vis des communautés Autochtones comparée à celle concernant les populations non-Autochtones qui sont confrontées au même problème d’accès à de l’eau potable sans danger. »
M. Rock a appelé à ce que la communauté de Sanders soit incluse dans le deuxième Plan Quinquennal de Décontamination de la Nation Navajo et dans un amendement à la Loi sur l’Eau Propre. « Un autre problème concernant l’eau est que l’industrie minière contamine les rivières. Ils ignorent la Loi sur l’Eau Propre parce qu’elle ne tient pas compte des radionucléides. Ceci doit être amendé afin que la politique de l’eau puisse forcer les entreprises à répondre de leur dégradation des zones de bassins hydrologiques. Ceci pourrait aussi bénéficier à l’EPA, qui n’a pas les fonds nécessaires pour décontaminer chaque rivière polluée par l’industrie, minière ou autre » déclara M. Rock.

« Ces mines d’uranium provoquent une pollution radioactive, ce qui a pour résultat que les habitants des environs deviennent des victimes de radiations nucléaires » dit Petuuche Gilbert, membre de la Nation Acoma, de LACSE, MASE, et IWA. « Le Nouveau-Mexique et le gouvernement fédéral ont fourni peu de fonds pour une décontamination de grande ampleur et les mines ne sont réhabilitées qu’occasionnellement. Les gouvernements du Nouveau-Mexique et des Etats-Unis ont le devoir de nettoyer ces mines et usines de retraitement radioactives et, de plus, d’effectuer des études sanitaires pour déterminer les effets de l’empoisonnement à la radioactivité. Les organisations MASE et LACSE s’opposent à l’ouverture de nouvelles mines et demandent que l’héritage des mines d’uranium soit nettoyé » dit M. Gilbert.

 

« En 2015, la fuite de la Mine Gold King a constitué un appel à la prise de conscience des dangers des mines abandonnées, mais actuellement il y a plus de 15000 mines d’uranium radioactives abandonnées dans tous les Etats-Unis », dit Mme White Face. « Depuis plus de 50 ans, beaucoup de ces sites dangereux contaminent la terre, l’air, l’eau et des monuments nationaux comme le Mont Rushmore et le Grand Canyon du Colorado. Chacune de ces milliers de mines d’uranium abandonnées est une Mine Gold King potentielle, avec la grave menace supplémentaire de pollution radioactive. Pour notre santé, notre air, nos terres et notre eau, nous ne pouvons laisser cela se produire. »

La délégation était soutenue par la Nation Piscataway et des organisations de Washington DC comme le Temple Nipponzan Myohoji, Résistance Populaire, les Médias pour le Mouvement, La Casa, NIRS, et la Maison pour la Paix [Peace House].

 

 

 

 

Photos de Tommy Rock, Diné
Publiées par Censored News
le 28 janvier 2016

 

Des Navajo, des Lakota et des Pueblo Acoma protestant contre l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis à Washington D.C. le 28 janvier 2016.

La Délégation de Clean Up The Mines proteste contre les mines d’uranium abandonnées, la pollution de l’eau et les forts taux de cancer et autres maladies en Pays Indien.

 

 

 

 

 

 


Discours de Klee Benally à Window Rock, à la Foire Nationale Navajo, le 12 septembre 2015

 

Jeudi 28 janvier 2016

Par Klee Benally,
Clean Up The Mines, organisateur
cleanupthemines@gmail.com
Photos Tommy Rock, de la délégation à Washington D.C.
www.cleanupthemines.org
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat

15000 Mines d’Uranium Abandonnées: Protestation au Siège de l’Agence de Protection de l’Environnement
‘Nous sommes le Canari du Mineur’: des Organisations Autochtones Appellent au nettoyage de la Crise de Pollution Radioactive ‘faite maison’

Les éditeurs : des organisations Autochtones [devaient] faire des déclarations et des représentants être disponibles pour des interviews. Des grandes banderoles disant ‘La Pollution Radioactive Tue’, ‘Décontaminez les Mines’ et ‘Le Nucléaire Propre est un Mensonge Mortel’ [étaient déployées], et des pancartes avec le nombre de mines dans les états fortement touchés.

Washington, DC – Jeudi 28 janvier 2016 à 12h30, des représentants d’organisations Autochtones du Sud-ouest et des Grandes Plaines du Nord devaient protester contre la pollution radioactive causée par 15000 mines d’uranium qui représentent une menace pour les Etats-Unis. La manifestation devait avoir lieu devant le quartier général de l’Agence de Protection de l’Environnement. Les groupes accusent l’Agence d’avoir été négligente et de n’avoir pas assuré la décontamination des mines d’uranium abandonnées qui menacent gravement la santé publique, les terres et les cours d’eau.

De quoi s’agit-il : Des organisations Autochtones et des soutiens protestent pour exiger la décontamination de 15000 mines d’uranium abandonnées dans tous les Etats-Unis.

Quand : Jeudi 28 janvier 2016 à 12h30.

: Siège de l’Agence de Protection de l’Environnement, 1200 Pennsylvania Ave NW, Washington, DC 20004

Qui : Une délégation d’Autochtones du Sud-ouest et des Grandes Plaines du Nord, des organisations Clean Up The Mines, Defenders of the Black Hills, Diné No Nukes, Coalition Laguna et Acoma pour un Environnement Sûr et l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr, et l’Alliance Autochtone Mondiale.

Pourquoi : En 2015, la fuite de la Mine Gold King a été un signal d’alarme montrant les dangers de mines abandonnées, mais il y a actuellement plus 15000 mines d’uranium toxiques toujours abandonnées dans tous les Etats-Unis. Depuis plus de 50 ans, beaucoup de ces sites à risque ont pollué le sol, l’air, l’eau, et des monuments nationaux comme le Mont Rushmore et le Grand Canyon. Chacune de ces milliers de mines d’uranium abandonnées constitue une catastrophe minière potentielle comme la Mine Gold King, aggravée par la menace de pollution radioactive. Les représentants affirment aussi de ce que l’idée de ‘nucléaire propre’ est un mensonge mortel.

« Les nations Amérindiennes d’Amérique du Nord sont les canaris des mineurs pour les Etats-Unis, essayant d’éveiller les peuples du monde aux dangers de la pollution radioactive » dit Charmaine White Face de l’organisation du Dakota du Sud ‘Défenseurs des Black Hills’.
Le Dakota du Sud a 272 Mines d’Uranium Abandonnées (AUM, Abandoned Uranium Mines).

Les communautés Autochtones ont été de loin les plus touchées, 75% des mines abandonnées se trouvant sur des terres fédérales ou Tribales. Une majorité de mines d’uranium abandonnées sont situées dans 15 états de l’ouest, et peuvent potentiellement toucher plus de 50 millions de gens.

La campagne Clean Up The Mines! [Décontaminez les Mines!] a pour but de faire passer par le Congrès la Loi sur la Prospection d’Uranium et la Responsabilité de l’Exploitation Minière. Cette législation assurerait la décontamination de toutes les mines abandonnées.

 

 

IndigenousAradioactive-pollution-DC2-16

 

COMMUNIQUE DE PRESSE : UNE DELEGATION AUTOCHTONE SONNE L’ALARME SUR LA CRISE DE POLLUTION RADIOACTIVE AUX USA

Samedi 23 janvier 2016

Contact: Klee Benally,
Clean Up The Mines, organisateur
cleanupthemines@gmail.com
www.cleanupthemines.org
Egalement publié sur Indigenous Action Media
et sur Censored News
Traduction Christine Prat
Photos: en début et fin du texte Clean Up The Mine, 2 photos dans le texte Christine Prat

 

« Nous sommes le canari du Mineur »
Une Délégation Autochtone Sonne l’Alarme sur la Crise de la Pollution Radioactive autoproduite aux USA
Manifestations et Protestations Prévues à Washington DC

 

Washington, D.C. – Du 25 au 28 janvier 2016, des représentants Autochtones des Grandes Plaines du Nord et du Sud-ouest seront dans le District de Columbia (Washington DC) pour susciter la prise de conscience de la pollution radioactive, une crise nationale invisible. Chaque jour, des millions de gens aux Etats-Unis sont exposés aux radiations et des Victimes potentielles de Radiations Nucléaires. Le lien a été fait entre la pollution radioactive et le cancer, les handicaps génétiques, la neuropathie des Navajo, et l’accroissement de la mortalité. La délégation parlera des effets qui se développent dans leurs communautés et qui affectent également d’autres communautés dans tous les Etats-Unis.

« Les Nations Amérindiennes d’Amérique du Nord sont les canaris des mineurs pour les Etats-Unis, elles essaient d’éveiller les peuples du monde devant les dangers de la pollution radioactive », dit Charmaine White Face de l’organisation Défenseurs des Black Hills, dans le Dakota du Sud.

Le Dakota du Sud a 272 mines d’uranium abandonnées [AUM : Abandoned Uranium Mines] qui polluent les cours d’eau tels que la rivière Cheyenne, et profanent les sites sacrés et cérémoniels. On estime que 169 mines abandonnées se trouvent dans un rayon de 80 km autour du Mont Rushmore, où des millions de touristes risquent d’être exposés à la radioactivité chaque année.

La délégation met en garde contre l’héritage toxique causé par plus de 15000 mines d’uranium abandonnées dans tout le pays, l’extrême pollution de l’eau, l’extraction de charbon à ciel ouvert et les centrales électriques brûlant du charbon mêlé de particules radioactive, les déchets radioactifs résultant du forage de puits de pétrole dans la Bakken Oil Range, des déchets du traitement du minerai, de l’entreposage des déchets et des nouvelles menaces d’exploitation de mines dans des lieus sacrés comme le Mont Taylor au Nouveau-Mexique et Red Butte, en Arizona.

Les communautés Autochtones sont touchées de manière disproportionnée, étant donné que 75% des mines abandonnées sont situées sur des terres fédérales ou Tribales.

« En 2015, la fuite de la Mine Gold King a constitué un appel à la prise de conscience des dangers des mines abandonnées, mais actuellement il y a plus de 15000 mines d’uranium radioactives abandonnées dans tous les Etats-Unis », dit Mme White Face. « Depuis plus de 50 ans, beaucoup de ces sites dangereux contaminent la terre, l’air, l’eau et des monuments nationaux comme le Mont Rushmore et le Grand Canyon du Colorado. Chacune de ces milliers de mines d’uranium abandonnées est une Mine Gold King potentielle, avec la grave menace supplémentaire de pollution radioactive. Pour notre santé, notre air, nos terres et notre eau, nous ne pouvons laisser cela se produire. »

L’objectif premier de la campagne ‘Décontaminez Les Mines !’ [Clean Up The Mines] est de faire passer la Loi sur la Responsabilité dans la Prospection et l’Extraction d’Uranium, qui assurerait la décontamination des mines d’uranium abandonnées. Le projet de loi a été soumis au Membre du Congrès Raùl Grijalva (Démocrate – Arizona) il y a deux ans, mais doit encore être présenté au Congrès.
Actuellement, aucune loi générale, indépendamment des sites d’extraction, n’exige la décontamination de ces dangereuses mines d’uranium abandonnées, ce qui autorise les entreprises et le gouvernement fédéral à s’en défaire sans accepter la responsabilité pour les dégâts qu’elles continuent de causer.

« Avec l’adhésion à des politiques dépassées et racistes promouvant le colonialisme, comme la loi sur l’exploitation minière de 1872, les peuples Autochtones dans tout le pays continueront à être opprimés, et nous continuerons à exiger que notre territoire nous soit rendu et restauré dans son état d’origine, celui d’avant la colonisation par les Etats-Unis », dit Leona Morgan de Diné No Nukes [Pas de Nucléaire Navajo]. « La fuite de déchets de la United Nuclear Corportation, en 1979 au nord de Church Rock, au Nouveau-Mexique, a laissé une immense quantité de pollution radioactive que les habitants en aval continuent actuellement de recevoir dans leur eau potable. Une communauté principalement Navajo, à Sanders, en Arizona, a été exposée à des quantités d’uranium deux fois supérieures à la limite légale, sortant de leur robinet – c’est criminel ! » dit L. Morgan.

Diné No Nukes, qui participe à la délégation, est un collectif ayant pour but d’enseigner à la population Navajo les problèmes créés par la Commission de l’Energie Atomique des Etats-Unis, ainsi que les menaces toujours actuelles et les nouvelles, de l’industrie nucléaire.

La délégation protestera devant le siège principal de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) pour s’opposer au soutien irresponsable du Plan pour l’Energie Propre à l’énergie nucléaire mortelle, mardi 26 janvier à 10h du matin.

La Coalition Laguna Acoma pour un Environnement Sûr (LACSE) et l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr (MASE), et l’Association Autochtone Mondiale (IWA), qui font partie de la délégation à Washington, demandent au Congrès de prendre des mesures pour décontaminer les 489 (selon les estimations) mines d’uranium abandonnées du Nouveau-Mexique.

« Ces mines d’uranium causent une pollution radioactive, avec pour résultat que les résidents deviennent des victimes d’irradiation nucléaire » dit Petuuche Gilbert, membre de la Nation Acoma, de LACSE, MASE et IWA. « Le Nouveau-Mexique et le gouvernement fédéral ont fourni peu de fonds pour une décontamination générale et ce n’est qu’occasionnellement que des vieilles mines sont traitées. Les autorités du Nouveau-Mexique et des Etats-Unis ont le devoir de nettoyer ces mines et usines de retraitement radioactives, et, de plus, de réaliser des études sanitaires pour déterminer les effets que la radioactivité a pu avoir sur les gens. Les organisations MASE et LACSE s’opposent à toute nouvelle exploitation de mines d’uranium et demandent que l’héritage des mines d’uranium soit nettoyé » dit M. Gilbert.

Sur le but du voyage et les présentations à des publics de tous âges, Mme White Face a déclaré : « Nous croyons que si de plus en plus d’Américains prennent conscience de cette contamination radioactive ‘faite maison’, quelque chose pourra être fait pour protéger les gens et l’environnement. »

 

Programme:

Toutes les manifestations sont gratuites, les dons sont les bienvenus.

lundi 25 janvier 2016
Discussion
18h-20h
Georgetown University

Mardi 26 janvier 2016
Manifestation contre le Plan Energie Propre
10h du matin
Immeuble de l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement]
1200 Pennsylvania Ave NW, Washington, DC 20004

Enviro & Social Justice Organization Meet & Greet
18h-21h
La Casa Building
3166 Mount Pleasant St. NW, Washington, DC 20010

Mercredi 27 janvier 2016
65ème Anniversaire de la première explosion atomique sur le site d’essais du Nevada, aujourd’hui appelé Site de Sécurité Nationale du Nevada

Diner et Présentation pour les Physiciens pour la Responsabilité Sociale, DC Metro Chapter
18h-20h
12717 Greenbriar Rd, Potomac, MD
(Réserver: mdpnhp@gmail.com )

Jeudi 28 janvier 2016
Discussion
19h-21h
Nipponzan Myohoji Temple
4900 16th St. NW, Washington, DC 20011
Pour plus d’informations: cleanupthemines@gmail.com

 

Délégation Autochtone:

Grandes Plaines du Nord
Charmaine White Face (Oceti Sakowin), Défenseurs des Black Hills
Harold One Feather (Oceti Sakowin), Défenseurs des Black Hills
JD Buckley (Oceti Sakowin), Défenseurs des Black Hills

Sud-ouest
Tommy Rock (Diné), Diné No Nukes
Leona Morgan (Diné), Diné No Nukes
Petuuche Gilbert (Acoma), Coalition Laguna & Acoma pour un Environnement Sûr & Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr, Alliance Autochtone Mondiale
Klee Benally (Diné), Clean Up The Mines! Indigenous Action Media
Pour plus d’informations: www.cleanupthemines.org/dc
Contact: cleanupthemines@gmail.com