Le 16 juillet 1979, s’est produit la plus grande catastrophe nucléaire jusqu’alors. Depuis, Chernobyl et Fukushima ont fait mieux. Mais Church Rock reste une catastrophe majeure qui a encore des effets aujourd’hui. Personne n’en a parlé, vu que la catastrophe a eu lieu dans la Réserve Navajo. La même année, il y a eu un accident à la centrale de Three-Miles-Island, qui a fait la une des médias, et un film avec Meryl Streep dans le rôle principal. La catastrophe de Church Rock a toujours des conséquences aujourd’hui. Ci-dessous, je reproduis le témoignage de Leona Morgan, Navajo de Crownpoint (même région), qui est devenue une célèbre militante anti-nucléaire à cause des nombreux cancers qui se produisaient parmi ses proches. En 2019, elle est venue visiter Bure, pour manifester sa solidarité, et a expliqué la situation à laquelle elle et ses proches sont confrontés, et le travail qu’elle fait pour réagir.
En 2015, Tommy Rock, un chercheur Navajo de l’Université de Flagstaff, a trouvé de la radioactivité dans l’eau “potable” de Sanders, en aval. La pluie, plus abondante qu’à l’ordinaire, avait entrainé la radioactivité de Church Rock dans la rivière Puerco, normalement à sec en été.

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

La catastrophe de 1979, à Churchrock
In English

Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. En général, il n’y a pas d’eau, mais après la fuite, il a plu et la rivière s’est remplie d’eau et a coulé jusqu’à 160 km, en Arizona. Ça s’est passé quelques mois après l’accident de la centrale nucléaire de Three-Miles-Island, à Harrisburg. Bien que la fuite de Churchrock ait été le pire accident qui se soit jamais produit, les médias n’en n’ont presque rien dit et ça n’a pas attiré l’attention du public. Harrisburg se trouve dans l’est des U.S.A, dans une zone très peuplée, essentiellement de Blancs (il y a eu un film sur l’accident, avec Meryl Streep dans le rôle principal). A Churchrock, il n’y a pas beaucoup d’habitants et la plupart sont Autochtones.

A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium. Les enfants de l’école locale ont reçu de l’eau en bouteille pour boire. La communauté se bat toujours pour que ce soit décontaminé. Ils veulent que les déchets soient enlevés des environs de la Nation Navajo, loin de leurs maisons. “Mais” dit Leona, “à cause de l’échiquier, qui est hors de la Réserve, le gouvernement a entreposé les déchets non loin de leurs maisons, et le vent les ramène.” Elle ajouta que “l’extraction d’uranium est interdite depuis 2005, mais ce sont les mines des années 1980 qui continuent d’affecter les animaux et la communauté.” Les gens veulent que les mines soient décontaminées. L’entreprise propose de gratter les déchets radioactifs, de les entreposer sur les déchets de l’usine, et de recouvrir le tout d’argile, affirmant que ça tiendrait au moins mille ans. Mais leur projet ne s’applique qu’au terrain privé de l’entreprise et n’inclue pas toute la zone touchée par la fuite, jusqu’à 160 km à l’ouest. Les gens craignent une autre fuite. Le Puerco est une rivière sèche, mais des pluies abondantes peuvent toujours se produire. (En tous cas, le Puerco n’était pas complètement à sec en septembre 2015, il y avait probablement eu des pluies en juillet…)

Des 15 000 mines d’uranium abandonnées, c’est le lieu le plus gravement touché des Etats-Unis.

 

Par Klee Benally, Coordinateur de la Campagne Clean Up The Mines
Publié par Indigenous Action Media
23 décembre 2016
Traduction Christine Prat

Trump a récemment twitté que « Les Etats-Unis doivent grandement renforcer et étendre leur capacité nucléaire jusqu’à ce que le monde revienne à la raison à propos du nucléaire. »

Nous sommes revenus à la raison après que les Etats-Unis aient largué des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en 1945.
Nous sommes revenus à la raison après que la Centrale Nucléaire de Three Mile Island ait fondu en 1979.
Nous sommes revenus à la raison, trois mois plus tard, quand la fuite de Church Rock a laissé s’échapper plus de 1000 tonnes de déchets hautement radioactifs de l’usine de retraitement et plus de 350 millions de litres de résidus radioactifs dans la Rivière Puerco.
Nous sommes revenus à la raison après que la Centrale Nucléaire de Tchernobyl ait fondu en 1986.
Nous sommes revenus à la raison après la catastrophe de la Centrale Nucléaire de Fukushima Daiichi en 2011.

 

Il y a 100 réacteurs nucléaires commerciaux en activité aux « Etats-Unis » qui ont produit plus de 76 430 tonnes de déchets hautement radioactifs au cours des quatre décennies passées. Yucca Mountain, un site sacré pour les Shoshone de l’Ouest, est sous la menace de plus en plus imminente de devenir le principal site d’enfouissement de déchets toxiques pour l’industrie nucléaire. Il y a plus de 15 000 mines d’uranium radioactives abandonnées à travers tous les Etats-Unis, qui empoisonnent des communautés et menacent des cours d’eau précieux, comme le Fleuve Colorado, dont plus de 40 millions de gens dépendent. Cette menace fort peu connue est si grave qu’elle a été appelée « le Fukushima secret de l’Amérique ».

Les communautés Autochtones sont depuis longtemps sur la ligne de front de la lutte pour arrêter l’héritage mortel de l’industrie nucléaire. Le colonialisme nucléaire a causé une pollution radioactive qui a empoisonné les réseaux d’eau potable de communautés entières comme Red Shirt Village, dans le Dakota du Sud, et Sanders, en Arizona. L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a fermé 22 puits dans la Nation Navajo où il y a au moins 523 mines d’uranium abandonnées. A Ludlow, dans le Dakota du Sud, il y a une mine d’uranium abandonnée à quelques mètres d’une école primaire, qui empoisonne le sol où les enfants jouent encore à ce jour.

Le Site d’Essais du Nevada a longtemps été la cible d’action directe anti-nucléaire. Il se trouve sur les Terres Ancestrales des Shoshone de l’Ouest où plus de 1000 essais nucléaires ont été perpétrés. Des armes contenant de l’uranium appauvri, déployées par les Etats-Unis au cours de guerres impérialistes (particulièrement en Iraq et en Afghanistan) ont également empoisonné des écosystèmes, y compris ceux des sites d’essais et des champs de tir, en Arizona, au Maryland, en Indiana et à Vieques, au Porto Rico.

Le colonialisme nucléaire a ravagé nos communautés et laissé un héritage mortel de cancers, de maladies congénitales, et d’autres effets graves sur la santé. Certains Autochtones des Iles Marshall ont cessé d’avoir des enfants à cause de l’exposition massive à la radioactivité qui provoque des malformations congénitales extrêmement graves. Le colonialisme nucléaire a réellement été un lent génocide des Peuples Autochtones.

Après la catastrophe de la Centrale Nucléaire de Fukushima en 2011, il semblait que nous étions sur le point de connaître une nouvelle vague d’action anti-nucléaire.

Sous le gouvernement Obama, l’industrie nucléaire a dépensé beaucoup de dollars pour faire pression sur les politiciens afin de déclarer l’énergie nucléaire toxique comme étant une « solution » à la crise climatique. Le soi-disant « Plan d’Energie Propre » d’Obama fait écho à ce ‘verdiment’ (qui a été mécaniquement répété par certaines grandes ONG ou « Grandes organisations Vertes ») du carburant nucléaire. Ce mensonge mortel a conduit au renouvellement des menaces de mines d’uranium près du Grand Canyon et de sites sacrés de Peuples Autochtones comme les Black Hills et le Mont Taylor.

Le régime de Trump menace d’affaiblir les restrictions et d’augmenter la prolifération de l’énergie et des armes nucléaires, ce qui implique aussi plus de mines, plus d’usines de retraitement et plus de déchets.

Il a été écrit que, « les actions des producteurs d’uranium et d’une compagnie de technologie du carburant nucléaire avaient explosé suite aux commentaires de Trump, Uranium Resources, Uranium Energy, Cameco, et Lightbridge ont toutes négocié plus cher vendredi dernier ».

Nous devons combattre pour un avenir sans nucléaire et refuser d’accepter de devenir, nous-mêmes et les générations futures, des victimes de la radiation nucléaire.

Plus que jamais, le besoin vital d’informer, d’engager des actions et des mobilisations pour stopper cette folie nucléaire, est nécessaire, notre futur en dépend.

 

#nonukes #radioactivepollutionkills #cleanupthemines #nuclearcolonialism

Visitez et soutenez les sites: www.nirs.org www.cleanthemines.org www.haulno.org www.dinenonukes.org

 

Partagez et diffusez cet article!