Diffusé par Indigenous Action le 27 août 2011-09-02
Original article in English: Indigenous Action
Traduction Christine Prat
Mercredi 24 août 2011
La Tribu Havasupai, Klee Benally, un jeune activiste Diné (Navajo), et l’International Indian Treaty Council (une organisation de Peuples Autochtones d’Amérique du Nord, Centrale, du Sud, des Caraïbes et du Pacifique pour la souveraineté et l’autodétermination des Peuples Indigènes et la reconnaissance et la protection des Droits Indigènes, des Traités, des Cultures Traditionnelles et des Terres Sacrées – NdT), ont déposé une plainte en Action Urgente / Alerte Préalable auprès du Comité CERD des Nations Unies, contre la profanation des Pics Sacrés San Francisco, en Arizona. La plainte, officiellement enregistrée au soir du mercredi 17 août 2011, vise les récentes actions de la compagnie Arizona Snowbowl, qui a rasé 40 acres de forêt encore sauvage et posé plus de 5 miles de tuyauterie dans le cadre d’un projet du Service des Forêts US et de la ville de Flagstaff, d’arroser les San Francisco Peaks de neige artificielle faite d’eau des égouts. Jeudi 18 août, le Conseil Inter Tribal d’Arizona, représentant 20 Tribus et Nations Indiennes reconnues a officiellement déposé une lettre demandant de les nommer dans la plainte en tant que co-plaignants.
Le Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale, connu internationalement sous le nom de Comité CERD, est chargé de contrôler la conformité à la Convention Internationale sur l’Elimination de toutes formes de Discrimination Raciale (ICERD).
Les Etats-Unis ont ratifié l’ICERD le 21 octobre 1994, et ont une obligation internationale de respecter et de s’abstenir de violer les droits de l’homme reconnus par l’ICERD, et de s’assurer qu’ils ne sont pas violés par des tiers, comme le Service des Forêts US, la Ville de Flagstaff, ou des intérêts privés comme ceux d’Arizona Snowbowl.
Jusqu’à 1,5 millions de gallons d’eau d’égouts recyclée par jour, c’est-à-dire plus de 100 millions de gallons par saison de ski d’hiver, pourraient être déversés sur les Pics Sacrés San Francisco. Et la ville de Flagstaff, Arizona, tirerait des profits de la vente de 180 millions de gallons de ses eaux usées à la compagnie Arizona Snowbowl pour ce projet.
« Ni les cours de justice, ni le public ne comprennent vraiment nos cérémonies et pratiques spirituelles ni notre relation spirituelle avec la Terre » dit Klee Benally, le plaignant Navajo. « Nous n’avons aucune protection garantie pour notre liberté religieuse en tant que Peuples Autochtones aux Etats-Unis. Les San Francisco Peaks sont sacrés pour nous depuis des temps immémoriaux, des milliers d’années avant qu’il n’y ait un nommé Colomb ou des Etats-Unis. La profanation de ce Site Sacré est un acte de génocide culturel. »
« Les actions commises par Arizona Snowbowl Inc. et par le Service des Forêts US reflètent un mépris et un manque de respect perpétuels, et une violation grossière des droits fondamentaux des Peuples Autochtones des Premières Nations de vivre conformément à leur mode de vie traditionnel et souverain » dit Shannon Rivers, un activiste de la communauté indigène de Gila River. « Les Nations Autochtones qui considèrent la terre comme sacrée et le site comme sacré ne resteront pas inactives si les Pics Sacrés San Francisco et nos pratiques spirituelles sont profanés. Tous les moyens, internationaux et nationaux, doivent être utilisés pour y remédier. »
« La communauté internationale et la loi internationale ne discriminent pas les religions ; toutes doivent être respectées également d’après la loi internationale » dit Andrea Carmen de l’International Indian Treaty Council, une Organisation Non-Gouvernementale Indigène, qui a un statut consultatif aux Nations Unies et est l’un des plaignants. « Pour chaque skieur qui profite de la neige artificielle, faite d’eau d’égouts, il y a un Amérindien qui ressent la profanation de ce Site Sacré. »
Le Comité CERD doit formellement communiquer la plainte aux Etats-Unis et demander une explication de sa position sur le sujet et prendre une décision peu après.