Par Brenda Norrell, Censored News
Traduction Christine Prat
Vendredi 3 août 2012
La réalisatrice de Seattle Rebecca Rodriguez marchera d’Alberta (Canada) jusqu’au Texas, pour dénoncer les dévastations causées par le forage des sables bitumineux d’Alberta aux communautés des Premières Nations, les destructions prévues aux Etats-Unis par l’oléoduc Keystone, et pour parler avec des Amérindiens en cours de route. Rebecca réalisera le documentaire intitulé Ce Pays Etait Votre Pays.
Rebecca dit avoir été inspirée par les paroles de Lehman Brightman, fondateur de l’Union des Autochtones Américains [United Native Americans], après la Longue Marche de 1978, et les actions de Debra White Plume, Lakota, arrêtée pour avoir bloqué des super camions à Pine Ridge dans le Dakota du Sud. La marche commencera fin août.
Interview par Censored News
Qu’espérez vous obtenir comme résultat de cette marche ?
J’espère faire toute la marche et avoir un film à partager avec les gens. J’espère que le film aidera à miner la politique et la rhétorique à propos de l’oléoduc Keystone XL. Je veux fournir une description plus exacte de ce qui est en train d’être sacrifié à la rapacité des grandes compagnies et le montrer pour ce que c’est : une question de survie.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de faire cette marche ?
L’inspiration m’est venue en grande partie de la Longue Marche organisée par l’AIM en 1978 de San Francisco à Washington D.C. La marche avait pour but de protester pour les droits des Autochtones sur l’eau et la terre menacés à l’époque par le gouvernement des Etats-Unis et par les grandes compagnies minières. J’ai écouté un enregistrement du discours de Lehman Brightman à Washington D.C. à la fin de la marche, dans lequel il avertissait les gens qu’ils devaient être vigilants vis-à-vis des pouvoirs qui chercheraient à exploiter nos ressources naturelles. Plus de 35 ans plus tard, le combat continue contre des grandes sociétés comme TransCanada qui ont une influence politique qui met en danger notre eau et nos terres pour leurs profits.
Au cours de mes recherches, je suis tombée sur un article de Censored News sur des femmes Lakota arrêtées dans la Réserve de Pine Ridge pour avoir bloqué des camions en route pour les sables bitumineux d’Alberta. Les chauffeurs, en violation de l’autorité du Conseil Tribal, essayaient d’éviter de payer les taxes des états en passant par des terres Autochtones. Ces femmes m’ont parues très audacieuses de faire un barrage de leurs propres corps. A partir de là, je me suis familiarisée avec le travail de Debra White Plume et le mouvement Autochtone s’opposant au Keystone XL. Plus je réunissais de faits au sujet de l’oléoduc Keystone XL, plus je voulais dénoncer le problème, et j’ai décidé d’emprunter une voie non conventionnelle pour filmer et protester en même temps. En tant qu’artiste, j’essaie constamment de trouver des solutions aux problèmes par des moyens créatifs. En investissant du temps et par une totale immersion, j’espère que le film suscitera une empathie partagée et que les conséquences sur les gens et l’environnement directement affectés par l’oléoduc cesseront de paraître insignifiantes.
Avez-vous déjà marché sur de longues distances ?
Non, à part la randonnée et le camping, je n’ai jamais marché sur une telle distance. Je ne l’entreprend pas pour l’aventure, c’est simplement une marche pour la survie. Comme métaphore, il s’agit aussi bien de ma propre survie lors de cette marche que de la survie des gens contre les dégâts causés à l’environnement par les grandes compagnies. J’ai trouvé intéressant que la tribu Ponca dans le Nebraska ait marché tout au long d’une Piste des Larmes du Niobrara jusqu’au-delà de la rivière Platte, en 1877. Le trajet est presque identique à celui qui est proposé pour l’oléoduc Keystone XL à travers le Nebraska et le nord du Kansas. En ce sens, c’est une marche de solidarité en l’honneur de ceux qui m’ont précédée.
Souhaitez vous que d’autres marcheurs se joignent à vous ?
Oui. Je serais heureuse d’avoir de la compagnie, mais j’ai des moyens limités et tous les marcheurs devraient subvenir à leurs propres besoins. C’est aussi pourquoi je m’adresse à ceux qui vivent à proximité du trajet de l’oléoduc et qui pourraient me venir en aide. Je dépend de la bonté de ceux qui m’aideront en route, que ce soit en m’offrant un hébergement, en apportant de la nourriture ou de l’eau, ou juste en apportant leurs voix ou leurs jambes pour la cause. Pour ceux qui sont loin de l’oléoduc et veulent aider, ils peuvent envoyer des dons directement à : www.indiegogo.com/thislandwasyourland
Vous commencez quand ?
Le tournage doit commencer le 27 août 2012, à Fort McMurray, Alberta, il faudra une semaine faire le documentaire sur les sables bitumineux de l’Athabasca. De là, nous irons en voiture d’Edmonton à Hardisty, en Alberta, où commence l’oléoduc Keystone XL et la marche de 1700 miles [2736 km]. Le reste du tournage se fera à pied, en 184 jours, environs 6 mois de la fin août 2012 au début de février 2013.
Schéma du tournage :
Août-septembre – Alberta, Saskatchewan
Octobre – Montana
Novembre – Nebraska
Décembre – Kansas
Janvier – Oklahoma
Février – Texas
Parlez nous un peu de vous
Je suis une artiste et réalisatrice résidant à Seattle, je prépare mon AMF [master en beaux-arts] en film et vidéo à L’Institut des Arts de Californie. Mes films ont été projetés dans des salles et festivals aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Autriche et au Chili. Je suis originaire du Texas et j’ai grandi au Kansas, en Floride et en Louisiane, dans une famille de militaires. J’ai des origines diverses, mon père est hispanique, ma mère Anglo-Saxonne. J’ai grandi dans les deux mondes. Avant de déménager à Los Angeles pour mes études universitaires, j’ai vécu quatre ans à Chicago pour étudier le cinéma au School of the Art Institute of Chicago. Aujourd’hui, je considère Seattle comme mon domicile. Les déménagements m’ont donné une perspective intéressante sur la vie. Je ressens sans aucun doute plus d’empathie avec les gens et les endroits que j’ai connus au cours des années. Je m’intéresse aux documentaires qui traitent de questions sociales et de la justice environnementale en explorant des voies moins empruntées. Ma vision du documentaire est d’être juste dans le monde, de faire attention à ce qui m’entoure et d’observer les gens et les endroits que d’autres pourraient ne pas voir. Je suis persuadée que le simple fait de marcher peut être politique.
LES PROBLEMES
http://www.indiegogo.com/thislandwasyourland
LA TERRE
La terre est usurpée à des propriétaires privés à qui on dit d’accepter les offres financières de TransCanada sinon de voir leurs terres volées par le biais d’expropriation d’utilité publique. A ma connaissance, c’est la première fois dans l’histoire qu’une compagnie étrangère utilise l’expropriation dans l’intérêt publique pour un oléoduc commercial sur le sol Américain.
L’AIR
Les opérations de forage des sables bitumineux d’Alberta émettent de grandes quantités de polluants et des produits chimiques dont il est connu qu’ils ont des effets négatifs sur la santé humaine et la qualité de l’air. Les communautés vivant près des raffineries de pétrole extrait des sables bitumineux subissent une plus grande exposition aux émissions de dioxyde de carbone, aux métaux lourds et aux sulfures. Les forages d’Alberta sont la principale source de ces émissions au Canada.
L’EAU
En plus d’innombrables fleuves et cours d’eau, le Keystone XL doit traverser des sources d’eau potable, en particulier les nappes aquifères Ogallala et Carrizo-Wilcox. Ensemble, ces nappes fournissent de l’eau potable à environs quatorze millions de gens. Il y a des sources d’énergie alternatives, il n’y a pas d’alternative à l’eau. Pour chaque baril de pétrole extrait des sables bitumineux, on utilise trois barils d’eau. 90% de cette eau finit dans des piscines de déchets toxiques. On sait que ces grands lacs de pétrole tuent en grand nombre les oiseaux migrateurs qui se trouvent pris dans le goudron, ce qui entraîne une mort lente et douloureuse.
LES GENS
Les communautés autochtones du Nord de l’Alberta connaissent une montée en flèche du taux de cancers rares, de problèmes rénaux, de lupus, et d’hyperthyroïdie. Dans le village de Fort Chipewyan, situé en bordure d’un lac, 100 des 1200 habitants sont morts d’un cancer.
L’ENVIRONNEMENT
Du début à la fin du processus, les sables bitumineux sont la sorte de pétrole la plus sale et la plus destructrice jamais produite. De grandes étendues de forêt vierge boréale sont abattues et la terre en surface est retirée pour accéder aux sables contenant le pétrole. Ensuite le sol est miné, écrasé et conditionné en utilisant des litres et des litres d’eau fraîche et des produits chimiques comme le benzène (connu comme cancérigène causant la leucémie) et du toluène (qu’on associe à des dégâts aux reins et au foie).
SOLIDARITE
C’est une question de survie. L’air, l’eau et la terre sont essentiels, sans eux la vie s’arrêterait. Des emplois ne nous ferons pas vivre s’ils détruisent ces éléments. En soutenant ce film, vous marchez avec nous et vous vous dressez contre la violation de nos terres par les intérêts privés. Vous donnez une voix aux communautés autochtones, aux fermiers et aux propriétaires des terres qui sont sur le point de tout perdre en s’opposant ou en autorisant l’oléoduc à traverser leurs terres. Vous fournissez une image de la réalité qui va beaucoup plus loin qu’une carte abstraite.
La voie est devant nous, prenons-là. Merci.
Rebecca
thislandwasyourland.com
Plus de 250 Premières Nations et des alliés de toute l’Amérique du Nord se réunissent en Alberta pour éveiller les consciences
Des délégations des Premières Nations de Colombie-Britannique et d’Ontario font preuve de plus en plus d’inquiétude et de détermination contre les projets d’infrastructure pour les sables bitumineux à travers le Canada.
Publié par Brenda Norrell, Censored News
Original article in English
Traduction Christine Prat
Marche de Guérison contre les Sables Bitumineux
Communiqué de Presse
Athabasca Chipewyan First Nation
http://acfnchallenge.wordpress.com/2012/08/04/tar-sands-healing-walk-press-release/
FORT MCMURRAY, ALBERTA, 4 août 2012 – Des centaines de dirigeants de Premières Nations de Colombie-Britannique, d’Alberta, des Territoires du Nord-ouest et d’Ontario, ainsi que l’actrice Tantoo Cardinal, elle-même originaire d’une Première Nation, et des alliés de toute l’Amérique du Nord, se sont rassemblés à Fort McMurray ce jour [4 août], pour une marche de 13 kilomètres à travers le paysage où se déroulent les opérations de forage des sables bitumineux, pour attirer l’attention sur les effets destructeurs des projets de forage et d’oléoducs pour les communautés aux alentours et pour l’environnement.
Des représentants des Premières Nations Heiltsuk (Colombie-Britannique), de la Côte (Colombie-Britannique), de l’Union des Chefs Indiens de Colombie-Britannique, des Six Nations (Ontario) et Aamjiwnaang (Ontario) se sont joints à des dirigeants de Premières Nations locales pour une cérémonie traditionnelle de mélange des eaux, amenant de l’eau de leurs territoires respectifs comme symbole de l’importance de la protection de l’eau et du lien sacré avec Notre Mère la Terre. Des Anciens locaux ont conduit le groupe avec des prières le long d’un trajet qui a été autrefois une forêt boréale de grande valeur et un sol propice à la chasse et la pêche traditionnelles avec des lieus de rassemblement dans les quatre directions pour répandre du tabac en offrande pour la guérison de la terre.
« Nous sommes venus de toute l’Amérique du Nord pour marcher ensemble au cœur de la destruction causée par l’expansion incessante du forage des sables bitumineux et offrir des prières pour la guérison du territoires et de ses habitants » dit le Chef de la Nation Dene Bill Erasmus. « Depuis plus de 500 ans des gouvernements se sont battus pour nos terres et nos ressources. Il est temps que les gouvernements provincial et fédéral se réunissent avec les Premières Nations, les propriétaires légitimes de ces terres et de ces ressources, pour décider si et quand ces territoires devraient être développés. »
La Troisième Marche de Guérison annuelle a été organisée par les Gardiens de l’Athabasca, un réseau de communautés de Premières Nations, de métis et de communautés alliées vivant le long de la Rivière Athabasca, avec parmi elles des gens dont les vies ont été directement touchées par les effets de l’exploitation des sables bitumineux.
« Les lieus où nous allions cueillir des baies et où nous trouvions nos herbes médicinales ont été détruits par le développement rapide de projets d’exploitation des sables bitumineux » dit Anthony Ladouceur, Conseiller de la Première Nation Athabasca Chipewyan. « Notre peuple a vécu ici pendant des milliers d’années, mais çà devient de plus en plus difficile de continuer à vivre de la terre avec l’industrie qui se développe tout autour de nous. »
Les sables bitumineux d’Alberta produisent actuellement environs 1,8 millions de barils par jour ; si les projets de l’industrie et du gouvernement sont approuvés, cela pourrait atteindre 6 millions de barils par jour. L’opposition locale aux demandes de Shell pour ouvrir deux puits s’intensifie, tout comme la résistance largement répandue en Amérique du Nord aux projets d’oléoducs. Quatre oléoducs sont en projet pour transporter le pétrole extrait des sables bitumineux : Enbridge Northern Gateway, Kinder Morgan Trans Mountain, Trans Canada Keystone XL, et Enbridge Line 9 inversée.
« Je suis profondément honoré de pouvoir participer à la Troisième Marche de Guérison annuelle contre les Sables Bitumineux » dit le Grand Chef Stewart Phillip, Président de l’Union des Chefs Indiens de Colombie-Britannique. « Cette marche sacrée a pour but de nous rappeler qu’en tant que parents et grands-parents, nous avons la responsabilité inconditionnelle de préserver et de transmettre en héritage le respect et le soin de Notre Mère la Terre, qui nous ont été confiés par nos ancêtres, à nos enfants et petits-enfants. »
« Cette marche crée de la force et de l’unité parmi les gens qui doivent vivre avec les effets destructeurs des sables bitumineux. Ensemble, nous sommes plus puissants pour assurer un monde propre et sain aux les générations futures » dit Roland Woodward, président des Gardiens de l’Athabasca.
La marche n’était pas une protestation, mais un rassemblement spirituel pour offrir des prières pour la guérison de Notre Mère la Terre et de tous ceux qui ont été touchés négativement par les effets des projets d’exploitation des sables bitumineux et de l’infrastructure qui y est associée. Les participants ont marché le long de l’autoroute 63, passant par Suncor et Syncrude, sites d’opérations de forage, pour aider à restaurer ce qui a été détruit et se donner mutuellement la force spirituelle de continuer.
Publié par Censored News
http://bsnorrell.blogspot.fr/2012/05/indigenous-activists-set-to-crack-shell.html
Lundi 21 mai 2012
DES ACTIVISTES ENTENDENT PERTURBER LA REUNION ANNUELLE DE SHELL
Une délégation Autochtone va affronter Shell lors de sa Réunion Générale Annuelle à La Haye (Pays-Bas)
Par Indigenous Environmental Network http://www.ienearth.org/news/activists-set-to-crack-shell-annual-meeting.html
Traduction Christine Prat
LA HAYE, 21 mai 2012 – Une délégation de leaders et de représentants Amérindiens va se rendre d’Amérique du Nord à La Haye pour suivre la Réunion Générale Annuelle de la compagnie pétrolière Shell demain (22 mai 2012). Ils seront là pour protester contre les dévastations de l’environnement et les violations répétées des droits de l’homme par Shell dans leurs communautés.
Les représentants des communautés seront :
. Eriel Deranger – Porte-parole de la Communauté Chippewa Athabasca Autochtone d’Alberta, Canada – une communauté indigène résidant en aval des opérations d’extraction de sables bitumineux et actuellement poursuivant Shell en justice pour la violation d’accords passés.
. Ron Plain – de la Nation Première Aamjiwnaang, dans l’Ontario, au Canada – qui a été qualifiée « d’endroit le plus pollué d’Amérique du Nord » par La Société National Geographic, et comme ayant l’ « air le plus contaminé du Canada » par l’Organisation Mondiale de la Santé, étant donné sa proximité de la « Vallée Chimique » où les raffineries de Shell et d’autres exploitants des sables bitumineux causent de graves problèmes de santé et ont des conséquences sur la reproduction.
. Robert Thompson – Président de REDOIL et Inupiat de Kaktovik, un village au bord de l’Océan Arctique en Alaska, où Shell prévoit des forages offshore cet été.
Ils sont accompagnés par des représentants du Réseau Environnemental Autochtone [Indigenous Environmental Network] et du Réseau Sables Bitumineux du Royaume-Uni [UK Tar Sands Network].
Le groupe sera présent à l’Assemblée Générale de Shell, où des actions de protestation sont prévues à 9h30 du matin devant le Circustheater. Ils doivent venir à l’Assemblée Générale avec des procurations pour affronter le Conseil d’Administration et présenter un nouveau rapport.
Le rapport, intitulé « Risque de Ruine : les dangereux développements de Shell dans les Sables Bitumineux, dans l’Arctique et le Nigéria », décrit les communautés Autochtones frappées par les opérations de Shell dans les Sables Bitumineux de l’Alberta, Canada, de la Nation Première Aamjiwnaang dans l’Ontario, dans l’Océan Arctique au large de l’Alaska, et dans le Delta du Niger en Afrique. Le rapport affirme que les conséquences des activités destructrices de Shell l’emportent largement sur les bénéfices et font courir à la compagnie des risques quant à sa réputation et des risques politiques, y compris le risque d’être poursuivie.
Le rapport du Réseau Environnemental Autochtone (en Anglais) :
http://www.ienearth.org/docs/Risking-Ruin-Shell-forweb.pdf
A l’Assemblée Générale Annuelle de Shell à La Haye, Pays-Bas, le 22 mai 2012, la délégation affrontera le PDG et le Conseil d’Administration sur les violations massives des droits de l’homme et de l’écologie et sur la dévastation économique que les activités de la compagnie ont causées aux communautés locales. Il y aura simultanément une action de protestation créative par des groupes d’activistes du Royaume Uni, parmi lesquels le Réseau contre les Sables Bitumineux du Royaume Uni [UK Tar Sands Network] et la Marée Montante de Londres [London Rising Tide], à l’Assemblée Générale satellite de Shell au Barbican Center le 22 mai.
Eriel Deranger, membre et porte-parole de la communauté de la Nation Première Chippewa Athabasca (ACFN) d’Alberta – une communauté Autochtone résidant en aval des opérations d’extraction des sables bitumineux, actuellement engagée dans une poursuite juridique de Shell pour violations d’accords passés – dit que « les projets d’extraction de sables bitumineux dans nos terres traditionnelles sont approuvés à un rythme irresponsable et irréparablement destructeur. Les gens de Fort Chipewyan sont vraiment terrifiés. Nos aliments et nos sources d’eau sont contaminés, ce qui entraine une crainte de consommer nos aliments traditionnels et l’érosion de notre culture et de nos modes de vie traditionnels. Et pourtant, Shell a l’intention d’étendre agressivement ses activités et de doubler sa production. La Nation Première Chippewa Athabasca appelle Shell à respecter ses accords passés et à mettre un terme à l’expansion de ses activités jusqu’à ce que toutes les préoccupations concernant les effets cumulatifs de l’exploitation des sables bitumineux aient été prises en compte. »
Ron Plain, de la Première Nation Aamjiwnaang, dans l’Ontario – qui a été déclarée « l’endroit le plus pollué d’Amérique du Nord par National Geographic, et « l’air le plus contaminé du Canada » par l’Organisation Mondiale de la Santé, à cause de sa proximité avec la « Vallée Chimique » où les raffineries de Shell et d’autres exploiteurs des Sables Bitumineux causent de graves problèmes de santé et des effets négatifs sur la fertilité – a déclaré :
« Aamjiwnaang est la première communauté au monde à être confrontée à un taux de naissance de 2 filles pour un garçon, à cause des perturbateurs endocriniens amenés par la pollution. C’est le premier pas vers l’extinction. Shell a admis que son site actuel, situé à la limite du territoire Aamjiwnaang, « ne pouvait pas satisfaire aux règles et standards actuels sur l’environnement ». Mais les nouvelles propositions de Shell, pour un nouveau site sur le territoire Aamjiwnaang, ont été rejetées récemment par le Canada, pour toutes sortes de raisons écologiques, sociales et autres. La réaction de la multinationale à ce revers a été de construire sur le site suranné l’équipement nécessaire pour exploiter plus de bitume. »
Robert Thompson, Président de REDOIL et Inupiat de Kaktovik, un village au bord de l’Océan Arctique en Alaska, où Shell a l’intention de faire des forages offshore cet été, dit : « Shell a l’intention de faire des forages dans l’Arctique cet été, sans avoir la technologie ou l’infrastructure pour régler les problèmes de fuites inévitables. Ils n’ont pas démontré leur capacité à nettoyer les fuites dans ou sous la glace pendant les tempêtes. Notre culture dépend d’un océan propre, et nous avons subsisté dans cette région depuis 12000 ans. Nous nous opposons aux projets de Shell qui peuvent potentiellement détruire notre culture et notre peuple et ne feront qu’accélérer irréversiblement le changement climatique de notre planète. »
Pour des interviews, prendre contact avec : Suzanne Dhaliwal, UK Tar Sands Network : +44-7807-095-669
Pour l’Amérique du Nord : Clayton Thomas-Muller, IEN Tar Sands Campaign, ienoil@igc.org , +1-613-297-7515
UN FIL DANS LA BELLE ETOFFE DE LA RESISTANCE
Par Debra White Plume
Censored News
Original article in English
Traduction Christine Prat
Jeudi 19 janvier 2012
L’eau est finie, et sacrée. “Mni wicozani », par l’eau il y a la vie. Nous devons boire de l’eau propre, nourrissante, pour vivre. Tout comme notre Mère la Terre est faite de beaucoup d’eau, nos corps humains contiennent 70% d’eau. C’est pourquoi à la Pleine Lune, et aux changements de marée, certains humains ont un comportement imprévisible. Pour nous, peuple Lakota, mni (l’eau) est notre premier médicament, notre première demeure. Il y a tout un corpus d’enseignement spirituel et social que nous apprenons en grandissant, la Vision du Monde Lakota concernant l’eau. Mni est notre parente, et la Loi Lakota exige que nous protégions les membres de nos familles. Notre Mère la Terre est notre parente.
Cette croyance a conduit notre organisation, Owe Aku (Bring Back the Way – Ramenez la Voie traditionnelle), qui s’occupe de préservation et revitalisation de la culture, des Droits garantis par les Traités et des Droits de l’homme, à s’interroger sur le taux anormal de cancer et de diabète sur la réserve de Pine Ridge. Cette recherche nous a conduit en des lieus où nous n’aurions jamais pensé aller ! Nous avaons consulté les études sur la qualité de l’air et de l’eau, ce qui nous a conduit à la mine d’uranium de Cameco, Inc. qui pratique la dissolution sur place [terme officiel : lixiviation in situ], à 30 minutes de notre frontière sud. Nous avons appris que cette technique d’exploitation contamine chaque jour une incroyable quantité d’eau. Cameco était sur le point de demander le renouvèlement de sa license et avait déposé une demande pour ouvrir une deuxième mine. Nous avons fait des recherches sur la procédure et nous sommes aperçus que nous pouvions intervenir, sur la base de la science et de la loi. Nous l’avons fait et sommes maintenant partie civile dans le procès contre le soi-disant ‘droit’ de Cameco d’empoisonner notre eau. C’était il y a sept and. Depuis çà continue.
Le travail de protection de l’eau exige une recherche constante, c’est ainsi que j’ai entendu parler du forage de sables bitumineux sur le territoire de Premières Nations dans le bassin de la Rivière Athabasca, près de Fort McMurray, au Canada. Ce que j’ai appris sur cette mine et ces effets sur Notre Mère la Terre a été un choc, alors j’ai commencé à parler de plus en plus de cette horrible profanation de Notre Mère la Terre et de nos parents des Premières Nations. Le forage des sables bitumineux se fait depuis des décennies et est devenu l’opération d’exploitation minière la plus sale au monde. Les grandes compagnies se sont introduites il y a des dizaines d’années, en trompant les élus pour leur faire signer des contrats d’exploitation, contrats qui ont résulté en une augmentation de formes rares de cancer, les gens meurent, les poissons aussi, ainsi que les orignacs [ou orignaux, sortes d’élans du Canada] et d’autres animaux dont les gens dépendent pour se nourrir. C’est devenu un problème d’alimentation. Est-ce que çà va devenir un problème de famine ? La forêt vierge boréale a été abattue, l’Amazonie du Nord est en train d’être détruite, des millions d’oiseaux et d’autres animaux sont morts, des espèces se sont éteintes. Le forage utilise 3 à 4 barils d’eau potable pure pour obtenir 1 baril de pétrole, chaque jour. Cela produit tant de gaz à effet de serre qu’il est quasiment impossible de les mesurer.
L’étude du forage des sables bitumineux nous a amené à découvrir l’intention de la compagnie TransCanada de construire et d’utiliser l’oléoduc Keystone XL, allant du site de forage au Canada, à travers le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska, le Kansas, l’Oklahoma jusqu’à la côte du Texas, ou le pétrole serait raffiné et expédié on ne sait où. Nous avons appris que le Keystone XL aurait 90 cm de diamètre, serait plutôt mince, et que le pétrole brut très lourd, soumis à une haute pression, devrait être chauffé à 65,5 degrés pour être suffisamment liquide pour couler dans l’oléoduc. Un ouvrier syndiqué a été licencié pour avoir signalé que le tuyau était défectueux, alors que les employés de la compagnie le déclaraient agréé. L’ouvrier licencié a renoncé à sa carrière de toute une vie. Je l’ai rencontré à Washington, DC.
L’oléoduc devrait croiser notre aqueduc d’Eau Rurale, qui transporte de l’eau potable du fleuve Missouri sur 320 km jusqu’à Pine Ridge. L’oléoduc Keystone XL devrait traverser 200 lacs, cours d’eau et rivières. Il serait enterré dans la nappe aquifère Ogallala, qui irrigue 30% des cultures vivrières des Etats-Unis et qui fournit l’eau potable à 2 million d’habitants, ainsi qu’aux troupeaux, aux chevaux, aux bisons et autres créatures à quatre pattes. TransCanada devrait utiliser beaucoup d’eau potable pour la mélanger au pétrole brut très lourd. Des enseignements sacrés et issus de ma société sur l’eau m’ont pousser à consacrer de plus en plus de temps au combat pour la vie (et contre la mort) que cette histoire d’oléoduc est devenue. Je connaissais les menaces des mines d’uranium pour notre sol et ce qui vit à la surface, et ce que j’ai appris sur cet oléoduc m’a fait prendre conscience que çà menaçait notre vie, car où trouverions nous assez d’eau potable pour les 50 000 Oglala de Pine Ridge si l’oléoduc craquait ou fuyait ? Qui se sentirait suffisamment concerné pour y faire quelque chose ? La technologie pour nettoyer ce genre de pétrole lourd n’existe pas. Et on n’a pas encore invité le tuyau qui ne fuit pas et ne craque pas.
Des amis du Réseau Environnemental Indigène ont pris contact avec moi et nous avons amorcé un dialogue sur la protection de l’eau, la contamination et quelques autres sujets. Les tribus vivant sur le trajet projeté pour l’oléoduc ont entrepris des actions pour s’y opposer. Toutes les Nations Amérindiennes des Etats-Unis se sont fait entendre pour dire ‘Non’. J’ai décidé d’aller à Washington, DC, pour participer à une audience du Sénat et rencontrer des officiels du Département d’Etat pour leur parler des violations du Traite de Fort Laramie et de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones adoptée par les Nations Unies en 2007. Je me suis rendue avec d’autres personnes à Pierre, Dakota du Sud, pour témoigner à une audience du Département d’Etat, mais je n’ai pas pu le faire, vu que j’étais le numéro 152. J’ai vu des syndiqués ivres témoigner qu’ils avaient besoin d’un emploi de soudeur. La plupart venaient de l’extérieur.
Alors ma famille et moi avons décidé que j’irais à Washington, DC. J’ai pris part à l’action directe de désobéissance civile, je suis entrée par effraction à la Maison Blanche, et j’ai été arrêtée, comme 1200 autres personnes qui voulaient aider à faire entre la question dans la tête de l’Amérique moyenne et attirer l’attention du Président Obama. Une douzaine d’entre nous, Amérindiens, ont été arrêtés. Les Lakota de Pine Ridge ont reçu Tom Weis, qui a été du Montana au Texas sur une moto marchant à l’énergie solaire pour éveiller la conscience des gens le long de la route prévue pour l’oléoduc Keystone SL. Nous avons aussi reçu à Pine Ridge un Rassemblement pour Notre Mère la Terre et une marche. Nous avons accueilli un tour de Solidarité avec les éleveurs, les fermiers, le peuple Lakota, et une star de cinéma Américaine, Darryl Hannah. Nous avons fait des émissions de radio, écrit des articles, assisté à divers évènements. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée dans une Tournée de Résistance, j’ai fait 16 000 km en avion en 5 semaines. En route, j’ai perdu ma brosse à cheveux, mon peigne et il ne me restait plus qu’une chaussette. Heureusement, c’était presque fini entretemps ! Le 15 janvier, un groupe de Lakota parmi lesquels j’étais, ont reçu Winyan Ituwan, une réunion de femmes sur Notre Mère la Terre et l’Eau Sacrée, avec comme invités Kandi Mosset du Réseau Environnemental Indigène, et Tantoo Cardinal, une star de cinéma Cree du Canada. Tout cela dans le but d’encourager la prise de conscience et la résistance à l’exploitation d’uranium, à l’oléoduc Keystone XL et au forage des sables bitumineux, et la protection de notre eau sacrée.
Au départ, le Nebraska protégeait la nappe aquifère Ogallala, mais a depuis accepté de s’engager dans des négociations pour autoriser un oléoduc sur un trajet encore inderterminé. Le Dakota du Sud a accordé $30 millions de réduction d’impôts à Keystone XL pour s’installer ici, le Montana a fait des concessions aussi. Cependant, des individus et des groupes se sont engagés, de façon spectaculaire. Des groupes écologistes, beaucoup de groupes citoyens, des milliers de gens de part et d’autre de la frontière en le Canada et les Etats-Unis, ont dit d’une seule voix ARRETEZ L’OLEODUC. Des Prix Nobel, des chefs et présidents Autochtones et des Premières Nations, des scientifiques, des militaires en retraite, des médaillés olympiques, des sénateurs, des membres du congrès, des acteurs, des écrivains, des étudiants, des gens de toutes origines sociales ont fait entendre leur vois et risqué leur liberté pour bloquer l’oléoduc. Les grands media des Etats-Unis ont rarement couvert ces évènements, mais dans les petites villes, les journaux et radios locaux l’ont fait. L’information s’est répandue, le nombre de résistants s’est accru. La dernière fois que je suis allée à Washington, DC, j’ai parlé devant un rassemblement de 15 000 personnes, nous avons fait 4 fois le tour de la Maison Blanche. Les gens venaient de partout, pour parler d’une seule vois. Nous nous sommes fait des amis et des alliés.
Les politiciens du Nebraska ont tenu une audience spéciale pour autoriser Keystone XL à y pénétrer, mais la Maison Blanche a entendu l’appel à protéger la nappe aquifère Ogallala. Ensuite, TransCanada a exercé des pressions sur les Etats-Unis pour qu’ils prennent une décision et des politiciens élus se sont empressés de soutenir le projet Keystone XL, ont lié une nouvelle proposition de loi à une proposition sur l’emploi, et ont donné 60 jours à la Maison Blanche pour autoriser Keystone XL ou le rejeter comme contraire à l’intérêt national.
Le 18 janvier 2012, le Département d’Etat et le Président Obama ont rejeté le projet d’oléoduc, vu qu’il n’était pas possible d’effectuer les études sur l’impact écologique en 60 jours. Cependant, TransCanada peut toujours déposer une nouvelle demande de permis.
Nous tous qui avons travaillé sur cette question de vie ou de mort, sommes un fil dans cette étoffe de résistance. Des gens ont écrit des lettres, prononcé des discours, préparé des repas, écrit des courriels, transmis sur Twitter et Facebook, ont fabriqué des banderoles, ont payé l’essence, ont fait des t-shirts, ont donné des coups de téléphone, fait des recherches, des photocopies, ont fait la queue pour témoigner, ont été arrêtés, ont fait pression sur des Sénateurs et des membres du Congrès, ont gardé des enfants, ont prêté leurs voitures, ont offert leur canapé ou une chambre d’amis, des musiciens et artistes ont fait des concerts et spectacles de soutien, ont pris des photos, récolté des fonds, ce fut une action vraiment collective pour protéger notre eau et Notre Mère la Terre.
Ce n’est pas une personne, ou une organisation particulière, qui a arrêté l’oléoduc, cette victoire n’est peut-être que temporaire, cette victoire est partielle, vu que le forage des sables bitumineux continue. Mais c’est l’amour de beaucoup de gens pour Notre Mère la Terre et les générations futures, toutes leurs prières et leurs sacrifices, qui ont donné une telle force à ce mouvement. Je crois que l’amour est plus fort que la cupidité. Je crois que les gens agissant ensemble peuvent être aussi efficaces que les plus grands conglomérats du monde. Je crois que Notre Mère la Terre veut vivre, et que nous ne pouvons pas vivre sans elle. Je crois en notre prophétie Lakota, « Un jour la Terre pleurera, Elle pleurera des larmes de sang. Vous devez choisir. Vous L’aidez, ou Elle mourra. Si Elle meurt, vous mourrez aussi. »
Partout dans le monde, des choses se produisent, du genre 200 tornades en deux jours l’été dernier ? Des tremblements de terre là où il n’y en avait pas eu depuis des centaines d’années ? Des inondations ? Des vagues de sécheresse ? Ce sont évidemment des phénomènes météorologiques courants, mais pas à ce rythme et pas dans ces endroits. Chaque été a été plus chaud que le précédent depuis 1996. Notre Mère la Terre nous dit quelque chose, Elle pleure, et Elle se soulève. La Terre qui Pleure se Soulève ! Tout ce qui arrive à Notre Mère la Terre arrive à tous les gens de la Terre. Une telle lutte est faite de beaucoup, beaucoup de fils, tous ensemble nous formons une belle étoffe de résistance, et une protection pour notre Mère, Notre Mère la Terre.
La dernière fois que nous avons quitté Washington, DC, mon amie et moi, nous avons vu un grand vautour à queue rouge qui a tourné au-dessus de nous et au-dessus de la Maison Blanche, et s’est envolé vers l’ouest. Le jour de Winyan Ituwan, le Rassemblement de l’Hiver, nous avons vu un aigle chauve tourner au-dessus de nous, puis s’envoler vers l’Ouest. Des messages Sacrés… Si nous écoutons, nous pouvons entendre, si nous entendons, nous pouvons comprendre. Quand nous comprenons, nous remercions. Lila wopila iciciyapi. Hecetuye.