Original article in English: http://narcosphere.narconews.com/notebook/brenda-norrell/2011/06/native-american-locked-down-protesters-border-patrol-call-action

Les Amérindiens qui s’étaient enchaînés pour protester repassent au tribunal et appellent à l’action mercredi 29 juin

Par Brenda Norrell – 28 juin 2011

TUCSON, Arizona – Des activistes Tohono O’odham et Navajos qui s’étaient enchaînés au Q.G. de la Patrouille des Frontières U.S. à Tucson retournent au tribunal fédéral mercredi 29 juin. Ils appellent à une journée d’action pour mettre fin aux exactions des agents de la Patrouille des Frontières et à la militarisation galopante des territoires indigènes le long de la frontière.

Alex Soto, un Tohono O’odham qui faisait partie des six protestataires, a déclaré, en se référant à l’accusation d’effraction entretemps abandonnée, « Comment pourrais-je, étant Tohono O’odham, être par effraction sur ma propre terre ? »

L’appel à l’action pour mercredi vient après la révélation de la mise en examen de 127 agents de la Patrouille des Frontières pour corruption depuis 2004, et du fait que 267 autres sont l’objet d’une enquête, d’après un témoignage devant une commission sénatoriale le 9 juin.

Cependant, les militants des droits de l’homme ici, à la frontière de l’Arizona (et du Mexique – NdT), soulignent que les autorités fédérales ferment les yeux sur les incessantes violations des droits de l’homme, de la part des agents de la Patrouille des Frontières, allant des coups au viol et au meurtre dans le Désert du Sonora.

Afin de révéler la crise des droits de l’homme à la frontière, les six activistes, Tohono O’odham et Navajo, se sont enchaînés lors d’une occupation du Q.G. de la Patrouille des Frontières US, le 21 mai 2010. Mercredi à 14h, ils doivent retourner au tribunal, étant toujours accusés de trouble à l’ordre public et de conduite gravement perturbatrice.

En février dernier, tous les six étaient aussi accusés d’effraction « criminelle ». Cependant, leur défense a découvert que la plainte pour effraction avait été enregistrée de façon incorrecte par l’Etat. La demande d’annulation de la plainte pour effraction (« criminelle » – NdT) a été accordée par le tribunal.

En février, lorsque les activistes ont comparu devant la cour fédérale, plus de 40 manifestants ont défilé dans les rues avec des banderoles proclamant « Résistance Indigène, Protégez les Sites Sacrés , » et « Liberté de Mouvement pour les Gens Pas le Commerce, Démolissez le Mur. » Ils scandaient « Pas de Frontières, Pas de Patrouille des Frontières. » Deux manifestants furent arrêtés. Les Anciens O’odham ont assisté à l’audience pour montrer leur solidarité.

Une banderole disant « Patrouille des Frontières hors du territoire O’odham » avait aussi été accrochée au « Pont du Serpent » devant le tribunal ce matin-là. A un moment, les supporters se sont rassemblés devant la salle d’audience « streamline », une autre manifestation des exactions systématiques contre les immigrés dans les cours fédérales.

« L’Opération Streamline, mise en route en 2005 est un procédé juridique ‘tolérance zéro’ qui fait comparaître des centaines d’immigrés par jour, quelquefois menottés. Les droits constitutionnels ne sont pas garantis et ce qui devrait exiger plusieurs audiences se ramène souvent à l’arrestation et la l’expulsion en moins de deux jours » affirment les protestataires.

Alex Soto, l’un des Tohono O’odham arrêtés dit « C’était bon de voir tout ce soutien en février dernier, lors de notre premier passage au tribunal. Nous devons continuer à être constructifs et nous souvenir que cette action était une prière, et l’abandon de l’accusation d’effraction réaffirme que les troupes de la Patrouille des Frontières sont les véritables intrus, pas nous.
« Le Ministère de la Sécurité Intérieure, La Patrouille des Frontières, le service d’Application des lois d’Immigration et leurs soutiens privés comme Wackenhut sont les vrais criminels. L’application de la loi par les troupes et les paramilitaires, les camps de détention, les points de control, les vérifications de citoyenneté, ne sont pas une solution aux « problèmes » de l’immigration.
« Les Peuples Autochtones ont existé ici bien longtemps avant que ces frontières ne soient imposées, et les Anciens nous apprennent que nous avons toujours respecté la liberté de mouvement. Pourquoi les communautés Indigènes et les morts quotidiennes à la frontière sont-elles délibérément ignorées ? Les conséquences néfastes de la militarisation de la frontière sont constamment rendues invisibles par les média et la culture populaire de ce pays. Même les principaux mouvements de défense des droits des immigrés ont souvent soutenu les ‘réformes’ qui équivalent à militariser d’avantage la frontière, et à accroître les souffrances des communautés Indigènes. La militarisation de la frontière détruit les communautés Indigènes. » dit Soto.

Kevin Jose, Akimel O’odham/Tohono O’odham, et membre de Solidarité O’odham à travers les Frontières, a souligné la militarisation de la frontière.

« Pendant cette action, mes pensées allaient très loin quant à ce que nous pourrions faire d’autre et ce que nous pourrions accomplir. Chanter pour eux au cours de cette action était puissant et leurs cœurs étaient plus forts que jamais.
« Ce que l’état fait pour le contrôle de la liberté de mouvement le long de nos terres traditionnelles et comme une main qui nous étrangle. La volonté de militariser la frontière n’affecte pas seulement les Tohono O’odham vivant dans la région frontalière, çà affecte tous les O’odham. En territoire Tohono, çà se présente sous la forme d’un mur de frontière, dans la Communauté Indienne de la Gila River, sous la forme d’une autoroute. »

Actuellement, l’état d’Arizona pousse à la construction de l’extension de la bretelle d’autoroute 202 en territoire Akimel O’odham (dans la région de Phoenix). La bretelle 202 fait partie du couloir routier CANAMEX, qui fait partie d’un grand projet autoroutier de la NAFTA. Les deux tracés proposés entraineront soit la perte d’environs 600 acres de terres tribales et le déplacement forcé de familles Akimel O’odham et Pee-Posh, soit le creusement d’une tranchée haute de l’équivalent de 40 étages et large de 200 yards à travers Muadag Do’ag (nom O’odham de la Montagne du Sud), qui est sacrée pour tous les O’odham et les Pee-Posh.

« Les projets neo-libéraux comme ceux de CANAMEX et NAFTA attaquent les communautés O’odham. Toutes ces attaques sont liées. Soutenez nos nawoj (amis) le 29 juin pour leur procès » dit Jose.

Assez de Morts, un groupe de soutien aux immigrés, dit qu’entre octobre 2009 et avril 2011 il y a eu au moins 338 morts sur la seule frontière de l’Arizona. 1 200 Gardes Nationaux sont stationnés le long de la frontière sud ouest depuis juin 2010. De plus, l’état d’Arizona a adopté une loi qui lui permet de construire son propre mur frontalier. La loi s’applique à partir du 20 juillet de cette année.

Alors que les Amérindiens protestent contre les exactions de la Patrouille des Frontières, les grands média s’abstiennent de dénoncer les exactions et la corruption.

Le 9 juin, Alan Bersin, commissaire aux Douanes et à la Patrouille des Frontières, a témoigné devant la sous-commission sénatoriale pour la Réparation des Désastres et les Affaires Intergouvernementales de la Sécurité Intérieure et des Affaires Gouvernementales.

Bersin a déclaré « Depuis 2004, en octobre, 127 agents des Douanes et de la Patrouille des Frontières ont été arrêtés, accusés de ou condamnés pour corruption. »

Charles Edwards, Inspecteur Général du Ministère de la Sécurité Intérieure a dit dans son témoignage devant la commission que 267 enquêtes étaient en cours sur des affaires de corruption active concernant des agents des Douanes et de la Patrouille des Frontières.

Alors que les six protestataires se préparent à repasser devant le tribunal fédéral, ils demandent des actions pour mettre un terme à la militarisation de la frontière et à la criminalisation de leurs communautés Indigènes.

Ils demandent le retrait immédiat des troupes de la Garde Nationale de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et l’arrêt de la construction du mur frontalier. Ils demandent aussi le retrait immédiat des drones et postes de control, le démantèlement de tous les camps de détention et la libération de tous les sans-papiers actuellement détenus.

Les droits des Peuples Autochtones à l’autodétermination doivent être respectés, selon eux. Ils ont aussi demandé la mise en application de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, le respect du droit inhérent des Peuples Autochtones à la migration et la fin des NAFTA, FTAA et autres accords commerciaux.

Les activistes ont appelé à l’abandon immédiat des projets autoroutiers de CANAMEX/NAFTA, y compris l’autoroute de la Montagne Sud. Ils ont demandé l’abrogation immédiate des décrets SB1070 et 287g, et la fin de tout fichage racial.

Ils ont demandé qu’un terme soit mis aux opérations de la Patrouille des Frontières en territoire Autochtone souverain, ainsi qu’aux raids et déportation et la régularisation immédiate de tout le monde. Insistant pour que les Etats-Unis respectent la liberté et les droits humains, ils ont demandé l’abrogation de la loi HB2281. Ils ont demandé du soutien à la liberté et au respect et pour assurer la liberté de mouvement de tous.

Tandis que la couverture médiatique xénophobe continue à la frontière, l’industrie carcérale privée continue de profiter de l’emprisonnement des immigrés.

 

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