Le 21 septembre 2012, des bénévoles de Protect the Peaks et des gens concernés par l’affaire des San Francisco Peaks, se sont rendus au bureau de Flagstaff du Service des Forêts des Etats-Unis afin de remettre la lettre suivante, adressée à Tom Vilsack, ministre de l’agriculture, responsable du Service des Forêts.
Voir ci-dessous la traduction française de cette lettre.
Lire la lettre originale en anglais.
(le New York Times a consacré un article à l’évènement : http://www.nytimes.com/2012/09/27/us/arizona-ski-resorts-sewage-plan-creates-uproar.html )
21 septembre 2012
Tom Vilsack
Secretary of Agriculture
U.S. Department of Agriculture
1400 Independence Ave., S.W.
Washington, DC 20250
Email: agsec@usda.gov
CC: Janie Hipp
Senior Adviser for Tribal Affairs USDA
janie.hipp@osec.usda.gov
CC: Earl Stewart
Forest Supervisor, Coconino National Forest
CC: Dion Killsback
Counselor to the Assistant Secretary of Indian Affairs
1849 C Street, NW, MS 4141-MIB, Washington, DC 20240.
consultation@bia.gov
Cher Monsieur le Ministre Vilsack,
Nous, soussignés, sommes des parents, des activistes et des citoyens de Flagstaff extrêmement préoccupés par la situation sur les Pics San Francisco, qui est imposée à notre communauté par la firme Arizona Snowbowl. L’expansion de la station de ski entraîne pour les générations futures la perte d’une flore et d’une faune alpines belles et rares.
L’expansion de Snowbowl et la fabrication de neige à partir d’eaux usées constitue une grave profanation de ce site sacré.
En continuant à approuver l’expansion de Snowbowl, le Service des Forêts fait preuve d’une extrême intolérance culturelle vis-à-vis de plus de treize Nations Autochtones qui considèrent les Pics comme sacrés. Le Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis (USDA) et le Service des Forêts continuent à discriminer ces communautés et à ignorer délibérément ces graves impacts en dépit des inquiétudes exprimées dans de nombreuses pétitions, manifestations, poursuites en justice et audiences publiques.
Nous sommes aussi très inquiets au sujet de la menace possible pour la santé de nos enfants, notre eau, et l’environnement local créée par l’écoulement d’eaux usées recyclées, spécialement en de si grandes quantités, que Snowbowl a l’intention de produire pour faire de la neige artificielle dès le mois de novembre de cette année.
Les Pics San Francisco sont une île dans le ciel, abritant une grande variété de plantes et d’animaux, tels que le séneçon de Jacob, qui vit sur la montagne et est menacé. Nous sommes particulièrement concernés par l’abattage d’arbres anciens, qui ne repousseront jamais de notre vivant. Les « pistes de ski » nouvellement dénudées sont d’énormes étendues de terre sans végétation qui pourraient se transformer en coulées de boue dévastatrices pendant la saison des pluies. Nous craignons que la fragmentation et le dérangement de la vie sauvage qui se produit spécialement pendant les travaux de construction et destruction de la forêt ne conduisent à un déclin des populations animales et de la biodiversité sur le site. Ce fragile écosystème de montagne désertique est également visité tout au long de l’année pour des raisons variées, autres que le ski : camping, randonnée, cyclisme, études scientifiques scolaires sur le terrain, entre autres. Ces autres activités entretiennent l’économie locale toute l’année et sont si attrayantes parce que ces terres ne sont pasdéveloppées.
Il a été démontré que l’eau recyclée que Snowbowl compte utiliser pour créer sa « neige » contient des perturbateurs endocriniens et des contaminants qui ne sont même pas encore bien compris par le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ). Ceci a été démontré dans une étude intitulée « Projet d’Examen des Perturbateurs Endocriniens », par le Dr. Cathy Propper, une biologiste de l’Université du Nord de l’Arizona. Une étude encore plus récente par le Dr. Robin Silver de la même eau recyclée actuellement utilisée dans les parcs de la ville et sur les terrains de sport scolaires, a permis de trouver des gènes résistants aux antibiotiques et montre qu’ils se reconstituent et sont plus abondants sur le site d’utilisation. Ceci nous inquiète beaucoup, pour les enfants, les malades, les personnes âgées et d’autres dont le système immunitaire est affaibli, qui pourraient jouer dans cette « neige » ou consommer ce composé toxique. L’eau recyclée endommagera également la nappe aquifère et diminuera continuellement la qualité et la sécurité de notre eau potable. Certains prétendent que cette eau est sûre, mais alors, pourquoi y a-t-il des pancartes en ville appelant à ne pas consommer cette eau ? Et si elle est sûre, pourquoi faire de la neige avec alors que Flagstaff manquera d’eau d’ici une décennie ? Il est de plus en plus évident que les motifs sont strictement économiques, et que priorité est donnée au tourisme et au sport, avant la santé et l’équilibre social des communautés. Alors que la Section de Chimie de l’Université du Nord de l’Arizona (NAU) soutient publiquement l’eau recyclée, John Wettaw, un professeur de chimie et ancien Sénateur d’Arizona, entretient des relations privées avec l’un des propriétaires de Snowbowl, ce qui nous conduit à penser que leur opinion est biaisée.
Enfin, et ce n’est certainement pas le moins important, nous sommes très inquiets quant à la façon dont Snowbowl manque de respect aux convictions religieuses et culturelles de ceux qui tiennent les Pics San Francisco pour sacrés. Il est révoltant de voir comment ils ont été autorisés à faire valoir leurs intérêts commerciaux au dessus de l’importance culturelle, religieuse et historique de cette montagne. Il est répugnant de voir comment certaines religions sont considérées comme plus valables que d’autres (c’est comme si quelqu’un mélangeait de l’eau d’égouts à l’eau bénite du Vatican, mais c’est justement ce qu’essaie de faire Snowbowl en mettant ces eaux usées mal évaluées sur les Pics). Ce problème a divisé notre communauté et a été très douloureux pour les membres des Nations Autochtones qui vivent ici et définissent largement le caractère du Nord de l’Arizona.
Nous vous demandons instamment de faire quelque chose pour changer cette situation immédiatement, en désignant les Pics San Francisco comme Propriété Culturelle Traditionnelle. La Section VIII (A) du Permis d’Utilisation Spécial – délivré à Snowbowl – est intitulée « Révocation pour un Intérêt Publique Supérieur ». Elle garantie que « si l’intérêt publique nécessite la révocation » le Ministre de l’Agriculture peut révoquer le permis et ne payer que pour les améliorations. Comment se fait-il que l’intégrité culturelle de plus de treize Nations Autochtones ne soit pas considérée comme intérêt publique supérieur ? Cette question n’est pas rhétorique : nous demandons une réponse du Service des Forêts des Etats-Unis afin de savoir pourquoi ils continuent à marginaliser les droits de l’homme en perpétuant un racisme flagrant.
Nous proposons ici des alternatives pour mettre un terme à ce qui se passe sur les Pics San Francisco et dans notre communauté :
– Amender le Permis d’Utilisation Spécial, pour en exclure la fabrication de neige à partir d’eaux usées, sur la base de nombreuses études qui ont montré qu’elle pouvait être risquée pour les humains et les écosystèmes fragiles.
– Créer une nouvelle législation ou amender l’actuelle pour garantir la protection des sites sacrés et la liberté religieuse des Peuples Autochtones.
Empêchez Arizona Snowbowl de profaner notre environnement, la santé et la communauté pour satisfaire la voracité d’un petit groupe de privilégiés ; garantissez les droits de l’homme pour tous les peuples ! Gardez nos terres publiques effectivement publiques.
Sincères salutations,
Les Bénévoles de Protect the Peaks.
Vidéo de l’action du 21 septembre 2012:
Le Service des Forêts profane le Feu Sacré sur les Pics San Francisco, après s’être livré à des insultes du même genre lors d’une cérémonie Winnemem Wintu en Californie
Par Brenda Norrell, Censored News
Merci à Indigenous Action Media et aux Winnemem Wintu
Traduction Christine Prat
Lundi 9 juillet 2012
FLAGSTAFF, Arizona – Des agents armés du Service des Forêts de Coconino et des sheriffs du Comté de Coconino ont profané le Feu Sacré au cours d’une cérémonie célébrée par des Amérindiens sur les Pics San Francisco vendredi dernier.
Le Chef Lakota Arvol Looking Horse, Gardien de la 19ème Génération de la Pipe Sacrée du Bison Blanc, était présent parmi les chefs spirituels lorsque le Feu Sacré a été profané.
Parlant de l’importance du Feu Sacré, les hommes et femmes Médecine Autochtones ont dit : « Nous avons été placés sur nos terres en tant que Nations Aborigènes Autochtones des Peuples avec des instructions et des responsabilités sacrées mises en nous par le Créateur pour suivre les Lois du Créateur ».
Bien qu’un permis ait été délivré pour la cérémonie, le chef du Département de la Forêt de Coconino a apparemment changé d’avis. D’après Indigenous Action Media, des agents des forces de l’ordre sont arrivés armés d’un K-9 et une personne a été citée à comparaître.
L’action du Service des Forêts en Arizona était en tous points similaire à celle, insultante et trompeuse, commise quelques jours auparavant par des agents du Service des Forêts, au cours d’une cérémonie des Winnemem Wintu en Californie.
Un permis délivré pour la fermeture d’une rivière, initialement pour protéger une cérémonie sacrée de Maturité, a été utilisé contre les Winnemem Wintu, qui ont été cités à comparaître.
« L’Agent Forestier Régional Suppléant Becki Heath nous avait dit avant la cérémonie que les forces de l’ordre n’utiliserait pas notre fermeture de la rivière contre nous. Mais en fait, notre Chef a eu deux citations à comparaître pour avoir conduit une cérémonie que nous célébrons depuis toujours » ont déclaré les Winnemem Wintu ce jour. [Voir http://bsnorrell.blogspot.com/2012/07/forest-service-issues-citations-to.html]
Sur les Pics San Francisco, en Arizona, des officiels du Service des Forêts des Etats-Unis ont menacé des leaders spirituels, des hommes et femmes Médecine et des Anciens de suites judiciaires s’ils entretenaient le feu sacré lors d’une cérémonie, sur ces Pics sacrés pour 13 Nations Amérindiennes, parmi lesquelles les Navajos, les Havasupai, les Hualapai, les Hopi et les Pueblos.
Les Amérindiens rassemblés ont publié une déclaration à propos de la profanation. La profanation viole les lois sur la liberté religieuse des Amérindiens.
« Bien qu’une fermeture volontaire pour le Rassemblement Culturel Traditionnel ait été initialement accordée par le Superviseur de la Forêt de Coconino, M. Earl Stewart, ce monsieur a apparemment changé d’avis et émis des menaces au premier jour de la cérémonie, qui devait en compter quatre, le 4 juillet 2012 ».
« Lorsqu’ils furent confrontés aux officiels du Service des Forêts, des membres du Conseil des Anciens et des Hommes et Femmes Médecine, le groupe qui présidait le Rassemblement Culturel Traditionnel, ont invité les officiels du Service des Forêts à se réunir avec eux pour résoudre le problème posé par le feu cérémoniel. Mais le Superviseur de la Forêt de Coconino Stewart a indiqué dans une lettre datée du 5 juillet 2012 « ne pas se conformer [à ses nouvelles dispositions – NdT] entraînerait des citations à comparaître pour avoir fait du feu et/ou campé pendant une période de restrictions sur un site fermé, sans permis spécial ».
Le Conseil des Anciens et Hommes et Femmes Médecine s’était efforcé d’informer les responsables de la Forêt Nationale de Coconino depuis décembre 2011 et avait à nouveau rencontré des gens du Service des Relations Tribales de Coconino le 27 février et le 21 juin 2012 pour répondre à d’éventuelles questions et s’assurer que le Service des Forêts était pleinement conscient des activités du Conseil.
Le 17 mai 2012, le Service des Forêts a été informé qu’un feu sacré était un élément central du Rassemblement Culturel Traditionnel.
Voir la déclaration officielle des Anciens et Hommes et Femmes Médecine :
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=836
Au moins 20 agents armés du Service des Forêts des Etats-Unis ont attaqué une cérémonie conduite par des Anciens Autochtones sur les Pics San Francisco, ce vendredi 6 juillet, vers minuit (heure française, 15h là-bas). Voir article précédent
Photos de Libby Williams:
Source: http://www.indigenousaction.org/armed-forest-service-agents-desecrate-sacred-fire-at-peaks-ceremony/
Vidéo: Témoignage de Klee Benally et chanson inspirée par l’incident:
Original article in English: Indigenous Action Media and Censored News
Par Protect The Peaks
Censored News
Traduction Christine Prat
28 juin 2012
FLAGSTAFF, Arizona – Klee Benally, Diné (Navajo), a été condamné par le Juge Howard Grodman, de la Cour de Justice de Coconino, a effectuer un travail d’intérêt général pour son action de prière de résistance à la profanation des Pics Sacrés San Francisco.
Klee avait entrepris son action le 13 août 2011 pour protester contre l’abattage de 30 hectares de forêt alpine rare et la pose de 24 km de tuyaux pour le transport d’eaux usées par la station de ski Arizona Snowbowl, dans le cadre d’un projet soutenu par le Service des Forêts US et la Ville de Flagstaff de faire de la neige artificielle à partir d’eau d’égouts sur les Pics, considérés comme sacrés par plus de 13 Nations Autochtones.
Le procureur avait demandé 12 mois de probation, des restrictions interdisant à Klee de se rendre sur la route de Snowbowl, et un travail d’intérêt général. L’avocat de la défense, Matt Brown de Brown & Little, P.L.C., a plaidé pour Klee.
Durant l’audience au cours de laquelle la peine devait être prononcée, Klee a répondu que l’empêcher de se rendre sur les Pics, y compris la route de Snowbowl, constituerait un « obstacle excessif » à sa liberté religieuse.
Le Juge Grodman a déclaré « je pense que vos raisons pour protester étaient authentiques et sincères », puis il a proposé à Klee l’option d’effectuer un travail d’intérêt général en tant qu’assistant à l’Université du Nord de l’Arizona, pour un cours intitulé « Recherche en matière de Droits de l’Homme. »
« Si vous acceptiez de participer à ce cours et d’y servir d’assistant, je pense que vous auriez beaucoup à apporter aux étudiants, et cela constituerait la totalité de la peine que je vous infligerais » dit le Juge Grodman.
En prononçant la peine, le Juge a indiqué qu’il ignorait, jusqu’il y a peu, que Klee était l’auteur du documentaire « The Snowbowl Effect ». Le Juge Grodman a déclaré qu’il avait utilisé ce film dans un cours qu’il donnait il y a queques années.
Klee a aussi reçu l’ordre de rembourser un montant de 99,24 dollars à Arizona Snowbowl, en compensation des salaires des ouvriers sur le chantier, qui d’après Snowbowl auraient été « perdus » à cause de l’action de Klee.
« Comment pourrais-je être ‘par effraction’ sur ce site qui est si sacré pour moi ? C’est mon église. Ce sont le Service des Forêts et Snowbowl qui violent les droits de l’homme et la liberté religieuse en profanant cette montagne sacrée… » avait dit Klee dans une déclaration précédente, « Leurs actes vont bien au-delà du ‘trouble à l’ordre’ ». « Cette expérience éclaire ce à quoi mes ancêtres, et tous ceux qui m’ont précédé dans la lutte pour la justice et la dignité, ont dû faire face. Cette expérience ne peut être isolée du contexte plus vaste de 500 ans d’agression coloniale. Nos modes de vie ont été attaqués par ce système de ‘justice’, par le Service des Forêts et par tous ceux qui placent l’argent au-dessus de la vie et de l’intégrité de l’environnement ».
« Les Peuples Autochtones des Etats-Unis n’ont aucune garantie quant à la protection de notre liberté religieuse. Quand notre spiritualité et notre survie culturelle sont menacées, quel choix avons-nous, à part résister ? Si le Congrès et le gouvernement Obama n’agissent pas immédiatement pour trouver des solutions à ce problème critique, de plus en plus de gens feront barrage de leurs corps devant les machines de destruction de Snowbowl » dit Klee.
En août 2011, la Tribu Havasupai, Klee Benally, et le Conseil International du Traité Indien ont déposé une Plainte en Action Urgente/Avertissement auprès du Comité des Nations Unies pour l’Elimination de toute Discrimination Raciale (CERD), concernant la profanation des Pics Sacrés San Francisco. Le Président du CERD, Alexei Avtonomov a réagi à la plainte dans une lettre adressée aux Etats-Unis en mars 2012, comme suit : « Le Comité demande des informations sur les mesures concrètes prises pour assurer que le caractère sacré [des Pics San Francisco] pour les peuples autochtones est respecté, y compris la suspension du permis accordé à Arizona Snowbowl, que les peuples autochtones seront consultés et que leurs inquiétudes et leurs traditions religieuses seront prises en compte ».
Depuis le 16 juin 2011, près de 30 personnes ont été arrêtées pendant des manifestations et autres actions s’opposant à la profanation et à l’écocide perpétré par Snowbowl sur les Pics Sacrés. La plupart ont accepté des arrangements proposés par les procureurs, aboutissant essentiellement à des travaux d’intérêt général, 8 personnes attendent toujours le verdict.
Dans une déclaration précédente Klee a affirmé : « La lutte pour protéger Dooko’osliid (Pics San Francisco) continue, nous devons défendre nos modes de vie et la loi de la nature. Tant que nos cœurs battrons avec la conviction que nos actions sont pour les générations futures et la survie culturelle, cette lutte ne sera pas terminée ».