LES CHIPPEWA DE RED LAKE DECOUVRENT QUE LA COMPAGNIE ENBRIDGE N’A PAS DE CONTRATS DE SERVITUDE POUR SES OLEODUCS TRANSPORTANT LES SABLES BITUMINEUX A TRAVERS UN TERRITOIRE DONT LEUR NATION EST PROPRIETAIRE

 

Par Tar Sands Blockade
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16 mars 2013

Traduction Christine Prat

Depuis plus de deux semaines, Nizhawendaamin Inaakiminaan (Nous Aimons Notre Terre) occupe un terrain situé juste au dessus de quatre oléoducs qui traversent une portion de territoire pour laquelle Enbridge prétend avoir un contrat de servitude depuis 1949, époque à laquelle la compagnie, alors appelée Lakehead Pipe Line Company, a installé les quatre premiers oléoducs traversant un territoire dont la Bande Chippewa de Red Lake est propriétaire, alors qu’elle n’a jamais eu de contrat de servitude avec la Nation Chippewa de Red Lake. Ces tuyaux transportent les dangereux sables bitumineux, du pétrole de Bakken, et du brut canadien. En menaçant les lacs des environs, ces tuyaux mettent en danger la vie et les ressources économiques des membres de la Bande de Red Lake.

Le groupe de base de Chippewa de Red Lake et d’Indiens Anishinaabe a été rejoint par des activistes et des gens solidaires déterminés a faire fermer les oléoducs, demander des comptes à Enbridge pour vol de territoire et protester contre le projet d’Enbridge de prolonger l’oléoduc Alberta Clipper qui transporte du pétrole de sables bitumineux toxique. L’occupation du territoire appartenant à Red Lake, situé dans le nord du Minnesota près de la ville de Leonard, a commencé jeudi 28 février. Des demandes adressées à Enbridge au sujet des règles de sécurité appliquées aux activités ayant lieu au-dessus de leurs oléoducs ont amené un porte-parole à déclarer que des activités telles que faire du feu et construire des structures permanentes comme des clôtures ou des maisons obligeraient à fermer les oléoducs.

Des campements similaires, comme le Camp Unist’ot’en, sont apparus un peu partout sur le continent pour combattre l’industrie de l’énergie fossile et arrêter la destruction de terres sacrées dans la course toujours plus dangereuse et toujours plus destructive aux sources d’énergie fossiles. L’industrie des pipelines aurait du mal à imaginer une époque plus dure pour faire ses affaires.

La résistance Autochtone aux oléoducs transportant des sables bitumineux dans la région date de 2009, quand l’Alberta Clipper d’Enbridge a été prolongé pour traverser les Réserves Anishinaabe de Leech Lake et Fond du Lac. L’oléoduc a été sauvé par des subtilités juridiques de la loi tribale qui ont amené le juge à classer l’affaire intentée contre la décision d’officiels élus de signer un contrat avec Enbridge.

Enbridge cherche actuellement à obtenir l’autorisation de presque doubler la capacité actuelle de l’Alberta Clipper de 440 000 barils par jour à 800 000. Non seulement l’action de Red Lake interrompt l’activité de quatre oléoducs, mais elle crée un précédent, affirmant que l’extension des oléoducs ne sera pas tolérée ! En plus, en faisant fermer les oléoducs illégaux d’Enbridge, elle pourrait empêcher des millions de barils de sables bitumineux polluants d’arriver sur le marché.

Maintenant, par une action décisive et audacieuse et le large soutien de membres de la Bande de Red Lake, grâce à des années d’auto éducation de la communauté, Nizhawendaamin Inaakiminaan pourrait bien être le premier exemple d’une ligne de transport de sables bitumineux forcée de fermer définitivement à cause de protestations, après avoir été opérationnelle !

« Quand j’ai été informée de l’intrusion illégale de la société Enbridge sur ma terre natale, j’ai compris que je pouvais faire quelque chose. J’ai téléphoné à autant de résidents de Red Lake que j’ai pu et les ai informés » dit Angie Palacio qui a été à l’origine du campement avec le soutien d’Indigenous Environmental Network.

Ils ont reçu énormément de soutien de nombreuses nations et de nombreux groupes :

Tom Poor Bear, vice-président de la Nation Sioux Oglala a déclaré « Nous soutenons sans réserve la Nation de Red Lake et ses membres qui s’opposent à l’oléoduc d’Enbridge pour arrêter son cours et faire supprimer ce tuyau illégal de leur territoire. »

Bill McKibben, fondateur de 350.org a déclaré « J’imagine que tous ceux qui, sur la planète, résistent aux carburants fossiles, suivent leur action avec gratitude. »

Le Chef Bill Erasmus de la Première Nation Dene a déclaré « Nous soutenons totalement les membres de Red Lake et leur résistance conforme à l’Accord pour Notre Mère la Terre, et nous nous inspirons d’eux, affirmant notre responsabilité de protéger et préserver pour nos descendants les droits souverains intrinsèques de nos nations autochtones, les droits des propriétaires et tous les droits humains inhérents. »

Bien entendu, Enbridge est un acteur-clé de la saga des oléoducs transportant les sables bitumineux toxiques, responsable de la pire fuite pétrochimique terrestre de l’histoire des Etats-Unis. Le 25 juillet 2010, une fuite de bitume dilué de l’oléoduc d’Enbridge 6B, près de Marshall, dans le Michigan, s’est traduite par le déversement de plus quatre millions de litres de bitume dilué toxique et a pollué définitivement 64 km de la Rivière Kalamazoo et quelques affluents. Il y a eu des centaines de problèmes de santé associés à la contamination par les produits chimiques contenus dans les sables bitumineux et depuis la fuite, il y a eu plusieurs cas de décès qui y ont été attribués. Ces produits chimiques se sont immédiatement évaporés, et, comme ils sont plus lourds que l’air, ont formé un nuage toxique au niveau du sol, ce à quoi il est pratiquement impossible d’échapper.

Après la fuite, il s’est avéré clairement qu’Enbridge et les équipes du gouvernement fédéral des Etats-Unis n’avaient aucune connaissance de la façon de nettoyer le bitume dilué résultant d’une fuite accidentelle. Le bitume dilué n’est pas du pétrole brut et ne se comporte pas de la même façon. Il n’y a toujours pas de protocoles de nettoyage clairs et les membres des équipes de première urgence dans des régions comme le Texas et l’Oklahoma, où l’oléoduc Keystone XL doit transporter 750 000 barils par jour s’il les traverse comme c’est prévu fin 2013, n’ont jamais été informés sur la façon de réagir à des fuites de bitume dilué extrêmement toxique, fuites très courantes dans l’industrie des sables bitumineux. Les communautés vivant à proximité de la fuite désastreuse sont toujours sous le choc et ne présentent pas – ou peu – de signes de rétablissement, que ce soit sur le plan biologique ou économique.

Nizhawendaamin Inaakiminaan a parfaitement conscience de ces évènements et a entrepris l’une des actions les plus enthousiasmantes pour débarrasser son territoire de la menace posée à la santé et la sécurité de la communauté par les oléoducs transportant le pétrole de sables bitumineux.