Par Brenda Norrell
Censored News
Mise à jour du 28 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan


TANDIS QUE DES AUTOCHTONES DÉFENDANT LEURS TERRES ET LEUR EAU SONT ASSASSINÉS PARTOUT DANS LE MONDE, DES MULTINATIONALES MINIÈRES EN ATTIRENT CERTAINS À LA CONFÉRENCE MONDIALE DE TORONTO

TORONTO – Tandis que des Autochtones sont assassinés partout dans le monde pour avoir défendu leurs terres contre l’extraction minière, la plus grande conférence minière au monde s’est tenue à Toronto du 13 au 15 juin 2022.

Pendant que des Autochtones se réunissaient avec l’industrie minière à la réunion annuelle de l’Association des Prospecteurs et Développeurs du Canada, partout dans le monde des Autochtones protestaient contre la perte de vies, de terres et de rivières non-polluées.

Le Chef Wayne Moonias de la Première Nation Neskantaga disait que l’extraction minière contaminait leurs rivières. Sa communauté n’a pas d’eau potable depuis 27 ans.

« Ma fille de 24 ans n’a jamais eu d’eau potable. »

Myka Jaymalin, des jeunesses Anakbayan des Philippines, dit que le Canada héberge 75% des compagnies minières du monde. Elle dit qu’entre 2001 et 2019, au moins 300 défenseurs de l’environnement avaient été tués aux Philippines.

Kirsten Francescone, Coordinatrice du Programme Amérique du Sud pour Mining Watch Canada (Surveillance de l’extractivisme), dit « Ils utilisent des pratiques qui détruisent l’environnement. Ils commettent des crimes environnementaux et contre les droits humains. »

Entretemps, les compagnies minières qui hébergent et assistent à la conférence de Toronto, ont une longue histoire en pays Indien ; entre autres, la firme Resolution Copper de Rio Tinto, qui, actuellement, s’en prend au site sacré des Apaches, Oak Flat, et Newmont, qui a dévasté les terres des Shoshone de l’ouest, en extrayant de l’or.

Cameco, qui a extrait de l’uranium près de Pine Ridge, pousse à extraire encore plus d’uranium, à Toronto.

L’agenda de la conférence minière, révèle la stratégie de l’industrie pour éviter de respecter les droits Autochtones. Les corporations minières visent des territoires Autochtones partout dans le monde et sont liées aux meurtres de défenseurs des terres – d’Afrique du sud et l’Australie aux Amériques.

La Déclaration des Nations Unies sur les Droits de Peuples Autochtones était l’un des sujets du Programme des Peuples Autochtones à Toronto.

Cependant, l’agenda des compagnies minières est clair : c’est de faire le plus d’argent possible, d’attirer le plus d’investisseurs possibles, et d’éviter de se conformer avec le plus de lois sur l’environnement possibles, et d’extraire de l’or, du cuivre, de l’argent, du lithium et de l’uranium.

L’addition d’Autochtones aux conseils d’administration depuis l’automne 2021, fait partie des stratégies des compagnies minières, dont l’agenda est de s’emparer de terres, de creuser la terre, d’arracher ses veines, d’épuiser et d’empoisonner l’eau, et de faire des profits.

Les divers sujets de Toronto allaient de l’extraction de minerai de fer d’Ukraine, à l’utilisation des médias sociaux pour attirer les jeunes avec un programme pour la jeunesse.

Laver plus vert et promouvoir les véhicules électriques

Les véhicules électriques font partie du ‘laver plus vert’. L’extraction de lithium et d’autres métaux pour les batteries menace maintenant les terres et l’eau des Autochtones, et aboutit à des conditions de travail abominables pour des enfants, dans des mines partout dans le monde.

La conférence de Toronto a énuméré les métaux cruciaux pour l’électrification et le stockage de l’énergie pour les véhicules électriques, entre autres le scandium, le lithium et le gallium. Rio Tinto faisait partie des conférenciers sur le sujet.

Les Paiutes du Nevada luttent pour protéger le col sacré, Thacker Pass, site d’un massacre de Paiutes, d’un projet de mine de lithium. Les Hualapai du nord-ouest de l’Arizona luttent également contre un projet de mine de lithium sur leur terre ancestrale à l’ouest de Flagstaff. Les Havasupai, sur leur terre ancestrale au fond du Grand Canyon, luttent contre une mine d’uranium. La Bande Barona des Indiens de Mission protestent contre une nouvelle mine de lithium près de la frontière entre la Californie et le Mexique.

Harcèlement sexuel des employés de Rio Tinto

Rio Tinto est propriétaire de Resolution Copper, qui menace Oak Flat, site sacré des Apaches, avec une mine de cuivre, à l’est de Phoenix.

À Toronto, Rio Tinto a discuté, de son rapport publié en février, de sa « culture d’entreprise ». Des mineurs de Rio Tinto ont signalé des agressions sexuelles, du harcèlement, du racisme, des brimades et d’autres formes de discrimination dans toute l’entreprise.

‘En termes de lieu, les employés en Australie (52%) et en Afrique du Sud (56%) étaient les plus susceptibles de souffrir de brimades.

‘Parmi les personnes interrogées, 28% des femmes et 7% des hommes ont dit avoir été harcelés sexuellement au travail. 21 femmes ont dénoncé des viols effectifs ou des tentatives, ou des agressions sexuelles’, selon le National Jeweler.

« Parmi ceux qui étaient Aborigènes ou de l’île de Torres Strait, en Australie, 40% des hommes et 32% des femmes dirent avoir été victimes de racisme. »

À Toronto, la CBC rapporte que les mineurs et les Premières Nations du nord-ouest de l’Ontario ont eu une discussion sur le consentement des Premières Nations aux projets de mines.

Les chefs de Long Lake et d’Animbiigoo Zaagi’igan Anishinaabeg, ont rejoint les représentants des Mines d’Or Greenstone pour un panel, selon la CBC.

Tandis que l’extraction coupait et arrachait la terre, la Chef Theresa Nelson d’Animbiigoo Zaagi’igan Anishinaabeg, faisait l’éloge de Greenstone.

D’écologiste récompensé à membre du conseil d’administration des Mines d’Or Newmont

Le Grand Chef Cree Matthew Coon Come était parmi les orateurs du Programme Autochtone à Toronto. Coon Come avait été dans le passé Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Canada.

Coon Come avait conduit la lutte contre un gigantesque projet de développement hydroélectrique dans la Baie James, au Québec, et avait reçu le prestigieux Prix Goldman pour l’Environnement en 1994.

Il disait alors que si le projet Hydro Québec avait été réalisé, il aurait consisté en plus de 30 barrages et 600 digues, bloquant neuf grandes rivières.

Maintenant, Coon Come est au conseil d’administration de la compagnie aurifère Newmont, après avoir été au conseil d’administration de Goldcorp. Coon Come avait été nommé au conseil d’administration de Goldcorp en juillet 2017. C’est maintenant Newmont qui est propriétaire de Goldcorp. Les compagnies extrayant de l’or avaient été accusées de violations des droits humains, de la terre et de l’eau, en territoire Shoshone de l’ouest et globalement.

Des Autochtones aux conseils d’administration des Compagnies Minières

Les compagnies Dore Copper Mines, Clean Air Metals, et KWG Resources ont nommé des Autochtones à leur conseil d’administration à l’automne 2021. Newmont-Goldcorp a nommé un Autochtone en 2017.

À Toronto, le Programme Autochtone incluait Martha Manuel, de la Bande Neskonlith, Secwepemculecw, de Colombie Britannique. M. Manuel est maintenant membre du conseil d’administration de Doré Copper Mines.

Martha Manuel, fille de l’activiste et leader national Autochtone George Manuel, a travaillé pour New Gold Inc. Jusqu’en 2020.

En annonçant la nomination au conseil de M. Manuel, en août, Doré dit projeter de redémarrer le camp de la mine de Chibougamau. Doré Copper Mining Corp. est une entreprise de prospection et de développement de mines d’or et de cuivre dans la région de Chibougamau, au Québec.

Parmi les orateurs du Programme Autochtone, il y avait Shannin Metatawabin, membre du conseil d’administration de Clean Air Metals. Metatawabin est Cree/Inninow de la Première Nation de la Nation Mushkegowuk Cree de Fort Albany (Pethtabeck).

Clean Air Metals a nommé Metatawabin en novembre. Clean Air Metals est propriétaire du Projet Thunder Bay North, un projet d’extraction de platine, de palladium, de cuivre et de nickel près de Thunder Bay, Ontario, et de la Mine du Lac des Iles, qui appartient à Impala Platinum.

Le Projet Thunder Bay North est sur les territoires traditionnels de la Première Nation de Fort William, de la Première Nation de Red Rock et de Biinjitiwabik Zaagi’igan Anishinaabeg.

Pour le Programme Autochtone, il y avait aussi la membre du conseil d’administration de KWG Resources, Fiona Blondin. KWG avait annoncé en septembre que F. Blondin, de la Première Nation Dene Yellowknives, dans les Territoires du Nord-Ouest, était sélectionnée comme directrice de la compagnie.

Actuellement, KWG Resources prospecte de la chromite, utilisée pour faire de l’acier inoxydable, dans les Lowlands de la Baie James en Ontario. Ça fait partie d’une zone riche en minéraux appelée le Cercle de Feu.

La modératrice du Programme Autochtone Lana Eagle, Dakota White Cap, est consultante en promotion de l’extractivisme.

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L’extraction d’or au Venezuela et au Brésil conduit à des meurtres, des viols et des maladies. La situation dans le territoire Yanomami, au Brésil, est catastrophique et ressemble à une zone de guerre.

Le rapport de Survival International « Yanomami Under Attack » relate la violence, les agressions sexuelles, et les taux élevés de malaria et d’empoisonnements au mercure parmi les Yanomami, à cause de l’extraction illégale.

[… Agenda …]

Le journaliste Paiute Shoshone Myron Dewey avait mis en garde contre l’ouverture d’une mine de lithium à Thacker Pass, site d’un Massacre de Paiute, la veille de l’accident qui l’a tué. Un camion s’est mis sur sa route, une piste non goudronnée, et l’a heurté dans une collision frontale.

Dewey était un journaliste et un activiste qui filmait par drone à Standing Rock, dans le Dakota du Nord, en 2016-2017, pendant la résistance à l’oléoduc Dakota Access. Chez lui, dans le Nevada, en Septembre, Myron filmait en direct le site de tir de Fallon, prévenant contre son expansion, la veille du jour où il a été tué dans une collision frontale, sur une route isolée, près du domicile de sa famille, dans les terres ancestrales des Paiutes, à Yomba.

Le futur du lithium

« Le premier problème pour les chercheurs est de réduire les quantités de métaux à extraire pour les batteries EV. Les quantités varient selon le type de batterie et le model de véhicule, mais la batterie au lithium (du type NMC532) d’un seul véhicule pourrait contenir environ 8 kg de lithium, 35 kg de nickel, 20 kg de manganèse et 14 kg de cobalt, selon les chiffres du Laboratoire National Argonne » cité par Nature.

Les Indiens de Mission Barona et les Hualapai défendent leurs Terres Ancestrales contre l’Extraction de Lithium

« Des membres de la Bande Barona des Indiens de Mission et d’autres nations tribales ont rejoint un combat visant à bloquer le projet de mine de lithium à Sandy Valley, en Arizona, et un projet de mine de lithium à la Mer de Salton, en Californie, qui pourrait avoir un impact néfaste pour les Amérindiens. »

Les Compagnies Minières Trouvent de l’Or en Détruisant des Terres Publiques. Le cancer des Tohono O’odham est causé par l’arsenic d’une mine de cuivre

Nation Tohono O’odham à la Frontière Arizona/Mexique : Après un siècle d’extraction d’or dans la Nation Tohono O’odham, d’un site qui a fermé en 1999, par exemple, le Département de la Santé et les Services Humains ont découvert que la mine avait ajouté assez d’arsenic à l’eau potable locale pour causer des nausées – et des cancers de la peau, de la vessie et des poumons.

Nation Mandan, Hidatsa et Arikara, Fort Belknap, dans le Dakota du Nord : Les belles montagnes couvertes d’arbres sont devenues des lambeaux jaune pâle quand les fuites toxiques d’une mine d’or ont coulé du Montana. La contamination venait d’une mine d’or qui avait opéré dans les montagnes des années 1860 à 1998. La mine utilisait du cyanure pour extraire l’or. Le procédé produisait des quantités énormes de déchets toxiques, qui ne contenaient pas seulement du cyanure, mais aussi des acides créés quand les pierres étaient exposées à l’air. Ça a coulé jusqu’à l’eau du robinet locale.