Communiqué
Wet’suwet’en Access Point on Gidimt’en Territory
Censored News
Traduction Christine Prat
28 février 2020

Nous voyons beaucoup d’articles pleins d’anticipations et de présomptions dans la presse, qui « confirment » à tort que nous sommes arrivés à un accord avec la Police Montée et l’état. Avant même que les discussions aient commencé, les médias dominants et de droite annonçaient la fin des discussions, dans le but d’étouffer les désaccords et de réduire au silence le soutien de notre position.

Nous confirmons que les pourparlers ont commencé aujourd’hui, mais les termes des discussions doivent encore être déterminés et acceptés.

Nous n’avons pas encore reçu, comme un geste de respect de la Police Montée, la confirmation écrite que nos exigences seront satisfaites et maintenues tant que les discussions dureront, ni que les discussions se prolongeront après le 28 février.

Nous vous prions de rester vigilants et de lire nos pages et celle d’Unist’ot’en Camp pour suivre la progression et les mises à jour. Nous vous remercions pour votre solidarité et votre soutien constants pendant ces moments cruciaux et angoissants.

Le 26 février 2020, Brenda Norrell écrivait

LES POURPARLERS DES WET’SUWET’EN AVEC LE GOUVERNEMENT POURRAIENT REPRENDRE – MAIS LES CHEFS HÉRÉDITAIRES REFUSENT DE DEMANDER AUX AUTRES D’ARRÊTER LE MOUVEMENT

Publié sur Censored News
Le 26 février 2020

Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en ont déclaré que la rencontre avec les autorités du Canada et de la Colombie Britannique, annulée il y a des heures parce qu’ils refusent de demander aux autres d’arrêter le mouvement, pourrait reprendre.

« Une réunion proposée pour jeudi entre les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en et les officiels des gouvernements provincial et fédéral pourrait finalement avoir lieu, ont dit les Chefs à Global News.

Mercredi, tard dans la soirée, le Chef Na’Moks (John Risdale) dit que la rencontre, annulée des heures auparavant, était à nouveau à l’ordre du jour, après que le gouvernement ait fait savoir qu’un ‘terrible malentendu’ était la cause de l’interruption des pourparlers.

« Je leur poserai la question demain, afin de savoir quelle est leur définition d’un ‘malentendu’, parce que nous avions été très clairs quand nous leur avons dit que nous étions plus que désireux de les rencontrer » dit Na’Moks.

Le Chef Héréditaire Wet’suwet’en Na’Moks dit que les gouvernements avaient annulé les rencontres avec les Chefs Héréditaires vers 16h30, le même jour.

« Nous ne voulions pas demander aux autres Nations et alliés d’arrêter le mouvement, alors les deux gouvernements nous ont tourné le dos. » Na’Moks dit que la Colombie Britannique et le Canada avaient demandé « que nous disions aux autres Nations et alliés d’arrêter le mouvement. »

« Nous vivons dans un pays libre, nous ne pouvons pas faire ça. » En réponse à des questions, Na’Moks dit que les Mohawk étaient libres de prendre leurs propres décisions.

Le Chef Héréditaire Wet’suwet’en Smogelgem dit : « Les discussions ont échoué quand nous avons dit que nous ne dirions pas aux autres Nations ce qu’elles doivent faire sur leurs territoires. »

Ce même 26 février 2020, Brenda Norrell écrivait aussi, dans un autre article

AFFRONTEMENTS ENTRE LES MOHAWKS DE TYENDINAGA ET LA POLICE LE LONG DES RAILS. ET : LE PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC A TENU DES PROPOS SCANDALEUX.

Censored News
26 février 2020
Mis à jour le 27 février

Des Guerriers Mohawk étaient sur les rails, mercredi 26 février à 11h du matin, lorsqu’un train ne s’est pas arrêté en traversant le Camp B Mohawk de Tyendinaga. Les Mohawks étaient là pour exprimer leur solidarité avec les Wet’suwet’en dans leur lutte pour protéger leur territoire de l’oléoduc de Coastal GasLink, en Colombie Britannique. Les jeunes Guerriers Mohawks auraient été tués s’ils n’avaient pas sauté des rails à la dernière minute, comme on peut le voir sur la vidéo de Real Peoples Media [sur Facebook].

« Nous les soutenons à cause du changement climatique » dit le Mohawk Spitting Bear à Censored News. « Nous avons droit à l’autodétermination sur notre propre territoire. Nous pouvons assurer la biodiversité. »

[…]

Le Premier Ministre du Québec tient des propos incendiaires

Pendant ce temps, le Premier Ministre du Québec faisait des déclarations fallacieuses prétendant que les Mohawks avaient des armes automatiques. Kenneth Deer, porte-parole des manifestants de Kahnawake, dit que Legault faisait « de fausses déclarations. »

« Nous sommes absolument choqués et totalement consternés par les commentaires du Premier Ministre Legault, » dit Kenneth Deer, secrétaire de la Nation Mohawk de Kahnawake, à la Gazette de Montréal.

« Je pense que c’est gravement irresponsable. Nous n’avons absolument pas d’armes et nous n’avons pas l’intention de nous armer. » Deer dit que les gens de Kahnawake « sont attachés à une résolution pacifique et continuent de soutenir les Wet’suwet’en dans cette lutte. »

Le Conseil Mohawk de Kahnawake a également dénoncé les propos de Legault. « Le Premier Ministre doit être beaucoup plus prudent dans ses actions » dit Ietsénhaienhs Kahsennenhawe Sky-Deer. « Lorsque certains propos sont tenus, il est souvent difficile de revenir dessus. Utiliser des termes comme ‘armés’ et ‘AK-47’s’ peuvent mettre le feu aux poudres et sont, en fait dangereux. Cela pourrait être interprété comme une incitation à une réaction. »

Il a dit, en français : « La Sûreté du Québec est lente à intervenir pour dégager la barricade à Kahnawake, étant donné que les résidents de la réserve ont des armes d’assaut. »

Pour des vidéos tournées en direct des évènements, voir la page Facebook de Real Peoples Media

Et le 28 février 2020, le site Ricochet publiait un article sur une menace d’attaque à la bombe adressée aux Wet’suwet’en et aux Mohawks de Tyendinaga, probablement inspirée par l’extrême-droite, obsédée par le mouvement pacifique pour la souveraineté des Autochtones.

Extrait d’un article d’Erin Seattler
Ricochet media
Publié sur Censored News
28 février 2020

Une menace de bombe contre les Wet’suwet’en et les Mohawks de Tyendinaga a été émise pendant l’escalade des discussions violentes au sein de l’extrême-droite du Canada, dont l’obsession la plus récente est le mouvement non-violent pour la souveraineté Autochtone, qui a dominé les médias depuis des semaines.

« Vous et vos amis punk, les guerriers Mohawk, doivent supprimer les barricades » peut-on lire dans un email envoyé le 26 février à des adresses associées aux Wet’suwet’en et à Tyendinaga.

« Sinon, vous trouverez une bombe dans votre boîte aux lettres et vos familles seront en danger. Ceci est une menace, vous êtes prévenus. »

L’adresse email utilisée pour envoyer la menace est liée à un compte Twitter suspendu récemment, selon le collectif Canada Antiraciste qui trace la haine et l’extrémisme.

 

CANADA : NOUVELLE ATTAQUE DU CAMP UNIST’OT’EN PAR LA POLICE MONTÉE, DES MATRIARCHES ARRÊTÉES

Les 9 et 10 février, les attaques contre le camp Unist’ot’en par la Police Montée ont continué. Le 9, ils ont surtout amené du matériel, des véhicules, des bulldozers, etc. Le 10 février au matin, ils se sont rapprochés en convoi du territoire Unist’ot’en. Des Matriarches ont tenu une cérémonie sur le pont d’accès au territoire, pour appeler leurs ancêtres. Le pont avait été décoré avec des robes rouges pour commémorer les femmes et jeunes filles Autochtones disparues ou assassinées. La Police montée à enfoncé le portail qui fermait le pont alors que les Matriarches étaient en pleine cérémonie. Les flics arrivés sur le pont ont arraché les robes rouges qui y étaient disposées. Ils ont arrêté les Matriarches et des Défenseurs. Lundi soir, 6 des 7 personnes arrêtées étaient libérées.

Cérémonie des Matriarches sur le pont

Arrestation de Freda Huson (photo The Narwhal)

Camp Unist’ot’en
Également publié sur Censored News
10 février 2020
Traduction Christine Prat

Territoire Unist’ot’en, 10 février 2020 – Un convoi armé des unités tactiques de la Police Montée a envahi le Territoire Unist’ot’en souverain et non cédé, pour imposer une injonction de Coastal GasLink. Nos Matriarches Unist’ot’en et des défenseurs des terres ont été expulsés de force de leurs terres.

Les Matriarches Unist’ot’en, Freda Huson (Cheffe Howihkat), Brenda Michell (Cheffe Geltiy), et la Docteur Karla Tait ont été arrachées de force de nos territoires et arrêtées. Nos Matriarches ont été arrêtées alors qu’elles tenaient une cérémonie pour appeler nos ancêtres et honorer les femmes et jeunes filles Autochtones disparues ou assassinées. Nous, les Unist’ot’en, savons que la violence contre nos terres et la violence contre nos femmes sont liées. Pendant la cérémonie, nous avons accroché des robes rouges pour commémorer les esprits des femmes, des filles, et des gens à deux esprits qui nous ont été ravis. Nous avons organisé une crémation de l’Industry de la Réconciliation Canadienne avec les Autochtones, pendant que la Police Montée défonçait les portails. Des défenseurs de la terre, parmi lesquels Victoria Redsun (Denesuline), Autumn Walken (Nlaka’pamux) et Pocholo Alen Conception ont également été arrêtés.

Unist’ot’en condamne ces arrestations coloniales violentes et les violations flagrantes de la loi Wet’suwet’en, de la loi canadienne, et de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. C’est aussi une grave violation de la récente directive du Comité des Nations Unis sur la Discrimination Raciale (CERD) qui exige que le Canada interrompe le projet d’oléoduc de Coastal GasLink et retire la Police Montée de notre territoire, afin d’éviter de nouvelles violations des lois Wet’suwet’en, constitutionnelle, et internationale.

Nous, Wet’suwet’en, n’avons jamais cédé notre titre souverain ni nos droits sur les 22 000 km² de notre terre, nos eaux et les ressources à l’intérieur de notre Yintah. Notre Auc niwh’it’ën (loi Wet’suwet’en) et nos systèmes de gouvernance restent intacts et continuent de gouverner notre peuple et nos terres. Nous reconnaissons l’autorité de ces systèmes. Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en sont les Détenteurs du Titre et conservent l’autorité et la juridiction pour prendre des décisions concernant les terres non cédées.

Notre Territoire Wet’suwet’en est divisé en 5 clans et 13 groupes de maisons. Chaque clan de la Nation Wet’suwet’en a la juridiction totale selon notre loi pour contrôler l’accès à son territoire respectif. Nous nous sommes gouvernés de façon durable depuis des temps immémoriaux. Unist’ot’en (la Maison Sombre) occupe et utilise notre territoire traditionnel comme nous le faisons depuis des siècles. Notre façon d’exercer la propriété est l’expression pacifique de notre connexion à notre territoire et démontre notre utilisation et notre occupation de nos territoires en accord avec notre structure de gouvernance. Notre Yintah Unist’ot’en est un lieu de guérison. C’est le foyer des Wet’suwet’en qui cherchent y refuge suite au traumatisme colonial. Des gens y guérissent d’addictions. Des gens s’y reconnectent avec la terre.

Nous avons la force de nos ancêtres en nous. Nous avons la solidarité de nos parents Autochtones et de nos alliés avec nous. Nous avons le pouvoir de gens qui bloquent les chemins de fer, les autoroutes, les ports et les bureaux gouvernementaux dans tout le pays. Nous remercions les gens dans toute cette planète qui font de notre lutte leur lutte. Les flammes de la résistance et la résurgence de la réappropriation des terres Autochtones nos donne de la force. Nous savons que nos voisins et nos parents sont avec nous. Nous savons que les êtres à deux pattes et à quatre pattes veillent sur nous. Ces arrestations ne nous intimident pas. Les contrôles de police ne nous intimident pas. Les décisions de justice coloniales ne nous intimident pas. Les hommes en costard et leur argent ne nous intimident pas. Nous sommes toujours là. Nous serons toujours là. Ce n’est pas fini.

Lady Chainsaw n’a pas été libérée. Elle devrait être détenue jusqu’à ce que sa caution soit déterminée, le 27 février

 

KANAHUS MANUEL IN PARIS, October 14th 2017 En français
Also published on Censored News

Kanahus Manuel was one of the speakers during the Annual Day of Solidarity organized by CSIA-nitassinan, an organization for Solidarity with Indians of the Americas, on October 14th. I recorded and transcribed her speech, hope I did not make too many mistakes. I also chose the title, from her words, but I am the only responsible person for that choice.

Christine Prat

 

“I am from so-called ‘British Colombia, Canada’. But I want to make it clear that we don’t call it Canada. It’s an illegal, dirty, evil, invading country. We have been fighting Canada for the past 150 years: this year Canada is actually celebrating its 150th birthday. When that invasion first happened, they started making ‘land agreements’, really illegal treaties, from the east coast to the west. But once they reached the Rocky Mountains, west of that, no treaties were made. So, our lands still remain unsurrendered and unceded territories.

Our territory is located in what is now called the south-central interior of B.C. It is approximately 180,000 square kilometers, the size of the UK. What Canada has done in this process of colonization has not been good. The impacts: like my brother said, we had the schools, the Indian residential schools, that did the same things, taking the children away from their homes and forcing them into these Church run schools, to strip the language from our people. In some of these schools, the priests and nuns raped 90% of the children. The sexual trauma on those children – my grandparents and so on – has had intergenerational impact that even affects the generation that have not gone. I am myself, as the first generation in my family, out of the residential schools’ system. I am a mother of 4, and I gave birth to all of my children outside of the system, I refused to go to the doctors or hospitals to give birth, and I refused to register my children with the Canadian government. My oldest son is now 15 years old. And I cross international borders with them, I cross into the U.S., into Mexico, I brought them to Zapatista gatherings. So, anyone who thinks that you need a white man’s I.D. as an Indigenous person to travel… I am just trying to prove to everybody that we do not need the white man’s system to exist.

In the beginning of time, our people say that the Old Ones sent the Coyote, the chief Coyote, down to create our world. He created the world to what we have today, the salmon, the glaciers, the mountains, our lakes, night and day, the seasons, the way we conduct ourselves and our Nation. These are our laws that we follow. They come from the stories of the Coyote. From the ways of decision making to consensus among our Nations. We have markers throughout our traditional territories that show those agreements that we originally had, with our responsibilities. For example, the way that we are continuing to look after our salmon, one of our most important food sources. Our responsibility is to continue to look after the salmon, and in turn, the salmon will give us his life so that we can continue to eat, and we give back to the salmon and the salmon gives to us. Those agreements go for every living thing in our territories. From the very first drop of water as it melts of the glaciers, as it flows and touches everything, the roots, the mushrooms… Everything down into our mountains, all the way down to our rivers, is sacred.

Five of the major rivers, in so-called ‘British Columbia’, are forming our territory. When we go to the glaciers, it’s so loud that you have to scream, because there is so much water. I don’t know if you can see that little picture, but you could see it’s blue, ant it’s all the water, not even all the water, which is marked out on this map of our territory, it’s how much water we have.

Another very harsh reality and impact of colonization, is the Reservation system and the Indian Act system. When the government came to force our people off our national territories, to a little 0.2 % on Indian Reserves. What Canada did was to force all of us Indigenous people to 0.2% of our traditional land base, while Canada became wealthy out of the other 99.8%. It became a super power and a wealthy country, out of blood and bones, sweat and tears of our people. At the same time, they were forming the Indian Reserves, they invented this. They call it the Indian and Northern Affairs of Canada, we call it INAC, which is invented by government to really control the Native people. They receive federal funding, and in the past, it was an Indian agent that came around to every Reserve to make sure that they weren’t starving to death. They had housing that was very inadequate, people were still starving, people did not have housing.

We see that colonization, through the displacement off our lands, created dependency on a colonial government, and when our people stand up against this oppression and fight back, we are criminalized and repressed. From 1927 to 1951, it was illegal for Native people to even talk about the land issue, (if I had been here, they would have arrested me and put me in jail, if I had been even here, like right now, and talking about our land issue), it was illegal to hire lawyers to deal with that unsettled land issue. But our people continue to resist and fight back.

Through poor housing and through our children being taken, apprehended, all the women started to organize. They occupied Indian agents’ offices and forced them out of our communities. And it was since then that Canada made up dirty little tricks on how to continue to colonize our people, by reinventing elected systems that would be imposed on the Indian Reserves, where they would elect a Chief and Council. But this is not our traditional governance structure. Just to make it clear, if you ever travel to Canada and you hear that someone is a chief or a counsel for an Indian band, they are still agents of the state. Unless they are the traditional hereditary chiefs, or matriarch chiefs. It has to be really clarified where the lineage is coming from.

We had different uprisings in our territory, that ended up being the last armed standoff in Canada, in 1995, with the Gustafsen Lake standoff. This was over land, about title to a territory. And it was there that 18 of us, Secwepemc, stood there at a sacred Sundance area, and when asked to leave, just said “No, who owns that land?” And they ended up being surrounded by 550 RCMP officers that deployed. They set up landmines, they deployed armored personal carriers, and, at one point, during the end of the standoff, in one day they shot off in excess of 70,000 rounds on my people. One of our most respected elders ended up doing 6 years in jail for his action there. He is one of our war heroes. He just recently passed away, a year-and-half ago. If he was here, he would be at my side right now.

In 2001, our people stood up against a massive ski resort development. We had around 100 arrests, of Native youth and mainly of elders and women. This was an area that was really important to our people, the high open area where we hunt all of our moose.

Both of these had major repercussions. Every time our people stood up, the police would raid their homes, arrest our people, charge them with bogus charges and hold us without bail.

In 2014, we had one of the world’s largest mine tailings disaster happen in our territory. The tailings impoundment area broke and dumped billions of gallons of toxic mining waste and heavy metals, and processing chemicals, into our lake, which is the deepest fjord lake in the world. We took many actions, we set up a ceremonial fire, right there, at the entrance of the site, a couple of days after the disaster. We maintained presence there, we monitored everything and took interviews, from all the workers that were whistle blowers there, at the company, from all the local hunters and people who came to join together for a ceremony over water and to figure out whatever to do about that massive disaster that just still was flowing, and they had no way of stopping it. We call this area (by a name) that refers to the breaking of a woman’s water when she gives birth. Because it is an area where the salmons return to lay their eggs and the salmon breeding ground.

Currently, we are battling a 518 kilometers pipeline, proposed to go through our territory, called the Trans Mountain Kinder Morgan pipeline. And right now, what we are dealing with is Canada’s trick. They are still trying to trick us, give us little trinkets for lands, and one of the ways is forming that illegal process called the ‘B.C. Treaty Process’, which is a modern-day treaty, no, not a treaty, it’s a modern-day extinguishment process, because it’s not even a treaty with the federal government or the Crown. It’s actually a treaty just with the provincial government, so it’s not a binding international treaty, it’s very illegal, in the sense that they are asking Native people to freely sign this document for extinguishment, to relinquish all our titles to our lands, and they would grant back Natives a piece of land that any Canadian can rent or buy.

What Canada is doing right now… People around the world need to take notice that Trudeau and the Trudeau government, Justin Trudeau, is not a friend to us, Indigenous people. His father has really tarnished their name, and his father Pierre Elliot Trudeau, who groomed his son to be a slimy bastard like himself, Justin Trudeau’s father thus, was one of my grandfather’s enemies, and he was really pushing to exterminate us, Indigenous people. Through that 1969 White Paper policy. So, when Justin Trudeau got in as Prime Minister, we already knew we were up for another battle, another fight, facing up with the Trudeau family. Right now, they are trying to buy out this leadership, these INAC chiefs and councils, by giving them millions of dollars, to form our “traditional” government structure, which is enraging our people at this time. We, as Secwepemc People, we still maintain our traditional government and our decision making, and that we are the rightful title holders in our own territory. And when we say ‘no’ to those destructive projects in our land, we demand respect. You may hear words, as my brother here said [Yanuwana Tapoka], about reconciliation, Canada really loves to use that word, ‘reconciliation’, but one thing we always say is that there will never be reconciliation without our land – 100% of our land – back, and our control.”

 

 

Kanahus Manuel, Secwepemc de Colombie Britannique, faisait partie des intervenants, lors de la 37ème Journée de Solidarité avec les Indiens des Amériques, organisée par le CSIA-nitassinan, le 14 octobre 2017.

Le texte ci-dessous est la traduction de l’essentiel de son intervention. Le titre que j’ai choisi, parmi ses propos, reflète sa volonté de dissiper les préjugés français, selon lesquels le Canada serait un pays beaucoup plus sympathique, pour les Autochtones, que les Etats-Unis. S’il y a une catégorie avec laquelle le Canada est effectivement plus sympathique que n’importe quel autre pays, ce sont les compagnies minières, ce qui est désastreux pour les Autochtones.

Christine Prat

In English

 

“Je suis de soi-disant ‘Colombie Britannique, Canada’. Mais je veux qu’il soit clair que nous ne l’appelons pas ‘le Canada’. C’est un pays illégal, vicieux, malfaisant et un envahisseur. Nous avons combattu le Canada durant les 150 dernières années: cette année, le Canada célèbre son 150ème anniversaire. Lors des débuts de l’invasion, ils ont commencé par produire des ‘accords fonciers’, en réalité des traités illégaux, de la côte-est vers l’ouest. Mais dès qu’ils ont atteint les Montagnes Rocheuses, plus à l’ouest aucun traité n’a été rédigé. Donc, nos terres restent des territoires non-cédés, auxquels nous n’avons jamais renoncé.

Notre territoire est situé dans ce qui s’appelle maintenant le centre-sud intérieur de la Colombie Britannique. Ça fait approximativement 180 000 km², presque la taille du Royaume-Uni. Ce que le Canada a fait, durant le processus de colonisation, n’a rien de bon. Les effets: comme l’a dit mon frère [Y. Tapoka, de Guyane française, qui avait parlé juste avant], nous avions ces écoles, les écoles résidentielles Indiennes, qui faisaient la même chose, c’est-à-dire enlevaient nos enfants à leur famille et les mettaient de force dans ces écoles gérées par l’Eglise, pour extirper la langue de notre peuple. Dans certaines de ces écoles, les prêtres et les religieuses ont violé 90% des enfants. Le traumatisme sexuel de ces enfants – mes grand-parents et d’autres – a eu un impact intergénérationnel qui touche même les générations qui n’y sont pas allées. Je représente la première génération de ma famille qui est restée en dehors du système des écoles résidentielles. Je suis mère de quatre enfants, et j’ai accouché de tous mes enfants hors du système, j’ai refusé d’aller voir les médecins ou d’aller à l’hôpital, et j’ai refusé de déclarer mes enfants à l’administration du gouvernement canadien. Mon fils aîné a maintenant 15 ans. Et j’ai traversé des frontières internationales avec eux, je suis allée aux Etats-Unis, au Mexique, je les ai emmenés à des réunions Zapatistes. Donc, si quiconque croit qu’on a besoin d’une pièce d’identité d’Hommes Blancs pour voyager, en tant qu’Autochtones… J’essaie en fait de prouver à tout le monde que nous n’avons pas besoin du système de l’Homme Blanc pour exister.

Notre peuple dit qu’au Début des Temps, les Anciens ont envoyé le Coyote, le chef Coyote, pour créer notre monde. Il créa le monde tel que nous l’avons aujourd’hui, le saumon, les glaciers, les montagnes, nos lacs, la nuit et le jour, les saisons, la façon dont nous nous comportons, et notre Nation. Ce sont les lois que nous suivons. Elles viennent des histoires du Coyote. Des procédés pour prendre des décisions, au consensus entre nos Nations. Nous avons des signes concrets, dans tous nos territoires traditionnels, qui montrent ces accords que nous avions à l’origine, et nos responsabilités. Par exemple, la façon dont nous continuons à nous occuper de notre saumon, l’une de nos principales sources de nourriture. Notre responsabilité est de continuer à prendre soin du saumon, et, en retour, le saumon nous donne sa vie pour que nous puissions continuer à nous nourrir, et nous rendons au saumon, et le saumon nous donne. Ces accords valent pour tout ce qui vit dans nos territoires. De la toute première goutte d’eau qui fond des glaciers, qui coule en touchant tout, les racines, les champignons…, tout ce qui se trouve dans nos montagnes, tout le long du cours de nos rivières, tout est sacré.

Cinq fleuves principaux, en soi-disant ‘Colombie Britannique’, forment notre territoire. Quand nous allons sur les glaciers, il y a tellement de bruit qu’il faut hurler, parce qu’il y a tellement d’eau. Je ne sais pas si vous pouvez voir cette petite image, mais vous pourriez voir tout le bleu, c’est de l’eau, même pas toute l’eau, qui est indiquée sur cette carte de notre territoire, ça montre quelle quantité d’eau nous avons.

Une autre dure réalité, effet de la colonisation, c’est le système des Réserves, et le système créé par la Loi Indienne. Quand le gouvernement est venu expulser notre peuple de force, de nos territoires, il nous a mis dans des Réserves Indiennes, sur un tout petit 0,2% du territoire. Ce qu’a fait le Canada, c’est de nous mettre de force, tous les Autochtones, sur 0,2% de notre territoire de base traditionnel, tandis que le Canada s’enrichissait à partir des 99,8% restants. C’est devenu une super puissance et un pays riche, par le sang et les os, la sueur et les larmes, de notre peuple. En même temps, ils créaient les Réserves Indiennes, ils les ont inventées. Ils appellent ça les Affaires Indiennes et du Nord du Canada, nous disons INAC, ce qui a été inventé par le gouvernement pour contrôler effectivement le peuple Autochtone. Ils reçoivent des fonds fédéraux, et autrefois, c’était un agent ‘Indien’ qui faisait le tour de toutes les Réserves, pour voir si les gens ne mourraient pas de faim. Le logement était totalement inadéquat, les gens étaient affamés, certains n’avaient pas de logement.

Nous voyons que la colonisation, en nous déportant de nos terres, a créé une dépendance d’un gouvernement colonial, et quand notre peuple s’est révolté contre cette oppression et a combattu en retour, nous avons été criminalisés et réprimés. De 1927 à 1951, c’était illégal, pour les Autochtones, de ne serait-ce que parler de la question territoriale, (si j’avais été ici alors, ils m’auraient arrêtée et mise en prison, si j’avais seulement été ici, comme maintenant, pour parler de la question territoriale), et c’était illégal de payer des avocats pour se charger de cette question territoriale. Mais notre peuple continue à résister et à se battre. A cause des logements déplorables, et à cause des abductions et arrestations d’enfants, toutes les femmes ont commencé à s’organiser. Elles ont occupé des bureaux d’agents Indiens et les ont forcés à quitter nos communautés. Et c’est depuis lors que le Canada a inventé des sales petits trucs pour continuer à coloniser notre peuple, en inventant des systèmes d’élus, qui seraient imposés aux Réserves Indiennes, où ils seraient élus comme Chef et comme Conseil. Mais ce n’est pas du tout notre structure de gouvernance traditionnelle. Je veux le dire clairement, si vous allez au Canada et entendez dire que quelqu’un est chef ou conseiller pour une bande d’Indiens, en fait ce sont des agents de l’Etat. A moins qu’il ne s’agisse de chefs traditionnels, ou de cheffes matriarcales. Il faut vraiment vérifier d’où vient le lignage.

Nous avons eu plusieurs insurrections dans notre territoire, et, finalement, la dernière confrontation armée au Canada, en 1995, la confrontation du Lac Gustafsen. C’était à propos de terres, de titre foncier sur un territoire. Et 18 d’entre nous, Secwepemc, étaient là sur un site de Danse du Soleil, et quand on leur a demandé de partir, ils ont simplement dit “Non, qui est propriétaire de ce terrain?” Et ils ont fini par être encerclés par 550 agents de la Police Montée qui s’étaient déployés. Ils ont placé des mines, ont déployé des blindés, et, à un moment, à la fin de la confrontation, ils ont tiré en un jour plus de 70 000 cartouches sur mon peuple. Un de nos Anciens les plus respectés, a fini par faire 6 ans de prison pour son action là-bas. Il est un de nos héros de guerre. Il est décédé récemment, il y a un an et demi. S’il était encore là, il serait à mes côtés, maintenant.

En 2001, notre peuple s’est révolté contre un énorme projet de station de ski. Nous avons subi environ 100 arrestations, de jeunes Autochtones, mais surtout de personnes âgées et de femmes. Il s’agissait d’une zone très importante pour nous, une zone ouverte en altitude, où nous chassions la plupart de nos orignaux.

Ces deux soulèvements ont eu des répercussions importantes. Chaque fois que les gens se révoltaient, la police faisait une descente dans leurs maisons, arrêtait les gens, les accusait de délits bidon, et nous détenait sans caution.

En 2014, nous avons eu une des plus grandes catastrophes de déchets de mines du monde, dans notre territoire. La zone de retenue des déchets s’est rompue et des milliards de litres de déchets toxiques et de métaux lourds, et de produits chimiques utilisés dans le traitement du minerai, se sont déversés dans notre lac, qui est le plus profond lac fjord du monde. Nous avons entrepris de nombreuses actions, nous avons allumé un feu cérémoniel, juste à l’entrée de la zone, quelques jours après la catastrophe. Nous avons maintenu une présence, nous avons tout contrôlé, avons recueilli des interviews, de tous les ouvriers qui s’étaient manifestés comme lanceurs d’alerte, à la compagnie, de tous les chasseurs locaux, et des gens qui étaient venus se joindre à une cérémonie pour l’eau, et pour essayer d’imaginer ce qu’il serait possible de faire pour remédier à cette catastrophe massive, qui continuait à se déverser, et qu’ils ne savaient pas comment arrêter. Nous appelons cette zone [d’un nom dans notre langue] qui se réfère à la perte des eaux, quand une femme accouche. Parce que c’est un endroit où les saumons retournent pour pondre, c’est l’endroit de reproduction du saumon.

Actuellement, nous nous battons contre un oléoduc de 518 km, qui devrait traverser notre territoire, ça s’appelle l’oléoduc Trans Montagne de Kinder Morgan. Et en ce moment, ce à quoi nous sommes confrontés, est encore une astuce du Canada. Ils essaient toujours de nous tromper, de nous donner des babioles sans valeur contre des terres, et l’une de leurs astuces est le projet illégal appelé ‘Projet de Traité de Colombie Britannique’, qui est un traité des temps modernes – non, pas un traité, c’est un projet d’extinction moderne, parce que ce n’est même pas un traité avec le gouvernement fédéral ou la Couronne. C’est en fait un traité avec le gouvernement provincial, donc ce n’est pas un traité contraignant internationalement, c’est totalement illégal, dans la mesure où ils demandent aux Autochtones de signer librement un document décidant de leur extinction, de renoncer à nos titres fonciers sur nos terres, et veulent accorder en échange un terrain que tous les Canadiens peuvent louer ou acheter.

Quant à ce que fait le Canada en ce moment… Les gens du monde entier doivent se rendre compte que Trudeau, et le gouvernement Trudeau, Justin Trudeau, n’est pas un ami des Autochtones. Son père avait beaucoup terni leur nom, son père, Pierre Elliot Trudeau, qui a formé son fils pour être un sale bâtard comme lui, le père de Justin Trudeau, donc, était un des ennemis de mon grand-père, et il avait vraiment poussé à notre extermination, nous les Autochtones. Par cette politique du Livre Blanc de 1969. Alors, quand Justin Trudeau est devenu Premier Ministre, nous savions déjà que nous allions engager une nouvelle bataille, un autre combat, contre la famille Trudeau. Actuellement, ils essaient d’acheter ces ‘dirigeants’, ces chefs et conseils de l’INAC, en leur donnant des millions de dollars, pour former notre gouvernement ‘traditionnel’, ce qui met les gens de notre peuple dans une rage folle. Nous, Peuple Secwepemc, nous voulons maintenir notre forme traditionnelle de gouvernement et de prise de décisions, et nous sommes les détenteurs légitimes des titres fonciers dans notre territoire. Et quand nous disons ‘NON’ à ces projets destructeurs dans notre territoire, nous exigeons du respect. Vous avez peut-être entendu des paroles, comme l’a dit mon frère [de Guyane française], de réconciliation. Le Canada adore employer ce mot, ‘réconciliation’, mais ce que nous disons toujours est qu’il n’y aura jamais de réconciliation sans notre territoire – 100% de notre territoire – restitué et sous notre contrôle.”

 

Kanahus Manuel, 14 octobre 2017