Par la Nation Navajo [c.-à-d. le Gouvernement Navajo – NdT]*
Publié sur Censored News
12 août 2015
Traduction Christine Prat
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WINDOW ROCK, Arizona – L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis (EPA) a tenté d’obtenir des signatures du Peuple Navajo sur le formulaire standard No. 95, lequel, s’il est signé, fera renoncer à des réclamations futures contre l’Agence Fédérale.
« Le Gouvernement Fédéral demande à notre Peuple de renoncer à ses droits pour le futur, parce qu’ils savent que sans ce renoncement ils devront payer des millions à notre Peuple. C’est simple: les instances Fédérales se protègent aux dépens du peuple Navajo, et c’est scandaleux » dit le Président Begaye.
Le Formulaire Standard No. 95 dit ce qui suit :
« JE CERTIFIE QUE LE MONTANT RECLAME COUVRE SEULEMENT LES DEGATS ET LES BLESSURES CAUSES PAR L’INCIDENT SUS-MENTIONNE ET JE SUIS D’ACCORD POUR ACCEPTER LADITE SOMME EN « TOUTE SATISFACTION ET COMME REGLEMENT FINAL DE CETTE RECLAMATION »
Tous les signataires devront se limiter aux réclamations spécifiques déjà déposées, et devront renoncer à toutes réclamations futures pour des blessures ou problèmes de santé causés par la mine Gold King.
« L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a admis être en tort et a déclaré que la catastrophe durerait des décennies. C’est inacceptable. Les dommages pour notre Peuple seront à long terme et la Nation Navajo n’acceptera pas d’arrangement pour quelques sous. J’ai systématiquement déclaré que le peuple Navajo mérite des compensations pour chaque sou perdu. Je n’autoriserai pas les petits caractères à épargner l’EPA des Etats-Unis. Le peuple Navajo mérite mieux de la part du Gouvernement des Etats-Unis » dit le Président Begaye.
L’EPA a assisté à des audiences publiques locales dans la Nation Navajo, à Shiprock, Aneth et Olijato, et distribué le Formulaire Standard No. 95 aux participants, en insistant pour qu’ils le signent. Le ministre de la Justice de la Nation Navajo a prévenu que le Formulaire No. 95 réglera les réclamations actuelles et empêchera toute réclamation future pour les suites de la fuite.
« Nous sommes aussi inquiets pour nos voisins, et nous demandons si le Formulaire Standard No. 95 est également distribué dans d’autres communautés. Ceci ne touche pas seulement le Peuple Navajo, mais tous ceux de la Région de Four Corners [‘Quatre Coins’, la frontière entre l’Utah, le Colorado, le Nouveau-Mexique et l’Arizona, qui a été tracée à la règle sur une carte – NdT]. Réfléchissez bien avant de signer ce formulaire, nous devons tenir l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis pour entièrement responsable de sa négligence » dit le Vice Président Nez.
* ‘La Nation Navajo’ peut avoir plusieurs significations: géographiquement, il s’agit du territoire de la Réserve actuelle, politiquement, il s’agit du Gouvernement Navajo, qui ne représente pas toujours l’ensemble de la population concernée…
Le 5 août dernier, des millions de litres d’eau très toxique, provenant d’une ancienne mine d’or abandonnée depuis longtemps, se sont déversés dans la rivière Animas, près de Silverton, dans l’état du Colorado. Depuis, la nappe toxique a atteint la rivière San Juan, dans laquelle se jette l’Animas, près de Farmington, au Nouveau-Mexique. On estimait qu’elle devait atteindre le Lac Powell, et donc le Fleuve Colorado, ce mercredi. La rivière San Juan et le Colorado traversent une grande partie de la Réserve Navajo et l’eau est beaucoup utilisée pour l’irrigation et faire boire le bétail. Ce sont des employés de l’Agence Fédérale de Protection de l’Environnement (!!!) qui ont causé la fuite ‘accidentellement’ (les Navajo préfèrent dire ‘par négligence’) lors d’une inspection. Le bassin contenant les produits toxiques était fait de terre recouverte d’une bâche de plastique. La nappe toxique contient de fortes concentrations d’arsenic, de plomb, de cadmium et autres métaux lourds. L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) tente pour l’instant de minimiser la gravité de la situation, arguant de ce que le courant est trop fort pour que les produits toxiques aient le temps de causer de gros dégâts, et que vraisemblablement les métaux lourds se dilueront et ne poseront pas de problèmes à long terme. Bien entendu, les habitants ne le croient pas. (L’EPA a attendu 24 heures avant de signaler l’accident, elle a d’abord prétendu qu’1 million de gallons étaient répandus, en fait c’était 3 millions, c’est-à-dire plus de 11 millions de litres).
Christine Prat
Le Président Russell Begaye et le vice Président Jonathan Nez se rendent sur les lieus du désastre.
Le Président Begaye annonce que l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) des Etats-Unis devra rendre des comptes pour le déversement de produits toxiques
Déclaration du Président Navajo Russell Begaye
Publiée sur Censored News
11 août 2015
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Traduction Christine Prat
WINDOW ROCK, Arizona – Le Président de la Nation Navajo, Russell Begaye a annoncé son intention d’entamer une action légale contre l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis pour le déversement massif de déchets miniers dans la rivière Animas près de Silverton, dans le Colorado.
Le Président Begaye a fait cette annonce samedi soir au Siège du Chapitre de Shiprock, bondé, devant des membres de la communauté inquiets vivant le long de la rivière San Juan.
« Ils ne s’en tireront pas comme çà » dit le Président Begaye à propos des effets destructeurs sur les habitats naturels et les écosystèmes sur lesquels repose la culture traditionnelle Navajo.
Il dit que la boue avait atteint la rivière San Juan et progressait à travers la Nation Navajo. On s’attendait à ce que la nappe toxique atteigne le Lac Powell ce mercredi.
Le Président Begaye dit : « L’EPA était au centre du désastre et nous avons l’intention de nous assurer que la Nation Navajo récupère chaque dollar dépensé pour nettoyer ce bourbier et chaque dollar perdu à cause des dégâts causés à nos précieuses ressources naturelles Navajo. »
« J’ai donné des instructions à la Justice Navajo pour agir immédiatement contre l’EPA jusqu’aux limites permises par la loi, pour protéger les familles et les ressources Navajo » ajouta t’il.
« L’EPA doit aussi financer un laboratoire indépendant sur place pour contrôler en temps réel les produits chimiques qui peuvent atteindre notre système d’irrigation et notre réseau d’eau publique » dit le Président Begaye.
Histoires de lutte et de survie
Les habitants du Chapitre ont beaucoup apprécié que le Président Begaye et le Vice Président Jonathan Nez viennent les rencontrer en ce moment de crise, alors que la nappe de pollution approche de leur communauté.
Les habitants ont raconté leurs histoires de lutte et de survie le long de la rivière et ont souligné combien l’agriculture et l’élevage sont importants pour leur mode de vie et l’économie de la région.
Shiprock est une des plus grandes communautés agricoles de la Nation et dépend fortement de l’irrigation de la rivière San Juan pour fournir de l’eau aux nombreuses fermes.
L’EPA Navajo effectuera des tests indépendants sur la qualité de l’eau et des sédiments et la Nation utilisera les informations recueillies pour sa propre enquête sur la contamination. On estime que la nappe toxique se déplace à plus de 6 km à l’heure.
Harlan Cleveland, du Service Navajo de Gestion des Crises, dit que la nappe avait atteint Farmington (Nouveau-Mexique) à 8h10 du matin le 8 août à la jonction avec la rivière San Juan.
La nappe fait environs 130 km de long.
Plusieurs communautés ont arrêté de pomper de l’eau de la rivière et le Comté de San Juan a publié une déclaration d’urgence et fermé la rivière jusqu’à nouvel ordre.
Rex Koontz, vice directeur général des Services Publiques Tribaux Navajo, a déclaré dans un communiqué de presse que les réseaux d’eau de Farmington à Beclabito sont « alimentés par un réseau différent, isolé de la rivière San Juan. »
Les systèmes d’irrigation de la Nation Navajo ont cessé de pomper de l’eau de la rivière en début de semaine.
La rivière San Juan est leur Ligne de Vie.
Le Président Begaye a dit que l’EPA des Etats-Unis devait fournir aux membres de la Tribu affectés, de l’eau potable, de l’eau pour l’irrigation et pour le bétail. De plus, on aura aussi besoin de foin et de nourriture pour le bétail.
« La rivière San Juan est leur ligne de vie. Nous voulons toute la vérité sur quels produits chimiques se sont déversés dans la rivière. Nous avons entendu dire que le nettoyage prendrait des décennies. Nous exigeons que cette eau et les sédiments de nos rivières soient nettoyés immédiatement » dit le Président Begaye.
Les fermiers Navajo pompaient de l’eau pour leur bétail, leurs moutons et leurs chevaux. D’autres pêchaient dans la rivière ou s’y rendaient pour leurs loisirs.
« Il ne s’agit pas d’un petit nombre d’habitants ou d’une zone comme Farmington. Nous avons des familles Navajo affectées d’Upper Fruitland jusqu’au Lac Powell » dit le Président Begaye.
La Nation Navajo est plus vaste que 10 états américains et de la taille de la Virginie Occidentale [pour les Européens : de la taille de la Belgique – NdT]. La rivière San Juan traverse une grande partie de la région nord de la Nation et se jette dans le Fleuve Colorado, qui traverse aussi une grande partie du territoire tribal.
Souvenirs d’enfance de pollution
Pendant son enfance, le Président Begaye a vécu sur les berges de la rivière San Juan. Il se souvient qu’une année les poissons mouraient et flottaient à la surface. Il a plongé dans la rivière avec d’autres pour essayer de savoir ce qui se passait.
« La rivière a senti mauvais pendant des semaines. Les poissons mouraient le long de la berge. Personne ne nous a dit ce qui s’était passé, comment les poissons étaient morts ou si çà aurait des effets sur notre santé plus tard. A ce jour, personne ne nous a rien dit. Çà n’arrivera pas cette fois-ci » dit le Président Begaye.
Mise à jour :
Le Président Navajo Russell Begaye a déclaré : « Nous vaincrons cette tragédie, j’ai déclaré l’état d’urgence et déployé les ressources de la Nation Navajo pour attaquer cette boue qui se déplace à travers notre Grande et Belle Nation Navajo. J’ai aussi demandé au Président Obama et à nos Représentants au Congrès d’attribuer immédiatement des fonds d’urgence pour satisfaire aux besoins immédiats de notre Peuple, tels que de l’eau potable, de la nourriture pour les animaux et de l’eau propre pour l’irrigation.