Par le Comité d’Action de la Communauté Autochtone
nativecommunityactioncouncil@gmail.com
Publié sur Censored News
22 janvier 2021
Traduction Christine Prat

LAS VEGAS, Nevada – Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone célèbre l’entrée en vigueur du Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires, en se rassemblant à Las Vegas devant la Cour Fédérale, pour porter des banderoles affirmant l’entrée en vigueur du Traité.

Le traité a été approuvé par les 193 membres de l’Assemblée Générale des Nations-Unis le 7 juillet 2017, par un vote de 122 pour, les Pays-Bas s’étant opposés et Singapore abstenu. Les cinq puissances nucléaires et quatre pays connus pour ou supposés avoir des armes nucléaires – l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – avaient boycotté les négociations et le vote sur le traité, tout comme beaucoup de leurs alliés.

Le peuple Shoshone voit le traité comme un pas positif conduisant à la réparation, pour les 900 tests d’armes nucléaires à l’air libre et souterraines qui ont émis des radiations sur les terres de la Nation d’Indiens Shoshone.

« Nous sommes tous sous-le-vent, » déclara Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil d’Action de la Communauté Autochtone. M. Zabarte travaille depuis des décennies à faire stopper les tests d’armes nucléaires effectués en secret, et enquêter sur les conséquences sur la santé de l’exposition aux radiations de son peuple et de son pays.

Son but est de mettre fin au besoin d’armes nucléaires, d’atténuer les impacts sur le peuple Shoshone et le territoire, et empêcher que Yucca Mountain ne soit transformée en site d’enfouissement de déchets nucléaires hautement radioactifs.

Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone est partie dans l’attribution d’une licence, la seule qui affirme en avoir la propriété. Après avoir dépensé 15 milliards de dollars, le Département de l’Energie ne peut pas prouver de droits de propriété sur Yucca Mountain, en dépit des graphiques du Bureau d’Aménagement du Territoire, parce que le Traité de Ruby Valley a le contrôle, selon la Constitution des Etats-Unis, Article 6, Section 2, c’est-à-dire la clause de suprématie d’un traité.

La propriété des Shoshone persiste toujours.

« Notre relation à la terre et à l’eau pure du Grand Bassin est notre identité » dit M. Zabarte.

Les tests d’armes nucléaires destructrices ont laissé le sol vulnérable et détruit la flore et la faune délicate, permettant à des espèces de plantes nuisibles et invasives de prendre leur place.

M. Zabarte fut acquitté pour avoir capturé des chevaux Indiens dont les Etats-Unis clament qu’ils sont « sauvages » selon la définition du Congrès dans la Loi sur les Chevaux Sauvages et les Ânes de 1971.
« Nous avons agi par nécessité, pour protéger nos chevaux de la destruction du pâturage causée par les tests d’armes nucléaires. »

Le Bureau d’Aménagement du Territoire blâme le bétail des Shoshone pour la destruction du sol.

Les dirigeants Shoshone étaient présents sur le Site de Sécurité Nationale du Nevada à 14h, pour brandir des banderoles et faire prendre consciences aux travailleurs du site que leur travail est illégal.

Par Brenda Norrell
Censored News
5 janvier 2021
Traduction Christine Prat

Le soleil se couchait sur Eureka, Nevada, et les routes étaient gelées et traitresses. C’était en février et je m’inquiétais pour Carrie Dann, septuagénaire, qui faisait seule la longue route jusqu’à son ranch. Je l’avais accompagnée jusqu’à son camion blanc, essayant de ne pas glisser sur le trottoir, transformé en une feuille de glace. En souriant, elle m’assura que ça irait bien.

Carrie avait voyagé dans le monde et était une force globale, qui s’était rendue à la Conférence pour Notre Mère la Terre, à Cochabamba, en Bolivie, en 2010 ; cependant, elle tenait un ranch, c’était une éleveuse qui travaillait dur, se battait pour protéger ses chevaux, et la terre, l’air et l’eau.

Carrie a rejoint le Monde des Esprits le 2 janvier 2021. Sa sœur Mary était partie en 2005.

Simon J. Ortiz, poète et auteur Acoma, Professeur retraité de l’Université d’état d’Arizona, rendit hommage à Carrie.

« Quelle grand-mère, mère, fille et sœur c’était, Carrie Dawn, » écrivit Ortiz aujourd’hui.
« Une force de vie »
« La Vie de la vie. »
« Génération après génération, avant, après. »
« Nous, tous les gens – tous les êtres – sommes avec elle, toujours. Et elle sera toujours avec nous. »
« Elle sera toujours avec tous les gens – même ceux qui sont mal guidés et destructeurs – parce que c’est la voie du savoir originel – qui sont liés au Mode de Vie Sacré d’être responsable pour que la vie soit durable pour toujours. »

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Lorsque nos chemins se sont croisés, à Phoenix en 2004, Carrie dit: «Nous ne renoncerons jamais à notre résistance. Nous ne pouvons pas. Ce n’est pas pour nous, mais pour ceux qui sont encore à venir.»

Quand on lui demanda ce qu’elle désirait le plus, Carrie dit: «la Libération.»

«J’attend toujours le jour où les Autochtones seront libérés du contrôle du Gouvernement des Etats-Unis,» dit-elle.

Quand Carrie reçut une notification fédérale de la saisie de son troupeau, en mai 2004, elle dit que c’était du terrorisme domestique visant à voler la dignité des gens.

«Economiquement, nous sommes un peuple autosuffisant. Avec ces actions récentes pour voler notre subsistance, nous faisons face à une famine provoquée pour nous faire partir de nos terres.»
«Pour moi, c’est du terrorisme. Du terrorisme domestique. Cette conduite a pour but de voler notre dignité, notre honneur, et nous faire sentir que nous sommes moins qu’humains – nous sommes traités comme des animaux. Nous sommes déshumanisés.»

Combattant le vol du territoire des Shoshone de l’Ouest, Carrie n’a jamais abandonné.

«En tant que Shoshone de l’Ouest, nous nous sommes battus depuis bien des années, simplement pour rester qui nous sommes – les Shoshone de l’Ouest. La terre est notre mère, et le sol nous procure la vie, comme l’eau et l’air. Nous prendre ce territoire sera nous conduire à une mort spirituelle.»

Earl Tulley, Diné [Navajo], se souvient de ses camarades défenseuses du front, les sœurs Mary et Carrie Dann, qui, comme Earl, ont passé leur vie à défendre les droits Autochtones et le monde naturel.
Earl dit, «les sœurs Dann étaient totalement unies et travaillaient en parfaite unité pour défendre la terre ancestrale. Leur slogan mélodieux était – et est toujours – « Tout ce qui brille n’est pas or.»
«Toutes les deux y travaillaient mieux que quiconque.»

Ofelia Rivas, Tohono O’odham, tout comme les sœurs Dann en territoire Shoshone de l’Ouest, se bat pour les droits humains et la protection du territoire et de ce qui est sacré à la frontière sud.
Ofelia dit de Carrie: «Elle était une force.»
«Quand une grande force rejoint les ancêtres, nous qui restons ici recevons une bénédiction universelle. J’espère que les gens comprennent que Carrie Dann n’est plus réduite à une quelconque pauvreté, à une souffrance physique ni à des déceptions causées par des décisions politiques. Sa présence a été un grand honneur sur cette Terre Mère.»
«Que toute sa famille et ses amis, et de nombreux soutiens, continuent son travail pour défendre les terres pour les générations à venir.»

De retour sur les routes glacées, à Eureka, Nevada, en février 2008, Carrie, la force globale, travaillait comme éleveuse et rendait hommage aux jeunes Autochtones qui participaient à la Longue Marche.

Sur le trajet nord de la Longue Marche à travers le continent de 2008, Carrie rendit hommage aux marcheurs, quand ils sont arrivés à pied d’Austin, Nevada.

Les jeunes Miwok, les chanteurs de Round Valley, et le Cheyenne Arapaho Calvin Magpie, ont chanté des chants traditionnels pour Carrie, dans le large cercle de la Longue Marche, rendant hommage à sa lutte sans fin pour les droits des Indiens.

Carrie dit que les Shoshone de l’Ouest étaient confrontés à la profanation de leurs sites sacrés, y compris le Mont Tenabo, parce que l’extraction industrielle d’or étendait ses destructions en territoire Shoshone. De plus, les essais nucléaires et l’industrie nucléaire empoisonnent le sol, l’air et l’eau.

Carrie se souvenait du passage de la Longue Marche sur les terres Shoshone 30 ans plus tôt. Elle s’était jointe aux marcheurs à Austin, Nevada.
Alors que les marcheurs et les coureurs étaient réunis en cercle à Eureka, elle dit qu’elle avait été encouragée par les jeunes Indiens et leur courage.
«Je veux que vous sachiez que je suis fière de vous,» leur dit-elle.

Le marcheur Tomas Reyes dit aux autres marcheurs que Carrie était l’une des grandes Indiennes de notre temps et qu’on pouvait apprendre beaucoup de son exemple.

Le film Notre Terre, Notre Vie raconte la véritable histoire.

Dans ce film, Carrie dit que le gouvernement des Etats-Unis a commis un génocide spirituel. Avec la séquence de l’horrible confiscation par le BLM des chevaux de la famille Dann, le film révèle que le but des Etats-Unis était de s’emparer du territoire au profit des grandes corporations d’extraction d’or.

Tout comme les gens que le gouvernement des Etats-Unis juge superflus, les chevaux de la famille Dann étaient considérés comme superflus. Après la capture cruelle, beaucoup de poulains et de chevaux n’ont pas survécu.

Le territoire des Shoshone de l’Ouest avait déjà été frappé par les essais nucléaires et les détonations de bombes atomiques sur le site de tests, ce qui a résulté en une dissémination de radioactivité et la mort par cancers de nombreux Shoshone de l’Ouest.

Les Etats-Unis ont refusé d’appliquer le Traité de Ruby Valley [qui reconnaissait que le Territoire Shoshone dans le Nevada, Newe Segobia, n’avait jamais été cédé aux Etats-Unis].

Vous pouvez voir 25 minutes du film «Our Land, Our Life» sur YouTube. (La version d’une heure, ‘American Outrage’, est disponible en DVD).

https://youtu.be/JJ2N9-n-ka0

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Au cours de notre conversation à Phoenix, en mars 2004, Carrie dit que les Etats-Unis voulaient qu’un règlement international soit tenu secret.

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Article de Brenda Norrell de mars 2004

PHOENIX, Arizona – Les Etats-Unis essaient de tenir secret une règle internationale qui concerne les Indiens d’Amérique et les droits à la propriété. La règle, dans le cas des Shoshone de l’Ouest, exige une révision de toutes les lois et politiques des Etats-Unis concernant les peuples Autochtones, et en particulier le droit à la propriété.

Le Jour des Peuples Autochtones, la Shoshone de l’Ouest Carrie Dann dit: «Les Etats-Unis ont été pris en train de violer de la loi internationale – pris en train de violer nos droits à la propriété, à une procédure légale, et à l’égalité devant la loi.
« Il leur a été dit de remédier à cette situation et de revoir toutes les lois et politiques concernant les peuples autochtones des Etats-Unis.»

La Commission Interaméricaine des Droits Humains, l’Organisation des Etats Américains, publia son rapport final dans l’affaire Dann contre les Etats-Unis. C’était le premier rapport juridique sur la loi et la politique des Etats-Unis concernant les peuples autochtones à l’intérieur de leurs frontières.
Julie Fishel, avocate du Projet de Défense des Shoshone de l’Ouest, dit que les Etats-Unis ne voulaient pas que les Amérindiens soient mis au courant de la décision.
«Ça les rend nerveux», dit Julie Fishel.

La décision de l’Organisation des Etats Américains visait le droit des Dann à leur terre ancestrale et la violation de leurs droits humains. Dans sa déclaration du 11 mars, C. Dann dit que les Etats-Unis violaient le Traité de Ruby Valley de 1863.

«Ils nous disent que nos terres sont des terres fédérales,» dit C. Dann, s’exprimant dans le ranch où sa famille avait vécu depuis des générations, dans Crescent Valley.

Les Shoshone de l’Ouest vivent sur le territoire, aujourd’hui appelé Nevada, depuis plus de 4000 ans. Pourtant, les terres des Shoshone de l’Ouest sont confisquées pour une mine d’or à ciel ouvert, extrayant par lixiviation au cyanure, et pour un stockage de déchets nucléaires dans la Montagne Yucca, une montagne sacrée pour les Shoshone.

C. Dann dit: «Sur le site de tests du Nevada, le gouvernement actuel veut recommencer les tests nucléaires et font des tests [d’armes] biologiques et chimiques et développent le nouvel équipement pour le Contre-terrorisme Fédéral.
«Pour nous, ces activités ne sont développées que pour le profit des corporations multinationales, pas pour bénéficier aux gens. Rien que sur nos terres, des entreprises comme Placer Dome, Newmont, Barrick, Halliburton, Bechtel et Lockheed Martin empoisonnent notre air et notre eau, et déchire Notre Mère la Terre.»

Les troupeaux de centaines de familles ont été confisqués par l’Intérieur, au cours d’attaques de style militaire.

«Nous sommes sous surveillance constante, par des rangers fédéraux armés et des vols d’hélicoptères. Nous restons sur la terre de nos ancêtres.
«Le Congrès des Etats-Unis et les grandes entreprises mettent de l’argent et autres marchés sous le nez de notre peuple,» C. Dann dit que la responsabilité du peuple est de préserver la vie pour les générations futures.

Photo Intercontinental Cry

Carrie et sa sœur Mary ont combattu les Etats-Unis jusqu’à la Cour Suprême. Après dix ans de procédures judiciaires, l’Organisation des Etats Américains a tranché en faveur des Shoshone de l’Ouest.

Le rapport de l’Organisation des Etats Américains a été publié le 9 janvier 2003, dix ans après que les sœurs Mary et Carrie Dann ait présenté une pétition. Au cours de la procédure judiciaire, plusieurs autres communautés Shoshone de l’Ouest se sont jointes à la pétition. Le Conseil de la Nation Shoshone de l’Ouest, l’instance dirigeante traditionnelle, a déposé une motion de soutien.

Le rapport déclare que les Etats-Unis avaient plaidé auprès de la Commission des Réclamations Indiennes, que les Shoshone de l’Ouest avaient perdu leur territoire à cause « d’un empiètement graduel » par des blancs, colons et autres. Les Shoshone de l’Ouest ont plaidé que l’argument des Etats-Unis était en violation de leurs propres lois et des lois internationales sur les droits humains, qui lient les Etats-Unis en tant que membre de l’Organisation des Etats Américains.

La Commission Interaméricaine des Droits Humains était d’accord avec les Shoshone de l’Ouest. Le rapport définitif stipulait que les Etats-Unis violaient le droit à la propriété, le droit à une procédure judiciaire, et le droit à l’égalité devant la loi.

Le Rapport définitif exprimait deux recommandations aux Etats-Unis. La première était de remédier à la situation des Shoshone de l’Ouest, soit par une législation, soit en organisant une audience sur le problème du titre.

L’Organisation des Etats Américains recommandait aussi que toute la législation et la politique des Etats-Unis concernant les Peuples Autochtones, et en particulier le droit à la propriété, soient révisées.

Carrie Dann dit: «Nous ne renoncerons jamais à notre résistance. Nous ne pouvons pas. Ce n’est pas pour nous, c’est pour ceux encore à venir.»

Il fut demandé à Carrie Dann ce qu’elle désirait le plus.

«La Libération» dit-elle.
«J’ai attendu toute ma vie d’être libérée du gouvernement fédéral.»

Se souvenant des paroles du Président Bush, elle dit: «Bush dit, ‘Nous ne sommes pas des conquérants, nous sommes des libérateurs.’
«J’attend toujours le jour où les Autochtones seront libérés du contrôle du gouvernement des Etats-Unis.»

Copyright de l’article ©Brenda Norrell. Copyright de l’hommage de ©Simon J. Ortiz. Photos ©Brenda Norrell, Ilka Hartmann, ©Intercontinentalcry, ©Womensearthalliance, ©Rightliverlihoodaward.

 

MEDIAS, RACISME ET GENOCIDE, LETTRE D’UN SHOSHONE

Lettre de Ian Zabarte, Shoshone de l’Ouest, au Las Vegas Review Journal, publiée sur Censored News, le 29 janvier 2019.
Traduction et photos Christine Prat

M. Ian Zabarte
P.O. Box 46301
Las Vegas, NV 89114

 

Le 29 janvier 2019
Au Las Vegas Review Journal
P.O. Box 70
Las Vegas, NV 89125

 

Sujet: Racisme et complicité de génocide.

Cher M. Ramirez,

Hier, 28 janvier 2019, le Las Vegas Review Journal a publié une caricature de propagande aux dépens des Amérindiens, utilisant le stéréotype de l’Indien alcoolique. Le racisme est une insulte, peu importe si les médias en font une représentation plus ou moins humoristique.

Le Las Vegas Review Journal s’est montré en dessous de tout, en tant que Quatrième Pouvoir, en faisant des reportages tronqués, en ne présentant qu’un côté des questions qui touchent les Autochtones ou en ne mentionnant pas la vérité ou le point de vue Autochtone. Il y a une véritable et pervasive violation de la confiance dans la façon dont les médias s’abstiennent de dire toute la vérité sur les questions concernant les Autochtones. C’est de leur part un mauvais service rendu à l’ouverture d’esprit, la liberté de l’information et la démocratie. Le peuple Shoshone cherche la compréhension et la réconciliation, et se fait insulter par le Las Vegas Review Journal. Une injure similaire a été mentionnée dans un texte soumis récemment à la Convention Internationale des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques, comme étant de la propagande en faveur du génocide.

Le problème est que les préjugés et le racisme des médias tuent des Indiens. En 1850, la Californie a adopté une Loi pour la Protection et la Gouvernance des Indiens, qui autorisait les chasseurs d’Indiens à ramener des mains coupées et des scalps pour $25, et à réduire en esclavage les Indiens trouvés sans travail. Les esclaves restaient en captivité jusqu’à ce qu’ils montrent aux mineurs où se trouvait l’or, comme dans le cas d’un Shoshone torturé pour indiquer où était situé l’or à Rhyolite. Tuer des Indiens était courant et 60% des Shoshone de Californie ont été tués à l’intérieur de notre territoire selon le traité, parce qu’ils n’étaient pas être blancs. La loi n’a été abolie complètement qu’en 1967. Avant qu’un quelconque colon ou mineur ne voie un Indien, la propagande des médias était là.

Aujourd’hui, les médias ne parlent pas de l’exposition des Amérindiens aux retombées radioactives des tests nucléaires secrets des Etats-Unis et du Royaume-Uni, et des risques hors de proportion que ça représentait. Les Shoshone ne peuvent supporter un accroissement des risques d’où qu’ils viennent, entre autres la reprise des tests d’Armes de Destruction Massive par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, les déchets de plutonium du Site de Savanna River ou d’uranium appauvri, le projet de site d’enfouissement de déchets hautement radioactifs à Yucca Mountain, l’uranium des cendres de charbon ou les radiations émises par la fracturation hydraulique.

Nous devrions tous être indignés par le génocide. Au-delà des pratiques historiques des Etats-Unis pouvant être qualifiées de génocidaires, les Shoshone accusent les Etats-Unis de violation de la Convention des Nations Unies pour la Prévention et la Punition du Génocide, dans leur récente proposition à la Convention des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques. Le génocide est un crime aux Etats-Unis depuis 1988 (18 USC 1091) et il n’y a pas de statut limitatif. En 1990, le Ministère de l’Energie des Etats-Unis a créé le Protocol d’Etude de Ressource Culturelle de Yucca Mountain, de “triage culturel” défini comme “le choix forcé de décision par un groupe ethnique d’un projet de développement.” Triage est un mot d’origine française qui signifie trier ou sélectionner selon la qualité. Normalement, il est utilisé en cas d’inondations, de famine, de catastrophe naturelle ou de guerre déclarée. Il n’y a pas d’inondations, ni de famine, ni de catastrophe naturelle, et la paix règne toujours selon le traité. Les Shoshone font face à l’intention délibérée des Etats-Unis de démanteler la façon de vivre du peuple Shoshone au bénéfice des Etats-Unis et au profit de l’industrie nucléaire. Ceci constitue le seuil minimum du génocide selon la Convention des Nations Unies et les lois des Etats-Unis sur le crime de génocide. Le motif des Etats-Unis est de dépouiller le peuple Shoshone de sa propriété. L’intention de commettre un génocide relève de la culture du secret, parce que nous ne saurons jamais ce qui tue les Indiens en secret. Les préjugés des médias n’aident pas à protéger le peuple Shoshone en fournissant des informations objectives sur l’importance de tout cela pour les Autochtones, pour entreprendre des actions de protection.

Nous prions le Las Vegas Review Journal d’arrêter d’attiser les flammes de la haine et de l’intolérance. Nous sommes tous responsables contre tout génocide.

Cordialement,

Ian Zabarte, Principal Man
Bandes de l’ouest de la Nation Indienne Shoshone

 

 

Vidéo: interview de Ian Zabarte par Indigenous Action Media

 

MONT YUCCA: LE SERPENT NAGE VERS L’OUEST

 

Par Indigenous Action Media (see in English)
27 avril 2017
Traduction Christine Prat

 

Le gouvernement Trump et le Congrès renouvellent la menace de faire de la Montagne sacrée Yucca – située en Territoire Shoshone, près de Las Vegas, Nevada – un gigantesque dépotoir de déchets nucléaires.

Le jour du 31ème anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la Commission pour l’Energie de la Chambre des Représentants a examiné des amendements à la Loi sur la Politique des Déchets Nucléaires qui pourraient faire redémarrer les opérations commencées en 1982. Si le projet pour le Mont Yucca devait passer, cela signifierait le transport de déchets hautement radioactifs de toutes les centrales nucléaires du pays à ce site. Plus de 70 000 tonnes de carburant nucléaire usagé et des déchets hautement radioactifs seraient enfouis dans cette montagne sacrée.

Trump a récemment proposé de consacrer 120 millions de dollars pour remettre en route les formalités d’autorisation du projet de site pour les déchets nucléaires.

Le Conseil d’Action de la Communauté Autochtone (NCAC), un groupe qui représente les peuples Shoshone et Paiute, est intervenu au sein de la Commission de Régulation Nucléaire qui attribue la licence pour le Mont Yucca. D’après le NCAC, « les formalités de la Commission de Régulation Nucléaire sont considérées comme les plus compliquées et les plus longues procédures jamais vues dans l’histoire de l’humanité. » Le NCAC est le seul groupe non créé par l’Etat fédéral participant à la procédure d’attribution de la licence.

Le Gouvernement Fédéral et l’état du Nevada ont dépensé environs 15 milliards de dollars sur le projet à ce jour. En 2008, le Ministère de l’Intérieur a estimé le coût du transport, de la construction et du fonctionnement du projet à environs 96 milliards de dollars.

La séance du Congrès n’avait pas de représentation des Nations Autochtones qui considèrent la montagne comme sacrée et qui ont subi l’héritage mortel de plus de 1000 tests de bombes nucléaires sur le Site de Tests du Nevada tout proche.

« Le Mont Yucca est un serpent, nous savons comment il faut vivre et si on ne fait pas les choses qu’on doit faire, le serpent lâchera son venin. » dit Ian Zabarte, représentant principal des Bandes de l’Ouest de la Nation Shoshone, et représentant du NCAC. « Nous faisons partie de ceci, nous en faisons partie. On ne peut pas le détruire comme ça. C’est l’endroit où nous communions avec la terre. » a déclaré Ian Zabarte.

Le Mont Yucca est situé sur les terres des Shoshone de l’Ouest. Le NCAC a également attaqué en justice la propriété des Etats-Unis sur le site, en tant que violation du Traité de Ruby Valley de 1863.

« L’état du Nevada, tous les comtés proches d’ici, le Secrétariat à l’Energie, tous ont dépensé jusqu’à 15 milliards de dollars jusqu’au moment où ils ont eu un trou dans le sol et ils ne peuvent rien en faire parce qu’ils n’ont pas encore prouvé être propriétaires du sol. » dit Ian Zabarte.

Les Shoshone de l’Ouest, les Paiute et des supporters anti-nucléaires ont férocement résisté à cette profanation obscène et à sa menace mortelle. En mars 1988, plus de 8000 personnes ont convergé pour une action directe massive de 10 jours pour « récupérer » le Site de Tests du Nevada, et près de 3000 personnes ont été arrêtées.

« Les gens doivent écrire des lettres au Congrès et dirent à leurs représentants d’arrêter de gaspiller de l’argent. » a déclaré Ian Zabarte, « Ce n’est pas juste, de la part des Etats-Unis, d’imposer ceci à une population vulnérable, la population Autochtone, à nos terres, et de rendre nos terres inhabitables. »

 

Pour plus d’informations (en anglais): www.nativecommunityactioncouncil.org