Voir article précédent pour le context et l’attaque du 6 février.

CANADA : DEUXIÈME ATTAQUE D’UN CAMP WET’SUWET’EN, 7 FÉVRIER 2020, 4 PERSONNES ARRÊTÉES, UN JOURNALISTE DÉTENU.

Article de Brenda Norrell
Censored News
8 février 2020
Traduction Christine Prat

Quatre Défenseurs du Territoire de plus ont été arrêtés vendredi [7 février], tandis que des Wet’suwet’en, au point de contrôle Gidimt’en, protégeaient leurs terres de la construction d’un oléoduc par Coastal GasLink. Des Défenseurs ont placé leurs véhicules en travers du chemin de la Police Montée pour empêcher la police de partir avec les personnes arrêtées et ont effectué une cérémonie pour leur protection. Les véhicules ont été remorqués et déplacés par un bulldozer, et ont été endommagés, pendant que la Police Montée militarisée se livrait à une seconde attaque contre ce camp Wet’suwet’en, vendredi, laissant les personnes âgées et une femme enceinte dans le froid, selon des reportages en direct.

Dans tout le Canada, l’appel a été lancé de ‘Fermer le Canada’ et des Autochtones ont bloqué des trains, des ponts et des bureaux gouvernementaux. Les Mohawks Akwesasne ont bloqué la frontière.

Le journaliste du ‘Ricochet’ a été détenu à de maintes reprises par la Police Montée, pour l’empêcher de faire son reportage, pendant que la police militaire se livrait au second assaut contre le camp Wet’suwet’en. Le ‘Ricochet’ ont annoncé pendant toute la journée de vendredi avoir perdu le contact avec le journaliste sur le terrain.

D’après la CBC, le Chef Héréditaire Na’moks dit que ceux qui avaient été arrêtés étaient sur leur propre territoire et n’avaient pas bloqué la construction, qui n’avait pas progressé depuis décembre, à cause du froid.

« Nous vivions ici avant la zone d’exclusion, » dit Na’moks. Il ajouta que la police avait demandé aux habitants d’une hutte de partir. « On ne peut pas abandonner sa maison. »

L’ATTAQUE DU 7 FÉVRIER 2020

8h45 – Des rapports indiquent que le point de contrôle Gidimt’en est surveillé par des drones. Ils disent également que le convoi de la Police Montée fait 2 km de long.

9h39 – Une charrue approche du point de contrôle Gidimt’en en dégageant le chemin pour la Police Montée.

9h48 – La Police Montée est arrivée au point de contrôle Gidimt’en.

9h52 – La charrue dégage la route, escortée dans le territoire Gidimt’en par deux unités tactiques et 11 autres agents de la Police Montée.

10h19 – Un hélico vole bas et la police entre.

10h34 – Les Gidimt’en peuvent voir 12 véhicules dont un bulldozer et une ambulance. Le bulldozer dégage la voie jusqu’au pont. Un ouvrier est présent, avec 13 policiers derrière lui et probablement beaucoup plus derrière eux.

10h43 – Des policiers inspectent la porte métallique du point de contrôle de Gidimt’en.

10h57 – un groupe d’ouvriers inspectent la porte à leur tour pour voir comment la passer.

10h59 – Les Gidimt’en au point de contrôle voient le Commandant Rob Pikola de la Police montée. Un policier a un fusil d’assaut. Ils sont 30 maintenant, au point de contrôle.

11h11 – Deux hélicoptères atterrissent et déposent au moins 4 membres de l’équipe tactique. Le point de contrôle Gidimt’en est maintenant encerclé. Devant le porche, il y a deux motoneiges et deux équipes tactiques. Le camp Gidimt’en est confiné, probablement par des snipers.

11h17 – La Police Montée lit une injonction avec un mégaphone. Deux hélicoptères viennent encore de déposer des membres d’équipes tactiques.

11h20 – Des hélicoptères déposent des militaires pour la troisième fois.

11h27 – Deux hélicoptères de plus amènent une nouvelle vague de la Police Montée tactique. La Police Montée répète l’injonction sans arrêt avec le mégaphone. #Wetsuwetenstrong

11h48 – Des officiers essaient de convaincre ceux qui se trouvent au point de contrôle Gidimt’en de venir négocier. Ils répondent qu’ils ne peuvent pas négocier et que la Police Montée doit parler au chef Woos. La Police Montée demande aux gens de se laisser escorter hors du territoire immédiatement ou d’être arrêtés.

11h50 – Ils sont encerclés par des snipers et des chiens policiers.

12h00 – Des membres de la Police négocient avec la presse. Un policier pointe un fusil sur les supporters des Wet’suwet’en.

12h03 – Les hélicoptères appartiennent à Silverking, une entreprise locale qui a refusé de transporter des vivres et des membres des médias dans les territoires #Unistoten / #Wetsuweten. Il semble qu’ils amènent des équipes tactiques de la Police Montée pour voler notre pays.

12h04 – La Police Montée essaie de casser le bus qui nous envoie les mises à jour.

12h10 – Ils surveillent le bus. « Ils ont un fusil pointé sur nous ». Apparemment, la Police Montée essaie de limiter la visibilité des équipes tactiques par la presse.

12h14 – 3 membres de l’équipe tactique regardent dans la hutte de Woos – un domicile permanent, hors de la zone d’injonction – par la fenêtre.

12h25 – De nombreuses unités de la Police Montée équipées enfoncent la palissade et se dirigent vers la hutte de Woos – qui, encore une fois, est largement à l’extérieur de la zone d’injonction.

12h27 – Nous venons d’entendre que le camp est envahi. L’officier Dixon essaie de dire aux gens de descendre de la tour. Les Gidimt’en disent qu’ils ne partiront que quand toute la police aura quitté le territoire.

12h38 – Des membres de la Police Montée frappent à la porte de Woos en criant « zone d’exclusion de la Police Montée ». La hutte n’est pas dans la zone d’injonction, est à 30 m de la route la plus proche et n’empêche pas les travaux.

12h41 – Le portail de métal est renversé. Un observateur légal essaie d’obtenir les numéros de badge et les noms des membres de la Police Montée, qui ne répondent pas. Certains portent des masques. Un caporal essaie de convaincre ceux qui sont dans la hutte de Woos qu’ils sont dans la zone d’exclusion et pose des questions. Les gens à l’intérieur ne répondent pas.

12h44 – Une énorme excavatrice est amenée pour pousser le portail de bois. Ceux qui sont à l’intérieur de la hutte demandent à la police si elle a un mandat pour entrer dans le domicile. La police répond qu’elle n’en a pas.

12h50 – Les médias sont maintenus à 20 m du bus, mais ils sont autorisés à filmer.

12h51 – Eve Saint, la fille de Woos, et son compagnon sont dans le bus et refusent de partir. Les médias sont loin, ont peu de visibilité et pas de son. Des paniers à salade arrivent.

12h53 – La Police Montée dit à ceux qui se trouvent dans la hutte qu’ils ne souhaitent pas détruire la hutte mais que tous ceux qui sont à l’intérieur doivent partir. Ils n’ont pas de mandat.

13h34 – Eve Saint, fille du Chef Woos @Gidimten, a été arrêtée avec une autre personne. Ils ne sont pas blessés.

13h45 – Les deux personnes arrêtées ont été emmenées en panier à salade.

14h02 – La Police Montée utilise des échelles pour grimper en haut de la tour de bois d’où on a une vue sur le territoire.

14h34 – Les gens dans la hutte de Woos entendent des scies et des cris à l’extérieur. Des gens sont encore dans la tour. La Police Montée a dit que les gens dans la tour étaient déjà en état d’arrestation et qu’elle essayait juste de les faire descendre.

14h45 – La Police Montée refuse de spécifier pourquoi les gens dans la tour sont en état d’arrestation ni quelles sont les accusations.

14h56 – Ceux de la tour disent qu’ils descendront si le Chef Woos est autorisé à entrer dans son territoire. Une Autochtone dans la tour demande qu’une policière se charge de son arrestation, la Police Montée refuse.

15h00 – Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en ne sont pas autorisés à entrer en territoire Gidimt’en par la Police Montée. Anne Spice, Tlingit, est extraite de la tour.

15h14 – Anne Spice a été descendue de la tour. Il y a encore une personne au sommet, mais les communications de la tour ont cessé.

15h30 – Plus de 20 véhicules appartenant à des Wet’suwet’en ou à des supporters se sont amassés au km 27, bloquant la route des fourgons de police quittant le territoire. Ils effectuent une cérémonie pour la sécurité de ceux qui sont arrêtés.

18h13 – Les gens dans la hutte ne voient plus de police. Il semble que la majorité des forces de l’ordre est partie vers le km 27. La tour est toujours debout. La route est toujours bloquée.

18h15 – Ceux qui sont au km 27 disent qu’ils sont encerclés par la Police Montée et ne sont pas autorisés à partir.

18h16 – Denzel Sutherland-Wilson, de la Nation Gitxsan, avait été arrêté et extrait de la tour plus tôt dans la journée. Seuls ceux qui sont dans la hutte du Chef Woos y sont encore. Les Gitxsan sont les plus anciens alliés des Wet’suwet’en.

18h21 – Nous apprenons que 30 membres de la Police Montée encerclent les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en et leurs supporters qui ont bloqué la route au km 27. Parmi eux, il y a Dini’ze Smogelgem, Dini’ze Dsta’hyl et Tsake’ze Sleydo’.

19h10 – Nous avons appris que la Police Montée a retiré les véhicules qui bloquaient la route au km 27 et que des bulldozers retournent en ville.

21h09 – Nous apprenons que la Police Montée demande la fermeture et l’évacuation du camp au km 27. La zone d’exclusion de la Police Montée est maintenant au km 3 sur la route de la Forêt Morice. Les gens ne peuvent pas partir parce que la police a enlevé leurs véhicules. Des Anciens, des chefs et une femme enceinte sont bloqués.

21h10 – Le Chef des Gidimt’en Woos s’est vu refuser l’accès à son territoire. Le Chef Ste ohn tsiy avait quitté le camp au km 27 et s’est vu interdire d’entrer à nouveau. Les Chefs Wet’suwet’en se voient refuser l’accès aux territoires Wet’suwet’en.

 

LUTTES CONTRE LES OLÉODUCS AU CANADA : L’ATTAQUE DES WET’SUWET’EN PAR LA POLICE MONTÉE A COMMENCÉ ! SOLIDARITÉ INTERNATIONALE URGENTE !

Les Nations Wet’suwet’en luttent contre le passage d’oléoducs sur leurs territoires depuis près de dix ans. Le camp Unist’ot’en a été créé en 2010 pour bloquer l’accès au territoire Wet’suwet’en aux entreprises pétrolières et minières qui n’y ont jamais été autorisées par les Autochtones. Depuis, de nombreux incidents ont eu lieu, la Police Montée Royale Canadienne [RCMP] ayant tenté d’expulser ou d’arrêter les opposants aux oléoducs à de nombreuses reprises. Le 6 février 2020, la Police Montée a attaqué. Les Unist’ot’en constituent un des cinq clans de la Première Nation Wet’suwet’en.

Voir historique dans un article de 2012 :  https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=1174

Sur les incidents de janvier 2019 voir sur le site du CSIA-Nitassinan, l’article « Unist’ot’en : Non cédé. Invaincu ! », et les suivants.

Appel sur Facebook
6 février 2020
Publié sur Censored News
Le 7 février 2020
Traduction Christine Prat

SOLIDARITÉ INTERNATIONALE : C’EST MAINTENANT ! TOUS DANS LES RUES POUR WET’SUWET’EN

Le raid de la Police Montée Royale Canadienne contre la Nation Wet’suwet’en a commencé. « Nous organisons des actions pacifiques en tant que peuples souverains, sur nos territoires, et demandons que toutes les actions entreprises en solidarité se passent pacifiquement et selon les lois traditionnelles des autres Nations Autochtones. L’effraction par la force dans les territoires Wet’suwet’en et l’éviction des Autochtones de leurs propres terres doivent être stoppées. Il faut affronter les gouvernements de la Province et Fédéral. »

Photo by Emily Fagan, University of Victoria

ARRESTATIONS AVANT L’AUBE DANS LES TERRITOIRES UNIST’OT’EN

Publié sur le site Unist’ot’en
Le 6 février 2020
Traduction Christine Prat

DÉROULEMENT DE LA PREMIÈRE ATTAQUE, publié le 6 février sur le site UNIST’OT’EN [avec vidéo]

4h57 (du matin) : Le porche à 39 km a été rompu. 13 véhicules de la Police Montée [de nos jours, montée en 4×4] ont passé le km 39. La route est dégagée, 1 à 4 arrestations ont lieu. Ça continue.

4h55 – Il n’est pas encore 5h – mais il fait encore nuit noire – et nous venons d’entendre que la Police Montée avait effectué sa première arrestation au poste de surveillance #Wetsuweten au km 39. Les flics encerclent les gens là-bas et commencent à dégager la route qui conduit au point de contrôle Gidimt’en.

5h05 – Nous avons entendu que 13 véhicules de la Police Montée démontent les tentes. Autant que nous sachions, ces tentes ne bloquaient PAS la route et ne font pas partie de la zone soumise à une injonction.

5h30 – On nous fait parvenir des rapports du front disant que certains membres de la Police Montée avaient sorti leurs armes – pas pointées sur les gens – mais tout de même à la main.

On nous dit que même avec plus d’une douzaine de véhicules dans notre territoire, la salle de la communauté de Houston est encore pleine de flics prêts à envahir nos terres.

5h43 – Nous estimons qu’il y a plus d’une douzaine de flics sur le site, dont six encerclent la personne qui communique les mises à jour par radio.

5h56 – La personne à la radio, au km 39, annonce que la Police Montée a brisé les vitres de leur véhicule.

6h22 : Nous avons perdu la communication avec le poste Gidimt’en au km39, après que la Police Montée ait brisé les vitres du véhicule radio. Il fait toujours nuit noire dehors.

6h43 : On nous fait savoir que la Police Montée bloque maintenant la route de la forêt à 4 km.

6h59 : Nous apprenons que la Police Montée était partie de la ville en un convoi d’au moins 20 véhicules. #Wetsuweten #WetsuwetenStrong

7h22 : 36 véhicules, 1 ambulance et du matériel lourd ont démarré du point à 4 km. Il y a au moins 2 bulldozers et une excavatrice.

7h48 : La Police Montée transporte les 4 supporters arrêtés à Houston, en Colombie-Britannique. Tout le monde au km 39 est arrêté, à part les médias. Les gens des médias qui se trouvaient au km 39 sont emmenés dans un car de police.

10h57 : La Police Montée a établi une zone d’exclusion totale à leur point de contrôle à 27,5 km. Ils empêchent les médias et les Wet’suwet’en d’approcher, à l’exception des chefs qui obtiennent un permis d’un gradé. Nous ne devrions jamais être exclu de notre yintah, mais la Police Montée a transformé notre territoire en un état policier.

14h : Nous venons d’apprendre que la machinerie lourde a été entendue approchant du point de contrôle Gidimt’en à 44 km. Ils ne peuvent pas encore les voir. Un hélicoptère de la Police Montée vole au-dessus du camp Gidimt’en.

Les supporters des Wet’suwet’en arrêtés aujourd’hui refusent de signer les conditions de leur libération.

14h40 : Le point de contrôle Gidimt’en peut maintenant voir l’équipement lourd qui arrive vers eux.

16h44 : Les Chefs et supporters ont bloqué la route à 27 km, forçant la Police Montée à laisser passer les chefs. Le travail de dégagement a été interrompu à 44 km. Dsta’hyl (Likht’samisyu) dit que les #Wetsuweten imposeront l’éviction de Coastal Gaslink par tous les moyens dont ils disposent.

18h45 : Mise à jour légale : les six personnes arrêtées dans les territoires Gidimt’en ce matin sont en train d’être libérées sans accusations. Trois sont déjà dehors.

Le 13 janvier 2020, la Police Montée avait instauré une « zone d’exclusion » à 27 km et empêchait les médias, les Wet’suwet’en et la nourriture d’arriver sur le territoire, en violation des droits humains, de la loi Wet’suwet’en et des droits des Autochtones protégés par la constitution.

Le 22 janvier, la Police Montée avait refusé l’accès à des avocats et observateurs légaux.

Plus récemment, plusieurs appels et déclarations urgents avaient été publiés sur la page Facebook du Camp Unist’ot’en :

24 janvier 2020, 6h54 : « les actions du gouvernement Canadien contre le camp Unist’ot’en et pour soutenir l’oléoduc TransCanada Coastal Gaslink, sont en opposition directe avec les obligations internationales du Canada et la législation de la Colombie-Britannique de mettre une halte au changement climatique. En violation de ces obligations, et en déployant la Police Montée Royale Canadienne contre les chefs héréditaires Wet’suwet’en et leurs soutiens, le gouvernement de la Colombie-Britannique agit contre les intérêts de tous ses habitants. »

Communiqué de presse du 24 janvier, 23h23 : Les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en réitèrent leur demande de rencontrer le premier ministre [de Colombie Britannique] Horgan.

24 janvier 2020, Smithers, Colombie Britannique – Les Chefs Héréditaires représentant la totalité des cinq clans de la Nation Wet’suwet’en réitèrent leur demande de rencontrer le premier ministre John Horgan à propos des violations des droits et du titre des Wet’suwet’en.

Horgan et le Ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation (MIRR), Scott Fraser, ont fait passer les communications par le Chef Na’moks, au lieu de suivre les canaux établis de rencontrer les Chefs Héréditaires Wet’suwet’en collectivement.

Mercredi, un représentant des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en a rencontré le ministre Fraser, en tant que représentant du Premier Ministre Horgan, afin de répéter notre demande de rencontre de nation à nation avec le Premier Ministre Horgan. Le Ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation (MIRR) n’est pas un partenaire approprié pour une discussion de nation à nation, donc notre demande n’a pas encore été honorée.

Le MIRR est officiellement chargé de travailler avec les Premières Nations pour adopter et appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, et pour adopter la Décision Tsilqhot’in de la Cour Suprême, qui concerne les territoires relevant du titre Aborigène. Au lieu de cela, le MIRR a sapé les droits et le titre des Wet’suwet’en et contribué à la division de la communauté Wet’suwet’en.

En 2016, le MIRR a financé la création d’un groupe dissident, formé explicitement pour signer des accords sur les bénéfices avec le projet Coastal Gaslink au nom des Wet’suwet’en. Les actes du MIRR ont sapé l’autorité des Chefs Héréditaires Wet’suwet’en et créé la confusion sur quels chefs héréditaires pouvaient prendre des décisions concernant le territoire en question.

Les Wet’suwet’en ont une longue histoire de pratique du principe de Consentement Libre, Préalable et Informé, qui fait partie de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, ainsi que de Anuc’nu’at’en (la loi Wet’suwet’en). Les Chefs Héréditaires, au nom du titre collectif des Wet’suwet’en, étaient partie civile dans l’affaire faisant jurisprudence Delgamuukw-Gisday’wa, où il a été conclu que les droits et le titre n’avaient jamais été abrogés sur 22 000 km² de territoire Wet’suwet’en non-cédé.

Nous soulignons la nécessité urgente d’un dialogue dans le respect avec les Chefs Héréditaires. Seuls les Wet’suwet’en et les Chefs Héréditaires ont autorité pour prendre des décisions sur ce qui se passe sur nos terres.

Liste des actions de solidarité en cours:

BAY AREA
BELLINGHAM
CALGARY
COURTENAY
EDMONTON
ECUADOR
GODERICH
HALIFAX
KAMOURASKA
KINGSTON
LONDON
NANAIMO
NELSON
OTTAWA
MONTREAL
RIMOUSKI
SEATTLE
TOFINO
THUNDER BAY
TORONTO
VANCOUVER
VICTORIA
YELLOWKNIFE

 

 

DES FEMMES AUTOCHTONES INTRODUISENT UN CAS SPECIFIQUE A L’OCDE CONTRE LE CREDIT SUISSE POUR VIOLATIONS DE DROITS CONCERNANT LE FINANCEMENT D’OLEODUCS

Communiqué de Presse
Jeudi 30 janvier 2020
Contact Katherine Quaid
katherine@wecaninternational.org
WECAN International
Publié par Censored News
Traduction Christine Prat
Voir aussi la traduction d’Aurélie Journée-Duez, présidente du CSIA, sur la page Facebook du CSIA

Communiqué de presse commun, en collaboration avec Divest Invest Protect et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN).

SAN FRANCISCO BAY AREA, Californie, 30 janvier 2020 – Divest Invest Protect (DIP), le Réseau International des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et le Programme de l’Université d’Arizona pour le Droit et la Politique des Peuples Autochtones, annoncent avoir introduit un « Cas Spécifique » auprès de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) concernant le Crédit Suisse et les impacts négatifs pour les Peuples Autochtones et l’environnement résultant du financement ininterrompu des entreprises qui construisent l’oléoduc Dakota Access (DAPL) et l’oléoduc Bayou Bridge (BBP).

Cette action des femmes Autochtones intervient après près de deux ans d’échanges entre WECAN et DIP, d’une part, et le Crédit Suisse, d’autre part, sous forme de lettres, de deux rencontres avec des représentants du Crédit Suisse, une correspondance ininterrompue pour fournir des informations sur les violations et les effets négatifs, et la remise de documentation supplémentaire lors de la Réunion Générale Annuelle du Crédit Suisse à Zurich, en Suisse.

Les femmes Autochtones ont maintenu en toute bonne foi le dialogue avec le Crédit Suisse, cependant, vu l’absence d’action du Crédit Suisse, elles introduisent un « Cas Spécifique » auprès de l’OCDE dans l’espoir que cela servira de catalyseur pour susciter une action menant au dialogue, à la justice, à une solution et à la responsabilisation en matière de droits humains.

Alors que le Crédit Suisse a récemment signé les Principes pour une Banque Responsable – une série de principes destinés à aligner la stratégie des institutions financières sur les buts de la société – la banque continue à financer à grande échelle l’industrie des carburants fossiles, qui a des effets négatifs sur les droits des Peuples Autochtones, et contribue lourdement à la crise climatique. Depuis la signature de l’Accord de Paris sur le Climat, le Crédit Suisse a dépensé plus de 57 milliards de dollars pour financer le cycle du carburant fossile et est l’un des dix principaux financiers Européens des carburants fossiles les plus polluants.

Les Directives de l’OCDE sont le seul instrument international soutenu par les gouvernements sur une conduite responsable des affaires, ayant un mécanisme interne pour des réclamations, appelé « Cas Spécifique ». Par ce mécanisme, les représentants à l’OCDE des pays membres (ou Points de Contact Nationaux), constituent une tribune pour une médiation et un engagement compatible avec les politiques de l’OCDE, ainsi qu’une assistance aux actionnaires pour les aider à trouver une solution à des problèmes suscités par une possible non-observance des Directives. Récemment, la Société des Peuples Menacés (STP – Society for Threatened Peoples) – et le Crédit Suisse ont conclu une procédure de médiation via l’OCDE, qui a conduit le Crédit Suisse à inclure la protection des droits des communautés Autochtones dans ses directives sur le financement de projets.

Divest Invest Protect (DIP) et le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN) a accueilli favorablement cette victoire partielle, cependant, elles ont rapidement montré que ce résultat est insuffisant, parce que les dispositions pour les droits des Autochtones ne s’appliquent pas au financement des grandes entreprises – le genre utilisé par le Crédit Suisse pour financer les entreprises qui construisent et entretiennent l’oléoduc Dakota Access. Il doit y avoir une responsabilité concernant les droits humains et Autochtones, et la protection de l’environnement à tous les niveaux des décisions financières, y compris le financement des grandes entreprises privées.

L’appel au « Cas Spécifique » de l’OCDE composé par les femmes Autochtones démontre leur courage et leur détermination à être des actrices et des voix majeures dans la définition de la responsabilité et le changement légal au sein des banques et des institutions financières pour protéger les droits des Peuples Autochtones, les terres, l’eau, les communautés et le climat.

Voir aussi, en anglais : https://www.wecaninternational.org/divestment-delegations

Cette action auprès de l’OCDE est également soutenue par le Programme des Défenseurs des Droits Humains des Autochtones et de la Responsabilité des Entreprises Privées de l’Université d’Arizona, et par la Clinique Internationale des Droits Humains à l’Ecole de Droit de l’Université de l’Est de la Nouvelle-Angleterre.

Les médias sont encouragés à adresser toutes questions et demandes d’interview à Michelle Cook ou à Osprey Orielle Lake.

« Le Cas Spécial pour l’OCDE, préparé et introduit par les femmes Autochtones, attirera une attention grandement nécessaire sur les négligences structurelles de l’industrie de la finance d’adhérer aux droits humains des Autochtones. Nous croyons que notre action et notre engagement mettrons au grand jour les lacunes qui permettent aux banques et aux entreprises d’agir en toute impunité sur notre survie culturelle, notre climat et notre futur. Le secteur financier doit écouter les mouvements Autochtones et garantir que les droits humains et les droits des Autochtones à un consentement libre, préalable et informé, seront respectés et protégés, le long de toute leur chaîne de production, dans toutes leurs relations d’affaires, quelque soit le type de financement ou de produit financier que les banques fournissent », dit Michelle Cook, avocate des droits humains Diné (Navajo), fondatrice de ‘Divest Invest Protect’ et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.

« Je suis une indigène de mon territoire. J’aime mon territoire et tout ce que je veux c’est le protéger pour mes arrière-petits-enfants, en quoi est-ce si condamnable ? Empêchez les grandes entreprises de carburant fossile de détruire la terre et l’eau, maintenant ! Mni Wiconi », dit LaDonna Brave Bull Allard, Ta Maka Waste Win – Her Good Earth Woman, historienne Lakota, Généalogiste et Protectrice de l’Eau, membre de la communauté Sioux de Standing Rock.

« Je descend de la bande de Sitting Bull. En 2014, avant la construction de l’oléoduc Dakota Access (DAPL), notre Conseil Tribal a informé l’entreprise qui voulait construire le DAPL, qu’il ne pouvait pas et ne consentirait pas à la construction de cet oléoduc. Le danger était trop proche et une marée noire serait un désastre pour nos huit communautés de Standing Rock. Nous avons immédiatement lancé un appel mondial. Nous avons demandé aux gens de venir nous soutenir. Pendant presque sept mois, ma famille et moi avons campé au bord de la rivière Cannonball avec des milliers d’autres venus nous soutenir. Durant cette période, mes quatre enfants et moi avons été témoins directs des violations de droits humains extrêmes et violentes commises contre notre peuple et d’autres dans notre terre natale. Ces violations étaient constituées par : des agents de sécurité privés utilisant des attaques de chiens contre des gens sans arme (j’en étais), les gens terrorisés par des avions volant très bas en cercle au-dessus de nos camps 24 heures par jour, des tirs contre nos chevaux et les gens par les forces de l’ordre. Mon Gouvernement Tribal a explicitement dit non au DAPL. Nos communautés de Standing Rock ont dit non au DAPL. Il n’y a pas eu de Consentement Libre, Préalable et Informé, comme l’exige la Loi Internationale selon la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Il est temps de rendre les décideurs, les représentants du gouvernement et les institutions financières RESPONSABLES. Il est temps qu’ils répondent aux gens de ma communauté, ceux-là même qui sont affectés par leur financement du DAPL. » Wašté Wi Yellow Lodge-Young, Lakota/Dakota, Standing Rock Nation.

Dans sa quête de justice et d’atténuation du changement climatique, le WECAN International appelle les institutions financières impliquées dans l’extraction et les projets de développement de carburant fossile à cesser de poursuivre leurs affaires comme d’habitude, étant donné les violations flagrantes qu’elles constituent contre les Peuples Autochtones et leurs territoires au moment ou nous devons faire face au défi sans précédent d’un monde en train de plonger dans le chaos climatique. Le Crédit Suisse doit écouter les femmes Autochtones et accéder à leurs demandes, qui sont fondées sur la demande de base de respecter l’exigence d’obtenir un Consentement Libre, Préalable et Informé des communautés Autochtones, comme la loi internationale l’exige. Il est bien plus que temps que les institutions financières soient tenues pour responsables, aussi bien au niveau du projet qu’à celui du financement des entreprises privées, et l’introduction du Cas à l’OCDE est une contribution centrale à la lutte globale pour le respect du Consentement Libre, Préalable et Informé, et à la transition vers l’abandon des carburants fossiles. C’est maintenant le moment pour les banques d’aller vers un futur juste et durable pour tous, respectant les droits des Autochtones et protégeant notre climat et nos communautés » dit Osprey Orielle Lake, Directrice Exécutive du Réseau d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN), et co-directrice des Délégations de Femmes Autochtones pour le Désinvestissement.

WECAN :

www.wecaninternational.org – @WECAN_INTL

Le Réseau International d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat (WECAN – Women’s Earth and Climate Action Network) est une organisation selon 501(c)3 et fondée sur des solutions, établie pour engager des femmes du monde entier dans la défense d’une politique, des projets sur le terrain, l’action directe, la formation, et la construction d’un mouvement pour la justice climatique globale.

30 janvier 2020